Chapitre 152
Après cette question, le nouvel empereur haussa les sourcils et répondit d’un ton nonchalant :
« Il me semble que ce sera le quinzième jour du prochain mois. Je ne sais pas pourquoi mais le général Shi semble très pressé de se marier. Il a choisi la plus proche date faste pour organiser le mariage. »
Shen Jue ressuya le sang qui coulait de ses lèvres du dos de la main. Son visage reprit un air calme et il lâcha la manche du nouvel empereur.
Ce dernier le fixa et sourit.
« Je suis vraiment indigné de voir ça, ah. Oncle impérial doit subir le général Shi, mais ce dernier ne lui dit même pas qu’il va se marier et il le garde enfermé dans ce petit palais de Chengde sans le laisser mettre un pied dehors. Ce n’est vraiment pas une façon d’élever un canari en cage. »
Shen Jue détourna les yeux et cessa de regarder le nouvel empereur.
« Quand tu auras fini, pars. »
Il s’allongea de nouveau. À cause de la présence de l’autre homme, il garda la couverture sur lui.
Le nouvel empereur resta assis un moment, puis parut perdre tout intérêt. Il finit par se lever et partir.
Shen Jue entendit les bruits de pas qui s’éloignaient, puis il glissa la main sous l’oreiller, là où se trouvait la dague que Shi Zhou lui avait rendue.
Dans cette vie, il était dans une situation pire que les précédentes. Après plusieurs tours et détours, Wen Yurong voulait encore être avec Shi Zhou.
Shen Jue ferma les yeux et sa main serra fortement la dague.
Quelques jours plus tard, Shi Zhou arriva de l’extérieur. Dès qu’il entra, il se dirigea aussitôt vers la chambre interne. Quand il vit que Shen Jue ne se trouvait pas au lit mais debout devant la fenêtre, il marqua une pause avant de le rejoindre.
« Tu te sens mieux aujourd’hui ? Tu es capable de rester dans le courant d’air glacial ? » fit Shi Zhou en refermant la fenêtre.
La capitale était à la fin de l’automne et le temps devenait de plus en plus froid. Les années précédentes, c’était la période où Shen Jue allait résider à Nangong mais il n’aurait pas cette occasion cette année.
Bien que le serviteur muet avait fait de son mieux pour allumer quelques braseros dans le palais de Chengde, l’air y était toujours très frais. Cela conviendrait à des gens ordinaires, mais Shen Jue ne pouvait pas du tout supporter le froid. Son visage était pâle et il avait beau porter des couches de vêtements, son corps était toujours envahi par un froid glacial.
Shi Zhou ne savait pas depuis combien de temps il était resté à la merci du vent glacial mais en tout cas, Shen Jue avait une mine plus horrible que les autres jours.
Il ne put s’empêcher de froncer les sourcils et tira l’autre personne pour la faire s’asseoir sur le divan. Il le gronda et l’injuria :
« Si tu veux tant que ça mourir, ne reste pas simplement dans le vent froid. Tu n’as qu’à te pendre directement à une poutre. »
Malgré ses paroles cruelles, il tint fort les deux mains de Shen Jue dans les siennes. Après un moment, voyant qu’elles ne se réchauffaient pas, il serra directement l’homme dans ses bras.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand Shen Jue se retrouva dans ses bras, il fronça les sourcils et tenta de le repousser.
Mais Shi Zhou se servit de sa force brute pour le garder contre lui. Il l’enveloppa même dans la couverture qui se trouvait sur le divan, ne lui laissant que la tête qui dépassait.
« Pourquoi tu crées autant de problèmes ? Tu n’arrêtes pas de me créer des problèmes avec ton fichu corps. Tu crois vraiment que les médicaments que tu prends ne coûtent pas des taëls d’argent ? Tu n’es plus empereur dorénavant, alors si tu fais encore des tiennes, méfie-toi : je risque bien d’arrêter de te donner des médicaments, » fit franchement Shi Zhou.
Il regarda Shen Jue qui avait les yeux levés sur lui et le regardait fixement.
« Qu’est-ce que tu regardes comme ça ? »
Après ça, il se pencha pour l’embrasser.
Shen Jue vit ses intentions alors quand l’autre pencha la tête, il détourna la tête d’un air dégoûté et le baiser fut alors déposé sur sa joue.
Shi Zhou renifla. Il saisit rudement le menton de Shen Jue pour l’obliger à le regarder.
« Yunu, tu te montres encore désobéissant, hein ? »
Le visage de Shen Jue était pâle, tout comme ses lèvres. On pouvait dire que la seule couleur sur son visage provenait de ses sourcils qui étaient noirs d’encre. Il regarda le jeune homme en face de lui et fit d’un ton lent :
« Tu vas te marier avec Wen Yurong, n’est-ce pas ? »
Quand Shi Zhou entendit ça, son regard se modifia un peu. Il lâcha lentement le menton de l’autre homme.
« Comment tu es au courant ?
– Alors c’est vrai. »
Shen Jue détourna de nouveau le visage, comme s’il ne supportait plus de voir Shi Zhou.
