Partie Quarante-Sept : Réconfort recherché, réconfort acheté
L'an de grâce 1698
Budapest, Hongrie
Les trois hommes marchaient dans les rues sombres, un devant et deux derrière. Rock tenait une lampe pour montrer le chemin et Rill marchait avec son client. Il aurait préféré se rapprocher de Rock et de la lumière mais il savait que son frère le renverrait avec des mots durs et des coups. Rill serra ses bras autour de lui alors qu'ils marchaient. Il n'aimait pas le noir — il ne l'avait pas aimé depuis qu'il était petit et qu'il avait appris pourquoi ses sœurs gémissaient lorsque leur père venait les voir la nuit.
L'un des avantages de l'état de Draculea était qu'il pouvait voir clairement là où les autres étaient aveuglés par les ombres. Il étudia son compagnon pendant qu'ils marchaient. Non, ce n'était Nicolae mais il était beau, calme et doux. Il éloignerait le pire de la solitude pendant un moment et il satisferait au moins la faim physique de Draculea. Draculea savait lorsque quelqu'un avait peur et ce n'était pas ce qu'il ressentait chez Rill en ce moment. C'était plus de la nervosité.
Ce n'est pas vraiment son choix, même s'il le pense. Il ne pourra jamais choisir pour lui-même tant que son bâtard de frère le tiendra. Je suis tenté de trancher la gorge de ce mac avant l'aube mais dans ce cas, qu'arrivera-t-il à celui-ci ? S'il survit, il tombera aux mains d'un autre chacal. Je vais devoir y songer.
Rill regarda le prince et fit doucement :
« Mon seigneur, vous semblez si sévère. Qu'ai-je fait ? »
Draculea glissa son bras autour de Rill en l'attirant plus près alors qu'ils marchaient.
« Rien, mon enfant. Tu n'as rien fait. J'ai beaucoup de tristes souvenirs, Rill. Parfois je rumine. »
Quand le jeune homme se pressa plus près, alors même qu'il tremblait à cause du corps froid de Draculea, Vlad passa sa cape autour de lui.
« J'ai perdu depuis longtemps celui que j'aimais et j'attends son retour.
– C'est triste. »
Rock s'arrêta devant l'une des maisons hautes et étroites. Alors qu'il toquait à la porte, Draculea regarda les environs. L'odeur des égouts était très faible, pas comme dans les pires endroits, et les rues étaient presque vides de poubelles et d'ordures. C'était un assez bon voisinage — pour le mauvais quartier de la ville. Pourtant, si les gains de Rill étaient toujours comme ce que Rock avait demandé ce soir, ils auraient dû pouvoir se payer quelque chose de mieux.
« Nous sommes au rez-de-chaussée, » fit fièrement Rock.
Quand il n'y eut pas tout de suite de réponse à son toquement, il se renfrogna en cognant plus fort et appela :
« Clothilde ! Bon sang, si tu veux ton loyer, tu ferais mieux de nous laisser entrer ! »
Il lança un regard d'excuse à Draculea.
« La fille qui possède la maison nous saigne à blanc puis elle croit qu'elle peut se reposer et ne rien faire qui en vaille la peine. »
Il y eut un bruit de pas à l'intérieur puis le bruit d'une clef dans la serrure. La porte s'ouvrit pour révéler une femme grosse et souillon, enveloppée dans une robe tachée.
« Tu es de retour bien tôt, Rock. »
Elle regarda par-dessus son épaule en étudiant le grand homme derrière Rill avec des yeux malicieux.
« Eh bien, tu en as pêché un gros ce soir. Pour ton bien, j'espère que sa bourse est aussi grosse.
– Ferme ta sale bouche, femme, fit durement Rock en guidant les deux autres hommes dans le couloir. Et ne laisse pas cette bougie allumée dans le couloir. On ne paie pas pour se faire brûler vif. »
Ils entrèrent dans la chambre et Rock s'y affaira, attisant le charbon dans l'âtre puis nourrissant le feu jusqu'à ce qu'il s'embrase. Il alluma une autre lampe sur la table puis se frotta les mains.
