Child of the Night 41

Avertissements : De la torture extrême, du meurtre et de l'empalement. Sans Nicolae, Draculea est devenu pire encore que ce qu'il était. Ce que je décris est en fait plutôt édulcoré comparé à ce que le Vlad Teppes historique a fait.



Partie Quarante-et-une : Torture

L'an de grâce 1462
Château Draculea, Valachie




C'était calme, si calme.

Draculea ouvrit les yeux. Il était réveillé depuis un moment, peut-être une heure, mais il avait connu une lassitude inhabituelle. Il semblait qu'il fallait faire trop d'efforts pour ouvrir les yeux, et encore plus pour se lever.

Soudain, la sensation de faiblesse disparut. Elle ne s'éteignit pas — elle disparut simplement et Draculea se sentit aussi vigoureux que jamais. Il s'assit en brossant la poussière de sa tunique et passa un moment à écouter son corps.

Il l'avait déjà fait avant, surtout lorsqu'il était blessé pendant une bataille. Il s'asseyait calmement et se concentrait en sentant comment son corps fonctionnait et en recherchant des douleurs nouvelles ou de l'engourdissement. Il sentait alors le rythme de son cœur et de sa respiration et cherchait un rythme inhabituel. À présent.... à présent il n'y avait pas de rythme.


C'était étrange. Il n'avait jamais fait beaucoup attention à ces choses avant, les considérant comme acquises. Leur absence maintenant était perturbante. Il ne s'était jamais rendu compte que son pouls avait été une douce vibration aux limites de son ouïe et que son propre souffle était un doux murmure. La pièce qu'il occupait à présent était silencieuse, mis à part le grattement dans un coin qui indiquait la présence d'un rat.

Draculea toucha sa poitrine tranquille. Je n'ai pas chaud, mais je n'ai pas froid. Cependant, est-ce que je m'en rendrais alors compte ? Il y réfléchit et inspira profondément. Il n'expira pas. Il attendit et attendit. Des minutes s'écoulèrent. Vlad ne sentait aucune tension. Finalement, il se força à expirer consciencieusement.


Draculea se leva. La pièce était plus que sombre. Quand il était arrivé là, il y avait eu une torche dans le couloir qui offrait un peu de lumière mais elle avait brûlé depuis longtemps. Vlad savait qu'il devait faire complètement noir mais cela ne semblait pourtant pas faire de différence. Il pouvait toujours voir assez clairement.

Il retoucha le panneau rude puis regarda autour de lui. Il remarqua une lueur rouge dans un coin distant et il regarda plus attentivement. Oui, il avait raison. C'était un rat — un gros rat brun. On les surveillait dans les étages supérieurs du château mais ici bas, on leur laissait libre cours. Celui-ci était une créature audacieuse. Il était assis sur ses pattes arrières en le regardant avec une curiosité évidente.


Draculea remarqua à nouveau qu'il pouvait sentir même s'il ne pouvait pas respirer. Il pouvait sentir l'odeur du rat : truculente et sauvage. Mêlée à cette odeur animale se trouvait une autre odeur qu'il avait fini par reconnaître comme l'odeur de la vie, du sang, et cette odeur déclencha quelque chose de primitif en lui.

Il n'eut même pas conscience de bouger. Tout ce qu'il sut, c'est qu'il se retrouva subitement dans le coin et que le rat était dans ses mains. Il se tortilla et s'écria, sa voix faible, presque comme un hurlement. Il était dodu mais il y avait des muscles forts et des ligaments sous les couches de gras. Pourtant Draculea le maintint aisément. Il ne recula pas et ne relâcha pas sa prise lorsque la bête le griffa et le mordit, ses dents longues et ciselées s'enfonçant dans ses mains.


Draculea leva le rat à hauteur de son visage. L'odeur de sang le frappa à nouveau et il sentit la douleur de ses dents qui s'allongeaient. Sans réfléchir, il porta la bête à sa bouche et mordit. Du sang jaillit dans sa bouche.

