Cent façons de tuer un prince charmant 160

Chapitre 160


Les serviteurs n’osèrent pas objecter en entendant un tel ordre mais entre eux, ils ne comprenaient pas pourquoi l’empereur voulait que les fenêtres soient remplacées. Ils avaient tous vu Wen Yurong peindre et savaient le temps et le soin qu’il y avait passé. Sur chaque fleur de prunier, sans parler des pétales, même les étamines étaient peintes avec soin et précision.

Les fenêtres redevinrent vite comme avant. Voyant que les peintures avaient disparu, Shen Jue sentit le boulet qui alourdissait son cœur s’alléger un peu.

Bien que cela ne semblait être qu’une petite anecdote, la capacité d’observation de Wen Yurong ainsi que son analyse du cœur des gens mettaient Shen Jue un peu mal à l’aise.


Shi Zhou agissait de manière impulsive et sans se soucier des conséquences, mais il était en fait le plus facile à contrôler. Wen Yurong semblait gentil et attentionné en tous points, mais son cœur sous ce visage aimable était aussi insondable que les eaux d’une mer profonde.

C’était parfois intéressant d’avoir affaire à des gens intelligents, mais c’était aussi parfois très déconcertant. En effet, ils arrivaient trop bien à lire dans le cœur des gens.

Shen Jue songea soudain qu’il ne pouvait plus rester plus longtemps dans ce monde. Pour commencer, il n’arrivait pas à trouver avec certitude le vrai maître de ce monde : il ignorait pourquoi Wen Yurong, qui était censé être le maître de ce monde, n’était pas rené alors que Shi Zhou l’était, lui qui n’était pas le maître de ce monde. Ensuite, que ce soit Wen Yurong ou Shi Zhou, les deux se comportaient très bizarrement.


Shi Zhou était bien trop attaché à lui et Shen Jue ignorait d’où pouvait bien venir son affection profonde. Quant à Wen Yurong, il n’avait visiblement aucun souvenir de la vie précédente, pourtant il pouvait toujours percevoir correctement ses faiblesses, comme le massage à la taille. C’en était arrivé au point où Shen Jue ne pouvait plus correctement dormir s’il n’avait pas eu son massage de la journée.

C’était bien trop terrifiant. Shen Jue ne savait pas s’il n’allait pas finir par se laisser aller et s’enliser totalement dans ce monde.


Il y réfléchit longuement mais ne savait toujours pas quoi faire. Pendant ce temps, Shi Zhou se présenta. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pu venir voir l’empereur alors la première chose qu’il avait faite dès qu’il put sortir de nouveau du lit, ce fut de se rendre au palais de Shen Jue. Mais il avait retenu la leçon cette fois : il resta bien sagement à la porte et laissa le serviteur entrer l’annoncer.

Shen Jue apprit donc que Shi Zhou souhaitait venir. Après un long moment de silence, il lui permit d’entrer.

C’était bien la première fois que Shi Zhou n’avait pas besoin de forcer l’entrée et il en fut un peu surpris. Dès qu’il vit Shen Jue, ses yeux s’illuminèrent aussitôt et sans un mot, il se pencha pour le prendre directement dans ses bras.

Les serviteurs à côté baissèrent précipitamment la tête et firent comme s’ils ne voyaient rien du tout.

Shen Jue se laissa enlacer par le jeune homme et il jeta un regard aux serviteurs à côté :

« Vous pouvez tous vous retirer. »


Quand Shi Zhou entendit ça, il en resta un moment stupéfait, puis il devint extatique. Il se dit que Shen Jue avait enfin été ému par sa sincérité, sinon pourquoi voudrait-il être seul avec lui ? Même quand il l’avait pris dans ses bras à l’instant, Shen Jue ne paraissait pas fâché et ne l’avait pas foudroyé du regard comme avant.

« Tu m’as pardonné ? » demanda Shi Zhou en le regardant, les yeux remplis d’espoir.

Shen Jue ne répondit pas mais ce genre de silence fut comme un assentiment aux yeux de Shi Zhou. Fou de joie, il serra l’autre homme encore plus fort. Il se pencha même pour l’embrasser sur la joue. Il savait à présent que Shen Jue détestait se faire embrasser sur la bouche, alors il avait choisi un autre endroit.

Après ce baiser, il se plia en deux et enfouit sa tête dans le creux du cou de l’autre. Il murmura :

« Votre Majesté, vous m’avez vraiment pardonné ? Pourquoi ai-je l’impression que je suis en train de rêver ? »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Shen Jue regarda devant lui, tâchant d’ignorer Shi Zhou qui était accroché à lui. Au début, il ne voulait pas briser ce monde et voulait juste attendre qu’il se termine de lui-même. Du moment qu’il se faisait chasser du trône et décapiter, il entrerait naturellement dans la prochaine réincarnation. Mais à présent, cette possibilité n’avait que très peu de chance de se produire.

