Cent façons de tuer un prince charmant 265

Chapitre 265


À l’extérieur, le vent et la neige semblaient s’être calmés.

Shen Jue tendit la main pour tirer la tenture bleu ciel et regarder dehors. À en juger par la lumière qui entrait par la fenêtre, le ciel était déjà très sombre. L’aube arriverait dans un ou deux shichen.

Il se tourna et regarda le jeune homme en face de lui au lit.

Lin Chuyan le fixait avec des émotions très complexes dans ses yeux splendides. Il se sentait effectivement dans un état d’esprit bien compliqué. En vertu de l’éducation qu’il avait reçue depuis tout petit, il n’aurait jamais dû franchir la ligne avec un adolescent qu’il venait à peine de rencontrer. Même si c’était l’autre qui avait pris l’initiative, il ne l’avait pas non plus repoussé. En tant que plus âgé, il aurait dû dire à l’autre que ce n’était pas bien, mais…


« Je vais y aller. »

En fait, Shen Jue avait déjà deviné les pensées de Lin Chuyan. Cette nuit, ils n’avaient pas été jusqu’au bout au lit car Lin Chuyan ne pouvait pas accepter ça pour le moment. Même si Shen Jue ressemblait énormément à Jing He, il restait un homme. Il avait beau être petit et mince, il était un homme avec tout ce que cela impliquait.

Puisque Lin Chuyan n’était pas prêt pour ça, Shen Jue allait lui laisser le temps de s’y faire.

« Tu veux partir ? »

Aux paroles de Shen Jue, les yeux bruns comme du thé de Lin Chuyan se modifièrent un peu. Il regarda Shen Jue se redresser, puis se mit assis à son tour.

« Où est-ce que tu veux aller ?

– Chez moi, ah. »


Shen Jue repoussa négligemment ses longs cheveux dans son dos, puis tira sur son col pour couvrir les marques qui ornaient sa nuque. Il était si calme et tranquille, comme s’il ne se souciait pas du tout de la présence de Lin Chuyan. Au contraire, quand ce dernier vit les marques sur le corps de Shen Jue, il détourna le regard de gêne.

« Tu n’as encore rien mangé, tu devrais partir après le dîner. »

Lin Chuyan eut bien du mal à faire cette proposition. Effectivement, cela allait poser problème. L’un des serviteurs était venu toquer à sa porte un peu plus tôt, mais il n’avait pas répondu. Le serviteur avait dû entendre quelque chose, car il n’avait plus osé toquer de nouveau.


Shen Jue tendit la main pour soulever la tenture du lit, puis il sortit du lit. Il prit la tunique extérieure à côté de lui et l’enfila. Lin Chuyan s’aperçut que c’était sa tunique qu’avait prise l’adolescent. Il voulut dire quelque chose, mais referma la bouche. Il regarda l’autre personne enfiler sa tunique et se tourner vers lui.

Shen Jue se pencha pour se rapprocher de Lin Chuyan qui était assis au lit.

« Tu pourras m’inviter à dîner demain. »

Après ça, il posa une main sur la joue de l’autre homme et mordilla ses lèvres gentiment, puis un peu plus fort. Il sourit ensuite, s’écarta de lui et s’en alla.


Lin Chuyan regarda Shen Jue, qui portait sa tunique, ouvrir la porte et sortir avant même qu’il ne puisse réagir. Il se leva rapidement du lit et lui courut derrière, sans même prendre le temps de nouer sa ceinture.

« Prends un parapluie avant de partir, au cas où il neigerait de nouveau en cours de route. »

Le problème, c’était qu’il n’y avait pas de parapluie dans la chambre. Et avec l’apparence actuelle de Lin Chuyan, ce serait bien trop embarrassant d’appeler un serviteur. Alors il alla chercher lui-même un parapluie mais quand il revint avec, l’adolescent qui devait normalement l’attendre à la porte était parti depuis longtemps.

