Cent façons de tuer un prince charmant 295

Chapitre 295


Le Dixième Palais était effectivement très différent du Troisième Palais de Lu Zhidao.

Ce palais avait dix piliers faits d’os blancs qui s’élançaient vers le ciel sans qu’on puisse en voir le bout, ce qui offrait une vue impressionnante. Il y avait trente-six gardes fantômes postés à l’entrée. À la différence des autres gardes qui avaient des têtes de taureaux ou de chevaux, ceux-ci étaient grands et très beaux. Ils avaient été choisis individuellement et étaient tous comme des dragons et des phénix parmi les hommes. Sans compter le fait que ces trente-six dragons et phénix portaient tous la même tenue assortie et se tenaient en rangs, leurs épées à la ceinture.


Dès que Shen Jue s’approcha, il se fit arrêter.

« Qui va là ? » fit le commandant des gardes en bloquant le passage de Shen Jue avec son gros sabre.

Shen Jue retira la plaque de jade de sa ceinture et la montra à l’autre homme.

« Je suis envoyé par le seigneur Lu, le juge du Troisième Palais. »

L’officier fantôme prit la plaque de jade et l’examina attentivement. Puis il leva les yeux et dévisagea Shen Jue. Son regard s’arrêta sur sa tête chauve.

« Le Troisième Palais est vraiment très pauvre. Dire qu’ils envoient un fantôme chauve ici. Heureusement que toi, un fantôme à la peau peine, tu as pu dessiner un assez joli visage. »

Hein ?


Shen Jue sentit que l’autre avait apparemment mal compris. Au moment où il allait prendre la parole, le commandant avait déjà appelé le dernier garde fantôme :

« Trente-six, emmène-le se baigner et se changer. Une fois qu’il sera présentable, envoie-le au noble immortel. »

Aux mots ‘noble immortel’, Shen Jue ravala ses explications. Bien que l’autre semblait avoir compris de travers, il pourrait au moins voir Lin Chuyan de cette manière. Le Dixième Palais était vraiment trop immense. Si Shen Jue devait chercher tout seul, il risquait de ne jamais retrouver Lin Chuyan.


* * *


Le garde fantôme répondant au nom de Trente-six était du genre taciturne et il ne prononça presque pas un mot durant le trajet. Il conduisit Shen Jue dans un manoir. Shen Jue crut que Lin Chuyan s’y trouvait mais au lieu de le voir, il aperçut un groupe de femmes fantômes très jolies.

Ces femmes inspirèrent toutes brusquement en voyant Shen Jue, puis elles interrogèrent le garde Trente-six à côté de lui :

« De quel palais il vient ? Il est tellement beau, c’est dommage de le donner de son propre gré.

– C’est un fantôme à la peau peinte envoyé par le Troisième Palais, » répondit Trente-six.

Cette phrase fut comme de l’eau froide qu’on versait dans une poêle chaude, provoquant des éclaboussures.


Les femmes se mirent toutes à parler en même temps en encerclant Shen Jue.

« Lu Zhidao s’est mis aussi à offrir des fantômes, ah ? Aiyo, moi qui croyais qu’il était le seul à être différent parmi les dix juges. Au final, il est comme les autres !

– Un fantôme à la peau peinte ? Pas étonnant qu’il soit aussi beau. N’est-ce pas un crime que de l’offrir ?

– Lu Zhidao est d’accord pour se séparer de lui. À sa place, je le garderai dans ma chambre pour que personne ne puisse jamais le voir ! »


Shen Jue n’avait encore jamais été entouré d’autant de femmes. Quand elles se mirent à le toucher surtout, son visage se crispa et il voulut repousser toutes ces mains. Mais dès qu’il les toucha, il retira aussitôt ses mains.

Les mains d’une femme étaient différentes de celles d’un homme. Elles étaient plus douces et tendres, dégageant un parfum odorant quand on les touchait.

