Chapitre 123
Quand la détente fut pressée, on n’entendit qu’un bruit vide.
Le rire de Ji Yao s’éleva ensuite.
Il monta dans la voiture et pressa son front contre le canon froid de l’arme.
« Vas-y, ah, essaie encore de tirer et on verra si je meurs, hein ? »
Les longs cils de Shen Jue frémirent et sa voix devint polaire.
« Tu l’as fait exprès. »
Avec un sourire aux lèvres, Ji Yao saisit la main de Shen Jue qui tenait le pistolet.
« J’ai juste oublié de recharger ce pistolet. Je n’aurais jamais pensé qu’on essaierait de me tuer avec, ce doit être le destin. »
Il prit le pistolet des mains de Shen Jue et le jeta sous le siège. L’instant d’après, il se redressa avant de se presser directement sur Shen Jue.
Combien pouvait bien peser un homme adulte ? En tout cas, suffisamment pour couper le souffle à Shen Jue pendant un moment. En plus, Ji Yao se pressait justement sur son estomac.
Shen Jue tenta de le repousser, mais l’autre homme saisit ses poignets.
« Tu as mal ? demanda Ji Yao. Tu voulais me tuer, alors qu’est-ce qu’un peu de douleur ? Quand on fait quelque chose comme ça, il faut accepter les conséquences en cas d’échec. »
Il lança un regard froid à Shen Jue, comme un exécuteur.
Shen Jue ne se sentait déjà pas bien à la base mais là, avec le poids de Ji Yao, il souffrait encore plus : fatigué et affaibli, son estomac encore plus retourné. Il haleta pour respirer et fit avec du mal :
« Si tu veux me tuer, fais-le !
– Tu veux mourir ? Ça ne sera pas aussi simple. »
Ji Yao baissa la tête pour s’approcher des lèvres de Shen Jue. Ils étaient si proches que son souffle se fit sentir sur le visage du jeune homme. Il ne s’était pas aspergé de parfum pour une fois, du coup son odeur était plus agréable, en tout cas pas aussi forte que d’habitude.
Dès qu’il eut prononcé ces mots, Ji Yao mordit directement les lèvres de Shen Jue, sans la moindre tendresse. C’était une morsure de chez morsure, comme si les lèvres de Shen Jue étaient devenues de la viande et que Ji Yao était un loup affamé depuis longtemps.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il le mordit si fort que Shen Jue fronça les sourcils de douleur et tenta de le repousser, en vain. Par contre, il sentit du sang couler sur son menton.
Ce lunatique !
Le fait de goûter du sang parut exciter encore plus Ji Yao. Il se mit même à lécher le sang le long du menton. Sa main brûlante se posa sur la nuque de Shen Jue et après un moment, se posa sur sa gorge pour forcer Shen Jue à pencher la tête en arrière.
Le sang sur son menton et son cou fut entièrement léché, puis Ji Yao revint à ses lèvres. La vue de Shen Jue commençait à se troubler et quand il entendit le rire satisfait de Ji Yao, il n’y tint plus et s’évanouit.
Quand il reprit connaissance, Shen Jue se retrouva allongé sur un lit. Les draps semblaient avoir été changés très récemment et sentaient encore un peu la lessive. Il porta d’abord une main à ses lèvres et inspira aussitôt. L’endroit qui avait été mordu semblait couvert de croûtes, et ça faisait mal quand il y touchait.
Ce cinglé de Ji Yao l’avait mordu à plusieurs endroits.
Shen Jue regarda tout autour et découvrit qu’il se trouvait actuellement dans une chambre. La décoration était extrêmement simple, il n’y avait qu’un lit et une table dans toute la pièce, pas même une chaise.
Sur la table se trouvait un pistolet.
Shen Jue contempla longuement l’arme, mais ne se leva pas pour la prendre. Il repoussa la couverture pour sortir du lit.