« Vous serez à l'aise ici, sire. La chambre va se réchauffer rapidement, le lit est confortable et il y a plein d'eau. J'ai placé la cruche sur le feu alors elle sera chaude quand vous en voudrez. Pour un autre forint, je peux vous fournir une bonne bouteille de vin. »
Vu tes prix, tu devrais plutôt donner les clefs d'un cellier de premier choix.
« J'en ai eu assez ce soir mais je vais payer pour mon nouvel ami, » fit-il en caressant le bras de Rill.
Rock sourit en prenant une bouteille et des verres d'une armoire mais il lança un regard acéré à Rill. Draculea sut qu'à moins de presser le garçon, il refuserait de boire pour épargner la dépense à Rock.
« Maintenant, autant que je déteste me montrer mercenaire... »
La voix de Rock s'éteignit.
Draculea retira sa cape et Rill la prit sans qu'on le lui demande, la pendant proprement sur un crochet à la porte. Vlad prit sa bourse de sa ceinture et l'ouvrit en faisant sonner les pièces. Il regarda Rock du coin de l'œil et les oreilles du blond semblèrent presque se dresser au son des métaux précieux. Il choisit une pièce d'or et la tendit à Rock.
Le mac la regarda avidement puis fit :
« Sire, si possible, je préférerais de l'argent. Ce pauvre quartier, vous savez. C'est difficile de trouver quelqu'un qui a de la monnaie pour une telle somme.
– Tu vas la prendre. Je n'ai pas d'argent. Et c'est le supplément pour le vin. »
Rock prit la pièce d'or et celle de cuivre.
« Sire, c'est une pièce de cinq forints et je crains de ne pas avoir de monnaie. »
Il regarda Rill.
« Tu n'as sûrement pas dépensé tout l'argent que je t'ai donné pour boire ? »
Rill commença à chercher dans ses poches. Dégoûté de l'avarice du frère aîné, Draculea fit :
« Laisse. »
Sa voix se fit plus froide.
« Et pars. »
Le sourire de Rock ne vacilla pas mais ses yeux se durcirent.
« Bien sûr. Je sais que vous êtes pressé de vous rapprocher de Rill. »
Il alla près de son frère et saisit son menton pas très doucement.
« Sois un gentil garçon pour le prince, mon frère.
– Oui, Rock. »
Rock se pencha, ses lèvres contre l'oreille de Rill, et murmura. De l'autre côté de la pièce, Draculea l'entendit clairement cependant.
« Ce type m'a tout l'air d'un client potentiel qui reviendra. Si tu joues bien ton jeu, il voudra peut-être même te garder. Ce ne serait pas génial ? Un seul homme à satisfaire. »
Il tint la tête de Rill et l'embrassa profondément et rudement.
« Ne gâche pas tout, Rill, » ordonna-t-il.
Il s'inclina devant Draculea et partit.
Rill regarda le sol. Sans lever la tête, il fit :
« Désirez-vous du vin, sire ? »
Il fut surpris quand une main froide s'abattit sur son épaule. Il avait cru que le prince était de l'autre côté de la pièce et il ne l'avait pas entendu bouger. On le retourna et il se retrouva à lever les yeux vers l'homme. Il ferma les yeux et attendit avec résignation.
Il attend qu'on le viole, songea Draculea. Il se sentit en colère contre le frère de Rill et contre tous les autres qui avaient drainé cet homme-enfant au point qu'il n'attendait plus qu'on l'utilise. Il retira sa main du garçon.
« Assieds-toi, Rill. »
Quand Rill ouvrit les yeux, l'air confus, Draculea fit doucement :
« Nous avons toute la nuit. »
Rill s'assit au bord du lit et regarda le prince se rendre à la table et revenir avec le vin et un verre. Draculea versa dans le verre et posa la bouteille sur une petite tablette près du lit, puis offrit le verre à Rill. Rill le regarda prudemment en essayant de comprendre ce qu'il voulait. Quelques clients aimaient le rendre ivre avant de le prendre, se délectant de son impuissance encore plus grande, mais la plupart exigeait qu'il soit pleinement conscient pour mieux pourvoir à leurs souhaits.
