Cent façons de tuer un prince charmant 124

Chapitre 124


Le temps fila et plus de trois mois s’écoulèrent rapidement.

Durant cette période, Shen Jue ne put que se déplacer dans l’appartement sans pouvoir sortir. Et comme ils se trouvaient au sous-sol, il ne put même pas voir la lumière du soleil.

Shen Jue, à présent dans son neuvième mois de grossesse, était devenu d’une pâleur maladive. On pouvait clairement voir les veines bleues sous sa peau. Ji Yao, de son côté, ne semblait pas du tout affecté, son visage avait toujours la couleur rosée d’une viande de porc cuite à la vapeur.


À cause de sa condition, cela devint de plus en plus difficile pour Shen Jue de bouger ou de se pencher, alors Ji Yao dut apprendre à cuisiner. Bien que ce n’était pas délicieux, c’était mangeable.

Le jeune homme prépara même des repas nutritifs pour Shen Jue. À chaque fois, il pressait Shen Jue de terminer son bol et si Shen Jue ne finissait pas tout, il se mettait alors à le nourrir de ses propres mains.

Durant ces trois derniers mois, les cheveux de Shen Jue avaient beaucoup poussé et avaient désormais atteint son menton. Ji Yao ne lui faisait plus porter de perruque mais lui fit une frange droite. Nonobstant sa taille, Shen Jue ressemblait en tout point à une femme enceinte.


« Ce matin, je vais faire des œufs à la vapeur, ça te dit ? » demanda Ji Yao en aidant Shen Jue à mettre ses chaussures.

L’autre jeune homme était assis au bord du lit et répondit d’un ton indifférent :

« Peu importe. »

Après lui avoir mis ses chaussures, Ji Yao se leva et se pencha pour l’embrasser sur le front.

« Sois gentil, mange tes œufs à la vapeur et aussi ton yaourt à boire préféré. »

Shen Jue n’aimait pas boire du yaourt en fait, mais Ji Yao parlait toujours comme ça de ses préférences. Aujourd’hui, il disait que Shen Jue aimait le yaourt à boire. Demain, il dirait que ce serait le lait et dans deux jours, il dirait que Shen Jue préférait du jus de fruits fraîchement pressés.

Quoi qu’ait préparé Ji Yao, il dirait toujours que c’était ce que Shen Jue préférait boire. Il aimait jouer à ce genre de jeu tous les jours sans jamais se lasser, comme si du moment qu’il disait que Shen Jue aimait ça ou ça, cela deviendrait la vérité.


Toutefois, il fallait reconnaître que Ji Yao savait très bien se débrouiller. Il ne s’absentait jamais très longtemps, pourtant il pouvait revenir avec toutes sortes d’aliments en très peu de temps. Shen Jue ignorait comment il faisait. Même Shao Ge n’avait jamais pu faire ça.

Depuis plus de trois mois, il semblait être devenu quelqu’un de totalement différent. Il ne disait plus du tout de paroles venimeuses, ne se disputait plus avec Shen Jue et il était aux petits soins avec lui, d’une manière un peu terrifiante. Cela arrivait surtout quand Shen Jue devait se lever la nuit pour aller aux toilettes. Dès qu’il bougeait, Ji Yao se réveillait et demandait d’une voix pas du tout ensommeillée :

« Tu veux aller à la salle de bain ? »

Et alors, il portait Shen Jue pour y aller.


Shen Jue mesurait quasiment 1m80 et il était enceint. Il n’était clairement pas léger, on pouvait même dire qu’il était plutôt lourd. Pourtant, Ji Yao ne semblait pas avoir trop de mal à le porter. La première fois, il avait même fait mine de le tenir comme on tenait un garçon pour qu’il urine. Shen Jue s’était aussitôt fâché, alors Ji Yao avait dû le reposer à contrecœur.

Une fois de retour au lit, il avait aidé Shen Jue en lui massant les jambes un bon moment avant qu’ils ne s’endorment. Il avait l’impression qu’en faisant ça la nuit, les jambes de Shen Jue seraient moins gonflées la journée.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Toutefois, ce genre de vie rendait Shen Jue très anxieux. Il ne pouvait plus voir Shao Ge et il était obligé de vivre avec Ji Yao, ce lunatique. En fait, il avait plusieurs fois tenté de le tuer en cachette, mais il avait échoué à chaque fois.

