Chapitre 209
Jiang Yunji mourut. Avant d’expirer, il appela le nom de Shen Jue. Il semblait vouloir dire autre chose, mais sa voix mourut juste après avoir prononcé son nom.
Jie Chen retira son épée et s’approcha de Shen Jue qui tenait toujours son épée de glace. Ses yeux étaient fixés sur Shen Jue et des gouttes d’eau coulaient sur son beau visage. Il ne dit pas un mot et se contenta de fixer l’autre.
Shen Jue se mordit les lèvres. Jie Chen devrait être mort à l’heure qu’il était, pourtant…
« Tu n’es pas mort ? » demanda-t’il après avoir hésité.
Quand Jie Chen entendit ça, il secoua la tête très lentement. Il prit ensuite la main gauche de Shen Jue et la posa sur son torse.
« Je suis déjà mort. »
Sous sa main, Shen Jue ne sentit rien, aucun battement.
Son regard se modifia en se posant sur Jie Chen.
« Tu… »
Le jeune homme baissa légèrement la tête.
« C’est sans doute à cause de cet homme en moi. Je ne sais toujours pas comment j’ai pu m’extirper du fond de ce lac, mais j’ai senti que je n’avais plus beaucoup de temps devant moi. Tu m’as demandé de te protéger, alors je suis venu ici. Mais je pense que ce sera la dernière fois. »
Shen Jue ne savait vraiment pas quoi répondre aux paroles de Jie Chen. Il garda le silence un moment, puis fit :
« Désolé.
– C’est bon. »
Jie Chen releva les yeux et étira légèrement les lèvres. Puis il leva la main pour toucher la joue de l’autre homme. Après un simple effleurement du bout des doigts, il la retira.
« Tu as tes propres problèmes, j’en ai conscience. Je sais que tu n’es pas quelqu’un de mauvais. »
En parlant de ça, il se rappela qu’une fois à l’auberge de la cité de Xiangping, il était sorti acheter à manger pour Fu Jiuyin et avait alors vu par hasard Shen Jue près d’un employé.
L’employé devait apporter de l’eau à l’étage, mais Shen Jue était en train de descendre les escaliers au même moment, avec Jiang Yunji à côté de lui. Le seau d’eau était très lourd et l’employé avait bien du mal à le porter, alors Shen Jue avait naturellement tendu la main pour l’aider.
Jie Chen se disait que quelqu’un qui pouvait aider les autres si naturellement ne pouvait pas être fondamentalement mauvais.
« Puisses-tu continuer ta route sans encombres et fais bien attention à toi. »
Telles furent les dernières paroles que prononça Jie Chen.
Shen Jue s’empressa de partir à la recherche de Fu Jiuyin, mais il eut beau fouiller tout le mont Huai, il ne le retrouva pas. Même les renardes avaient disparu. Shen Jue se rendit alors dans les montagnes voisines et aperçut un ou deux renards. Malheureusement, cela semblait être des renards ordinaires, ceux qui ne pouvaient même pas comprendre le langage humain.
Comme Shen Jue ne pouvait pas le trouver dans les montagnes, il lui fallut descendre de la montagne. Il y avait une petite ville non loin. Quand Shen Jue arriva, il entendit une conversation entre deux personnes.
« Il y a quelques jours, le tonnerre a grondé et ça a fichu une sacrée trouille à tout le monde. Tous les renards sauvages se sont enfuis des montagnes voisines. Ils ont tué plusieurs de mes poulets. J’étais si furieux que j’ai retiré la fourrure du renard que j’ai attrapé et je l’ai vendue au marché, mais ça ne compense toujours pas ma perte, ah.
– C’est bien vrai. Ma famille a aussi souffert mais je n’ai pas réussi à attraper ces foutus renards. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Pourquoi il y a eu autant d’éclairs ? Se peut-il qu’un immortel ait subi sa tribulation ?
– Notre ville est très reculée, il n’y a aucune secte de cultivateurs dans le coin, alors pas d’immortels. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Quand il entendit ça, Shen Jue ne put s’empêcher de s’approcher d’eux.
« Excusez-moi, vous avez bien dit que tous les renards des montagnes voisines sont descendus ? »
Les deux villageois dévisagèrent Shen Jue qui portait son chapeau avec un voile. Ils hésitèrent un moment, puis hochèrent la tête.
