Chapitre 292

En entendant ça, Shen Jue se tourna vers Xie Zhi.

Ce dernier ne parlait quasiment jamais de Lin Chuyan. C’était vraiment très bizarre. Shen Jue se demandait justement ce qui était arrivé à l’autre homme.

« Qu’y a-t’il avec lui ? » demanda-t’il d’un ton surpris.

Les lèvres de Xie Zhi s’étirèrent en un sourire.

« Je vais t’emmener le voir, qu’en dis-tu ? »

Bien qu’il demandait l’avis de Shen Jue, il ne lui laissa pas le choix.

Shen Jue fut ainsi traîné de force dans la maison où il avait vécu avec Lin Chuyan avant. L’endroit ne semblait pas avoir changé depuis son départ il y avait plus d’un mois. La seule différence que Shen Jue repéra, ce fut un vase sur la table de la pièce principale. Il y avait une fleur en soie à l’intérieur.

Xie Zhi tira Shen Jue jusqu’à la table et prit la fleur de soie de l’autre main. Le coin de ses lèvres frémit.

« C’est vraiment élégant et inutile. »

Après ça, il se tourna vers l’autre fantôme.

« Ah Jue, je ne sais pas quand Lin Miao va revenir. Nous allons l’attendre ici, d’accord ? »

Shen Jue voulut lui demander ce qu’il avait en tête, mais quand il ouvrit la bouche, ce qui en sortit fut :

« Bien. »

Xie Zhi eut un léger rire, comme s’il ne voyait pas du tout le choc dans les yeux de Shen Jue. Il passa les bras autour de la taille de Shen Jue et avec un peu de force, il le souleva pour l’asseoir sur la table. Puis d’un revers de la main, il poussa la vaisselle dessus, faisant tomber toutes les tasses par terre.

Shen Jue voulut parler, mais il n’y arrivait pas. Il ne pouvait que regarder Xie Zhi faire tout ça.

C’était un sort de contrôle de l’âme !

Les sorts de contrôle de l’âme ressemblaient beaucoup à l’hypnose. La seule différence, c’était que la personne hypnotisée n’avait conscience de rien et ne pouvait que suivre la volonté de celui qui l’avait ensorcelée. Au contraire quand son âme était contrôlée, l’esprit restait lucide et on avait totalement conscience de ce qu’on faisait et de ce qui se passait. Malheureusement, le moindre mouvement était décidé selon la volonté de celui qui contrôlait l’âme et il était impossible d’y résister.

Shen Jue n’aurait jamais pensé que Xie Zhi allait employer le sort de contrôle de l’âme sur lui maintenant.

Il fit de son mieux pour se libérer de ce sort, en vain. Il n’eut pas d’autre choix que de rester assis sur la table et de regarder Xie Zhi caresser son visage.

…

Il crut entendre quelqu’un d’autre entrer dans la pièce, mais il ne pouvait même pas tourner la tête. Il ne pouvait que regarder Xie Zhi en face de lui. Les yeux de l’autre homme étaient un peu plissés, contenant une lueur d’affection. Ses lèvres rouges s’entrouvrirent et il parla d’une voix ni trop forte, ni trop basse :

« Ah Jue, tu m’aimes ?

– Je t’aime. »

Même si Shen Jue aurait voulu serrer les dents et empêcher ces trois mots de sortir de sa bouche, il les dit pourtant.

Avec un léger rire, Xie Zhi caressa gentiment le coin des yeux de Shen Jue du bout des doigts.

« Qui est-ce que tu aimes le plus, Lin Miao ou moi ?

– C’est Shengyi que j’aime le plus. »

Les yeux de Shen Jue étaient remplis de résistance, mais ses paroles furent claires.

« Shengyi sait me faire jouir au lit. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après avoir dit ça, Shen Jue ne put que regarder avec impuissance ses bras s’enrouler d’eux-mêmes autour de la nuque de l’autre homme et ses lèvres effleurer la bouche de l’autre. Xie Zhi fit exprès de reculer pour éviter le baiser, mais Shen Jue insista. Après plusieurs tentatives infructueuses, il s’entendit émettre un son minaudier des plus écœurants.

« Shengyi, embrasse-moi. »

À ces mots, Xie Zhi le regarda d’un air indulgent :

« Et pourquoi je voudrais t’embrasser ?

