Cent façons de tuer un prince charmant 129

Chapitre 129


Ji Yao était mort.

Il avait tiré sans hésitation. La balle avait traversé sa tête et bien qu’il se trouvait déjà dans un hôpital, il fut impossible de le sauver.

Comme il n’avait pas de famille, Shao Ge se proposa pour gérer toutes les démarches concernant ses funérailles. Cependant, au moment de signer l’acte de décès, le médecin tendit la feuille à Shen Jue.

« C’est ce que M. Ji a demandé avant sa mort. Il espérait que M. Shen accepte de signer. »

En bas à droite de l’acte de décès, c’était un membre de la famille qui devait signer.


Shao Ge regarda Shen Jue puis, après un moment, il s’éloigna sur le côté en portant le bébé dans ses bras. Ji Yao était mort de toute façon. Il était inutile de continuer à se battre contre un homme mort.

Shen Jue fixa un moment l’acte de décès. Puis il prit un stylo et signa de son nom à l’endroit où devait signer un membre de la famille.

Le nom de Ji Yao se trouvait en haut de la feuille, et celui de Shen Jue au bas. Il y avait beaucoup de mots et de lignes entre leurs noms, comme la distance entre eux.

Les funérailles de Ji Yao furent toutes simples : il fut incinéré et non enterré. Son urne funéraire fut placée au columbarium. Vu le grand nombre de gens qui mouraient désormais chaque jours, Ji Yao avait eu de la chance de finir dans une urne.


* * *


Après l’enterrement, Shao Ge ramena Shen Jue dans son appartement de la zone F. Vingt jours après sa naissance, le bébé continuait à manger, dormir et pleurer sans arrêt.

Dès son réveil déjà, il se mettait à crier à plein poumon, ce qui donnait bien du mal à Shao Ge. Surtout la nuit, quand l’enfant se mettait à pleurer, c’était Shao Ge qui devait se lever parce que sinon, Shen Jue allait se réveiller. Shen Jue était encore en train de récupérer de l’accouchement, il était très faible.

Sauf que comme Shao Ge n’arrivait pas à calmer le petit, Shen Jue devait quand même se lever au bout du compte.


Shao Ge regarda Shen Jue qui donnait le biberon à l’enfant et il soupira avec une pointe de remords. Il s’était rarement senti aussi incompétent de toute son existence. Après tout ce qu’il avait réussi dans la vie, il s’avérait étonnamment incapable de cajoler son propre fils.

Ce n’était pas parce que vous aviez le plus beau visage au monde que cela vous aidait à bercer un petit qui venait à peine de naître.

Maintenant qu’ils avaient récupéré le bébé, il fallait lui donner un nom. Quand Shao Ge demanda son avis à Shen Jue, ce dernier répondit directement :

« Momo. »


Shao Ge en resta ébahi un moment.

« Pourquoi tu veux l’appeler Momo ?

– Parce que j’espère qu’il va être plus silencieux, » répliqua Shen Jue d’un ton froid.

Shao Ge faillit s’étrangler et ne sut pas quoi dire pendant un moment. Il ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer.

« Momo, Momo, c’est très mignon. »

Il tourna la tête et poussa un soupir. Puis il murmura :

« Pauvre Momo. »


Mais en réalité, Momo n’était pas du tout à plaindre, contrairement à Shao Ge qui perdit plusieurs jin 1 jin = 500 g (1) à cause de lui. Il ne s’était jamais occupé d’un enfant alors il ignorait qu’un bébé n’était guère différent d’un petit diable. En plus quand le bébé faisait caca, l’odeur était particulièrement horrible, surtout pour Shao Ge qui était un maniaque de la propreté.

La première fois qu’il avait dû changer la couche de Momo, il avait été à deux doigts de tourner de l’œil. Shen Jue était resté à distance pour le regarder faire, pas du tout prêt à venir l’aider. Il s’était juste contenté de lui donner des instructions.


Après deux semaines de tourments, Shao Ge fut enfin capable de changer une couche sans grimacer.

Il réussit également à être capable de cajoler le bébé. Allongé la nuit dans le lit, il avait une main posée sur le berceau pour le secouer un peu afin de bercer Momo et qu’il s’endorme. Il avait aussi son autre bras autour de Shen Jue et lui tapotait doucement le dos afin de bercer Shen Jue pour qu’il s’endorme.

C’était juste que l’enfant était plus facile à cajoler que l’adulte.


Les sourcils de Shen Jue tressautèrent et il ne put qu’ouvrir les yeux. Comme Momo venait enfin de s’endormir et qu’il avait peur de le réveiller, il baissa la voix :

« Enlève ta main. »

Shao Ge retira sa main du berceau pour passer son autre bras autour de Shen Jue.

« La voilà, c’est bon, elle est toute à toi. »

Après une pause, il reprit :

« Franchement, tu as quel âge pour te montrer jaloux d’un bébé ? »


Les sourcils de Shen Jue s’agitèrent encore plus : ce type faisait exprès de déformer ses propos. Il tendit alors la main pour repousser celles de Shao Ge.