Il n’avait pas non plus voulu se mêler à nouveau de trop près de ces deux jeunes gens. Il avait cru pouvoir se servir de Wen Yurong pour chasser Shi Zhou, mais non seulement Shi Zhou ne se laissa pas chasser, mais Wen Yurong s’était aussi mis à se comporter étrangement.

Il s’avérait finalement qu’il ne pouvait pas rester passif et que la Loi Céleste trouvait toujours d’autres moyens de le torturer.

Shen Jue eut un rire d’auto-dérision. Puisque c’était comme ça, il n’avait qu’à briser ce monde de nouveau. Comme Shi Zhou était rené, il y avait de fortes chances pour qu’il soit le maître de ce monde. Alors il allait d’abord tuer Shi Zhou et si ça ne marchait pas, il tuerait ensuite Wen Yurong.


En songeant à ça, Shen Jue avait de nouveau retrouvé toute sa résolution. Il jeta un regard au jeune homme qui le tenait toujours et fit d’un ton tiède :

« Tu comptes me tenir encore longtemps ? »

Shi Zhou ne releva pas la tête.

« Toute la vie. »

C’était à vomir.

Shen Jue se mordit les lèvres et fit :

« Mais quand tu me tiens comme ça, ça fait un peu mal. Tu ne pourrais pas relâcher un peu ? »

Shen Jue n’utilisait plus le ton impérial.

C’était la chose la plus gentille que Shen Jue lui avait dite depuis sa renaissance. Shi Zhou n’aurait jamais cru que l’autre homme se montrerait gentil avec lui un jour, alors il en fut si ébahi qu’il le relâcha rapidement.


« Je t’ai fait mal ?

– Un peu, reconnut doucement Shen Jue. Ne me serre pas si fort la prochaine fois. »

La prochaine fois ?

Le cœur de Shi Zhou faillit sortir de sa poitrine. Il regarda Shen Jue très fixement. Après un bon moment, il fit :

« Votre Majesté… vous êtes confus ? »

Shen Jue : « … »

Son visage se crispa.

« Si c’est comme ça, lâche-moi et va-t’en ! »

Shi Zhou partit aussitôt d’un léger rire.

« Je te prends dans mes bras, dans mes bras, dans mes bras, bien sûr. Ne te fâche pas. »


* * *


Quand Wen Yurong se présenta au palais, il fut très surpris d’entendre des voix venant de l’intérieur. Il regarda le serviteur de garde à la porte.

« Y a-t’il quelqu’un d’autre au palais, hormis sa Majesté ?

– Le consort impérial est là, répondit le serviteur. Seigneur Wen, patientez un instant. Ce serviteur va prévenir de votre arrivée. »

Wen Yurong hocha la tête et fit gentiment :

« Merci de te déranger. »

Le serviteur entra rapidement, mais ressortit tout aussi vite, l’air un peu gêné.

« Seigneur Wen, vous feriez mieux de revenir demain. Sa Majesté et le consort impérial ont à parler de choses importantes, je crains fort qu’ils ne pourront pas trouver le temps de voir le seigneur Wen avant un bon moment. »

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Wen Yurong était venu pour masser Shen Jue et il avait également apporté un sac médicinal aromatisé à la prune. On plaçait ce sac sur la nuque pour soulager les raideurs.

Quand il entendit les paroles du serviteurs, son expression ne varia pas.

« Alors je reviendrai demain. Merci, eunuque. »

Quand il partit, il regarda en direction des fenêtres. Les panneaux des quatre saisons qu’il venait juste de terminer au petit matin avaient disparu. Les fenêtres étaient redevenues des panneaux blancs sans rien dessus.

Il tourna la tête et rentra chez lui. Quand il revint dans sa résidence, son serviteur s’empressa de lui prendre la boîte médicinale des mains.

« Maître, pourquoi vous revenez si vite aujourd’hui ? Je viens de faire infuser fraîchement du thé, prenez donc une tasse pour vous réchauffer le corps.

– Tu peux te retirer, je suis un peu fatigué. »


Wen Yurong adressa un sourire las aux autres serviteurs.

« Au fait, je me suis réveillé avec une envie de thé à la rosée du matin. Vous pourriez me récolter de la rosée ? Inutile d’en prendre trop, une demi-jarre suffira. »

Il faudrait bien une demi-journée pour récolter une demi-jarre de rosée, sans compter que c’était encore un après-midi hivernal. Même à Nangong, le temps était froid, mais pas autant qu’à la capitale. Toutefois, on attrapait facilement des engelures aux doigts si on les sortait trop longtemps des manches.

