Cent façons de tuer un prince charmant 128

Chapitre 128


Un homme connaissait forcément des malheurs, d’une manière ou d’une autre, mais ce n’était pas une excuse pour s’en prendre à des personnes innocentes.

Shen Jue ne voulait vraiment pas prêter attention à Ji Yao. Voyant que l’autre continuait à parler comme pour lui-même, il ferma simplement les yeux. Il avait mal partout et tombait de fatigue. Il n’avait qu’une envie, dormir.

Malgré cela, Ji Yao ne semblait pas vouloir le laisser dormir et il continua à lui parler. Si Shen Jue commençait à s’endormir, Ji Yao s’approchait alors pour l’embrasser, le réveillant ainsi de force et l’empêchant efficacement de se rendormir tout de suite.


Après plus d’une heure d’amusement, Ji Yao voulut bien enfin le laisser dormir. Quand Shen Jue se réveilla, la nuit était déjà bien avancée.

Il se fit réveiller par les pleurs du bébé. Dès qu’il ouvrit les yeux, il vit Ji Yao tenir le nourrisson avec maladresse et lui donner le biberon. Toutefois, la position ne semblait pas aller car l’enfant pleurait énormément.

« Donne-moi le petit. »

Shen Jue ne put en supporter davantage. Le visage du bébé était déjà rouge à force pleurer, et il était devenu encore plus laid.


Dans ce monde, tout était virtuel. Shao Ge n’était pas réel, tout comme Ji Yao, mais cet enfant venait de ses propres entrailles. C’était un sentiment très étrange, surtout que dès que le bébé se retrouva dans ses bras, il cessa aussitôt de pleurer.

« Il arrête de pleurer dès qu’il se trouve dans tes bras. Même sans ouvrir les yeux, il sait déjà reconnaître son papa. »

Ji Yao observa tout ça et ne put s’empêcher de rire.

Shen Jue l’ignora et nourrit le garçon. Il le tendit ensuite à Ji Yao.

« Recouche-le. »

Il n’avait pas la force à présent de porter le bébé jusqu’au berceau à côté.

Il ne pouvait pas s’enfuir en l’état actuel des choses, alors il ne pouvait que rester là en attendant d’être en meilleure forme. Cependant, il ignorait si Shao Ge allait pouvoir trouver cet endroit.


Le bébé avait l’estomac bien plein et s’était rendormi. Quand Ji Yao le déposa dans le berceau, il ne put s’empêcher de toucher doucement la petite joue du garçon.

C’était si tendre, comme un morceau de tofu.

« Il te ressemble tellement. Tu veux lui donner son nom maintenant ? » demanda Ji Yao en se tournant vers Shen Jue avec un sourire.

Shen Jue était assis sur le lit, le visage encore pâle. Il étira les lèvres à la question de l’autre homme.

« Shao quelque chose, ça ira ? Je n’ai aucune idée pour son nom, le mieux sera de laisser son autre père choisir, non ? »


Ji Yao garda son sourire.

« Et si on commençait par un surnom ? Lele 乐乐qui veut dire joyeux et gai. (1) ? Pour qu’il soit heureux et joyeux toute la vie ? »

Shen Jue ne répondit pas.

Ji Yao garda le silence un moment, puis s’approcha de la table de chevet.

« Okay, on oublie le surnom pour le moment. Et si tu mangeais un peu de soupe ? Le médecin a dit que tu ne pouvais manger que des aliments liquides après l’opération. »

Il installa un petit plateau en bois sur le lit et disposa plusieurs bols de soupe et de l’eau dessus, chacune en petite quantité.

Ji Yao laissa d’abord Shen Jue se rincer la bouche avant de lui passer une cuillère à soupe. Quand il le vit finir les bols de soupes l’un après l’autre, il ne put retenir un sourire sur ses lèvres.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après avoir mangé, Ji Yao fit de nouveau la toilette de Shen Jue. Il expliqua que Shen Jue ne devait pas sortir du lit avant le lendemain alors aujourd’hui, il devait rester au lit.