Aussitôt, il sentit que quelque chose n’allait pas. En se redressant pour regarder, il se rendit alors compte qu’il portait une chemise de nuit d’un blanc immaculé, un vêtement de femme.
Les yeux de Shen Jue vacillèrent. Il souleva aussitôt la chemise de nuit et découvrit que son caleçon avait été remplacé par une culotte en dentelles, encore un vêtement de femme.
C’était tout à fait dans le style de Ji Yao.
Shen Jue voulut retirer ces vêtements mais après s’être levé, il fouilla dans toute la chambre sans trouver d’autres vêtements. Même ses chaussons étaient clairement des chaussons pour femme.
Il s’avança donc vers la porte mais dès qu’il l’ouvrit, il tomba sur Ji Yao.
Il resta bouché bée en le voyant, mais c’était parce que Ji Yao avait coupé ses longs cheveux.
Ji Yao avait désormais les cheveux coupés courts en une coupe pour homme ordinaire. Ses sourcils épais et ses yeux allaient bien avec sa nouvelle coupe, cela lui conférait une sorte de beauté étrange. Il s’était également changé pour porter des vêtements d’homme et il était assis sur un canapé, en train de recharger son pistolet.
En entendant du bruit, Ji Yao leva les yeux et quand il vit Shen Jue, ses yeux de renards se plissèrent en demi-lune.
« Tu es réveillé ? Tu as faim ? »
Après ça, il désigna du menton la cuisine.
« J’ai fait du porridge, va te servir. »
Shen Jue le regarda un bon moment, puis se dirigea vers la cuisine. Il y avait effectivement du porridge dans la casserole mais Shen Jue le recracha aussitôt qu’il y eut goûté.
C’était tout bonnement immangeable. Ji Yao avait dû mettre une tonne de sel dedans et en plus, c’était brûlé au fond.
Ji Yao devait avoir entendu ce qui se passait en cuisine car il entra rapidement. En voyant l’air indescriptible de Shen Jue, il haussa les sourcils.
« C’est si mauvais que ça ? J’ai trouvé ça plutôt bon, ah. »
Shen Jue ne se fatigua même pas à lui parler. Il jeta tout le porridge de la casserole et se mit à faire à manger lui-même. Il vit un paquet non entamé de nouilles instantanées sur le plan de travail. Il ignorait quel jour on était et depuis combien de temps il n’avait pas mangé, mais la sensation de brûlure dans son estomac lui indiquait qu’il ne pouvait pas attendre plus longtemps avant de se nourrir.
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Il ne fit rien de plus à part bouillir de l’eau pour préparer les nouilles, puis il se mit à manger. Durant le processus, il toucha forcément la plaie qu’il avait aux lèvres. À cause de ça, Shen Jue ne cessa de froncer les sourcils tout en mangeant.
Pendant ce temps, Ji Yao ne cessait de le regarder, les yeux fixes. Il était impossible de savoir à quoi il pouvait bien penser.
Après avoir mangé ce bol de nouilles, Shen Jue se sentit un peu mieux, mais son malaise n’avait pas totalement disparu pour autant. Il releva la tête et croisa le regard de Ji Yao de l’autre côté de la table. Il prit un ton qui se voulait calme et demanda :
« Ji Yao, quelles sont tes intentions ? Pourquoi tu ne me les dis pas directement ? Arrêtons de tourner autour du pot, hein ? »
Il ne voulait vraiment rien avoir à faire avec ce lunatique.
Dommage qu’il ne pouvait pas le tuer.
Les pupilles de Ji Yao étaient d’une couleur très sombre, presque d’un noir pur. En entendant la question de Shen Jue, il roula des yeux.
« Je n’ai aucune intention particulière. »
En prononçant ces paroles, il se leva brusquement.
Shen Jue recula au moment où l’autre se levait. C’était une réaction instinctive, et elle le perturba beaucoup.