« Je veux que tu enlève tes mains de moi. Je ne veux pas que tu me cajoles pour dormir. »

Ainsi rabroué, Shao Ge toussota, un peu embarrassé.

« Pourquoi tu ne veux pas ?

– Pourquoi je voudrais ? rétorqua Shen Jue.

– Okay, okay. »

Shao Ge retira ses deux mains et se rallongea de son côté sur le dos. Il poussa soudain un soupir.


Avant la fin du monde, il avait parfois songé qu’un jour, il se marierait et aurait des enfants. Il avait l’impression que du jour au lendemain, il s’était retrouvé avec une femme et un enfant, ainsi qu’une belle vie de famille.

À cette pensée, il eut un rire chaleureux.

Ce bruit réveilla subitement le bébé.

Un Ouin s’éleva de nouveau dans la chambre silencieuse.

Shao Ge : « … »

Shen Jue : « … »

Aussitôt, Shen Jue éjecta Shao Ge du lit avec un coup de pied pour que l’autre aille s’occuper du bébé.


* * *


À présent que Ji Yao n’était plus, Shen Jue commença à songer à un plan pour tuer Shao Ge, mais il n’arrivait pas à trouver le bon moment. S’il le tuait trop brusquement, il craignait que l’autre n’accepte pas sa mort et lui fasse revivre ce monde.

En plus, Shao Ge semblait vraiment apprécier son rôle de père. Il s’était mis à sortir tous les jours pour exposer Momo au soleil, en disant que cela lui ferait du bien d’être au soleil.

Après à peine une semaine de ces sorties, la peau de Momo avait un peu foncé. Entre ça et le rose de la tête aux pieds, c’était une horreur visuelle.


Mais Shao Ge ne se rendait compte de rien et continuait à faire porter du rose à son fils, à toutes les couches, de la tête aux pieds. Quand un étranger voyait le bébé pour la première fois, il disait :

« Ouah, ta fille est vraiment trop mignonne.

– C’est mon fils, rectifiait Shao Ge.

L’étranger regardait alors de nouveau le bébé en rose de la tête aux pieds.

« … »


Quand les cheveux de Momo se mirent à pousser un peu plus, Shao Ge commença aussi à les lui attacher avec une petite barrette rose. Cela agaça Shen Jue.

« Ne lui mets pas de barrette, c’est un garçon.

– Je sais bien que c’est un garçon, mais ça lui va si bien, se justifia Shao Ge. En plus, il est encore jeune, il ne va pas… »

Avant qu’il ne puisse finir sa phrase, Shen Jue l’interrompit :

« Tu as oublié Ji Yao ? Si tu commences à utiliser des barrettes pour Momo et d’autres trucs de fille, tu n’as vraiment pas peur qu’il ne finisse un jour comme Ji Yao ? »


Le fait que Shen Jue parle subitement de Ji Yao fit taire Shao Ge. Il n’avait rien vu de mal dans ce qu’il faisait, mais Shen Jue avait fait le lien avec Ji Yao.

Shao Ge était un simple humain, et tout le monde avait ses pensées et ses émotions. Ce n’était pas que l’histoire entre Shen Jue et Ji Yao ne le dérangeait pas. Il savait parfaitement que Shen Jue n’y était absolument pour rien et que c’était Ji Yao le responsable. Pour autant, il n’avait plus du tout envie d’entendre le nom de cet homme.

Pendant les deux semaines où Shen Jue et Momo avaient été enlevés, il n’avait dormi pas plus de trois ou quatre heures par nuit. Il avait passé tout son temps à les rechercher. Il les avait finalement retrouvés et Ji Yao était mort. Il avait cru qu’il pourrait reprendre le cours normal de son existence, mais il avait fallu que Shen Jue parle de Ji Yao, celui dont il ne voulait plus entendre le nom.


Dans le cœur de Shao Ge, Ji Yao avait été depuis le tout début une source de traumatisme. Le Ji Yao avec qui il avait discuté en ligne avait été son premier amour et depuis ça, il avait renoncé à l’idée de tomber amoureux de quelqu’un.

C’était parce qu’il ne pouvait se défaire de la crainte qu’une fois que la personne à qui il parlait retirerait sa robe, elle serait également un homme.

Après ça, Ji Yao ne lui avait jamais apporté du bon, qu’une recherche sans fin et une déception sans fin.


Après un moment, Shao Ge retira la barrette des cheveux de Momo et céda :

« Je ne ferai plus porter ces choses-là à Momo dorénavant, ne t’en fais pas. »

Le lendemain, Shao Ge apporta d’autres vêtements de bébé qu’il venait d’acheter. La plupart étaient blanc ou azur. Sans rien dire, il remballa toutes les affaires roses et les donna à d’autres familles qui avaient des bébés filles.

Malgré tout, Ji Yao serait toujours une épine dans son cœur : déjà de son vivant, et même encore après sa mort.


Note de Karura : Shen Jue semble-t’il prendre goût à la vie de famille ? Il n’arrive pas à se décider à tuer Shao Ge, en tout cas !

Pourtant, il ne reste que quatre chapitres…


Notes du chapitre :
(1) 1 jin = 500 g






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