« Tu n'es pas obligé de boire si tu ne veux pas, mais je pense que ça t'aiderait à te détendre, » expliqua Draculea.
Rill cilla. Un client inquiet pour lui ? Bien qu'il n'ait pas voulu le vin avant, il le prit à présent et finit le verre avec reconnaissance. Il accepta même un second verre lorsque le prince l'offrit, en songeant : C'est presque comme s'il voulait me séduire, comme s'il n'était pas déjà assuré de mon corps mais qu'il devait me convaincre. L'idée d'être courtisé réchauffa Rill plus que le vin.
Il refusa un troisième verre. Il y avait eu un temps où il aurait accueilli volontiers le flou et la distance que procurait la boisson mais il ne voulait pas que ses sens soient affaiblis pour l'instant. Il mit le verre de côté et murmura :
« Laissez-moi vous mettre plus à l'aise, mon seigneur. »
Il se leva puis tomba à genoux devant Draculea, lentement et gracieusement, en tendant les mains. Draculea leva son pied botté dans les mains de Rill et regarda le garçon retirer la première botte, puis la seconde. Après ça, Rill défit ses jarretières puis retira ses bas Les bas dont on parle ici ressemblent plus à des chaussettes en soie qui vont jusqu'au genoux. C'était avant la découverte de l'élastique alors ils étaient maintenus par des jarretières. Je n'ai jamais vu de jarretières pour homme mais je pense qu'elles n'étaient pas aussi décorées que celles des femmes. (1).
Finalement, Rill tenait son pied nu. Il émit un léger son d'inquiétude.
« Vous êtes froid comme de la glace, mon seigneur. »
Il frotta rapidement le pied en essayant de faire circuler le sang. Draculea le permit bien qu'il savait que cela ne servirait à rien. Quand il avait passé de longues heures à inspecter ses troupes ou ses terres, Nicolae l'avait fait pour lui — en s'agenouillant pour masser gentiment ses pieds douloureux. Il observa, ses yeux fixés sur la tête sombre et soyeuse penchée sur lui, son cœur rempli de nostalgie.
Rill se renfrogna en levant les yeux vers lui.
« Ce n'est pas suffisant. Peut-être que... »
Il s'assit en tailleur et ouvrit sa chemise. Elle se fermait avec une séries de lacets et il les défit tous en se dénudant. Draculea retint un souffle. Le torse du jeune homme était pâle et lisse — pas musclé mais pas efféminé. Il releva le pied de Draculea et le posa contre son ventre plat en sifflant à cause du froid.
Draculea observa ses mamelons bruns se dresser à cause du froid qui semblait s'infiltrer dans son corps. Il fit finalement :
« Tes intentions sont bonnes mais cela ne changera rien, mon enfant. Viens t'asseoir à côté de moi. »
Rill obéit en s'asseyant juste à côté de Draculea. Le prince fit descendre la chemise de Rill le long de ses bras pour l'enlever. Le garçon tendit les mains pour commencer à déboutonner la chemise de Draculea. Il s'occupa admirablement du premier bouton. La plupart des gens pauvres n'avaient que des lacets et peut-être des crochets et des boucles — les boutons étaient encore réservés aux aisés. Ceux de Draculea étaient en onyx poli et la pierre noire brilla en dépit de toute logique. Draculea repoussa la main du garçon en embrassant ses doigts.
« Pas encore, jeune homme. J'aurai bientôt plus chaud et ce sera mieux pour toi. Attends un peu. »
Rill acquiesça. Il ne comprenait pas mais il y avait tant de chose en ce monde qu'il ne comprenait pas. Quand Draculea saisit ses épaules et le poussa sur le lit, il se laissa aller sans résister. Mais au lieu de tomber sur lui, Draculea se pencha tout près et commença à lui parler d'une voix douce et apaisante.
