Child of the Night 73

Partie Soixante-treize : Des méthodes plus dures

L'an de grâce 1892
Transylvanie
Château Draculea


Ils se réunirent à nouveau dans le petit salon — Draculea, Simion et les trois compagnons. Rock et Rill étaient assis en face de Draculea. Simion et Sinn étaient à ses côtés alors que Sinn racontait sa dernière rencontre avec Renfield. Il n'entra pas dans les détails de leur réunion physique et fit seulement qu'ils avaient été intimes. Rock avait souri avec aigreur mais Rill s'était illuminé. Sa définition de l'intimité était très différente de celle des deux plus jeunes vampires. Il était content que son ami Robert ait trouvé quelqu'un qui lui fasse du bien et lui donne l'impression d'être spécial. Simion remarqua l'expression joyeuse de son amant et soupira intérieurement, espérant que tout ceci puisse être résolu avant que Rill ne perde ses illusions.


Cela ne semblait pas probable, cependant. Draculea regardait les enveloppes posées sur la table devant lui. Il ne s'en rendit pas compte mais il retroussa les lèvres et ses canines apparurent. Elles n'étaient pas entièrement exposées mais les pointes visibles auraient suffi à surprendre quiconque ne s'y attendait pas. Il tendit la main pour tapoter deux des enveloppes avec un ongle plus long et pointu qu'il ne l'aurait dû.

« Je t'ai dit de t'assurer qu'il mette l'adresse du domicile. »

Étant un homme observateur, Sinn avait remarqué les subtils changements dans l'apparence de Draculea. Le vieux vampire était un expert pour cacher les aspects physiques de sa nature — il devait vraiment être très agité pour perdre ainsi son contrôle. Cela rendit Sinn nerveux.

« J'ai essayé. »

Les yeux de Draculea se posèrent sur lui et il y avait une étincelle de rouge dans leurs profondeurs.

« Je vous jure, mon seigneur. J'ai utilisé mes capacités, à la fois en tant qu'humain et Nosferatu. »

Il haussa les épaules.

« J'avoue que je suis moi-même surpris de sa résistance. Renfield n'a cependant pas l'air d'être une montagne de force. »


Draculea grogna.

« Laquelle est pour ses employeurs et pour le garçon ? »

Sinn parut embarrassé.

« Je crains fort que... »

Avec un son ennuyé, Draculea prit l'une des lettres et l'ouvrit d'un coup d'ongle. Il retira la feuille, lui jeta un regard puis la jeta sur la table pour prendre la seconde lettre. Il l'ouvrit aussi, plus doucement cette fois. Il en retira la feuille et la déplia lentement.

« Mon cher ami.

- C'est une salutation courante, mon seigneur, fit Simion.

- C'est bien plus intime que je n'aimerais. »

Draculea poursuivit sa lecture, se renfrognant de plus en plus.

« Je ne sais pas combien de temps encore je vais laisser cela continuer. Il est observateur, ce Renfield. »

Il étudia la lettre à nouveau en lisant entre les lignes.

« Observateur et méfiant.

- Mon seigneur, nous devrions envoyer ces lettres, fit Simion. On ne peut pas prévoir comment les Anglais vont réagir et nous ne voudrions pas qu'ils envoient quelqu'un le chercher.

- Très bien. »

Il tendit les lettres.

« Envoie-les. Sinn, tu as fait de ton mieux ? Tu es sûr que tu ne peux pas obtenir l'adresse de lui ? »


D'habitude, Sinn aurait tout de suite assuré au prince qu'il pouvait accomplir toute tâche que son maître désirait, mais il hésita.

« Autant que ça me répugne de l'admettre, mon seigneur, je crois que j'ai fait tout mon possible. Il est un peu borné, ce Robert.

- On peut briser les bornés. »

Ils regardèrent tous Rock qui paressait dans sa chaise. Il rendit son regard à Draculea et sourit férocement. Draculea fit doucement :

« Simion, prends Rill avec toi pour t'occuper des lettres. »

Simion regarda Rock puis pressa silencieusement son amant de se lever et le conduisit dehors. Rill le suivit de bon gré, content de faire une course avec Simion.


