Chapitre 238
Tandis qu’ils se trouvaient dans l’ascenseur, aucun des deux ne parla. L’un regarda les numéros des étages qui changeaient, tandis que l’autre fixa les portes propres de la cabine.
L’ascenseur s’arrêta au vingt-neuvième étage.
Shen Jue sortit le premier, suivi par Si Yu. Sans doute parce qu’il était chanteur d’opéra, ses pas étaient très légers, surtout sur la moquette du couloir.
Arrivés à la porte, Si Yu jeta un coup d’œil à Shen Jue. Il lui prit soudain la main et la pressa dans sa poche qui contenait les préservatifs.
Son ton se fit tendre et gentil :
« C’est maintenant trop tard pour regretter. »
Shen Jue se figea un moment, puis retira lentement sa main. Il demanda en retour :
« Pourquoi tu parles de regret ? Nous sommes tous les deux adultes. »
Il jeta un regard appuyé à Si Yu.
« Ou bien tu as déjà un partenaire ?
– Non, célibataire à dix mille pourcents, » répondit l’autre en riant.
Shen Jue prit la carte de sa chambre et ouvrit la porte. Shang Jiayu lui avait laissé la lumière dans l’entrée et le salon, alors quand il entra, c’était éclairé. Shen Jue entra le premier, suivi par Si Yu. Ce dernier saisit le bras de Shen Jue et le tira en arrière.
« Attends. »
Il pressa l’homme contre la porte et de son autre main, il toucha l’endroit où était insérée la carte. Il y avait une autre carte de chambre insérée par Shang Jiayu.
Ses doigts fins retirèrent la carte argentée et toutes les lumières s’éteignirent. Sans électricité, la pièce devint complètement sombre. Il n’y avait que le clair de lune qui éclairait un peu en provenance de la baie vitrée.
« Qu’est-ce que tu fais ? » demanda Shen Jue en regardant l’autre homme tout proche.
Si Yu était vraiment très près de lui. Il suffisait que l’un des deux bouge un tant soit peu pour que leurs visages se retrouvent pressés.
« Je veux t’embrasser, tu es d’accord ? fit Si Yu d’une voix très rauque. Tu peux dire non, mais il faudra que je réfléchisse un peu avant d’accepter ou pas ton refus. »
Shen Jue posa une main sur le torse de l’autre.
« Je veux d’abord me doucher, ça te va ?
– Okay, mais embrasse-moi d’abord. »
Il avait à peine dit ça qu’il avait déjà pressé ses lèvres contre les siennes.
Bien que ce ne fut qu’un simple baiser, Shen Jue se retrouva presque dévoré par l’autre homme, à tel point qu’il avait du mal à respirer. Il dut saisir la manche de Si Yu et détourner le visage avec du mal. Son souffle était très court.
« Ass… Assez. »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Si Yu lui caressa tendrement la joue.
« Oui, je te laisse prendre ta douche. »
Il remit la carte dans la fente.
Les lumières de l’appartement se rallumèrent.
Shen Jue repoussa l’autre homme et se rendit dans sa chambre. Avant de le suivre, Si Yu jeta un coup d’œil à la porte en face de la chambre de Shen Ju.
Shen Jue fut un peu agité en prenant sa douche. Les deux frères Shang se trouvaient en cet instant sous le même toit. Shang Jiayu connaissait déjà l’existence de Si Yu, mais est-ce que ce dernier savait que son petit frère était là ?
Quand Shen Jue eut fini de se laver, il sortit et s’aperçut que Si Yu ne se trouvait pas dans sa chambre, ni dans le salon. Il le trouva finalement sur le balcon. Si Yu avait les yeux levés vers le ciel étoilé, plongé dans des pensées inconnues. Il ne remarqua même pas que Shen Jue s’approchait.
« Si Yu, » l’appela doucement Shen Jue.
Si Yu tourna la tête vers lui à ces mots. Il ne l’avait pas encore vu qu’il souriait déjà.
« Tu as fini de te laver, alors à mon tour. Tu aurais des vêtements à me prêter ? »
Il y avait des peignoirs propres et des sous-vêtements jetables dans la chambre, mais Si Yu déclara qu’il était allergique aux sous-vêtements jetables. Du coup, Shen Jue lui donna un slip neuf.
