Chapitre 210
Toutefois, le renard blanc en cage ne réagit pas du tout à ses mots.
Shen Jue garda le silence un moment. Il leva ensuite la main pour dresser une barrière tout autour de la cour, puis ouvrit la cage. Le renard à l’intérieur ne bougea pas. Shen Jue réfléchit un peu, puis se leva et recula de quelques pas. Il vit alors le renard sortir rapidement de la cage.
Dès que Fu Jiuyin fut libre, il voulut s’échapper. Malheureusement, il eut beau parcourir toute la cour, il ne trouva aucune ouverture. En traînant sa patte blessée, il tâcha de grimper sur un arbre de la cour.
Shen Jue l’observa ramper et en même temps, il lança un sort de purification sur l’animal. Cela effraya Fu Jiuyin qui tomba de l’arbre et il tourna ensuite la tête pour glapir sur Shen Jue.
La voix d’un renard n’avait rien de plaisant. Même s’il s’agissait de Fu Jiuyin, sa voix cassait un peu les oreilles.
Shen Jue l’ignora. Avec sa barrière, l’autre ne pourrait pas s’enfuir de là même s’il se faisait pousser des ailes. Il se rendit donc chez l’apothicaire sans s’inquiéter. Le médecin dans la ville ne soignait que les gens, pas les animaux. Heureusement, Shen Jue avait quelques compétences médicales. Il lui fallait juste prendre les médicaments et retourner appliquer l’onguent sur Fu Jiuyin.
Mais cette tâche s’avéra bien plus ardue que l’aurait imaginé Shen Jue.
Effectivement, Fu Jiuyin n’avait pas pu s’échapper. Mais dès que Shen Jue s’approcha, cet animal traîna sa patte blessée et s’enfuit, ne le laissant pas du tout s’approcher. Au bout du compte, Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de lui lancer un sort de paralysie.
À présent que Fu Jiuyin avait été réduit dans cet état à cause de la foudre, il avait tout oublié du passé et du futur. Il n’y avait pratiquement aucune différence entre lui et un renard ordinaire. Quand il se rendit compte qu’il ne pouvait plus bouger, ses yeux s’écarquillèrent de terreur et ses oreilles jusque là dressées s’aplatirent.
Shen Jue s’approcha et fit d’un ton démuni :
« Fu Jiuyin, comme tu n’es pas sage, j’ai dû te lancer un sort de paralysie. Je te libérerai une fois que j’aurais appliqué ton médicament. »
Sur ce, il baissa la tête et appliqua l’onguent sur la blessure de l’animal. Mais cela fit très mal. Fu Jiuyin ne cessa de pousser des cris, ce qui fit mal aux oreilles de Shen Jue.
Il fronça les sourcils, mais devait continuer à soigner la blessure. Si le renard boitait pour de bon de cette patte plus tard, alors Fu Jiuyin boiterait aussi en prenant sa forme humaine.
Une fois l’onguent appliqué, Shen Jue l’enveloppa dans plusieurs couches de bandages et noua le tout en un très joli nœud. Seulement après, il libéra Fu Jiuyin du sort de paralysie. Aussitôt, le renard fila dans un fschhh. Il fallait reconnaître que malgré sa blessure à la patte, ce renard était très rapide. C’était à se demander comment il avait pu se faire capturer par des mortels.
Shen Jue avait examiné le corps de Fu Jiuyin : son noyau interne était toujours là mais il était presque détruit, alors c’est comme s’il n’y en avait pas. Le Fu Jiuyin actuel n’était qu’un renard ordinaire. Il voulait manger, boire, mais ne comprenait pas le langage humain. Shen Jue ne pouvait que trouver le moyen de s’occuper de lui en attendant.
Comme Fu Jiuyin avait peur d’entrer dans la maison et acceptait seulement de dormir dans la cour, Shen Jue lui prépara un gros bol d’eau pour qu’il ait à boire. Mais Fu Jiuyin était si vilain qu’il renversait à chaque fois le bol d’un coup de patte. Une fois le bol renversé, l’eau tombait par terre et se mélangeait à la boue. Seulement là, Fu Jiuyin tirait la langue pour boire.