Une fois, Shen Jue récupéra le couteau à fruit. Il l’avait à peine pris que Ji Yao s’en rendit compte. L’autre homme sortit de la cuisine et demanda d’un ton chaleureux :

« Tu n’aurais pas vu le couteau à fruit ? »

Shen Jue avait caché le couteau sous un coussin du canapé. Il secoua la tête devant cette question.


Ji Yao garda le silence un bon moment, puis il s’avança. Il baissa les yeux vers Shen Jue, qui était assis.

« Sois gentil, donne-moi le couteau.

– Je n’ai pas vu ce couteau, comment je pourrais te le donner ? »

Shen Jue leva la tête pour le regarder dans les yeux.

Ji Yao étira les lèvres en un léger sourire.

« D’accord. »

Il se mit ensuite à le tourmenter. Ce ne fut que lorsque la robe que portait Shen Jue allait se faire déchirer qu’il n’eut pas d’autre choix que de se rendre.


Le visage rouge de honte, il tenta de libérer son pied de la main de Ji Yao.

« Le couteau se trouve sous le coussin du canapé, lâche-moi ! »

Ji Yao le contempla alors comme un enfant désobéissant.

« Cela n’aurait pas été mieux que tu me le dises plus tôt ? »

Ji Yao l’aida alors à se relever. Il fixa la pauvre culotte qui avait été réduite en lambeaux, puis embrassa gentiment le sommet du crâne de Shen Jue.

« Tu veux te doucher ? Tu viens de beaucoup transpirer. »

Shen Jue trembla de rage, mais il ne pouvait rien faire contre Ji Yao.

Au pire, quand l’enfant serait né, il allait définitivement pouvoir tuer Ji Yao après ça.


* * *


Assez rapidement, Ji Yao commença soudain à faire leurs valises. Shen Jue était alors en train de manger de la soupe. Quand il le vit occupé à ranger tous leurs vêtements dans des valises, la surprise envahit son cœur.

« Nous partons ?

– En, les provisions sont quasiment épuisées ici et il y a de plus en plus de zombies. Maintenant que tu as un si gros ventre, ça peut être dangereux de rester ici. »

Ji Yao finit de fermer une valise puis s’approche pour caresser le visage de Shen Jue qui était plus pâle et plus tendre.

« Cela sera difficile pour toi sur la route, mais j’ai pris un camping-car. Comme ça, je pourrai continuer à cuisiner pour toi. »

Shen Jue retira la main de l’autre homme et fit d’un ton glacial :

« Peu importe. »


Ils se mirent en route dans l’après-midi. Le camping-car était spacieux et contenait un lit, mais ce lit était bien trop petit pour deux hommes. Si les deux s’allongeaient dessus, ils ne pourraient pas se retourner durant la nuit. Quant à Shen Jue, avec son ventre de plus en plus gros, il ne pouvait dormir que sur le côté gauche. Autrement, il n’était pas à l’aise.

Alors quand ils allèrent se coucher ce soir-là, Ji Yao se roula en boule sur la banquette à côté du lit et s’endormit. Mais dans tous les cas, Ji Yao faisait 1m70 alors cela n’avait rien de confortable de dormir sur une banquette.

En plus, Shen Jue l’avait vu se masser les épaules en cachette durant la journée. Ji Yao semblait avoir peur que Shen Jue ne s’en rende compte, donc il s’était caché à chaque fois pour se masser les épaules.


Shen Jue était content qu’ils se soient mis en route car Ji Yao lui avait révélé leur destination : c’était la plus grande base de la ville de M, du moins durant les vies précédentes.

Sauf en cas d’imprévu, il pourrait revoir Shao Ge là-bas.

Et s’il retrouvait Shao Ge, ce serait plus facile pour lui de se libérer de l’emprise de Ji Yao.


En route pour la ville de M, ils croisèrent d’autres personnes.

Il s’agissait d’un couple hétéro et ils avaient tous les deux des super-pouvoirs. L’homme pouvait instantanément aveugler tous les zombies qu’il croisait. Quant au pouvoir de la femme, il était bien plus pratique : elle pouvait transformer une image de nourriture en vraie nourriture. Cela ne fonctionnait qu’une fois par jour, mais c’était déjà assez bien.