Quand Si Yu finit sa douche, il était presque 3 h du matin. Il sortit de la salle de bains, ses cheveux à moitié séchés. Son torse blanc et fin était visible sous le peignoir non noué. Si Yu avait vraiment de très longues jambes, surtout quand il portait un peignoir. Quand il marchait, on pouvait admirer ses longues jambes qui l’avantageaient.
Il regarda Shen Jue assis au bord du lit et encore en train de travailler. Il haussa un sourcil, referma la porte du revers de la main et s’approcha lentement du côté de Shen Jue.
« J’ai fini ma douche. »
En entendant ça, Shen Jue referma la tablette qu’il tenait et la posa sur la table de nuit. Il releva la tête.
« Alors… commençons. »
Ces mots sonnaient un peu bizarre. Si Yu ne peut s’empêcher de rire. Il se rendit alors compte qu’il n’aurait pas dû rire mais il ne pouvait pas se retenir. Il détourna le visage.
Shen Jue se renfrogna à cause de ce rire, un peu agacé. Il se mit assis et tira l’autre homme vers lui.
Non seulement les préservatifs empêchaient la transmission de maladie et facilitaient le nettoyage, mais cela permettait aussi aux Bêtas d’avoir moins mal lors des rapports. Quand un Alpha faisait l’amour, il cherchait instinctivement le nœud dans le corps de son partenaire et essayait de le marquer. Un Oméga pouvait énormément apprécier ça, mais ce n’était pas souvent le cas pour un Bêta. Bien qu’ils pouvaient être pénétrés et avaient un nœud dans leur corps, ce n’était pas le même que pour les Oméga. Leur nœud était bien trop profond pour être touché et marqué définitivement, ce qui provoquait beaucoup de douleur chez un Bêta.
Alors les préservatifs étaient surtout faits pour eux.
Cependant, Si Yu était un Alpha, alors l’agressivité des Alphas était imprégnée dans ses os. Il chercha également le nœud mais même une fois que tout fut terminé, il ne l’avait pas trouvé.
Pourtant, Shen Jue resta allongé un bon moment avant de pouvoir reprendre ses esprits. Il se redressa sur ses coudes, puis se mit assis lentement. Il murmura :
« Je vais aller me doucher.
– Attends, je vais te porter. »
Si Yu le porta carrément jusque dans la salle de bain. Ce ne fut que là qu’il le posa par terre, mais il n’osa pas totalement le lâcher de crainte que l’autre ne tombe.
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Shen Jue n’avait pas l’habitude. Il repoussa les mains de l’autre homme et détourna le visage.
« Je peux me laver tout seul. Attends dehors. »
Si Yu eut un léger rire.
« Je veux aussi me laver, ah. Ça prend bien trop de temps de se laver séparément, alors faisons-le ensemble. »
Malgré ses paroles, cinq minutes plus tard, il pressa de nouveau Shen Jue contre la porte de la salle de bain. Ce dernier paniqua visiblement.
« Non, ça ne va pas. Les préservatifs sont dans la chambre. »
Si Yu effleura légèrement ses lèvres froides.
« Okay, attends-moi. »
Dès qu’il lâcha Shen Jue, ce dernier se pressa vite sur le côté sans le regarder. Voyant ça, Si Yu dut se retenir de rire. Il ouvrit la porte de la salle de bain pour se rendre dans la chambre. Au moment où il en sortait, il vit une autre personne.
Le jeune homme se tenait à la porte de la chambre d’en face et son expression changea de manière radicale quand il l’aperçut. Au contraire, Si Yu se contenta de regarder ce visage presque identique au sien et il étira ses lèvres rouges en un sourire. Il agita le préservatif qu’il tenait, puis retourna dans la salle de bain sous les yeux de l’autre.
La porte se referma de nouveau mais on pouvait un peu entendre ce qui se disait à l’intérieur.
« Aide-moi à le mettre. »
…
Shang Jiayu fut presque incapable de rester debout. Il prit appui sur le mur à côté et parvint à ne pas tomber. Au bout d’un moment, il parut reprendre ses esprits et se précipita dans la salle de bain. Une fois à l’intérieur, il vit une silhouette qui se dessinait sur la paroi de la douche.
Il vit même que la paroi tremblait un peu.
