Cent façons de tuer un prince charmant 161

Chapitre 161


Quand Shen Jue entendit ça, sa première réaction fut de retirer sa main. Mais son corps était bien trop faible, surtout après avoir marché si longtemps dans le vent glacial. Il se débattit longuement sans pouvoir se libérer. Au lieu de ça, il se fit directement porter par l’autre homme.

Bien que Wen Yurong soit élancé, il était étonnamment fort. Il souleva l’empereur par la taille et marcha très facilement avec lui.

« Où est-ce que tu emmènes ton empereur ? »

Shen Jue fixait en ce moment Wen Yurong avec une pointe de malaise et un peu de vigilance.

Wen Yurong émit un oh mais ne répondit pas directement. Il fit simplement d’une voix douce :

« Votre Majesté va bientôt le découvrir. »


Il porta ainsi Shen Jue un bon moment, puis arriva devant une paroi rocheuse. Shen Jue ne vit pas ce qu’il toucha, mais vit seulement qu’une partie du mur rocheux s’était ouverte vers l’intérieur.

Il y avait donc un tel passage secret à Nangong. Comment se faisait-il que Wen Yurong le connaisse ?

Le jeune homme transporta Shen Jue à l’intérieur du couloir rocheux et la porte se referma de nouveau. Shen Jue examina la porte et ressentit un frisson intérieur. Cette partie mobile de la paroi rocheuse était très bien connectée avec le reste. Même si on l’examinait de près, ce serait difficile de découvrir cette entrée.


À l’intérieur du passage rocheux, les murs sur les deux côtés avaient des perles lumineuses imbriquées dedans, ce qui suffisait à illuminer le chemin sous leurs pieds. Il y avait beaucoup d’embranchements dans ces tunnels. Wen Yurong marcha un bon moment avant de s’arrêter.

Le tunnel débouchait sur une grotte plus spacieuse avec un grand lit au milieu. Wen Yurong déposa Shen Jue sur le lit, puis se tourna pour prendre quelque chose d’une grande malle dans un coin. Shen Jue se rendit compte que l’autre tenait des vêtements.


Wen Yurong retourna près du lit. Il regarda Shen Jue qui était très pâle mais continuait pourtant à le fixer avec méfiance. Le coin de ses lèvres frémit un peu, puis il s’assit au bord du lit. Il attira de force Shen Jue vers lui, puis commença à défaire la ceinture du manteau en fourrure de l’empereur.

Naturellement, Shen Jue n’était pas d’accord. Il rabaissa sa main.

« Tu es bien présomptueux ! »

Dès qu’il eut dit cela, le jeune immortel devant lui soupira, mais il y avait une lueur amusée dans son regard. Il repoussa la main de Shen Jue et fit d’une voix douce :

« Cela fait très longtemps que ce sujet voulait être présomptueux. »


* * *


Wen Yurong avait échangé les vêtements de Shen Jue contre d’autres qui n’arboraient aucune preuve de son identité impériale. Il retira même le bracelet d’agates vertes à son poignet.

Shen Jue avait si froid que ses pieds et ses mains étaient rigides. Il ne pouvait donc absolument pas lutter contre Wen Yurong. Après l’avoir changé, Wen Yurong le souleva de nouveau mais cette fois, il recouvrit d’abord les yeux de Shen Jue d’un bandeau noir afin que l’autre ne puisse rien voir, et il lui attacha aussi les mains.

Shen Jue ne pouvait donc plus qu’entendre les bruits de pas de Wen Yurong. Il ignorait où l’autre l’emmenait. Après avoir marché un bon moment, Shen Jue entendit le bruit sourd de la pierre qui bougeait et sentit en même temps le vent glacial sur son visage.

Ils étaient de nouveau dehors.


Cette fois cependant, Wen Yurong ne s’arrêta pas mais continua à marcher. Après encore un long moment, Shen Jue se fit poser au sol. Il put alors sentir qu’il était adossé contre un gros rocher.

Quelque chose se posa doucement sur sa joue.

« Votre Majesté, attendez ce sujet ici. Ce sujet revient très vite. »

Wen Yurong partit.