Pendant un long moment, Draculea et Rock se regardèrent en silence. Finalement, Draculea fit :

« Parle. »

Rock haussa les épaules.

« Parfois, des méthodes plus brutes réussissent là où la sophistication échoue.

- Et si je me souviens bien, tes méthodes sont plus brutes que d'autres. »

Rock découvrit ses dents, presque pour sourire. Il n'avait jamais prétendu être quelqu'un d'autre que lui-même.

« Que prévois-tu ?

- Je ne sais pas. Comment pourrais-je prévoir tant que je n'ai pas vu comment il réagit ? »


Draculea le regarda. Il savait très bien que l'esprit fragile de Renfield était en jeu mais de l'autre côté, il y avait Nicolae. Il n'y avait aucun doute quant à sa priorité.

« Fais attention à lui, Rock, l'avertit Draculea. S'il meurt ou si son esprit est détruit, alors cela n'aura servi à rien. Et je préférerais qu'il reste... intact. Ton frère l'aime bien et je ne voudrais pas qu'il soit bouleversé. »

Rock hocha la tête en se levant. Ses gestes étaient rapides et il vibrait presque d'impatience en se dirigeant vers la porte. Draculea soupira.

« Et voici un autre péché sur mon compte. »

Il ferma les yeux. Je fais tant pour toi, Nicolae. Mais tu en vaux la peine, mon amour.

Renfield s'assit au bord du lit en se frottant le visage d'un air distrait alors qu'il regardait sa montre-gousset. Oh Seigneur, j'ai encore perdu du temps. Qu'est-ce qui m'arrive ? C'est comme si j'avais subi un siège, que je m'étais battu contre quelque chose ou quelqu'un, longuement et durement. Je suis si fatigué. Il glissa la montre dans sa poche et hésita lorsqu'il sentit quelque chose d'autre. Qu'est-ce que c'est ?

Il en sortit un crucifix en argent sur une petite chaîne. Oh oui. Cette fille me l'a donné. Qu'est-ce qu'elle a dit ? Quelque chose à propos d'un homme qui perdait son âme en voulant le monde. Et la vieille dame. 'Portez-le pour votre mère.' Ils se comportaient comme si j'allais dans l'antre du lion. Renfield redressa brusquement la tête en entendant un hurlement tout près. Ou peut-être la gueule du loup. Après un moment d'hésitation, il mit la chaîne en glissant le crucifix sous sa chemise. Il posa sa main dessus et regretta de ne pas être pieux. Il se serait peut-être senti plus en sécurité.


La porte s'ouvrit et il leva les yeux d'un air fatigué, s'attendant à voir Sinn à nouveau, ou peut-être Simion. Il aurait été content de voir Rill — le caractère joyeux et doux du garçon l'apaisait. C'était le seul avec qui Renfield se sentait à l'aise dans le château. Il fut surpris de voir Rock refermer la porte derrière lui. L'homme blond avait été une présence morne et quasi silencieuse durant son séjour. Il avait rarement parlé mais Renfield était toujours conscient de son observation. Le regard de cet homme était comme un poids physique.

« Oh, Rock. Je suis désolé d'avoir été aussi long. C'est juste que... J'ai perdu la notion du temps.

- Cela arrive ici. »

Renfield observa nerveusement Rock tourner la clef dans la serrure puis s'adosser contre la porte pour le regarder.

« Des années peuvent s'écouler juste comme ça, avant que tu ne t'en rendes compte. Des décennies. Des siècles.

- Oui, je suppose que c'est cette impression qu'on a.

- Pas juste une 'impression', Anglais. »


Il s'avança vers Renfield.

« Sais-tu depuis combien de temps j'ai été coincé dans cet enfer ? Coincé sous le joug de ce diable de Draculea, sans pouvoir respirer ou avoir un moment pour moi-même ? »

Renfield se leva, réticent à rester près du lit pendant qu'il était seul avec cet homme. Il ne s'était jamais senti sexuellement menacé mais il n'avait aucun problème à le reconnaître à présent.