« Ce ne serait pas un nouveau fantôme ? Comment se fait-il que son visage soit si tendre ? Oh, regardez-le : il est gêné et il rougit !

– Dites, les filles, ce n’est pas la première fois qu’on fait peur à un envoyé mais n’oubliez pas, il est pour le noble immortel. »

Les femmes fantômes devinrent de plus en plus audacieuses tout en parlant.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Finalement, ce fut Trente-six qui se mit à tousser fortement. Le silence retomba.

« Arrêtez de vous amuser. C’est le présent du seigneur Lu au noble immortel. Vous devez le préparer le plus vite possible. Je vais attendre dehors. »

Après ça, il sortit dans le couloir.

Shen Jue regarda les femmes qui l’entouraient et ne put s’empêcher de reculer d’un pas. Mais dès qu’il bougea, il sentit une paire de mains dans son dos.

La propriétaire de ces mains eut un sourire suave et lui assura :

« Petit frère, n’aie pas peur. Nous sommes toutes des fantômes très sérieuses et respectables. »


* * *


Trente-six attendit dehors un bon shichen entier avant d’entendre enfin la porte s’ouvrir derrière lui. Il tourna la tête et son visage qui avait été impassible jusque là afficha sa stupéfaction en voyant la scène qui s’offrait à lui.

« Aiyo, même Trente-six n’en revient pas ! Je dois dire que les gens du juge Lu sont tellement incompétents qu’ils avaient obscurci de 70 % la brillance de cette perle. À présent qu’elle a retrouvé tout son éclat, elle ne peut que subjuguer tout le monde ! » fit une des fantômes en riant.

Trente-six n’entendait pas clairement ce qu’elle venait de dire. Toute son attention était fixée sur Shen Jue. Ce ne fut qu’en entendant des toussotements amusés à côté de lui qu’il réagit un peu. Il se tourna rapidement et agita sa manche dans les airs.


Un palanquin vermeil apparut aussitôt devant lui. Autour se trouvaient quatre hommes fantômes dont on ne pouvait pas voir clairement le visage.

« Monte, » fit Trente-six à voix basse.

Shen Jue l’entendit malgré ça, alors il s’avança sans hésiter. Mais à peine avait-il fait un pas qu’il tituba. Heureusement, il reprit son équilibre de justesse et évita la chute.

Les vêtements que ces femmes l’avaient obligé à enfiler étaient vraiment trop compliqués et en plus, ils étaient très…

Un peu gêné, Shen Jue resserra la cape noire autour de lui et se dirigea lentement vers le palanquin. Il ignora la main que lui tendit Trente-six et monta par lui-même.


Dès qu’il fut installé dans le palanquin, ce dernier fut soulevé. Shen Jue s’aperçut qu’il n’y avait pas de fenêtre. Durant le voyage, il essaya de tirer le rideau de la porte mais se rendit compte qu’il ne pouvait pas du tout le toucher. Le rideau semblait toujours un peu hors de sa portée.

Ce palanquin devait être enchanté.

Incapable de voir l’extérieur, Shen Jue ne put rien faire d’autre que de tenir fermement la plaque de jade accrochée à sa ceinture.

Lu Zhidao lui avait dit que Lin Chuyan était sûrement différent de ce qu’il imaginait. Malgré ça, il voulait tout de même le voir.


* * *


Après environ un bâton d’encens, le palanquin s’arrêta. Au bout d’un moment, le rideau de la porte s’ouvrit automatiquement et la voix de Trente-six retentit de l’extérieur :

« Tu peux descendre maintenant. »

Shen Jue desserra lentement sa prise sur la plaque de jade et descendit.

Une fois hors du palanquin, la première chose qui capta son regard, ce furent les marches de jade presque invisibles. Shen Jue regarda l’escalier en jade et ne put croire qu’il se trouvait toujours dans l’autre monde. Le palais devant lui flottait dans les nuages. Cela ne ressemblait pas du tout à une demeure des Enfers, mais plutôt un palais du Ciel. Shen Jue resta en transe en voyant ça.

