Partie Soixante-quatorze : Remplacement
L'an de grâce 1882
Transylvanie
Château
Draculea
« Je suis désolé, Rill. »
Le garçon regarda Draculea sans rien dire. Il était pelotonné sur le lit en tenant Renfield et en le berçant d'un air protecteur. Le petit homme acceptait cet étreinte mais ne la rendait pas. Sa tête reposait contre le torse de Rill et il regardait dans le vide. De temps en temps, il gloussait d'une voix blanche. À chaque fois, Rill le caressait jusqu'à ce qu'il cesse, puis il tournait son regard rempli de reproches vers le prince.
« Il faut que tu saches que je ne voulais pas en arriver là.
- Je sais. Maintenant, il ne peut plus vous mener à Nicolae. »
Son ton n'était pas accusateur. Rill n'énonçait qu'un simple fait — il se pouvait que Draculea regrette la crise de Renfield, mais uniquement à cause de cette occasion perdue, rien d'autre. Rill déposa un baiser sur les cheveux de Renfield puis posa sa joue contre.
« N'aie pas peur, Robert. Nous allons prendre soin de toi — Simion et moi. Je ne laisserai plus Rock te faire du mal. »
Il ne releva pas les yeux et Draculea quitta finalement ces deux-là. Simion, Rock et Sinn attendaient dans le couloir.
Simion fit :
« C'est dur à croire mais son état s'améliore, prince. Il parle à Rill bien qu'il ne me répondra pas. Il émerge peu à peu des ténèbres.
- Mais il ne reviendra jamais vraiment en ce monde, soupira Draculea. Il ne me dira jamais où se trouve Nicolae désormais. Si on le force encore, il basculera complètement. Ce serait comme le sceller dans une chambre sans fenêtre et le laisser mourir.
- Vous ne pouvez pas me le reprocher, fit Rock. Il allait parfaitement bien jusqu'à ce que vous tentiez de le pousser. »
Draculea saisit Rock par la gorge en le cognant contre le mur.
« J'ai accéléré sa chute, oui, mais il était au bord du précipice quand je suis venu le voir. Je t'avais dit d'être prudent. »
Rock tenta de repousser la main de Draculea, s'étouffant.
« Il est vivant, non ? »
Dégoûté, Draculea le repoussa.
Sinn observait la porte, de la spéculation dans ses yeux. Il trouvait exotique l'idée de faire l'amour à un lunatique.
« Je devrais aller voir s'ils ont besoin de quelque chose.
- Reste loin de lui, Sinn, fit Draculea. Laisse ce pauvre hère aux soins de Rill. Il ne va pas le garder longtemps et il risque d'en être bouleversé. »
Sinn haussa les sourcils.
« Je ne pensais pas qu'il allait aussi mal — ou bien vous avez des projets pour lui ?
- C'est le cas, mais pas ce que tu penses. Il va retourner en Angleterre. »
Simion se renfrogna.
« Domn, est-ce sage ? »
Draculea haussa les épaules.
« Il est de toute évidence fou — s'il divague, personne ne l'écoutera.
- Oui, mais mis à part ça, comment un tel homme peut-il voyager ?
- Les tziganes vont l'emmener à l'ambassade de sa nation à Budapest avec des lettres d'explication. Ils veilleront à ce qu'il retourne en Angleterre. »
Sinn fit :
« C'est
remarquablement magnanime de votre part, mon seigneur.
- C'est
pratique, Sinn. Je vais aussi envoyer une lettre à sa firme
pour expliquer les tristes circonstances du déclin de mister
Renfield. Puis j'exprimerai mon désir de poursuivre notre
transaction aussi pourraient-ils envoyer un autre représentant
? Mister Renfield a parlé en des termes si élogieux de
son collègue — Jonathan Harker. »

Le lendemain
Rill pleurait, les larmes de sang coulant sur ses joues. Renfield était accroupi à ses pieds en lui tenant la jambe.
« Ne les laisse pas m'emmener. Ils vont me tuer, Rill. »
Ses yeux dérivèrent vers les deux tziganes stoïques qui se tenaient devant la porte. L'un d'eux était celui qui était venu à la rencontre du carrosse lorsqu'il était arrivé, et Renfield n'avait pas oublié ses manières suggestives et dérangeantes.
« Ou bien pire encore, murmura-t-il. Je vous en prie. Pas encore. Je ne veux plus que ça arrive. »
Rock et Sinn étaient non loin et Robert lança un regard suspicieux au vampire blond.
« Ça fait mal. »
Rill caressa les cheveux de Renfield en lança un regard à Rock qui était adossé contre le mur.
« Je suis désolé, Robert. Ce n'est pas toujours comme ça. »
Renfield lui lança un regard confus et rempli de doutes. Rill regarda Simion d'un air perdu.
