Cent façons de tuer un prince charmant 136

Chapitre 136


Alors que Wen Yurong et d’autres s’avançaient vers le pavillon d’eau, Shen Jue commençait déjà à manquer un peu de vigueur.

Il y avait un lit de jour sculpté dans le pavillon d’eau et Shen Jue se fit aider pour s’y allonger. Pour protéger la décence de la famille céleste, un rideau de perles fut tiré devant le lit de jour, cachant la silhouette de Shen Jue derrière.

Alors que le groupe de jeunes hommes arriva, Shen Jue se sentait étourdi et n’eut pas d’autre choix que de s’allonger sur le lit. Il ne put même pas entendre ce que leur disait Tong Meng’Er.


Au bout d’un certain temps, il sentit qu’on lui touchait le mollet. Shen Jue se renfrogna et se retourna, seulement pour tomber sur un visage très familier.

Wen Yurong méritait bien son nom : il possédait un visage de jade bien ciselé, des muscles de glace et une ossature de jade. C’était vraiment une beauté de jade et il n’y avait pas la moindre féminité en lui. Il possédait une beauté tout ce qu’il y avait de plus masculine.

Quand ils voyaient Wen Yurong, les hommes comme les femmes ne pouvaient qu’être stupéfaits au premier regard et se demander s’ils n’étaient pas en train de rêver car autrement, comment pourraient-ils voir un immortel tombé du ciel ?


Cependant, Shen Jue avait déjà eu l’occasion de regarder très souvent ce visage. À présent qu’il avait retrouvé ses souvenirs, il ne ressentit aucun trouble intérieur. Il se contenta de froncer les sourcils et de faire :

« Qu’est-ce que tu fais ? »

Wen Yurong retira précipitamment sa main et s’agenouilla.

« L’impératrice douairière a demandé à ce sujet de vous masser les jambes, disant que votre Majesté a les jambes fatiguées. Mais ce sujet est trop stupide, il vous a réveillé. J’implore votre Majesté de bien vouloir pardonner cette offense. »

Il portait une tunique d’été bleu ciel et tout son être était rafraîchissant et élégant. Cependant, Shen Jue n’était guère d’humeur à apprécier le spectacle.


Il se redressa sur son coude et regarda par-delà le rideau de perles. Il vit qu’il y avait encore des gens de l’autre côté, alors il se leva du lit avec difficulté. Il voulait avoir une bonne discussion avec sa mère.

Mais il avait vraiment sous-estimé ses forces. Il avait à peine posé le pied par terre que son corps s’affaissa faiblement sans qu’il ne puisse rien y faire. Wen Yurong releva la tête et tendit immédiatement les bras pour le retenir. Cependant, le jeune homme était agenouillé et ne pouvait pas facilement utiliser sa force. Quand il tendit les bras pour rattraper Shen Jue, il perdit à son tour l’équilibre et tomba avec lui.

Malgré ça, il ne perdit pas de vue le fait que l’autre était l’empereur, alors il joua le rôle de coussin pour amortir sa chute.

Ce fut ainsi que Shen Jue tomba sur le corps de Wen Yurong et se cogna la tête contre le torse de l’autre. Vu qu’il était déjà étourdi à la base, en se cognant ainsi, il se mit à voir des étoiles dorées et fut incapable de bouger un bon moment.

Il ne bougea pas et Wen Yurong n’osa pas non plus bouger.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quand l’une des personnes à l’extérieur entendit le bruit, elle entra rapidement et, voyant ce qui se passait, elle inspira et fit :

« Mon chéri, comment es-tu tombé ? »

Shen Jue se fit aider par les serviteurs pour retourner sur le lit et perdit complètement la face. Sa première rencontre avec Wen Yurong dans cette vie ne s’était pas aussi bien déroulée que dans les vies précédentes.

Shen Jue était doté d’un fort tempérament, autrement il n’aurait pas failli tuer le fils cadet de l’Empereur de Jade. Et là, il s’était humilié en tombant sur Wen Yurong et n’avait même pas la force de se relever tout seul. Cela le rendait véritablement furieux et même Tong Meng’Er en fut irritée.