« Rill, je sais que ta vie a été dure. Tout le monde veut quelque chose de toi, pas vrai ? »
Le garçon hocha la tête. Draculea soupira.
« J'aimerais pouvoir dire que je suis différent mais c'est faux.
– C'est bon, fit Rill d'une petite voix. Rock dit que nous avons tous notre place en ce monde, c'est la mienne et je dois faire de mon mieux. »
Il recula devant la soudaine dureté dans les yeux de Draculea mais le prince secoua la tête.
« Je ne suis pas en colère contre toi, Rill. Pas contre toi. »
Il commença à caresser lentement et régulièrement le front de Rill.
« Tu es un bon garçon et je vais me montrer gentil avec toi. Je peux te faire ressentir de merveilleuses choses, Rill. »
Les pupilles du garçon étaient écarquillées, ses yeux vagues. Draculea ne fut pas surpris — il avait appris depuis longtemps que les esprits simples étaient plus aisément dominés.
« Je peux faire bouillir ton sang mais tu dois d'abord en faire de même avec moi.
– Oui, seigneur. »
La voix de Rill était faible et distante. Il posa sa main sur la poitrine de Draculea et la laissa glisser pour commencer à ouvrir son pantalon.
Draculea retira à nouveau sa main.
« Pas encore. Tourne simplement la tête, mon garçon, et ferme les yeux. »
Rill obéit. Il sentit le contact froid de la bouche du prince sur la peau de sa nuque. Il y avait quelque chose qui n'allait pas mais Rill ne pouvait pas savoir ce que c'était. Peut-être que s'il n'avait pas bu de vin, il aurait su mais ce n'était pas sûr. Il était tout à fait possible que Rill ne se serait pas rendu compte qu'il ne sentait pas le souffle de Draculea.
Rill sentit la pointe des dents du prince. Il tâcha de se préparer sans se tendre et espéra que cet homme ne serait pas vicieux. Il savait ce que cela faisait de se faire mordre. Il y avait eu un autre client qui adorait mordre. Quand Rock avait vu les plaies en forme de demi-lunes et les marques fraîches que l'homme avait laissées sur tout son corps, il avait refusé d'accepter cet homme comme client tant qu'il ne serait pas présent dans la pièce. Quand l'homme avait encore mordu Rill, Rock avait arrêté la session et l'avait jeté dehors en gardant l’argent.
Rill avait détesté le mordeur mais ce fut différent là. Il y eut une douleur vive mais elle disparut rapidement, remplacée par une sensation de chaleur et de plaisir qui se répandit dans tout son corps. Le prince suça fortement et Rill se surprit à tendre les mains pour le tenir par les épaules et à arquer sa tête en arrière pour permettre un meilleur accès au prince.
Draculea émit un son ravi contre la petite plaie qu'il avait fait sur le cou de Rill. Il avait eu l'intention de ne prendre que quelques gorgées mais la douce reddition du garçon le conduisit à en prendre plus. Il but lentement en laissant la douceur salée couler dans sa bouche et le long de sa gorge, le réchauffant et allumant un feu sensuel.
Rill se sentit dériver. C'était différent des fois où il avait bu trop de vin. C'était comme un rêve mais il ne se sentait pas coupé de son corps comme les autres fois. Il se sentit plus vivant et conscient que jamais. Le prince cessa de sucer et commença à lécher l'endroit douloureux.
« S'il vous plaît, » murmura Rill en glissant ses mains dans les cheveux noirs du prince.
Draculea embrassa sa gorge, ses lèvres à présent chaudes, et fit :
« Non, mon doux garçon, plus de ça ce soir. Mais il y a d'autres délices que nous pouvons partager. »
Rill
murmura son plaisir alors que Draculea le déshabilla, puis se
déshabilla et recouvrit le corps du jeune homme avec le sien.
