Child of the Night 14

Partie Quatorze: Réclamer


L'an de grâce 1460
Le lendemain
Château Varga, Roumanie




Nicolae se réveilla lentement. Ce n'était pas inhabituel. Quand il dormait profondément, il restait souvent une paisible demi-heure dans un état de somnolence, se réveillant peu à peu. Ce sommeil avait été plus profond que tous ceux dont il pouvait se souvenir. C'était comme s'il était tombé dans un gouffre quelque part la veille.

Il se rappela de son choc lorsque le rideau du confessionnal avait été soudainement tiré et il se souvenait de la rage sur le visage de son père. Après ça, le reste n'était que confusion, menant aux ténèbres, encore plus de confusion puis plus de ténèbres. Il n'était pas vraiment sûr de vouloir savoir ce qui s'était passé. D'une certaine façon, il sentait que la plupart des événements ne seraient guère plaisants. Mais assez étrangement, il sentait qu'une autre partie avait été très agréable.


La première chose dont il était sûr, c'était qu'il avait mal. Son maître devait l'avoir à nouveau battu. Bon, ce n'était pas surprenant. C'était arrivé assez souvent pour qu'il l'accepte comme faisant partie de l'ordre naturel des choses. Il pouvait dire que ce fut assez rude, mais il en avait enduré d'autres tout aussi rudes.

La seconde chose dont il se rendit compte, c'était qu'il était nu. C'était surprenant. Depuis qu'Elizabeta lui avait donné les sous-vêtements, il dormait avec. Il avait décidé qu'en les portant, ils le guidaient vers la modestie plutôt que vers la vanité ou la complaisance sensuelle. Pourquoi ne les avait-il pas maintenant ?


Les yeux toujours fermés, il tenta de se rappeler. Il y avait quelque chose au sujet des sous-vêtements, ils... Je les ai abîmés. Dans son esprit, il vit la fleur rouge sur le lin blanc, comme des pétales roses sur la neige. Pourquoi ne les ai-je pas complètement enlevés ? J'aurais pu les sauver alors. Cela ne lui serait jamais venu à l'esprit de blâmer l'homme qui l'avait flagellé jusqu'au sang.

Je dois aller à la bibliothèque. Tant de choses à faire... Il essaya de se redresser mais échoua dès le premier essai.


Il tenta à nouveau lorsque la porte s'ouvrit. Le valet du prince, Simion, entra dans la chambre, portant un plateau. Il s'écria brusquement :

« Mon garçon ! Rallonge-toi. Tu n'es pas en état de te lever pour l'instant. »

Nicolae fut surpris mais il obéit parce que vraiment, la tête lui tournait juste à cause de ce petit effort.

« Mon sieur... »

Sa voix était rauque.

« Je vous en prie, vous n'avez pas besoin de vous occuper de moi. Je suis... »

Sa voix s'éteignit, s'apercevant des détails de la pièce.

« Je ne suis pas dans ma chambre ?

– Non. »



Simion posa le plateau sur la table de chevet, tirant une chaise près de lit.

« Ici c'est ma chambre. On ne pouvait pas te laisser seul. Rapproche-toi du bord du lit, Nicolae. »

Nicolae parvint à s'avancer de quelques pouces et Simion approuva de la tête.

« Tu ne peux pas encore t'asseoir et tu es faible. Je vais te nourrir. »

Nicolae rougit alors que l'homme porta une cuillère de ragoût à ses lèvres.

« S'il vous plaît, Domn, je ne suis pas un enfant. »

Simion eut un sourire narquois.

« Non ? De toute façon, je ne suis pas un Domn. Je travaille pour vivre, tout comme toi. Tu peux m'appeler Simion. Tu peux aussi utiliser 'mon sieur' si tu le souhaites. Je suis ton aîné et je mérite ce respect. Maintenant, mange. »


L'estomac de Nicolae grogna à cette riche odeur de viande qui émanait du bol mais il se sentait nauséeux.

« S'il vous plaît, mon sieur. Je ne pense pas pouvoir manger.

– Tu vas manger. Tu as besoin de nourriture, mon garçon. Tu n'as rien mangé depuis hier matin et il est presque midi. Prends un peu de bouillon pour commencer. Une fois que tu auras quelque chose dans l'estomac, la nausée passera. »

Le jeune homme détourna pourtant la tête.