Après avoir vu le camping-car, le couple demanda à Ji Yao sa destination puis proposa de voyager ensemble. Ji Yao était un peu différent de Shao Ge sur ce point : si Shao Ge s’était trouvé dans cette situation, il aurait très certainement refusé. Ji Yao, par contre, accepta.

Il invita même le couple pour le dîner.

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Quand le couple entra dans le camping-car et qu’ils virent Shen Jue sur la banquette, ils se figèrent un moment.

« C’est ton épouse ? Elle est si belle, on dirait une star, ah. Elle est enceinte ? De combien ? »

Le visage de Shen Jue s’assombrit à ces mots, mais Ji Yao fit mine de ne rien voir. Devant les yeux du couple, il s’approcha et déposa un tendre baiser sur le front de Shen Jue avant de répondre :

« Plus de huit mois.

– Le bébé est pour bientôt alors ? fit la femme d’un ton agréablement ravi. Cela fait si longtemps que je n’ai pas vu de bébé. Avant l’apocalypse, j’étais sage-femme. Je pourrai peut-être vous aider. »

Un sourire apparut dans le regard de Ji Yao.

« C’est vrai ? Merci infiniment, j’étais inquiet à ce sujet. »


* * *


Il fallait encore trois ou quatre jours pour se rendre à la ville de M. En plus, ils ne pouvaient pas rouler de nuit car c’était trop dangereux.

Durant ces quelques jours, le couple s’était rendu compte que Shen Jue ne parlait pas. Ils crurent alors qu’il était muet, surtout la femme qui le regardait toujours avec pitié.

Elle devait se dire que, comme Shen Jue et elles étaient les seules filles dans le véhicule, elles devaient passer du bon temps ensemble. En plus, comme elle était sage-femme, elle était toujours en train de rire avec Shen Jue et lui racontait parfois des anecdotes du temps où elle travaillait à l’hôpital.


Shen Jue était juste embarrassé par la proximité de la femme. Quant à Ji Yao, qui se trouvait non loin de lui, il semblait avoir autre chose en tête. Il fixait la femme qui était assise à côté de Shen Jue et son regard se fit de plus en plus morose.

Désormais, Shen Jue avait besoin de faire la sieste tous les jours. Au réveil d’une de ses siestes, il se fit embrasser : c’était Ji Yao.

Bien que l’autre homme faisait très attention à ne pas toucher le ventre de Shen Jue, il se montra plutôt agressif et ne lui laissa pas l’occasion de s’enfuir. Pendant que Shen Jue avait du mal à respirer à cause du baiser, il entendit la voix de la femme :

« Xiao Yu, j’ai fait de la pastèque aujourd’hui, tu en v… ah, désolée, désolée ! »


La jeune femme se sauva rapidement. Ce ne fut qu’à ce moment que Ji Yao consentit à relâcher Shen Jue, dont les lèvres étaient déjà bien enflées. Shen Jue lui lança un regard noir et voulut le frapper au visage de colère. Malheureusement, son poing se fit saisir avant de faire mouche.

« Ils s’imaginent que nous sommes un couple. Qu’en diraient-ils s’ils te voyaient me frapper parce que je t’ai embrassé ? fit Ji Yao en se rapprochant de l’oreille de Shen Jue. Tu veux qu’ils découvrent que ma femme est en fait un homme qui peut tomber enceint et qui porte des vêtements de femme ? »

Shen Jue grinça des dents et ne put que se ressuyer les lèvres de son autre main.

Le nom de Xiao Yu Yu veut dire Jade et le caractère en chinois ressemble un peu à celui de Jue. (1) avait été donné par Ji Yao aux deux autres personnes. Il n’avait pas utilisé le vrai nom de Shen Jue car il craignait que les autres le reconnaissent comme étant une star masculine.


* * *


Heureusement, cette période ne dura pas trop longtemps. Ils arrivèrent vite à la ville de M. Contrairement aux autres villes, l’entrée était soigneusement gardée. Ceux qui voulaient pénétrer dans la ville devaient passer d’abord les contrôles de sécurité, et ces contrôles étaient séparés pour les hommes et les femmes.

Au départ, Shen Jue s’était placé du côté des hommes pour les contrôles. Mais comme il portait pour le moment des vêtements de femme, il n’eut pas d’autre choix que d’aller du côté des femmes.

