Chapitre 227
Le visage de Shang Jiayu devint rapidement rouge. Il fixa un long moment le profil de Shen Jue, sans voix, puis finit par détourner le regard en reniflant de mépris.
Après toutes ces années, il n’avait encore jamais été aussi méprisé par quelqu’un.
Quand la perfusion de Shen Jue eut fini de couler, il était déjà une heure du matin. Dès que l’infirmière retira l’aiguille, il se leva et sortit. Shang Jiayu, qui somnolait encore à côté, le suivit aussitôt.
Shen Jue héla un taxi et quand il ouvrit la porte, il se tourna pour regarder le jeune Oméga qui continuait de le suivre.
« Pourquoi tu me suis ? »
Shang Jiayu se mordit les lèvres. Les marques de coup sur son visage ne s’étaient pas encore effacées et il avait les yeux un peu humides. On aurait dit un chien errant.
« Grand frère, je n’ai nulle part où aller. Si je retourne chez frère Zhan, je ne pourrai pas dissimuler ce qui s’est passé ce soir. Et un Oméga qui n’a pas encore ses vingt ans ne peut pas prendre une chambre d’hôtel seul. »
Shen Jue le fixa un moment, puis s’écarta quand même.
Cela ne l’aurait absolument pas dérangé d’abandonner Shang Jiayu et de le laisser se débrouiller tout seul. Mais il s’agissait malgré tout d’un faible Oméga et il était fort possible qu’il lui arrive quelque chose s’il restait seul dehors la nuit. Si Shang Jiayu venait à mourir, Shang Yanyu ne se montrerait pas et Shen Jue risquait alors de ne jamais rencontrer le maître de ce monde dans cette vie.
Voyant que Shen Jue lui laissait le passage, Shang Jiayu fut visiblement ravi et il monta tout de suite dans le taxi, comme craignant que l’autre ne change d’avis. Pendant le trajet de retour, il avait terriblement sommeil mais il avait aussi un peu peur que s’il s’endormait, Shen Jue ne le réveillerait pas et l’abandonnerait dans le taxi, alors il s’obligea à garder les yeux ouverts pendant tout ce temps. S’il sentait qu’il allait céder au sommeil, il prenait un bonbon dans sa poche.
C’étaient les bonbons de Shen Jue et il les trouvait plutôt délicieux.
Une fois sorti du taxi, Shang Jiayu continua à coller l’autre homme. Le résultat de cette proximité fut qu’il marcha accidentellement sur le pied de Shen Jue.
« Désolé, grand frère, » s’excusa-t’il aussitôt.
Shen Jue ferma les yeux d’un air las. Il n’avait vraiment pas la force de se disputer avec Shang Jiayu maintenant. Une fois dans la maison, il ne prêta plus attention au jeune homme. Il prit un pyjama et alla prendre une douche.
Ce fut ainsi que Shang Jiayu retourna dans la maison de Shen Jue. Il voulut s’allonger sur le canapé et se reposer, mais il regarda ses vêtements très sales et fronça les sourcils. Il n’avait plus de vêtements de rechange ici, mais il savait très bien où se trouvaient les affaires de Shen Jue. Il jeta un coup d’œil vers la salle de bain, puis se rendit dans la chambre de l’autre homme sur la pointe des pieds. Il se rendit directement dans le dressing et prit un pyjama qui lui plaisait. Quant au slip…
Il savait où Shen Jue rangeait ses sous-vêtements fraîchement lavés. Bien Shen Jue soit plus grand que lui, ils avaient la même taille de slip, alors il pouvait en emprunter un à Shen Jue.
C’était juste que les couleurs des sous-vêtements de l’autre ne lui plaisaient pas du tout. Il avait une préférence pour les couleurs chaudes, tandis que les slips de Shen Jue étaient tous noirs, gris et bleus, ainsi que quelques autres couleurs.
Il hésita, hésita, puis finit par en prendre un noir avant de sortir.
Shen Jue était toujours dans la salle de bain, alors Shang Jiayu se rendit dans la chambre d’ami avec ses vêtements dans les bras. Il ne sortit pas de là tant qu’il n’entendit pas du mouvement à l’extérieur et que cela se calma.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Comme prévu, la porte de la chambre principale était fermée. Shang Jiayu se dirigea aussitôt vers la salle de bain en portant les vêtements. Quand il sortit de la douche, il était déjà trois heures du matin. Il retourna dans la chambre d’ami et s’aperçut que bien que la clim réversible tournait depuis plus d’une heure, la chambre était aussi glaciale qu’une grotte gelée.
Il monta sur un tabouret et posa une main sur la grille de l’appareil, seulement pour s’apercevoir qu’il était en panne.
Shang Jiayu ne portait qu’un pyjama actuellement, alors il trembla un peu à cause du froid. Après avoir réfléchi, il éteignit la clim et sortit en faisant le moins de bruit possible. Il se faufila jusqu’à la porte de la chambre principale et tenta de l’ouvrir.
C’était fermé à clef.
