Chapitre 228
Une heure plus tard, Shen Jue et Shang Jiayu se retrouvèrent tous les deux sous perfusion.
Shen Jue avait son carnet d’ouvert et suivait sa réunion sur son portable tout en ayant la perfusion. De son côté, Shang Jiayu s’était enfin calmé. Ce matin, il avait mangé presque toutes les feuilles du pot de radis vert et avait réussi à avoir une intoxication alimentaire. Quand le docteur l’avait examiné, il lui avait demandé ce qu’il avait mangé et après sa réponse, il avait gardé le silence un bon moment. Puis il avait fait passer à Shang Jiayu le plus simple des tests d’intelligence, à savoir de lui demander ce qu’il pouvait manger et ce qu’il ne devait pas manger.
Shang Jiayu s’était senti honteux à tel point qu’encore maintenant, il n’osait plus se disputer avec Shen Jue. Il tenta du mieux possible de se recroqueviller en une boule, tâchant de se faire le plus petit possible. Il ne dit plus un mot et suivit simplement Shen Jue en silence une fois la perfusion terminée.
Shen Jue fit quelques pas, puis s’arrêta d’un coup pour regarder Shang Jiayu derrière lui. Le jeune Oméga était complètement terne et maladif en cet instant, presque comme le pauvre radis vert sur le balcon de Shen Jue.
« Combien de temps encore tu comptes rester chez moi ? »
Shen Jue avait déjà évalué la situation difficile du jeune homme. Étant donné que Yao Zhan était actuellement en voyage d’affaires, Shang Jiayu allait probablement refuser de partir. Comme Shen Jue n’avait pas envie de perdre son temps à parler, il préférait encore demander directement à l’autre combien de temps il allait rester.
Shang Jiayu cligna des yeux, puis compta sur ses doigts.
« Frère Zhan sera de retour dans cinq jours.
– Alors je ne te garderai que cinq jours. Dès que ce temps sera écoulé, tu retourneras immédiatement chez Yao Zhan. »
Après ça, Shen Jue se dirigea vers l’ascenseur.
Voyant Shen Jue se détourner de lui, Shang Jiayu se mordit les lèvres mais le suivit rapidement. Shen Jue était venu à l’hôpital en voiture. Sur le chemin du retour, Shang Jiayu, assis à la place passager, toucha son ventre qui était on ne pouvait plus plat et il murmura :
« Grand frère, qu’est-ce qu’on va manger ?
– Tu n’as pas encore fini ce pot de radis vert, il me semble, hein ? Pourquoi ne pas continuer à le manger ? »
La voix de Shen Jue était très glaciale.
Le jeune Oméga manqua de s’étouffer, puis il fit après un long moment :
« J’ai eu tort, je ne mangerai plus jamais de radis vert. Mais grand frère, le narcisse à côté, ça se mange ? »
Shen Jue garda le silence et ne voulut plus lui parler.
Une fois de retour à la maison, Shang Jiayu s’allongea tout de suite sur le canapé. Bien sûr, ses yeux restèrent fixés sur Shen Jue. Il se demandait quand est-ce que l’autre allait se rendre en cuisine pour faire à manger. Mais il eut beau attendre et attendre, en vain. Alors quand Shen Jue se changea en tenue d’intérieure et se dirigea vers son bureau, Shang Jiayu ne put qu’être interloqué.
Après ça, il se leva et suivit Shen Jue dans le bureau. Il le vit déjà assis dans sa chaise.
« Grand frère, tu n’as pas faim ? »
Shen Jue mit ses lunettes sur son nez.
« Je n’ai pas faim. »
Mais lui, il avait faim, il allait mourir de faim !
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Toutefois, Shang Jiayu n’osait plus se plaindre à voix haute à présent. Il fixa Shen Jue et finit par s’asseoir à ses pieds. Il tendit les bras pour entourer la cuisse de l’autre homme.
« Grand frère, j’ai vraiment faim. Ce narcisse n’a pas l’air bon à première vue. Tu pourrais me faire à manger, dis ? Je mangerai tout ce que tu me feras. »
Sa voix avait l’air très malheureux.
Shen Jue fronça les sourcils et céda à l’envie de le déloger de là d’un coup de pied. Cependant, dès qu’il fit mine de le frapper, Shang Jiayu se mit à pousser des lamentations comme si Shen Jue était en train de maltraiter. En voyant ça, Shen Jue lui tendit le portable sur la table.
« Commande toi-même à manger. »
Le jeune Oméga ne réagit pas et fit d’un ton chagriné :
« Je n’aime pas manger des plats à livrer, c’est toujours froid quand ils arrivent. Mon estomac ne peut pas supporter ça. Grand frère, je vais vraiment mourir. »
Shen Jue leva une main et se massa l’espace entre les sourcils. Il n’eut pas d’autre choix que de se lever.