C'était infect. Le sang de Simion avait été riche, épais et doux comme du sel. Ce sang était fin et amer mais il ne put s'arrêter. Il but en pétrissant le corps du rat pour en tirer les dernières gouttes alors qu'il mourait. Puis il le jeta si violemment que cela devint une tâche méconnaissable quand il frappa le mur de pierre.


Draculea se pencha en croisant les bras sur son ventre alors qu'il sentait des crampes. Il songea qu'il pouvait très bien vomir ce repas épouvantable mais il ne le fit pas. Bien que la révulsion le submergeait, son corps savait ce dont il avait besoin et il s'y accrochait.

La nausée passa. Pour la première fois depuis le début de son cauchemar, il se sentit un peu tremblant. Vlad ressuya sa bouche du revers de la main en souhaitant pouvoir effacer le goût immonde de sa bouche. La faim qu'il avait ressentie à son réveil s'était atténuée. Je me demande si je peux vivre avec le sang des animaux ? Cette pensée est dégoûtante mais cela pourrait résoudre nombre de problèmes. Il n'y aura pas toujours une alternative plus savoureuse.


Il quitta la pièce et se dirigea vers les zones les plus peuplées. Des torches allumées étaient alignées dans le couloir un peu plus loin. Il arriva dans sa chambre du trésor et fut ravi de voir que les gardes étaient toujours là. Ils le regardèrent sans surprise et s'inclinèrent respectueusement sur son passage.

Simion l'attendait devant les cellules du souterrain. Il s'inclina devant Draculea et fit :

« Salutations, mon prince.

– Simion. »

Simion hésita puis s'enquit :

« Avez-vous... dormi, mon seigneur ? »

Draculea secoua la tête.

« Pas comme autrefois, Simion, mais je me suis reposé. »


Le serviteur hocha la tête. Il frotta sa paume et fit à voix basse :

« Avez-vous besoin... ?

– Non, Simion, j'ai déjà soupé. »

Au regard interrogateur de Simion, Draculea fit :

« Et non, nous n'avons pas perdu un garde, bien qu'il y ait un rat de moins dans ce monde. »

Simion grimaça et Draculea haussa les épaules.

« Si je peux vivre grâce à eux au moins une partie du temps, c'est tant mieux. Je suis un guerrier, Simion, alors tuer n'est rien de nouveau pour moi, et c'est une question de survie. Pourtant, si j'apaisais ma soif tous les soirs avec le sang humain... Un sage prédateur ne tue pas toutes ses proies. Il leur permet de s'étendre à moins de se trouver dépourvu.

– Qu'avez-vous prévu pour ce soir, Domn ? »

Le sourire de Draculea était cruel.

« Je vais avoir besoin de tes services, Simion. »

Lena avait tenté de s'échapper lorsqu'ils lui avaient apporté son déjeuner, se ruant vers la porte, nue. Le garde l'avait attrapée aisément et l'avait rejetée dans la paille. Quand elle avait tenté de se lever et de s'enfuir à nouveau, il l'avait frappée et avait tendu les mains vers son pantalon. Quelques mots acérés de son compagnon l'avaient arrêté. Il avait juste craché sur elle avant de partir.

Il a dû leur ordonner de me laisser tranquille. Mais pourquoi ?

La porte de la cellule s'ouvrit à nouveau et Draculea entra, avec deux des gardes à sa suite. Lena prit plus de paille pour se couvrir. Draculea s'arrêta à quelques pas.

« Pourquoi te montrer si pudique, Lena ? Tu n'as rien qui n'ait déjà été vu par tout le monde ici en prison. »

Il sourit, ses yeux étincelants.

« Tu n'as certainement pas peur d'attiser mon désir ? Même si je voulais une femme, je préférerais coucher avec un serpent plutôt qu'avec toi. »


Autant qu'elle haïssait devoir demander quelque chose à un homme, et plus particulièrement à Draculea, Lena se força.