Il y avait plus de mille ans, il avait suivi son maître pour assister à l’Assemblée de la Pêche d’Immortalité. À l’époque, le palais flottait aussi au milieu des nuages et il y avait un grand escalier de jade dont les marches étaient presque invisibles.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Trente-six siffla et on put entendre un phénix rouge descendre depuis la couche dense de nuages. L’oiseau était assez large pour que dix personnes montent dessus.

Les plumes et la queue de cet oiseau étaient extrêmement longues et avaient la couleur du feu, brillant vivement. Le phénix plongea d’abord, puis termina sa descente en cercles pour atterrir devant le garde fantôme.

« Monte. »

Trente-six monta d’abord sur le dos du phénix rouge, puis tendit la main à Shen Jue. Ce dernier la fixa un moment. En temps normal, il aurait pu monter tout seul mais aujourd’hui, sa tenue limitait vraiment ses mouvements. S’il tentait de grimper tout seul, il risquait de tomber.

À cette pensée, Shen Jue prit la main du garde fantôme et monta sur le dos de l’oiseau. Dès qu’il fut installé, il lâcha tout de suite la main et murmura un merci.

« De rien. »


Trente-six tourna la tête et guida l’oiseau rouge vers le palais. En même temps, il fit :

« Tu vas bientôt voir le noble immortel. Il est très gentil. Du moment que tu lui obéis et que tu le sers bien, tu pourras en retirer des avantages. »

Shen Jue resta stupéfait un moment en entendant ça. Lu Zhidao l’avait déjà prévenu que le tempérament de Lin Chuyan avait radicalement changé et maintenant, ce garde fantôme lui disait qu’il était gentil. Dans ce cas, n’était-ce pas comme avant ?

« On parle bien du noble immortel qui va subir sa tribulation ? »

Shen Jue craignait de s’être trompé de personne.

« Oui. »

Trente-six lui renvoya un regard surpris.

« Le seigneur Lu ne t’a pas parlé du noble immortel avant de t’envoyer ici ?

– Si, il m’en a parlé. Merci de m’avoir dit ça. »


Le temps que les deux discutent, le phénix rouge avait ralenti son vol et il atterrit devant les portes du palais.

Trente-six sauta le premier de l’oiseau, puis leva la main pour aider Shen Jue. Descendre allait être bien plus compliqué que monter. Shen Jue voulut donc juste saisir le bras de l’autre homme mais à son grand dam, l’oiseau s’agita soudain à ce moment. Shen Jue glissa aussitôt et tomba. Heureusement, Trente-six le rattrapa dans ses bras.

C’était juste que leur position était un peu embarrassante.

Shen Jue regarda le visage bien trop proche du sien et se mordit les lèvres.

« Monsieur, je peux tenir debout maintenant. Vous pouvez me lâcher. »

Il remua un peu, mais ne parvint pas à se libérer de l’étreinte.

Trente-six l’avait pratiquement complètement serré dans ses bras.


Quand le garde entendit les paroles de Shen Jue, il le lâcha aussitôt. Il se tourna et se mit à avancer.

« Suis-moi. »

Il marcha très vite. Empêtré dans sa tenue, Shen Jue ne pouvait pas faire de trop grands pas. Il dut presque trotter pour suivre le rythme de l’autre homme.

Il entrèrent dans le palais et traversèrent une grande place de jade. Il y avait des fleurs des deux côtés et leur parfum subtil embaumait l’air. On pouvait aussi voir des fleurs gravées sur les colonnes en pierre. Ce ne fut qu’à ce moment que Shen Jue comprit pleinement pourquoi le serviteur de Lu Zhidao avait dit que son maître était le plus pauvre des juges des Enfers.

Comparé à cet endroit, le manoir de Lu Zhidao faisait presque penser à un refuge de mendiants.