– Parce que j’aime Shengyi. Shengyi, pardonne-moi. je t’aime tellement que j’ai demandé à Lin Miao de te tuer. Comme ça, Shengyi restera avec moi pour toujours et à jamais. »

Les mains de Shen Jue autour du cou de l’autre homme se serrèrent en poings et ses ongles s’enfoncèrent presque dans la chair, mais ce fut tout ce qu’il put faire. Il était absolument incapable de résister.

« Alors Ah Jue, je te laisse faire, » fit Xie Zhi avec un sourire sur les lèvres.

La fleur de soie fut placée dans un autre vase.

Shen Jue put enfin tourner la tête et vit Lin Chuyan qui se tenait non loin de là. Cela faisait longtemps qu’il ne l’avait pas vu. L’autre homme était devenu si maigre, presque comme un sac d’os recouvert de peau. Franchement, Lin Chuyan avait beau être le seul humain de la pièce, c’était lui qui ressemblait le plus à un fantôme.

Autrefois, il avait été un splendide jeune homme avec des sourcils aussi hauts que des montagnes et des yeux aussi brillants que de l’eau limpide. À présent, les montagnes étaient devenus stériles et l’eau avait croupi. Il gardait les yeux fixés dans leur direction et quand il croisa le regard de Shen Jue, il n’y avait plus son doux sourire habituel dans les yeux. Au bout d’un moment, du sang se mit à couler de ses lèvres.

Une lueur défila dans les yeux de Shen Jue. Il vit Lin Chuyan se pencher lentement. De plus en plus de sang coula de ses lèvres et finalement, ses vêtements furent recouverts.

Il y avait tant de sang que Shen Jue se demanda si Lin Chuyan n’allait pas vomir tout le sang que contenait son corps.

En cet instant, il ne se soucia plus de rien et repoussa Xie Zhi. Toutefois quand il bondit de la table, ses jambes faiblirent et il tomba par terre à genoux.

Shen Jue posa ses mains au sol, serra les dents, puis se releva. Il s’approcha de Lin Chuyan en chancelant. Mais avant qu’il ne puisse dire un mot, il entendit le jeune homme faire :

« Tu me rends vraiment malade. »

La voix de Lin Chuyan était faible, mais bien claire. Il releva la tête pour regarder Shen Jue. La lueur dans son regard en voyant Shen Jue était passée de l’apathie au dégoût, avec sûrement d’autres choses.

« Chu… yan, à l’instant, j’étais… »

Dès que Shen Jue tendit la main, l’autre homme réagit le premier.

Lin Chuyan fit un pas en avant. Il saisit Shen Jue d’une main, puis retira de l’autre la fleur de soie de cet autre vase. Quand il vit la fleur ainsi souillée, les larmes lui montèrent aux yeux. L’instant d’après, des étoiles rouges ornèrent la fleur de soie.

Sa main se mit à trembler et la fleur tomba par terre. Lin Chuyan partit d’un rire dénué de joie. Il commença par rire faiblement, puis cela s’amplifia. Avec un grand éclat de rire, il piétina la fleur.

« Comme il n’y a pas de fleurs en hiver, j’avais peur que tu ne trouves la maison sans vie quand tu reviendrais, alors j’ai fait fabriquer exprès cette fleur en soie. Je n’aurais jamais cru qu’elle aurait un tel usage si merveilleux. »

Lin Chuyan releva la tête pour fixer Shen Jue. Son regard passa du dégoût à la haine.

« Tous les deux, vous me rendez vraiment malade. »

Shen Jue entendit des bruits de pas derrière lui.

Xie Zhi passa un bras autour de ses épaules. Il haussa ses longs sourcils et on put voir de l’ironie dans son regard.

« Désolé, je ne savais pas que tu allais revenir si tôt aujourd’hui et que tu allais à nouveau tomber sur un spectacle que tu n’aurais pas dû voir. »

Shen Jue voulut repousser l’autre homme, mais il fut incapable de bouger.

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En voyant ça, Lin Chuyan le lâcha lentement. Il porta une manche à ses lèvres pour en ressuyer le sang. Reculant de quelques pas, ses yeux passèrent de Shen Jue à Xie Zhi. Il vit la marque de fleur de prunier sur la nuque de Xie Zhi. Qui l’avait faite ? Il le savait parfaitement.

« Tu es venu me voir juste à cause de ce qui est arrivé à ton père, n’est-ce pas ? »

Lin Chuyan continua de ressuyer petit à petit le sang de ses lèvres. Ses yeux reprirent leur lueur aimable.