Rill écarta largement ses jambes en invitant Draculea à
s'installer là et Vlad s'installa contre lui. Les deux hommes
étaient excités, leurs membres durs, et Draculea
commença à se frotter contre Rill en frottant leurs
chairs enflées de désir. Il ne fallut pas longtemps
avant que Rill ne se tende vers lui, ses pieds accrochés aux
jambes de Draculea. Draculea sentit le flot chaud de la semence du
garçon contre son ventre et Rill trembla soudain, sa
respiration laborieuse. Vlad regarda son visage et fut surpris d'y
voir du désarroi.
« Mon garçon ?
– Je suis désolé, mon seigneur ! J'ai essayé de me retenir, vraiment, mais je n'ai pas pu. Ne vous mettez pas en colère, je vous en prie.
– En colère ? Je ne comprends pas, Rill.
– Je sais que j'aurais dû attendre votre permission, seigneur. Je peux mieux faire, je vous promets.
– Tu croyais que tu devais attendre ma permission pour te libérer ? »
Rill hocha la tête.
« Rock dit que je dois attendre. Que certains gentilshommes ne veulent pas que je jouisse ou alors que je dois attendre qu'ils soient en moi pour que ça augmente leur plaisir. Rock m'a fait pratiquer très souvent avec lui et d'habitude, j'en suis capable, mais là... »
Draculea l'embrassa pour faire taire son babillage. Quand il leva la tête, il fit :
« Chut, mon enfant. Je commence à vraiment détester ton frère.
– Mais Rock...
– J'ai dit chut. »
Rill ferma la bouche. Il avait l'habitude d'obéir aux ordres.
« Je suis ravi de t'avoir fait répandre ta semence, Rill. C'est l'une des choses les plus flatteuses au monde — savoir que l'on a fait perdre son contrôle à quelqu'un. »
Il tendit la main entre eux et glissa ses doigts dans la semence glissante puis les lécha. Rill observa, les yeux ronds.
« Nous en avons pour des heures et tu es très délicieux — tout en toi est délicieux. »
Draculea prouva sa sincérité en entamant une visite paisible du corps de Rill. Sa bouche traça un chemin long et gentil. Il plongea sa langue dans le creux de son cou, sentant à nouveau son pouls comme une douce pulsation. Il descendit en prodiguant son attention sur chacun des mamelons qui faisaient la moue. Il lécha et suça jusqu'à ce qu'ils deviennent rouges et durs comme de la pierre. Le souffle de Rill était plus rapide et profond alors qu'il caressait le dos et la tête de son amant. Draculea caressa les côtes de Rill en sentant chaque côte comme une bosse délicate sous un fin tissu de peau et de muscle. Il est trop maigre. Est-ce que ce bâtard l'affame pour le garder mince ?
Cette touche de fragilité rendit Draculea protecteur et ses caresses se firent tendres. Il glissa sa main sur le ventre de Rill, rencontrant un nid étonnamment soyeux de poils pubiens et s'enroulant autour du membre du garçon. Draculea leva les yeux vers lui en souriant.
« Là, tu vois ? Presque prêt pour un autre ébat. »
Il caressa lentement la chair à moitié dure et Rill émit un léger son qui était mi-rire, mi-gémissement. Draculea leva la main pour caresser sa joue et Rill tourna la tête pour se presser contre cette caresse.
« Je veux être en toi. Tu aimerais ça ?
– Oui, fit Rill dans un souffle, et bien qu'il ait répondu à cette question de nombreuses fois par le passé, c'était la vérité cette fois. Comment allez-vous me prendre, mon seigneur ? Comme ceci, ou bien dois-je me mettre à genoux ?
– Tourne-toi juste sur ton ventre, mon garçon. »
Rill roula sur son ventre en tirant un oreiller sous son menton.
« Il y a de l'huile sur la table de nuit, mon seigneur. »
Il marqua une pause.
« Si vous en voulez. »
Draculea caressa le dos de Rill en traçant chaque protubérance de sa colonne vertébrale. Il conserva une voix neutre lorsqu'il demanda :
« Ils te prennent souvent sans préparation ? »
Rill haussa les épaules et sa voix était plate.
