Chapitre 225
Si on employait assez de force, un coup d’oreiller pouvait faire pleurer.
Shang Jiayu se fit frapper deux fois et ce fut surtout le dernier coup qui l’étourdit un peu. Il en oublia de crier et ne chercha pas à arrêter la personne au-dessus de lui. Il ne se rendit même pas tout de suite compte de ce qui lui arrivait, jusqu’à ce que l’autre homme se relève.
Les yeux rouges de colère, il pointa le doigt vers Shen Jue.
« Quelle sorte de Bêta tu es pour oser t’en prendre à un Oméga ? Shen Jue, je n’en ai pas fini avec toi. Attends un peu et tu vas voir, quand les contrôleurs seront là, je t’accuserai de violence domestique ! »
Shen Jue se rassit sur le canapé, tapota l’oreiller un peu déformé, puis jeta un coup d’œil à Shang Jiayu qui était resté allongé par terre. Il fit d’un ton très calme :
« Comment tu comptes m’accuser alors que tu n’as aucune marque de coup ? »
Shang Jiayu en resta ébahi un moment, puis comprit soudain pourquoi Shen Jue l’avait frappé avec un oreiller.
« Tu es vraiment trop vicieux ! »
Il se releva de par terre et se jeta sur lui, les deux mains en avant pour lui griffer le visage. Shen Jue recula pour esquiver et reprit de nouveau l’oreiller, ses yeux dénués de toute chaleur.
« Tu en veux encore ? »
Shang Jiayu s’arrêta en cours de route. Les Omégas avaient en général très peur de la douleur et il ne faisait pas exception à la règle. Il était délicat à mort, mais ça ne l’empêchait pas de chercher les ennuis. Quand il habitait encore avec Shen Jue, il avait estimé que l’autre était très facile à manipuler et qu’il suffirait de quelques mots tendres pour se faire pardonner s’il faisait des bêtises. Mais à présent, Shen Jue le traitait trop mal : il l’avait attaché et l’avait chassé de la maison. Dans de telles conditions, comment aurait-il pu avoir envie de dire des mots doux à Shen Jue pour l’amadouer ? Voilà pourquoi il montrait très tôt son côté pénible.
En même temps, il pouvait très bien passer de se soumettre à se tenir droit et inversement, comme on pouvait le voir dans les textos qu’il avait envoyés à Shen Jue. Il pouvait se montrer complètement dédaigneux des sentiments de l’autre, lui envoyer des messages de menace ainsi que des têtes de démon, mais il pouvait ensuite l’appeler grand frère sans la moindre gêne, comme si rien ne s’était passé.
Il roula des yeux et s’assit sur l’autre canapé en marmonnant. Shen Jue ne voulut plus faire attention à lui et se rendit dans la salle de bain pour se doucher. Les contrôleurs étaient en retard : Shen Jue attendit jusqu’à onze heures, mais personne ne vint. Alors il alla en cuisine pour préparer le déjeuner.
Pendant qu’il cuisinait, Shang Jiayu avait déjà allumé la télé pour regarder en VOD son drama romantique favori. Le temps que le repas soit prêt, il venait juste de finir un épisode. Le jeune Oméga tendit la tête pour regarder dans la salle à manger et vit que la table était mise et que Shen Jue faisait encore la vaisselle dans la cuisine. Alors il se leva aussitôt, s’approcha de la table et prit place. Quand il se rendit compte que le couvert n’était mis que pour une personne, il fit la moue, puis prit le bol pour le poser directement devant lui.
Quand il vit Shen Jue s’approcher, il prit aussitôt des légumes avec ses baguettes et le fourra dans sa bouche. Il voulait dire par là que puisqu’il avait déjà commencé à manger, le bol et les baguettes étaient à lui.
Shen Jue s’arrêta, n’ayant pas l’énergie de se disputer avec lui, puis il retourna en cuisine pour prendre un autre bol et des baguettes.
