Chapitre 205
Il se tenait là sans faire un bruit et sans bouger. Il regardait simplement Shen Jue, comme si ça lui était bien égal que l’autre parte.
Shen Jue garda le silence un bon moment, puis il fit demi-tour.
« En tout cas, je ne peux pas vivre dans cette grotte. »
Fu Jiuyin accepta cette fois. Il fit un signe du menton un peu arrogant, puis se tourna pour s’éloigner. En voyant ça, Shen Jue lâcha un soupir avant de le suivre.
Fu Jiuyin trouva une grotte bien plus grande que la précédente. Elle semblait avoir déjà un occupant, mais ce dernier était absent quand ils arrivèrent et il ne se montra plus pendant tout ce temps. L’occupant des lieux semblait bien plus propre que Fu Jiuyin : il y avait plusieurs petits objets à l’intérieur proprement rangés. Shen Jue vit des balles en laine et des tambours hochet, comme des jouets d’enfant.
Ces petits jouets semblaient dater. Shen Jue prit un tambour hochet et l’agita. Fu Jiuyin, qui se tenait à l’entrée de la grotte, regarda aussitôt dans sa direction.
Shen Jue s’en rendit compte et agita de nouveau le jouet. Il découvrit que les yeux du renard suivaient les petites billes de chaque côté du jouet. Il ne put s’empêcher d’étirer les lèvres vers le haut.
En voyant son sourire, Fu Jiuyin se figea un moment, puis il s’approcha à grands pas. Il tendit la main pour relever Shen Jue et fit d’une voix forte :
« Pourquoi tu t’intéresses si sérieusement à ces saletés ? Tu n’as pas dit que tu es venu me voir pour la double cultivation ? On va faire ça quand ? »
Après ça, une paire d’yeux de renard regarda directement Shen Jue. Les yeux partirent des cornes de dragon pour se baisser. Quand ils se posèrent sur la taille, Fu Jiuyin tendit les bras pour la saisir mais Shen Jue l’esquiva aussitôt.
« Pourquoi es-tu si pressé ? Il ne fait même pas encore nuit. »
Comparé à l’enthousiasme de Fu Jiuyin, Shen Jue semblait un peu indifférent. Après avoir dit ça, il agita une balle en laine devant les yeux du renard.
« Ça te plaît ? »
Fu Jiuyin y jeta un coup d’œil et son visage se renfrogna.
« Pourquoi j’aimerais un truc pareil ? »
Après ça, il vit Shen Jue jeter la balle en laine dehors.
Fu Jiuyin : « ??? »
Shen Jue : « … »
Bien que Fu Jiuyin appartienne à la famille des canidés, il n’était vraiment pas du genre à attraper une balle comme un chien.
Embarrassé, Shen Jue toussota deux fois sous le regard soupçonneux de l’autre homme.
« Puisque tu n’aimes pas ça, autant la jeter, non ? »
Il irait récupérer la balle plus tard parce qu’il n’était pas sûr si l’ancien occupant de la grotte allait revenir ou pas ensuite. Cela dit, il y avait de fortes chances pour qu’il n’ose plus jamais revenir.
Shen Jue rangea les affaires de l’ancien occupant et les plaça à quelques zhang de la grotte. Fu Jiuyin se tenait à l’entrée et plissait les yeux pour observer Shen Jue qui s’affairait. Il y avait une lueur de mécontentement dans ses yeux, mais il ne dit rien.
Il attendit la tombée de la nuit pour passer à l’action et entraîner Shen Jue dans la grotte.
L’endroit nettoyé par Shen Jue n’avait plus du tout le même aspect. Le lit de pierre était même recouvert d’un matelas propre. Fu Jiuyin tira Shen Jue vers le lit et voulut lui prendre la main, mais l’autre homme esquiva un moment.