Il n’y avait pas tellement de gens que ça en ce moment derrière le rideau de perles, mais il y avait fort à parier qu’ils savaient tous à présent que l’empereur était un infirme inutile.


* * *


« Mon chéri, ne sois pas fâché, c’est la faute de ta mère impériale cette fois. »

Tong Meng’Er voyait bien que son fils était furieux depuis hier, alors elle ne cessa de s’excuser. Voyant que Shen Jue ne voulait même pas la regarder, elle marqua une pause, puis fit :

« Alors ta mère impériale va tuer tous ceux qui se trouvaient dans le pavillon d’eau hier, qu’en dis-tu ? »

Shen Jue ouvrit les yeux et se tourna enfin vers elle.

« Cela ne suffira pas de tuer ceux qui se trouvaient dans le pavillon d’eau, j’ai bien peur que mère impériale ne devra tuer le monde entier Il plaisante, il plaisante… pas vrai ? (1). »

Dès que ces mots furent prononcés, Tong Meng’Er avait déjà compris que son fils s’était calmé. Elle s’empressa de rire.

« Du moment que mon Jue’Er est heureux, ta mère impériale est prête à tuer autant de gens qu’il le faudra Elle plaisante, elle plaisante… pas vrai ? (2). Ne sois plus fâché. Ce lauréat d’hier n’est vraiment pas quelqu’un de bien, il t’a fait perdre la face. Et si on commençait par lui ? »


Shen Jue se pinça les lèvres.

« Mère impériale, veuillez parler clairement. »

Le sourire de Tong Meng’Er se modifia à ces mots. Elle leva la main pour caresser légèrement la joue de son fils.

« Mon chéri, l’astronome impérial a dit que les huit caractères de Wen Yurong sont les plus compatibles avec les tiens. Alors s’il reste à tes côtés, peut-être que ta santé s’améliorera peu à peu. Ta mère impériale voit bien que tu n’as aucun ami proche à tes côtés. Hier, il t’a protégé durant ta chute, cela prouve donc bien qu’il est intelligent. Ta mère impériale a envoyé quelqu’un le suivre et il n’a pas parlé à qui que ce soit de ce qui s’est passé au pavillon d’eau, il sait donc tenir sa langue. Alors… »

Elle n’acheva pas sa phrase mais le sens était déjà très clair : Tong Meng’Er voulait faire entrer Wen Yurong dans le palais.


Elle scruta attentivement l’expression de son fils. Voyant qu’il ne semblait guère intéressé, elle changea de conversation et mentionna une autre personne :

« Ce n’est pas grave si tu n’aimes pas Wen Yurong. On pourrait d’abord le faire entre dans le palais et vous pourrez ensuite cultiver vos sentiments. »

Après une pause, elle reprit :

« Si tu ne l’aimes vraiment pas, il peut quand même rester dans le palais. Le précédent empereur avait trois mille beautés dans son harem. Ta mère impériale a également vu d’autres personnes hier et ils avaient tous l’air très bien. On pourrait tous les faire entrer au palais Shen Jue avec un harem de beaux mecs… J’adore cette idée, mère impériale ! (3). L’un d’eux est Shi Ji, le grand frère de Shi Zhou. Son petit frère est mort et il avait l’air très triste, avec les yeux enflés. Même si on a tué son petit frère, ce serait également un honneur pour lui d’entrer dans le palais pour servir mon petit chéri. »


En fait, comparé à Wen Yurong, Tong Meng’Er avait eu le coup de foudre pour Shi Ji dès le début.

Il était grand et majestueux, l’un des plus beaux hommes de la capitale. Bien que Wen Yurong soit également très avenant, son corps n’était pas très musclé alors comment pourrait-il bien servir le petit chéri au lit ?

Mais Shi Ji était différent. Tong Meng’Er n’était pas une de ces écervelées qui ne regardaient que le visage des hommes, elle s’intéressait aussi à leur corps. Les reins de Shi Ji semblaient parfaitement bien fonctionner. À première vue, ils étaient solides et devaient parfaitement pouvoir supporter des activités dans le lit.