Les serviteurs redoutaient le plus les engelures en hiver. Non seulement c’était irritant et douloureux, mais cela leur valait le dégoût de leurs maîtres à cause des doigts déformés.

Mais quand les serviteurs virent le sourire de Wen Yurong, leurs trois âmes et sept passions s’envolèrent aussitôt. Ils hochèrent la tête avec empressement et prirent une jarre pour aller collecter la rosée.


Une fois les serviteurs sortis, Wen Yurong verrouilla la porte. Aussitôt, l’expression aimable disparut de son visage. Il devint inexpressif, on pouvait même dire qu’il était morose.

Il s’avança lentement vers la chambre interne et regarda longtemps autour de lui. Il s’avança ensuite près du lit et sortit une aiguille dorée de sous l’oreiller. Wen Yurong retroussa sa manche gauche. Tenant l’épingle dorée de sa main droite, il dessina une ligne directement sur son bras.

L’épingle dorée était pointue, quoique pas autant qu’une dague ou un couteau. Elle pouvait quand même percer la peau.

Wen Yurong lâcha soudain un rire en voyant le sang couler sur son bras pâle comme de la neige. Si quelqu’un d’autre avait été présent en cet instant, il aurait pu voir que Wen Yurong avait déjà plus d’une dizaine de cicatrices sur son bras gauche. Certaines, qui avaient déjà cicatrisé, furent de nouveau ouvertes par l’épingle dorée, révélant la chair en-dessous.


* * *


Shi Zhou savait naturellement que Wen Yurong devait venir mais au lieu de guetter l’entrée, il posa la tête sur le cou de Shen Jue, l’enlaça par derrière et joua aux échecs avec lui.

En fait, il avait commencé par s’asseoir de l’autre côté, mais en voyant Shen Jue se pincer les lèvres et se tenir bien droit et tranquille pour jouer aux échecs, son cœur l’avait démangé si fort qu’il n’avait pas pu se retenir. Il avait couru du côté de Shen Jue et l’avait pris dans ses bras à moitié pour minauder et à moitié de force.

À quoi pouvait donc bien ressembler Shi Zhou en train de minauder ?

Il ne faisait que frotter sa tête sans cesse dans le creux du cou de Shen Jue.

Les sourcils de Shen Jue tressautaient mais il ne pouvait que prendre sur lui. Le Shi Zhou actuel était comme une toute autre personne comparé au Shi Zhou des autres vies.

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Ce jeu d’échecs dura longtemps parce que Shi Zhou se révéla étonnamment doué.

Même s’il avait les yeux fixés sur Shen Jue la plupart du temps, quand venait son tour, il lui suffisait de jeter un regard au plateau pour déplacer un pion. Et ce déplacement parvenait à bloquer Shen Jue à chaque fois, sans pour autant le mettre dans une impasse.

Shen Jue devint comme une bête lentement prise au piège par Shi Zhou.

Au départ, il avait choisi de jouer aux échecs pour distraire l’attention de Shi Zhou mais au final, ce fut une distraction pour lui. Shen Jue ne put que se focaliser tout entier sur le plateau de jeu, tout endurant les mains quelque peu baladeuses de Shi Zhou.

Mais même ainsi, il perdit la partie à plate couture.


Shi Zhou parut percevoir que Shen Jue était un peu abattu, alors il pressa légèrement sa nuque et proposa :

« Et si on faisait une autre partie ? »

Shen Jue se tourna vers lui.

« Qui t’a appris à jouer aux échecs ? »

Le jeune homme secoua la tête.

« J’ai appris dans des livres, personne ne m’a enseigné.

– C’est vrai ? »

Shen Jue lui lança un regard suspicieux. Il aurait pensé que c’était Wen Yurong qui lui avait appris à jouer. Après tout, Wen Yurong était célèbre dans la capitale pour être un prodige des échecs depuis tout petit.


« Bien sûr que c’est vrai, je n’ai encore jamais rencontré quelqu’un capable de me battre, fit Shi Zhou d’un air un peu fier de lui. Même quand Wen Yurong jouait contre moi, on faisait uniquement pat Les deux camps ne peuvent plus bouger leurs pions, c’est match nul. Je ne connais pas le terme aux échecs chinois, alors j’ai repris le terme aux échecs occidentaux. (1), il n’a jamais réussi à me battre. Heureusement pour lui que je n’aime pas lire, sinon la place de lauréat de Wen Yurong aurait été mienne. »

Dès que Shi Zhou était de bonne humeur, il opinait du chef pour appuyer chacun de ses mots. Il était comme un paon en pleine parade nuptiale. Dès qu’il rencontrait celui qu’il aimait, il faisait la roue avec sa magnifique queue immense.


