Chapitre 307 : S’il y a une vie après la mort (4)
« Shen Jue ? Shen Jue ? »
L’adolescent qui avait la tête posée sur la table fut tiré de ses pensées par cet appel. Il hésita un moment, puis se releva et se tourna pour regarder autour de lui. Il aperçut un groupe de quelques adolescents avec qui il s’entendait plutôt bien. Ces gens se tenaient regroupés. Quand Shen Jue se tourna vers eux, ils firent :
« Shen Jue, nous avons deux jours de repos à partir de demain. On comptait aller au manoir du Pic de Lune en dehors de la capitale. Il y a une énorme piste pour faire des courses à cheval là-bas, et si on y allait tous ensemble ? »
La plupart des résidences des familles nobles de la capitale étaient une récompense de la part de l’empereur et avaient certaines spécificités. En général, seule la demeure du prince possédait une piste pour cheval. Il y avait rarement un espace ouvert assez large dans les autres manoirs. Voilà pourquoi beaucoup de jeunes maîtres choisissaient d’aller dans le manoir du Pic de Lune en dehors de la capitale pour pratiquer l’équitation.
Quand Shen Jue entendit ça, il voulut tout d’abord refuser. Puis bizarrement, il repensa à la scène de la veille au soir. Il était allé voir maître Xie qui avait mis un bégonia dans ses cheveux. Bien qu’il l’avait ensuite retiré, ce geste lui paraissait toujours un peu bizarre, tout comme le comportement de son précepteur à ce moment-là.
Il avait vu maître Xie lever les mains comme pour le prendre dans ses bras, mais il s’était arrêté en cours de route.
Normalement, Shen Jue n’était pas si sensible pour ce genre de choses mais depuis qu’il avait intégré l’école, il y avait eu bien trop de gens qui avaient essayé de l’approcher pour diverses raisons. Il était même tombé sur un adolescent particulièrement effrayant. Cet adolescent avait deux ans de plus que lui et c’était le jeune maître du manoir du prince Min. Ce jeune homme avait une fois stoppé son attelage en public. Shen Jue avait d’abord pensé qu’il l’avait accidentellement bousculé, alors il avait demandé au cocher de se déporter sur le côté. Mais le prince avait insisté pour qu’il descende du carrosse afin de lui présenter des excuses. Au final, il était même entré de force dans le carrosse de Shen Jue. Dès qu’il l’avait vu, il était resté sans cligner des yeux, le regard brûlant. Finalement, il avait fait semblant de perdre l’équilibre pour tomber sur lui. Shen Jue avait bien tenté de le repousser, mais le prince avait passé les bras autour de sa taille.
Si ce jour-là, le carrosse de son grand frère Shen Ze n’était pas passé par là, Shen Jue aurait eu bien du mal à s’extirper de cette situation. Mais par la suite, le jeune prince Min devint de plus en plus agressif et il fit même irruption dans l’école de Shen Jue, l’appelant par son nom et exigeant qu’il se montre. Cet adolescent avait encore fait bien d’autres choses embarrassantes comme ça. Au bout du compte, monsieur Shen s’était rendu en personne dans le manoir du prince Min pour mettre un terme à cette affaire.
Est-ce que Shen Jue attachait trop d’importance à ce qui s’était passé la veille ?
Mais même si c’était le cas, il ne voulait plus voir son précepteur pour le moment. Alors quand ses camarades lui présentèrent cette invitation, il réfléchit un moment avant d’accepter.
Une fois les cours terminés, Shen Jue retourna au manoir et apprit à sa mère qu’il se rendrait demain dans le manoir du Pic de Lune. Quand elle sut qu’il partait avec des camarades de classe, elle accepta aussitôt, mais elle lui demanda d’emporter des vêtements bien chauds.
« Il fait plus froid en dehors de la ville. Tu devras t’habiller plus chaudement. »
Elle se leva et ajouta :
« Je vais préparer tes bagages.
– Mais mère, je peux… »
Shen Jue se fit interrompre avant d’avoir pu terminer sa phrase.