« Fu Jiuyin, je suis un peu fatigué ce soir. J’ai grimpé la montagne pendant longtemps et j’ai nettoyé deux grottes. Tu pourrais d’abord me laisser dormir ? »
Fu Jiuyin fit mine de n’avoir rien entendu et réussit cette fois à le prendre dans ses bras. Mais avant qu’il ne puisse passer à la suite, deux mains un peu froides prirent son visage en coupe.
Shen Jue avait vraiment l’air épuisé. Son ton était bien plus gentil que d’habitude.
« Fu Jiuyin, tu veux bien te tenir ? Laisse-moi dormir un peu. »
Après ça, les mains sur les joues de Fu Jiuyin passèrent autour de sa nuque. Shen Jue enfouit son visage contre l’épaule de l’autre homme et bailla un peu. Il fit d’une voix faible :
« Reprends ta forme originelle et laisse-moi me blottir contre toi. Il fait un peu froid dans cette grotte. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Fu Jiuyin ne dit rien pendant un très long moment. Quand il s’aperçut que Shen Jue avait fermé les yeux, plusieurs émotions conflictuelles défilèrent dans son regard. Finalement, il s’allongea et se changea en silence pour prendre sa forme de renard.
En hiver, Fu Jiuyin avait son pelage d’hiver qui poussait. Les longs et épais poils d’hiver procuraient un oreiller des plus doux pour dormir. En fait, Shen Jue ne voulait pas vraiment dormir au départ mais quand il s’allongea sur cet ‘oreiller’, le sommeil s’empara de lui d’un coup.
Les dormeurs étaient toujours agités dans leur sommeil. Shen Jue s’endormit et non seulement il posa la tête sur le corps de Fu Jiuyin, mais il lui prit aussi deux queues et les tint serrées contre lui.
Quand Shen Jue se réveilla, il faisait complètement noir dehors, alors il ne pouvait pas dire quelle heure il était. Son regard se posa sur les deux queues de renard qu’il tenait dans ses bras, puis il les lâcha sans un mot. Dès qu’il se mit assis, le renard à neuf queues allongé à côté de lui ouvrit un œil.
« Réveillé ? demanda-t’il d’une voix très grave.
– En, » répondit doucement Shen Jue.
Il marqua une pause, puis tendit la main pour caresser le ventre du renard à neuf queues sur lequel il venait juste de dormir.
« Je n’étais pas trop lourd ? »
Après s’être fait caresser deux fois, Fu Jiuyin se tourna et coinça la main de Shen Jue sous son corps.
Il ne semblait pas vraiment apprécier qu’on lui caresse le ventre. Ses queues battirent le lit derrière lui avec agacement.
Shen Jue ne retira pas pour autant sa main. Il se réchauffa tranquillement les mains grâce au ventre du renard. Fu Jiuyin continua de le presser un moment, puis se rendit compte qu’il n’avait toujours pas l’avantage dans cette situation. Il se transforma aussitôt en humain et ses yeux de renard tournoyèrent tandis qu’il ronronnait.
« Maintenant, tu peux toucher autant que tu veux. »
Shen Jue retira aussitôt sa main de dégoût. Ensuite, il sortit des perles de nuit de son anneau de stockage. Il en déposa plusieurs dans différents endroits de la grotte afin de l’éclairer davantage.
Fu Jiuyin était allongé en travers du lit, le menton posé paresseusement sur une main tandis qu’il observait Shen Jue disposer les perles de nuit. Il trouvait que ce dernier s’embêtait vraiment pour rien : après tout, il pouvait voir clairement même sans ces perles.
Quand Shen Jue revint au lit, Fu Jiuyin l’attira près de lui.
Son visage était d’une beauté si ensorcelante qu’elle en devenait presque agressive aux yeux. Du coup, comme la lumière des perles de nuit était plus tamisée, cela adoucissait son visage.
« Tu as encore autre chose à faire ? »
Le sens était très clair.
Ce type avait pensé à la double cultivation toute la journée et toute la nuit.