Bien que le vent et la neige avaient cessé, il faisait encore bien froid. Lin Chuyan contempla le parapluie qu’il tenait en main et eut un sourire impuissant et las. Avait-il encore rêvé ? C’était parce qu’il s’était réveillé que l’adolescent avait disparu ?


* * *


Comme Shen Jue avait dit qu’il reviendrait pour dîner le lendemain, Lin Chuyan resta dans la résidence secondaire toute la journée. Mais en réalité, il ne croyait pas que l’adolescent allait revenir. Il se disait que l’autre devait penser qu’il était une mauvaise personne et que c’était pour ça qu’il était parti sans dire au revoir et même sans parapluie. Quant au fait qu’il avait dit qu’il reviendrait dîner le lendemain, ce n’était qu’une excuse.

À sa grande surprise, Shen Jue se présenta, de nouveau ébouriffé et couvert de crasse. En voyant ça, Lin Chuyan demanda au serviteur de servir de l’eau chaude pour que Shen Jue puisse se baigner. Cette fois, il craignait que l’adolescent ne mange pas de nouveau, alors il apporta directement le repas dans la chambre.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Quand il entra, Shen Jue avait déjà fini de se laver. Il était assis au bord du lit vêtu d’une simple tunique, séchant ses cheveux avec une serviette. Du bout du pied, il touchait le fourneau à charbon devant lui.

« Attention, c’est chaud, » l’avertit Lin Chuyan.

Il posa le dîner sur le table et s’approcha du lit. Il vit que Shen Jue avait encore le pied légèrement posé sur le fourneau et ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Mais quand il vit le visage de Shen Jue, il modifia ce qu’il allait dire pour faire :

« Mangeons d’abord.

– Je n’ai pas faim. »

Shen Jue continua à garder le pied sur le fourneau mais cette fois, il ne s’y prit pas bien et se brûla un peu. Il inspira brusquement et retira son pied.


Voyant ça, Lin Chuyan s’accroupit aussitôt et prit dans ses mains le pied que Shen Jue avait retiré.

« Tu t’es brûlé ? C’est grave ? Tu veux de la crème ? »

Il examina de plus près le pied et fut soulagé de voir que les orteils étaient seulement un peu rouges et qu’il n’y avait aucune cloque. Mais après ça, il s’aperçut que son comportement n’était pas convenable.

Il se pinça les lèvres et relâcha lentement le pied. Mais ce dernier ne se retira pas, il se posa plutôt sur son genou.

« Lin Miao, je suis si fatigué, ah. S’il te plaît, aide-moi à ressuyer mes cheveux, hein ? »

Ce pied semblait ne jamais avoir touché terre. Le dessus était blanc et il n’y avait aucune cicatrice dessus. Quant à la plante du pied, elle était un peu trop tendre. D’ordinaire, les hommes avaient de légers cals au pied, mais ce pied posé sur son genou n’avait non seulement aucun cal, mais il était aussi tendre qu’un morceau de tofu. Quand il l’avait tenu tout à l’heure, il n’avait pas pu s’empêcher d’y mettre un peu de force car il craignait que ce pied ne lui glisse entre les mains.


Il avait autrefois lu dans un livre :

Ces six cun de peau étaient rayonnants et lisses
comme de la soie blanche enveloppée
dans des sabots de brocart rouge.

C’était à l’origine une description des pieds de jade d’une femme. Lin Chuyan n’avait jamais vu les pieds d’une femme, c’était même la première fois qu’il voyait les pieds d’une autre personne. Pourtant, même s’il s’agissait des pieds d’un homme, il trouvait que cela correspondait bien à ce que disait ce poème.

S’il n’avait pas vu de ses propres yeux la nuit dernière que l’autre était bel et bien un homme, il aurait pu penser qu’il s’agissait d’une femme qui se déguisait en homme.