Qui plus est, si Shi Ji entrait dans le palais, cela leur procurerait un moyen de pression sur la famille Shi. Après tout, les circonstances de la mort de la mort de Shi Zhou étaient un peu suspectes. Il se pouvait que la famille Shi ait des doutes. Alors si Shi Ji vivait au palais, sa vie serait entre les mains de l’impératrice douairière et son fils. Dans ce cas, comment les Shi oseraient-ils agir ?

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue ne s’attendait pas à ce que Tong Meng’Er veuille faire entrer Shi Ji au palais. Son sourcil tressauta.

« Mère impériale, oubliez ça. Votre fils n’a pas besoin de ces gens à ses côtés. »

Sa mère émit un ai.

« Comment ça ? Ta mère impériale était très heureuse de voir leur apparence juvénile et toi, ça ne te plaît pas ? Entends-toi un peu avec eux, tu veux bien ? »

Tong Meng’Er était bien décidée à faire venir Wen Yurong au palais. Shen Jue eut beau refuser, elle ne changea pas d’avis non plus. Au bout du compte, ils durent parvenir à un compromis.

Wen Yurong allait entrer dans le palais, mais en tant que compagnon de lecture de l’empereur. Il passerait quinze jours par mois au palais, et les quinze autres jours dans sa famille.


Et Shi Ji, que Tong Meng’Er préférait le plus, allait également entrer dans le palais. Il serait l’instructeur particulier de l’empereur pour le tir à l’arc équestre. Toutefois, le corps frêle de Shen Jue ne lui permettait même pas de monter à cheval.

Comme Wen Yurong, Shi Ji passerait la moitié du mois au palais et l’autre moitié dans sa famille.

Quant aux autres talents qui intéressaient Tong Meng’Er, ils n’entrèrent pas dans le palais au bout du compte. En effet, Shen Jue fit tellement la tête que Tong Meng’Er dut se faire une raison. Elle pressa les officiels d’écrire les décrets impériaux.


Si Shen Jue avait accepté que Shi Ji entre au palais, c’était parce qu’il avait sa propre petite idée derrière la tête. Il avait toujours l’impression que Shi Zhou était mort trop facilement, alors il avait besoin de surveiller les proches de Shi Zhou afin de voir s’il était vraiment mort.

Les gens pouvaient jouer la comédie un certain temps, mais pas en permanence. Si Shi Zhou n’était pas mort, Shi Ji finirait par se trahir tôt ou tard.


* * *


Ce fut ainsi que deux décrets impériaux furent écrits et que les deux plus beaux hommes de la capitale devinrent les compagnons de l’empereur.

La différence dans cette vie était l’identité de compagnon de lecture de Wen Yurong. Bien que certains pouvaient trouver ça bizarre, ils n’allèrent pas spéculer dans des domaines plus intimes et louèrent Wen Yurong pour sa bonne fortune. Le compagnon de lecture de l’empereur était la personne la plus proche du fils du Ciel. Bien que c’était comme accompagner un tigre, si on parvenait à l’apprivoiser, on avait l’assurance d’un futur brillant.

Quant à Shi Ji, tout le monde se dit que c’était là un cadeau intentionnel de la part de la famille céleste qui avait pitié de Shi Haoran à cause du décès de son fils cadet. De ce fait, même si la famille Shi perdait son adolescent général, la famille céleste continuerait de l’estimer de la même manière.


Mais ce n’était là que les idées de gens stupides. Les gens intelligents, eux, avaient vite compris que ces décrets impériaux cachaient quelque chose de louche.

Tous les ministres de la cour savaient que Shen Jue n’était pas en bonne santé. C’était déjà un miracle s’il parvenait à assister à l’audience du matin sept fois par mois. Dans un tel état de santé, en quoi avait-il besoin d’un compagnon de lecture, et encore plus d’un instructeur de tir à l’arc équestre ?