« Vous devriez partir alors. »

Rock éclata d'un rire acide.

« Tu crois que je l'ai jamais fait ? Tu ne sais pas ce qu'il fait lorsque tu t'enfuis. »

Ses yeux se plissèrent.

« Je pourrais te le montrer — si jamais tu m'échappes. »

Renfield recula rapidement, son cœur battant soudain si violemment qu'il semblait sur le point de déchirer les parois fragiles de sa poitrine. Il tenta de conserver une voix calme, sachant instinctivement que tout signe de peur ne servirait qu'à exciter Rock. Il ignora cette dernière menace en disant :

« Je suis sûr que vous pourriez trouver du travail ailleurs.

- Tu ne comprends pas. »


Rock continua à avancer, faisant reculer Renfield jusqu'à ce que le commis se retrouve dos au mur.

« Je ne suis pas son employé. Je ne suis même pas son serviteur ou son esclave. Je suis sa créature, Robert. Il me possède, corps et... »

Il eut un sourire mauvais.

« J'allais dire corps et âme mais j'ai renoncé à mon âme depuis bien longtemps — probablement avant même qu'il me tue.

- Vous êtes fou, » murmura Robert, terrifié.

La folie était une chose terrible. Vous ne pouviez jamais savoir ce qu'un lunatique pouvait faire.

Rock haussa les épaules.

« Je présume que oui. Ce serait dur d'exister durant tant d'années sans être un peu fou. Mais mis à part ça, Robert, nous avons des affaires à faire. Tu as quelque chose que le prince veut vraiment et Draculea n'est pas du genre à renoncer. Sinn n'a pas pu l'obtenir de toi alors... »

Il tendit la main pour effleurer le col doux de la chemise de Robert.

« Ils ont fait appel à un expert en techniques plus fortes. »

Il resserra sa prise en se penchant pour presser sa bouche contre celle de Renfield.


Terrifié, Renfield réagit plus violemment que dans toute son existence. Il leva le bras pour frapper le bras de Rock. Rock ne le libéra pas et il y eut un son déchirant alors que la chemise de Renfield se déchirait. Le crucifix brilla. Rock recula si rapidement qu'il faillit tomber, sifflant de colère et de surprise. Pendant une fraction de seconde, son visage sembla fondre et former quelque chose de monstrueux. C'était comme une flamme qui vacillait mais c'était trop clair pour que Renfield puisse prétendre que ce n'était jamais arrivé.

« Oh, mon Dieu ! Qu'êtes-vous ?

- Vous, les Anglais — vous aimez tant le modernisme et les scientifiques que vous vous moquez des sombres légendes. Tu dois connaître les Nosferatu, Renfield. Chaque pays a ses contes. Certains sont vrais.

- Des vampires ? Non, c'est impossible. »

Mais les pièces du puzzle se mirent en place — les horaires étranges de la maison, l'absence de miroir, la peur des autochtones.

« Si tu le dis. »

Le sourire de Rock était acéré.

« Alors retire cette stupide babiole. Tu n'y crois pas plus que moi. »


Renfield secoua la tête.

« Je suis peut-être ignorant — terriblement ignorant, mais je ne suis pas stupide ! »

Il commença à se diriger vers la porte. Il devait chercher de l'aide, mais à qui pouvait-il faire confiance ? Pas à Sinn. Il fait partie de tout ça. Et Draculea — je pense qu'il est aussi dangereux que Rock le dit. Simion est l'homme de Draculea. Rill ! Rill m'aidera.

Rock bougea pour bloquer sa fuite.