Quand le contrôleur vit le ventre de Shen Jue, il sourit et le félicita :

« On dirait que c’est pour bientôt. Toutes mes félicitations. »

Shen Jue hocha la tête d’un air inexpressif et entra.


Après deux pas, il se rendit compte subitement que, comme il y avait moins de femmes, il était déjà passé tandis que Ji Yao faisait toujours la queue dehors.

Ji Yao était en seconde partie de la queue et il fixait Shen Jue.

Ce dernier réfléchit un moment, puis se tourna pour continuer à avancer. La femme du couple qui les avait accompagnés fut ébahie de le voir partir.

« Xiao Yu, où tu vas ? »

Dès l’entrée de la ville, il y avait une navette gratuite pour les emmener à la base. Les femmes enceintes pouvaient monter en priorité, alors quand Shen Jue se présenta, les gens le laissèrent directement passer.

Shen Jue put alors monter dans le bus au moment où celui-ci allait démarrer.

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Cette base de la ville de M était bien plus grande que celle de Ji Yao. Elle était gérée par le gouvernement temporaire et pouvait accueillir des centaines de milliers de personnes d’un coup. Une fois le bus arrivé dans la base, il s’arrêtait à chaque zone. Les gens étaient libres de choisir dans quelle zone vivre mais bien entendu, pour s’y installer, il fallait d’abord s’inscrire et se faire examiner.

Si la zone était déjà pleine, le bus ne s’y arrêtait pas.

Shen Jue savait dans quelle zone avait vécu Shao Ge dans les vies précédentes, alors il ne se leva pas pour sortir tant que le chauffeur n’avait pas annoncé qu’ils arrivaient dans la zone F.


Il fallait s’inscrire à l’entrée de cette zone, ainsi que subir un examen physique.

Shen Jue commença par l’inscription. Quand il rendit le formulaire, l’employé en resta ébahi un moment. Il examina Shen Jue du regard et demanda :

« Tu es un homme ?

– En, » répondit Shen Jue.

Ici, les hommes et les femmes vivaient séparément, à moins qu’un couple n’arrive ensemble. Les gens qui venaient seuls devaient tous sans exception loger avec d’autres de leur sexe.

Il était donc impossible pour Shen Jue de résider avec les femmes alors, même si l’autre le fixait comme un déviant, il n’avait pas d’autre choix.


Après ça, l’équipe médicale lui fit passer quelques examens de base et lui prirent un peu de sang.

En attendant les résultats des tests sanguins, Shen Jue pouvait s’asseoir dans une petite salle et se reposer.

Shen Jue ne put entrer dans la zone F qu’une fois que ses tests furent bons. À cause de ses circonstances spéciales, on attribua à Shen Jue une chambre particulière.

Le médecin lui rappela également qu’il était dans son dernier mois de grossesse et qu’il pouvait aller dans l’hôpital de la zone C pour un examen de grossesse. L’équipement médical là-bas était particulièrement complet.


* * *


Shen Jue se rendit dans l’immeuble où avait vécu Shao Ge durant les autres vies. Il monta rapidement à l’étage en question puis s’arrêta devant une certaine porte.

Il toqua, mais il n’y eut pas de bruit à l’intérieur.

Shen Jue réfléchit un peu, puis toqua à la porte voisine.

Cette porte-là s’ouvrit rapidement, et l’homme resta un moment sidéré en voyant Shen Jue, comme s’il n’arrivait pas à savoir s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Il finit par voir la pomme d’Adam de Shen Jue et se ressaisit enfin :

« C’est pour quoi ? fit-il tout en jetant un coup d’œil à l’intérieur. Lao Wang, on a de la visite. »


Avant d’entrer, Shen Jue retira l’écharpe en soie qui se trouvait autour de son cou.

Une voix se fit entendre depuis la chambre :

« On a encore un nouveau colocataire ?

– Non, je n’habite pas ici, fit doucement Shen Jue. Je suis plus bas. Vous connaissez celui qui habite à côté ? Je suis son ami et je voudrais le retrouver.

– Tu veux parler de frère Shao ? »

L’autre homme entendit la voix de Shen Jue et s’avança vers la porte de sa chambre. Il demanda en riant :

« Tu es son ami ou un fan ?