« Nicolae, le prince m'a ordonné de bien te nourrir. Veux-tu que je manque à mon devoir envers lui ? »

Nicolae lança un regard l'autre homme. Mais lorsque Simion présenta à nouveau la cuillère, il sirota consciencieusement le bouillon.


Après quelques bouchées, son estomac se calma et il se sentit affamé plutôt que malade. Simion continua à le nourrir et le jeune homme finit le bol complet de bouillon, avec en plus une bonne tranche de pain tartinée de beurre doux. Léchant une dernière miette grasse au coin de ses lèvres, il fit d'un ton hésitant :

« Le prince... le prince est au courant pour mon... infortune ? »

Simion enleva le bol et ses yeux étaient indéchiffrables lorsqu'il regarda à nouveau le jeune homme.

« Oui, Nicolae. Il le sait. Et il sait pourquoi tu as souffert. »

Le visage du garçon pâlit.

« Comment ? »


Simion croisa les mains sur ses genoux, se penchant pour parler.

« Te souviens-tu de ce qui s'est passé hier ?

– Pas vraiment.

– Tu te rappelles avoir été battu ?

– Un peu, mon sieur.

– Tu te souviens comment tu es arrivé dans cette chambre ? »

Il secoua la tête.

« Si je vous ai dérangé, mon sieur, j'en suis désolé.

– Arrête ça, mon garçon. Ne t'excuse pas pour une chose dont tu n'es pas responsable. Tu as été vicieusement abusé et tu ne méritais pas ce qu'on t'a fait.

– J'ai mis mon gardien en colère. Mais mon sieur... »


Une main agrippa le bord de la tunique de Simion, alors qu'il se débattait pour convaincre l'homme qui n'avait pas besoin d'être convaincu.

« Je ne pouvais pas faire ce qu'il souhaitait ! »

Pourquoi me regarde-t-il si bizarrement ?

« Je ne peux pas vous révéler ce qu'il voulait, mais c'était quelque chose qui nous aurait mené, moi et un autre, sur un périlleux chemin de morale. »

Simion se rassit.

« Je sais ce qu'il voulait que tu fasses, Nicolae. »

La main du jeune homme retomba.

« Mais comment ?

– Tu me l'as dit lorsque je t'ai amené ici pour te soigner. »

Il détourna son visage vers l'oreiller.

« Vous n'auriez pas dû m'écouter, mon sieur. J'ai sans doute dû dire des choses insensées. Et seul mon confesseur aurait dû les entendre.

– Pourquoi ? »


Le ton était si franc que Nicolae se retourna, surpris.

« Tu n'as rien à confesser, mon garçon. Comme je te l'ai dit, tu n'as rien fait de mal. »

Il se leva.

« Je dois encore panser tes coupures. Elles ont l'air mieux et se sont presque refermées, et tu ne saignes plus. Mais tu dois encore faire attention pendant quelques jours, sinon tu vas les rouvrir à nouveau. Et même alors, je pense que tu ne pourras pas t'asseoir confortablement. »

Quand Simion commença à retirer le drap, Nicolae s'y agrippa de manière instinctive et quand Simion reprit, sa voix était amusée :

« Il n'y a rien en-dessous que je n'ai pas déjà vu, Nicolae. Pense à moi comme à un médecin. Maintenant, arrête de lutter contre ce que j'essaie de faire pour toi. Ne me force pas à rapporter ton mauvais comportement au prince. »

Il voulait seulement plaisanter mais il vit l'air mi-apeuré du jeune homme lorsqu'il lâcha le drap.


Simion ôta le drap et sortit la petite jarre de médicament de la table. Il l'examina et ses lèvres frémirent. Oui, il y en avait beaucoup moins que lorsqu'il était parti la veille. Cela expliquait la bonne humeur du prince Draculea et son comportement paisible lorsqu'il était retourné dans ses appartements ce matin.

Mais à en juger par l'état de guérison des coupures sur les fesses du jeune homme, son seigneur n'avait pas pris son plaisir de cette façon. Pourtant il s'était produit quelque chose mais Nicolae n'en semblait pas totalement conscient. Simion se demanda à quel point c'était dû aux drogues et à son choc, et à quel point Nicolae avait volontairement bloqué ces souvenirs. Simion nettoya à nouveau les plaies et les pansa avec l'onguent.

