Cent façons de tuer un prince charmant 159

Chapitre 159


Alors que Shen Jue était malade et groggy, il eut l’impression de voir Wen Yurong. Alors il ouvrit la bouche pour appeler l’autre et l’empêcher de partir mais bien qu’il eut l’impression de crier, c’était comme s’il n’avait pas parlé. Il était bien incapable de différencier les deux.

Mais il avait terriblement chaud en permanence. Il ressentait même une sorte de douleur qui faisait qu’il ne pouvait pas respirer, comme s’il était enserré par quelque chose. Il fit de son mieux pour se débarrasser de cette chose, en vain.


« Bébé… »

Il avait l’impression que quelqu’un parlait à son oreille, mais il ne savait pas qui c’était.

Il se sentait comme si un python géant était enroulé autour de lui… Non, un python ne serait pas si chaud. Cette chose était si brûlante qu’il n’en pouvait plus.

Shen Jue ouvrit les yeux avec beaucoup de difficulté et la première chose qu’il vit, ce furent les lèvres d’une personne. Il vit cette bouche s’approcher de lui, alors il tourna instinctivement la tête.


Shi Zhou était à moitié en train de lui donner à boire son médicament. Quand il se rendit compte que l’homme dans ses bras bougeait, il avala le médicament sans y penser, mais il n’y prêta même pas attention. Il fit d’un ton ravi :

« Bébé, tu es réveillé ? »

Bébé ?

Shen Jue s’assombrit et fit d’un ton écœuré :

« Comment est-ce que tu appelles ton empereur ? »

Quand Shi Zhou vit son expression, il poussa un oh et ses longs cils frémirent.

« Ce n’est rien, votre Majesté, vous avez mal entendu. »

Cela faisait deux jours que Shen Jue était malade et Shi Zhou s’était occupé de lui tout du long. Shen Jue n’était pas complètement léthargique, il lui arrivait de se réveiller par moments. Cependant, il n’était pas totalement conscient : il ne savait pas où il était ni qui il était, et il gardait les yeux mi-clos.


Mais durant cette période, Shi Zhou s’était rendu compte que l’autre homme se montrait très collant et docile. Ses bras s’enroulaient doucement autour de Shi Zhou et quand ce dernier lui caressait le visage, Shen Jue s’approchait même de lui de son propre chef. Et surtout quand il voulait boire de l’eau, Shi Zhou se fit pour la première fois réclamer activement des baisers par Shen Jue.

La langue de l’autre homme était comme un serpent spirituel, léchant toute l’eau de sa bouche.

Shi Zhou n’avait encore jamais vu Shen Jue se comporter ainsi et il en fut aussitôt charmé et fasciné. Il en oublia même que l’autre était malade et il passa d’un comportement passif à actif en murmurant contre ses lèvres :

« Bébé, je vais t’en donner de l’eau, ne t’en fais pas. »


* * *


Shen Jue fit une tête horrible à voir. Il tendit une main pour repousser Shi Zhou, se mit assis lentement, puis appela ses serviteurs. Quand il alla prendre un bain, Shi Zhou voulut le suivre mais se fit arrêter par un regard appuyé de l’empereur.

« Depuis combien de temps ai-je dormi ? » demanda Shen Jue au serviteur pendant son bain.

Le serviteur était en train de laver soigneusement les cheveux de l’empereur. Il répondit :

« Cela fait deux jours, votre Majesté. »

Deux jours…

« Est-ce que Wen Yurong s’est présenté durant ces deux jours ? » demanda-t’il ensuite.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le serviteur répondit :

« La nuit où votre Majesté est tombé malade, le seigneur Wen est venu mais ensuite, le consort impérial lui a dit que l’empereur n’avait pas besoin de quelqu’un d’autre à son chevet, alors le seigneur Wen s’est retiré. Ces deux derniers jours, il est venu demander des nouvelles de sa Majesté tous les jours. »

À ces mots, le regard de Shen Jue s’illumina un peu. Alors comme ça, il avait bien vu Wen Yurong mais ce dernier avait été chassé par Shi Zhou.


Après son bain, Shen Jue se fit aider pour s’allonger sur le divan. Comme il n’avait dormi que deux jours, ses membres avaient encore un peu de vigueur. Par contre, il lui fallait quand même un massage. Alors il y avait deux serviteurs près de Shen Jue pour lui masser les jambes et les bras.

À ce moment, Shi Zhou se présenta à la porte et demanda à le voir.