« C’est ça, ah.
– Où sont passés ces renards ? s’enquit Shen Jue.
– Va savoir. Tu veux acheter de la fourrure de renard, ah ? Il y a plein de vendeurs au marché. Tu peux aussi trouver des renards vivants, ils en ont attrapés plein, » répondit l’un des hommes.
En entendant ça, Shen Jue leur demanda le chemin du marché et se précipita là-bas. Personne ne pouvait savoir dans quel état se trouvait Fu Jiuyin après avoir été frappé par autant d’éclairs ces derniers jours. Shen Jue savait que certaines bêtes démoniaques n’arrivaient pas à survivre à la tribulation. Et si elles ne mouraient pas, elles se retrouvaient dans leur état primaire, sans la moindre conscience.
Quand il arriva au marché, il vit plusieurs vendeurs de fourrure de renard et de renards vivants. Il parcourut chaque étal mais ne sentit pas l’aura de Fu Jiuyin. Il examina aussi de plus près les renards vivants, mais aucun n’était Fu Jiuyin. Ce n’étaient que des renards ordinaires qui n’avaient jamais connu l’illumination.
Tout à coup, un homme grand et costaud se présenta et s’approcha nonchalamment d’un des étals.
« File-moi un renard. »
Le vendeur attacha une corde autour du cou d’un renard et le tendit au costaud en disant :
« Frère Liu, tu reviens acheter un renard, ah ? Ça fait à peine deux jours que tu m’en as pris un, tu l’as déjà mangé en entier, ah ?
– Ne m’en parle pas. Ma fille a insisté pour dire que ce renard était mignon et elle a refusé de me laisser le cuire. Non seulement il faut que j’en achète un autre mais en plus, franchement, ça peut se dresser, un renard ? Ce sont des bêtes sauvages. Tu as vu ma main ? C’est ce foutu renard qui m’a mordu. »
L’homme grand montra sa main droite au vendeur. Il y avait une plaie si profonde qu’on pouvait voir la chair.
« J’étais si furieux que j’ai tabassé ce renard. Si ma gamine ne s’était pas interposée pour m’arrêter, j’aurais buté cette bestiole. Une bête sauvage restera toujours une bête sauvage. J’ai gentiment épargné sa vie et lui, il ne s’est pas gêné pour me mordre. »
Shen Jue en resta stupéfait un moment parce qu’il avait vraiment senti l’odeur de Fu Jiuyin sur cet homme. Dès qu’il reprit ses esprits, il s’avança sans attendre.
« Frère, tu as acheté un renard avant ça ? Je peux venir le voir ? »
À ces mots, l’homme tourna la tête vers lui. Ses sourcils épais se froncèrent et il fit avec irritation :
« Et pourquoi je devrais te le montrer ? Si tu veux te foutre de ma gueule, t’as qu’à dégager.
– Je peux te donner de l’argent. »
Shen Jue sortit sa bourse de son anneau de stockage. Il ne savait pas combien il y avait là-dedans, alors il fourra le tout dans les mains de l’autre homme.
« Je te donnerai tout ça. »
Le costaud se pinça les lèvres. Il ouvrit la bourse et jeta un coup d’œil à l’intérieur, puis il releva la tête pour fixer Shen Jue.
« Entendu. Suis-moi. »
L’homme vivait de l’autre côté de la ville. Shen Jue le suivit un bon moment avant d’arriver à sa maison. Comme l’homme venait de recevoir de l’argent, il s’était arrêté en cours de route pour acheter un poulet rôti et des petits gâteaux. Une fois arrivé chez lui, le costaud fit entrer Shen Jue dans sa cour et fit :
« Il n’y a que moi et ma fille ici. Ma fille s’appelle Xiuxiu. »
Une fois la porte franchie, il appela d’abord :
« Xiuxiu, papa est rentré. »
Il y eut aussitôt du bruit dans la maison. Shen Jue vit une petite fille de sept ou huit ans avec deux tresses de chaque côté du crâne qui sortait de la maison en courant et en criant :
« Papa ! »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
À mi-chemin, elle aperçut Shen Jue et s’arrêta net.
« T’es qui, toi ?