À ces mots, Shen Jue se figea. Il lui fallut un bon moment pour reprendre :

« J’ai vu une fois une épée accrochée au mur de la chambre de Wen Yurong. C’est toi qui la lui as donnée ?

– Non, je ne lui ai jamais offert d’épée. »

Shi Zhou se rendit compte que l’autre homme faisait une drôle de tête, alors il prit aussitôt un air soucieux.

« Qu’est-ce qui ne va pas ?

– Ce… ce n’est rien. »

Shen Jue réprima ce sentiment d’étrangeté. Peut-être qu’il réfléchissait de trop. Après tout, Wen Yurong lui avait dit que l’épée servait à repousser les mauvais esprits. Quant au fait que Shi Zhou était bon aux échecs, c’était sans doute juste une de ses spécialités.

Si les deux avaient actuellement la même âme, ce serait bien trop bizarre.


* * *


Ces derniers temps, Shi Zhou était sur un petit nuage parce que Shen Jue l’avait enfin accepté. Du moins, c’était ce qu’il pensait. Bien que l’autre homme ne lui permettait toujours pas de l’embrasser, il le laissait au moins le prendre dans ses bras. Malgré tout, Shi Zhou avait l’intime conviction qu’avec le temps, Shen Jue finirait par l’accepter totalement.

Par exemple, Shen Jue s’était déjà endormi dans ses bras. Deux mois plus tôt, c’était quelque chose qu’il n’aurait jamais osé s’imaginer. Il avait cru que Shen Jue ne pourrait jamais lui pardonner de toute sa vie, mais il s’était aussi résolu à suivre et coller l’autre pour le restant de sa vie.

Il n’aurait simplement jamais pu imaginer que tout se passerait bien, si bien qu’il avait bien du mal à y croire.


Shen Jue s’était endormi. Shi Zhou n’osait pas bouger et il n’avait pas sommeil, alors il ne put que compter les cils de Shen Jue, la tête baissée. Quand il se perdait dans son compte, il recommençait simplement.

Il s’amusa ainsi jusqu’au réveil de l’autre homme.

Quand Shen Jue se réveillait, cela commençait en général par ses sourcils qui se fronçaient un peu, puis il ouvrait lentement les yeux. Quand il ouvrait les yeux, Shen Jue n’avait pas tout de suite l’esprit clair, il lui fallait au moins un peu de temps.

Mais une fois complètement réveillé, il s’asseyait et appelait les serviteurs pour aller prendre son bain. Shi Zhou ne devait pas rester avec lui quand il se baignait, sinon Shen Jue se fâcherait et Shi Zhou n’aurait même pas le droit de le prendre dans ses bras.

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Depuis que Shen Jue avait autorisé Shi Zhou à rester à ses côtés, Wen Yurong n’avait pas été en mesure de voir l’empereur. Au départ, il se présentait et demandait à le voir tous les jours, mais il se faisait refuser à chaque fois. Puis Wen Yurong ne se présenta que tous les deux jours, puis tous les trois jours…

Les serviteurs, qui étaient de vraies commères, discutaient entre eux et disait que c’était parce que le seigneur Wen avait offensé sa Majesté en peignant sans autorisation sur ses fenêtres.

D’autres s’étonnaient : le seigneur Wen était si gentil, pourquoi sa Majesté ne voulait-il pas le voir ?

Certains disaient même que le consort impérial était trop despotique. Comme le seigneur Wen était d’une beauté sans pareille, le consort impérial craignait qu’il n’émeuve le cœur de sa Majesté, alors il ne laissait pas l’empereur voir le seigneur Wen.


Ils discutaient de tout ça en privé et ils semblaient avoir fait toute une histoire de la relation entre les trois hommes. Certains soutenaient Wen Yurong, d’autres Shi Zhou, et les deux factions se battaient à mort. Au final, ce fut Shi Zhou qui remporta la lutte parce qu’aux yeux des serviteurs, l’empereur le favorisait plus, sans parler du fait que Shi Zhou était le consort officiel légitime.

Seulement de cette manière, le lauréat Wen, qui devenait de plus en plus émacié, était devenu encore plus misérable aux yeux de tous.