« Je suis plus étroit comme ça. »
Et tu as mal ainsi. Draculea trouva la petite bouteille sur la table et plongea ses doigts dans l'huile. Quand il eut fini, il se retourna et découvrit que Rill avait déjà écarté largement les jambes. Draculea prit un moment pour masser les fesses du garçon en appréciant leur douce fermeté. Mais il pouvait sentir la tension dans le corps de Rill et il vit que les mains du garçon jouaient avec l'oreiller.
« Je vois que je dois te détendre, Rill. »
Il caressa la longueur de sa fente en imprégnant l'huile dans la peau tendre.
« Tu es si beau, mon petit, murmura-t-il. Le destin fut généreux de m'avoir amené à toi. »
Il caressa fermement le petit repli en sentant le muscle dur commencer à s'adoucir.
Rill se tortilla en enfonçant son visage dans l'oreiller en signe de confusion et d'embarras ravi. On lui avait souvent dit en des termes crus qu'il était désirable mais ces hommes ne faisaient que se parler à eux-mêmes, sans le complimenter. Rill savait que Draculea lui parlait et qu'il pensait vraiment ce qu'il disait. Il soupira joyeusement lorsque le premier doigt se glissa en lui et commença ses allées et venues. Le prince l'avait si bien détendu qu'il n'y eut pas de douleur initiale ou même d'inconfort.
Il sentit Draculea caresser son dos.
« C'est bon ?
– Oh oui, mon seigneur. Encore, s'il vous plaît ? »
Draculea rit doucement.
« J’ai connu quelqu’un d’autre qui adorait ça. »
Il enfonça soigneusement un second doigt à côté du premier et commença à étirer le trou étroit.
« C'était votre chéri ? »
Sa main ne cessa pas son mouvement mais Draculea ferma brièvement les yeux en signe de douleur.
« Oui, c'était mon Nicu. »
Un homme plus sophistiqué aurait laissé tomber le sujet mais Rill était un enfant pour beaucoup de choses.
« Que s'est-il passé, mon seigneur ? Je ne peux pas croire qu'il ait pu vous abandonner, vous qui êtes si gentil. Il a été enlevé ? »
Draculea frémit et sa voix n'était pas très ferme.
« On lui a menti et, effrayé, il s'est enfui. Il va me revenir, je sais, mais cela fait si longtemps... »
Il s'arrêta. Rill le regardait par-dessus son épaule, ses yeux doux et tristes de compassion. Draculea parvint à sourire.
« Je ne veux plus en parler, Rill. Tu comprends ? »
Le garçon hocha la tête et se retourna mais il fit :
« Mais je vais prier pour lui, mon seigneur, et pour vous. Il reviendra.
– Nicu t'aurait adoré, Rill. Tu es prêt pour moi, mon doux ?
– Oui, mon seigneur. »
Draculea s'agenouilla entre les cuisses de Rill. Il écarta les fesses du garçon et plaça la tête enflée de son membre contre l'ouverture détendue, puis poussa en avant. Rill murmura :
« Lentement, je vous en prie, mon seigneur. S'il vous plaît ?
– Oui. »
Draculea
entra en lui peu à peu, un pouce à la foie. Il y avait
cette urgence de se ruer dans cette chaleur étroite mais il se
retint pour le bien du garçon et fut récompensé
par un miaulement de plaisir lorsque son gland frotta fermement
l'endroit de plaisir de Rill. Draculea se laissa reposer sur Rill,
posant la plupart de son poids sur le garçon, et commença
leur union lente et longue. Il fut patient et sous peu, Rill levait
rapidement ses fesses pour rencontrer les caresses de son amant. Le
garçon poussa en avant puis en arrière —
s'empalant d'abord plus profondément sur le membre chaud et
épais qui le remplissait si délicieusement, puis
frottant son propre membre dur et jutant contre les draps.
D'habitude, ses clients prenaient leur plaisir sans songer à
lui et quand Draculea tendit la main pour le caresser, il en pleura
presque de gratitude.
Draculea jouit en se répandant au plus profond de Rill. Il les fit rouler sur le côté, toujours enfoncé dans le garçon, et continua à caresser Rill jusqu'à ce qu'il frémisse et jouisse en gémissant.