« Ne me donnez pas encore à eux, mon prince. Je... »

Son visage se tordit sous l'effet d'une réticence évidente. Draculea le remarqua et la poussa.

« Oui, Lena ?

– Je... »

Elle cracha les mots.

« Je vous en supplie.

– Quelle requête humble et gracieuse. Non, Lena, tu ne supporteras pas ça à nouveau.

– Vous allez me libérer ? »

Il rit.

« Oh, Lena ! Il y a plus en toi que je ne l'aurais imaginé, si tu peux plaisanter dans une telle situation. »


Il garda le silence. Draculea savait que parfois le silence et le doute pouvaient être plus efficaces que les menaces. Il avait raison. Finalement, Lena fit craintivement :

« Alors vous allez me battre. »

Draculea secoua la tête.

« Non, non. Rien d'aussi vulgaire. Et un simple coup mal placé pourrait terminer trop vite ta punition. »

Il fit un geste aux deux hommes. Lena tenta de ramper pour s'éloigner mais ils l'attrapèrent et la mirent à genoux, chacun tenant un bras. Draculea s'agenouilla devant elle et sortit un grand couteau de chasse, puis le tint devant ses yeux.

« Regarde ce couteau, Lena. Une arme magnifique, n'est-ce pas ? Je l'ai utilisé sur Varga. »

Lena tressaillit.

« Allons, je suis sûr que tu t'en doutais. Je l'ai utilisé sur lui mais je ne l'ai pas tué avec — je l'ai fait de mes propres mains. »


Il leva le couteau et elle hurla.

« Cesse de hurler, chienne. Garde ton souffle pour quand tu en auras besoin. »

Draculea saisit une poignée de cheveux, les enroula autour de son poing puis les trancha près du cuir chevelu.

« Les cheveux d'une femme sont sa gloire couronnée. On rase les cheveux des prostitués et des hérétiques. Je pense que c'est approprié pour toi aussi. »

Lena mordit sa lèvre. Draculea n'était pas tendre, tirant et tailladant les cheveux, tranchant des mèches épaisses. Elle ne cria que lorsqu'elle ne put s'en empêcher. Quand il eut fini, Lena n'avait plus que des touffes irrégulières sur son crâne, pas plus longues qu'une phalange. À deux ou trois endroits la peau était à nu, des endroits suintants où Draculea avait arraché les cheveux avec les racines.


Enfin, Draculea se leva et quitta la cellule. Au lieu d'être libérée, Lena fut tirée dans le couloir, horrifiée. Elle réussit à ramener ses jambes sous elle pour marcher au lieu d'être traînée. Ils marchèrent un bon moment en prenant des tournants çà et là. Ils s'arrêtèrent finalement devant une pièce basse, illuminée seulement par une torche et plusieurs braseros de charbon.

« C'est une pièce qu'on ne vous a pas montrée à Beta et toi lorsque Simion vous a fait visiter. Elle ne te concernait pas — alors. »

Draculea s'assit et désigna la seconde chaise.

« Assieds-toi, Lena. »


Elle s'avança vers la chaise puis recula. La chaise était couverte de pointes : le dossier, l'assise, les repose-bras, les repose-jambes et les repose-pieds. Elle avait entendu parler de telles choses mais elle n'en avait jamais vues. La voix de Draculea était glaciale.

« Assieds-toi. »

Elle essaya de reculer en secouant la tête mais les gardes la forcèrent à s'asseoir sur la chaise.

La femme hurla alors que sa chair fut percée en plus d'une centaine d'endroits. On attacha des barres à ses jambes, ses poignets et sa poitrine pour la forcer contre les pointes. Elle se tortilla mais cela ne fit qu'enfoncer davantage les pointes. Finalement elle se tint tranquille mais tremblante. Le sang commença à couler, descendant le long des pieds de la chaise pour faire une flaque au sol.

