Cent façons de tuer un prince charmant 127

Chapitre 127


La main était clairement chaude, pourtant Shen Jue fut parcouru d’un grand froid.

En regardant les yeux de renard qui étaient reparus devant lui, il ne put que faire d’un ton faible :

« Qu’est-ce que tu fais ici ? »

En même temps que l’anesthésie se dissipait, la douleur dans son corps commença à se réveiller. Il était donc à bout de souffle et ne put que se forcer à dire ça d’un ton furieux.

Malgré cela, l’autre homme ne parut pas l’entendre clairement. Il se pencha alors et remit quelques mèches en bataille de Shen Jue derrière son oreille.

« Quoi ? »

Shen Jue ferma les yeux et cracha un mot :

« Dégage.

– Je ne vais pas ‘dégager’. »

La voix de Ji Yao venait d’au-dessus de Shen Jue. L’autre homme le fixa avec tendresse et caressa de nouveau la joue du jeune homme alité.


De nouveaux bruits de pas se firent entendre à ce moment : c’était l’infirmière qui avait dû partir tout à l’heure.

Elle fut fort surprise de voir quelqu’un au chevet de Shen Jue. Avant qu’elle ne puisse poser de question, elle vit l’homme se retourner.

« Le patient s’est réveillé de l’anesthésie. Laissez-moi l’emmener dans sa chambre. Il y a trop de gens dans l’ascenseur public, alors je vais plutôt prendre l’ascenseur réservé, » fit Ji Yao.

L’infirmière ne dit pas un mot : elle se contenta de hocher la tête, le regard vide, et laissa Ji Yao emmener Shen Jue.


Ji Yao poussa le brancard sans la moindre crainte et fit entrer Shen Jue dans l’ascenseur juste devant un groupe d’infirmiers et docteurs.

Au moment d’entrer dans l’ascenseur, le coin des lèvres de Ji Yao se redressa sous son masque et il pressa le bouton de fermeture des portes.

La main de Shen Jue se crispa faiblement sur la couverture. Impuissant, il ne put que voir Ji Yao presser le bouton du rez-de-chaussée, là où se trouvait le parking.


* * *


Shen Jue fut transporté dans une voiture. Avant que Ji Yao ne l’installe, il n’oublia pas de retirer la perfusion dans la main de Shen Jue. Ce qui choqua ce dernier, ce fut de voir dans la voiture le bébé qu’il venait de mettre au monde. Le nourrisson était actuellement en train de dormir à poings fermés, tranquillement allongé sur la banquette arrière.

Il y avait une corde autour du corps du garçon pour l’attacher au siège, comme si Ji Yao craignait qu’il ne tombe de la banquette à cause d’une secousse de la voiture.

Ji Yao mit à Shen Jue un masque et un chapeau avant de prendre place derrière le volant. Il sortit du parking en roulant lentement.


Shen Jue avait quasiment oublié que ce lunatique de Ji Yao possédait le pouvoir d’envoûtement. Pour lui, rien de plus facile que d’hypnotiser des gens. Voilà pourquoi il avait osé enlever Shen Jue et son enfant de l’hôpital en plein jour et devant les yeux de tout le monde.

Shen Jue se demanda comment allait réagir Shao Ge en découvrant que l’enfant et lui avaient disparu.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Ji Yao roula et quitta directement la zone F.

Shen Jue aurait cru qu’il allait carrément quitter la base de la ville de M mais non. Ji Yao conduisit jusqu’à l’hôpital de la zone D, puis il sortit le premier et partit en verrouillant les portes.

Il revint peu après, suivi d’une équipe médicale. Ces derniers transportèrent Shen Jue dans un brancard, puis le conduisirent à l’intérieur de l’hôpital. Ji Yao avait déjà retiré sa tunique et son masque chirurgical, dévoilant son beau visage.

Il suivit derrière, le bébé dans ses bras.


Shen Jue fut emmené dans une chambre où se trouvait un berceau bleu ciel.