« Tu guéris vite, Nicolae. Dans très peu de temps, le prince Draculea pourra entièrement te témoigner sa dévotion. »


Le jeune homme tressaillit et jeta un regard alarmé à Simion. Simion lui fit gentiment alors qu'il remettait le drap en place :

« Allons, mon garçon. Tu as beau être innocent et ignorant, tu n'es pas stupide. Si tu le voulais, tu pourrais te rappeler de ce qui s'est passé cette nuit. Il n'y a pas de raison que tu n'en sois pas capable. »

Nicolae ferma les yeux en murmurant :

« J'espérais que ce ne soit qu'un rêve. Je fais... des rêves étranges, parfois.

– Ce n'était pas un rêve, Nicolae. Je ne connais pas tous les détails, mais il est clair que le Prince Vlad a pris son plaisir avec toi cette nuit. Et je ne peux que croire que tu as aussi trouvé ton plaisir avec lui.

– Je suis faible d'esprit et de chair. J'aurais dû l'arrêter.

– Pff. Et comment ? Même si tu n'avais pas été faible et drogué, mon seigneur est fort de corps et d'esprit. Tu te serais quand même soumis à lui, Nicolae. C'est mieux que cette première fois a été facilité par le médicament que je t'ai donné. »


Il caressa les cheveux noirs du jeune homme.

« Tu vois ? Ce n'est pas ta faute, Nicolae. Ton cœur peut être libre de regret.

– Non, mon sieur. Je dois assumer ce fardeau.

– Si tu es troublé, Mircea entendra ta confession et te donnera l'absolution.

– C'est impossible, monsieur. Je ne peux pas parler de ça et demander pardon.

– Mais pourquoi, Nicolae ? Je ne comprends pas.

– Mon sieur, la grâce de l'absolution est accordée à quatre conditions : confession, pénitence, regret sincère du péché et la ferme intention de ne pas recommencer cet acte inique. »

L'expression de Nicolae était misérable.

« Je peux me conformer aux deux premiers, mais les deux derniers... »

Il déglutit. Il y avait tant de douleur dans ses yeux que Simion eut envie de le prendre dans ses bras et de le bercer comme un enfant afin le consoler.

« Le regret et le serment de ne jamais recommencer ? Simion, je ne pense pas que je peux le faire. »


L'expression de Simion se détendit en un sourire.

« Mon garçon, tu n'imagines pas à quel point ça me fait plaisir d'entendre ça. »

Il prit le plateau et se dirigea vers la porte.

« Je dois m'occuper du déjeuner de mon seigneur. Repose-toi, Nicolae. N'essaie pas de quitter cette chambre, ni même le lit où tu te trouves. Il y a un pot de chambre en-dessous, au cas où. »

La tête de Nicolae était baissée, ses mèches pendant sur ses yeux et les assombrissant.

« Comme vous l'avez dit, Simion, je dois travailler pour vivre. Mon patron ne me remarque pas sauf pour repérer mes fautes et, en fuyant mes responsabilités, je risque une autre correction. »

La voix de Simion était ferme et froide.

« Il ne te touchera plus jamais, Nicolae. »

Il fit une pause et il y avait un certain ton dans sa voix.

« De quelque façon que ce soit. Mon seigneur t'a déclaré sien et personne ne touche ce qui lui appartient. »

> Quand l'autre homme fut parti, Nicolae resta allongé, abasourdi par l'importance de ses mots. Le prince l'avait déclaré sien ? Ce n'était pas possible. C'était un si grand homme, il pouvait commander n'importe quel serviteur, n'importe quel noble même. Pourquoi prendrait-il le temps de s'intéresser avec quelqu'un d'aussi pauvre et insignifiant que Nicolae Calugarul ?