Madame Shen repoussa son fils d’une main et assura :
« Pas question, ta mère va s’occuper de préparer tes affaires. Au fait, tu prendras aussi des gâteaux. Je vais les préparer pour toi demain matin. Tes camarades et toi pourrez apprécier les talents de cuisinière de ta mère. »
À la fin, elle lui pinça la joue.
Shen Jue n’eut pas d’autre choix que de céder.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il dîna chez sa mère, puis se rendit chez son précepteur comme d’habitude. Il termina son travail du soir et observa maître Xie en train de corriger son texte. L’autre homme avait la tête baissée, ses yeux couverts par le ruban bleu jade dont les extrémités pendaient parmi ses longs cheveux noirs. Les lèvres sous l’arête droite du nez étaient bien rouges.
« Maître, demain, je vais dans le manoir Pic de Lune en dehors de la capitale. Je ne serai pas là demain et après-demain, alors je ne pourrai pas venir vous voir. »
Shen Jue avait bien réfléchi à ses mots avant de parler.
Mais rien que cette phrase fit aussitôt relever la tête de l’autre.
« Tu veux aller au manoir Pic de Lune ? Pourquoi ? »
Les sourcils délicats du précepteur se froncèrent un peu. Son ton dévoila sa réprobation.
Shen Jue hésita un moment.
« Je vais aller faire du cheval avec mes camarades. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait ça, alors je voulais sortir m’amuser avec eux.
– C’est bien trop dangereux de monter à cheval et la piste de courses du manoir du Pic de Lune n’a pas de barrière, c’est donc facile de se perdre. Ah Jue, tu ne veux pas y repenser ? Si tu veux sortir, ton maître peut t’accompagner ailleurs. Tu aimerais aller au magasin de calligraphie et de peinture ? »
Maître Xie tendit la main pour saisir celle de l’adolescent.
« Ah Jue, sois gentil, ne fais pas des choses aussi dangereuses. Si tu veux vraiment sortir à cheval, ton maître peut t’accompagner. »
Shen Jue baissa les yeux sur la main qui recouvrait la sienne.
« Maître, j’ai déjà promis aux autres. Vous m’avez appris une fois qu’un homme d’honneur doit toujours tenir parole. Je ne peux donc pas revenir sur ma promesse. »
Les lèvres du précepteur se pincèrent et il retira sa main au bout d’un moment.
« Très bien, puisque tu as fait une promesse, alors vas-y. Mais écoute bien ce que je dis : tu dois faire attention à ta sécurité. »
Shen Jue sourit et assura :
« Je le ferai. Maître, ne vous inquiétez pas. »
L’autre homme sourit également, mais c’était un sourire très superficiel, pas du tout sincère. Shen Jue fit mine de ne pas remarquer sa réprobation et il partit pour le manoir Pic de Lune le lendemain matin.
Le manoir se trouvait assez loin de la capitale. Le groupe n’arriva pas avant midi. Ils n’avaient pas eu le temps de se reposer et déjeunèrent aussitôt arrivés. Shen Jue demanda à son serviteur de sortir les gâteaux préparés par sa mère. Dès qu’il expliqua d’où ça venait, les autres jeunes maîtres se jetèrent sur les gâteaux pour les finir. Shen Jue contempla la boîte de nourriture vide et en resta stupéfait un moment, puis il ne put s’empêcher de sourire.
On entendit soudain une brusque inspiration tout près. Shen Jue ne comprit pas ce qui se passait et leva les yeux. Il vit que le camarade qui avait fait ce bruit était tout rouge. Quand Shen Jue le regarda, cet adolescent tourna complètement la tête. Même sa nuque était rouge à présent.
« Qu’est-ce qui t’arrive ? ne put s’empêcher de demander Shen Jue. Tu ne te sens pas bien ?
– Il va bien, fit aussitôt un autre adolescent à côté de lui. Shen Jue, arrête de le regarder et il ira mieux. »
Shen Jue en resta stupéfait un moment, puis il lâcha un oh et regarda ailleurs.