Shen Jue le regarda attentivement pendant que l’autre s’affairait et ses yeux s’assombrirent un peu.

« Ji Yao, combien de temps tu vas me garder prisonnier ? »

Le concerné fit une pause pendant qu’il était en train de ranger le nécessaire à toilette. Il releva lentement la tête pour regarder Shen Jue, ses yeux très sérieux.

« Je ne te garde pas prisonnier, je veux juste être gentil avec toi. Personne n’a jamais été gentil avec moi, alors j’espère qu’en faisant ça, tu seras gentil avec moi plus tard. Tout ce que peut faire Shao Ge, je peux le faire aussi. Tu as dit une fois que ma cuisine était immonde, mais c’est moi qui ai préparé les soupes de tout à l’heure. Tu ne trouves pas que j’ai fait de gros progrès ? »


Ji Yao estimait qu’il ne voulait pas grand-chose dans la vie. Il ne voulait pas de ce genre d’amour frivole, mais l’amour qu’il désirait appartenait toujours à d’autres.

Quand il était devenu sa grande sœur, sa mère l’avait aimé. Alors s’il devenait Shao Ge, est-ce que Shen Jue tomberait amoureux de lui ?

Il savait bien que certains pouvaient éprouver un amour désintéressé, mais le sien était égoïste. Il voulait juste pouvoir voir l’autre en permanence, quel que soit le prix à payer.

« Si tu veux vraiment être gentil avec moi, fais venir Shao Ge, » rétorqua froidement Shen Jue.

À ces mots, Ji Yao secoua la tête.

« S’il venait, tu ne m’accorderais même plus un regard. »

Quand Shen Jue entendit une telle réponse, il comprit rapidement que même si Ji Yao avait affirmé ne pas le garder prisonnier, il l’isolait tout de même des autres, tout particulièrement de Shao Ge.


* * *


Durant les jours qui suivirent, Ji Yao se montra très attentionné et dévoué, comme si c’était vraiment son enfant que Shen Jue avait mis au monde. Dès que le petit pleurait, il le cajolait et ne semblait jamais fatigué ou à court de patience. Durant les vies précédentes, Shen Jue n’avait pas été capable de faire pareil. Alors qu’il avait dû s’occuper seul du bébé, il avait souvent été à deux doigts de l’effondrement mental. Ji Yao n’était pas du tout dans ce cas.

Il semblait avoir une patience infinie avec ce petit morveux qui ignorait tout. Que ce soit quand le petit braillait ou qu’il fallait le changer, Ji Yao savait tout bien gérer, et toujours avec un grand sourire.


Non seulement il s’occupa du bébé, mais il prit également soin de Shen Jue qui pouvait à présent se lever du lit et marcher un peu tous les jours. Ji Yao ne le laissait pas sortir, mais le soutenait pendant que Shen Jue faisait le tour de la chambre.

Shen Jue se doutait qu’il devait y avoir d’autres patients à l’étage, voilà pourquoi Ji Yao ne le laissait pas sortir. Il avait sûrement peur que Shen Jue se fasse voir par d’autres personnes. Quand Shen Jue se tenait à la fenêtre et voyait quelqu’un marcher sur la pelouse de l’hôpital, il regrettait toujours de ne pas avoir un papier et un stylo. Cela dit, Ji Yao le surveillait de très près.


* * *


Shao Ge fit son apparition deux semaines plus tard.

Shen Jue se tenait à la fenêtre à ce moment, tandis que Ji Yao portait le bébé et le berçait pour l’endormir.

La porte s’ouvrit en grand d’un coup sec.

Shao Ge, vêtu tout de noir, fit irruption directement. Il repéra d’abord Ji Yao, puis Shen Jue à la fenêtre.

Quand Ji Yao vit l’autre homme apparaître, il ne parut pas du tout surpris. Il fronça simplement les sourcils et tapota le garçon qui avait pris peur à cause du bruit.

