Cent façons de tuer un prince charmant 65

Chapitre 65


Shen Jue détourna légèrement le visage et il se libéra de la main de Sang Xinghe. À cause des paroles de l'autre homme, son esprit redevint lucide.

« Je refuse de porter ça. »

Après ça, il retira les vêtements qu'il avait commencé à enfiler.

En le voyant se déshabiller, le visage de Sang Xinghe devint peu à peu glacial.

« Tu ne veux pas porter ça ?

– Non, répondit Shen Jue avant de lever les yeux vers lui. Sang Xinghe, pourquoi tu me traites comme une femme ? »

Il lui avait déjà demandé de porter la tenue de mariage d'une femme et maintenant, il lui disait qu'il devait porter des vêtements de femme dorénavant. Il n'était pas une femme alors pourquoi devrait-il s'habiller comme ça ?

Sang Xinghe commença par le regarder d'un air froid puis il sourit ensuite.

« Tu es fâché ? Je plaisantais, c'est tout. Allez, ne te fâche pas. Si tu ne veux pas porter ces vêtements, ne les porte pas, hein ? »

Il se leva et apporta une nouvelle tenue.


* * *


À cause de cette dispute, aucun des deux ne parla durant le repas. Après manger, Shen Jue se rendit seul dans la salle d'eau. Ses jambes tremblaient quand il marchait mais plus il était dans cet état, moins il voulait montrer la moindre faiblesse. Alors il endura la douleur et se rendit dans la salle d'eau.

Après avoir fini de prendre un bain, il retourna dans la chambre principale pour dormir mais vit que les lanternes étaient éteintes. Shen Jue en fut surpris. Il ouvrit grand la porte et découvrit qu'il n'y avait personne dans la chambre. Sang Xinghe était parti sans qu'il ne sache où.

Il resta planté là un moment avant de refermer finalement la porte de la chambre. Il entra dans une chambre annexe et y passa la nuit.


Quand Shen Jue se réveilla le lendemain, Sang Xinghe n'était toujours pas revenu. Il contempla la porte close un bon moment puis alla voir Qian Song. L'autre homme était doué en arts martiaux et Shen Jue aimait s'entraîner avec lui ces derniers temps.

Cependant, il ne fit que quelques rounds avec Qian Song aujourd'hui : son visage pâlit et son corps lui fit encore plus mal. Qian Song se rendit compte que le Qi de Shen Jue était particulièrement instable aujourd'hui et qu'il avait encore moins d'énergie interne que la veille. Il n'eut donc pas d'autre choix que de s'arrêter.

« Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Shen Jue se pinça les lèvres, l'air un peu embarrassé.


En voyant la réaction de l'autre homme, Qian Song comprit aussitôt. Il considérait Shen Jue comme un frère alors malgré sa gêne, il voulut lui rappeler quelques conseils de base :

« Notre corps de Soie Céleste est différent de celui des autres. Ne laisse pas l'autre te prendre de trop. Tu as le droit de refuser ou bien de lui dire de s'arrêter. Sinon, tu ne tiendras pas le coup et toute l'énergie de ton corps de Soie Céleste se fera aspirer. »

Shen Jue émit un son d'assentiment. Il n'avait vraiment pas envie d'en parler plus longtemps.

En voyant son état, Qian Song ne put que soupirer intérieurement.

« Arrêtons l'entraînement pour aujourd'hui, qu'en dis-tu ? Je dois reprendre la peinture. Je dois remettre des esquisses d'un nouveau livre pour dans un mois. »


Après avoir quitté Qian Song, Shen Jue retourna dans la cour de Sang Xinghe mais la porte de l'autre homme était toujours fermée. Beaucoup de gens étaient venus le voir entre-temps. Quand ils virent que Sang Xinghe était absent, ils demandèrent à Shen Jue où il était passé. Ce dernier ne put leur apporter de réponse.

Ce ne fut que tard dans la nuit où Shen Jue se fit brusquement réveiller par un bruit à sa porte.

Dès qu'il ouvrit les yeux, il entendit un bang, comme si sa porte avait été enfoncée par un coup de pied.

Shen Jue se redressa aussitôt et allait ouvrir la tenture de lit pour voir ce qui se passait quand il entendit de légers bruits de pas et la voix ivre d'un homme :

« Shen Jue, où es-tu ? »

C'était la voix de Sang Xinghe.


Shen Jue fronça les sourcils et ouvrit la tenture de lit. Il vit Sang Xinghe qui tenait une jarre d'alcool. Le jeune homme ascétique avait à présent le col grand ouvert. Ses longs cils retombaient légèrement sur ses yeux et son visage était rouge. Il ouvrit les yeux avec du mal et vit le jeune homme sur le lit. Il sourit et avança d'un pas houleux.

« Te voilà. »

Il saisit le bras de Shen Jue et porta la jarre aux lèvres du jeune homme.

« C'est de l'alcool pour oublier ses soucis. Tu veux goûter ? »

Shen Jue lança un regard glacial à Sang Xinghe qui était ivre, sans dire un mot.