Shen Jue leva aussitôt les mains pour mordre la corde enroulée autour de ses poignets. Malheureusement, il ne pouvait pas voir comment la corde était nouée. Il eut beau mordiller longuement, il ne parvint pas à ronger la corde. Entre-temps, Wen Yurong était déjà revenu.


En voyant l’empereur tenter de ronger la corde, Wen Yurong eut un rire silencieux. Il souleva de nouveau l’empereur en le serrant contre lui. Il avait été chercher un carrosse quelque part et il transporta Shen Jue à l’intérieur.

Il posa une couverture sur Shen Jue et plaça quelques bouillottes en-dessous.

« Votre Majesté, dormez un peu. Ce sujet vous réveillera quand nous serons arrivés. »

Shen Jue avait toujours le bandeau sur les yeux. Il ne pouvait donc pas voir Wen Yurong devant lui. Il demanda simplement d’un air impassible :

« Où est-ce que tu m’emmènes ? »

Après un silence, il ajouta :

« Wen Yurong, si tu laisses cet empereur repartir maintenant, je ferai comme si rien ne s’était passé. »

Wen Yurong ne dit rien. Il se tourna simplement et sortit du carrosse.


Shen Jue ignorait où est-ce que Wen Yurong voulait conduire le carrosse. Il ne pouvait actuellement rien voir et ne pouvait pas vraiment réagir. Wen Yurong avait été capable de le faire sortir en si peu de temps, cela avait été clairement préparé à l’avance. Mais pourquoi Wen Yurong faisait ça ?

Se pouvait-il qu’il soit lui aussi rené ?

Hormis cette explication, Shen Jue ne pouvait songer à aucune autre possibilité. Dans cette vie, Wen Yurong et lui n’avaient pas passé plus de deux mois ensemble et la plupart du temps, ils se comportaient comme un empereur et un officiel, sans le moindre débordement Tu oublies que tu t’es jeté dans ses bras dès les premiers jours pour rendre Shi Zhou jaloux ! (1). Shen Jue ne pensait pas qu’en à peine deux mois, un érudit de l’Académie Hanlin avec un brillant avenir devant lui serait capable de kidnapper l’empereur.


* * *


Mais Shen Jue n’eut guère le temps de penser à tout ça car il sombra rapidement dans l’inconscience. Quand il se réveilla, il se retrouva dans une chambre avec un jeune homme inconnu assis à côté de lui.

Quand cet homme parla, il sut que c’était Wen Yurong.

Le visage n’était plus le même, mais il était facilement reconnaissable à sa voix douce.

« Votre Majesté, vous êtes enfin réveillé. »

Il tendit la main et ramena quelques mèches éparses derrière les oreilles de Shen Jue.

« Mais à présent, je ne peux plus vous appeler votre Majesté puisque nous avons déjà quitté Nangong. »

Shen Jue regarda le jeune homme devant lui d’un air peu amène.

« Quel est cet endroit ?

– C’est une auberge. »


Wen Yurong l’aida à se redresser.

« Buvez d’abord votre médicament. Vous avez dormi pendant deux jours. Encore un jour de médicament et vous irez mieux. »

Deux jours ?

Shen Jue aurait pensé qu’il ne s’était écoulé que quelques shichen. Jamais il n’aurait cru que deux jours étaient passés depuis le seizième jour du premier mois lunaire. Il regarda Wen Yurong mais n’eut pas d’autre choix que de prendre sur lui pour le moment. Après lui avoir fait boire le médicament, Wen Yuron se leva et sortit.

Dès que Shen Jue vit ça, il se leva aussitôt du lit. Toutefois, il avait vraiment sur-estimé sa condition physique : dès qu’il posa pied par terre, il s’effondra faiblement et se cogna douloureusement les genoux au sol. Il serra les dents et tenta de se relever en prenant appui sur ses mains. Il eut beau s’y reprendre à plusieurs fois, il n’y arriva pas. Par contre, Wen Yurong eut le temps de revenir.


Le jeune homme ne fut pas du tout surpris de voir Shen Jue par terre. Il s’avança juste pour le relever, puis ordonna au serveur qui portait de l’eau chaude à la porte de remplir la baignoire.

« Grand frère, que dirais-tu d’un bon bain ? » fit Wen Yurong en appelant ainsi Shen Jue en présence du serveur.