Ji Yao déposa doucement le bébé dans le berceau. Shen Jue eut droit à une nouvelle perfusion et le goutte à goutte fut ouvert. Ji Yao fixa la poche de perfusion un moment et, voyant que le liquide s’écoulait normalement par goutte, il fit au personnel médical :

« Vous pouvez y aller. Je vous appellerai si j’ai besoin de vous. »

Ces gens partirent docilement et refermèrent la porte.


Seulement alors, Ji Yao se tourna vers Shen Jue et fit avec un grand sourire :

« J’ai préparé cet endroit pour toi, ça te plaît ? »

Shen Jue n’avait plus du tout envie de le regarder, alors il détourna la visage et regarda par la fenêtre en silence. Même s’il criait au secours, cela ne servirait actuellement à rien : ces gens seraient facilement envoûtés par le pouvoir de Ji Yao, et Shen Jue resterait quand même ici.

Il ne pouvait donc rien faire pour le moment, à part rester allongé.


Ji Yao ne se fâcha pas en voyant Shen Jue l’ignorer. Il s’assit sur la chaise à côté du lit et prit gentiment la main de Shen Jue qui n’avait pas la perfusion dans la sienne.

« Je sais que tu me hais, mais ma mère me haïssait aussi. Elle n’a jamais aimé que ma grande sœur depuis l’enfance. »

En parlant de ça, Ji Yao prit un air un peu distant.

« En fait, je n’ai jamais rencontré ma sœur. Je sais juste qu’elle était très différente de moi. »


* * *


Ji Yao était né dans une famille d’artistes : son père était peintre et sa mère photographe. Pour tout le monde, ces deux-là étaient faits pour être ensemble.

Peu de temps après que ses parents se soient mariés, ils eurent une petite fille, sa grande sœur Ji Yao Les deux se prononcent pareils mais ne s’écrivent pas pareils. Le Yao de la fille veut dire Jade, tandis que le Yao du garçon veut dire Entrelacer. (1). Ji Yao était une enfant remarquable. Elle était toujours excellente en tout depuis toute petite, et le plus important était qu’elle était une source d’inspiration pour sa mère.

Depuis la naissance de la petite, la mère avait commencé à la prendre en photo. Quand Ji Yao eut sept ans, la mère organisa la première exposition de photos de la Série de Perle, qui eut lieu par la suite chaque année.


Ji Yao était la perle dans la main de sa mère, radieuse et éblouissante. Elle était également l’œuvre la plus aboutie de sa mère. Personne ne pouvait regarder les photos de Ji Yao sans pousser des cris et des soupirs d’admiration. Malheureusement, Ji Yao tomba malade à l’âge de six ans : un cancer du pancréas au stade terminal. Quand il fut découvert, il ne lui resta plus que quelques mois à vivre.

Ses parents eurent beau faire venir une multitude de médecins, personne ne parvint à la sauver. La mère tomba dans une profonde dépression et cessa même de s’alimenter. Cela en arriva à un tel point que le père suggéra de faire une autre fille.

« Nous pourrons continuer à l’appeler Yaoyao, » fit-il.

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Hélas, ce ne fut pas une fille, mais un garçon. Alors ils durent changer le caractère Yao du prénom.

Sa mère le haïssait tellement qu’elle refusa de le voir jusqu’à ses trois ans. Du coup, Ji Yao vécut avec son père. En effet, comme c’était le père qui avait proposé d’avoir un autre enfant, la mère le haïssait également de manière indirecte et les deux avaient divorcé.


Tout changea le jour du troisième anniversaire de Ji Yao.

Son père avait supplié la mère de venir au moins une fois à son anniversaire, et la femme avait accepté.

Comme le père était un peu négligent, cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait pas emmené Ji Yao chez le coiffeur. Du coup, le jour de l’anniversaire, le garçon avait les cheveux un peu longs, jusqu’au menton.

Ji Yao était un enfant splendide et là, avec ses cheveux longs, il ressemblait absolument à une petite fille.