« Tu fais peur au petit. »

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Shao Ge avait l’air très hagard, il n’avait pas rasé sa barbe depuis des jours et ses yeux étaient très rouges, comme s’il n’avait pas dormi depuis longtemps.

Il était très rare de voir Shao Ge dans un tel état.

Il repoussa l’agent de sécurité qui tentait de le retenir et fit d’un ton furieux :

« Ji Yao, laisse partir Shen Jue et le bébé ! »

Ji Yao prit un air un peu glacial.

« Je ne m’attendais vraiment pas à ce que tu trouves cet endroit. »


Shao Ge ne le regardait plus, mais avait les yeux fixés sur Shen Jue derrière. Il fut soulagé de voir qu’il semblait bien se porter. Durant ce temps, il avait failli devenir fou. Il avait cherché dans tous les hôpitaux de la base de la ville de M et avait enfin trouvé cet endroit. S’il avait pu localiser cette chambre avec précision, c’était parce qu’il avait entraperçu Shen Jue par hasard à l’une des fenêtres de l’étage.

Il n’avait pas été complètement sûr à cause du reflet sur la fenêtre, mais du moment qu’il y avait la moindre chance, il était prêt à tenter le coup. Et au moment d’entrer dans cette chambre, plusieurs personnes avaient tenté de l’arrêter. Ce fut alors qu’il avait osé nourrir la certitude que la personne à l’intérieur devait être Shen Jue.


Ji Yao regarda froidement les quelques personnes qui se tenaient derrière Shao Ge.

« Bande d’incapables, dégagez ! »

Quand ces personnes se retirèrent docilement, il ne resta plus que les trois hommes et un bébé en pleurs dans la chambre.

Ji Yao serra l’enfant contre lui et le berça un peu avant de le reposer dans son berceau. Quand il se redressa, il avait un pistolet dans la main.

Il avait dû le cacher en-dessous du berceau, même Shen Jue ne s’en était pas rendu compte.

Quand Ji Yao montra le pistolet, les expressions sur les visages de Shao Ge et Shen Jue se modifièrent légèrement, surtout quand Ji Yao pointa l’arme contre la tête du bébé.


« Ji Yao, ne lui fais pas de mal. Ce bébé est innocent ! »

Shao Ge tenta d’arborer un air calme, mais ses yeux trahirent son angoisse et sa panique actuelles.

L’interpellé se contenta de sourire calmement. Il ne regarda pas Shao Ge, mais garda les yeux fixés sur Shen Jue.

« Shen Jue, je vais te laisser le choix, d’accord ? Tu peux repartir avec Shao Ge, à condition que tu supportes de me voir tuer Lele. »

Il avait quand même décidé de lui-même de surnommer le bébé Lele. Mais ce n’était que la seconde fois qu’il utilisait ce nom en présence de Shen Jue. Le reste du temps, il appelait simplement bébé le petit.


Shen Jue regarda Ji Yao. Cette fois, il n’y avait plus d’indifférence mais un dégoût total.

« Tu n’en as pas encore eu assez de tes petits jeux ? »

Il haïssait vraiment ces soi-disant paris de Ji Yao et que ce lunatique faisait tout le temps.

« Eh non, je n’en aurai jamais assez ! »

Le regard de Shen Jue sembla piquer au vif Ji Yao qui se mit soudain à rugir, faisant pleurer encore plus le bébé.

Surpris par le cri soudain du nourrisson, Ji Yao baissa automatiquement la tête pour lui jeter un coup d’œil. Son regard était si tendre, comme s’il n’était pas en train de pointer un pistolet sur la tête du bébé.

« Lele, ne pleure pas, ah. Je ne vais pas te tuer. »

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Après avoir cajolé le garçon un bon moment, il releva subitement la tête en direction de Shao Ge. Ce dernier, qui était en train de se rapprocher furtivement, s’arrêta aussitôt.

« Je vous déconseille à tous les deux de tenter quoi que ce soit d’imprudent, sinon je vais vraiment finir par tuer le bébé. »

Les lèvres rouges de Ji Yao s’étirèrent en un sourire diabolique.

