Cent façons de tuer un prince charmant 75

Chapitre 75


Yu Qing en resta confondu et il regarda Xiang Wen, un peu perturbé.

Il avait toujours fait des basses tâches. Il n'avait jamais servi Shen Jue d'aussi près, excepté hier quand le majordome lui avait demandé d'apporter l'eau et qu'il s'était fait jeter comme un malpropre.

Quant à Xiang Wen, il était encore plus perturbé que lui. Depuis qu'il était au service de Shen Jue, il s'était toujours occupé de le masser avec les huiles essentielles. Ce genre de tâche ne pouvait pas être accompli par un misérable semi-vampire. Mais puisque le duc avait parlé, il n'y avait pas grand-chose que Xiang Wen pouvait faire. Il n'eut alors pas d'autre choix que de s'approcher de Yu Qing et de lui lancer un regard noir en prenant soin de se placer de telle sorte que Shen Jue ne puisse pas le voir.

« Tiens, à toi de faire. »

Il posa un peu rudement la bouteille d'huiles essentielles dans les mains de l'autre.


Xiang Wen avait fait en sorte que Shen Jue ne le voie pas mais il ne fit pas attention à Qiao Jiangyuan sur le côté.

L'autre duc vit cela et ses sourcils se froncèrent. Toutefois, il les détendit aussitôt et fit avec un sourire :

« Shen Jue, et si je t'aider à les appliquer ? »

Il savait que son ami avait un sale caractère et il s'inquiétait un peu : si Yu Qing ne le servait pas bien, il risquait une autre punition alors il avait autant le faire lui-même.

Mais une fois qu'il eut lancé sa proposition, personne ne prêta attention à lui.


Shen Jue retira son peignoir, s'allongea sur la chaise-longue et fixa Yu Qing d'un air indifférent.

Le corps du jeune homme trembla légèrement et il s'avança précipitamment. Il n'avait encore jamais appliqué des huiles essentielles alors il avait l'air un peu maladroit en ouvrant la bouteille. Xiang Wen surtout le fixait d'un air sévère. Yu Qing avait l'impression que s'il faisait la moindre erreur, ce caniche féroce allait lui sauter à la gorge.

Il parvint enfin à ouvrir la bouteille mais hésita ensuite : devait-il d'abord verser les huiles essentielles dans sa main ou bien l'appliquer directement sur le corps du duc ?

Yu Qing baissa les yeux puis regarda discrètement l'homme sur la chaise-longue.

La peau du duc ne voyait jamais la lumière du soleil alors elle était presque encore plus blanche que la neige.

Il ne trouvait rien de comparable à la couleur de la peau de l'autre homme. Il y avait également des veines bleues sous la peau pâle.

La plupart des vampires éprouvaient une certaine fascination pour les veines, même celles des autres membres de leur race. Cependant, Yu Qing n'avait pas l'audace d'être fasciné un tant soit peu par les veines du duc.


Après y avoir réfléchi, il versa d'abord les huiles essentielles dans une main avant de frotter ses deux mains ensemble. Xiang Wen commenta d'un ton sarcastique :

« Quel misérable semi-vampire. Tu oserais masser le duc sans t'être d'abord lavé les mains ? Tu veux le contaminer avec tes microbes ? »

Le teint de Yu Qing alterna entre le rouge et le bleu à ces mots. Il n'eut pas d'autre choix que de poser la bouteille sur la table près de la chaise-longue pour aller se laver les mains d'abord. À cause des paroles moqueuses de Xiang Wen, il se lava les mains au savon une bonne douzaine de fois. Elles étaient devenues presque blanches quand il retourna à la piscine.


Shen Jue était toujours allongé sur la chaise-longue mais il s'était tourné et au lieu d'être sur le ventre, il était à présent sur le dos.