« C'est un peu sobre ici, je sais, mais j'ai bien peur de ne pas avoir eu le temps de décorer ce lieu à ton goût. Tu vois, je ne m'en suis pas beaucoup servi ces deux dernières années. Nicolae m'avait adouci. »


Simion entra en portant un plateau composé d'une bassine d'eau et d'une serviette pliée. Il le plaça sur une petite table près de la chaise et s'inclina devant Draculea.

« Je suis désolé, Domn, mais je n'ai pas pu trouver de savon.

– Oh, je ne crois pas que cela ait de l'importance. »

Simion prit le menton de Lena et tourna sa tête dans différentes directions, comme un artiste étudiant les matériaux avant de se mettre au travail. Il claqua sa langue en voyant un endroit suintant.

« Impatient comme toujours, maître ?

– Je n'ai pas ton talent, Simion. »

Simion défit la serviette et Lena poussa un petit cri en voyant le rasoir sur le linge blanc. Même dans la pénombre, son bord brilla diaboliquement. Simion fit sévèrement :

« Du calme, femme ! Comment puis-je te raser correctement si tu continues à faire un tel bruit ?

– Si tu te tiens tranquille, il pourra faire son travail sans te couper, lui assura Draculea. Tu ne voudrais pas ça. Les blessures à la tête saignent affreusement. »


Lena tenta de mettre sa tête hors de portée. Simion fit :

« Je suppose que je vais devoir utiliser la fourche des hérétiques pour la tenir tranquille. »

Il prit un objet qui ressemblait à une paire de fourches à double dents collées bout à bout verticalement et accrochées à une sangle. Il poussa en arrière la tête de Lena et installa l'appareil. Sa nuque était étirée avec une fourche contre sa poitrine et l'autre contre la chair tendre juste sous sa mâchoire.

« Là. Garde la tête levée, Lena, et tiens-toi tranquille. Sinon, les pointes vont te percer. Je doute que cela te tuera mais ça sera très, très désagréable. »

Simion prit un linge trempé dans la bassine et mouilla la tête de Lena en trempant les rares touffes qui restaient. L'eau froide coula sur son corps nu et ses mamelons s'érigèrent avec le froid et la peur.



Simion prit le rasoir et fit :

« De l'arrière vers l'avant, c'est la bonne méthode. »

Il posa le bord de la lame contre sa nuque et commença.

Il rasa avec des petits coups fermes en travaillant lentement et régulièrement. Après chaque passe, il rinçait le rasoir. Il s'arrêta une fois pour l'affûter sur un bout de cuir en testant le bord avec son pouce jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Lena ne se tortilla pas et ne se débattit pas, mais elle ne pouvait s'empêcher de trembler. La sensation de cette fine lame sur sa peau nue — ferme et pourtant délicate — était horrible.


Enfin, Simion ressuya sa tête et recula pour examiner son travail. Le crâne de Lena était complètement nu. Simion indiqua quelques nouveaux endroits où coulait du sang.

« Je suis désolé, Domn, mais je suis tombé tout à coup sur ces grains de beauté.

– Ce n'est pas de ta faute, Simion. La laideur cachée de cette femme est aussi bien physique que spirituelle. »

Lena pleurait en silence. Draculea la railla :

« Des larmes d'humiliation, Lena ? Oui, une tête rasée est un signe de honte pour une femme. Mais réjouis-toi, ça aurait pu être pire. J'aurais pu demander à Simion de raser tes poils aussi. Je crois que ce style est très prisé dans les harems orientaux. Mais tu sais pourquoi je ne l'ai pas demandé ? Ç'aurait été dur de te tenir tranquille pendant une telle chose, même avec beaucoup de gardes et de sangles. Il y avait une chance pour que Simion, bien qu'expérimenté, puisse déraper et couper trop profond. Je n'ai aucune envie que tu saignes à mort rapidement. »


Il se rassit sur sa chaise.

« Non, ce serait une mort sans douleur. J'ai entendu dire que c'était presque comme s'endormir. Tu ne mérites pas quelque chose d'aussi paisible, Lena. Simion ?