– C’est un ami de papa. Il est venu voir le renard de Xiuxiu, expliqua rapidement l’homme avant d’agiter la nourriture qu’il tenait. Regarde un peu ce que papa t’a acheté. Viens vite manger.
– Ouah, papa est le meilleur. »
La petite fille accourut rapidement et prit ce que son père tenait dans une main. Elle jeta un coup d’œil au renard qu’il tenait en laisse dans son autre main.
« Ce renard n’est pas aussi mignon que mon Xiaobai Petit Blanc. (1).
– C’est vrai, le Xiaobai de Xiuxiu est le plus mignon. »
L’homme parvint ainsi à amadouer sa fille, puis il emmena Shen Jue dans l’arrière-cour.
Une fois là-bas, il aperçut une cage vide et en resta stupéfait un moment. Immédiatement après, il rappela sa fille :
« Xiuxiu, où est passé ce renard ?
– Xiaobai est à l’intérieur, ah, répondit la fillette d’un ton nerveux. Il fait trop froid dehors, alors je l’ai fait rentrer.
– Petite, qu’est-ce que tu as foutu ?! Il t’a fait du mal ?! »
Une fois que l’homme eut enfermé le nouveau renard dans la cage, il se tourna pour entrer dans la maison. Shen Jue le suivit. À l’intérieur, Shen Jue ne vit pas le renard dont avaient parlé le père et la fille. L’homme examina soigneusement sa fille avant de prendre un gros bâton en bois posé à côté de la porte.
« Où est ce renard ? »
La fillette désigna le dessous de la table du doigt.
Le costaud souleva prudemment la nappe, puis poussa un soupir de soulagement en voyant l’animal attaché à un pied de la table. Il tourna la tête et s’adressa à Shen Jue :
« Voilà le renard que tu voulais voir, mais ce petit gars est très féroce et n’hésite pas à mordre. Attention quand tu t’approches. »
Après ça, il s’écarta sur le côté.
Dès que Shen Jue vit le renard, il reconnut Fu Jiuyin. Il avait vu sa forme d’origine des milliers de fois. Même si l’autre était passé de neuf à une queue et qu’il était devenu plus petit, Shen Jue ne pouvait pas se tromper. En plus, ce renard avait l’odeur de Fu Jiuyin.
Le renard blanc sous la table avait vraiment l’air pitoyable. Sa fourrure était sale et il y avait beaucoup de plaies sur son corps. On pouvait voir qu’il s’était fait tirer par quelque chose, sans doute une corde en rotin, car les blessures étaient sur toute la longueur de son corps. Il y avait une corde en chanvre attachée à sa patte arrière et l’autre bout était relié au pied de la table.
Shen Jue s’approcha lentement et s’accroupit. Cependant, quand l’autre l’aperçut, il se recroquevilla sous la table et parut avoir très peur de lui.
« N’aie pas peur, c’est moi, » fit doucement Shen Jue.
Il tenta de la toucher mais avant d’y arriver, l’animal se rua subitement en avant et mordit très fort sa paume.
Le costaud vit ça du côté et se rua immédiatement avec son bâton dans l’intention de frapper le renard blanc sur le museau.
« Ne le frappe pas, fit Shen Jue pour l’arrêter. Ne le frappe pas. »
Une lueur passa dans le regard de l’autre homme en le voyant agir ainsi et il répliqua violemment :
« T’es cinglé ou quoi ? »
Le renard blanc n’avait pas lâché la main de Shen Jue et continuait de la mordre très fort, comme s’il voulait en arracher un bout de chair. Shen Jue lui jeta un regard, puis se tourna de nouveau vers l’autre homme pour lui demander :
« Tu peux arracher une cuisse du poulet rôti pour moi ? »
Le costaud renifla, mais se leva et alla prendre une cuisse comme demandée. Quand il la tendit à Shen Jue, il ne put s’empêcher de faire :
« Tu es vraiment encore plus cinglé que ma fille, ah. »
La fillette à côté de lui s’écria aussitôt :
« Papa, je ne suis pas cinglée. »
Shen Jue ne répliqua pas. Il se contenta de prendre la cuisse de son autre main et l’agita devant le renard blanc. L’animal fut vraiment très intéressé : dès que Shen Jue porta la cuisse à sa gueule, il ouvrit les mâchoires, tourna la tête et mordit un bon coup dans la viande. Allez savoir depuis combien de temps il mourait de faim : il goba pratiquement la cuisse et avala même les os.