Pendant l’autre jeune homme versait l’eau, il sourit et fit à Wen Yurong :

« Monsieur, vous êtes si gentil avec votre grand frère. Vous l’avez veillé nuit et jour depuis votre arrivée et vous avez même préparé son médicament. Le Ciel soit loué, il s’est réveillé, c’est une bonne chose.

– En, » répondit Wen Yurong.

Il n’avait pas bâillonné Shen Jue mais son excès de calme fit une drôle d’impression à Shen Jue.


Dès que le serveur partit, Shen Jue demanda :

« Qu’est-ce que tu as fait ? »

Wen Yurong le fixa avec tendresse.

« Je leur ai dit que tu étais malade et un peu dérangé. Alors peu importe ce que tu dis, personne ne te croira. »

Le visage de Shen Jue arbora une expression encore plus hideuse en apprenant ça.

« Pourquoi tu fais tout ça ? Tu n’as donc pas peur ? »

Wen Yurong ne répondit pas à la première question mais à la deuxième directement :

« Je n’ai pas peur. Personne n’osera ébruiter ta disparition, à moins qu’ils ne soient fous. Même quand l’impératrice douairière apprendra ta disparition, elle ne se lancera pas dans des recherches en fanfare. Cela ne pourra se faire que secrètement et elle va cacher ça aux ministres militaires et civils. »

Après ça, il le souleva et fit :

« Tu vas d’abord prendre un bain, puis nous irons manger. Après avoir dormi durant deux jours, tu dois être affamé, non ? »


Shen Jue se rendit compte qu’il ne pouvait pas échapper à Wen Yurong pour le moment. Il ne pouvait que supporter ça. En même temps, beaucoup de pensées défilèrent dans son esprit : Wen Yurong avait renoncé à son avenir pour enlever un empereur maladif. Il devait y avoir une raison derrière tout ça, mais laquelle ?

Il avait sa petite idée sur la question.

Wen Yurong était rené, mais il lui avait caché ce fait, tout comme il l’avait caché à Shi Zhou. Et quand il avait vu que Shi Zhou et lui devenaient de plus en plus proches, il avait commencé à perdre le contrôle de soi.


Shen Jue songea au mariage de Wen Yurong et Shi Zhou dans la vie précédente. Il ignorait ce qui s’était passé entre eux dans cette autre vie, mais il semblait à présent que les deux n’avaient plus aucun sentiment l’un pour l’autre, que ce soit Wen Yurong ou Shi Zhou. Dès que l’un parlait de l’autre, ses yeux étaient bien trop calmes. Cela ne ressemblait pas du tout à un couple.

Se pouvait-il que Wen Yurong soit amoureux de lui ? Cela voulait-il dire qu’il pouvait le tuer ?

Shen Jue réfléchit un bon moment sur ce sujet, puis décida de prendre sur lui pour le moment et d’attendre l’occasion de tuer Wen Yurong. Mais dans les jours qui suivirent, il ne put rien toucher qui aurait pu blesser quelqu’un. Même ses cheveux étaient retenus par un ruban, et non un guan.


* * *


Quand Shen Jue alla mieux, Wen Yurong l’emmena de nouveau sur la route. Shen Jue ne s’était pas regardé dans le miroir depuis des jours, mais il avait deviné que Wen Yurong avait aussi modifié son visage.

Quand ils quittèrent la cité, ils se firent arrêter et fouiller. Un officier souleva le rideau du carrosse et regarda à l’intérieur. Wen Yurong était à côté de lui et expliqua d’une voix amicale :

« C’est mon grand frère à l’intérieur. Il n’est pas en bonne santé. Je l’emmène justement au sud pour consulter un médecin. »

L’officier examina attentivement Shen Jue. L’homme était couvert d’une épaisse couverture et seule la moitié supérieure de son visage était visible.


« Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ? Il est très habillé et sous une couverture épaisse. »

L’officier jeta un regard soupçonneux à Wen Yurong.

« Mon grand frère est tombé à l’eau quand il était petit et depuis, il est très sensible au froid. Il a froid en permanence, toute l’année. J’ai été voir bien des médecins, mais aucun n’a rien pu faire pour mon grand frère. Alors cette fois, je descends au sud pour consulter un autre docteur. Si je parviens à faire guérir le froid de mon grand frère, alors je pourrai retrouver mes parents la tête haute dans l’autre monde, » expliqua Wen Yurong en soupirant doucement.