– Oui, Domn ?

– Tu es prêt ?

- Je le suis depuis que j'ai vu le pauvre corps noyé de votre Nicolae, Domn. »

Le visage de Draculea se tordit de douleur.

« Alors montre à Lena ton autre talent à la lame. »

La main de Simion partit. Lena sentit un liquide chaud couler le long de sa nuque et un doux contact sur son épaule, comme si quelqu'un l'avait gentiment tapotée. Elle tourna la tête pour regarder. Du sang coulait sur sa nuque et sa poitrine, comme un fin ruban cramoisi. Reposant sur son épaule, juste là où elle avait senti le contact, il y avait un petit morceau de chair blanc. Quand elle sentit l'explosion de douleur un instant plus tard, elle reconnut son lobe.


Plus loin dans le couloir, deux des gardes levèrent la tête alors qu'un cri retentissait. L'un fit à l'autre :

« J'espère qu'ils vont la bâillonner. Je vais avoir mal aux oreilles si je dois entendre ça. »

Son compagnon haussa les épaules.

« Même s'ils ne la bâillonnent pas, elle ne pourra pas crier aussi fort longtemps. »


Dans la salle de tortures, Draculea fit calmement :

« Lena est bouleversée, Simion. Tu sais à quel point elle prend soin de son apparence et maintenant elle a l'air un peu... hum, asymétrique.

– Oui ? Je peux y remédier. »

La lame brilla à nouveau et Lena sentit une autre piqûre alors que Simion l'amputa de son lobe droit.

« Là. »

Il attendit que le second cri s'éteigne et lança un regard interrogateur à Draculea.

« Rien de vital, Simion. Aucune artère. Et laisse ses yeux. Je veux qu'elle voie ce qu'elle sera devenue. »

Simion hocha la tête pour indiquer qu'il avait compris, leva le rasoir et commença.

Le garde plus loin dans le couloir avait couvert ses oreilles depuis un long moment pour étouffer les cris qui venaient de la salle de torture. À terme, comme l'avait promis son ami, les cris devinrent des coassements rauques.


Simion ressuya le rasoir et le mit de côté, puis lava ses mains dans la bassine. L'eau devint rose puis rouge. Draculea examina la femme attachée sur la chaise. Sa respiration était laborieuse mais régulière. Du sang formait lentement une flaque sous la chaise.

Le corps de Lena était zébré de coupures : certaines longues et fine, coupant à peine la peau, d'autres courtes et profondes.

« Excellent travail, Simion. Je crois qu'il n'y a pas un morceau de peau plus large que ma paume qui ne soit intact.

– Sur le devant, Domn. Pour que je fasse correctement le travail, il faut encore la mettre face contre terre.

– Peut-être demain. Cela suffit pour aujourd'hui. »


Il fronça les sourcils.

« Je pense que tu es peut-être allé un peu trop loin en enlevant ses mamelons. L'hémorragie ne s'est pas arrêtée.

– Je suis désolé, Domn, mais cette zone est de toute façon bien irriguée en sang. Rappelez-vous comme ils deviennent raides et enflés pendant l'excitation.

– Tu as raison, bien sûr. Pourtant, je pense que l'hémorragie devrait être contenue. Je ne veux pas qu'elle saigne à mort pendant mon sommeil. »

Il prit un tisonnier d'un des braseros et l'examina. La pointe était blanche à cause de la chaleur.

« La cautérisation est de mise. »


La gorge de Lena était sanglante et elle ne fit que gémir dans le métal brûlant toucha sa chair une fois, puis encore une fois. Il y eut un grésillement puis une odeur pareille au porc grillé remplit l'air. Draculea examina la chair calcinée avec satisfaction.