Sang Xinghe leva ses paupières et posa lentement les yeux sur le jeune homme. Il était ivre et confus, pourtant il parut remarquer que Shen Jue n'était pas content. Il rit à nouveau.

« Tu es encore fâché ? Pourquoi tu n'es jamais content ? C'est quoi cette fois ? Qu'est-ce qui ne te plaît pas ?

– Où étais-tu ? » demanda froidement le jeune homme.


Sang Xinghe lâcha le bras de Shen Jue et s'assit sur le lit. Il leva la tête et prit une bonne gorgée d'alcool. Il but un peu trop vite. Une partie du vin coula de sa bouche pour aller sur son cou. Shen Jue baissa les yeux et ce fut alors qu'il découvrit que l'autre homme avait des traces de lèvres rouges sur son col.

Il avait senti tout à l'heure la poudre parfumée sur le corps de l'autre homme mais avait été sceptique. À présent qu'il voyait ces marques, il se doutait de l'endroit où était allé Sang Xinghe.

« Le Pavillon de la Brise Printanière. »

Sang Xinghe baissa la jarre avec un sourire méprisant.

« Il y a plein de corps de Soie Céleste là-bas, jeunes, beaux et nombreux. Ils veulent bien porter des vêtements de femme, contrairement à toi qui es hypocrite. »


Après avoir dit cela, il regarda de nouveau Shen Jue et l'ironie dans son regard était évidente.

« Tu sais ce que les hommes préfèrent ? Quelqu'un de sérieux hors du lit mais dépravé au lit. Et toi alors ? Ton cœur est dépravé mais pas ton corps. »

Cette fois, à peine eut-il fini de parler qu'il reçu un bon coup de poing sur sa joue gauche.

Sang Xinghe avait bu de l'alcool, son corps était déjà affaibli alors il faillit tomber par terre. Il dut s'accrocher au bord du lit pour se stabiliser. Il s'écria ensuite d'un ton furieux :

« Shen Jue, tu oses me frapper. Tu as vraiment mangé la bile du léopard, ah ! »

Il reçut à nouveau un autre coup puissant. Sang Xinghe ne put se rattraper cette fois et tomba directement par terre. Il poussa un cri et dut lâcher la jarre qu'il tenait. Il se releva.

« Shen Jue, tu es fou ? »

Il fixa le jeune homme sur le lit d'un air furieux.


Shen Jue dévisagea Sang Xinghe un moment avant de dire subitement :

« Qui es-tu ? »

Sang Xinghe pencha la tête sur le côté à ses mots.

« Qui d'autre puis-je être ? Putain, je suis ton homme. »

Ces mots étaient si vulgaires que Shen Jue se dit qu'il était impossible que ce soit Sang Xinghe qui les ait prononcés. Pourtant l'homme en face de lui avait bien le visage de Sang Xinghe. Se pouvait-il qu'il ait changé de visage ?

Il se leva du lit et s'approcha soudain de l'autre homme. Il toucha le visage de l'autre mais il eut beau tâter, il ne sentit pas le moindre masque. Afin de prendre totalement l'apparence d'un autre, il fallait un masque de peau mais même si ces masques étaient très discrets, on pouvait toujours les distinguer si on touchait soigneusement.

L'homme en face de lui était bel et bien Sang Xinghe.


Shen Jue baissa les mains et lança un regard soupçonneux à l'autre homme. Se pouvait-il que Sang Xinghe change de personnalité une fois ivre ?

Sang Xinghe avait laissé Shen Jue toucher son visage et quand le jeune homme baissa les mains, il étira ses lèvres en un sourire.

« Ton corps ne sait-il pas clairement que je suis Sang Xinghe ? Dès que tu me vois, tu entres en chaleur. »

Il baissa la tête et renifla. Il sentit de nouveau l'odeur familière.

Ce parfum le faisait vibrer jusqu'aux os.

Tel était le corps de Soie Céleste. Le parfum de chaque corps de Soie Céleste état différent et quand il se trouvait avec celui qui avait pris sa virginité, il ne pouvait s'empêcher d'émettre ce parfum.


Shen Jue recula d'un pas. Il contempla Sang Xinghe un moment puis se tourna pour prendre les vêtements sur le paravent. Il les enfila puis se dirigea vers la porte. En le voyant partir, Sang Xinghe ne put s'empêcher de le retenir par le bras.

« Où est-ce que tu vas ?

– Je m'en vais, » répliqua froidement Shen Jue.

L'autre homme rétrécit les yeux.

« Tu t'en vas ? Où ça ? »

Shen Jue lui rendit son regard.

« Au Pavillon de la Brise Printanière. »

Les yeux de Sang Xinghe s'assombrirent et son ton devint sec.

« Qu'est-ce que tu comptes faire là-bas ? C'est un endroit pour que les hommes jouissent des plaisirs de la vie. »


Shen Jue eut un léger rire qui eut l'air particulièrement agréable dans la nuit.