Après le déjeuner, ils allèrent choisir des montures pour la course. Shen Jue opta pour un étalon bai. Une fois son choix fait, plusieurs personnes lui firent :
« Cet étalon est un peu sauvage. Shen Jue, choisis-en un autre, hein ? »
Ils lui recommandèrent une jument qui n’était pas encore adulte.
Mais Shen Jue monta tout de suite sur l’étalon et regarda les autres en-dessous.
« Inutile, celui-ci me plaît énormément ! »
Il n’aimait pas que ces gens le prennent pour un faible. Après tout, il était également un homme.
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La piste de courses du manoir Pic de Lune était très large. Comme l’avait dit maître Xie, le contour de la piste n’était pas clôturé et donnait sur la forêt. Le propriétaire du manoir leur déconseilla spécifiquement de s’y rendre.
« Cet endroit est tristement connu pour son labyrinthe fantôme. Au départ, on avait installé des barrières mais peu de temps après, des sangliers sont venus les cogner. Je ne sais pas pourquoi, mais ils venaient tous les jours. Finalement, on a dû démonter les clôtures et plus aucun sanglier n’est venu depuis. »
Shen Jue regarda dans la direction indiquée par le propriétaire du manoir et put vaguement distinguer une forêt.
Dans l’après-midi, ces adolescents furent très en forme et actifs. Au départ, ils se limitèrent un peu mais par la suite, ils ne firent plus attention à rien et se lancèrent même dans une compétition d’équitation avec les autres. Vu que Shen Jue était venu pour s’amuser avec eux, il ne refusa naturellement pas. Il arriva jusqu’à la finale. Pour la dernière course, il affrontait un adolescent vêtu de jaune.
Ce jeune homme le regarda et sourit.
« Shen Jue, si tu m’offres un sourire, je te laisserai gagner, ah. »
Avant que Shen Jue ne puisse répondre, un de ses camarades avait déjà répliqué à côté de lui :
« La course n’a même pas encore commencé, alors ne sois pas aussi orgueilleux au point de parler de céder la victoire ! Shen Jue va gagner, c’est sûr ! »
Shen Jue regarda l’adolescent en jaune et détourna les yeux.
« Inutile de me laisser gagner. Si tu perds, c’est toi qui devras sourire à tout le monde pendant un bâton d’encens.
– Entendu, ah. Mais, et si c’est toi qui perds ? » fit l’autre avec un sourire très étrange.
Shen Jue avait tout de suite reconnu cet adolescent : il s’entendait très bien avec le jeune prince Min et on pouvait même dire que c’était un de ses sbires.
Il resserra sa prise sur les rênes et déclara :
« Je ne perdrai pas.
– Imaginons quand même. On va faire ça : si tu perds, tu boiras autant d’alcool que je voudrai ce soir. Si je perds, non seulement je sourirai à tout le monde pendant un bâton d’encens, mais je retirerai aussi mes vêtements pour faire rire tout le monde. »
Cet adolescent voulait clairement créer des problèmes. Shen Jue savait qu’il n’allait pas renoncer si facilement, alors il accepta tout de suite.
Mais ses camarades autour firent d’un ton désapprobateur :
« Shen Jue, comment tu as pu accepter son offre, ah ?
– Tu ne devrais pas accepter, ah. Ce pari est clairement injuste. »
La finale débuta assez vite. Au signal de l’arbitre, Shen Jue et l’adolescent en jaune s’élancèrent au galop en même temps. Au départ, aucun des deux ne prit clairement l’avantage. Parfois l’un était en tête, parfois l’autre, et parfois ils étaient au coude-à-coude. Mais durant la seconde moitié de la course, le cheval de Shen Jue se mit à dépasser son concurrent de la moitié de sa longueur, puis de sa longueur entière. Peu de temps après, l’écart entre les deux grandit quand tout à coup, l’étalon de Shen Jue hennit de douleur, puis perdit totalement le contrôle et se mit à galoper très vite.