« Vous allez bientôt vous marier, alors quand est-ce que tu vas me laisser partir ?
– Te laisser partir ? Shen Jue, en quoi mon mariage m’empêche de m’occuper de toi ? »
Shi Zhou obligea de nouveau Shen Jue à le regarder, une lueur de haine dans le regard.
« Tu as tué mon grand frère, cette histoire ne sera jamais réglée dans cette vie. Si tu veux que je te laisse partir, très bien, ah. Je te laisserai partir quand tu seras mort. Mais avant ça, je ne me priverai pas de t’honorer de ma visite car sinon, qui d’autre payerait pour tes médicaments ? C’est tout ce que tu vaux maintenant. »
Shi Zhou eut alors un petit rire et poursuivit :
« J’ai entendu dire que sa Majesté est venu ici, c’est lui qui t’en a parlé, pas vrai ? Pourquoi ? Ne me dis pas que tu as l’intention de coucher avec lui, hein ? Hé, pourquoi je m’étonne encore. Après tout, tu as bien réussi à me séduire avant, alors qui est-ce que tu n’arriverais pas à séduire ? »
Dans ses paroles, Shen Jue devenait quelqu’un de très méprisable.
Shen Jue conserva un air indifférent en entendant ça et laissa dire Shi Zhou. De toute façon, ce n’était pas la première fois qu’il entendait des choses pareilles.
À la Cour Céleste à la base, quand les autres le taquinaient au sujet de son apparence, le visage de Shen Jue s’assombrissait toujours. Il était donc très surprenant qu’aujourd’hui, Shen Jue soit capable d’écouter les calomnies d’un autre sans sourciller.
Non, ce n’étaient pas tout à fait des calomnies.
Shi Zhou remarqua que Shen Jue ne répliquait pas et que ses yeux étaient bien trop calmes. Il ne put s’empêcher de le fixer avec suspicion :
« Pourquoi tu ne dis rien ? »
Qu’y aurait-il à dire ?
Il n’avait rien à dire à cet homme.
Il n’était qu’un incapable, il n’avait pas réussi à rendre Wen Yurong amoureux de lui, il n’avait pas réussi à briser ce monde et il ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même.
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Quand Shi Zhou vit que Shen Jue gardait le silence, une lueur de mécontentement parcourut son regard. Il se contenta de le soulever dans se bras et de se diriger vers le lit du dragon.
Le regard de Shen Jue vacilla dès qu’il vit le lit familier. Quand l’autre le posa dessus, il tendit les mains pour le repousser de toutes ses forces.
« Dégage ! »
Shi Zhou ricana et lui saisit les poignets.
« Ne joue pas les prudes avec moi maintenant, ce n’est pas comme si c’était la première fois. J’ai encore autre chose à faire après, alors dépêchons-nous ! »
Shen Jue faillit vomir à ces mots, mais rien ne sortit. En regardant le visage de Shi Zhou qui se rapprochait de plus en plus, ses mains se crispèrent sur les côtés et il ne put en supporter davantage.
Il leva la main pour gifler l’autre homme. En fait, étant donné les capacités de Shi Zhou, il aurait très bien pu esquiver le coup. Mais pour une raison ou une autre, il n’esquiva pas et reçut la claque en pleine figure.
Quand il se fit ainsi gifler, ses yeux se plissèrent et il tendit la main pour la serrer autour de la nuque de Shen Jue.
« Tu as autant de force qu’un chat, ça ne fait pas du tout mal. La prochaine fois, économise tes forces, hein ? »
Il pinça la nuque de Shen Jue comme pour soulever un petit animal. Bien qu’il n’usa que très peu de force, la peau pincée sur la nuque devint rouge.
Quand il entendit ça, Shen Jue se pinça fortement les lèvres et la lueur qui était à peine apparue dans son regard s’éteignit lentement, comme les derniers lucioles étincelantes dans la nuit sombre que le vent balayait, ne laissant alors que des ténèbres absolues que rien ne pouvait dissiper.
Depuis que Shen Jue avait été dépouillé de son titre, ses longs cheveux étaient simplement retenus en un chignon. Comme il venait de se débattre, le ruban dans ses cheveux s’était défait à un moment ou à un autre, laissant ses longs cheveux d’un noir d’encre éparpillés sur l’oreiller.
La main de Shi Zhou passa dans ses cheveux puis il massa le lobe d’oreille de Shen Jue avec un peu de force. Peut-être parce que Shen Jue avait cessé de se débattre ou bien à cause d’autre chose, Shi Zhou se montra d’une douceur et d’une gentillesse rares.
« Laisse tomber. Puisque tu n’arrives à rien, pourquoi tu cherches encore à me résister ? Cela revient au même de toute façon, quoi que tu fasses. Au fait, j’ai chassé un renard roux hier, la fourrure est impeccable parce que j’ai fait exprès de lui tirer dans l’œil. Dans quelques jours, la fourrure sera prête et je te l’apporterai. Il fait froid maintenant, tu devrais t’habiller plus chaudement. Tu m’écoutes ? »
Shi Zhou parla d’une voix plus douce. Quand il vit que Shen Jue l’ignorait, il ne se fâcha pas et s’allongea à côté de lui.