« Retire-le, Renfield, ou sinon tu vas souffrir. Tu souffriras encore plus que ce que j'avais prévu. »

Renfield leva plutôt le petit ornement vers Rock. Rock gronda, se balançant comme s'il hésitait. Puis il plongea en avant. Il tira sur le collier. Renfield sentit la chaîne se briser. Presque dans le même mouvement, Rock jeta violemment le collier, hurlant de colère et de douleur. Il y eut un bref son aigu et une odeur comme du poulet grillé. Une petite volute de fumée s'éleva de la main qui avait tenu le crucifix et Rock la porta à sa poitrine en marmonnant. Renfield put voir que la chair était détruite sur sa paume, brûlée en forme de croix, et avec de la chair à vif autour. Il y avait aussi des fines lignes rouges sur les doigts et le poignet de Rock, là où la chaîne en argent l'avait touché.


Quand il regarda Renfield, ses yeux étaient jaunes.
« C'était bien tenté — l'argent et les objets religieux sont les rares choses qui peuvent blesser un Nosferatu, et quand ils sont combinés... »

Il gémit et lécha la peau brûlée comme un chien tentant d'apaiser une douleur.

« C'était bien tenté, humain. Ça a brûlé comme du feu mais je peux mettre la main au feu pour quelque chose que je veux vraiment, et je te veux. »

Renfield tenta de courir mais Rock fut sur lui avant qu'il ne puisse déverrouiller la porte. Il hurla désespérément alors qu'on le tirait en arrière et qu'on le jetait visage contre le lit. Une main dure se pressa sur son dos, le clouant comme un papillon sur un tableau de liège. Comme l'insecte pris au piège, Renfield se débattit, en vain. Sans se soucier des boutons, Rock déchira simplement le pantalon de l'Anglais comme si ce n'était que de la gaze. Renfield sentit l'air frais sur ses fesses nues et comprit avec horreur ce que Rock avait l'intention de faire.


Soudain, on le libéra alors que Rock ouvrait son propre pantalon et Renfield tenta de ramper. Ses jambes se prirent dans le linge en lambeaux et Rock attrapa son pied et le tira en arrière.

« Non, mon joli, tu ne vas pas partir comme ça. Tu es à moi et j'ai attendu longtemps pour un petit cul tendre. Sinn dit que tu es vierge — en tout cas qu'on ne t'a jamais monté. C'est vrai ?

- Je vous en prie, laissez-moi partir !

- Réponds-moi, poule mouillée ! T'as déjà eu un homme en toi ? »

Il attrapa les fesses de Renfield, ses pouces s'enfonçant dans le creux et les séparant rudement

« Est-ce que cette douce pêche a déjà été déchirée ?

- Non ! Seigneur, je vous en prie, ne faites pas ça, je vous en prie... »

Renfield en était réduit à bredouiller et gémir.

« Je ne crois pas. Regarde-moi ce trou — aussi rose, doux et étroit qu'un bourgeon de rose. »

Rock utilisa ses genoux pour écarter les cuisses de Renfield en se laissant tomber sur son corps.

« Il est temps de fleurir. »


Il y eut une flambée de douleur qui s'élança dans les intestins de Renfield — froide et brûlante à la fois et il hurla. Rock rugit de triomphe et de plaisir alors qu'il était à nouveau enfoncé dans la chair chaude et étroite d'une victime non consentante. Rock plongea en Renfield, se servant de son poids pour garder l'autre homme au piège alors qu'il pillait son corps. Il le baisa sans douceur, utilisant de longs coups puissants puis des coups brefs et brutaux pour causer autant de douleur que possible. Finalement, Renfield fut réduit à de faibles gémissements et des tortillements. Alors qu'il sentait son orgasme venir, Rock saisit les doux cheveux bruns de Robert en tirant sa tête en arrière et sur le côté, puis enfonça ses canines dans la chair lisse et chaude de son cou. Une bouffée de sang chaud, sucré-salé, riche de terreur et de honte s'écoula dans sa bouche et il but avidement. Mais il s'arrêta bien avant qu'il ne soit trop tard et se fit plaisir en répandant sa semence sanglante dans le corps douloureux de l'humain à présent mou.


Quand il eut fini, il se retira vivement, poussant un autre grognement alors que son sexe mou se libérait de l'anus abusé de Renfield. Il roula le petit homme sur le dos et l'étudia d'un air critique.

« Quoi. Encore mou, petit homme ? »

Rock pressa cruellement le sexe mou de Renfield.