Shen Jue prit un carré de soie de sa manche et l’attacha pour couvrir les yeux de Fu Jiuyin. Ce dernier voulut aussitôt le retirer, mais Shen Jue retint sa main.
« Ne bouge pas. Tu vas d’abord répondre à quelques questions. »
Il écarta la main de Fu Jiuyin et termina de nouer le tissu qui recouvrait les yeux de l’autre homme. Puis il lui toucha légèrement les oreilles du bout des doigts.
« As-tu pratiqué la double cultivation avec d’autres personnes pendant ce temps ? »
Fu Jiuyin se renfrogna.
« Non.
– Alors que s’est-il passé avec ces renardes ? »
Quand Fu Jiuyin entendit cette question, il prit un air encore plus irrité.
« Si tu n’as pas envie de pratiquer la double cultivation, tu n’as qu’à t’en aller. »
– Fu Jiuyin. »
Le ton de Shen Jue était sérieux. Il posa de nouveau les mains sur les joues de l’autre homme.
« Je te l’ai dit, j’ai une obsession pour la propreté. Si tu as pratiqué la double cultivation avec quelqu’un d’autre, je ne voudrai plus de toi. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il insista délibérément sur la dernière phrase. Si Fu Jiuyin avait brisé son contrat avec Jie Chen, c’était parce que le jeune homme avait blessé ses sentiments. En fait, Fu Jiuyin l’avait suivi pendant ces dernières années mais n’avait obtenu aucun bénéfice pour lui-même. Il s’était démené pour Jie Chen et avait même perdu sa liberté.
Le Fu Jiuyin d’origine pouvait faire tout ce qu’il voulait dans la Terre Interdite mais par la suite, quand il se rendit dans la secte des Eaux Célestes, il y avait une règle à gauche et une règle à droite. S’il ne les suivait pas, ces gens iraient en faire le reproche à Jie Chen alors pour le jeune homme, il avait dû se soumettre de nouveau.
Alors après avoir rompu le contrat, Fu Jiuyin avait quitté la secte pour se rendre au mont Huai et son comportement était devenu encore plus extrême que dans la Terre Interdite. Avant, il n’avait pas pour habitude de massacrer des animaux pour le plaisir mais là, en à peine un mois, il avait tué Dieu sait combien de bêtes.
C’était une sorte de vengeance : Fu Jiuyin voulait employer cette méthode pour prouver que sa vie était bien mieux qu’avant. Mais peu importaient ses efforts, il avait toujours l’impression que Jie Chen l’avait trahi et abandonné. C’était à ce moment que Shen Jue était apparu. Il était difficile d’apprivoiser un renard qui avait été abandonné, mais c’était toujours mieux que de devoir apprivoiser un renard qui avait déjà reconnu un autre pour maître.
Shen Jue voulait que Fu Jiuyin accepte subtilement son dressage.
Quand Fu Jiuyin entendit ses paroles, il retira le tissu de ses yeux qui étaient un peu sombres.
« Petit dragon puant, tu ne t’es pas gêné d’embrasser Jie Chen. Pourquoi tu m’interdis d’être intime avec d’autres personnes ? »
Shen Jue argua calmement :
« C’est moi qui ai pris l’initiative du baiser ? »
Fu Jiuyin marqua une pause.
« Non.
– Et ne l’ai-je pas frappé après ? » insista Shen Jue.
L’expression lugubre dans les yeux du renard diminua de moitié.
« Si.
– Et quand je t’ai embrassé, n’est-ce pas moi qui ai pris l’initiative ? » demanda encore Shen Jue.
Fu Jiuyin arrêta enfin de parler. Voyant ça, Shen Jue reprit le carré de soie et le noua de nouveau autour des yeux du renard.
« Alors est-ce que ma requête est vraiment de l’abus ? Non, pas du tout. Au fait, tu n’as toujours pas répondu à ma question. »
Fu Jiuyin se renfrogna de nouveau.