« Oui, c'est réglé. »

Il abandonna le tisonnier et fit :

« Je doute qu'elle va manger et je ne veux pas qu'on la force. Ce serait trop facile pour elle de s'étouffer. Donnez-lui du vin et assurez-vous qu'elle le boive. Je ne veux pas qu'elle sombre dans cet inconscience causée par certaines blessures. Je veux être certain qu'elle soit réveillée et consciente quand je viendrai la voir demain. »


Lena fut détachée de la chaise et reconduite dans sa cellule. Draculea tendit la main vers l'assise de la chaise. Son doigt revint couvert de sang. Il leva les doigts et renifla. Il y avait à nouveau cet odeur sombre et riche qui faisait serrer son estomac. Il ressuya sa main sur sa chemise en songeant : Je pourrais tout aussi bien boire sa pisse.

La faim était cependant de retour. Il avait le sentiment qu'il n'aurait pas eu faim aussi tôt si son dernier repas avait été du sang humain. Il devrait s'en rappeler. Il semblait que le sang des animaux pouvait le sustenter mais pas vraiment le satisfaire.


Les autres étaient partis, sauf un jeune tzigane qui se tenait à l'entrée du couloir. Draculea l'étudia. Il semblait fort et en bonne santé. Il lui fit signe et le jeune homme vint à lui en s'inclinant bas.

« Veux-tu me servir ?

– Vous avez offert un toit à mon peuple alors que le monde entier nous chassait. Oui, je veux vous servir.

– Me donnerais-tu ton sang ?

– Oui, Domn. Je mourrais pour vous.

– Ce ne sera pas nécessaire. »

Le jeune homme se raidit lorsque Draculea saisit ses épaules. Le prince le regarda dans les yeux et fit doucement :

« N'aie crainte, mon bon serviteur. J'ai seulement besoin d'un peu de ta force. Tu n'en mourras pas et tu n'en souffriras pas. »


Quand le prince caressa sa gorge, le jeune homme tourna docilement la tête sur le côté en tendant le cou. Draculea se pencha et pressa son visage contre la nuque du tzigane. Il y avait un peu de sueur acide et il sentit un duvet râper ses lèvres, mais cette odeur chaude et douce submergeait tout ça.

Voulant rendre cela aussi facile que possible pour le garde, Draculea tendit la main entre eux pour serrer fermement l'aine de l'homme. Le tzigane gémit doucement. Après un moment de caresses, Draculea sentit sa réponse. Un monticule ferme s'érigeait sous son massage. Il poussa sa main sous la taille de l'homme et trouva son sexe, le caressant jusqu'à ce qu'il sente le liquide pré-éjaculatoire sous ses doigts. Puis il mordit l'homme.


Du sang chaud jaillit dans sa bouche et il suça fortement, avalant de grandes gorgées de ce délicieux liquide. L'homme gémissait en se frottant rapidement dans l'étreinte serrée du prince. Puis il poussa un cri, sa semence se répandant sur la main active de Draculea. Quand ce fut fait, Draculea se retira avec réticence de son festin.

L'homme vacillait légèrement, les yeux vitreux. Un fin filet de sang coulait de deux trous à sa gorge et son pantalon de lin grossier était mouillé au niveau de son sexe qui se ramollissait. Draculea lui tendit la serviette. Alors que le garde se ressuyait, Draculea fit :

« Va voir Simion pour faire quelque chose pour cette plaie. Nous ne voudrions pas d'infection. »

Il tapota l'épaule de l'homme.

« Prends un jour de repos demain. Tu as bien travaillé et je t'en suis reconnaissant. »

D'un pas ferme, Draculea retourna dans la pièce qui contenait la tombe de Nicolae. À nouveau, il s'allongea dessus et parla doucement à son bien-aimé jusqu'à ce que l'aube apporte l'inconscience.

Elle pensait s'être habituée à la douleur. Elle pensait que tout ce qu'on lui ferait ne pourrait pas être aussi horrible que ce qu'elle avait déjà enduré. Elle avait tort.

La seconde nuit de son épreuve, elle fut placée sur le chevalet. Elle fut étirée au maximum puis les sangles furent encore resserrées un peu plus et on la laissa comme ça. Les quelques blessures qui avaient commencé à faire une croûte se rouvrirent.