C’était une faveur en surface, mais ils ignoraient ce qui se cachait en réalité derrière.

Ils n’avaient vraiment pas la moindre sympathie pour cette reine démone et ce tyran.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Toutefois, Shen Jue n’était guère en état de se soucier de ce que les autres pensaient. Il était déjà fatigué rien qu’en mangeant par lui-même. Et s’il faisait deux pas, c’était encore plus épuisant.

Il était déjà fatigué rien que de vivre. Alors dans cette situation, au lieu d’essayer de faire en sorte que Wen Yurong tombe amoureux de lui, il devrait déjà essayer de continuer à vivre pour commencer.


* * *


Deux jours après que les décrets impériaux furent envoyés, Wen Yurong et Shi Ji entrèrent dans le palais.

Tong Meng’Er avait personnellement choisi un palais pour chacun d’eux. Ils se trouvaient respectivement à gauche et à droite du palais de Chengde de Shen Jue. S’ils voulaient entrer dans le harem, il leur faudrait d’abord passer par le palais de Chengde. Cela éviterait le problème que les deux jeunes gens se montrent débauchés et fassent des leurs dans le harem.

Bien que Shen Jue n’avait pas lui-même de concubine, il restait encore plusieurs concubines de son père qui vivaient dans le harem.


Wen Yurong et Shi Ji voulurent naturellement remercier l’empereur dès le jour de leur arrivée. Quand ils arrivèrent, Shen Jue venait juste de se réveiller d’une sieste et un eunuque était encore en train de le peigner.

Quand Wen Yurong entendit que l’empereur venait juste de se réveiller, il jeta un regard en silence au soleil qui se couchait. Shi Ji conserva un air impassible et sans rien dévoiler de ses émotions.

Quand les portes s’ouvrirent de l’intérieur, les deux jeunes gens furent conduits par un eunuque. Après être entré dans la salle annexe, ils soulevèrent le devant de leurs tuniques et s’agenouillèrent.

« Ces sujets saluent votre Majesté. »


Shen Jue était avachi sur le trône du dragon et regarda de ses yeux mi-clos les deux jeunes gens agenouillés plus bas. Et jeunes, ils l’étaient effectivement. Le corps de Shen Jue avait environ trente ans, tandis que Wen Yurong avait à peine l’âge du guan et que Shi Ji n’avait que vingt-deux ans.

Pas étonnant que Tong Meng’Er avait dit qu’elle s’était réjouie de les voir. La vitalité et la fraîcheur qui émanaient d’eux semblaient détonner dans ce palais sans vie.

« Vous pouvez vous relever, » fit Shen Jue d’un ton las.

Les deux se levèrent. Shen Jue eut beau réfléchir, il ne savait pas quoi leur dire alors il les congédia.

Il n’avait pas encore trouvé la manière dont il devait traiter Wen Yurong. Le Wen Yurong qu’il avait vu dans ses vies précédentes n’était pas sincère, alors ce qu’il savait de ses préférences devait également être faux. Il valait mieux repartir de zéro dans cette vie et prendre le temps d’y songer.


* * *


Le lendemain, Wen Yurong et Shi Ji commencèrent leurs devoirs.

Tong Meng’Er avait prévu que Wen Yurong tiendrait compagnie à l’empereur le matin, tandis que Shi Ji s’en chargerait l’après-midi. Par conséquent, Wen Yurong se présenta tôt le matin au palais de Chengde.

Quand l’eunuque le vit, il se courba devant lui.

« Seigneur Wen, sa Majesté dort encore pour le moment. Et si vous alliez dans la salle annexe pour prendre le thé ? »

Wen Yurong hocha gentiment la tête.

« Désolé pour le dérangement.

– Ce n’est pas du tout un problème, mon seigneur. Je vous en prie. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Wen Yurong attendit jusqu’à ce que le soleil soit haut dans le ciel et but plusieurs tasses de thé, mais Shen Jue ne se levait toujours pas.

Quand il fut presque midi, l’eunuque vint rapidement prévenir Wen Yurong que Shen Jue venait de se lever.