Une fois déguisé, il n’était plus qu’un simple jeune homme aux traits fins, habillé comme un lettré. Mais même sans son splendide visage, son tempérament n’avait pas changé. Chaque froncement de sourcil et chaque sourire appelaient la compassion et la tendresse. Ce fut au point qu’après avoir entendu son récit, l’officier lui adressa quelques paroles de réconfort puis les laissa y aller.

Allongé dans le carrosse, Shen Jue trouva tout ça très ironique. Sans surprise, il n’y avait personne au monde que Wen Yurong ne pouvait pas berner. Il était très intelligent et n’hésitait pas à employer tous les moyens à disposition.


* * *


Ils descendirent donc vers le sud. Bien qu’il y avait plusieurs points de contrôle sur la route, Wen Yurong ressortit sa petite histoire à chaque fois et s’attira la sympathie des gens.

Chaque matin, avant de se mettre en route, Wen Yurong faisait boire un bol de médicament à Shen Jue. Ce dernier ignorait ce que c’était mais après l’avoir pris, il était si faible qu’il n’arrivait plus à parler et parfois, il ne pouvait que rester allongé, groggy.

En plus, il buvait plein d’autres médicaments, trois fois par jour, et cela ne s’arrêtait pas. Même s’il faisait exprès de renverser le bol, Wen Yurong lui en préparait un nouveau aussitôt.


Ce fut ainsi qu’ils se dirigèrent vers le sud et le temps sembla filer comme un rien. Deux mois s’écoulèrent ainsi. Comme dans les vies précédentes, Shen Jue resta inconscient pendant plus de vingt jours. Le temps était bien plus chaud mais il ne pouvait que rester allongé dans le carrosse. Il n’avait même pas la force de se mettre assis.

Après deux nuits à la belle étoile, ils entrèrent finalement dans une ville.

Au moment où ils franchirent les portes après une inspection, Shen Jue jeta un coup d’œil au-dessus des portes de la cité et vit deux caractères marqués sur la plaque en argent suspendue à l’entrée de la cité —

Jinling.

Ils étaient arrivés dans la cité de Jinling.

C’était le fief du prince Jinling, et l’empereur qui avait remplacé Shen Jue dans la vie précédente était justement le petit-fils de ce prince Jinling. Pourquoi est-ce que Wen Yurong l’avait emmené ici ?


* * *


Une fois entré dans la cité, Wen Yurong emmena d’abord Shen Jue pour loger à l’auberge. Dès le lendemain, il l’emmena dans une petite maison avec deux petits bâtiments et il engagea un serviteur.

Le serviteur était muet et s’occupa des grosses corvées de la journée.

Une fois dans la maison, Shen Jue retrouva enfin un peu de force et il put se lever du lit. Wen Yurong s’absenta durant la journée mais il ordonna au serviteur de faire boire le médicament à Shen Jue. Quand Shen Jue le renversa, le serviteur retourna préparer la décoction, faisant des allers-retours sept fois, huit fois. Quand Shen Jue aperçut plusieurs cloques sur les mains de l’homme, il se pinça les lèvres et n’eut pas d’autre choix que de boire le médicament.


Même en l’absence de Wen Yurong, Shen Jue ne put sortir de la maison parce que dès que le serviteur le vit s’approcher de la porte de la cour, il se précipita pour l’arrêter, le poussa vers l’intérieur et lui fit des signes des mains comme pour lui dire quelque chose. Shen Jue ne comprit pas alors il ne put que froncer les sourcils et faire :

« Je veux sortir, ne m’en empêche pas. »

Le serviteur secoua la tête comme un hochet tambour, refusant de laisser Shen Jue sortir. Ce dernier fut très furieux, mais il ne put rien faire d’autre à part rentrer.