« Ça va changer. Je peux t'apprendre à aimer ça. Mais nous avons tout le temps pour ça. Ce que je veux pour l'instant, ce sont des informations. »

Renfield lui lança un regard blanc, ne donnant aucune indication qu'il avait compris.

« Ton ami, Harker. Draculea l'aime bien. Il est convaincu que cet Harker est un ancien amant perdu — réincarné. Donne-moi juste son adresse. »

Rock caressa rudement le membre de Renfield.

« Et je veillerai à ce que tu aies une récompense.

- Jonathan ? »

La voix de Renfield était choquée.

« Vous voulez Jonathan ? »


Rock eut un sourire lascif.

« Oh, ça ne me gênerait pas d'y goûter — j'ai vu son portrait. Mais Draculea a des projets pour ce morceau tendre. Il finira bien par se lasser de lui tôt ou tard, alors qui peut dire ? »

Il mordit la gorge de Robert, pas jusqu'au sang cette fois — juste pour le marquer.

« On pourra peut-être jouer à trois. »

Les yeux de Renfield étaient écarquillés, choqués et terrifiés.

« Non, pas Jonathan. »

Rock fronça les sourcils.

« Si. Écoute, Anglais — je ne suis peut-être pas aussi expert en torture douce comme Simion, mais je peux suffisamment te faire de mal. Tu vas finir par me dire ce que je veux savoir. La question est de savoir si tu vas survivre ensuite. »

Renfield secoua la tête avec véhémence.

« Non, je ne vous dirai rien. Plutôt mourir. »

Rock fit doucement :

« Les gens disent ça tout le temps mais ils ne savent pas ce que ça veut dire. Si tu refuses de me dire ce que je veux savoir... »

Il posa ses lèvres contre l'oreille de Renfield et murmura :

« Je te promets que tu vas comprendre. »


Deux jours plus tard


Rill s'agenouilla devant Draculea en levant vers lui des yeux inquiets.

« S'il vous plaît, Domn. »

Draculea tenait l'image qui l'occupait durant ses heures d'éveil. Il cessa de l'étudier et regarda le garçon hongrois aux cheveux noirs.

« Qu'y a-t-il, Rill ?

- Domn, je n'arrive pas à trouver Renfield. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps, les tziganes et Simion non plus. Sinn se contente de rire et de me tapoter la tête lorsque je l'interroge. J'ai peur que quelque chose lui soit arrivé.

- Ne sois pas inquiet, mon enfant. On l'a prévenu de rester dans le château. As-tu peur que les loups l'aient attrapé ? »

Rill baissa les yeux à terre.

« Non, prince. Les loups seraient sans doute plus cléments. Je n'ai pas non plus vu Rock. »


Quand il regarda Draculea, il n'y avait rien d'aussi sophistiqué que du soupçon dans ses yeux — seulement une triste interrogation.

« Simion ne me laisse pas aller aux sous-sols. Vous m'avez dit qu'on ne lui ferait pas de mal. »

Aussi nécessaire que sa décision soit, Draculea se sentit le cœur lourd.

« Rill, tu sais que je dois trouver Nicolae. »

Rill hocha la tête. C'était un fait, il n'y avait rien à remettre en question.

« Mister Renfield sait où il est mais il ne me le dira pas. Il croit que je veux faire du mal à son ami.

- Du mal ? Mais Domn, vous l'aimez.

- Renfield ne le comprend pas, Rill. Il est... Il manque de jugement. Nous avons tenté de le persuader mais sans succès.

- Mais Rock ! Oh, Domn, vous n'auriez pas pu me laisser demander ? J'aurais pu tout lui expliquer.

- Mon garçon, fit sombrement Draculea, c'est quelque chose qu'il n'aurait jamais été capable de comprendre. Je n'avais pas le choix. Mais j'ai dit à Rock de se montrer prudent. »


Il se leva.

«  Je vais aller chercher ton Renfield. »

Il tapota les boucles brunes du garçon.

