Chapitre 196
Quand Shen Jue se réveilla, on était déjà le quatrième jour. Il avait eu un sommeil très reposant, sans le moindre cauchemar. Par contre, il avait eu l’impression qu’un moustique bourdonnait à ses oreilles de temps en temps.
Puis il avait apparemment frappé ce moustique. Il avait dû l’écraser car le moustique avait cessé de bourdonner.
Les longs cils de Shen Jue frémirent et il ouvrit lentement les yeux. Il contempla le ciel un moment avant de prendre forme humaine et de s’asseoir lentement. Son cerveau était encore embrumé, vu qu’il venait tout juste de se réveiller. Au bout d’un long moment, il tourna la tête et croisa une paire d’yeux dangereux.
Les fins yeux de renard le regardaient directement, avec une légère lueur à l’intérieur.
Fu Jiuyin ne changea pas d’expression en voyant que Shen Jue était réveillé.
« Tu as suffisamment dormi ?
– En. »
Shen Jue sentit que l’autre se comportait un peu étrangement. Il posa le regard sur Jie Chen et se rendit compte que le jeune homme ne s’était toujours pas réveillé. Son teint ne s’était même pas amélioré.
« J’aurais cru que tu allais dormir sept à huit jours avant de te réveiller, » commenta Fu Jiuyin d’une voix sombre.
Shen Jue se leva et examina Jie Chen de plus près.
« Il n’a toujours pas repris connaissance ? »
Une ombre passa sur le visage du renard.
« En. J’ai eu beau utiliser mon pouvoir spirituel pour l’aider à calmer le sien, cela n’a pas eu beaucoup d’effet. Sa mer de connaissances est un vrai bazar à présent, comme une maison en feu. J’ai bien essayé d’y entrer mais je n’y suis pas arrivé. Sa mer de connaissances repousse tout ce qui vient de l’extérieur. »
En expliquant cela, il regarda fixement la tête de Shen Jue. Le dragon ne s’était pas encore rendu compte des petites excroissances sur sa tête, mais Fu Jiuyin les avait déjà remarquées.
« Tu as bien progressé dans ta cultivation, hein ? Je me suis aperçu que les progrès qu’on fait ici ne sont pas réprimés. Au fait, tes cornes de dragon ont commencé à pousser. »
Dès que Fu Jiuyin eut fini de parler, Shen Jue leva la main pour toucher sa tête. Effectivement, il sentit une paire de petits choses dures. Il n’avait pratiqué qu’une fois la double cultivation avec le renard, pourtant même ses cornes avaient poussé.
Une fois que les cornes auraient totalement poussé, il pourrait se transformer complètement en dragon et atteindre le neuvième ciel. Alors si sa paire de cornes poussait un peu plus, ne serait-il pas capable de s’envoler hors de la Vallée du Brouillard Empoisonné ?
Une lueur défila dans ses yeux, puis il entendit Fu Jiuyin reprendre :
« Petit dragon puant, tu as encore plus augmenté ton niveau de cultivation. Aide-moi à voir si tu ne peux pas entrer dans la mer de connaissances de Jie Chen et le réveiller. Si tu y arrives, tu pourras me demander tout ce que tu voudras.
– Et si je n’arrive pas à le réveiller ? » demanda Shen Jue en retour.
Fu Jiuyin releva ses yeux de renard.
« Dans ce cas, je n’aurai qu’à t’apporter de nouveau du fortifiant afin que ta paire de petites cornes de dragon pousse plus vite, hein ? »
Ces paroles étaient si indécentes que Shen Jue manqua de s’étouffer. Il lui fallut un bon moment avant de pouvoir jurer :
« Dégage. »
Malgré tout, Shen Jue décida de voir comment allait Jie Chen. Mais puisque même Fu Jiuyin ne pouvait rien y faire, il n’avait que peu d’espoir. S’il acceptait de l’aider, c’était juste qu’il ne voulait pas que Fu Jiuyin lui en veuille si Jie Chen mourait par la suite.