Le propriétaire de ce pied de jade ressemblait énormément à celle qui occupait son cœur, mais ces deux-là avaient des personnalités bien différentes. Sans parler de ça, même leurs genres étaient différents. Malgré tout, il ne pouvait pas s’empêcher de courir derrière l’ombre de cette femme à travers cet adolescent. En voyant son pied, il s’était involontairement demandé si les pieds de sa belle-sœur étaient aussi comme ça, donnant envie aux gens de les aimer et de les caresser à loisir.

Shen Jue remarqua que Lin Chuyan contemplait son pied comme en transe. Il se renfrogna un peu et appuya plus fort sur son genou.

« Lin Miao. »

Cet appel fit finalement revenir Lin Chuyan à lui. Il leva les yeux vers Shen Jue et fit d’un ton aimable :

« Bien. »


Shen Jue fit exprès de s’allonger sur le ventre pour se sécher les cheveux, au lieu de se mettre assis. Lin Chuyan dut donc s’asseoir sur le lit à côté et aida soigneusement l’adolescent à se sécher les cheveux. Ce faisant, il fit d’un ton chaleureux :

« Et si tu en profitais pour manger ? Ce ne sera plus très bon une fois froid.

– Je mangerai quand mes cheveux seront secs. Je n’ai pas très faim pour le moment. »

Shen Jue tourna la tête sur le côté et tendit la main pour saisir le pendentif de jade accroché à la ceinture de l’autre homme.

« C’est si joli. »

Lin Chuyan suivit du regard la main de Shen Jue. Ce pendentif était un présent envoyé par un serviteur de Xie Zhi. Il y avait quelques jours, le jeune homme avait été envoyé au Temple des Mille Bouddhas. Dans son message, il disait qu’il ne le reverrait sans doute pas avant un an, alors il lui offrait ce pendentif de jade dans l’espoir que Lin Chuyan le porte toujours sur lui.

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« C’est un cadeau d’un ami, » murmura-t’il.

Quand il eut fini de parler, il vit que la main qui tenait le jade s’était retirée.

Il vit Shen Jue tourner la tête pour faire face au mur. Bien que l’adolescent ne parla pas, Lin Chuyan sentit qu’il était fâché. Il hésita un peu : ce ne serait pas bien de laisser un autre jouer avec le cadeau d’un ami.

Pendant ses hésitations, Shen Jue se redressa soudain et prit la serviette des mains de Lin Chuyan. Il se mit à se ressuyer lui-même les cheveux, très rudement, comme si ses cheveux étaient ses ennemis.

En voyant ça, Lin Chuyan se sentit un peu démuni. Il n’eut pas d’autre choix que de retirer le pendentif de sa ceinture et dire :

« Tu peux le toucher, mais ne le fais pas tomber. »


Tout en tendant l’objet, Lin Chuyan était en fait un peu déçu. Même si cet adolescent ressemblait énormément à Jing He, ce n’était pas elle après tout. Jing He n’aurait jamais essayé de forcer ainsi quelqu’un. Mais quand il vit Shen Jue prendre le pendentif et lui sourire, et même passer ses bras autour de son cou et frotter sa joue contre la sienne, sa déception se transforma en autre chose dans son cœur.

Si seulement Jing He pouvait l’enlacer ainsi…

Lin Chuyan n’osait pas songer à ce qui pourrait se passer, alors il ne pensa simplement plus à rien et continua de sécher les cheveux de l’autre.

Le temps qu’il termine, le repas avait refroidi alors naturellement, l’adolescent ne voulait plus manger. Lin Chuyan voulut faire venir un serviteur pour réchauffer les plats, mais en fut empêché : l’adolescent se colla dans ses bras, aussi doux que du tofu.

« Lin Miao, j’ai sommeil. Tu peux me serrer dans tes bras le temps que je m’endorme ? J’ai un peu froid. »


* * *


Ils dormirent jusqu’à minuit. Lin Chuyan fut alors réveillé par des mouvements à côté de lui. Les yeux ensommeillés, il vit que l’adolescent s’était mis assis.

« Qu’y a-t’il ? »

Dès qu’il posa cette question, il sentit quelque chose contre sa joue.

C’était Shen Jue qui avait posé sa joue contre la sienne.