Après avoir connu deux orgasmes en si peu de temps, Rill était mou et épuisé. Il frotta les mains de Draculea là où elles étaient jointes sur son ventre.
« Dois-je vous nettoyer, mon seigneur ? »
Draculea embrassa son épaule.
« Repose-toi — je vais le faire. »
Rill était perplexe mais il accepta. Les gentilshommes avaient de nombreuses manies. Un ou deux s'étaient amusés en faisant semblant de le servir, et si c'était ce que voulait le prince, il était content d'obéir. Draculea souffla la lampe en laissant la chambre éclairée seulement par la lueur mourante du feu. Il versa de l'eau chaude dans la bassine et l'apporta au lit, prit un linge et nettoya gentiment mais complètement les fesses, le ventre et les cuisses de Rill. Puis il se nettoya. Il examina le chiffon à présent souillé en fronçant les sourcils, puis il l'essora autant que possible et le jeta dans le charbon. Il siffla puis commença à s'enflammer.
Ne s'habillant pas, Draculea porta l'eau dans le couloir et la versa dans le seau au bout. Alors qu'il revenait, la porte de l'autre côté du couloir s'ouvrit et Clothilde pointa le bout de son nez. Quand elle fut confrontée à cet homme nu, elle ne cria pas et ne ferma pas la porte — elle regarda longuement. Draculea lui lança un regard amusé puis l'ignora en retournant dans la chambre de Rill. Clothilde referma sa porte en secouant la tête et en marmonnant sur une grosse perte.
Rill dormait lorsque Draculea revint. Pendant un long moment, il se tint debout et observa le garçon. Rill tenait l'un des oreillers comme un enfant pourrait cajoler un jouet favori. Pendant son sommeil, il ressemblait en effet à un garçon. Le sommeil adoucissait l'inquiétude et la confusion. Il aurait pu sembler innocent si ce n'était pour le bleu sur sa gorge — une marque qui ne pouvait avoir été faite que par la passion.
Vlad se mit au lit en s'étirant à côté de lui. Toujours endormi, Rill bougea pour se placer dans la boucle du bras de Vlad, sa tête sur la poitrine de l'autre homme. Draculea caressa les boucles sombres et emmêlées de Rill en écoutant le rythme lent de sa respiration. Il ferma les yeux pour mieux savourer cette tranquillité et quelque chose d'inhabituel se produisit. Pour la première fois depuis qu'il avait fermé les yeux pour mourir, il sombra dans un sommeil naturel.

La chambre était presque noire lorsqu'il se réveilla. Le noir ne dérangeait pas Rill tant que ça lorsque Rock était là. Après tout, Rock le protégeait. Il détestait cependant lorsqu'un gentilhomme passait la nuit et qu'il se réveillait avant l'aube. La chambre avait beau être chaude, le client avait beau le serrer dans ses bras, il tremblait pourtant. Mais pas cette nuit. Il se souvint de la gentillesse et de l'inquiétude de cet homme. Il se souvint qu'il ne s'était pas senti dégradé ou utilisé, mais apprécié. Le prince Draculea lui avait donné l'impression d'être un amant plutôt qu'un prostitué. Rill voulait faire quelque chose pour le remercier.
Il se tourna, descendit en sentant. Ses mains trouvèrent la courbe d'une hanche et il s'en servit pour se guider. Rill se pencha, son autre main trouvant la colonne douce et chaude de chair qu'il recherchait. Il commença à se blottir contre, embrassant Draculea et le prenant légèrement dans sa bouche, sortant de temps en temps sa langue pour lécher un peu. L'autre homme bougea en soupirant mais ne se réveilla pas. Rill sourit en songeant : Je peux être un rêve pour lui.