Quand Xiang Wen vit Yu Qing revenir, il lança une autre pique. Cela finit par exaspérer Qiao Jiangyuan qui répliqua :

« Shen Jue, ton valet est vraiment très sarcastique. Où est-ce que tu as bien pu le trouver ? J'en veux un pareil. »

Xiang Wen regarda aussitôt son maître d'un air un peu anxieux.

Shen Jue leva les yeux sur l'autre duc et eut un léger rire avant de tourner la tête.

« C'est vraiment dommage, il est unique en son genre. Et je ne peux pas te donner mes gens, tu sais, j'ai vraiment horreur que quelqu'un s'empare de ce qui m'appartient. Que je l'apprécie ou non, ce qui est à moi restera à moi durant toute ma vie. Et si quelqu'un veut me le prendre, qu'il ne vienne pas se plaindre si je riposte. »


Sa remarque avait un sens évident mais les trois hommes présents ne réagirent pas de la même manière.

Xiang Wen crut que Shen Jue voulait parler de lui et faillit reprendre sa véritable forme Sa forme de chauve-souris. (1) un moment pour voleter joyeusement autour de la tête de son duc.

Yu Qing crut également que Shen Jue parlait de Xiang Wen et il eut alors le sentiment que sa vie à venir serait encore pire que maintenant. Il voulut lui aussi reprendre sa véritable forme pour se suspendre à une arbre la tête en bas, le temps de se calmer.

Qiao Jiangyuan fut le seul à comprendre de qui Shen Jue voulait vraiment parler. Il se contenta de sourire et se gratta le nez.

« Tu n'as vraiment pas changé, ah. »


Il avait grandi avec Shen Jue alors il savait depuis l'enfance comme son ami pouvait être despotique. Du moment que Shen Jue voulait quelque chose, tout le monde devait absolument se plier à ses ordres. Cependant, depuis la mort brusque du père de Shen Jue, ce dernier s'était un peu calmé à ce niveau. Shen Jue avait hérité du titre de son père. Bien qu'ils soient tous les deux ducs, Shen Jue était un duc de première classe tandis que Qiao Jiangyuan n'était qu'un duc de seconde classe.

Mais ces temps-ci, l'empire ne faisait guère attention à ces ducs. Ils n'étaient tous que des hédonistes qui ne faisaient que manger, boire et s'amuser en permanence. La plupart d'entre eux avaient intégré l'armée pour à peine un mois avant de revenir. L'empire n'avait donc vraiment que faire d'eux.

Ils devaient juste payer une large somme à l'empire régulièrement.


Toutefois, même si l'empire se moquait bien d'eux, dans le cas où deux ducs entraient vraiment en guerre, l'empire soutiendrait assurément celui avec le plus haut rang et la plus grosse fortune. On pouvait dire que l'empire défendrait uniquement celui qui était le plus utile aux intérêts de l'empire.

Shen Jue avait le plus haut rang et la plus grosse fortune.

Quand son père était encore en vie, Shen Jue était véritablement un personnage central de la noblesse et tout le monde était prêt à lui lécher ses pieds puants.


* * *


Shen Jue ne fit aucun commentaire suite aux paroles de Qiao Jiangyuan. Il tourna la tête pour fixer le beau semi-vampire qui arborait un air hébété, et fit d'un ton calme :

« Tu vas rester encore longtemps comme ça ? Tu attends quoi, que le soleil se lève ? Ça ne me dérange pas si tu deviens une chauve-souris rôtie.

– Toutes mes excuses, mon seigneur. »

Yu Qing s'avança rapidement aux côtés de Shen Jue. Il reprit la bouteille d'huiles essentielles et en versa un peu dans sa main. Il resta ensuite figé en voulant appliquer les huiles.

L'homme sur la chaise-longue était allongé sur le dos, comment pouvait-il lui appliquer les huiles essentielles ?


Voyant que Yu Qing restait pétrifié, Shen Jue lui lança un regard peu amène.

Le jeune homme nota aussitôt son regard et il serra les dents. Il se pencha et se résolut à appliquer l'huile dans cette position. Il ne trouva pas un seul bon endroit à toucher alors il finit par poser la main sur l'épaule du duc.