« Lin Miao, je rentre. Tu peux continuer à dormir. »

Il partait de nouveau ?

Le cerveau à moitié embrumé, Lin Chuyan saisit le bras de l’autre.

« Il est tard, tu pourras partir demain, hein ?

– Non, je dois rentrer maintenant. »


Comme l’autre refusait toujours de le lâcher, il insista :

« Lin Miao, si tu m’empêches de partir, je ne reviendrai plus jamais ! »

Les longs cils de Lin Chuyan frémirent, puis il libéra enfin sa prise lentement. Il regarda l’autre personne se lever et s’habiller, puis l’entendit s’éloigner et sortir. Il se sentit alors un peu ridicule. Il leva ses manches pour se cacher le visage, tentant de masquer son air gêné.

Tout cela n’était rien de plus que boire du poison pour étancher sa soif, mais cette liqueur empoisonnée n’était pas aussi délicieuse que ce qu’il voulait.

Demain… Il expliquerait clairement les choses à l’adolescent demain.


* * *


De son côté, quand Shen Jue retourna dans sa demeure avant l’aube, la première chose qu’il fit, ce fut de retirer sa peau pour la faire tremper dans une bassine qu’il avait préparée à l’avance. Puis il s’immergea lui-même dans une autre bassine.

Il avait préparé l’eau avant de partir alors maintenant, elle était aussi froide que de la glace. Bien que le fantôme à la peau peinte était un fantôme, il était extrêmement douillet. Sa peau était délicate, tout comme son squelette. Après avoir trempé dans l’eau glacée, Shen Jue avait si froid qu’il claquait des dents. Malgré tout, il resta dans la bassine un demi-shichen avant de sortir. Il ressuya les gouttes d’eau sur ses os, puis s’allongea sur le lit.


Il n’avait aucune envie de dormir pour le moment, car il songeait à Lin Chuyan. S’il partait à chaque fois au beau milieu de la nuit, l’autre finirait forcément par se douter de quelque chose. En plus, Shen Jue ne pouvait pas manger de la nourriture ordinaire, alors Lin Chuyan allait bien finir par se rendre compte qu’il était un fantôme. Shen Jue devait donc songer à un bon moyen.

Pour le moment, Lin Chuyan semblait se montrer indulgent envers lui à cause du visage qu’il avait peint. Si l’autre homme apprenait qu’il était un fantôme et que ce visage n’était qu’un faux, il risquait de faire la même chose que Xie Zhi dans les autres vies.

Il devait faire en sorte que Lin Chuyan soit incapable de vivre sans lui. Le moyen le plus rapide serait de coucher avec lui, mais Lin Chuyan avait du mal avec le fait qu’il était un homme. Du coup, Shen Jue n’avait pas d’autre choix que d’y aller doucement.

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En pensant à tout ça, Shen Jue se mordit la main de dégoût. Sans la peau, il mordit directement l’os. Il accentua la pression de ses mâchoires petit à petit jusqu’à ce que l’os craque un peu. La douleur devint si intolérable qu’il dut lâcher son os.

Il se sentait malade, la nausée provenait du plus profond de son estomac, alors il ne pouvait qu’employer la douleur pour se distraire de cette nausée. Mais peu importait à quel point ça le dégoûtait, il devait le faire.

Comment se faisait-il que son grand frère martial pouvait accepter de tomber amoureux de mortels ? C’était amusant ? C’était plaisant ?

Mais il était impossible pour Shen Jue de tomber amoureux du maître de ce monde car depuis le tout début, son objectif était de le tuer. Tout ce qu’il faisait, c’était pour tuer cet homme dans le but de briser ce monde.

De toute manière, s’il l’aimait vraiment, ce ne serait pas si écœurant de faire ce genre de choses avec lui, pas vrai ?


La parole à l’auteur :

Ces six cun de peau étaient rayonnants et lisses
comme de la soie blanche enveloppée
dans des sabots de brocart rouge.


Sabots de Han Wo







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