L’expression sur le visage du jeune homme ne varia pas. Il suivit l’eunuque dans la salle principale afin de se présenter devant l’empereur. Quand il entra, il entendit Shen Jue qui parlait.

À cause de son état fragile, la voix de Shen Jue était un peu faible. Bien qu’il soit clairement adulte, sa voix ressemblait un peu à une voix d’enfant.

« Je ne veux pas porter quelque chose de si épais aujourd’hui. Je préfère quelque chose de plus fin. »

Les eunuques à son service furent bien embarrassés. Shen Jue avait une santé fragile. S’il s’habillait légèrement et prenait froid à cause des courants d’air, ces esclaves ne garderaient sûrement pas leur tête sur les épaules.


Alors qu’ils étaient dans l’embarras, ils entendirent une voix d’homme aussi mélodieuse qu’un instrument de musique :

« Il fait plutôt chaud à midi. Et si vous mettiez d’abord une tenue plus légère, puis que vous vous changiez au crépuscule ? »

Shen Jue entendit sa voix et avait déjà reconnu de qui il s’agissait. Il ne regarda pas l’autre mais garda les yeux fixés sur ses serviteurs.

« Vous l’avez entendu ? Qu’est-ce que vous attendez ?! »

En voyant ça, Wen Yurong fut d’abord stupéfait, puis une idée incroyable surgit dans son esprit. Au fur et à mesure, cette conjecture se prouva.


Tong Meng’Er était partie prier le Bouddha aujourd’hui, alors elle n’avait pas le temps de veiller sur son fils. Et son fils en profitait pour faire des histoires chez lui, que ce soit s’habiller plus léger ou manger plus. Si les eunuques n’acceptaient pas, l’empereur se tournait avec vers Wen Yurong qui se trouvait à ses côtés.

Le sens de son regard était plus que clair —

« Toi, dis-leur, vite ! »

Dans les autres vies, les serviteurs de Shen Jue obéissaient à Wen Yurong pour une raison inexplicable. Quoi que désirait Shen Jue, Wen Yurong avait le don pour l’exprimer de manière très raisonnable. Du coup, dans cette vie, Shen Jue n’allait pas se priver d’utiliser le talent de l’autre jeune homme.


Alors Wen Yurong dut patienter un shichen et demi dans le palais impérial, juste à regarder les yeux de Shen Jue et à parler aux serviteurs.

Grâce à l’éloquence du jeune homme, Shen Jue eut droit à un petit bol de soupe glacée aux haricots rouges pour la première fois.

En général, Tong Meng’Er ne laissait pas son fils toucher à ça.

Et Shen Jue tomba malade dans l’après-midi après avoir mangé la soupe glacée. Quand Tong Meng’Er rentra du temple et apprit la nouvelle, elle en fut si furieuse qu’elle exigea sur-le-champ que Wen Yurong se rende devant le palais de Chengde et s’agenouille en guise de punition.


Wen Yurong resta ainsi agenouillé devant le palais. L’eunuque en chef vit son état pitoyable et, profitant d’un moment où personne ne faisait attention, il s’approcha pour dire quelques mots au jeune homme. Autrefois, cet eunuque avait reçu une faveur de la part du premier ministre.

« Seigneur Wen, sa Majesté a en fait le tempérament d’un enfant. Vous n’avez pas l’habitude avec lui. S’il lui est arrivé quelque chose à cause de l’indulgence, c’est notre faute à nous, les esclaves. »

Il garda sa voix basse, comme de crainte que d’autres ne l’entendent.

Wen Yurong baissa la tête et acquiesça après un moment.

« Mille mercis de m’avoir expliqué cela. Je m’en souviendrai dorénavant. »


* * *


Dans la salle interne.


Tong Meng’Er contemplait son fils qui était malade. Elle aurait bien aimé se fâcher et lui faire la morale, mais elle ne pouvait pas supporter de le discipliner. Elle fit simplement d’une voix douce :

« Pourquoi as-tu voulu boire cette soupe glacée ? Peu importe qui t’a incité à le faire, ta mère impériale le fera écorcher vif. »

Shen Jue secoua la tête.