Dès qu'il entra en contact avec sa peau, un sentiment étrange parut surgir du plus profond de son cœur.

C'était donc ça, le corps d'un noble ? C'était vraiment très différent du sien.

On pouvait dire que le corps de Shen Jue coûtait une fortune à entretenir alors la sensation de toucher était différente de celle des gens ordinaires.

En tant que valet personnel du duc, Xiang Wen pouvait se targuer du fait que quand il prenait soin de la peau du duc, c'était comme s'il entretenait un objet sous vitre dans le plus luxueux musée du centre-ville.

Et là, cet objet sans prix se faisait toucher par un être sale.

Il contempla la scène sur le côté en grinçant des dents.


Yu Qing massa l'épaule pendant cinq bonnes minutes, jusqu'à faire rougir la peau. Les sourcils de Shen Jue finirent par tressauter et il fit à voix basse :

« Tu comptes masser encore longtemps cet endroit ? »

Il voulait narguer Qiao Jiangyuan aujourd'hui mais la réaction de Yu Qing était quelque peu décevante.

Il s'était figé, s'était montré pataud et n'avait massé qu'une seule épaule après tout ce temps.

« Toutes mes excuses, mon seigneur. »

Yu Qing s'empressa de passer de l'autre côté pour masser l'autre épaule de Shen Jue.

Shen Jue « ... »

« Masse plus bas.

– … À vos ordres, mon seigneur. »

Pour Yu Qing, c'était tout bonnement de la torture. Il aurait encore préféré retourner aux écuries pour nourrir Neige. Même si la jument lui donnait encore quelques coups de sabot dans l'estomac, il promettait de ne pas se fâcher. Quand il arriva enfin aux pieds, Yu Qing poussa un soupir de soulagement et se montra plus soigneux en les massant.


La plante du pied était sans doute la partie du corps de Shen Jue où l'on voyait le plus les veines. Tout en le massant, Yu Qing n'arriva plus à contrôler ses canines.

Comparés aux vampires de pure race, les semi-vampires avaient un gros défaut, à savoir le contrôle de soi.

On pouvait dire que certains nobles pouvaient conserver leur calme même en présence d'humains qui saignaient de la tête aux pieds. Cependant, les semi-vampires en étaient totalement incapables. Ils avaient même envie de boire le sang de leur propre espèce. C'était également l'une des raisons pour lesquelles les vampires de sang pur rejetaient les semi-vampires.

Surtout sur un champ de bataille, quand on était blessé, on devait en plus empêcher ses camarades semi-vampires autour de nous de boire notre sang.


Dès que les canines de Yu Qing émergèrent, le pied qu'il tenait bougea.

Shen Jue donna directement un coup de pied à Yu Qing qui le projeta par terre, puis il se redressa.

Sur le côté, Xiang Wen se rua aussitôt pour relever le jeune homme. Quand il vit que les canines de l'autre étaient encore présentes, il grommela et le réprimanda aussitôt :

« Tu n'es qu'un misérable semi-vampire et tu oses montrer tes canines en présence du noble duc ? Pourquoi ? Tu as l'intention de boire son sang ? »

Qiao Jiangyuan avait failli se lever quand il avait vu Yu Qing se faire frapper mais heureusement, il avait agrippé l'accoudoir de la chaise-longue à temps et s'était retenu de justesse.

Il lança un regard à Shen Jue qui s'était mis assis mais ne dit rien cette fois.


« Xiang Wen, tu peux le lâcher, » fit Shen Jue d'un ton indifférent.

Obéissant, Xiang Wen relâcha sa prise et ramassa la bouteille d'huiles essentielles qui était tombée par terre.

Ainsi libéré, Yu Qing resta planté là sans savoir que faire. Il voulut faire rapidement rentrer ses canines mais plus il était anxieux, moins il pouvait les faire rentrer. Il revit même en esprit les veines qu'il venait juste de voir, cela semblait absolument délicieux.