Il regarda le rideau de perles d’un jaune très vif au-dessus de sa tête et soupira. Puis il tendit le bras pour attirer Shen Jue contre lui.
« Je n’ai pas eu un instant à moi ces derniers jours. Comment ça se fait que j’ai tant de choses à faire ? Je préférerais largement aller combattre à la frontière. »
Après avoir dit ça, il tourna la tête pour regarder Shen Jue. En voyant que l’autre homme regardait simplement en direction de la fenêtre, il se figea puis son expression se refroidit nettement. Après un moment, il se leva d’un bond et sortit, la mine sombre.
Shen Jue resta allongé sur le lit et ne bougea pas avant un long moment.
Il se mit assis et prit la dague de sous l’oreiller.
C’était une bonne lame qui pouvait trancher l’acier comme de la boue. Il n’aurait besoin que d’un court instant pour tuer quelqu’un.
Shen Jue avait à peine retiré la dague de son fourreau que celui qui venait juste de partir revint. Shi Zhou remarqua la dague que tenait l’autre et il fronça les sourcils.
« Qu’est-ce que tu fais ? »
Pour toute réponse, Shen Jue s’enfonça la dague directement dans le cœur.
Cela ne prit qu’une fraction de seconde, alors Shi Zhou fut incapable de réagir à temps. Quand il se rua vers le lit, la dague était déjà enfoncée jusqu’à la garde dans le torse.
« Tu es devenu fou ou quoi ?! » s’écria-t’il, furieux.
Il leva la main pour stopper l’hémorragie du torse de Shen Jue, mais le sang coulait bien trop vite et en bien trop grande quantité.
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Shi Zhou se releva alors du lit avec agitation et il souleva rapidement Shen Jue dans ses bras. Il se précipita dehors en hurlant :
« Gardes ! Faites venir le médecin impérial ! Où est le médecin impérial ? »
Shi Zhou courut très vite en employant le Qing Gong Un art martial qui permet de rendre son corps plus léger. (1) tout au long du trajet. Shen Jue fixa le ciel au-dessus du palais et cligna des yeux avec lassitude.
Il était si épuisé, il voulait seulement se reposer.
Sa vue se troubla de plus en plus, et il avait l’impression que quelqu’un parlait à côté de lui.
« Shen Jue ! Je t’interdis de mourir ! Tu m’entends ?! Médecin impérial, soignez-le vite, je vous en prie, ah ! Shen Jue, si tu meurs, je retrouverai dame Tong et je la jetterai dans la fosse aux serpents, tu m’entends ? Et ce prince héritier de Yong, je le tuerai aussi. Et tous tes serviteurs, je les capturerai tous. Si tu t’avises de mourir, je les tuerai un à un devant ta tombe ! »
Shen Jue se dit que la voix était très forte mais il ne s’en souciait plus. Il se sentait simplement désolé pour son maître. Son maître devait sûrement attendre son retour mais c’était trop dur. Il n’en pouvait plus et il n’avait plus la volonté de briser ces mondes.
« Shi… »
Quand Shi Zhou entendit ce faible son, il approcha aussitôt son oreille de la bouche de Shen Jue.
« Tu m’as appelé ? »
Maître, Maître se dit Shifu en chinois, le même Shi que Shi Zhou. (2) je suis désolé.
Ce disciple n’est qu’un bon-à-rien, je n’arrive pas à briser ce monde et je ne peux que me suicider comme un lâche, parce que je n’ai vraiment plus envie de revivre tout ça une fois encore.
D’un monde à l’autre, il n’avait pas pu se détendre un seul moment. Même pendant son sommeil, il calculait et complotait. Il devait calculer les préférences du maître de chaque monde et faire tout son possible pour que l’autre tombe amoureux de lui.
Afin de briser ces mondes, il n’avait reculé devant rien et était devenu quelqu’un de totalement différent, le genre de personne qu’il haïssait le plus autrefois.
Mais le Mandat du Ciel s’acharnait justement contre lui pour le faire souffrir et le torturer de toutes les manières possibles. Les gens comme l’Empereur Céleste devaient bien se moquer de lui à présent. Sa résistance d’il y avait mille ans semblait bien ridicule désormais.
Il était vraiment épuisé alors il voulait abandonner, même si ce n’était que pour un moment.
Maître, ce disciple ne pourra peut-être pas revenir. Pardonnez à ce disciple inutile.
Note de Karura : La résistance de Shen Jue continue à faiblir. Si vous comparez avec sa détermination des deux premiers mondes, on peut vraiment voir sa lassitude. Cela dit, avec tout ce qu’il doit subir, ça se comprend !
Sinon, avez-vous remarqué comme Shi Zhou s’est beaucoup attendri avec lui, hein ?
Pour le prochain chapitre, c’est la danse du twist, twist, twist !
Notes du chapitre :
(1) Un art martial qui permet de rendre son corps plus léger.
(2) Maître se dit Shifu en chinois, le même Shi que Shi Zhou.
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