Même si c'était un intérêt charnel, il y avait d'autres personnes bien plus attirantes, homme comme femme, qui se jetteraient à son coup au moindre signe d'intérêt. Un amusement passager, songea tristement Nicolae. Pour lui, je suis comme une fleur dans un champ. Quand on passe à côté, elle attire le regard pendant un moment. On peut même avoir envie de la cueillir et de la garder un moment. Peut-être la porter à la poitrine pour sa douce odeur, peut-être dans ses cheveux pour son air gai. Mais bientôt la fraîcheur disparaît et la fleur est jetée. Quand je serai jeté, où vais-je me retrouver ? Je mourrai sûrement si on m'arrache à mon foyer pour se débarrasser ensuite de moi.


Il y songea un moment et décida finalement que son seul espoir était d'oublier tout ce qui s'était produit. En fait, c'était à moitié fait. Tout ce qu'il avait comme souvenirs se résumait des flash et des impressions.

Le souvenir le plus clair était : la sensation de quelque chose qui le remplissait, bougeant en lui et amenant une sensation de plénitude et un grand plaisir, ainsi que la chaleur et l'humidité incroyables qui avaient engouffré son sexe juste avant qu'il ne sombre à nouveau dans les ténèbres. Et... la tendresse. On l'avait enlacé et caressé avec une gentillesse qui semblait signifier de l'attention. Mais il se dit que ce serait mieux d'oublier toutes ces choses. Sa vie serait plus simple s'il n'avait rien à perdre et à regretter.

Sa faim rassasiée, il se sentit à nouveau somnolant et finit par s'endormir.

Vlad aurait voulu pouvoir éviter son hôte. Quand il regardait cet homme, il avait une forte envie presque irrésistible de saisir ce cou avec ses mains et de dévisser sa tête de ses épaules comme un poulet. Mais il se retint pour Nicolae. Simion avait raison. Si Vlad tuait tout de suite l'homme, il pourrait s'en sortir impuni mais cela tuerait le jeune homme de l'intérieur, alors Vlad retint sa colère. La bête vile pourrait parcourir le monde encore quelques jours avant qu'on ne l'envoie à sa juste place bien méritée en Enfer.

Le prince était scrupuleusement poli, mais pourtant Ernestu Varga soupçonnait quelque chose. Vlad n'avait jamais été chaleureux avec lui mais il avait été cordial, si ce n'est condescendant. À présent, la façon formelle et rigide dont il s'adressait à lui et la froideur de son regard informaient Ernestu que le dirigeant valaque était grandement mécontent de quelque chose.

C'est ce fichu bâtard, à coup sûr ! Soit il m'a désobéi et il n'a pas été voir Draculea, soit il s'est montré si maladroit au lit que ça a déplu au prince. Dans tous les cas, je l'écorcherai vif s'il a ruiné les chances de Beta.


Ernestu avait bien envie de le faire. Il se rappelait la façon dont le jeune homme était agenouillé devant lui, la bure pliée pour montrer les fesses pâles et lisses. Il se souvint de la façon dont la chair avait frissonné et rougi sous les coups du bâton, et à quel point sa bouche était douce et tremblante lorsque le jeune homme avait supplié Ernestu. Mais plus encore, le seigneur Varga se souvenait de la ruée chaude et liquide lorsque la main du jeune homme s'était posée sur sa chair enflée de désir.

Inconsciemment, Ernestu se lécha les lèvres. Il se demanda pourquoi il avait ignoré le jeune homme pendant si longtemps. Il s'était occupé de ce morceau de chair pratique pendant dix-huit ans et pourtant il ne l'avait pas encore goûtée. Ce fut du gâchis. Le garçon peut faire plus que copier des gribouillis. Quand Beta sera mariée et loin du château, j'aurais tout le temps. Cela faisait un moment qu'Ernestu n'avait pas eu quelqu'un pour réchauffer régulièrement son lit. Une fois qu'il aurait entraîné le jeune homme, Nicolae pourrait servir admirablement.


Assis de l'autre côté de la table en face du père de sa fiancée, Vlad nota la rougeur apparaître sur les joues grassouillette et la langue sur les lèvres sèches. Je sais à quoi tu penses, chien incestueux. Tu ne l'auras pas. Je vais l'emmener loin de toi et je te tuerai de mes propres mains. J'ai assez d'hommes pour tuer sur mes ordres mais je ne vais pas me priver de ce plaisir.