Non, comment pouvait-il avoir de telles idées ?

Pourtant, ses canines refusaient de rentrer. Yu Qing lança un regard en cachette au visage de Shen Jue. Il avait si peur qu'il n'osait même plus bouger.


Shen Jue fixa calmement les canines apparentes de Yu Qing.

Les canines des semi-vampires n'étaient pas aussi larges et longues que celles d'un pur sang. Leurs dents étaient plus petites et fines, elles avaient même un petit côté mignon, cependant aucun vampire de pur sang ne serait content de voir quelqu'un d'autre lui montrer les dents.

Sauf que strictement parlant, Shen Jue n'était pas un vrai vampire. Il ne réagit donc pas outre-mesure en voyant les canines de Yu Qing. Toutefois, moins il réagissait, plus il devenait effrayant aux yeux du jeune homme.

« Tu as faim ? » s'enquit Shen Jue.

Yu Qing secoua vivement la tête.

« Alors quel est le problème avec tes canines ? » poursuivit le duc.

Comment Yu Qing aurait-il pu avouer qu'il avait envie de boire le sang dans les veines de Shen Jue ? Il continua donc à secouer la tête et à feindre l'innocence.

« Je... je ne sais pas... non plus. »

C'était un mensonge pitoyable et ses paroles étaient tout aussi pitoyables.


Shen Jue étira ses lèvres en un sourire et parut trouver amusant la réponse de l’esclave. Il révéla directement ce que Yu Qing désirait :

« Tu as envie de boire mon sang ?

– Non, fit Yu Qing en secouant encore plus vivement la tête cette fois.

– Tu n'en veux pas ? Pourquoi ? Tu estimes que mon sang n'est pas assez bon pour être bu ? »

Le visage de Shen Jue s'assombrit un peu, ses yeux manifestant un grand mécontentement.

Le beau petit visage de Yu Qing exprima sa panique. Il ne savait plus quoi répondre, comme si aucune réponse ne serait acceptable. Au final, il dut se résoudre à répondre d'un air souffrant et avec les yeux rouges :

« Non, c'est moi qui ne suis pas assez bon pour boire le sang du duc. »


Face à son apparence misérable, les trois personnes présentes réagirent chacune de manière différente.

Xiang Wen grinça des dents : Le voilà qui recommence à se montrer sans gêne.

Le cœur de Qiao Jiangyuan frémit dès qu'il vit cela. Il n'avait qu'une envie : prendre l'autre dans ses bras, mordre son cou fin et boire un peu de son sang. Toutefois, Yu Qing ne lui appartenait pas alors il ne put que contempler l'océan et déplorer son inadéquation Se sentir faible et impuissant. (2). Il se rassit et se mordit les lèvres sans rien dire.

Quant à Shen Jue, il lança calmement une bombe :

« Je t'offre aujourd'hui la chance de boire mon sang. »


La parole à l'auteur : Voici l'histoire de ce soir pour s'endormir :

Il était une fois une Cendrillon du nom de Yu Qing qui était très belle et séduisante. Tout le monde l'aimait, sauf sa belle-mère. La belle-mère haïssait tellement Cendrillon qu'elle la martyrisait tous les jours. Heureusement, après un moment, Cendrillon finit par s'habituer à ce genre de vie alors depuis, elle vécut heureuse avec sa belle-mère.

Yu Qing : ???

Shen Jue : …

Xiang Wen : Non, moi je n'aime pas Cendrillon.

Auteur immoral : Okay. (Modification : Tout le monde l'aimait, sauf sa belle-mère et le caniche qu'elle élevait...)


Note de Karura : Shen Jue ne perd pas de temps pour mettre sa stratégie en place. Au fait, vous ne lui trouvez pas des petits airs de Murong Xiu en noble dominateur ? Il s'inspire sans doute inconsciemment de lui !


Notes du chapitre :
(1) Sa forme de chauve-souris.
(2) Se sentir faible et impuissant.






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