Shen Jue l’entendit et fit sans même soulever ses paupières :

« Non, dites-lui de partir. »

Le serviteur qui apporta le message n’eut pas d’autre choix que de répondre ainsi à Shi Zhou. Mais le jeune homme ne fut pas d’accord et fit même directement irruption dans la salle. Quand il entra en se pavanant, il repoussa à plusieurs zhang les serviteurs qui tentèrent de s’interposer. Mais quand il vit le regard glacial de Shen Jue, il changea aussitôt d’attitude : il battit des cils plusieurs fois et s’approcha de Shen Jue à pas feutrés sur le côté, suivant l’étiquette d’une concubine impériale.

Allez savoir où il avait appris ça. C’était comme s’il voulait imiter une concubine mais obtenait le contraire de l’effet recherché : c’était tout bonnement indescriptible.


« Votre Majesté, vous allez mieux ? » demanda-t’il après avoir fini de saluer.

Il bouscula les deux masseurs pour prendre leur place et posa sa patte d’ours sur la jambe de Shen Jue.

« Votre Majesté, je vais vous aider pour masser vos jambes. Quand j’étais petit chez moi, j’ai souvent massé mon père. »

Shen Jue baissa les yeux et cracha deux mots :

« Ta main. »

La patte d’ours se figea, puis se retira lentement.

« Est-ce que ton empereur t’a permis d’entrer ? fit Shen Jue en levant ensuite les yeux pour le fixer. Alors va recevoir ton châtiment : cinquante coups de planche, pas un de moins. »


Cinquante coups de planche. Même s’il s’agissait de Shi Zhou, il ne serait pas capable de sortir du lit avant un bon moment. Quand le jeune homme entendit ça, il pâlit un peu. Shen Jue nota qu’il ne faisait pas mine de partir, alors il appela directement le capitaine de sa garde. Au bout du compte, quelques gardes durent ficeler Shi Zhou comme un zongzi et le tirer dehors de force.

Shen Jue avait à présent compris comment gérer quelqu’un comme Shi Zhou : il ne pouvait employer que les méthodes les plus primitives. Si Shi Zhou ne respectait pas les règles du palais, alors Shen Jue le ferait battre jusqu’à ce qu’il les applique.


* * *


Pendant que Shi Zhou recevait ses coups de planche, Wen Yurong fit son entrée. Contrairement à Shi Zhou, il fut introduit par un serviteur.

Wen Yurong s’inclina devant Shen Jue avant de se relever et de s’enquérir d’une voix douce :

« Ce sujet a appris que votre Majesté était réveillé. Est-ce que vous vous sentez mieux ?

– En, désolé de t’avoir inquiété, » répondit calmement l’empereur.

Wen Yurong baissa les yeux et secoua la tête.

« Ne vous inquiétez pas pour ça, songez plutôt à votre santé, votre Majesté. Ce sujet n’a fait que son devoir mais il est inutile et ne peut pas beaucoup aider. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

En entendant ça, Shen Jue ne put s’empêcher de jeter un regard à Wen Yurong. Le jeune homme ne releva pas la tête mais resta simplement debout. Shen Jue l’examina attentivement et se rendit compte que l’autre jeune homme semblait avoir perdu du poids. La tenue officielle qui lui allait encore très bien il y avait une dizaine de jours semblait à présent trop large pour lui.

« L’officiel Wen semble… avoir maigri ? » commenta Shen Jue après avoir réfléchi un moment.

Wen Yurong émit un son d’assentiment et expliqua :

« Je n’ai pas beaucoup d’appétit ces jours-ci. Cela finira par passer. »


Les deux continuèrent à discuter un moment, puis Shen Jue ne trouva plus quoi lui dire. Il était donc sur le point de le congédier quand il l’entendit faire :

« Votre Majesté, vos jambes sont un peu trop raides ? Ce sujet s’y connaît un peu en massage. Si cela convient à votre Majesté, ce sujet souhaiterait vous servir. »

À vrai dire, étant donné l’intention originelle de Shen Jue, il n’était naturellement pas tenté par la proposition de Wen Yurong. Il hocha pourtant la tête en songeant à Shi Zhou dehors, qui recevait toujours ses coups de planche.