Ils étaient en train de négocier le contrat de mariage. Vlad et Stefan étaient assis d'un côté de la table avec de l'autre côté Ernestu et son homme de loi, Ivan, ainsi que le propre homme de loi de Vlad. Ils avaient déjà précisé les terres qui seraient données au prince, ainsi que les gens qui les cultivaient et le bétail qui s'y trouvait. Stefan avait astucieusement monté l'or de la dot à trois cents pièces d'or. Ivan aurait bien encore négocié mais Ernestu, un mauvais marchandeur, était trop empressé d'accepter tout. Son homme de loi ne put que hausser les épaules et acquiescer.


Ernestu se vanta fièrement de la riche garde-robe qu'Elizabeta prendrait avec elle.

« Vous n'aurez pas besoin de l'habiller pendant un moment, Domn. Elle a des douzaines d'habits, du plus simple au plus riche. Elle vous fera honneur en toute circonstance, que ce soit pour embellir votre maison chaque jour ou pour une cérémonie d'état. »

Draculea hocha simplement la tête, son expression ne variant jamais.

Stefan étudia les notes qu'il avait prises.

« Nous en arrivons à la dernière et moins importante partie du contrat. Elizabeta doit prendre avec elle tout serviteur que le prince estime nécessaire pour son confort ou pour le bien de sa propre demeure. »

Draculea était jusqu'à présent étalé sur sa chaise, jouant avec un verre de vin. Il se rassit et se pencha en avant. Il était soudain vivement intéressé par la procédure.


Ernestu hocha la tête avec enthousiasme.

« Bien sûr, bien sûr. Elle aura besoin de quelques-unes de ses bonnes pour s'occuper d'elle. Je ne veux pas dire, prince Draculea, que vous ne lui fournirez pas de serviteurs adéquats, mais certaines de ces femmes se sont occupées d'Elizabeta depuis qu'elle est toute petite, et elles pourraient lui manquer terriblement. De plus, toute dame de compagnie qui souhaiterait la suivre pourra le faire. Les autres seront renvoyées chez elle à mes frais, et non aux vôtres, mon seigneur.

– Combien ? »

C'était la première fois que Draculea parlait depuis le début des négociations.

« Oh, pas plus de deux ou trois, une demi-douzaine tout au plus. »

Ernestu proposait plus de servantes afin de réduire le coût de renvoyer les femmes chez elles.


« Elle doit certainement prendre Lena Abdul, sa servante personnelle, avec elle. Cette femme s'est occupée d'Elizabeta et l'a éduquée depuis qu'elle a eu ses premières règles à l'âge de douze ans. »

L'homme introduisit le fait que sa fille était prête à procréer de façon si offensive et évidente que cela irrita tous ceux présents. Il ne se rendit pas compte que la mention du signe mensuel de maturité de sa fille indiquant qu'elle était prête à devenir mère n'était pas un sujet de conversation approprié.

« La servante personnelle, et deux ou trois compagnes de son choix, en plus des servantes de son enfance ? »

Stefan regarda Draculea qui signifia son approbation.

« Autre chose ?

– Non, ce sont les seules que nous vous demandons d'autoriser à suivre Beta. Le prince peut bien sûr demander n'importe qui d'autre qu'il désire. »


Stefan regarda Draculea qui semblait réfléchir à la question.

« Mon seigneur, à moins que vous ne soyez tombé sur quelqu'un que vous devez simplement ajouter au personnel, il n'y a aucun besoin de prendre plus de serviteurs de la demeure du seigneur Varga. Nous avons de bonnes gens, et d'autres sont encore disponibles sur vos propres terres, si jamais besoin est. »

Déterminé à extorquer autant que possible à cet homme qu'il haïssait, et également à masquer son intérêt pour le jeune bibliothécaire, il demanda :

« Pourriez-vous vous passer de votre prêtre, Varga ? »

Sans se soucier des paroles de son régisseur, Vlad poursuivit :

« La dame serait sûrement plus à l'aise avec un confesseur qu'elle connaît. »


Ernestu accepta rapidement.

« Vous êtes bon et attentionné, Maria Ta. Oui, Mircea serait ravi d'accompagner Beta, j'en suis sûr.