Quand le prince fut à demi-excité, il lécha un peu plus, en prêtant une attention toute particulière à la tête et en tendant la main pour caresser les bourses en dessous. Finalement, il jugea que le sexe était complètement érigé et il en prit la tête dans la bouche en suçant doucement. Le fluide qui baignait sa langue avait un goût un peu différent — plus salé que ce qu'il avait pu rencontrer. Mais la saveur était intrigante et Rill se surprit à glisser la langue sur la tête pour avoir plus de liquide de la petite fente.
Il pencha la tête en prenant le membre de plus en plus. Il était assez expérimenté en la matière mais c'était infiniment plus facile sans quelqu'un qui tirait sur vos cheveux ou essayait de forcer plus que pour son confort. Libre de procéder à sa propre vitesse, Rill parvint rapidement à prendre le membre entier de Draculea dans sa gorge. Il ne l'avait fait que quelque fois lorsqu'il sentit son amant commencer à s'étirer. Il sourit mentalement en imaginant la réaction du prince lorsqu'il comprendrait ce qui se passait.
Draculea se réveillait avec la sensation d'un poing fermé dans un satin chaud et humide massant son érection prête à exploser. Pas pleinement conscient, il leva ses hanches vers cette chaleur collante en gémissant de plaisir. Puis il se rendit compte que ce n'était pas un rêve. Il ouvrit les yeux pour voir Rill accroupi près de lui, sa tête sombre penchée sur son aine. Il n'avait pas expérimenté cela depuis qu'il s'était rendu compte que sa semence était à présent mélangée à son sang. Il savait quel effet son sang avait sur Simion et il n'avait pas voulu prendre le risque de voir ce qui arriverait si un mortel buvait sa semence. Il fit d'une voix rauque :
« Rill... Mon garçon, il ne faut pas. »
Rill ne cessa pas. Il suça encore plus fort et son étreinte se resserra sur les bourses de Draculea, les faisant rouler gentiment mais fermement. Vlad ne put s'en empêcher — il ferma les yeux et se laissa aller en laissant son sperme jaillir de lui. Rill avala rapidement en buvant son essence. Quand ce fut fait, il se retira et sourit timidement à Draculea, ses lèvres baignées de pourpre. Draculea le regarder lécher les taches sanglantes. Vlad lui tendit silencieusement les bras et Rill rampa pour se nicher contre lui.
« Je voulais vous faire plaisir, fit-il. Je vous ai surpris ?
– Oui, Rill. C'est une si douce surprise. »
Il embrassa gentiment le garçon et le tint un moment, puis se leva et commença à s'habiller.
Rill le regarda et fit tristement :
« Vous avez payé pour toute la nuit. Il reste encore une heure avant l'aube. Vous ne voulez pas rester avec moi ? »
Draculea était en train de prendre sa cape mais il revint au lit et ébouriffa les cheveux de Rill.
« Oui, Rill. J'aimerais beaucoup rester avec toi mais je dois partir. Je ne peux pas te dire pourquoi. »
Il ouvrit sa bourse et plaça une pièce d'or sur la table. En la désignant, il fit :
« J'achète ton temps pour une autre nuit. Je reviendrai après le coucher du soleil. Dis à ton frère qu'il ne doit pas prendre d'autre rendez-vous pour toi. »
Le sourire de Rill fut brillant.
« Vous reviendrez ce soir ! »
Draculea sourit.
« Oui, mon garçon. Ce soir et peut-être le soir d'après. Et peut-être... »
Sa voix s'éteignit et il sourit en haussant les épaules.
« Qui peut dire ? Dors bien aujourd'hui. »
Il se pencha et embrassa à nouveau Rill, longuement et profondément.
« Tu as besoin de repos. »
Rill le regarda partir avec un mélange de tristesse et de joie. Il s'en allait. Mais il va revenir. Rill se recoucha et pour la première fois depuis longtemps, il s'endormit en souriant.
Notes du chapitre :
(1) Les bas dont on parle ici ressemblent plus à des chaussettes en soie qui vont jusqu'au genoux. C'était avant la découverte de l'élastique alors ils étaient maintenus par des jarretières. Je n'ai jamais vu de jarretières pour homme mais je pense qu'elles n'étaient pas aussi décorées que celles des femmes.
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