Il avait en fait peur de ce lunatique à présent.
Ji Yao ne parut pas remarquer la réaction d’esquive de Shen Jue. Il s’avança directement vers lui et s’accroupit devant lui. Il contempla l’autre de ses yeux brillants.
« En réalité, je ne faisais que te taquiner au départ mais à présent, je trouve que tu lui ressembles beaucoup. »
Son expression devint peu à peu sérieux.
« À Mère, elle savait aussi bien cuisiner que toi. Tous les deux, vous vous comportez également de la même façon avec moi : Mère avait toujours l’air dégoûté par ma vue, pourtant elle me faisait toujours à manger. Mère me détestait mais m’aimait à la fois. Je la détestais, mais je l’aimais aussi. »
Le regard de Shen Jue se modifia imperceptiblement. Il songea soudain que le fait que Ji Yao aimait s’habiller en femme n’était peut-être pas dû à une préférence innée, mais à un facteur extérieur. Cela devait avoir un rapport avec ce que Ji Yao avait dit sur sa mère.
À cette époque, la plupart des gens disaient ‘maman’ pour parler de leur mère, ils utilisaient rarement le mot ‘mère’. Cela semblait trahir une relation distante entre Ji Yao et sa mère.
D’après la description de Ji Yao, sa mère ne semblait pas vraiment chaleureuse avec lui.
Quand Ji Yao se mit à parler de sa mère, il prit un air inhabituellement sérieux. Il se rassit même bien droit automatiquement.
« Cependant, Mère est morte avant la fin du monde. Elle s’est suicidée parce que je n’étais pas aussi bien que ma grande sœur. J’étais toujours rebelle et je ne l’écoutais jamais. Elle était très fâchée contre moi, voilà pourquoi elle m’a quitté. »
En entendant ça, Shen Jue eut un mauvais pressentiment. L’instant d’après, Ji Yao se pencha soudain et posa la tête contre son ventre. L’air en transe, Ji Yao prononça des paroles très inquiétantes :
« J’espère que c’est une fille que tu portes dans ton ventre. Comme ça, je l’élèverai pour qu’elle soit exactement comme ma grande sœur. Et ensuite, nous pourrons rester tous les trois ensemble pour toujours. »
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Il tourna la tête et adressa un petit sourire à Shen Jue.
« J’ai songé à tuer Shao Ge, mais je me suis aperçu que j’étais réticent à l’idée de l’éliminer. En plus, je me suis dit que tu n’apprécierais pas de me voir le tuer. Si je le faisais, tu m’en voudrais forcément. C’est pour ça que je t’ai emmené loin de la base, dans un endroit où il n’y a pas de Shao Ge. »
À ces mots, Shen Jue le poussa.
« Je suis un homme, alors je ne peux pas être un substitut pour ta mère. Et l’enfant que je porte dans mon ventre ne sera jamais comme ta grande sœur ! »
Le visage de Ji Yao se modifia suite aux actions de Shen Jue, mais il ne se fâcha pas. Il se leva simplement et fit les cent pas autour, comme s’il réfléchissait. Après un moment, il se tourna pour regarder Shen Jue et ses yeux avaient repris leur allure normale.
Il fit d’un ton affable :
« Aucune importance, si tu n’es pas d’accord, nous n’avons qu’à changer notre relation. Ton fœtus de cinq mois est stable, il pourra supporter si on le fait. Peut-être que juste après l’avoir mis au monde, tu seras déjà enceint de mon enfant. »
Les paroles de Ji Yao étaient si explicites que Shen Jue ne pouvait pas prétendre ne pas avoir compris. Il se pinça les lèvres et fit :
« Tu veux que je joue le rôle de ta mère ? »
Ji Yao ne dit rien et se contenta de le regarder.