– Un de vos meilleurs cuisiniers aussi, je pense. Il pourrait apprendre à mes gens à cuisiner les plats que la dame aime le plus, et aussi un pâtissier pour ses douceurs favorites. »

Vlad se représentait mentalement le jeune homme farfouillant dans le plat à desserts pour ses friandises favorites.

« Oui, mon prince. Une excellente pensée. Mon second cuisinier cherchait justement une occasion de voyager. Je pense que lui et le pâtissier accompagneront l'entourage sans discuter. »

Comme si tu avais la moindre idée de ce que voulait un misérable pâtissier dans ton château, enfoiré braillard.

« Quoi d'autre ? Il me semble qu'il y avait encore une personne... »

Draculea posa un doigt sur son front, fronçant les sourcils comme s'il réfléchissait intensément. Enfin il fit :

« Ah, je me souviens à présent. Elizabeta souhaite emmener le bibliothécaire, Calugarul. »


Le visage d'Ernestu se décomposa.

« Je vous aurais accordé joyeusement tout sauf cela, Prince Draculea. Le petit doit rester ici. »

Stefan échangea un regard avec l'autre avocat. C'était un revirement complet. Jusque là, Varga s'était aplati pour donner à Draculea plus que ce qu'il ne demandait. Et maintenant, il rechignait pour une chose aussi triviale et inutile qu'un bibliothécaire ?

« Votre fille m'a expressément demandé de requérir que le garçon nous accompagne au Château Draculea.

– Il sera peut-être autorisé à la voir se marier là-bas, Maria Ta, mais il doit revenir ici avec moi. Vous ne le voudriez pas chez vous. Elizabeta est une gentille fille avec un bon cœur mais ça la rend un peu stupide par moments. Calugarul n'est pas un compagnon approprié pour une dame de haute naissance. »


Vlad resta silencieux un moment, tapotant ses doigts sur la table. Enfin il fit :

« Varga, j'espère que vous me faites confiance pour contrôler ma propre épouse une fois que nous serons mariés. »

Sa voix était calme mais il y avait une pointe d'acier dessous.

Ernestu pâlit.

« Je ne voulais pas vous manquer de respect, Prince Draculea.

– C'est bon à savoir. Bon, quelle autre raison pourrait-il y avoir pour que le garçon ne quitte pas votre demeure pour rejoindre la mienne ?

– Je... Il est tout ce que j'ai pour s'occuper de la bibliothèque, mon seigneur.

– Vous ne sembliez guère impressionné par ses efforts avant, Varga. Si je me souviens bien, vous avez dit que son 'gribouillage' pouvait être fait à tout moment, et que cela ne valait pas la peine qu'on s'y attarde.

– Je ne souhaite pas que votre seigneurie soit importunée par son absorption au travail. Il semble assez humble mais il y a un brin de rébellion derrière cet aspect docile, Domn. Il avait constamment besoin d'être corrigé pour qu'on lui montre sa place en ce monde et ses devoirs envers ses supérieurs. Prenez n'importe qui d'autre parmi mes gens, et il sera à vous.

– Varga. »


Stefan, alarmé par le ton calme et dur de la voix de Draculea, lui lança un regard. Le visage du prince était indéchiffrable mais ses yeux brûlaient.

« Est-ce que vous me refusez cette petite chose ? »

Varga fit un geste impuissant.

« Je ne comprends pas votre intérêt, mon seigneur. Le garçon n'est rien, personne et pratiquement inutile.

– Et c'est pourquoi vous balbutiez dans vos efforts pour le garder sous votre 'soin' ? »

Il y avait un accent particulier sur ce dernier mot qui n'échappa à personne.

« Je vous donne une heure pour y réfléchir, pendant que mes hommes commenceront les préparatifs pour notre prochain voyage afin de rendre visite à une autre canditate potentielle pour devenir mon épouse. Si à la fin de cette heure, le bibliothécaire compte encore tellement à vos yeux que vous ne pouvez vous en séparer, alors nous vous dirons adieu à vous et à votre charmante fille. »


La menace était calculée pour ramener Varga à la raison et pour qu'il accepte de laisser Nicolae accompagner sa demi-sœur. Vlad se leva brusquement, imité par ses hommes, et il partit avant que Varga ne puisse ouvrir la bouche pour dire qu'il faisait erreur en ce qui concernait son besoin de l'humble bibliothécaire.