« Lâche-moi. »
En voyant l’autre homme se lever, l’expression de Shang Jiayu passa aussitôt du chagrin à la joie. Il lâcha Shen Jue et se releva du sol. Il cita rapidement plusieurs plats, mais Shen Jue se contenta de lui jeter un regard et de préciser platement :
« Après une intoxication alimentaire, tu ne peux manger que du porridge. »
Shang Jiayu : « … »
Après un moment, il insista :
« Je pourrais avoir un peu de jambon avec ? J’aime bien le jambon. »
Shen Jue n’exauça pas son souhait, mais quand Shang Jiayu aperçut de l’œuf et de la viande hachée dans son porridge, il en fut un peu ravi. Sauf que quand il remarqua que le bol de Shen Jue contenait du poulet, cette petite joie se volatilisa aussitôt.
Il fixa le bol de l’autre homme et déglutit.
« Grand frère, c’est du poulet dans ton bol ? »
Shen Jue ne lui répondit pas.
Le jeune homme semblait avoir pris l’habitude de l’air glacial de Shen Jue et il insista :
« Ce poulet a l’air délicieux. Grand frère, tu vas arriver à tout finir ? Sinon, je serai ravi de t’aider ! »
Shen Jue leva les yeux pour lui jeter un regard.
« Tu ne veux pas manger ton porridge ? »
Cette phrase fut prononcée de manière très calme, mais Shang Jiayu parut sentir la menace voilée qu’elle contenait. Il détourna aussitôt le regard pour boire son porridge. Après juste quelques bouchées, il ne put s’empêcher de regarder de nouveau Shen Jue. En particulier quand il le vit manger du poulet, ses yeux ne purent s’empêcher de se figer.
En fait, il n’avait pas bien mangé depuis que Yao Zhan était parti en voyage d’affaires. Ce dernier le contrôlait en permanence : Shang Jiayu n’avait pas le droit de faire ci, pas le droit d’aller là-bas. Alors dès que l’homme s’était absenté, Shang Jiayu avait filé en douce pour faire la fête. Cela faisait donc plusieurs jours qu’il n’avait pas eu de vrai repas. Aujourd’hui, il pouvait enfin manger quelque chose de chaud mais ce n’était qu’un bol de porridge. Bien que ce soit bon, cela ne pouvait pas se comparer à du poulet.
Comme disait le vieux dicton, on apaisait sa soif en pensant à des prunes Un ancien diction signifiant avoir de faux espoirs. Plus d’explications ici : https://www.cultureyard.net/blog/chinese-idiom-wang-mei-zhi-ke (1). Aujourd’hui, lui, Shang Jiayu, espérait apaiser sa faim en pensant à du poulet.
À cette pensée, il se dit qu’il était vraiment trop à plaindre.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Shen Jue avait naturellement bien conscience que Shang Jiayu lorgnait sur le poulet dans son bol avec un regard des plus explicites. Il eut tout à coup l’impression que ce n’était pas un jeune homme en face de lui, mais un chien errant qui mourait de faim depuis des jours. Ce chien errant était en train de contempler avec envie le poulet dans son bol.
Il se figea et ne put s’empêcher de lever les yeux. Aussitôt, Shang Jiayu baissa la tête comme si rien ne s’était passé.
Shen Jue garda le silence un moment avant de faire :
« Il y a encore du poulet dans la cuisine. Il doit être tombé en morceaux dans le bouillon, alors tu peux aller te servir. »
Dès que le jeune Oméga entendit ça, il releva aussitôt la tête et ses yeux devinrent aussi brillants que ceux d’un chien errant qui venait de trouver à manger sur la route. Il contempla Shen Jue fixement, puis eut soudain un léger rire.
« Grand frère est si gentil. »
En voyant l’autre jeune homme rire, Shen Jue éprouva un peu de regret mais puisqu’il avait déjà parlé, ce serait compliqué de revenir sur ce qu’il avait dit.
Shang Jiayu fila en cuisine pour se servir un bol entier de poulet. Il mangea lentement et le temps qu’il finisse, Shen Jue était déjà retourné dans son bureau. Le jeune homme regarda le bol vide sur la table, puis la porte fermée du bureau. Il réfléchit longuement avant de prendre l’initiative de débarrasser son bol et ses baguettes. Il les mit dans l’évier, hocha la tête d’un air content de soi, puis il se lava les mains et retourna regarder la télé dans le séjour.
Bien sûr qu’il n’allait pas faire la vaisselle, il n’avait jamais fait ça.
Dans sa vision du monde, c’était déjà bien qu’il ait débarrassé le bol et les baguettes pour les apporter en cuisine, lui qui ne faisait jamais aucune corvée de ménage.
Shang Jiayu continua de regarder la télé et vit qu’il faisait nuit. Il avait de nouveau faim, mais Shen Jue n’était toujours pas sorti de son bureau. Il posa donc une main sur son estomac, l’air malheureux, mais très vite, il se leva et posa une main sur la porte du bureau.
Il toqua à la porte.