Shang Jiayu fut dans un premier temps surpris que Shen Jue ne le gronde pas mais très vite, il se concentra sur la nourriture car c’était bien meilleur que celle de la cuisinière chez Yao Zhan. Cette femme ne prenait en compte que les goûts de Yao Zhan en matière de nourriture, bien épicé et bien salé. Malheureusement, Shang Jiayu ne supportait pas ce qui était trop épicé alors à chaque fois, il avait mal à l’estomac. Les premiers jours là-bas, il avait même eu plusieurs fois la diarrhée. Alors il mangeait simplement quelques bouchées avant de dire qu’il était rassasié, puis sortait en cachette pour manger dehors.
Il mangea donc lentement pour savourer et ne mangea que la moitié d’un bol. Shen Jue s’était déjà levé de table pour retourner travailler dans son bureau. Après une heure de travail, il ressortit du bureau et vit que Shang Jiayu avait déjà repris son visionnage de sa série télé. Bien que le jeune homme avait fini de manger, il avait laissé son bol et ses baguettes sur la table, ne montrant aucune intention de les débarrasser.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Une fois que Shen Jue eut fini de faire la vaisselle, il regarda l’heure et se rendit compte qu’il était encore tôt. Si les contrôleurs passaient l’après-midi, ce ne serait pas avant 14:30, ce qui lui laissait le temps de faire une sieste. Comme il n’avait pas bien dormi le matin, il dormit d’un sommeil profond durant sa sieste. Quand le réveil sonna, il l’éteignit, encore un peu groggy. Son cerveau était encore embrumé par le sommeil. Il referma les yeux un moment, puis se rendit subitement compte de quelque chose d’anormal.
Il rouvrit les yeux et les baissa vers une tête posée sur son torse.
À un moment donné, Shang Jiayu s’était endormi dans son lit et il avait même enfilé le pyjama que Shen Jue avait mis à sécher sur le balcon. Le jeune Oméga avait la tête sur son torse, les bras autour de sa taille et pressait ses jambes contre les siennes, dormant profondément. Son petit visage, qui avait été bleui par le vent glacial ce matin, était à présent rosé comme une pêche bien mûre, le teint clair avec un peu de rose aux joues.
Quand Shen Jue le vit, son dégoût surgit brusquement et il le repoussa sans ménagement. Puis il se leva et sortit du lit.
Mais malgré le mouvement brusque, Shang Jiayu ne se réveilla pas. Il roula sur le côté, serra plus fort la couverture contre lui et continua à dormir comme une souche.
Il dormit jusqu’à dix-sept heures et quand il se leva enfin, les contrôleurs des services sociaux étaient déjà partis. Quand ces gens avaient appris que Shang Jiayu dormait, ils ne voulurent pas le réveiller. Ils posèrent simplement à Shen Jue des questions de routine et partirent après s’être assurés que le jeune Oméga vivait dans un environnement sûr.
Shang Jiayu alla dans le séjour en se frottant les yeux et demanda d’une voix endormie :
« Ils sont venus ?
– Ils sont même déjà repartis, répondit Shen Jue en le fixant d’un air glacial. Alors tu peux t’en aller. »
Le jeune Oméga baissa les bras et bailla. Il marcha jusqu’au canapé et se laissa tomber dessus.
« Je ne me suis pas encore complètement réveillé, je partirai quand je serai bien réveillé. »
Après avoir dit ça, il marqua une pause, puis ajouta :
« Ne va pas t’imaginer que c’est parce que j’ai envie de rester avec toi. Je vais tout de suite appeler frère Zhan pour qu’il vienne me chercher au plus vite. Et si j’ai dormi avec toi à midi, c’est parce qu’il fait bien trop froid dans ta chambre d’ami. »
Yao Zhan arriva à dix-huit heures. Après qu’il ait sonné, ce fut Shang Jiayu qui vint lui ouvrir. L’homme grimaça un moment en voyant le pyjama que portait le jeune homme, mais ce dernier ne remarqua rien. Il saisit le bras de Yao Zhan et commença à se plaindre :
« Frère Zhan, aujourd’hui, Shen Jue m’a carrément frappé avec un oreiller. Je crois que je vais avoir une commotion cérébrale et mon visage est aussi tout rouge. »
Il désigna son visage.