Shen Jue ne put supporter de voir ça bien longtemps. Il s’approcha et tira Fu Jiuyin par la peau du cou pour le soulever.
« Cette eau est trop sale, ne bois pas ça. Je vais t’apporter un nouveau bol. »
Mais l’autre ne pouvait pas le comprendre.
Cela faisait à présent quelques jours que Shen Jue vivait avec lui, alors il savait comment le traiter. Il valait mieux le saisir par la nuque et le soulever pour que l’autre ne se débatte pas. S’il essayait de le porter autrement, il pourrait se faire mordre la main.
Comme Fu Jiuyin aimait trop s’amuser avec l’eau, Shen Jue remplaça le bol par une bassine et la fixa bien au sol pour que Fu Jiuyin ne puisse pas la renverser. De cette manière, le problème de l’eau fut résolu de justesse.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Fu Jiuyin ne mangeait que du poulet, alors Shen Jue devait aller lui en acheter tous les jours. Comme il ne voulait pas que Fu Jiuyin mange de la viande crue, il allait au restaurant en prendre un tous les jours et avait bien demandé au cuisinier de ne pas trop assaisonner. Il vint tellement souvent que le serveur se rappelait de lui. Il lui prépara donc son poulet en avance tous les jours et une fois, il ne put s’empêcher de lui demander avec curiosité :
« Monsieur, vous nous achetez du poulet tous les jours. Votre famille aime autant le poulet que ça ?
– En, on aime vraiment beaucoup le poulet. On ne mange que ça, » murmura Shen Jue.
Il paya pour le plat et se tourna pour partir.
Effectivement, ce petit gars mangeait énormément de poulet et il commençait à faire la fine bouche. Aujourd’hui par exemple, quand il vit Shen Jue revenir avec la boîte de nourriture, il se pencha pour la renifler, puis se tourna et partit. Cela faisait presque un mois que Shen Jue l’avait recueilli. Bien qu’il ne pouvait toujours pas se rapprocher trop près, Fu Jiuyin ne s’enfuyait plus dès qu’il le voyait. En plus quand il s’agissait de manger, il se montrait moins méfiant envers Shen Jue et s’approchait de lui-même.
Shen Jue déposa le poulet dans le bol du renard. Voyant que l’autre restait allongé en boule sous un arbre, il ne put s’empêcher de demander :
« Tu n’as pas faim ? »
Fu Jiuyin ouvrit paresseusement un œil avant de le refermer. Bien que sa tête soit couverte de poils, Shen Jue put tout de même voir le dégoût qu’il manifestait.
Ce gars n’avait vraiment pas changé.
Shen Jue s’approcha de Fu Jiuyin avec le bol, mais ce dernier fit mine de s’enfuir dès qu’il l’entendit. Shen Jue se déporta rapidement sur le côté et le saisit par le cou. Il lui mit le bol devant la gueule.
« Sois sage. Tu dois vite guérir. »
Toutefois, le renard ne prit qu’une bouchée symbolique et refusa de continuer à manger, même si Shen Jue insista en lui mettant le poulet dans la gueule.
En voyant ça, Shen Jue le lâcha simplement et posa le bol sous l’arbre. L’ignorant, il rentra directement dans la maison. Même quand la nuit tomba, il ne sortit pas. Il entendit le renard glapir deux fois dehors, mais fit comme s’il n’avait rien entendu.
Il refusait de céder à Fu Jiuyin.
Ce ne fut que tard la nuit que Shen Jue ouvrit la porte et sortit. Il découvrit alors que Fu Jiuyin ne dormait pas sous l’arbre mais dans sa cage précédente, roulé en boule. Quant au bol que Shen Jue avait laissé sous l’arbre, le poulet avait été mordu une paire de fois, mais pas plus.
Shen Jue ne put retenir un soupir. Fu Jiuyin continuait à faire le difficile, même dans une telle situation.