Mais quand Wen Yurong revint le soir, le serviteur s’adressa aussitôt à lui par signes et il sembla avoir beaucoup de choses à dire. Wen Yurong l’observa sans un mot. Quand le serviteur s’arrêta de gesticuler, il fit gentiment :

« Tu as fait du bon travail. Va te reposer, hein ? Ça a été dur pour toi aujourd’hui. »

Quand le serviteur entendit Wen Yurong le féliciter, son visage se transforma en une brioche à la vapeur souriante, couvert de plis. Ce n’était absolument pas la tête qu’il faisait avec Shen Jue.


Wen Yurong finit par congédier le serviteur avant d’entrer dans la chambre. Il regarda Shen Jue, qui faisait la tête assis sur un tabouret, et sourit :

« Il pense que tu es dérangé, alors il ne te laissera pas sortir. »

Shen Jue le fixa du regard .

« Qu’est-ce que tu veux faire au juste ? »

Wen Yurong ne lui avait pas dit pourquoi ils étaient venus dans la cité de Jinling et depuis tout ce temps, il n’avait pas touché Shen Jue. C’était comme s’ils étaient vraiment frères.

« Attendre, » répondit simplement le jeune homme.


* * *


Voyant qu’il ne pouvait pas s’échapper, Shen Jue tenta de trouver quelque chose pour tuer Wen Yurong. Cependant, allez savoir que ce Wen Yurong avait dit au serviteur : si Shen Jue cassait une tasse, l’homme rassemblait les morceaux pour vérifier que la tasse était intacte avant de jeter le tout. Il n’y avait pas non plus d’objets tranchants dans la maison, sans parler de vases, de miroirs de bronzes. Les chandeliers étaient cloués très solidement, Shen Jue ne pouvait pas les soulever.

Incapable de s’enfuir et incapable de tuer Wen Yurong, cela rendit peu à peu Shen Jue anxieux. Il ne savait vraiment pas que ce comptait faire le jeune homme.


Mais alors le temps devenait bien chaud et que l’été avait officiellement débuté, Shen Jue se rendit soudain compte qu’il commençait à oublier des choses.

Il se rappelait qu’il avait eu avant un bracelet d’agates, mais il ne se souvenait plus de la couleur.

Au début, il n’oublia que des petites choses. Mais par la suite, il se rendit compte qu’il ne pouvait plus du tout se souvenir du visage de Tong Meng’Er.

Cela fit peur à Shen Jue. Il alla dans le bureau prendre du papier et un pinceau pour noter quelque chose. Quand il voulut reprendre le papier le lendemain, le document avait disparu.

Il avait écrit dessus hier les noms et titres des ministres du gouvernement au-dessus du troisième rang. Non seulement le papier avait disparu, mais il ne se rappelait même plus en détail de ces noms et titres.


Il alla voir le serviteur pour lui demander s’il s’était rendu dans le bureau. Le serviteur secoua la tête mais désigna les vêtements pendus dans la cour. C’était les vêtements de Wen Yurong qu’il montrait.

Quand Wen Yurong était entré dans le bureau, il avait sûrement vu le papier et l’avait alors pris avec lui. Ce n’était pas le fait qu’il ait pris le papier qui dérangeait Shen Jue. Ce qui l’inquiétait vraiment, c’était que les noms et titres des ministres dont il s’était encore rappelé hier, il ne s’en souvenait plus du tout. Il avait même oublié le nom du père de Shi Zhou.

Ce genre d’amnésie l’effraya énormément. En effet, il possédait le miroir à souvenirs dans son corps, miroir qui était censé l’aider à se rappeler clairement du passé. Même si certains détails pouvaient être flous ou mal rappelés, ce n’était absolument pas normal qu’il oublie quelque chose qu’il savait encore la veille, sans parler du fait qu’il ne se rappelait pas du visage de Tong Meng’Er.


Apparemment, Wen Yurong avait un travail à l’extérieur et il rentrait tard tous les soirs. Mais chaque fois qu’il rentrait, il ramenait une petite babiole à Shen Jue. Ce soir-là, il lui ramena un petit lapin.

Le lapin était tout blanc et enfermé dans une cage.

Wen Yurong posa la cage sur la table et fit :

« Tu dois t’ennuyer à force de rester à la maison toute la journée. Aujourd’hui, j’ai vu en passant des lapins vendus dans la rue, alors je t’en ai acheté un. Il te plaît ? »


Shen Jue resta debout dans la pièce et le fixa un bon moment avant de demander :

« Qu’est-ce que tu me donnes comme médicament tous les jours ?