Shang Jiayu ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais il finit par se mordre les lèvres. Il ouvrit grands les yeux et fixa la paroi devant lui, observant la silhouette trembler devant lui. Il pouvait même entendre les gémissements à l’intérieur.
Après un long moment, il se tourna, hébété, et revint à sa chambre en traînant des pieds. Dès qu’il referma la porte, il se laissa glisser contre et fixa bêtement le clair de lune qui brillait à travers les fenêtres aux tentures ouvertes.
Cet homme était son cauchemar.
Il venait de revoir son cauchemar à l’instant.
Depuis qu’il était né, Shang Jiayu savait que son père était très occupé, si occupé qu’il ne venait le voir que tous les mois. Quant à sa mère, elle disputait toujours quelqu’un à la maison, une photo pour être plus précis. Une fois, Shang Jiayu fut vraiment intrigué et ne put s’empêcher de se faufiler en douce pour regarder alors que sa mère était de nouveau en train d’injurier.
Quand il regarda la photo, il vit que c’était sa mère dessus.
« Maman, pourquoi tu te disputes toi-même ? » demanda-t’il alors.
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Quand sa mère se rendit compte de sa présence, elle couvrit aussitôt la photo sur ses genoux d’un air embarrassé et paniqué.
« De… Depuis quand tu es là ? Xiao Yu, comment oses-tu espionner la conversation de ta mère ?
– Mais maman, tu n’es pas en train de discuter, tu es juste en train de t’insulter toi-même, » répondit franchement le petit Shang Jiayu.
Cependant, sa mère lui dit qu’il avait mal entendu et mal vu, et que ce n’était pas elle sur la photo.
À l’âge de six ans, il put enfin voir son père plus longtemps. L’homme les emmena sa mère et lui dans une grande villa avec un magnifique jardin, tout plein de jouets, des serviteurs à leur service et —
Un grand frère qui lui ressemblait presque.
Il s’agissait de Shang Yanyu qui avait quatre ans de plus que lui. Sauf que son grand frère était un Alpha, tandis que lui n’était qu’un Oméga.
Son grand frère ne l’aimait pas, il le détestait même. À chaque fois que Shang Jiayu essayait de jouer avec lui, l’autre le poussait et le regardait d’un air méprisant.
Il ne comprenait pas pourquoi l’autre le haïssait autant. Sa mère leur avait pourtant dit de bien s’entendre. Ce ne fut qu’à l’âge de dix ans qu’il comprit pourquoi son grand frère le haïssait à ce point.
Ce jour-là, il voulait jouer à cache-cache avec son grand frère. Bien que l’autre ne voulait jamais jouer avec lui, ce n’était pas ça qui allait arrêter Shang Jiayu. Il aimait se cacher dans la chambre de son grand frère jusqu’à ce que l’autre le trouve et le mette à la porte.
En plus, c’était le quatorzième anniversaire de Shang Yanyu aujourd’hui. Il avait invité plusieurs de ses amis à la maison pour jouer. Pendant que les adolescents jouaient dans la cour, Shang Jiayu s’était caché discrètement dans la chambre de son grand frère avec une carte d’anniversaire qu’il lui avait faite.
Il attendit longtemps avant que son grand frère et ses amis ne remontent.
Le groupe de garçons s’engouffra dans la chambre parlant à tout-va. Quelqu’un mentionna tout à coup Shang Jiayu :
« Yanyu, ton petit frère te ressemble vraiment, ah. Comment ça se fait, ah ? Les gènes de ton père doivent vraiment être trop forts, pas vrai ? »
Mais dès qu’il eut prononcé ces mots, le silence s’abattit.
Quelqu’un lui fit :
« De quoi tu parles, ah ? C’est l’anniversaire de Yanyu. »
Caché sous le lit, Shang Jiayu était en fait à deux doigts de s’assoupir. Il se disait que si son grand frère ne le trouvait pas très vite, il allait alors sortir de sous le lit. Ce fut à ce moment qu’il entendit la voix de son grand frère :
« Un petit frère ? Ce n’est que le rejeton d’une salope qui n’a pas hésité à s’incruster dans le lit de son beau-frère. »
…
Ce jour-là, il finit par se faire découvrir par son grand frère qui avait senti ses phéromones. Shang Yanyu le tira hors de sous le lit et le poussa directement hors de la chambre. Quand Shang Jiayu se fit mettre à la porte, il ne pourrait jamais oublier la façon dont son grand frère et ses amis le regardaient.