Shen Jue baissa les yeux sur la chemise de nuit qu’il portait. Pour être honnête, il était plutôt grand, alors il ne savait pas où Ji Yao avait bien pu lui trouver une chemise de nuit à sa taille. Cela semblait indiquer que ce dernier n’avait pas agi sur un coup de tête, mais avait bel et bien préparé son coup depuis longtemps.
Il était clair que l’état d’esprit morbide de Ji Yao rendait la tâche difficile pour Shen Jue, mais il n’y avait pas d’autre solution. Il n’avait jamais connu Ji Yao dans les autres vies, alors il ne savait pas qu’il était à ce point obsédé par sa mère. Il ne savait pas non plus quelle avait été la relation exacte entre Ji Yao et Shao Ge dans les vies précédentes. Est-ce que Ji Yao avait aussi considéré Shao Ge comme un substitut pour sa mère ?
« D’accord, j’accepte. »
Shen Jue n’avait pas d’autre choix que de céder pour le moment.
Son accord rendit Ji Yao de toute évidence très heureux. Il sortit même une perruque pour la faire porter à Shen Jue et lui peigna gentiment les cheveux. Ses yeux étaient si tendres, Shen Jue n’avait encore jamais vu ça.
Quel lunatique.
Durant les jours qui suivirent, Ji Yao semblait complètement collé à Shen Jue. Où qu’aille Shen Jue, il devait le suivre. Même quand Shen Jue se rendait aux toilettes, Ji Yao restait à côté pour le surveiller, et il était impossible de le faire partir. Quand Shen Jue se fâcha, il répondit :
« Mère s’est suicidée pendant que je ne la regardais pas. »
Au départ, Shen Jue avait pensé que Ji Yao évoquait le souvenir de sa mère à travers lui mais au bout d’un long moment, il se rendit compte que ce n’était pas ça.
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Ji Yao ne porta plus d’habit de femme. Il se comportait même de plus en plus comme un homme. Parfois quand Shen Jue lui parlait délibérément comme une mère, Ji Yao ne l’écoutait pas. Même quand Shen Jue parlait ainsi, Ji Yao avait un regard étrange, comme s’il regardait sa mère mais également un ennemi.
Bien qu’il se montrait très prévenant envers Shen Jue, c’était en fait plus du contrôle. Il restreignit sa liberté personnelle et ne le laissait pas sortir. Quand Ji Yao devait sortir, il attachait Shen Jue et lui bandait même les yeux pour qu’il ne puisse pas voir.
« Pourquoi tu m’attaches ? demanda une fois Shen Jue. Tu pourrais juste fermer la porte à clef, je ne pourrais pas sortir. »
Les lèvres de Ji Yao tremblèrent un peu et il parut plongé dans une transe. Il posa la main sur la joue de Shen Jue.
« Parce que Mère faisait ça, elle m’attachait. Quand je suis devenu plus grand, c’est moi qui l’attachait et ça la rendait toujours furieuse. Et toi, tu es furieux là ? »
Du bout des doigts, il caressa le sourcils de Shen Jue, le coin de ses yeux et finalement sa joue.
« Tu ne veux pas être comme elle, c’était une très mauvaise mère. Mais toi, tu es quelqu’un de bien, pas vrai ? Tu vas aimer ton enfant, hein ? »
Note de Karura : Ji Yao est vraiment atteint. Cela dit, il a des excuses. C’est fou comme l’auteur arrive à nous faire comprendre les motivations de ses personnages, même les plus cinglés.
- - -
Ji Yao : Je veux que tu portes des vêtements de femme.
Shen Jue, s’énerve : Pas question ! Si Sang Xinghe et Yu Ci n’ont pas réussi à me faire porter des vêtements de femme, je ne vois pas pourquoi toi, tu y arriverais !
Quelques paragraphes plus loin…
Shen Jue, avec un gros soupir : C’est bon, t’as gagné.
Ji Yao : (^∀^●)ノシ
Sang Xinghe et Yu Ci : Faut qu’on lui pique sa technique !
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