« Votre fils a voulu la manger tout seul. Personne ne m’y a incité, mère impériale, alors libérez l’eunuque qui m’a apporté le bol, vous voulez bien ?. »

Tong Meng’Er le regarda fixement.

« Qu’il continue à porter ce bol. On verra s’il osera encore t’apporter n’importe quoi à l’avenir. »

Le jeune eunuque qui avait apporté la soupe froide à Shen Jue le midi était à présent agenouillé dehors en tenant un lourd bol.


Quand Tong Meng’Er eut prononcé ces mots, son regard se modifia imperceptiblement.

« Pourquoi tu ne plaides pas plutôt en faveur de ton compagnon de lecture Wen ?

– Quoi que dise votre fils, mère impériale ne voudra pas le libérer non plus. Alors à quoi bon ? répliqua Shen Jue.

– Mmph, je pense que tu l’as fait exprès, pas vrai ? D’habitude, je ne t’entends pas te plaindre pour manger de la soupe glacée mais aujourd’hui, tu as fait des histoires pour ça. »

Tong Meng’Er lui tapota le bout du nez.

« Tu ne veux pas que ce pilier de la nation soit ton compagnon de lecture ? Alors la prochaine fois, plutôt que de te rendre malade exprès, ta mère impériale lui donnera directement une potion et le présentera devant toi. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Dans les vies précédentes, Tong Meng’Er avait également donné une potion à Wen Yurong. Elle savait que son fils n’était pas en très bonne santé et elle n’allait pas non plus ordonner aux serviteurs de tenir Wen Yurong pendant que Shen Jue y allait. Non seulement Shen Jue n’accepterait jamais ça mais en plus, ce serait bien trop humiliant et douloureux.

Alors elle avait administré à Wen Yurong la potion du tigre et du loup. Elle croyait naïvement que si les deux hommes devenaient intimes au lit, leurs sentiments hors du lit se réchaufferaient naturellement.

Le seul souci, c’était que c’était finalement Shi Zhou qui s’était occupé du corps de Wen Yurong qui subissait l’effet de l’aphrodisiaque.


* * *


Comme Tong Meng’Er avait déjà été capable de faire une chose pareille, Shen Jue ne put que prendre un air grave.

« Mère impériale, si vous osez droguer Wen Yurong, alors… votre fils le laissera le prendre. »

Les yeux de Tong Meng’Er s’écarquillèrent tout à coup. Ses lèvres tremblèrent de fureur et il lui fallut un bon moment pour dire :

« Espèce de fils de lapin, comment oses-tu ?! »

Enragée, elle se leva et fit quelques pas. Elle saisit un serviteur et le gifla durement deux fois. La paume rouge, elle fit demi-tour et revint vers Shen Jue qui était alité et se lamenta interminablement.


Shen Jue n’avait plus la force de parler avec elle. Il s’endormit de nouveau et quand il se réveilla le lendemain, il comprit que Tong Meng’Er avait vraiment été furieuse la veille : Wen Yurong avait dû rester agenouillé jusqu’à ce que le ciel s’éclaircisse et il s’était évanoui. Il avait dû se faire transporter dans son palais.

Alors ce matin-là, Wen Yurong fut dans l’incapacité de venir. Dans l’après-midi, Shen Jue vit Shi Ji.

Ce dernier n’était pas comme Wen Yurong, il ne parlait pas à longueur de temps. Si Shen Jue parlait, il le regardait. Si Shen Jue ne disait rien, il se contentait de rester à côté de lui.


Shen Jue n’était pas en bonne santé alors il ne pouvait pas du tout monter à cheval pour tirer à l’arc. Il ne pouvait même pas se rendre sur le terrain d’entraînement. Shi Ji ne fit aucun commentaire à ce sujet et resta simplement à côté de Shen Jue, le visage impassible.