« Je me suis servi d’elles pour attirer des proies afin d’éviter qu’elles ne s’enfuient à mon approche. »
Fu Jiuyin sentait vaguement que quelque chose n’allait pas, mais il ne pouvait pas dire quoi. Cependant après la venue de Shen Jue, il se sentait beaucoup mieux. Tous les jours, quelqu’un brossait sa fourrure, lui caressait les oreilles. Quant à la double cultivation, hum… L’autre était clairement plus enthousiaste cette fois. Avant, il ne voulait le faire qu’une seule fois mais là, il pouvait le faire deux fois. Bien entendu, Fu Jiuyin aurait bien aimé essayé la double cultivation physique plutôt que celle dans la mer de connaissances mais malheureusement, Shen Jue n’était pas d’accord.
En songeant à ça, Fu Jiuyin voulait se tourner de l’autre côté mais la personne qui dormait sur son ventre ne manifestait aucun signe de réveil. Ses oreilles de renard frémirent, mais il referma finalement les yeux.
Ses blessures n’étaient pas totalement guéries mais depuis que Shen Jue était là, il était presque rétabli. Une fois complètement guéri, il serait prêt à se venger.
Xue Wenchun l’avait obligé à rester si longtemps dans cette stupide vallée, comment pourrait-il le laisser s’en tirer comme ça ?
« Je vais à la secte des Âmes Ténébreuses, fit-il un jour à Shen Jue. Attends-moi ici, je reviendrai vite. »
Une lueur défila dans le regard de Shen Jue mais quand il releva la tête, aucun changement n’était visible.
« Que vas-tu faire là-bas ?
– Tuer quelqu’un, » répondit-il directement.
Quand il vit que Shen Jue le regardait fixement, il se pencha un peu et sourit.
« Quoi ? Tu ne supportes pas l’idée d’être séparé de moi ? Si tu acceptes de pratiquer la double cultivation physique avec moi, je pourrai songer à te prendre avec. »
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Shen Jue leva une main et repoussa le visage de Fu Jiuyin qui était bien trop près. Il fit d’un ton un peu froid :
« Pars, et si… si tu reviens en vie, j’accepterai de le faire avec toi. »
Fu Jiuyin ne faisait que taquiner l’autre quand de manière inattendue, Shen Jue accepta. Il en fut quelque peu surpris, puis lui jeta un regard soupçonneux.
« Vraiment ? Tu ne mens pas ?
– Vraiment. »
Bien que la voix de Shen Jue était très douce, son ton restait prudent.
À ces mots, les yeux de renard se plissèrent.
« Alors attends mon retour. »
« Si tu comptes sur ton propre pouvoir, j’ai bien peur que ce ne sera pas facile de tuer Fu Jiuyin. Par contre, tu peux tenter de provoquer sa tribulation par la foudre en avance, avait proposé Xue Wenchun d’un ton doux.
– Comment faire ?
– Tu n’as qu’à faire en sorte qu’il tue Jie Chen. Il a d’abord rejeté son maître alors s’il le tue ensuite, cela va sûrement provoquer sa tribulation. Mais cela seul ne suffira sûrement pas à le tuer. Son niveau de cultivation est déjà bien élevé : si tu peux le faire encore plus augmenter, sa tribulation pour devenir immortel s’abattra également sur lui. Avec deux tribulations en même temps, Fu Jiuyin sera tellement affaibli qu’il reprendra sa forme originelle. À ce moment-là, même si cela ne le tue pas, ce sera très facile pour toi de le tuer. »
Pour apprivoiser un renard sauvage, il fallait lui tendre un piège par tous les moyens possibles. Puis on le regardait entrer dans le piège et se débattre, voir ses membres se couvrir de sang et seulement là, on intervenait pour le sauver.
La parole à l’auteur : La la la la la ~ Cela devient soudain si excitant !
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