Ils semblaient regarder quelque chose de dégoûtant.
Ah, c’était comme regarder un horrible croisement entre un ours blanc et une souris.
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Après ce jour-là, Shang Jiayu n’embêta plus jamais son grand frère pour jouer avec lui. Tandis qu’il grandissait, il devint de plus en plus attentif au fait que les gens autour de lui le regardaient bizarrement.
Peu importait les efforts de sa mère et les siens, aux yeux des autres, sa mère était et resterait une salope qui s’était glissée dans le lit de son beau-frère pendant que sa propre sœur était enceinte de lui. Quant à lui, il n’était qu’un bâtard. Il paraissait que sa tante, c’est-à-dire la mère de son demi-frère, n’avait pas gardé l’enfant à l’époque quand elle avait appris que sa sœur et son époux avaient couché ensemble. Le jour de l’avortement, le bébé était presque formé et il s’agissait d’une fille Oméga.
Mais lui était né sans encombre.
Son grand frère était son cauchemar parce que tout le monde l’aimait. Même leur père préférait son grand frère à lui. Après que les amis de Shang Jiayu voyaient son grand frère, ils préféraient jouer avec lui. Même si Shang Yanyu avait toujours un air indifférent, ses amis étaient très heureux de jouer avec lui. Il suffisait qu’ils aient droit à un seul regard de sa part pour s’en réjouir pendant des jours.
Ces garçons jouaient avec Shang Jiayu en apparence et disaient qu’ils allaient venir chez lui pour faire leurs devoirs ensemble mais en fait, ils venaient tous pour apercevoir son grand frère. Shang Jiayu se tenait à la porte, regardant ses soi-disant amis s’attrouper devant la fenêtre comme des moineaux agaçants, observant le bel adolescent par la fenêtre et jacassant comme des pies.
Quand Shang Jiayu eut quatorze ans, il ne voulait plus continuer à vivre comme ça, alors il mit en scène un mensonge horrible.
Le jour où son grand-frère revint ivre de sa cérémonie de majorité, Shang Jiayu se faufila en douce dans sa chambre et fit semblant que son grand frère avait abusé de lui. Li Ma venait tous les soirs lui apporter un verre de lait alors quand elle entra, elle tomba sur une mise en scène soigneusement planifiée par Shang Jiayu.
Le père fut extrêmement furieux. Il demanda à son aîné comment il avait pu se comporter de manière encore pire qu’une bête. Mais Shang Yanyu répondit alors :
« Si je suis encore pire qu’une bête, c’est sûrement parce que j’ai hérité de tes gènes. Après tout, père a bien couché avec deux sœurs. »
Le père faillit devenir enragé. Après avoir giflé son fils aîné, il l’envoya dans une clinique privée. Il se dit que Shang Yanyu devait avoir un problème mental, autrement il n’aurait jamais fait ce genre de choses à son propre petit frère.
En fait, la ruse de Shang Jiayu n’était pas très élaborée. Il aurait suffi que Shang Yanyu dise quelques mots pour faire surgir la vérité. Pourtant, il n’avait rien dit du tout.
Le jour où Shang Yanyu partit, il leva les yeux vers la fenêtre de son petit frère.
Ce regard avait été si terrifiant que Shang Jiayu avait encore peur rien qu’en y repensant.
L’autre avait prononcé sans un son les mots suivants —
« Attends-moi. »
Mais un an plus tard, l’hôpital psychiatrique dans lequel Shang Yanyu avait été envoyé fut la proie d’un incendie. La plupart des patients moururent dans les flammes, y compris Shang Yanyu.
Le jour de l’enterrement, la mère de Shang Jiayu le serra dans ses bras et sourit. Elle posa les mains sur ses joues et l’embrassa plusieurs fois.
« Il est enfin mort, mon chéri. Dorénavant, tout ce qui est à ton père te reviendra. Je ne t’ai vraiment pas donné ce prénom pour rien. »
Shang Yanyu, Shang Jiayu.
Il avait été nommé d’après son grand frère parce que depuis le début, sa mère voulait qu’il prenne la place de son grand frère.
Mais Shang Yanyu était de nouveau réapparu.
Son cauchemar était revenu et toutes les choses dont il s’était emparé avec tant de mal, il allait les perdre de nouveau.
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