* * *


Le quinzième jour du premier mois lunaire, Shi Zhou décida de faire de ses propres mains un bol de tangyuan pour Shen Jue. De la farce à la pâte, il prépara tout lui-même. Aux premières lueurs de l’aube, il se rendit aux cuisines impériales et s’affaire jusqu’au soir, jusqu’à ce qu’il soit satisfait de ses boulettes fourrées.

Il y avait une croyance commune qui disait que cela portait chance de manger un tangyuan avec une pièce en cuivre à l’intérieur. Le problème, c’est qu’on ne savait pas par combien de mains était passée une pièce. Shi Zhou eut beau la laver plusieurs fois, il estimait que ce ne serait pas hygiénique. Du coup, parmi toutes les boulettes, il n’en fit qu’une seule avec une farce différente.


Toute nourriture présentée à l’empereur, quelle que soit la personne qui l’avait préparée, devait d’abord être testée pour le poison. Le goûteur commença par transpercer chaque tangyuan d’une fine aiguille en argent, puis choisit une boulette au hasard pour la manger. Seulement après, les tangyuan préparés par Shi Zhou furent envoyés à la table de l’empereur.

« Il y a un tangyuan porte-bonheur parmi ceux-là. Je me demande si votre Majesté va tomber dessus. »

En public, Shi Zhou continuait à appeler Shen Jue ‘votre Majesté’ tandis qu’en privé, il utilisait plein d’autres petits noms.

Shen Jue toucha les boulettes avec une cuillère en porcelaine.

« Tu as mis une pièce de cuivre ? »

Il connaissait aussi cette tradition.

« Non, c’est la farce qui est différente. Le tangyuan porte-bonheur est celui fourré à la prune, fit Shi Zhou avec un sourire. Votre Majesté, dépêchez-vous de manger. »


Avant que Shen Jue n’ait le temps de gronder Shi Zhou pour avoir encore cueilli des prunes sans permission, il entendit la voix angoissée du goûteur à côté de lui :

« Consort… consort impérial, il semblerait que le tangyuan que vient de manger ce serviteur était fourré à la prune… »

Shi Zhou écarquilla aussitôt les yeux vers lui.

« Toi ! »

Le goûteur se prosterna immédiatement et implora son pardon.

« Pardonnez-moi cette offense ! Cet serviteur ne savait vraiment pas qu’il s’agissait du tangyuan porte-bonheur !

– Oublie ça, il était bien obligé de manger un tangyuan et ce n’est pas comme s’il savait lequel c’était. En plus, ce n’est qu’une superstition. S’il suffisait de manger des tangyuan pour avoir de la chance, est-ce qu’on n’en mangerait pas tous les jours ? » fit Shen Jue d’un ton nonchalant.


Il n’avait pas beaucoup d’appétit aujourd’hui, surtout que les tangyuan étaient bien sucrés. D’habitude, Tong Meng’Er ne le laissait pas trop en manger, alors Shen Jue n’en mangea qu’un avant de reposer sa cuillère en porcelaine.

Shi Zhou contempla les tangyuan qui restaient dans le bol et il se pinça les lèvres. Ce petit bol de tanguyan avait été soigneusement trié par lui.

Il avait préparé aujourd’hui plus de cent tangyuan, puis en avait choisi quarante pour les faire cuire séparément dans la casserole. Il avait réduit sa sélection aux quatre tanguyan de ce petit bol. Quant au tangyuan porte-bonheur, il en avait préparé dix pour finalement en choisir un dans le lot.

Les tangyuan avaient été soigneusement couverts car il avait peur qu’ils ne soient trop froids quand ils seraient servis à Shen Jue.

Et après que le goûteur en ait mangé un, il n’en restait plus que quatre. Cependant, Shen Jue n’en avait mangé qu’un seul. Shi Zhou contempla les trois tanguyan restants un bon moment, avant de détourner le regard.


* * *


Après le dîner, bien que Shen Jue ne pouvait pas sortir prendre l’air, il pouvait tout de même marcher un peu dans le palais. D’habitude, Shi Zhou lui tenait compagnie. C’était très ennuyant de marcher dans le palais parce qu’il n’y avait que peu de choses à voir et en plus, Shen Jue commençait à en avoir assez de voir toujours les mêmes choses à force.

Ce soir, Shi Zhou l’accompagna comme d’habitude. Une fois qu’ils se séparèrent, Shen Jue alla prendre son bain sans grand intérêt. Quant à Shi Zhou, il se rendit aux cuisines.

Comme il s’y attendait, les restes étaient apportés là. N’importe qui ne pouvait pas manipuler les plats de l’empereur, il fallait que le chef cuisinier se déplace en personne.

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Quand Shi Zhou entra, le chef cuisinier fut pris au dépourvu.