De temps en temps, quelqu'un venait donner un ou deux tours de roue. Elle était sûre que ses membres allaient se démettre mais avant que cela n'arrive, elle fut libérée et rejetée dans sa cellule.

Elle passa la journée dans une sorte de sommeil troublé. Par moments, elle avait un spasme incontrôlable et se réveillait alors que son corps tremblait et s'agitait, les muscles et les articulations hurlant de douleur.


Quand ils la sortirent la troisième nuit, on lui offrit de choisir entre le chevalet ou la chaise d'inquisition. Quand elle refusa de choisir, Simion commença à lui couper les doigts un par un jusqu'à ce qu'elle choisisse le chevalet en se disant que ce serait moins douloureux que la chaise.

Draculea entra juste au moment où on l'attachait. Alors que Simion se déplaçait vers la petite table près du chevalet, Draculea fit :

« J'espère que tu ne t'es pas sentie négligée, Lena. J'avais du travail. Des lettres à écrire à l'église et à de nombreux officiers et comme tu le sais, je n'ai plus mon scribe. Mais maintenant je peux pleinement me concentrer sur toi. »


Lena regarda la table, parcourant des yeux les instruments posés là, et perdit le contrôle de sa vessie. Draculea prit des poucettes en faisant doucement :

« Ma foi, tu es une bien vilaine chienne, Lena. »

Il ne lui parla plus après ça, préférant se concentrer sur son travail. La pièce était silencieuse, exceptés les grognements et cris étranglés de la femme. Elle avait cessé depuis longtemps de plaider la pitié.

Simion observait non loin. Comme la plupart des membres de la royauté, Draculea avait toujours employé des hommes qui savaient comment infliger la douleur et il n'y avait pas lui-même participé. Pourtant il avait suffisamment observé pour savoir à quoi servaient les outils et il s'en servait bien pour un amateur. Oh, ce n'était pas dur d'utiliser les aiguilles ou le petit pot d'huile bouillante mais il fallait de la finesse pour déchirer la chair avec l'araignée ou les griffes de chat sans que la victime ne perde conscience. Le poêle de charbon chaud sous l'ouverture qui exposait les fesses de Lena y aida.


Finalement, Draculea fit une pause. Lena le regarda, ses yeux brillants faiblement sous la masse de coupures et de brûlures qui couvraient son visage.

« Quoi, Lena ? Tu as quelque chose à me dire ? »

Il se pencha.

« Tu dois parler, femme. Mon ouïe est devenue très fine récemment mais il faut au moins que tu fasses un peu de bruit pour que je puisse te comprendre. »

Sa voix était un murmure grinçant.

« Tuez-moi. »

Draculea sourit.

« Tu sais, Lena, que je n'ai pas à le faire ? J'ai le pouvoir de te garder en vie pendant des années, pas seulement des jours. Peut-être même pendant des siècles, même pour l'éternité. Je pourrais même te garder sous forme de carcasse et passer des plaisantes décades ainsi. »


Il remarqua l'horreur dans ses yeux et secoua la tête.

« Mais comme Simion l'a souligné, je suis impatient. Oui, Lena, je vais te tuer. »

Il reposa les pincettes qu'il avait utilisées et demanda à Simion :

« Combien de temps avant l'aube ?

– Quatre heures, je pense, Domn.

– Cela suffira. Amenez-la dans la cour. »

Il quitta la pièce pendant que les gardes la détachaient.

Lena fut traînée dans les couloirs jusqu'au premier niveau du château, puis à travers la grande salle jusqu'à la cour. La cour était bien éclairée par de nombreuses torches et une douzaine de serviteurs tziganes de Draculea se tenaient près des portes.


Alors qu'elle se dirigeait là, elle remarqua qu'il y avait une chaise confortable à quelques yards d'un petit trou profond. Draculea attendait à côté.

Quand on la lui amena, il regarda Simion.

« Tu l'as inspecté toi-même ?