Les rumeurs dans le palais se répandaient rapidement. Tout le monde savait que Nicolae avait été battu la veille et certains soupçonnaient qu'Ernestu avait fait plus que d'être simplement violent. Entretemps, Vlad avait décidé de rendre ses demandes impossibles à refuser.

Vlad passa le temps imparti à discuter de quelques détails supplémentaires du contrat et à éluder les question de Stefan concernant sa décision d'avoir le bibliothécaire sinon rien du château Varga. Plus tard, quand tout le monde reprit place autour de la table, il fit :

« Je vais éclaircir les choses pour vous, Varga. Elizabeta veut que ce jeune homme l'accompagne. J'ai une bibliothèque au Château Draculea qui a été tristement négligée depuis la mort de mon père. Il peut être un compagnon pour Elizabeta ou non, selon mon bon vouloir, quand elle deviendra ma femme, ou plutôt si elle devient ma femme. »


Il marqua une pause.

« Et il peut me servir de n'importe quelle façon dont j'aurais décidé. Plutôt que de décevoir la femme qui pourrait devenir mon épouse, poursuivit-il en durcissant son ton, je préfère encore chercher une autre union. Nicolae Calugarul doit être inclus dans la dot. »

Stefan commença encore à dire quelque chose, et Vlad grogna :

« Ne me pose pas de question à ce sujet. »

Ernestu étudia le prince, ne voyant aucune incertitude en lui. Il est vraiment sérieux. Le garçon doit être meilleur que ce que je pensais. Bon sang, et je ne l'ai même pas encore essayé. Bon, on ne peut rien y faire. J'aurai quand même du temps, d'ici à ce qu'on arrive au Château Draculea ou avant que je ne rentre. Peut-être que je pourrai l'avoir avant la fin d'un de ces deux voyages.


Varga s'inclina, écartant les mains.

« Il en sera comme le Prince Draculea le demande. Le jeune homme est sous ma responsabilité, je peux en disposer comme je veux et je vous le donne avec ma bénédiction. »

Que c'est avisé, Ernestu, puisque tu sais que je l'aurais quand même pris sinon. Il fit à Stefan :

« Écris. Consigne-le sur le papier. »

Stefan trempa sa plume et commença à écrire en marmonnant :

« Parmi les biens inclus dans la dot il y a un cuisinier, un pâtissier, une dame de compagnie, deux bonnes et... un bibliothécaire.

– Utilise son nom. Ce n'est pas qu'un objet. »

Le prince réprimanda ainsi son régisseur.

Stefan cligna des yeux doucement, puis écrivit :

« Un Nicolae Calugarul. »


Il leva les yeux vers Ernestu.

« Et au nom de quelle autorité disposez-vous de cet homme ?

– C'est le fils bâtard d'une dame de compagnie qui a servi mon épouse.

– Et vous avez pris soin de lui ? C'est plutôt généreux, monsieur, observa Stefan. Pas d'autre raison ? Si le garçon est né libre, on ne peut pas simplement le passer du contrôle de l'un à l'autre.

– J'ai autorité sur lui.

– Mais laquelle ? Vous avez des papiers vous en cédant la tutelle, donnés par les parents ? »

Ernestu passait lentement du rouge de l'embarras au mauve de la mortification. Enfin, il révéla d'un ton raide :

« Le garçon est à moi. Je l'ai engendré. »


Stefan hocha la tête. Un père pouvait disposer de son enfant comme il le voulait. Draculea fixa son futur beau-père avec un dégoût à peine dissimulé. Heureusement pour toi que tu n'as pas dit que tu étais son père, Varga. Tu n'as jamais été un père pour ce garçon. Non, 'engendré' est le bon terme. Tu as lâché ta semence puis tu es passé à autre chose sans pour autant songer à ce que tu avais crée, sauf pour voir à quel point ça t'ennuyait. Bon, il n'est plus sous ta responsabilité à présent, chien. Et un jour, très bientôt, tu vas avoir une raison de regretter d'avoir vidé tes couilles dans cette pauvre femme qui a porté mon Nicu. Je ne comprendrai jamais comment un sac de pus comme toi a pu engendrer un tel ange.







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