Il commença par agiter furieusement le poing mais très vite, il eut un rire silencieux et se rendit dans le séjour. Quand il avait habité ici, il avait repéré où Shen Jue avait l’habitude de ranger les objets. Les doubles des clefs des portes étaient en général dans le meuble télé.
En effet, il trouva plusieurs clefs à l’intérieur. Il les prit toutes et les essaya une par une sur la porte de Shen Jue. Au bout du troisième essai, la porte s’ouvrit.
Shang Jiayu retint involontairement son souffle et tourna lentement la poignée. Il n’osa pas entrer tout de suite mais pointa d’abord sa tête à l’intérieur. Comparée à la chambre d’ami, cette pièce était tout bonnement le paradis. Il contempla la forme roulée en boule sur le lit et attendit plus de dix secondes. Voyant que l’autre ne bougeait pas, il retira ses chaussons à la porte, puis entra pieds nus pour ne pas faire de bruit.
Quand il referma la porte, son cœur était presque remonté dans sa gorge, tant il craignait que l’autre ne se réveille.
Bizarrement, la dernière fois à midi, Shang Jiayu n’avait pas hésité à se glisser directement dans le lit de l’autre mais en cet instant, il avait un peu peur.
Cependant ce soir, Shen Jue avait bu, avait été blessé et avait reçu une perfusion, alors il dormait plus profondément que d’habitude. Du coup, quand Shang Jiayu grimpa dans le lit, Shen Jue ne remarqua rien du tout. Voyant qu’il n’avait pas réveillé l’autre homme, Shang Jiayu eut un sourire satisfait et soupira mentalement à cause de la chaleur de la couverture. Ses pieds et ses mains gelés commencèrent enfin à se réchauffer.
Quand Shang Jiayu se réveilla, le ciel était déjà très clair. Il ouvrit les yeux d’un air confus et un beau visage au teint clair apparut dans son champ de vision. Le jeune Oméga cligna lentement des yeux, pas tout à fait réveillé. Il songea que les cils de la personne en face étaient vraiment très longs et que ça lui donnait envie de les arracher d’un coup. Quand il se réveilla complètement, ses yeux s’écarquillèrent soudain.
Il se rendit compte qu’à un moment donné durant son sommeil, il s’était retrouvé dans les bras de Shen Jue et le serrait de tous ses membres comme une pieuvre, tandis que celui qu’il tenait ne semblait pas bien dormir et avait les sourcils froncés.
Shang Jiayu retira lentement ses bras et ses jambes, puis sortit en vitesse du lit. Il se faufila hors de la chambre pour retourner dans la chambre d’ami.
Il resta allongé là-bas pendant une dizaine de minutes. Quand il entendit du bruit dehors, il se leva et entrouvrit doucement la porte pour écouter ce qui se passait de l’autre côté.
Shen Jue semblait être au téléphone avec quelqu’un et sa voix était rauque. Une lueur passa dans le regard de Shang Jiayu qui ouvrit la porte et en sortit.
Lui tournant le dos, Shen Jue se trouvait au téléphone sur le balcon. Le soleil du matin inondait tout son corps, lui apportant une touche de chaleur. Shang Jiayu le regarda discuter au téléphone tout en arrosant les plantes sur le balcon avec un petit arrosoir. Bizarrement, il eut l’impression que quand Shen Jue regardait ces plantes, ses yeux contenaient bien plus de tendresse que quand ils le regardaient lui. À cette pensée, Shang Jiayu ne put s’empêcher d’être un peu vexé.
Il renifla et s’avança vers le balcon. Mais quand il arriva, Shen Jue ne lui adressa même pas un regard et continua d’arroser tout en parlant au téléphone.
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Shang Jiayu jeta un coup d’œil à la plante en pot arrosée par Shen Jue. Est-ce que ça ne ressemblait pas juste à un radis vert ordinaire ? Ça n’avait vraiment rien de joli, alors pourquoi cette plante méritait-elle de se faire ainsi arroser par Shen Jue ? En songeant à ça, Shang Jiayu arracha une feuille avec un sourire mauvais, le tout en face de Shen Jue.
Ce dernier cessa son arrosage et lui jeta un regard désapprobateur. Malgré tout, Shang Jiayu lui fit une grimace et fourra la feuille de radis vert dans la bouche.
« J’ai faim. »
En voyant ça, Shen Jue reposa l’arrosoir et tourna le dos pour continuer sa conversation téléphonique. Il n’avait pas à aller au bureau aujourd’hui mais il avait quand même des affaires à gérer. D’ailleurs, il y avait une réunion en visio ce matin à dix heures.
« Tu m’enverras tous les renseignements par e-mail, » fit Shen Jue à son assistant à l’autre bout du fil.
L’assistant allait répondre quand il entendit soudain une autre voix du côté du directeur général :
« Grand frère, j’ai dit que j’ai faim, tu ne m’as pas entendu ? Toi à l’autre bout du fil, arrête d’appeler mon grand frère ou bien je vais me fâcher ! »
L’assistant marqua une pause, puis entendit la voix furieuse du directeur général :
« Tu es fou ou quoi ?