« Je suis un homme, moi aussi. Pourquoi ne pourrais-je pas aller jouir des plaisirs de la vie là-bas ? Puisque tu as fait l'éloge de cet endroit, ça m'a donné envie d'aller voir. Noble Sang, lâchez-moi. »

Le visage de l'autre homme s'était rembruni et il saisit encore plus fort la main de Shen Jue.

« Tu veux jouir des plaisirs de la vie ? Pourquoi aller là-bas ?

– J'ai de l'argent et... »

Il baissa les yeux sur son propre corps puis releva la tête pour regarder l'autre homme.

« Noble Sang, ne vous en faites pas pour moi. Personne n'a jamais dit que les corps de Soie Céleste ne peuvent pas fréquenter les prostitués.

– Tu... Dans tes rêves ! »

Sang Xinghe était encore plus réticent à l'idée de laisser partir Shen Jue. Il le prit même dans ses bras pour s'avancer vers le lit.


« Si tu veux aller au Pavillon de la Brise Printanière, c'est pour payer quelqu'un ou bien pour que quelqu'un paie pour toi ? »

Shen Jue le fixa froidement.

« Peu importe, je m'en moque. »

À ces mots, Sang Xinghe jeta directement l'autre sur le lit. Il était si furieux que son âme était à deux doigts de quitter son corps. Il pointa Shen Jue du doigt.

« Toi, tu es vraiment sans gêne. Comment tu peux dire une chose pareille ? Tu veux payer quelqu'un pour qu'il couche avec toi ? »

Heureusement, le lit était assez moelleux. Cependant après la chute, la tête de Shen Jue lui tourna un peu. Il secoua la tête avant de se lever lentement. En entendant les accusations furieuses de Sang Xinghe, il parut calme.

« De quel droit le noble Sang se permet-il de me faire la morale ? Je ne suis pas de ta secte de Soie Céleste. Je peux aller où bon me semble. Même si je vais au Pavillon de la Brise Printanière pour accrocher ma plaque Les clients d'un bordel choisissent une plaque où est écrit le nom de la ou du prostitué(e) avec qui ils vont passer la nuit. Shen Jue est en train de dire qu'il veut s'engager comme prostitué. (1), tu n'as pas ton mot à dire, tu m'entends ? »


Sang Xinghe en fut si furieux qu'il ne trouva pas ses mots. Après un moment, il se mit à rire sèchement. Il était à présent ivre alors il disait tout ce qu'il pensait :

« D'accord, vas-y alors, ah. Je te souhaite la prospérité.

– Merci. »

Shen Jue se leva du lit après ça. Il n'avait pas apporté de vêtements avec lui à son arrivée et il n'en avait pas besoin maintenant.

Il ouvrit directement la porte et sortit dehors. Sang Xinghe resta un long moment debout dans la chambre avant de s'ébrouer. Il se dirigea vers le lit pour s'y allonger.


* * *


Quand Sang Xinghe se réveilla de nouveau, ce fut à cause de quelqu'un ;

« Grand frère martial ! »

La voix d'une femme criait dans ses oreilles.

Sang Xinghe fronça les sourcils avant d'ouvrir les yeux avec réticence. Le visage de sa petite sœur martiale apparut sous ses yeux.

La jeune femme avait l'air fâché.

« Grand frère martial, comment tu as pu aller au Pavillon de la Brise Printanière ? Tu as aussi mis Shen Jue tellement en colère qu'il est parti. Tu as une idée du temps qu'il a passé à prendre soin de toi ? Et toi, tu t'en es pris à lui dès ton réveil et tu l'as fait partir. Je me demande où tu trouveras quelqu'un d'aussi bien que lui. »

Elle était si furieuse qu'elle croisa les bras devant elle.

« Hmph, Shen Jue est si beau, il doit y avoir plein de gens pour l'apprécier. Maintenant que tu l'as fait partir, cela ne servira à rien de le regretter. »


À cause de sa gueule de bois, Sang Xinghe avait si mal à la tête qu'il avait l'impression qu'elle allait exploser. Ses sourcils frémirent et il porta une main à son front. La série d'accusations lancées par sa petite sœur martiale le rendait confus.

« De quoi tu parles ? Yangyang, qui est-ce que j'ai mis en colère et fait partir ? »


La parole à l'auteur : Félicitations, la petit sœur martiale a enfin son propre nom.

Petite sœur martiale : En tant que premier personnage féminin de ce roman, je suis honorée d'avoir mon propre nom.


Note de Karura : Sans vouloir gâcher la joie de la petite sœur martiale, Yanyang n'est pas un nom mais un surnom. Elle doit avoir la syllabe Yang dans son nom et le fait de la répéter donne un surnom.

L'auteur semble avoir du mal à nommer certains personnages dans cette partie : le maître de l'île, le gardien gauche, la petite sœur martiale...


Notes du chapitre :
(1) Les clients d'un bordel choisissent une plaque où est écrit le nom de la ou du prostitué(e) avec qui ils vont passer la nuit. Shen Jue est en train de dire qu'il veut s'engager comme prostitué.






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