– Un médicament pour ta maladie. »

Quand Wen Yurong vit son air sérieux, son sourire s’atténua un peu.

« Pourquoi tu fais une tête pareille ? »

Shen Jue détourna le visage et fronça les sourcils, sentant que quelque chose n’allait pas. Il n’avait encore jamais été dans une situation pareille dans les autres vie. Wen Yurong mentait forcément, il devait y avoir autre chose dans le médicament qu’il buvait, mais qu’est-ce qui pouvait provoquer cet oubli ? Au point de contrer les effets du miroir à souvenirs ?


« Quel est le problème ? »

Wen Yurong fit un pas et tendit la main pour toucher le front de Shen Jue. Mais avant de le toucher, l’autre homme recula précipitamment d’un pas.

« Ne me touche pas. »

Le regard de Shen Jue trahissait sa nervosité. Il fixa Wen Yurong, ressemblant totalement à un oiseau apeuré.

Le sourire aux lèvres de Wen Yurong disparut totalement mais il ne se mit pas en colère. Il se contenta de hocher la tête.

« Bon, je vais prendre un bain. Et si tu allais te coucher ? »

Quand il sortit, il n’oublia pas non plus de prendre le lapin avec lui.


* * *


Le lapin resta et le serviteur se prit d’affection pour lui. Il le nourrissait tous les jours. Bien qu’enfermé dans sa cage la nuit, le lapin pouvait gambader librement dans la cour la journée. Souvent, il accourait aux pieds de Shen Jue.

Shen Jue ne s’intéressait pas du tout à cet animal, alors il regarda ailleurs. Quelque chose lui pesait désormais sur le cœur alors il refusa de continuer à boire ce médicament. Du coup, il renversa tous les bols aujourd’hui. Le serviteur renonça au bout de la dixième fois, mais dès que Wen Yurong revint le soir, il s’empressa de dénoncer Shen Jue en se plaignant vigoureusement.


Il dit que Shen Jue s’était mal comporté et avait refusé de boire son médicament. Avec un tel comportement, ce n’était pas comme ça que sa folie allait guérir. Le serviteur était fermement convaincu que Shen Jue souffrait de troubles mentaux car les gens sains d’esprit ne résisteraient pas autant à boire un médicament.

Après que Wen Yurong l’ait entendu se plaindre, il se rendit dans la cuisine. Il prépara le médicament pour Shen Jue et l’emmena dans la chambre. Il n’obligea pas Shen Jue à boire mais fit d’un ton léger :

« Si tu refuses de boire, alors je n’aurai pas d’autre choix que de faire quelque chose d’autre. »


* * *


Cette nuit-là, alors que le serviteur s’était endormi, il entendit Wen Yurong l’appeler pour faire chauffer de l’eau. Le serviteur s’habilla dans un état second et se rendit en cuisine pour mettre de l’eau à chauffer. Quand il transporta l’eau dans la chambre, il entendit quelques bruits très légers.

Il jeta un coup d’œil curieux et fit Shen Jue allongé à plat ventre sur le lit avec des nuages rouges anormaux sur son visage pâle. Il était en train de tendre la main, comme pour attraper le bol vide posé sur un tabouret à côté du lit.

Wen Yurong remarqua ça et prit directement le bol pour le donner au serviteur qui avait fini de verser l’eau.

« Bon travail. Tu peux retourner te coucher. »


Le serviteur hocha la tête et repartit avec le seau vide et le bol. Wen Yurong referma la porte à clef dès que l’autre fut parti. Il s’avança ensuite au bord du lit et souleva l’homme allongé dessus. Il caressa la tête de Shen Jue et le réconforta d’un ton chaleureux :

« Tout va bien, ne sois pas fâché. Je t’ai juste aidé avec ma main, je n’ai touché à rien d’autre. »

À ces mots, Shen Jue grinça des dents et laissa Wen Yurong le tenir pour prendre un bain, le visage raidi.


Note de Karura : Brave petit Wen Yurong, profite bien de la situation !


Notes du chapitre :
(1) Tu oublies que tu t’es jeté dans ses bras dès les premiers jours pour rendre Shi Zhou jaloux !






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