* * *


Il y avait une seconde porte dans le palais. Trente-six s’arrêta à ce niveau et deux nouveaux guides attendaient Shen Jue à l’intérieur. Ces guides baissèrent la tête pour le saluer et lui montrèrent le chemin. Quand ils atteignirent une troisième porte, les guides s’arrêtèrent.

« Entre, » lui fit l’un d’eux.

Au même moment, la porte s’ouvrit.

Shen Jue ressentit un malaise inexplicable à ce moment-là. Il regarda la porte ouverte, ferma les yeux, puis entra. Une fois la porte franchie, il y avait un long couloir dont le sol était jonché de pétales de fleurs. Quand Shen Jue marcha dessus, il s’aperçut que ce n’étaient pas de véritables fleurs, mais qu’elles avaient pourtant un parfum de fleurs.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Après avoir arpenté ce long couloir, il arriva finalement à une quatrième porte. Il n’eut même pas besoin de poser la main dessus qu’elle s’ouvrit automatiquement. Au même moment, il entendit de la musique et des voix provenant de l’autre côté.

Il s’agissait de voix d’hommes comme de femmes.

Shen Jue en resta stupéfait un moment. Il entendit alors quelqu’un s’écrier d’une voix forte à l’intérieur :

« Regardez, tout le monde, il y a un nouveau venu ! Je me demande quel palais l’a offert au noble immortel cette fois. »

Quand cette personne eut dit ça, les conversations s’intensifièrent. En plus, la personne se rua vers la porte en déclarant :

« Laissez-moi voir ça. »

Il s’agissait d’un jeune homme.


Quand il put voir clairement Shen Jue, il en resta stupéfait un moment. Il lui fallut longtemps pour cligner des yeux. Puis il sourit aussitôt et tendit la main pour entraîner Shen Jue à l’intérieur.

« Quel splendide petit frère ! Entre vite. Dès que le noble immortel te verra, il t’appréciera beaucoup ! »

Shen Jue était un peu confus et il se laissa directement tirer dans la salle par le jeune homme. En entrant, il vit de nombreuses personnes, toutes des beautés, des hommes comme des femmes. Certains jouaient du guqin, d’autres chantaient. Certains dansaient et d’autres encore peignaient. Mais de toute manière, ce n’étaient pas ces gens qui intéressaient Shen Jue.

Le seul et unique qui intéressait Shen Jue était assis sur un trône en hauteur. Il portait une tenue de brocart noir avec des bordures dorées et des manches amples. Ses longs cheveux noirs étaient retenus par un guan de la même couleur. Il tenait un verre de liqueur à la main et son visage était encore plus noble et élégant que dans le monde mortel.


Shen Jue leva les yeux vers lui et aperçut un jeune homme à l’allure féminine dans ses bras.

Lin Chuyan avait un bras passé autour de sa taille et souriait aimablement. Ils agissaient de manière très proche et intime, comme s’il n’y avait personne autour, comme un couple. Au même moment, Shen Jue vit un jeune homme très charmant s’approcher d’eux. Le jeune homme baissa la tête pour parler à Lin Chuyan et s’assit finalement sur ses genoux à son tour.

Ce fut à ce moment que Shen Jue comprit pleinement le sens des paroles de Lu Zhidao :

« … le tempérament du noble immortel a changé de manière drastique à présent. Je te déconseille d’aller chercher des ennuis. »


Comme il voyait Lin Chuyan, le sort sur les menottes commença à agir. Plus il se rapprochait, plus cela devenait douloureux. Shen Jue regarda Lin Chuyan qui se trouvait en hauteur et, endurant la douleur, il avança pas à pas. Il avait l’impression de marcher sur la pointe d’un couteau à chaque pas qu’il faisait. Non, ce n’était pas marcher sur la pointe d’un couteau, mais plutôt se rouler tout entier sur la pointe.

Quand Lin Chuyan l’avait vu avec Xie Zhi, cela avait-il fait aussi mal que ça ?







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