La mère resta stupéfaite en voyant Ji Yao, puis elle appela instinctivement :

« Yaoyao. »


À compter de ce jour, la mère revint vivre avec eux mais habilla son fils uniquement avec des vêtements de fille. Le père accepta ce comportement malsain et laissa son épouse vêtir leur garçon comme une fille.

Ji Yao ne vit rien de mal dans tout ça, jusqu’à ce qu’il se rende à l’école. Il ne voulait pas rester en classe à dessiner en robe, il voulait aller courir dehors dans la cour avec les garçons.

Mais dès qu’il s’approchait, les autres garçons l’appelaient un ‘putain de travelo’.

Qu’est-ce que cela voulait dire, un travelo ?


Ji Yao ne demanda pas à quelqu’un mais prit en secret le portable de son père pour regarder.

Ce fut alors qu’il comprit le sens de ce mot. Il annonça alors à son père qu’il ne voulait plus porter de robe, mais l’homme fit seulement :

« Tu n’as plus envie de voir ta mère ? »

Bien sûr qu’il voulait la voir.


Ainsi, Ji Yao continua à être habillé comme une fille. Même au moment de la puberté, quand sa mère découvrit qu’il commençait à avoir une poussée de croissance, elle lui donna une sorte de médicament et il ne protesta pas.

Il vit son début de barbe disparaître peu à peu et son corps devenir de plus en plus mou. Cependant, il sourit simplement froidement devant le miroir.

Sa mère le prit également en photo pour les exposer, mais le nom du modèle écrit était toujours Ji Yao. C’était clairement lui sur les photos, pourtant les étrangers croyaient qu’il s’agissait toujours de sa sœur.

Ses parents n’avaient dit à personne que Ji Yao était morte, hormis à la famille proche. De la manière manière, ils n’avaient pas annoncé non plus qu’ils avaient eu un fils.


Ji Yao vécut donc dans l’ombre de sa sœur. Au lycée, il commença à draguer sur internet. Il se fit passer pour une fille et tomba amoureux d’un jeune homme, en utilisant même le nom de sa sœur. Ce ne fut que lorsque l’autre avait voulu venir le voir qu’il avait montré sa véritable nature.

Durant l’appel vidéo de ce jour-là, il avait vu la consternation, le dégoût et la nausée dans les yeux de l’autre.

L’autre l’avait regardé comme s’il était anormal, et il était effectivement anormal.

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Vers la même période, il reçut une lettre d’amour au lycée, disant :

« Même si tu aimes t’habiller comme une fille, je t’aime quand même. »

D’après le nom et l’écriture, il s’agissait d’une fille.

Ji Yao contempla un bon moment cette lettre d’amour ce jour-là. Il se coupa ensuite les cheveux très courts et changea sa robe pour une tenue d’homme.

Depuis qu’il était à l’école, personne ne voulait jouer avec lui et ils l’appelaient tous un travelo et un anormal. C’était donc la première fois qu’on lui écrivait une lettre d’amour.


Ji Yao porta des vêtements d’homme pour la première fois et revint à la maison. Mais quand sa mère le vit, elle fit une vilaine tête et le chassa aussitôt.

Ji Yao n’eut pas d’autre choix que de passer la nuit à l’hôtel avec son cartable sur le dos. Quand il revint au lycée le lendemain, tout le monde fut stupéfait. Même en classe, les autres murmuraient et parlaient de lui.

Ji Yao les ignora. À la fin des cours, il prit un cadeau pour l’apporter à la fille qui avait déclaré ses sentiments. Il estimait que même s’il ne l’aimait pas, elle lui avait permis de ressentir de la chaleur alors il voulait lui donner un cadeau en remerciement.


Il arriva à la classe indiquée sur la lettre et dit aux élèves à l’entrée qu’il recherchait cette fille.

Cependant, les adolescents prirent un air perplexe en entendant le nom.

« Il n’y a aucune fille de ce nom dans notre classe, ah. »

À cet instant, des éclats de rire se firent entendre au dernier rang de la classe.