Yao Zhan regarda soigneusement. Son teint rosé n’indiquait en rien le fait qu’il avait été frappé, alors il se contenta de tapoter la main du jeune homme. Il demanda d’un ton doux :
« Où est Shen Jue ?
– Il… il est dans son bureau. Tu sais à quel point c’est un maniaque du travail. Travailler du matin au soir, c’est son genre, répondit Shang Jiayu en faisant la moue.
– Je vais aller lui parler. Va te changer et après ça, on ira manger dans ton resto favori de sushi, » fit Yao Zhan pour l’amadouer.
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Dès que ces mots furent prononcés, Shang Jiayu lâcha joyeusement son bras. Il n’aimait pas du tout manger chez Yao Zhan et c’était bien mieux de manger dehors — au moins, il pouvait commander ce qu’il aimait. Mais avant de se retirer, il jeta un regard à l’autre homme, les yeux remplis d’un sentiment profond.
« Frère Zhan, tu n’as pas l’intention de raviver les flammes de votre ancienne relation, hein ?
– Qu’est-ce que tu racontes ? Nos fiançailles ont déjà été rompues, fit l’autre homme sans broncher. Va te changer. »
…
Yao Zhan se rendit au bureau. Il toqua deux fois mais personne ne lui répondit, alors il se mordit la lèvre et ne put que dire :
« Xiao Jue, c’est moi. »
Il n’obtint toujours pas de réponse. Il réfléchit un moment, puis ouvrit la porte.
Shen Jue était assis au bureau, vêtu de vêtements bleus d’intérieur. Bien qu’il n’était pas myope, il avait l’habitude de porter des lunettes avec filtre bleu quand il travaillait. En entendant la porte qui s’ouvrait, il releva la tête et abaissa lentement de l’index les lunettes à monture dorée sur son nez. Quand il vit Yao Zhan, son expression devint encore plus glaciale.
« Qu’est-ce que tu veux ? »
Yao Zhan entra et referma la porte derrière lui. Il s’approcha du bureau, regarda Shen Jue et fit d’une voix grave :
« Tu as donné à Xiao Yu le pyjama de couple qu’on s’était acheté ensemble ? »
Shen Jue ne répondit pas à ça. Il avait acheté une tonne d’articles de couple avec l’autre homme. Mais puisqu’il avait acheté ça avec son propre argent, il n’y avait pas de raison de s’en débarrasser car ce n’était pas un cadeau de Yao Zhan.
« Que veux-tu ? »
L’autre homme prit un air irrité.
« Où tu étais passé ces derniers temps ? Pourquoi tu avais éteint ton portable ? Tu as bloqué mon numéro, là ? »
– J’étais à l’étranger, figure-toi. »
Shen Jue jeta un regard agacé à l’autre homme. Il avait l’impression que Yao Zhan avait un problème au cerveau.
« Yao Zhan, nous avons déjà rompu alors je n’ai absolument pas l’obligation de te dire où je vais. D’ailleurs, quand nous étions encore fiancés, tu ne m’as pas dit que tu allais enlacer d’autres personnes. Ne commence donc pas à te montrer si pénible maintenant, okay ? »
Mais quand Yao Zhan entendit ça, il étira sa lèvre inférieure en un sourire mauvais et se rapprocha encore plus. Il se pencha vers Shen Jue et posa même une main sur le dossier de sa chaise, comme pour emprisonner l’autre homme de manière invisible.
« Xiao Jue, tu es encore jaloux, hein ? »
Après ça, il voulut soulever le menton de Shen Jue de son doigt mais son geste fut évité.
Son regard s’assombrit aussitôt.
Le Shen Jue d’avant n’avait jamais esquivé un de ses gestes.
Yao Zhan avait toujours été exceptionnel depuis la naissance. En tant que fier fils du Ciel, son amour-propre et son arrogance étaient presque égales. Il se rappelait clairement que Shen Jue l’avait aspergé de café en public et là, alors qu’il voulait caresser son visage, l’autre homme l’évitait. Ce n’était pas comme s’ils n’avaient jamais couché ensemble. Même quand ils l’avaient fait dans la voiture, Shen Jue l’avait seulement supplié de ralentir.