« Ne désespère pas, mon enfant. Rock a sûrement la réponse que je recherche. Sinon... »

Il haussa les épaules. Alors qu'il se dirigeait vers les cachots, il songea : Sinon, je vais obtenir ma réponse, mais je crains fort qu'il ne te restera qu'une poupée vivante lorsque j'aurai fini.


Renfield était recroquevillé nu sur une pille de paille humide et moisie, ses bras autour de lui. Il tremblait mais il ne pouvait pas dire si c'était à cause du froid, de la peur ou de la douleur qui ne semblaient pas le quitter.

Rock ne le quittait jamais. Durant ce qui devait être les heures du jour, il l'attachait à un râtelier ou au lit pendant qu'il dormait du sommeil des morts-vivants. Quand il se réveillait, la torture reprenait.

Rock préférait le viol comme méthode de punition mais il ne négligeait pas de le battre. Quand Rock ne pouvait plus ordonner à sa chair de travailler, il avait de nombreux outils qu'il pouvait utiliser comme substitut — des bouteilles et des cannes polies, des barres de métal épaisses et émoussées. Renfield avait cessé de pleurer depuis longtemps.


Rock l'interrogeait toujours. De temps en temps, il cessait de s'enfoncer dans la chair craintive de Renfield pour demander à nouveau l'adresse de Jonathan. Renfield secouait la tête et l'abus reprenait. Robert avait compris depuis longtemps que cette question n'était qu'un prétexte pour que Rock prenne son plaisir. Il se moquait d'avoir la réponse. Robert avait aussi accepté l'idée qu'il allait mourir. Qu'il en soit ainsi, mais il laisserait Jonathan en sécurité, emportant le secret de sa demeure dans la tombe.


Il entendit une voix et le martèlement sans fin dans son derrière s'arrêta. Il fut lié sur une table, sur le ventre, et une main dure saisit ses cheveux pour lever sa tête. À travers ses yeux noyés de larmes, il vit Draculea. Le prince l'observa avec une froideur sombre. Il fit finalement :

« Pourquoi résistes-tu, humain ? Tu ne vois pas que je te tuerai s'il le faut ?

- Vous ne l'aurez pas. »

Les yeux de Draculea s'adoucirent légèrement.

« Tu dois vraiment beaucoup l'aimer pour le défendre si courageusement. Mais je l'aime aussi, Robert.

- Impossible. »

Il ne pouvait que murmurer.

« Une créature comme vous. Sans âme. Ne peut pas l'aimer. »


Le visage de Draculea se durcit.

« J'ai renoncé à mes terres, mon trône, ma vie et même mon âme pour lui, humain ! J'ai attendu durant des siècles qu'il me revienne, dans ma solitude et mon chagrin, et maintenant qu'il est presque à portée de main je — l'aurai ! »

Ses yeux commencèrent à brûler en tenant le regard de Renfield.

« Tu vas me le donner. »

Renfield savait qu'il n'y avait que deux choses qui pourraient empêcher Draculea de réaliser sa promesse. Robert devait mourir et bien qu'il le souhaitait, il ne pouvait pas s'y résoudre. Il avait essayé plusieurs fois sous la torture de Rock. Il devait mourir ou...


Renfield inspira profondément et choisit la seule autre alternative. Il se laissa aller.

Rock se renfrogna aux premiers rires graves et irréguliers. Ils se poursuivirent lentement. Il avait vu beaucoup de choses pas naturelles dans sa longue non vie et peu de choses le bouleversaient, mais ce son faisait hérisser ses cheveux dans sa nuque.

Draculea aurait pu comprendre n'importe quelle réaction, sauf celle-ci. Il tira la tête de Renfield en arrière jusqu'à ce que la nuque de l'homme soit tendue comme un arc. Il n'y avait absolument aucune tension dans le corps de Renfield — il était mou, presque inerte. Le seul signe de vie était la série de rires graves, presque ronronnants, qui sortaient de sa bouche qui souriait légèrement. Il avait l'air d'apprécier une blague amusante et personnelle...


Mais ses yeux hurlaient.






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