– Oui, prince. C'est tel que vous l'avez demandé : du frêne robuste, et moitié plus long qu'un homme. »

Il pressa son pouce et son index.

« Pas plus large que ça au bout mais aussi grand que mon avant-bras à la base.

– Parfait. Amenez-le. »

Deux des hommes sortirent des écuries. Entre eux, ils portaient une longue hampe de bois, sa surface fraîchement pelée luisant sous la lumière de la lune.


Lena gémit :

« Non !

– Quoi ? Tu pensais que ce serait quelque chose de simple et net, comme une décapitation ? Je suppose qu'il serait approprié de te jeter dans la rivière mais je t'ai dit que j'avais en tête une justice plus personnelle. Les rumeurs que tu as lancées à propos de ma vie avant Nicolae n'étaient pas toutes fausses, Lena. »

La femme fut levée et tenue horizontalement, suspendue par ses bras et ses jambes. Bien que faible après des jours de torture, elle parvint à se débattre. Mais c'était inutile. Ses jambes fut écartées.


Draculea souleva la hampe et se rapprocha en plaçant le bord émoussé contre les lèvres du sexe de Lena.

« Allons, Lena. Je me suis assuré que le bout n'est pas plus aiguisé que le jouet que tu adorait enfoncer en Beta. Tu peux sûrement le prendre dans ton propre corps. »

Il poussa sèchement et Lena se raidit. Il continua à pousser jusqu'à ce que presque un pied du membre soit enfoncé dans son corps puis il recula.

Quelques-uns des tziganes attrapèrent la base de la hampe et la manœuvrèrent au-dessus du trou. Ils soulevèrent et les hommes tenant le corps de Lena poussèrent. Le bout de la hampe glissa dans le trou et elle fut lentement redressée. Les hommes se réunirent pour la tenir tandis que d'autres remplissaient rapidement le trou, tassant la terre pour le maintenir fermement.


Quand ils reculèrent, la hampe vacilla un peu à cause des mouvements de la femme mais pas beaucoup. Draculea avait déjà fait ça auparavant et il savait comme le faire correctement.

Le prince s'assit sur la chaise en croisant confortablement les jambes. Il regarda. Son beau visage était un masque impassible, ne montrant aucune émotion alors que la femme qui avait tué son amant s'enfonçait lentement sur le pieu, le poids de son propre corps l'empalant.

Cela n'aurait pris que quelques minutes si le pieu avait été aiguisé mais Draculea avait ordonné de le laisser émoussé. Il fallut donc trois heures pour que le pieu se force un passage dans le ventre de Lena pour atteindre ses organes vitaux. Elle avait depuis longtemps déjà cessé de crier. Au moment où l'on pouvait voir une pointe se presser sous la douce surface de ce qui restait de ses seins, seuls ses membres tremblaient légèrement.


Elle cessa finalement de bouger. Simion demanda à Draculea :

« Dois-je aller voir, Domn ? »

Draculea secoua la tête.

« Non, Simion. C'est inutile. Mon nouvel état a amélioré mes sens. Son cœur ne bat plus. Si elle avait une âme, elle s'est déjà enfuie chez son sombre maître. »

Il se leva et poussa du pied un peu de poussière sur la flaque épaisse de sang et de fluides corporels qui s'était formée au pied de la hampe.

« Laissez-la là.

– Pour combien de temps, maître ?

– Jusqu'à ce que ses os tombent et que les chiens se les disputent. Puis jetez le reste dans la rivière. »

Simion acquiesça.

« Ce sera une fin appropriée. »


Draculea regardait l'est. Une petite touche de couleur se montrait à l'horizon, un signe de l'aube naissante. Il lança un regard triste à son ami.

« La fin ? Comment cela peut-il se terminer tant que Nicu n'est pas à nouveau dans mes bras ? Non, Simion. Ce n'est que le commencement. »

Sur ce, Draculea se dirigea vers le château, droit vers les ténèbres qui étaient devenues sa demeure.






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