Wen Yurong semblait effectivement très bien s’y connaître en massage : c’était bien plus agréable que ce que faisaient les serviteurs. Après avoir fini de masser ses jambes, Wen Yurong se tourna vers Shen Jue et demanda d’une voix douce :

« Votre Majesté, désirez-vous que je vous masse également la taille ? »

Shen Jue passait son temps soit allongé, soit assis. Il était donc vrai que sa taille lui faisait un peu mal, alors il accepta.

Pour masser la taille, il fallait s’allonger. Wen Yurong retira donc ses bottes et se lava bien les mains avant de monter sur le lit du dragon. Il s’agenouilla sur les cuisses de Shen Jue en écartant les jambes, puis posa ses deux mains sur les épaules de l’autre homme. Il massa ainsi des épaules à la taille, des muscles extérieurs vers les muscles intérieurs, puis dans l’autre sens.


Après avoir répété ces gestes plusieurs fois, les paupières de Shen Jue s’abaissèrent lentement. Au moment où il allait s’endormir, Wen Yurong fit subitement :

« Votre Majesté, c’est fini. »

Cette voix tira aussitôt Shen Jue de son état à moitié endormi. Il fronça les sourcils, puis se détendit de nouveau.

C’était bien la première fois que Shen Jue ne se sentait pas complètement écœuré par un contact physique. Toutefois, il ne voulait pas demander à Wen Yurong de continuer. Il ne faisait pas semblant cette fois, il appréciait vraiment ça. Voilà pourquoi il était réticent à l’idée d’en parler, de crainte que l’autre jeune homme ne découvre cette faiblesse.

Alors quand Wen Yurong s’arrêta et attendit, Shen Jue continua à le fixer sans rien dire. Le jeune homme finit par remettre ses bottes et quand il releva la tête, Shen Jue détourna rapidement le visage.


Wen Yurong ne parut pas remarquer quoi que ce soit d’inhabituel au niveau du comportement de l’empereur. Il leva la tête pour le regarder.

« Votre Majesté, c’était agréable ?

– Ça peut aller, » répondit Shen Jue en crachant ces trois mots.

Wen Yurong sourit à cette réponse.

« Tant mieux, ce sujet craignait que cela n’ait pas plu à votre Majesté. »

Il marqua une pause et reprit :

« Et si ce sujet revenait masser votre Majesté demain ? »

Après cette question, il attendit un long moment avant d’entendre la voix étouffée de l’empereur :

« Entendu. »


* * *


Quand Wen Yurong retourna à ses appartements, il passa par hasard devant l’endroit où avait lieu le châtiment. Shi Zhou avait fini de recevoir ses coups de planche mais il était resté allongé sur le banc, incapable de se lever. Il refusait l’aide des gardes.

Shi Zhou entendit les bruits de pas et releva la tête d’un air alerte. Il vit alors que la personne qui s’approchait était Wen Yurong.

Après ça, il rétrécit les yeux et ne dit rien. De son côté, quand Wen Yurong passa à côté de lui, il ralentit et fit d’un ton doux :

« Consort impérial.

– Tu reviens de chez sa Majesté ? » demanda Shi Zhou.

Wen Yurong hocha la tête.

« Sa Majesté a dit que son corps était un peu endolori, alors ce sujet a passé un moment à le masser. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quand Shi Zhou entendit ces paroles, une lueur sombre apparut dans son regard. Il contempla le jeune homme en face de lui qui était telles des perles et du jade, et fit après un moment :

« Tu as fait du bon travail. »

Wen Yurong eut un sourire, puis partit. Quand il s’en alla, Shi Zhou tourna la tête pour fixer son dos. Depuis sa renaissance dans cette vie, il n’avait cessé de tester Wen Yurong pour savoir si oui ou non il avait conservé les souvenirs de l’autre vie, mais le comportement de l’autre avait toujours prouvé que non. Pour autant, Shi Zhou n’osait pas relâcher sa vigilance.

À vrai dire, il était vraiment méprisable. Dans la vie précédente, Wen Yurong et Shen Jue étaient amoureux, mais il les avait séparés de force. Et dans cette vie, il continuait à empêcher ces deux-là d’être ensemble. Mais l’amour était précisément quelque chose de méprisable. S’il renonçait, alors il ne ne s’appellerait plus Shi Zhou.