Shen Jue ne put le faire ralentir. Vu la vitesse élevée, s’il essayait de descendre de selle, il se ferait facilement piétiner par sa monture et finirait paralysé. Étrangement, le visage de sa mère apparut dans son esprit, suivi par celui de maître Xie, puis le visage des autres membres de la famille Shen.
S’il lui arrivait quoi que ce soit, ils seraient tous très tristes.
Sa mère espérait qu’il mène une vie heureuse et son maître Xie lui avait demandé de faire attention à sa sécurité.
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En songeant à cela, Shen Jue ne sauta pas de cheval même en le voyant foncer vers la forêt. Il essaya plutôt de tout faire pour le calmer. L’étalon courait avec frénésie dans les bois. Shen Jue aurait bien aimé se rappeler du chemin qu’il prenait, mais l’animal allait bien trop vite. En plus, les arbres de la forêt se ressemblaient tous. Au bout d’un moment, Shen Jue était complètement perdu. Les branches des deux côtés lui avaient légèrement entaillé les joues.
Après un long moment, le cheval qu’il montait finit par se calmer lentement.
Une fois que Shen Jue put reprendre le contrôle et le faire s’arrêter, il descendit de cheval et examina son derrière. Sans surprise, il trouva une aiguille argentée plantée dans la croupe de l’animal.
L’adolescent en jaune et le jeune prince Min étaient vraiment de la même espèce.
La question était à présent : comment faire pour sortir de cette forêt ?
Shen Jue regarda tout autour de lui, mais ne put retrouver la direction d’où il était venu. Le cheval avait fait plein de tours et détours. Les empreintes de ses sabots par terre ne suffisaient pas pour retrouver son chemin. En plus, les arbres de cette forêt montaient jusqu’aux nuages et le ciel s’assombrissait, ce qui compliquait la tâche de repérer les empreintes du cheval dans la terre.
Shen se mordit les lèvres et n’eut pas d’autre choix que de chercher le chemin pour rentrer. Mais ses jambes devinrent douloureuses et arriva le moment où il ne pouvait plus faire un pas. Malgré ça, il n’était toujours pas sorti de la forêt. Il avait même tourné en rond pour revenir à son point de départ, comme en témoignait la marque qu’il avait laissée sur un arbre.
Le ciel était devenu complètement sombre. Le cheval était fatigué et refusait d’aller plus loin. Shen Jue avait également faim. Il n’osait plus avancer. Non seulement il avait peur que son corps ne puisse pas tenir plus longtemps mais en plus, il craignait de s’enfoncer davantage dans la forêt et de s’éloigner au manoir Pic de Lune. Du coup, il ne put que s’asseoir à l’endroit où il se trouvait, attendant qu’on vienne le chercher.
Le cheval était redevenu très docile. Il avait la tête baissée et broutait de l’herbe. Shen Jue le regarda et ne put s’empêcher de soupirer. Il devait reconnaître qu’il s’était montré un peu trop téméraire, mais les paroles de l’autre adolescent avaient été vraiment irritantes et intolérables.
Il était sûr que s’il revenait en arrière, il voudrait à nouveau gagner contre cet adolescent.
Le temps s’écoula lentement et Shen Jue n’entendit rien, hormis le chant des insectes. Cette forêt en montagne était très froide la nuit. Shen Jue se recroquevilla, ses jambes repliées contre lui. Comme il allait monter à cheval l’après-midi, il s’était changé en tenue d’équitation. Ses vêtements étaient donc légers et pas chauds du tout. En plus, il avait soif, faim, froid et même sommeil.
Mais il n’osait pas s’endormir. S’il dormait, il ne saurait pas si quelqu’un était à sa recherche.
Juste au moment où Shen Jue pouvait sentir son corps se congeler, il vit une lumière apparaître. Cette lumière parut surgir de nulle part, suivie par des bruits de pas.
Le nouveau venu n’eut pas besoin de le chercher, il alla droit vers lui.
« Ah Jue. »
Shen Jue regarda cet homme vêtu de noir qui tenait une lanterne. On pouvait voir clairement l’inquiétude sur son visage au teint aussi pur que du jade. Il s’accroupit et demanda :
« Ah Jue, tu vas bien ? Tu t’es fait mal quelque part ?