« De toute façon, ce n’est pas mon enfant. Quelle importance s’il meurt ? Tant de gens meurent de nos jours. »

Shao Ge se rembrunit.

« Ji Yao, tu ne pourrais pas être un peu plus raisonnable ? Il y a beaucoup de choses en ce monde qui ne peuvent pas s’obtenir par la force ! »


Ji Yao renifla puis ricana.

« Et alors ? Shen Jue, fais ton choix. Si tu ne dis rien, je supposerai que tu as choisi Shao Ge et que tu renonces à Lele. »

Il fixa Shen Jue du regard et commença lentement le compte à rebours :

« Dix, neuf, huit, … trois, deux…

– Ji Yao ! » s’écria Shao Ge en premier.

Puis la voix de Shen Jue se fit entendre.

« Ji Yao, même si tu tues tout le monde, cela ne changera pas la réalité. C’est ta grande sœur que ta mère aimait, tout comme c’est Shao Ge que j’aime, pas toi, » fit Shen Jue d’un ton glacial.

Quand Shao Ge entendit ça, il en fut stupéfait un moment, puis il se tourna vers Shen Jue. C’était la première fois que Shen Jue utilisait le mot ‘aimer’.


Le sourire disparut du visage de Ji Yao, ses lèvres se mirent à trembler un peu et son regard se modifia peu à peu.

« La ferme ! La ferme ! » rugit-il en direction de Shen Jue.

Son visage devint tout rouge et les veines de son cou ressortirent.

Il pointa tout à coup son arme vers Shen Jue et ses yeux se firent féroces.

« La ferme ! La ferme… »

Ji Yao continua de répéter ça, mais sa voix se faisait de plus en plus faible.

En voyant ça, les paumes de Shao Ge devinrent moites. Il tenta de son mieux de calmer sa respiration et d’être prêt à se ruer au bon moment.

Mais ce fut alors que Shen Jue fit un pas en avant. Il avait les yeux fixés sur Ji Yao.

« Tu veux me tuer ? Alors vas-y, tire. Tu as déjà tué ta mère, tu n’auras donc aucun problème pour continuer sur ta lancée en me tuant. »

Il continua d’avancer tout en parlant.


Alors que Shen Jue se rapprochait, la main de Ji Yao qui tenait le pistolet se mit à trembler. Quand Shen Jue arriva à son niveau, Ji Yao éclata soudain de rire.

L’instant d’après, il pointa l’arme sur sa tempe.

Le regard qu’il posa sur Shen Jue changea, redevenant comme lorsque Shen Jue l’avait vu pour la première fois : un peu d’arrogance et d’insouciance.

Il semblait être redevenu le séduisant jeune maître n°14, et pas un lunatique qui avait recours à la force pour qu’on l’aime.

« Shen Jue, je ne veux plus de ton amour. Je veux que tu te rappelles de moi pour toujours. »

Ce fut la dernière phrase que prononça Ji Yao.

Il pressa la détente.


Le sang chaud éclaboussa le visage et le corps de Shen Jue, et même l’enfant dans le berceau.

Sans savoir ce qui se passait, le bébé continua de pleurer.

Les longs cils de Shen Jue tremblèrent tandis qu’il regardait Ji Yao s’effondrer tout en souriant.

Après un certain temps, il eut l’impression que quelqu’un le prenait dans ses bras.

« Tout va bien, tout va bien, ce n’est pas de ta faute, » murmura quelqu’un à son oreille, tout en l’aidant à ressuyer le sang de son visage.

Shen Jue ferma les yeux.


La parole à l’auteur : Trop d’émotions, je dois arrêter ici.


Note de Karura : Ah, Ji Yao…

D’habitude, j’aime bien quand le moment du twist arrive mais cette fois, je n’arrive pas à m’en réjouir.


Notes du chapitre :
(1) 乐乐qui veut dire joyeux et gai.






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