« Consort impérial, que faites-vous ici ?

– Le bol de tangyuan de sa Majesté, est-il encore là ? demanda Shi Zhou.

– Oui, oui, » répondit le cuisinier.

Shi Zhou tendit la main d’un air qui ne laissait rien paraître.

« Donne-moi ce bol.

– Bien. »

Le chef des cuisines tendit à Shi Zhou le bol qui contenait les trois derniers tangyuan. Shi Zhou les fixa, ouvrit la bouche et les fourra d’un coup dedans. Il mâcha et avala les tangyuan, puis rendit le bol. Il s’en alla ensuite.

Il y avait une autre croyance qui disait que lorsque les tangyuan étaient servis par cinq, il ne devait pas y avoir de reste. Sinon, cela porterait malheur pour l’année.


Après avoir fini les tangyuan, Shi Zhou retourna dans ses quartiers pour se baigner. Après ça, il retourna au palais de Shen Jue.

Ce dernier avait également terminé son bain. Il était actuellement assis dans le lit du dragon, un livre dans les mains. Il ne réagit pas en voyant Shi Zhou entrer.

En voyant ça, Shi Zhou lui prit le livre des mains.

« Ce n’est pas bon pour vos yeux de lire le soir. »

Il s’assit ensuite sur le lit.

« Votre Majesté, vous devriez vous coucher tôt ce soir. »

Shen Jue ne se fâcha pas de s’être fait enlever son livre. Il s’allongea sur le côté. Shi Zhou souffla la bougie et se coucha à son tour. Au départ, il n’avait pas le droit de dormir avec l’empereur mais le temps avait été extrêmement froid des derniers jours et Shen Jue dormait très mal les nuits. Son teint bleuâtre était revenu en force, alors Shi Zhou obtint ce privilège.


Dès qu’il s’allongea, Shi Zhou enveloppa l’homme dans son étreinte et activa son Qi interne pour dissiper une partie du froid dans le corps de l’autre.

Au départ, Shen Jue n’avait pas forcément sommeil, mais une fois que l’air froid fut dissipé en grande partie, il se sentit piquer du nez. Il allait s’endormir quand il se fit soudain embrasser.

Cela arriva si subitement qu’il n’eut même pas le temps de réagir. Le temps qu’il se reprenne, ses lèvres avaient déjà été entrouvertes.

Shen Jue constata que Shi Zhou avait repris ses mauvaises vieilles habitudes. Le dégoût et l’irritation ressurgirent dans son cœur en même temps. En plus, cela ajouta une autre couche à son dégoût de lui-même. Il dégagea sa main et gifla Shi Zhou très fort. Mais quand ce dernier reçut le coup, il se montra encore plus débridé.


Il se contenta d’attraper la main de Shen Jue et la pressa directement au-dessus de la tête de l’autre homme. Il ne mit un terme au baiser que lorsque Shen Jue fut à bout de souffle, mais il ne lâcha pas sa main.

« Votre Majesté… vous détestez vraiment ce genre de choses ? Cela vous dégoûte autant d’embrasser quelqu’un ? »

Shi Zhou fixa Shen Jue avec une lueur de sérieux rare dans ses yeux.

« Mais moi, j’aime beaucoup ça, j’aime énormément embrasser votre Majesté. J’aime ça au point d’en devenir fou. »

Shen Jue ne savait vraiment pas ce qui rendait Shi Zhou si fou. Il était si furieux que son torse se soulevait et retombait violemment, ses yeux étaient remplis de dégoût, ses lèvres étaient étroitement pressées et il ne répondit pas du tout à Shi Zhou.

Mais le jeune homme semblait avoir compris ce qu’il voulait dire.


En fait, bien que Shen Jue soit déterminé à briser ce monde, la plupart du temps, il avait bien du mal à se faire violence. Il se montrait assez réticent face à Shi Zhou. Par exemple, les tangyuan de ce soir. Dans d’autres circonstances, Shen Jue les aurait forcément tous mangés mais comme cela avait été fait dans ces circonstances et par ce jeune homme, Shen Jue n’avait vraiment aucun appétit pour ça.

C’était également une torture que de devoir dormir dans le même lit que l’autre jeune homme. Il évitait de penser à quoi que ce soit, autrement les scènes où Shi Zhou l’avait violé défileraient dans son esprit.

Ce genre de scènes où il était impuissant, à la merci de l’autre et où il n’avait même pas la force de parler, cela l’écœurait rien qu’en y pensant.


En voyant ça, Shi Zhou n’en dit pas plus. Il lâcha Shen Jue, roula sur le côté et sortit du lit.