Avant la double cultivation, le pouvoir spirituel dans le corps de Shen Jue avait été pratiquement épuisé. Rien qu’invoquer le cône de glace lui avait demandé beaucoup d’efforts. Mais à présent, son pouvoir spirituel actuel n’avait plus rien à voir, il était presque plein. Shen Jue jeta un regard à Fu Jiuyin, puis pressa soigneusement son front contre celui de Jie Chen. Il ferma les yeux et pénétra dans le corps du jeune homme grâce à son pouvoir spirituel.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Ce pouvoir spirituel était comme un fil qui transportait la conscience de Shen Jue. Une fois entré, Shen Jue vit le pouvoir spirituel dans le corps de Jie Chen s’agiter dans tous les sens. Après avoir cherché un moment, il finit par apercevoir la mer de connaissances du jeune homme.
À présent que le maître des lieux était inconscient, les portes de sa mer de connaissances étaient closes. Des flammes turbulentes engouffraient les portes, empêchant quiconque de s’approcher.
Shen Jue envoya prudemment son pouvoir spirituel le plus près possible. À présent que Jie Chen souffrait d’une déviation de Qi, si Shen Jue n’y prenait pas garde, il pourrait subir un choc en retour à cause du pouvoir spirituel chaotique dans le corps du jeune homme.
Son pouvoir spirituel fit le tour autour des portes. Avec circonspection, il effleura le feu sur la porte. À sa grande surprise, les flammes disparurent aussitôt et les portes de la mer de connaissances s’ouvrirent en grand.
Shen Jue en resta un moment interloqué. Aussitôt après, il mobilisa son pouvoir spirituel pour entrer dans la mer de connaissances de Jie Chen. Il s’y était déjà rendu auparavant. À l’époque, l’endroit était teinté de rouge mais à présent, la mer de connaissances avait brûlé pour devenir complètement noire. Les flammes dans le fourneau à quatre pieds au centre étaient misérablement petites cette fois, rien à voir avec ce que cela avait été cinq ans plus tôt.
Quand Shen Jue s’approcha du fourneau, les flammes se ravivèrent tout à coup jusqu’à prendre lentement forme humaine.
C’était l’Être de Jie Chen.
Il avait l’air un peu plus mûr que cinq ans plus tôt. Son apparence était passée d’un adolescent à un jeune homme. Il portait une tunique noire et un sourire apparut sur son splendide visage. Il sauta du fourneau à quatre pieds.
L’instant d’après, il tendit la main pour saisir le pouvoir spirituel de Shen Jue.
Ce dernier sentit une vive douleur. Quand cela passa, il se tenait déjà au beau milieu de la mer de connaissances. C’était exactement ce qui s’était passé cinq ans auparavant.
« Jiuyin, te voilà. Tu es enfin revenu ! »
L’Être contempla Shen Jue avec un regard brûlant, puis il éclata d’un rire ravi. Son visage avait clairement une beauté froide, pourtant il souriait d’un air tendre comme un enfant.
Le nom ‘Jiuyin’ fit sursauter Shen Jue.
Il reprit ses esprits et voulut retirer sa main de la prise de l’Être. Il se rendit compte qu’il n’arrivait pas à se libérer.
« Je ne suis pas Fu Jiuyin, tu fais erreur. »
Shen Jue fronça les sourcils et son ton se fit un peu sec.
« Fu Jiuyin t’attend dehors. Réveille-toi vite, sors de ce sommeil. »
À ces mots, l’Être rit de nouveau. Il fit même un autre pas vers Shen Jue, comme pour le prendre dans ses bras.
« Mon Jiuyin, jamais je ne pourrai te confondre avec un autre. Même si tu changes de visage, je peux toujours sentir ton aura. Bien que je sois dans la mer de connaissances, j’ai conscience de tout ce que ce corps a vécu, encore bien plus que Jie Chen lui-même. C’est toi qui m’as embrassé dans la salle de bains, n’est-ce pas ? »
Shen Jue se renfrogna encore plus et recula d’un pas.