– J’étais dans le même groupe que lui, je m’appelle Shen Jue. »


L’homme parut étonné en entendant ça. Quand il examina Shen Jue plus attentivement, il s’excusa aussitôt :

« Désolé, désolé, je ne regardais pas trop la télé alors je ne t’ai pas reconnu. Frère Shao doit être en mission là. Soit il fait des tâches tous les jours, ou bien il sort à la recherche de quelqu’un. Je ne sais pas qui il recherche vraiment. Il n’y a que quatre ou cinq entrées dans notre ville de M. Il s’y rend deux fois par jours, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus personne. Vu l’heure, je dirais qu’il ne reviendra pas avant dix-sept ou dix-huit heures. »

Il n’était que quinze heures.


L’homme remarqua l’air troublé de Shen Jue et ajouta aussitôt :

« Et si tu restais attendre ici ? On vient juste de préparer des ramen. Si tu aimes ça, mangeons ensemble. »

Shen Jue avait mangé juste avant d’arriver dans la ville de M, alors il n’avait pas très faim. Malgré ça, il entra plutôt que d’attendre dehors. Tout d’abord, il n’aurait rien eu pour s’asseoir alors qu’il ne pouvait pas rester debout trop longtemps. Deuxièmement, s’il attendait dans le couloir, il se ferait facilement repérer.

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L’homme était très sympathique. Il prit un tabouret pour Shen Jue et lui apporte quelques biscuits.

« Si tu ne veux pas de ramen, prends plutôt quelques biscuits. D’habitude les fans de Shao Ge lui envoient tout plein de bonne nourriture, mais frère Shao n’accepte rien. Donc les fans laissent la nourriture devant sa porte. Du coup, on se la partage entre nous. C’est un peu comme emprunter des fleurs pour les offrir au Bouddha Offrir un cadeau que quelqu’un d’autre nous a donné. (2) : comme tu es son collègue, la moitié de ces choses te revient naturellement de droit, alors mange un peu.

– Merci. »

Dans ce cas, Shen Jue ne se priva pas et se servit.


Après avoir accueilli ainsi Shen Jue, l’homme alla manger ses ramen. Il y avait beaucoup d’hommes enceints dans la base, alors ils étaient juste intrigués par ses vêtements de femme.

Après une demi-heure d’attente, Shen Jue demanda aux autres s’ils avaient des ciseaux. Quand l’homme les lui tendit, il demanda alors s’il pouvait utiliser la salle de bains. Il s’y rendit avec les ciseaux.

Shen Jue regarda son reflet dans le miroir avec ses cheveux qui lui arrivaient aux épaules, et une pointe de dégoût envahit son cœur. Il savait que ce monde était différent de son monde d’origine : ici en général, seules les femmes portaient les cheveux longs, la plupart des hommes les avaient courts.

En plus, il y avait les vêtements de femme qu’il portait. Seuls les travestis avaient une telle apparence. Il y avait donc fort à parier que les gens qui l’avaient vu ainsi l’avaient pris pour un travesti.


Au moment où Shen Jue levait les mains pour couper ses cheveux, on toqua subitement à la porte de la salle de bain.

« Une minute. C’est pressé ? Si oui, je peux sortir. »

Shen Jue crut que quelqu’un voulait aller aux toilettes, alors il était prêt à ouvrir la porte.

Mais la voix de l’autre côté de la porte n’appartenait pas aux deux hommes qu’il venait de voir. C’était une voix qu’il connaissait très bien et qu’il entendait souvent la nuit.

« Ouvre la porte, mon chéri. »

C’était la voix de Ji Yao qui s’éleva de l’autre côté de la porte.


Le corps tout entier de Shen Jue se pétrifia. Ji Yao poursuivit :

« Tu ne veux pas que j’enfonce la porte, hein ? Tu ne voudrais pas voir quelque chose d’aussi gênant, n’est-ce pas ? »

Shen Jue ferma les yeux et n’eut pas d’autre choix que d’ouvrir la porte.

C’était bel et bien Ji Yao de l’autre côté. Il repéra aussitôt les ciseaux dans les mains de Shen Jue et tendit la main.

« Donne-moi ces ciseaux. »

Shen Jue se mordit les lèvres mais s’exécuta.

Ji Yao lui prit les ciseaux d’une main et la main de Shen Jue de l’autre.