« Grand frère, il est dix-neuf heures tout pile. Tu devrais faire une pause. »
Personne ne lui répondit, alors il fut bien obligé de tourner la poignée. Malheureusement, Shen Jue avait refermé la porte à clef derrière lui, alors Shang Jiayu ne put entrer. Il n’osait pas non plus se servir du double de la clef pour entrer en présence de Shen Jue, donc il n’eut pas d’autre choix que de retourner dans le séjour.
Il avait tellement faim, alors autant dormir.
Shang Jiayu s’endormit confusément et quand il se réveilla, il sentit une délicieuse odeur.
Sans même ouvrir les yeux, il se leva d’abord puis, les yeux à moitié ouverts, il suivit l’odeur jusque dans la cuisine. Il vit l’autre homme vêtu d’un tablier bleu qui lui tournait le dos. Allez savoir si c’était à cause du tablier, mais il avait l’impression que la taille de l’autre semblait plus fine cette fois et qu’elle avait l’air différente de d’habitude.
Shen Jue était en train de remplir un plat quand soudain, quelque chose de chaud se colla contre lui. Cette chose pressa même sa tête sur son épaule.
« Grand frère, ça sent très bon, ah. Qu’est-ce qu’on mange ce soir ?
– Ta tête, » fit Shen Jue d’une voix sèche.
Avec un petit cri, Shang Jiayu retira sa tête mais très vite, il la pointa sur le côté pour voir ce qu’il y avait dans la marmite. Dès qu’il vit qu’il s’agissait de viande, ses yeux s’illuminèrent.
« C’est ce qu’on va manger ce soir ? Trop génial ! » s’écria le jeune homme avec enthousiasme.
Shen Jue lui tendit le plat chargé.
« Prends-moi ça, ne reste pas planté ici. »
Tu es bien trop pénible.
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Quand Shang Jiayu vit le plat que l’autre lui tendait, il en resta un moment interloqué avant de le prendre. Il prit aussi des bols et des baguettes selon les instructions de Shen Jue. Si Shen Jue lui demanda de faire ça, c’était parce qu’il ne supportait pas de voir l’autre planté derrière lui à l’observer sans qu’il ne puisse le faire partir. De son côté, Shang Jiayu se sentait un peu bizarre : personne ne lui avait jamais demandé de faire ce genre de choses et il avait toujours pensé que c’était ennuyeux. Mais après l’avoir fait, il se rendit compte que ce n’était pas du tout pénible, surtout après avoir réalisé que quand il avait fini une tâche, c’était une tâche de moins à faire pour Shen Jue.
C’est donc ça, le sentiment de se rendre utile, ah.
Alors à la fin du repas, il prit l’initiative de débarrasser de nouveau la table, cette fois en présence de Shen Jue. Après ça, il se posta devant l’autre homme et cligna des yeux sans arrêt.
Shen Jue plissa le front.
« Qu’est-ce qu’ils ont, tes yeux ? »
Shang Jiayu émit un léger son et désigna la cuisine.
Shen Jue plissa encore plus le front, mais ne voulut pas perdre plus de temps avec lui. Il le contourna pour retourner dans son bureau mais au moment où il fit un pas, l’autre le saisit par le bras.
« Grand frère, tu n’as vraiment rien à me dire ? »
Agacé, Shen Jue tourna la tête vers lui et se rendit alors compte que le jeune homme le fixait d’un air expectatif. Il en resta stupéfait un moment, puis comprit que l’autre attendait des félicitations. Comme Shen Jue ne voulait pas s’embêter avec lui, il fit rapidement :
« Bon travail. »
Ces deux mots firent briller encore plus les yeux de Shang Jiayu. Il lâcha le bras de Shen Jue avec satisfaction.
« Grand frère, tu peux retourner travailler. Je vais regarder la télé. »
Shen Jue se tourna et avant qu’il n’arrive à son bureau, il entendit le jeune homme chantonner derrière lui.
Il semblait de très bonne humeur et enchaînait les chansons. Shen Jue trouva ça trop bruyant, alors il dut mettre un casque.
Dans le séjour, Shang Jiayu ne s’était pas rendu compte qu’il dérangeait Shen Jue. Allongé sur le canapé, il regardait une histoire d’amour sanglante à la télé, ses pieds se balançant dans le vide. Comme il ne connaissait pas tellement de chansons, il chanta celles qu’il avait apprises à l’école. Il se mit à chanter “Seule ma mère est gentille au monde” mais quand il ouvrit la bouche, il changea les paroles pour : “Seul mon grand frère est méchant au monde”…
Note de Karura : Shen Jue, dompteur de gong depuis 228 chapitres.
Shen Jue : … Où ça, un gong ?
Shang Jiayu, tout petit et mignon : Je suis prêt à devenir le plus grand des gongs !
Shen Jue : … C’est pas gagné.
Notes du chapitre :
(1) Un ancien diction signifiant avoir de faux espoirs. Plus d’explications ici : https://www.cultureyard.net/blog/chinese-idiom-wang-mei-zhi-ke
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