« Tu fais vraiment erreur : je ne suis pas Fu Jiuyin et… je ne t’ai jamais embrassé. Tu te trompes ! »
L’Être poussa un léger soupir.
« Tu mens à nouveau. Alors je vais te montrer. »
Il leva subitement la main et l’agita dans les airs. À ce moment, deux silhouettes translucides apparurent soudain devant lui. L’un d’eux avait le visage de Jie Chen tandis que l’autre avait exactement le vrai visage de Shen Jue.
Ces deux personnes ne semblaient pas capables de voir Shen Jue et l’Être, ils parlaient comme s’ils étaient seuls.
« … Je n’arrivais pas à dormir, alors j’ai eu envie de te voir. Mais je n’aurais jamais pensé…
– Arrête tes histoires… »
…
« Jiuyin, tu… arrête tes plaisanteries. Retourne vite dans la chambre, hein ?
– Hé ! »
Soudain, les deux personnes s’embrassèrent, ce qui rendit brûlant le visage de Shen Jue.
Ce… N’était-ce pas la scène dans la salle de bain où il s’était fait passer pour Fu Jiuyin afin de faire avaler la pilule à Jie Chen ? Comment l’Être avait-il pu voir ça ? En plus, il avait fait apparaître le vrai visage de Shen Jue ?
Quand Shen Jue avait fait ça, il n’avait pas ressenti de honte sur le moment. Mais à présent qu’il voyait la scène se rejouer sous ses yeux et en plus en voyant quelqu’un arborant son propre visage se faire passionnément embrasser par un autre homme, le visage de Shen Jue devint tout rouge et il fut incapable de prononcer le moindre mot.
À côté de lui au contraire, l’Être observait la scène avec plaisir. Il se caressait le menton et se penchait même pour mieux voir. Shen Jue ferma les yeux et expulsa deux mots de ses mâchoires serrées :
« Ça suffit ! »
Les deux personnes continuèrent de s’embrasser. L’Être pointa la tête de derrière eux.
« Tu es prêt à reconnaître que tu m’as bien embrassé ? »
Shen Jue se pinça les lèvres un moment avant de hocher la tête.
L’Être eut un léger rire et il leva de nouveau la main. Les deux qui s’embrassaient disparurent, mais la chaleur sur le visage de Shen Jue ne pouvait pas se dissiper aussi facilement.
« Tu m’as menti deux fois il y a cinq ans, ne t’imagine pas que ce sera aussi facile de me mentir cette fois. »
L’Être s’approcha de Shen Jue.
« Tu es venu pour continuer avec moi ce que tu n’as pas fini il y a plusieurs années ? »
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Voyant l’autre se rapprocher de plus en plus, Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de tendre la main pour le maintenir à l’écart.
« Est-ce que tu sais que ton corps est en train de mourir ? Tu ne peux pas laisser ton Qi interne s’agiter davantage dans ton corps. Jie Chen, il est temps pour toi de te réveiller. »
L’Être baissa les yeux sur la main de Shen Jue posée sur son torse et fit d’une voix rauque :
« C’est toi qui m’a donné la pilule et m’a abandonné aux mains des hommes de la secte des Âmes Ténébreuse. Je croyais que tu ne voulais pas que je me réveille. »
Ces mots furent comme un coup de tonnerre qui explosa directement dans les oreilles de Shen Jue. Il s’avérait que l’Être de Jie Chen était au courant de tout.
« Tu… »
Sur le coup, Shen Jue ne savait plus que dire.