* * *


Après avoir reçu ces nouveaux coups de planche, Shi Zhou ne put se lever du lit pendant plus de dix jours. Ce fut alors le moment du Nouvel An. Cette année, Tong Meng’Er ne put venir à Nangong pour le célébrer en compagnie de son fils. Shen Jue savait depuis un moment qu’il y avait eu des tempêtes de neige dans plusieurs régions. Tong Meng’Er avait donc un tas de choses à gérer et était très prise par les affaires du gouvernement. Elle ne pouvait donc vraiment pas s’absenter. Elle envoya simplement des serviteurs apporter à Shen Jue les tangyuan Des boulettes de riz gluant farcies au sésame noir et servies dans un sirop. C’est un dessert traditionnel de Nouvel An en Asie. (1) qu’elle avait faits de ses propres mains.

Le soir du Nouvel An, Shen Jue alla se coucher tôt car il n’avait rien d’autre à faire. Dans son état de santé, il ne pouvait ni admirer les pruniers, ni regarder les feux d’artifice alors le mieux à faire, c’était de se rouler en boule dans son lit et de s’endormir vite.

Comme le temps se refroidissait, il n’y avait pas moins de sept bouillottes dans le lit de Shen Jue. Malgré ça, il ne dormit vraiment pas bien du tout cette nuit-là. Il ne trouva qu’à peine le sommeil une fois à l’aube. Quand il se réveilla pour de bon, c’était déjà l’après-midi.


Les serviteurs l’habillèrent après son bain. Dès qu’il contourna le paravent et sortit, il remarqua quelques changements dans le palais.

« Qui a peint ça ? » demanda-t’il en regardant la fenêtre à côté du divan où il s’asseyait d’ordinaire.

La fenêtre en papier de riz blanc à la base était à présent couverte de fleurs de pruniers, aussi rouges que des flammes. Ces fleurs semblaient brûler sur le papier. Les pétales rouges étaient encore couvertes de flocons de neige, comme s’ils avaient subi une nuit de tempête de neige.

Mais malgré le vent et la neige, ces fleurs fleurissaient encore et cela n’avait diminué en rien leur beauté.

Les fleurs de prunier étaient tellement bien peintes que Shen Jue en resta en transe, comme s’il voyait de vrais pruniers.


« En réponse à votre Majesté, c’est le seigneur Wen qui a peint ça. Au milieu de la nuit, le seigneur Wen est venu peindre et a dit que c’était pour votre Majesté : si vous vous sentez enfermé à l’intérieur, vous pouvez admirer ces scènes, expliqua le serviteur. Il n’y a pas que cette fenêtre, le seigneur Wen en a peint d’autres. Cela lui a pris une bonne partie de la nuit, il n’est retourné chez lui qu’au petit matin. »

En entendant ça, Shen Jue se rendit dans la salle interne. Effectivement, toutes les fenêtres qu’il vit avaient changé. Du bambou de printemps à la prune hivernale, chaque fenêtre offrait une vue différente.

Bien que Tong Meng’Er chérissait énormément son fils et prenait grand soin de lui, elle ne s’était jamais rendue compte qu’il aimait regarder par la fenêtre. Seul Wen Yurong s’en était aperçu et il avait même compris pourquoi Shen Jue aimait tant regarder par la fenêtre.


Aux yeux de Shen Jue, cette pièce était comme ce monde qui l’emprisonnait. Étant retenu, il n’avait pas d’autre choix que de rester ici, alors il regardait souvent par la fenêtre en imaginant la scène qui se trouvait de l’autre côté.

Cependant, ce cadeau de Wen Yurong ne lui faisait pas du tout plaisir. Ces peintures sur les fenêtres semblaient être là pour le distraire de son ennui mais en fait, c’était une autre forme d’emprisonnement.

Cela emprisonnait Shen Jue en faisant en sorte qu’il veuille rester là de son propre gré.

Le regard de Shen Jue passa lentement sur ces peintures. Après un moment, il fit :

« Remplacez toutes ces fenêtres. »


Notes du chapitre :
(1) Des boulettes de riz gluant farcies au sésame noir et servies dans un sirop. C’est un dessert traditionnel de Nouvel An en Asie.






Commentaires :


:

:

Pour insérer des émojis dans le message, appuyez sur la touche Windows et ; de votre clavier (pour Windows 10).

Derniers chapitres parus :
Le Prince Solitaire 7 02
La Renaissance du Suprême Immortel 353 et 354
Lanterne 1
Comment élever un sacrifice 6.04 et 6.05
Cent façons de tuer un prince charmant 324

Planning des mises à jour :
Samedi : Lanterne : le reflet d’une fleur de pêcher
Comment élever un sacrifice
Dimanche : La Renaissance du Suprême Immortel
Le Prince Solitaire