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En songeant à l’apparence autrefois obéissante de l’autre et en voyant son air indifférent actuel, Yao Zhan ne put que ressentir un peu de colère. Il rétrécit les yeux et le saisit de force par les épaules, puis il l’embrassa.
Tout comme Shang Jiayu ne faisait pas le poids contre un Bêta comme Shen Jue, Shen Jue ne faisait pas le poids contre un Alpha comme Yao Zhan. Les Alphas avaient une force physique supérieure et innée alors Shen Jue, en tant que Bêta, ne pourrait jamais surpasser cet avantage.
Quand Shen Jue fut embrassé, il se débattit naturellement si fort que ses lunettes faillirent tomber de son nez. Malgré ça, il ne put se libérer. Quand Yao Zhan se rapprocha de lui, il remarqua qu’il semblait y avoir quelque chose sur le front de l’autre homme, alors il tendit la main pour soulever ses mèches.
Avec ce mouvement, le splendide tatouage noir fut complètement exposé.
Yao Zhan se figea un moment, puis releva la tête pour garder les yeux fixés sur son front.
« Quand est-ce que tu t’es fait ce tatouage ? »
Shen Jue leva les yeux pour foudroyer du regard l’autre homme. Il était en ce moment presque immobilisé par lui. Ses deux mains avaient été facilement retenues par une seule main de Yao Zhan, tandis que ses deux jambes étaient pressées par un genou. L’autre homme l’avait complètement pressé contre la chaise, il était incapable de se relever ne serait-ce qu’un peu.
« Xiao Jue. »
Yao Zhan remonta les lunettes sur le nez de l’autre homme.
« Réponds à ma question. »
À cet instant, la porte du bureau s’ouvrit soudain.
Shang Jiayu, qui s’était changé, se tint à la porte et vit les deux hommes dans une position ambiguë à l’intérieur. Son expression changea subitement.
« Frère Zhan ! »
Quand Yao Zhan entendit le cri derrière lui, une lueur de mécontentement parcourut son regard, mais il n’eut pas d’autre choix que de lâcher l’autre homme. Il se releva et se tourna vers la porte, un doux sourire aux lèvres.
« Ça y est, tu t’es changé ? Alors allons-y. Va d’abord mettre tes chaussures, je te rejoins tout de suite. »
Shang Jiayu se mordit les lèvres à ces mots et semblait très réticent à l’idée de partir. Mais sous le regard de Yao Zhan, il n’eut pas d’autre choix que de faire gentiment demi-tour pour s’en aller. Mais avant de partir, il jeta un regard noir à Shen Jue. Dès qu’il eut disparu, Yao Zhan se tourna de nouveau vers Shen Jue.
Il leva la main pour lui caresser la joue mais comme il s’y attendait, l’autre évita sa main. Il ne se fâcha pas cette fois et se contenta de rire légèrement.
« Débloque mon numéro, sois un gentil garçon. »
Tandis que Shen Jue était en train de se brosser les dents devant le miroir de la salle de bain, il avait envie de vomir. Comparé à Shang Jiayu, c’était encore Yao Zhan qu’il haïssait le plus. Yao Zhan avait été en couple avec lui, ils s’étaient même fiancés. Mais à partir du moment où l’autre n’avait plus éprouvé d’amour pour lui, il n’avait pas hésité à l’envoyer aussitôt pour une chirurgie de réattribution sexuelle.
« … M. Shang et les autres sont très riches et ils peuvent faire en sorte que tu n’aies plus jamais à te soucier de rien de toute ta vie… »
Cette personne avait qualifié Shang Jiayu de petit papillon, alors cela allait sans dire qui étaient “M. Shang et les autres”.
Shen Jue s’arrêta brusquement, puis jeta sa brosse à dents dans la poubelle.
La parole à l’auteur :
Auteur Immoral : Mon petit, ah, tu trouves ça normal de jeter ta brosse à dents à la poubelle ?
Shen Jue : …
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