Tôt le lendemain matin, Shen Jue se rendit au marché pour acheter un poulet qui venait d’être tué et déplumé. Il le ramena pour le préparer lui-même. Pendant qu’il cuisinait, Fu Jiuyin se faufila à la porte de la cuisine. Il n’osa pas entrer et pointa simplement sa tête à la porte. L’odeur du poulet devenait de plus en plus forte, et il était en train de baver littéralement.
Cette fois, Fu Jiuyin dévora entièrement le poulet, puis il contempla la main de Shen Jue avec de grands yeux comme pour demander s’il y en avait encore.
« Terminé, je te préparerai autre chose demain, » fit doucement Shen Jue.
En voyant le renard blanc devant lui qui avait les yeux fixés sur sa main, il hésita un peu, puis tendit lentement la main pour caresser la tête du renard. Mais à peine se fut-il penché que Fu Jiuyin montra les dents et émit un grondement bas et guttural.
Shen Jue dut retirer sa main.
Le lendemain, il prépara du poisson. Le jour d’après, il fit du bœuf…
Durant le mois qui suivit, il n’y eut presque aucune répétition. Même avec les mêmes ingrédients, on pouvait varier les saveurs. Au départ, Fu Jiuyin se postait à la porte de la cuisine mais par la suite, il vint directement s’asseoir aux pieds de Shen Jue. Parfois quand Shen Jue mettait trop de temps à cuisiner, le renard ne pouvait pas s’empêcher de tirer sur son pantalon avec ses griffes. Mais il ne pouvait pas contrôler sa force, alors il griffait souvent Shen Jue, laissant des traînées sanglantes l’une après l’autre.
Shen Jue inspirait alors brusquement mais quand il baissait les yeux vers le coupable, Fu Jiuyin prenait l’air innocent. Il regardait simplement Shen Jue de ses yeux de renard et se léchait les babines par moment.
« Laisse tomber, se dit Shen Jue pour se convaincre en détournant la tête, laisse tomber. »
Depuis qu’il s’occupait de ce renard, il n’avait pas arrêté de se dire ça.
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Au bout d’un certain temps, il était inévitable de se montrer négligent. Un jour, Shen Jue oublia de dresser la barrière autour de la cour et sortit acheter de la nourriture. Quand il revint, Fu Jiuyin avait disparu.
Shen Jue lâcha aussitôt le sac de nourriture qu’il tenait et se tourna pour chercher le renard. Il utilisa le sort de localisation pour le repérer, mais Fu Jiuyin était devenu un renard ordinaire, son aura était donc bien plus faible qu’avant. Avec tous les gens dans le coin, sa présence était facilement noyée.
Shen Jue retourna presque la ville dans tous les sens avant de finalement retrouver Fu Jiuyin.
Le renard était caché sous une table pourrie dans un coin de rue. Devant lui, il y avait un groupe d’enfants qui l’entouraient, des pierres à la main. Ils lui jetaient les pierres en riant :
« C’est trop drôle. Ce chien blanc est si stupide. »
Certaines pierres avaient heurté la patte récemment guérie du renard, alors il ne pouvait plus les éviter où qu’il aille. Il avait donc dû se cacher rapidement sous cette table.
Shen Jue découvrit la scène et se précipita.
« Arrêtez ça, c’est mon renard. Si vous continuez à lui jeter des pierres, j’irai le dire à vos parents. »
Ces enfants semblaient avoir très peur qu’il aille voir leurs parents. Dès qu’ils entendirent ça, ils se dispersèrent comme des oiseaux.
Une fois les enfants partis, Shen Jue s’approcha de la table pourrie et s’accroupit.
Le coin de la table était moisi, alors ce serait difficile de passer en-dessous. Shen Jue resta donc accroupi devant la table et appela doucement :
« Fu Jiuyin, tout va bien. Tu peux sortir. »
Il tendit une main vers le renard.
Au bout d’un long moment, il vit le renard blanc ramper hors de sa cachette.
Fu Jiuyin frotta doucement sa tête ensanglantée contre la paume de Shen Jue et un gémissement de complainte sortit de sa gorge.
La parole à Karura : Comment apprivoiser un renard ~
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