En voyant ça, l’Être partit d’un léger rire. Il saisit la main de Shen Jue et la garda dans sa paume. Il fit d’un ton calme :
« Tu veux que je me réveille tout de suite ? Tu le souhaites vraiment ? »
Le regard de Shen Jue se fit compliqué. Il était vrai qu’il aurait plutôt préféré que Jie Chen meure. Mais si le jeune homme agonisait lentement devant Fu Jiuyin, comment le renard pourrait-il ensuite tomber amoureux de lui ?
Mais une fois que Jie Chen serait réveillé, Fu Jiuyin ne lui accorderait même plus un seul regard.
Il se pouvait que l’Être ait deviné un peu les pensées de Shen Jue : il releva la tête et ses yeux étaient profonds.
« Tout va bien, tu peux me dire ce que tu penses. Si tu veux que je me réveille, alors je me réveillerai. Le problème, c’est que Jie Chen ne sera pas capable de reprendre conscience avant un bon bout de temps, alors c’est moi qui me réveillerai. »
Le froncement de sourcils de Shen Jue se détendit un peu. Au bout d’un moment, il fit d’un ton solennel :
« Je veux que tu te réveilles. Réveille-toi le plus vite possible, ne meurs pas. »
L’Être sourit de nouveau à ces mots, mais ce n’était plus le doux sourire du début. Cette fois, ce sourire était étrangement sinistre. Il se pencha vers Shen Jue et voyant que l’autre cherchait à reculer, il passa un bras autour de sa taille.
« Tu dis que ton nom n’est pas Jiuyin, alors comment tu t’appelles ? Tu dois me dire ton nom. »
Les sourcils de Shen Jue, qui n’avaient pas encore eu le temps de se lisser, se froncèrent de nouveau. Pourquoi fallait-il que cet Être apprécie autant de le toucher, de le serrer dans ses bras et de l’enlacer ?
Tout en tirant sur la main de l’autre pour se dégager, il répondit :
« Appelle-moi simplement Yu Qing.
– Oh, fit l’Être sans le lâcher, tu ne te faisais pas appeler Shen Jue avant ? Cet homme-serpent t’avait appelé Shen Jue, et le renard aussi. Tu ne te sers plus de ce nom ? »
Shen Jue redressa la tête pour regarder l’autre d’un air choqué. Quand l’Être vit Shen Jue le fixer sans réagir, il pencha rapidement la tête pour l’embrasser.
Il se fit ensuite gifler.
Un peu triste, il porta une main à son visage.
« Pourquoi tu m’as frappé ?
– Pourquoi tu m’as embrassé ? »
Shen Jue était vraiment furieux.
L’Être se sentit encore plus victime d’une grande injustice.
« Tu m’as embrassé avant mais moi, je ne t’ai pas frappé, ah. »
Shen Jue marqua une pause avant de répondre :
« Tu m’as embrassé la dernière fois, alors c’était un cadeau de remerciement. Mais si tu m’embrasses de nouveau, je t’offrirai une gifle en retour. »
L’Être se mordit les lèvres et fit d’un ton boudeur :
« Vraiment ? Je n’aime pas ce cadeau de remerciement. »
Shen Jue arrivait de moins en moins à comprendre l’Être de Jie Chen. Parfois il avait l’air très intelligent et savait tout, ce qui était effrayant, mais parfois il agissait comme un enfant d’à peine trois ou quatre ans.
Dans tous les cas, Shen Jue ne tenait pas à rester plus longtemps dans la mer de connaissances de Jie Chen, alors il pressa l’autre :
« Réveille-toi vite, j’y vais le premier. »
Une fois que le pouvoir spirituel de Shen Jue se retira, l’Être se rassit lentement au bord du fourneau à quatre pieds. Un étrange sourire apparut sur son beau visage pâle.
La parole à l’auteur : Okay, okay, la situation traîne un peu trop en longueur. Même moi, j’ai cette impression. Comme c’est un peu lent, je ferais mieux de tuer un des personnages.
Sœur Chun, tu es morte.
Xue Wenchun : …
Note de Karura : Pour ma part, j’apprécie le sang de chien qui va suivre ~
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