« Ha ha ha, ce putain de travelo a vraiment coupé ses cheveux. Il croyait vraiment qu’une fille pourrait l’aimer ?

– C’est un travelo, comment pourrait-on l’aimer ? La honte pour lui, ah !

– Mort de rire, il croit qu’il n’est plus un travelo s’il s’habille comme un mec ? »

Une foule se rassembla autour de lui, riant très fort et se moquant ouvertement de lui.


* * *


Il s’avéra que tout était une tromperie.

Mais il se servit de cette lettre pour entamer sa rébellion contre sa mère.

Ji Yao jeta son cadeau à la poubelle et se remit à porter des vêtements de femme. Il ne se soucia plus du tout du regard des autres et se mit même à sourire. Quand les gens l’insultaient, il se contentait de sourire sans changer d’expression.

Le dernier jour des examens d’entrée à l’université, il reçut des dizaines de textos : des garçons de toutes les classes lui avaient envoyé des messages pour déclarer leur amour.


Ji Yao parcourut tous les messages et découvrit le nom d’un jeune homme qui faisait partie de ses plus terribles harceleurs. Ce jeune homme l’avait même frappé avant et là, il lui avouait ses sentiments.

Ji Yao sortit deux mois avec lui et l’envoya trois fois à l’hôpital, chaque fois dans un pire état que le précédent. Il ne coucha pas directement avec lui, mais se servit uniquement de sex-toys. L’autre jeune homme ne pouvait que céder en le regardant et à chaque fois qu’il se faisait tourmenter jusqu’au sang, il se contentait de serrer les dents et de dire que ça allait.

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Une fois à la fac, Ji Yao le largua. Le jeune homme ne put s’en remettre. Il alla même le supplier plusieurs fois et finit par se suicider.

Juste avant de mettre fin à ses jours, Ji Yao était allé le voir et lui avait dit avec un sourire —

« Tu croyais vraiment que j’allais tomber amoureux de quelqu’un qui m’a fait du mal, hein ? »


* * *


Sa rencontre avec Shen Jue était une pure coïncidence.

En fait, quand il s’ennuyait à la base, il torturait plusieurs personnes. Tous étaient envoûtés par son apparence. Il n’avait qu’à faire un signe de la main ou laisser tomber quelque chose, et ces hommes accouraient vers lui.

Seul Shen Jue ne l’avait pas fait.

Shen Jue l’avait même rejeté, ce qui était curieux.


Ce qui surprit encore plus Ji Yao, ce fut que l’homme qui était avec Shen Jue était celui qu’il avait dragué en ligne à l’époque du lycée.

De leurs conversations en ligne, Ji Yao savait que cet homme était hétéro. Mais à présent qu’ils se revoyaient de nouveau, l’autre était avec Shen Jue.

Tous les deux l’avaient rejeté.

Pourquoi ?


* * *


Shen Jue n’avait aucune envie d’écouter les vieilles histoires de Ji Yao. Son passé n’avait rien à voir avec lui, alors il lui lança un regard glacial :

« Je refuse d’écouter ça. »

Ji Yao lui adressa un doux regard, comme à un enfant qui faisait un caprice.

« Je sais que tu ne veux pas écouter ça. Tu me hais, tout comme ma mère. Elle me haïssait aussi, alors que je l’aimais. Mais elle n’aimait que ma grande sœur et ne voyait qu’elle en moi, même si elle était morte depuis longtemps. Alors j’ai enfermé ma mère pour l’obliger à ne voir que moi. C’est à ce moment qu’elle s’est suicidée. »

En parlant de ça, Ji Yao arborait en fait un sourire très doux.


Note de Karura : Comme toujours, l’auteur arrive à nous faire ressentir un peu de compassion pour les méchants. Ah, les parents…


Notes du chapitre :
(1) Les deux se prononcent pareils mais ne s’écrivent pas pareils. Le Yao de la fille veut dire Jade, tandis que le Yao du garçon veut dire Entrelacer.






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