Shen Jue le fixa et vit que ses yeux étaient encore un peu rouges. Il eut une pensée et fit lentement :

« Est-ce que ton petit frère a déjà été enterré ? »

Quand Shi Ji entendit parler de son petit frère, son expression se modifia clairement et ses yeux ne purent cacher sa douleur et son chagrin. Il baissa la tête et répondit d’une voix rauque :

« Il a bien été déjà enterré.

– Ma santé n’est pas très bonne, alors je ne peux pas venir présenter mes condoléances. »


Shen Jue tourna légèrement la tête et demanda à un serviteur d’apporter une fleur de lotus refermée qui se trouvait dans un pot au bord d’une fenêtre.

« Voici un présent de ma part pour ton petit frère. Et si tu le déposais sur sa tombe ? »

Shi Ji accepta le lotus et ne put que s’agenouiller pour le remercier.

Est-ce que cette fleur pas encore éclose contenait un sens caché qui concernait Shi Zhou ?

Il était impossible de ne pas réfléchir plus profondément sur les intentions de Shen Jue. L’expression de Shi Ji trahit ce sentiment mais dans tous les cas, Shen Jue était l’empereur tandis que lui n’était qu’un officiel.

Shen Jue congédia Shi Ji après lui avoir offert cette fleur. Il était satisfait de ce premier test, mais il ne détendit pas pour autant.


* * *


Durant les jours qui suivirent, Shen Jue se contenta de voir brièvement les deux jeunes gens avant de les renvoyer. Tong Meng’Er se rongeait les sangs en voyant ça. Quand l’automne s’installa peu à peu, elle emmena Shen Jue dans une source chaude d’un autre palais dans la capitale. Bien évidemment, elle n’oublia pas d’inviter Wen Yurong et Shi Ji avec.

Cet autre palais se trouvait sur une petite montagne en périphérie de la capitale. Des troupes lourdement armées le gardaient.

Ils arrivèrent dans l’après-midi. Il faisait plus froid dans la montagne qu’au pied. Shen Jue était déjà transi de froid.

Tong Meng’Er se hâta de l’envoyer dans la source chaude et laissa uniquement Wen Yurong et Shi Ji se baigner avec lui, faisant office de gardes de l’empereur.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Vêtu d’une fine tunique, Shen Jue s’immergea dans le bassin. Wen Yurong et Shi Ji s’assirent chacun de leur côté, les trois hommes assez éloignés les uns des autres.

Si Tong Meng’Er n’en avait pas donné l’ordre, les deux n’auraient jamais osé aller dans l’eau. À présent qu’ils s’y trouvaient, ils étaient inévitablement embarrassés.

Qui aurait osé prendre un bain avec l’empereur ?

La vapeur à la surface de l’eau chaude dissimulait le bas des corps, ce qui diminuait leur gêne. Shen Jue était adossé contre la paroi du bassin. Il y avait des herbes médicinales dans l’eau, ce qui le détendait. C’était si rare pour lui de se sentir autant à l’aise qu’il en ignora les deux autres.


Il fit trempette un bon moment, jusqu’à ce que ses bras et ses jambes se ramollissent. Shen Jue releva alors la tête et appela, mais tous les serviteurs du palais qui devaient attendre sur le côté avaient disparu.

Shen Jue fronça les sourcils. Ce fut alors qu’il entendit une voix par derrière.

« Votre Majesté, vous voulez sortir du bain ? Ce sujet va vous aider, si vous le désirez. »

C’était la voix de Wen Yurong.

Il y avait des galets au fond du bassin et aucun endroit pour prendre appui. Shen Jue était vraiment incapable de sortir seul du bassin, alors il ne put que tourner la tête pour regarder l’autre jeune homme, dont le visage était en grande partie dissimulé par la vapeur.

« Tu peux venir. »


Des clapotements dans l’eau indiquèrent qu’il se rapprochait.

Wen Yurong s’était lui aussi trempé dans l’eau chaude et ses vêtements collaient quasiment à son corps. Shen Jue n’y jeta qu’un bref regard avant de tourner la tête et de tendre la main vers lui.