Il n’était pas stupide, comment aurait-il pu ne pas voir le dégoût bien caché dans les yeux de Shen Jue ? Mais il ne voulait pas le voir, alors il avait fait mine de rien et s’était dit que ce serait peut-être différent ce soir.

Shi Zhou sentit que Shen Jue avait besoin de rester seul un bon moment. Demain, ça irait mieux, cette soirée serait oubliée.

Shi Zhou sortit donc sans même mettre de manteau, ce qui surprit l’eunuque de garde à la porte. Le jeune eunuque vit les vêtements fins de Shi Zhou. Il baissa la voix et s’empressa de demander :

« Que fait le consort impérial dehors ? Le thé est froid ? »


Shi Zhou regarda le lit depuis la porte.

« Ce n’est rien, tu peux continuer à dormir. Je vais me coucher dans mes quartiers. Veille bien sur sa Majesté.

– Bien. »

Dès que l’eunuque répondit, il vit Shi Zhou sortir sans plus attendre. Il faisait un froid de canard la nuit et l’eunuque avait froid alors qu’il portait des vêtements épais et qu’il était emmitouflé dans une couverture. Il resta à fixer la direction dans laquelle Shi Zhou était parti, partagé entre la confusion et l’admiration.


* * *


Dans la chambre, Shen Jue s’était levé. Il n’appela pas l’eunuque de garde et se servit tout seule une tasse d’eau. Cependant, l’eunuque avait l’ouïe fine car dès qu’il entendit du bruit, il entra aussitôt d’un pas léger. Il se précipita en voyant l’empereur se servir de l’eau tout seul.

« Si votre Majesté veut boire de l’eau, appelez simplement ce serviteur. Ne vous brûlez pas les mains.

– C’est bon, je voulais juste me rincer la bouche, » fit Shen Jue d’un ton léger.

Dès que le petit eunuque entendit ça, il se précipita pour aller chercher une bassine d’eau et une serviette, et le servit attentivement. Shen Jue ne pouvait pas refuser même s’il l’aurait voulu. Finalement, sous les bons soins de l’eunuque, il finit de se rincer la bouche et retourna au lit.

L’eunuque sortit vider la bassine. Il revint après un moment pour remplir une théière d’eau chaude. Il ressortit de nouveau pour monter la garde dans le couloir.

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Sans Shi Zhou, le lit avait vite repris son aspect glacé. Shen Jue serra ses genoux contre lui et se recroquevilla en boule, mais il avait toujours froid.

Shen Jue n’aurait su dire combien de temps s’écoula : les bouillottes du lit se refroidirent. Il avait aussi les pieds gelés et il avait froid de partout. Le petit eunuque de service était en train de dormir à l’extérieur et il avait oublié qu’il était temps de changer les bouillottes.

Il y avait quelques nuits, cet eunuque était entré dans la chambre mais il avait aussitôt réveillé Shi Zhou. Le jeune homme lui avait immédiatement ordonné de sortir alors l’eunuque n’était pas revenu plusieurs jours d’affilée. Du coup, il avait oublié son devoir et dormait sur ses deux oreilles.

En effet, Shi Zhou dormait avec l’empereur durant la nuit. Même si l’eunuque ne venait pas changer les bouillottes, l’empereur dormait bien jusqu’au matin.

Mais ce soir, Shi Zhou n’était pas là.


Le vent glacial dehors agitait les fenêtres. Shen Jue tint le coup un moment, mais ne trouvait toujours pas le sommeil. Il dut se résoudre à sortir du lit. Il prit la fourrure de renard, la mit autour de lui et sortit de la chambre.

Dès qu’il sortit dans le couloir, il repéra l’eunuque. Ce dernier était encore jeune et c’était l’heure où il avait le plus sommeil. Alors il était en train de dormir paisiblement.

Shen Jue détourna le regard et se dirigea vers la sortie.

Quand il franchit les portes du palais, il vit les gardes impériaux. Dès que les soldats l’aperçurent, ils se mirent aussitôt à genoux et le saluèrent :

« Ce sujet présente ses hommages à sa Majesté. Que sa Majesté vive dix mille fois dix mille fois dix mille ans.

– Inutile de me saluer et ce n’est pas non plus la peine de me suivre. Je veux juste marcher un peu seul, » fit Shen Jue en s’avançant.


Les gardes impériaux échangèrent des regards et l’un d’eux avança d’un pas hésitant. À peine eut-il fait ce pas que Shen Jue tourna la tête vers lui. Ses splendides yeux de phénix étaient remplis d’un avertissement.

En voyant ça, le garde recula aussitôt.