« C’est bien vrai, ah, il est mort. J’ai ensuite fait bouillir sa chair et ses os et je l’ai servi à tous les membres de ta famille. Je leur ai dit que s’ils voulaient survivre, ils devaient en manger. Devine qui a le plus mangé ? »

La main libre de Xie Zhi se serra fermement en entendant ça. Il regarda l’autre homme en face de lui, celui qu’il avait aimé pendant plus de dix ans. Il était tombé amoureux de Lin Chuyan depuis qu’il avait pris conscience de ce genre de sentiments.

Mais Lin Chuyan l’avait trahi et l’avait tué. Il avait également tué son père et forcé sa mère à le manger. Ses méthodes étaient si cruelles, comment Xie Zhi aurait-il pu encore l’aimer ? À la base, il avait été prêt à renoncer à sa vengeance mais désormais, il voulait que Lin Chuyan meurt. Lin Chuyan devait souffrir autant qu’il avait souffert.

Lin Chuyan remarqua le poing serré de l’autre homme et un sourire apparut au coin de ses lèvres. Si on ne prêtait pas attention au sang sur son menton et ses vêtements, il semblait être toujours aussi beau et splendide qu’un coucher de soleil.

« Tu veux me tuer ? Xie Zhi, même si tu me tues, cela ne fera pas revenir ton père à la vie et cela ne permettra pas à ta mère de recracher ce qui se trouve dans son estomac. En plus si je meurs, le reste de ta famille ne survivra pas non plus. Même si tu es devenu un fantôme, tu n’as pas le pouvoir de les sauver. Puisque l’empereur a pu s’en prendre à la famille Lin, tu crois vraiment qu’il n’osera pas s’attaquer à ta famille Xie ? Nos deux familles sont dans le même sac pour lui, mais je veux que ta famille Xie connaisse le même sort que ma famille Lin. Non, je veux que ta famille souffre dix fois plus, cent fois plus afin d’apaiser la haine dans mon cœur. »

Le sourire disparut soudain des lèvres de Lin Chuyan.

Les lèvres de Xie Zhi se pincèrent en une ligne fine. Au bout d’un moment, il fit passer Shen Jue derrière lui.

« Bien, bien, bien, fit-il trois fois d’affilée. On dirait que j’étais vraiment aveugle jusque là. Je croyais que c’était à cause de lui que tu étais devenu comme ça, mais on dirait que je ne t’ai jamais vraiment connu. »

À ces mots, Lin Chuyan pencha la tête sur le côté.

« Ne me dis pas que tu m’aimes toujours, hein ? Xie Zhi, tu n’es pas aussi débile que ça, hein ? »

Dès qu’il eut prononcé ces mots, il se prit un coup en plein visage. Les yeux de Xie Zhi étaient devenus complètement rouges et il garda le poing en l’air après le coup porté.

« Qu’est-ce que tu t’imagines, que je t’aime encore ? Lin Miao, tu as vu un peu à quoi tu ressembles, là ?

– Quelle importance, à quoi je ressemble ? »

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Lin Chuyan tourna la tête. Il cessa de regarder Xie Zhi pour se concentrer sur Shen Jue. Ses yeux prirent un air triste et des larmes en coulèrent même.

« Mais effectivement, je suis las. Je n’ai plus du tout envie de t’attendre, Ah Jue. Je ne fais qu’attendre et attendre ton retour. Même quand je t’empêche de partir, tu t’en vas quand même. Même si tu te fais blesser dehors, tu me quittes dès que tu peux. Je hais ces jours-là et je hais de me voir dans un tel état. »

Sur ces derniers mots, son regard se fit résolu.

Lin Chuyan semblait aussi doux que du jade, aussi paisible que de l’eau, mais ce n’était qu’une apparence. En-dessous de l’eau se cachait un tempérament de feu.

Son sang éclaboussa complètement Xie Zhi.

Note de Karura : Comme le texte chinois n’est pas très explicite à ce sujet, je ne peux que supposer que la fleur en soie s’est retrouvée dans le hum, derrière de Shen Jue.

Xie Zhi, niant totalement : Jamais de la vie je ne ferais une chose pareille ! Tu t’es complètement plantée dans ta traduction !

Shen Jue, les dents serrés : Moi, je n’ai pas de problème de traduction et je sais très bien où a fini cette fleur !

Hum, je vous laisse choisir qui croire.

Bon, le second twist arrive !

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