« Allons-y, ne pars plus comme ça la prochaine fois. »


Une fois hors de la salle de bain, Shen Jue se rendit compte que Ji Yao n’était pas seul : il y avait d’autres personnes dans la pièce et ils portaient des uniformes de policiers.

« Merci à vous tous, j’ai enfin retrouvé mon chéri. J’ai eu la peur de ma vie quand il est parti n’importe où. »

Ji Yao arbora un air terrifié, puis saisit la main de Shen Jue et la porta à ses lèvres pour l’embrasser. Il fit d’un ton anxieux :

« Chéri, la prochaine fois que tu veux chercher quelqu’un, dis-le moi d’abord, okay ? On reviendra ici plus tard. »

Les autres personnes firent en chœur :

« On l’a retrouvé, c’est tout ce qui compte ! »


* * *


Quand ils prirent l’ascenseur pour descendre, Shen Jue ne put s’empêcher de demander :

« Comment tu as fait ça ? »

Ji Yao regarda le policier devant eux. Il sourit et s’approcha de l’oreille de Shen Jue pour murmurer :

« Dans notre ancien logement, on a pris plein de photos ensemble, tu te rappelles ? »

Effectivement, il avait pris une fois des photos de Shen Jue avec un Polaroid. Sur la plupart, Shen Jue était seul mais il y avait aussi quelques photos d’eux deux. Shen Jue n’aurait jamais cru que Ji Yao demanderait à d’autres de le retrouver en se servant de leurs photos ensemble.

Il était également stupide, il ne s’attendait pas à ce que Ji Yao garde ces photos.


Quand Shen Jue s’était inscrit pour la zone F, il avait indiqué qu’il n’avait aucun matériel, ce qui n’était pas le cas de Ji Yao. Il avait plein de choses intéressantes, dont une boîte pleine de munitions.

Cette base logeait les gens selon leurs capacités et ce qu’ils amenaient. Shen Jue avait eu droit à une chambre individuelle en raison de sa grossesse. Ji Yao avait également eu ce privilège, il avait même un petit appartement avec une chambre et un séjour.

Ji Yao rendit la carte de chambre de Shen Jue à l’employé des inscriptions de la zone de F, puis l’emmena prendre le bus.

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Sur le chemin, Shen Jue ne dit pas un mot, tandis que Ji Yao semblait d’excellente humeur. Il ne cessait de regarder par la fenêtre. Après un long moment, il demanda subitement :

« C’est Shao Ge qui vit là-bas, hein ? Il est donc ici lui aussi ? »

Shen Jue l’ignora.

Ji Yao le fixa et plissa ses yeux de renard.

« Tu es fâché ? Parce que je t’ai retrouvé ?

– Ji Yao, tu n’en as pas marre ? fit Shen Jue en le fixant d’un air glacial. Il est grand temps d’arrêter ce petit jeu, non ?

– Chut. »

Ji Yao recouvrit sa bouche.

« Ne parle pas de ça si fort, ce n’est pas le genre de choses dont on discute en public. En plus, ce n’est pas un jeu pour moi, je suis très sérieux. Je désire vraiment vivre avec toi. Cela fait presque quatre mois que je m’occupe de toi, tu n’es pas un tout petit peu ému ?

– Si tu ne me privais pas de ma liberté et que tu ne me forçais pas à m’habiller comme une femme, peut-être que je serais un tout petit peu ému, » répliqua Shen Jue d’un ton écœuré.


En entendant ça, Ji Yao fit la tête de quelqu’un qui ne comprenait pas.

« Pourquoi tu penses une chose pareille ? Je suis si bon envers toi, et si tu t’enfuyais pour tomber sur des mauvaises personnes ? Si je te fais porter des vêtements de femme, c’est pour que les autres ne te regardent pas bizarrement. »

Il nota que des gens derrière commençaient à prêter attention à ce qui se passait.

« Entendu, si tu ne veux plus t’habiller comme ça, tu n’auras plus à t’habiller comme ça dorénavant, » fit-il en prenant la main de Shen Jue.

En même temps, il le fixa avec une lueur d’affection dans le regard.


Quand Shen Jue voulut dégager sa main, Ji Yao se contenta de sourire et de la serrer plus fort. Il fit entre ses lèvres, d’une voix si basse que seul Shen Jue pouvait l’entendre :

« Tiens-toi bien, je ne voudrais pas avoir à te punir ici. »

Shen Jue se figea, puis ne put que finalement renoncer à se libérer. Il n’avait déjà pas pu battre Ji Yao avant, il pourrait encore moins le faire maintenant. Même en présence de tant de gens, si Ji Yao leur disait qu’ils étaient juste en train de se disputer en tant que couple, Shen Jue n’y pourrait rien.