Wen Yurong lui saisit le bras et enroula son autre main autour de sa taille pour tâcher de le soulever gentiment. Cependant, il avait vraiment sous-estimé la fragilité du corps de Shen Jue.

L’empereur ne put prendre appui pour se soulever, mais retomba de nouveau. Wen Yurong le rattrapa aussitôt mais, vu qu’il était debout cette fois, il le serra fortement contre lui. Malgré tout, Shen Jue entra en collision avec lui.

Sa tête se cogna contre le menton de Wen Yurong.


Le jeune homme poussa un sifflement discret et son menton devint rouge. De son côté, Shen Jue fut dans un pire état : sa vue se remplit d’étoiles dorées, il ne put rester debout et continua à glisser vers le bas.

Wen Yurong n’eut pas d’autre choix que d’augmenter sa force et resserrer sa prise sur lui, en disant :

« Votre Majesté, veuillez pardonner cette offense. »

Au bout d’un moment, Shen Jue parvint à retrouver un équilibre précaire. Sa main était posée sur l’épaule de Wen Yurong et il sentit soudain un regard sur eux.

Hormis eux deux, il n’y avait que Shi Ji.

Tout le monde savait bien qu’il était interdit de regarder directement le visage du fils du Ciel, alors pourquoi Shi Ji le fixait de manière si flagrante ?


Shen Jue se renfrogna. Après un moment, il tapota l’épaule de Wen Yurong.

« Soulève-moi dans tes bras. »

Wen Yurong en resta stupéfait mais il ne dit rien. Il obéit et porta Shen Jue. Toutefois, une fois hors du bassin, Shen Jue ne fit pas mine de descendre.

« Ramène-moi au palais. »

Il marqua une pause avant de se tourner vers Shi Ji, qui se trouvait toujours dans l’eau.

« Shi Ji, ramène-moi mon manteau. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shi Ji sortit de l’eau peu après. À ce moment, Shen Jue se figea puis détourna rapidement les yeux.

Les vêtements de Shi Ji semblaient déjà près du corps à la base alors après avoir fait trempette, tout était révélé, surtout la partie qui se trouvait trois cun en dessous de l’abdomen. Le sexe était bien proéminent et se balançait tandis que Shi Ji marchait. Il était impossible d’ignorer cette grosse présence.

Shen Jue ne put que détourner le regard et faire comme s’il n’avait rien vu.

Le dicton était bien vrai : se comparer aux autres ne pouvait provoquer que de la colère.


Shi Ji se hissa sans difficulté au bord du bassin. Il ramassa le manteau sur le plateau en bois rouge laqué et s’approcha. Il regarda Shen Jue qui se trouvait dans les bras de Wen Yurong et se pinça les lèvres. Puis il déposa le manteau sur l’empereur.

Il prit ensuite le manteau de Wen Yurong et le passa autour des épaules de son ami.

Wen Yurong le remercia et s’apprêta à porter Shen Jue à l’intérieur. Ce fut alors que Shi Ji prit la parole :

« Votre Majesté, ce sujet a plus de force. Et si vous laissez ce sujet vous porter dans le palais ? »


Note de Karura : Je ne le dirai jamais assez, j’adore les idées de mère impériale ! Un harem de beaux mecs, droguer Wen Yurong pour l’offrir à son fils, les laisser tous les trois seuls dans la source chaude… 😍

Mère impériale doit en fait être une lectrice qui a transmigré dans cette histoire et qui s’est jurée de faire en sorte que Shen Jue couche avec les deux gongs !

Shen Jue commence à être gagné par l’atmosphère et sait déjà où regarder Shi Ji 🤣


Notes du chapitre :
(1) Il plaisante, il plaisante… pas vrai ?
(2) Elle plaisante, elle plaisante… pas vrai ?
(3) Shen Jue avec un harem de beaux mecs… J’adore cette idée, mère impériale !






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
La Renaissance du Suprême Immortel 447 et 448
Lanterne 52
La Renaissance du Suprême Immortel 445 et 446

Planning des mises à jour :
Dimanche tous les quinze jours : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire