Chapitre 153
Il avait l’impression d’avoir dormi une éternité et en même temps de n’avoir pas du tout dormi. Shen Jue pouvait sentir des gens autour de lui, plus d’une personne, et ces gens faisaient des allées et venues.
Quand il parvint à rouvrir les yeux, la première chose qu’il vit fut la tenture de lit d’un jaune vif. Cet environnement des plus familiers le laissa hébété un bon moment.
Il ne pouvait pas vraiment bouger. Dès qu’il tourna un peu la tête, son regard croisa celui d’un autre.
Quand ces autres yeux virent Shen Jue, ils s’écarquillèrent aussitôt.
« Votre Majesté ! Votre Majesté, vous avez enfin repris connaissance ! Ce serviteur va tout de suite en informer l’impératrice douairière. »
Qu’est-ce que cela veut dire ?
L’impératrice douairière ? Tong Meng’Er ?
Quand Tong Meng’Er se précipita à son chevet, les yeux rouges, qu’elle prit Shen Jue dans ses bras et l’appela son petit chéri, Shen Jue se rendit compte qu’il avait apparemment recommencé ce monde.
« Mon petit chéri, tu as failli faire mourir de peur ta mère impériale, ah. Cela fait des jours et des jours que tu es malade et ta pauvre mère impériale a pleuré nuit et jour en se disant que si tu la quittais, ta mère impériale ne pourrait plus vivre. »
Tong Meng’Er ressuya ses larmes tout en parlant. Après ça, elle remarqua que Shen Jue la fixait sans rien dire et elle cligna des yeux.
« Mon petit chéri, pourquoi tu regardes ta mère impériale comme ça ? »
Shen Jue détourna un peu le visage d’elle et fronça les sourcils. En cet instant, les souvenirs retournèrent lentement à leur place et les pensées chaotiques dans son esprit retrouvèrent de l’ordre.
Ce monde avait bel et bien été réinitialisé et il ne comprenait pas pourquoi il y était retourné. Normalement, que ce monde soit brisé ou pas, il aurait dû entrer dans la prochaine réincarnation. Mais non seulement il n’était pas entré dans la prochaine réincarnation mais en plus, il avait recommencé ce monde.
Il était à présent revenu à l’âge de vingt-neuf ans. Ce qui s’était passé avant cet âge ne semblait pas avoir trop changé comparé aux vies précédentes.
Comment se faisait-il qu’il soit revenu dans ce monde ? Se pouvait-il que Wen Yurong soit rené ?
Shen Jue ignorait ce qui s’était passé après son suicide, alors il lui était impossible de savoir comment Wen Yurong était mort ensuite. Il ne pouvait donc pas être sûr et certain que le fait de recommencer ce monde soit lié à Wen Yurong, mais il s’en moquait complètement à présent.
Il se moquait totalement de trouver un moyen de rendre Wen Yurong amoureux de lui et il ne voulait plus rien à voir avec Wen Yurong et Shi Zhou. Que ces deux-là s’aiment comme ils voulaient.
Alors cette fois, il n’allait pas changer le cours de l’histoire.
Shen Jue avait donc décidé de vivre cette vie comme durant les premières vies précédentes, jusqu’à terminer ce monde de la même manière ordinaire et médiocre.
Alors quand Tong Meng’Er annonça qu’elle voulait lui trouver quelqu’un pour un mariage porte-bonheur, Shen Jue ne demanda même pas le nom de l’autre personne. Il fit simplement :
« Je laisse mère impériale en décider. »
Tong Meng’Er regarda son fils et eut l’impression bizarre qu’il avait changé. Même si Shen Jue avait une santé fragile, il avait toujours eu les yeux vifs et brillants. Mais à présent, ces yeux de phénix qui se posaient sur elle étaient ternes et ne semblaient rien contenir, vides et désolés.
Elle regarda ça et faillit fondre en larmes.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
La femme leva la main pour caresser la joue de Shen Jue, les larmes aux yeux.
« Jue’Er, ta mère impériale n’a que toi, alors tu dois bien vivre pour ta mère impériale, tu m’entends ? Ne renonce pas, as-tu un peu songé aux gens qui t’aiment ? »
Les gens qui l’aimaient ?
Quand son maître se rendrait compte qu’il n’avait pas pu briser le cycle des réincarnations, il serait sûrement triste, et… son grand frère martial serait peut-être un peu triste aussi.
Personne d’autre n’irait le pleurer.
Son maître n’avait pris que deux disciples, son grand frère martial et lui. Durant toutes ces années où Shen Jue se trouvait au Ciel, il n’avait fait que cultiver et rien d’autre. Tous ces immortels et fées ne le connaissaient certainement pas et ne se rappelleraient pas de lui.
Tant qu’un immortel ne commettait pas une énorme erreur, il pouvait vivre pendant des années et des années. Alors avec le temps, même le maître et son grand frère martial finiraient par l’oublier.
« Shen Jue ! »
Il se pouvait que Tong Meng’Er avait pu percevoir l’état d’esprit de son fils en cet instant car elle l’appela en usant de son nom complet.
« Tu veux vraiment tuer ta mère impériale ou quoi ? »
C’était clairement elle qui se montrait brusque avec lui, mais c’était pourtant aussi elle qui pleurait.
Shen Jue regarda sa mère qui pleurait sans pouvoir s’arrêter. Il poussa un léger soupir et leva la main pour ressuyer les larmes sur le visage de la femme.
« Mère impériale, votre fils va bien vivre et ne pas chercher à mourir. Ne vous en faites pas. »
S’il se contentait de vivre ainsi, cela pourrait rendre d’autres personnes heureuses, à défaut d’être heureux lui-même.
Comme
l’état de santé de Shen Jue était fragile
et que son état d’esprit n’était guère
mieux, Tong Meng’Er ne parla plus du mariage à Shen Jue
et ce dernier ne lui posa aucune question. Ce ne fut que le soir du
mariage que Shen Jue apprit que Wen Yurong avait intégré
le palais impérial aujourd’hui même.
« Votre Majesté, le consort impérial est dans la pièce annexe. Il s’était déjà lavé et changé, et il n’attend que votre appel, » fit prudemment l’eunuque à côté de Shen Jue.
Bien que Shen Jue ne se fâchait pas et ne punissait pas ses serviteurs ces jours-ci, cela inquiétait encore plus ces derniers. Ils avaient l’impression permanente qu’il y avait une épée au-dessus de leurs têtes qui pouvait tomber à tout moment.
« Ah oui ? Alors qu’il entre, » fit Shen Jue d’un ton négligent.
De toute manière, la présence de Wen Yurong ici n’était qu’une simple formalité. Peu de temps après que Wen Yurong serait entré, Shi Zhou plongerait Shen Jue dans le sommeil et après, les deux feraient leur petite affaire sur son lit du dragon.
Dans les vies précédentes, Tong Meng’Er avait donné un aphrodisiaque à Wen Yurong et craignait qu’un tel scandale soit rendu public, alors elle avait ordonné expressément à l’eunuque en chef de Shen Jue que tout le personnel du palais de Chengde reste à l’extérieur tandis qu’un seul eunuque resterait à la porte en cas de besoin.
Ce ne fut guère différent dans cette vie : après que les eunuques aient fait entrer l’autre homme en le portant, ils baissèrent tout de suite la tête et se retirèrent très vite.
Shen Jue s’assit sous la fenêtre et tailla quelques plantes en pot devant lui avec des cisailles, sans même un regard vers le lit. Il attendait simplement que Shi Zhou apparaisse pour presser ses points d’acupuncture du sommeil.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Le temps passa et les bougies sur la table étaient à moitié consumées, pourtant Shi Zhou ne s’était toujours pas montré. Shen Jue finit par avoir sommeil. Il posa ses cisailles, se leva et se dirigea vers la porte. Avant qu’il ne soit sorti, il se fit interpeler par quelqu’un :
« Votre Majesté ! »
Les pas de Shen Jue s’arrêtèrent net.
Parce que ce n’était pas la voix de Wen Yurong.
Il tourna la tête pour regarder le jeune homme qui avait émergé de la couverture et qui ne portait qu’une simple tenue d’intérieur.
Comment cela pouvait-il être Shi Zhou ?
Shi Zhou n’avait que dix-sept ans, à l’âge précisément de toute sa splendeur. Des nuages pourpres se trouvaient sur son beau visage et ses yeux étaient encore plus brillants. Il regarda Shen Jue sans ciller.
« Votre Majesté, où allez-vous ? »
Shen Jue regarda la personne qui lui faisait face avec une lueur de stupéfaction dans le regard.
Comment cela pouvait-il être Shi Zhou ?
Cela aurait dû être Wen Yurong.
Non, il était possible que Wen Yurong soit vraiment rené, du coup il avait changé le cours de l’histoire et fait en sorte que celui choisi pour le mariage porte-bonheur ne soit pas lui-même mais Shi Zhou.
Mais ce n’était pas normal. Wen Yurong devait épouser Shi Zhou, alors pourquoi aurait-il envoyé l’autre jeune homme entrer dans le palais ?
Comme Shen Jue restait planté là, plongé dans ses pensées, il ne remarqua même pas que Shi Zhou s’avançait vers lui.
« Votre Majesté, vous ne désirez pas rester ce soir ? »
Bien que Shi Zhou n’avait que dix-sept ans, il était déjà plus grand que Shen Jue, mais son visage était encore un peu juvénile. En plus, il tâchait en ce moment de courber son corps comme pour se donner un air plus vulnérable, mais le résultat était tout bonnement indescriptible.
Quand Shen Jue entendit sa voix, il se rendit compte que Shi Zhou était très proche de lui. Il recula aussitôt de quelques pas.
En voyant sa réaction, Shi Zhou fit un pas en avant d’un air circonspect.
« Votre Majesté, la nuit est déjà bien avancée. »
Comme Shen Jue ne bougeait pas, une lueur de surprise apparut fugitivement dans les yeux de Shi Zhou, mais cette émotion fut profondément cachée. Il s’approcha lentement de Shen Jue et juste au moment où il allait lui prendre le bras, Shen Jue se tourna et vomit.
Shi Zhou se figea alors sur place. Son visage, malgré les nuages rouges qui continuaient de l’orner, pâlit de manière très notable.
Cela faisait un moment que Shen Jue n’avait plus d’appétit alors il ne buvait plus que des potions médicinales. Il n’avait donc rien à vomir, mais fut secoué par des haut-le-cœur. Il resta comme ça un moment, les yeux rougis. Quand il se releva, il sortit sans regarder Shi Zhou qui n’avait pas bougé.
La parole à l’auteur : À propos du panier repas que Shen Jue a préparé.
Wen Yurong : Je ne l’ai pas mangé.
Shi Zhou : Moi non plus.
Shen Jue : … C’est moi qui l’ai mangé.
Note de Karura : Twist twist twist !
Qu’est-ce qui a bien pu changer dans cette vie pour que Shi Zhou se retrouve marié à Shen Jue ?
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