Shen Jue reprit sa marche. Il ne savait pas vraiment où il allait, mais il ne voulait plus rester dans ce lit.


* * *


En chemin, il y avait des gardes qui faisaient leur ronde, mais Shen Jue refusa qu’ils le suivent. Il marcha donc seul dans ce vaste monde et la seule chose qu’il pouvait entendre à part le bruit de ses pas, c’était le vent.

À force de marcher et marcher, Shen Jue arriva en fait dans la forêt de pruniers rouges.

Bien que Shi Zhou avait saccagé cette forêt peu de temps auparavant, elle était restée vigoureuse, florissante et charmante. On aurait dit que c’était la dernière couleur vive dans ce monde de glace. Même dans la vaste scène nocturne, ces arbres restaient d’une beauté à couper le souffle.


Shen Jue s’enfonça dans la forêt de pruniers et finit par être fatigué d’avoir autant marché. Il s’assit simplement contre un prunier. Beaucoup de pétales étaient tombés au pied du prunier à cause du vent. Il en ramassa quelques-uns puis les regarda se faire emporter par le vent.

Il toussa faiblement, puis leva les yeux aux ciel. Bien qu’on soit le seizième jour du mois lunaire, la lune était encore très brillante et bien ronde comme une perle, de telle sorte qu’on ne pouvait pas voir les étoiles à côté d’elle. Shen Jue l’observa un moment, puis il crut entendre quelqu’un l’appeler :

« Votre Majesté ? Votre Majesté ? Où êtes-vous ? »

La voix venait de loin et était portée par le vent.


Shen Jue songea que quelqu’un s’était sans doute rendu compte qu’il avait disparu et qu’il était parti à sa recherche, de crainte que ce souffreteux ne meurt au premier mois de l’année lunaire.

Shen Jue voulut répondre mais ses jambes étaient engourdies et il ne pouvait pas parler très fort. Malgré ça, il cria plusieurs fois, mais personne ne sembla l’entendre.

À cet instant, Shen Jue se mit alors à rire. Peut-être que dans cette vie, il n’allait pas se faire tuer mais allait plutôt mourir de froid par sa propre faute.

Pendant que Shen Jue riait, des bruits de pas se firent entendre, d’abord loin puis tout près.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

L’autre personne s’avança en faisant des zigzags pour finalement s’arrêter devant Shen Jue. Il parut pousser un long soupir, puis se pencha pour poser une main sur le front de l’empereur.

Comparé à sa main, le front de Shen Jue était aussi froid que de la glace.

Après que cette main ait touché son front, elle s’abaissa pour finalement saisir sa nuque. Après ce léger contact, la main se retira.

« Votre Majesté, vous êtes très désobéissant, vraiment. »

La voix de cet homme était très douce.

« Tout le monde est à votre recherche. Si quelque chose arrivait à votre Majesté, que deviendrions-nous ? »


Shen Jue leva la tête pour regarder l’autre et cligna des yeux d’un air las.

« Vous n’aurez qu’à prendre un nouvel empereur. Il y a plein de gens qui rêvent de devenir empereur.

– Votre Majesté, vous ne voulez plus être empereur ?

– Non. »

Cela n’intéressait absolument pas Shen Jue d’être l’empereur. Où qu’il aille, il y avait toujours un groupe de gens derrière lui. Tout le monde ne se montrait respectueux envers lui qu’en façade, certains se montraient même ouvertement irrespectueux envers lui. Une vie pareille, ça ne rendrait personne heureux.


« Alors… Votre Majesté accepterait de partir avec ce sujet ? »

Un souffle de vent se leva à ce moment. Des pétales de prunier tombèrent des branches. Quelques-uns tombèrent sur les épaules et les longs cheveux de l’autre homme.

Cet homme se pencha pour regarder Shen Jue. Il y avait un léger sourire sur son visage de jade aux yeux limpides, mais sa main s’était déjà refermée sur le poignet de Shen Jue.


La parole à l’auteur :

Une certaine personne : J’étais en train de faire lentement bouillir une grenouille dans l’eau froide, mais alors que la grenouille était à moitié cuite, quelqu’un me l’a piquée. Je n’ai donc pas d’autre choix que de changer de méthode.

Shen Jue : ? Qui est la grenouille ?


Note de Karura : Peut-on considérer qu’il s’agit d’un deuxième twist ? Je dirais que oui !

Que va devenir Shen Jue et surtout, comment va réagir Shi Zhou ?


Notes du chapitre :
(1) Les deux camps ne peuvent plus bouger leurs pions, c’est match nul. Je ne connais pas le terme aux échecs chinois, alors j’ai repris le terme aux échecs occidentaux.






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