– Oui, je deviens fou quand j’ai faim. »
Shang Jiayu enroula un bras autour du corps de Shen Jue, refusant de le retirer.
« Grand frère, qu’est-ce qu’il y a pour le petit-déjeuner ? Tu n’as pas besoin d’aller au boulot aujourd’hui, hein ? Génial, je viendrai avec toi à l’hôpital après le petit-déjeuner. »
Shen Jue se renfrogna. Tenant son portable d’une main, il essaya d’arracher Shang Jiayu de lui de l’autre main.
« Il fait jour à présent, tu peux retourner chez Yao Zhan. Personne ne te kidnappera en plein jour. »
À peine le bras du jeune homme fut-il retirer que l’autre prit rapidement sa place.
« Je veux pas. Frère Zhan n’est pas là, alors je n’ai pas envie d’aller là-bas. En plus, c’est aussi chez moi ici. C’était clairement marqué sur le contrat au départ. »
Au vu de la situation, Shen Jue n’eut pas le choix : il raccrocha d’abord avec son assistant, puis décolla complètement le jeune Oméga de lui. Les deux mains de Shang Jiayu furent attrapées et il lui fut impossible de continuer à saisir la cuisse de l’autre homme.
Mais le degré d’impudence de ce type n’avait d’égal que le niveau de ses actes. Bien que ses mains étaient bloquées, ses jambes restaient libres. Alors il tendit la jambe et frotta délibérément son pied contre la jambe de Shen Jue.
« Grand frère, j’ai faim. Je veux manger. »
Shen Jue fixa d’un air glacial le pied de l’autre jeune homme.
« Si tu recommences, tu n’auras plus de pied. »
Le sourire sur le visage de Shang Jiayu se crispa un moment, puis il retira rapidement son pied. Il marmonna tout de même :
« Tu veux me casser les dents et me couper les jambes. Grand frère, tu étais un tueur de porcs dans ta vie précédente ou quoi ? »
Dès qu’il eut dit ça, il cligna des yeux comme s’il avait senti quelque chose de bizarre dans ce qu’il venait de dire. Mais il ne réussit pas à mettre le doigt dessus.
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Shen Jue le lâcha et se dirigea vers sa chambre. Shang Jiayu le suivit en murmurant :
« Grand frère, la clim est cassée dans la chambre d’ami. J’ai failli mourir de froid cette nuit. Tu veux bien appeler un réparateur aujourd’hui, dis ? »
Il le poursuivit jusqu’à la porte de la chambre et faillit se cogner contre car elle avait été subitement claquée sous son nez. Il inspira brusquement, puis se rendit compte qu’il n’avait rien. Il s’allongea au sol et continua à écouter le bruit que faisait Shen Jue à l’intérieur.
« Grand frère, tu m’écoutes ? Grand frère, tu m’entends quand je te parle ? Grand frère, je veux que la clim soit réparée. Grand frère, je veux mon petit-déjeuner. Grand frère… »
Il eut beau appeler ‘grand frère’ une dizaine de fois d’un seul souffle, il n’obtint pas de réponse. Il roula des yeux et se coucha vraiment par terre devant la porte de la chambre.
« Grand frère, si tu ne sors pas me faire à manger, je vais rester par terre. Je me laisser mourir de froid et de faim. Je vais laisser mon cadavre puer dans toute la maison de grand frère. »
Il resta cinq minutes comme ça, frissonnant de froid. Voyant que la porte ne faisait pas mine de s’ouvrir et que la personne à l’intérieur l’ignorait totalement, il ne put que se relever, désespéré. N’appréciant pas le froid, il descendit jusqu’au séjour et alluma la clim réversible. Puis il se rendit dans la cuisine pour ouvrir le frigo et jeter un coup d’œil. Il n’y avait que des aliments qui devaient être cuisinés, rien qui ne puisse être directement mangé. Cela le mit un peu en colère.
Il fit le tour de la maison et atterrit sur le balcon. Le radis vert que Shen Jue avait arrosé avait l’air très vivant au soleil. Il y avait encore quelques petites gouttes de cristal sur ses feuilles. Shang Jiayu contempla une minute ce radis vert, puis ricana. Il jeta ensuite un regard vers la porte de la chambre principale et marmonna pour lui-même :
« Puisque tu ne veux pas me nourrir, alors je vais manger ce foutu radis vert que tu aimes tant arroser. Ça t’apprendra à t’occuper d’une foutue plante et pas de moi ! »
Tout en parlant, il tendit une main mal intentionnée vers le radis vert.
Une fois que Shen Jue se fut lavé et se soit changé, il ouvrit la porte et tomba à ce moment précis sur Shang Jiayu qui rampait par terre.
Le jeune homme rampait très lentement, le tout accompagné de gémissements de douleur. Quand il vit que Shen Jue était sorti de la pièce, il leva son visage pâle vers lui et fit d’une voix très faible :
« Grand frère, je crois que je fais une intoxication alimentaire. J’ai tellement mal au ventre. »
Note de Karura : Il ne faut pas manger tout ce qui traîne, mon petit gars !
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