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« Tu veux pas faire soigner cette main ? Ta blessure est encore plus profonde que la mienne, » fit l’homme.
Shen Jue se releva et secoua la tête.
« Ça ira. »
Il regarda la petite fille, puis son père.
« Je veux acheter ce renard, dis-moi ton prix. »
Quand la petite fille entendit ça, elle battit des cils. Puis elle comprit et se mit à pleurer, presque à hurler :
« Papa, je ne veux pas que Xiaobai s’en aille. Xiaobai est à moi ! »
Le costaud secoua la tête d’un air démuni et répondit :
« Tu vois bien, hein ? Ce n’est pas que je refuse de te le vendre, je pourrais te le céder contre l’argent que tu m’as donné tout à l’heure. Je ne l’aime pas, de toute façon, mais ma petite s’est entichée de lui et elle tient absolument à le garder. »
En entendant cette réponse, Shen Jue se tourna vers la petite fille. Il s’agenouilla devant elle et cacha sa main ensanglantée dans son dos. Il sortit ensuite une perle de nuit de son anneau de stockage de sa main indemne.
« Xiuxiu, tu veux bien ça en échange ? Xiaobai n’est pas fait pour vivre ainsi. Il va mourir si vous le gardez comme ça. »
Les petites filles étaient énormément attirées par les jolies choses. Quand Xiuxiu vit la perle de nuit, elle ne put s’empêcher d’ouvrir de grands yeux. Elle cessa de pleurer, mais ne répondit toujours pas. Shen Jue sortit cette fois une perle de triton et dès qu’il la sortit, Xiuxiu s’écria :
« C’est trop beau, ah !
– C’est très beau en effet, comme Xiuxiu. »
Shen Jue lui tendit la perle de nuit et la perle de triton.
« Xiuxiu, tu veux bien me donner Xiaobai ? »
En voyant ça, le costaud tâcha de la convaincre à son tour :
« C’est vrai, ah, Xiuxiu. Ces perles brillantes sont bien mieux qu’un renard puant. Ce renard a déjà mordu ton papa, et maintenant ce monsieur. Et s’il mordait ensuite le fils du voisin ? Il ne voudrait plus jamais jouer avec toi. »
Dès que Xiuxiu entendit ça, elle répliqua aussitôt :
« Ça ne va pas, tu ne peux pas mordre frère Huzi. »
Elle cligna des yeux en direction de Shen Jue, puis tendit sa petite main pour prendre la perle de nuit et la perle de triton.
« Alors tu dois être gentil avec Xiaobai. Tu ne dois pas penser à le manger tous les jours comme papa.
– C’est promis. »
Shen Jue soigna rapidement sa blessure, puis il sortit le renard blanc de la maison du costaud. Ce dernier lui donna une cage, disant qu’il avait peur que Shen Jue se fasse tuer sur la route puisqu’il refusait d’attacher l’animal.
Quand il avait détaché le renard, Shen Jue s’était rendu compte qu’il boitait de sa patte arrière qui était en fait entaillée par la corde en chanvre. On pouvait presque voir l’os.
Shen Jue ne retourna pas sur la montagne, mais loua une maison avec une cour. Après avoir rapidement nettoyé les lieux, il s’approcha de la cage dans la cour.
Le renard blanc était roulé en boule dans un coin de la cage. Il montra les dents dès qu’il vit l’homme s’approcher.
Sans personne d’autre autour, Shen Jue n’avait plus besoin de porter son chapeau avec voile. Il regarda le renard dans la cage et fit après un long silence :
« Fu Jiuyin, c’est moi. »
Note de Karura :
Xiuxiu : Tu dois être gentil avec Xiaobai !
Shen Jue : Je serai très gentil… à tel point qu’il va tomber amoureux de moi !
Xiuxiu : Tu ne dois pas penser à le manger tous les jours comme papa.
Shen Jue : Pas de souci, je vais juste penser tous les jours à comment le tuer.
Xiaobai : QAQ
Notes du chapitre :
(1) Petit Blanc.
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