Après tout, Ji Yao avait ses fameuses photos pour prouver leur relation.


* * *


Pendant tout le trajet, Ji Yao se montra très attentionné. Ce ne fut qu’une fois arrivés dans leur nouveau logement qu’il changea d’expression. Il fit claquer la porte d’un revers de la main et fixa Shen Jue d’un air glacial.

« Est-ce que tu te rends compte du temps que j’ai passé à te chercher ? Je me montre si bon avec toi et toi, tu veux encore retrouver Shao Ge ? »

Shen Jue le fusilla du regard et fit d’un ton irrité :

« Il n’y a que toi pour être ému par tes propres actes. Pour ma part, je ne t’accepterai jamais ! »

Un léger rire se fit alors entendre.

Ji Yao baissa les yeux et hocha la tête.

« Je vois, tu me quittes un instant et tu retrouves ton mordant. Tu redeviens capable de mordre les gens et de te montrer désobéissant. »


Il releva lentement les yeux et Shen Jue y retrouva la malveillance qu’il connaissait bien.

« C’est parce que Shao Ge est ici que tu as retrouvé ton courage, hein ? Tu crois qu’il va venir te sauver comme le messie ? »

Il s’avança de quelques pas et remarqua que Shen Jue ne reculait pas comme d’habitude. Le sourire au coin de ses lèvres s’élargit.

« J’en étais sûr, ah. La présence du père biologique de ton enfant te rend plus courageux. Très bien, c’est même bien qu’il soit là. Je vais le faire venir et nous allons nous asseoir et discuter tous ensemble. Je me demande s’il voudra te récupérer sans hésiter quand il saura que je te baise toujours.

– Qu’est-ce que tu racontes comme conneries ? Nous n’avons rien fait du tout. »

Shen Jue se renfrogna, son dégoût pour Ji Yao augmentant.


« Parce que tu t’imagines qu’il va croire ça ? Qu’on n’a pas couché ensemble mais que je t’ai emmené avec moi, je t’ai nourri, je me suis occupé de toi et je suis prêt à jouer les beaux-papas, tout ça par pure bonté d’âme et sans le moindre intérêt ? »

Ji Yao éclata d’un rire encore plus amusé.

« Bien entendu, je sais même où sont les grains de beauté sur ton corps. Je me demande s’il te croira toujours une fois que je lui aurai dit ça. »

Il semblait qu’une fois qu’il se trouvait près de Shao Ge, Ji Yao redevenait comme avant. Non, pas exactement : il oscillait simplement entre deux genres de folies.


Effectivement, il ne fallut pas longtemps pour que Ji Yao réprime la malveillance dans son regard et demanda à Shen Jue d’un ton doux :

« Tu as faim ? Et si je te préparais quelque chose, hein ? La cuisine est plutôt grande ici. Ça te dirait de manger du poisson aujourd’hui ? »

Shen Jue ne voulait plus s’embêter à parler encore avec lui. Toutefois, à en juger par l’expression de Ji Yao, il ne semblait pas du tout fâché. Il continua à se montrer doux et tendre, cependant il l’attacha quand même.

« Sois gentil, ah. Demain, je ferai changer les serrures. Comme ça, quand je pourrai fermer la porte de l’extérieur, je n’aurai plus besoin de t’attacher, » promit Ji Yao en l’embrassant sur le front, comme il l’avait souvent fait ces trois derniers mois.

Il semblait préférer l’embrasser sur le front plutôt que sur les lèvres, comme si cela lui permettait d’exprimer davantage sa tendresse. C’était un peu comme un parent qui embrassait son enfant.


Au moment où Ji Yao entra dans la cuisine, on toqua à la porte.


Note de Karura : Qui cela peut-il bien être ?

A : Shao Ge, venu délivrer sa belle !

B : Le facteur.

C : Un zombie très poli.


Notes du chapitre :
(1) Yu veut dire Jade et le caractère en chinois ressemble un peu à celui de Jue.
(2) Offrir un cadeau que quelqu’un d’autre nous a donné.






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