– Maître… Qu’est-ce que vous faites ici ? » fit Shen Jue d’une voix hésitante.
La lumière qu’il avait vue était apparue subitement, elle n’était pas venue de loin. En plus, il fallait bien une demi-journée pour venir en partant du manoir Shen. Même si son précepteur avait appris sa disparition, il n’aurait pas pu arriver aussi vite, même en se dépêchant. En plus, l’autre homme l’avait tout de suite trouvé, sans même appeler son nom.
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Maître Xie hésita un moment, puis avoua :
« En fait, je n’étais pas rassuré à ton sujet, alors je t’ai suivi en cachette. Quand j’ai appris que tu avais disparu, je suis parti à ta recherche avec les autres. »
En disant ça, il tendit la main pour toucher le front de l’adolescent. Quand il le trouva très froid, il se releva aussitôt et enleva son manteau pour le passer autour des épaules de Shen Jue.
« Mets ça. Je vais te porter pour rentrer. »
Shen Jue aurait bien voulu refuser, mais l’autre homme s’était déjà tourné pour s’accroupir. Il n’eut donc pas d’autre choix que de céder. Il se releva un peu pour grimper sur le dos du précepteur quand il vit son cheval. Il ne put s’empêcher de réagir :
« Maître, il y a aussi mon cheval. »
La voix de maître Xie devint un peu glaciale à ce moment, comme s’il était en colère.
« Cet animal est tellement stupide, peu importe s’il reste ici ! »
Shen Jue ne l’avait encore jamais entendu parler sur ce ton. Il en resta stupéfait un moment, puis objecta :
« Maître, il a été blessé par mon adversaire, c’est pour ça qu’il m’a conduit ici. Et si je ne l’avais pas choisi, il n’aurait pas été blessé. »
Maître Xie se renfrogna et se tourna pour regarder l’étalon. Shen Jue en profita pour dire :
« Maître, reposez-moi. Sinon, ce ne sera pas facile de guider le cheval par les rênes.
– Ce n’est pas un problème. »
Shen Jue eut alors la surprise de voir que même si l’autre le portait sur le dos, il pouvait encore utiliser son autre main pour tenir les rênes. Maître Xie avait l’air faible, voilà pourquoi Shen Jue ne s’attendait pas à ce qu’il soit si fort.
Shen Jue eut peur de tomber, alors il n’eut pas d’autre choix que de s’accrocher aussi fort que possible au cou de l’autre. Après avoir longuement marché, ils sortirent enfin de la forêt. Dès qu’ils furent sortis, le clair de lune devint bien plus brillant. Shen Jue voulait s’arrêter, mais son précepteur refusa de le lâcher. Shen Jue fut bien obligé de continuer à laisser l’autre le porter. Il regarda le cheval, puis la personne qui le portait et enfin il regarda les ombres au sol.
Quand il regarda, il se rendit compte qu’il n’y avait que deux ombres projetées par terre.
L’une était celle du cheval et la seconde était la sienne.
Shen Jue en resta interloqué un moment, puis il tourna la tête. Mais il eut beau regarder dans tous les sens, il ne pouvait voir que son ombre au sol et elle semblait voler, comme suspendue dans les airs.
Ses lèvres tremblèrent et il lui fallut un bon moment avant de pouvoir émettre le moindre son.
« Maître, pourquoi vous n’avez pas d’ombre ? »
L’homme qui le portait se raidit visiblement. Après un moment, il fit :
« Comment ça, je n’ai pas d’ombre ? Tu dois être fatigué. »
À ces mots, Shen Jue regarda de nouveau par terre et cette fois, il vit que les ombres étaient passées de deux à trois.
Non, il avait bien vu : il n’y avait eu clairement que deux ombres.
« Reposez-moi. »
L’expression et la voix de Shen Jue étaient crispées.
Note de Karura : Oh, oh, maître Xie s’est trahi !
En tout cas, où qu’il aille, Shen Jue est victime de sa beauté et de son succès !
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