« Comment pourrais-je le lui expliquer ?
- Tu ne peux pas, cher cœur, fit gentiment Simion. Tu ne peux pas simplement le lui dire. Il a été blessé et ça va lui prendre du temps pour guérir.
- Il pourrait guérir ici. Pourquoi doit-il partir ?
- Non, Rill. Cet endroit représente trop de mauvais souvenirs pour lui. »
Il posa une main sur l'épaule de Rill et l'autre sur la tête de Renfield. Renfield recula en gémissant et en enfonçant son visage contre la cuisse de Rill. Simion baissa la voix.
« Tu le forcerais à voir Rock tous les jours ? Laisse-le s'en aller, mon amour. Ils pourront peut-être l'aider dans son pays. Et qui sait ? Nous vivons longtemps — il te reviendra peut-être un jour. Notre seigneur va enfin trouver celui qu'il cherchait depuis si longtemps.
- Mais il a si peur, » murmura Rill.
Simion s'accroupit pour être au même niveau que Renfield.
« Robert ? »
Renfield lança un rire haut-perché.
« Robert, regardez-moi. »
Renfield tourna les yeux vers Simion et l'homme blond dut combattre l'envie de grimacer. Renfield avait été un homme intelligent et nerveux — un peu vieux-jeu mais il n'y avait pas de mal. Ce qui lui était arrivé dégoûtait Simion mais il ne trouvait pas la force de blâmer son maître. Il savait que Draculea s'était lui-même trouvé au bord de la folie dans son chagrin et qu'il n'aurait pas souhaité cela à un autre. Il avait fait une grave erreur en laissant Rock faire ce qu'il voulait et Simion savait que son vieil ami regrettait vraiment ce qui était arrivé à son invité.
« Robert, répéta-t-il doucement. N'ayez pas peur. Nous vous renvoyons chez vous — en Angleterre. »
Une lueur étincela dans le visage de Renfield.
« Chez Jonathan ?
- Si c'est le bon ami que je pense, il va vous attendre. »
Renfield baissa la tête.
« Mais je ne veux pas partir avec eux. Je n'aime pas la façon dont ils me regardent.
- Ils ne vous feront aucun mal. Je vais y veiller. »
Simion se dirigea vers les tziganes. Il les regarda.
« Vous allez conduire cet homme à l'ambassade britannique de Budapest. Vous ne le toucherez pas sauf pour assurer son bien-être. Il est sous la protection du prince et s'il lui arrive quoi que ce soit — vous savez ce qui arrivera. »
Les deux hommes acquiescèrent. Le plus âgé parla en Rom et Simion se tourna vers Renfield.
« Rill, dis-lui ce que ce tzigane vient de dire. »
Rill pencha le menton de Renfield pour qu'il le regarde dans les yeux.
« Robert, ce tzigane a dit que s'ils te faisaient du mal, le prince n'aurait pas besoin de lever un doigt parce que leur propre sang les chasserait et les tuerait. C'est comme ça. Rentre en Angleterre — ils vont t'aider là-bas.
- Mais je suis si faible, Rill. Je n'ai pas pu les combattre — je n'ai pas pu combattre qui que ce soit qui me voulait du mal. »
Rill le prit dans ses bras.
« Tu es plus fort que tu ne l'imagines. »
Renfield secouait la tête.
« Je ne suis que l'ombre d'un homme. Comment pourrais-je protéger Jonathan si je ne peux pas me protéger ? Je ne suis qu'à moitié vivant. J'ai besoin de force. Il doit y avoir un moyen pour que je... »
Son
regard, presque lucide lorsqu'il parlait à Rill, devint plus
fou. Ses yeux fixèrent le sol.
« Si je pouvait l'absorber. Si je pouvais manger la vie... »
Il plongea en grattant quelque chose puis se redressa avec un cri ravi. Il y avait quelque chose de sombre entre ses doigts qui gigotait. C'était un cafard noir bien gras.
« Juste un peu de vie, mais je suppose que je dois commencer petit. »
Il mit l'insecte dans sa bouche et mâcha rapidement.
Rill recouvrit sa bouche d'horreur et de nausée. Rock renifla et cracha sur le sol en signe de dégoût.
« Bah ! Je ne suis jamais tombé aussi bas, même lorsque je mourais de soif. Je chassais plutôt les rats. »
Renfield lui lança un regard alerte.
« Les rats ? Oui, oui — les rats seraient bons, excellents. Mais je vais devoir travailler pour y arriver, j'en ai bien peur. Les cafards et les mouches, oui, beaucoup de mouches. Puis peut-être une jolie souris bien grasse. »
Il regarda Rill avec un grand sourire.
« Il y a du sang dans les souris, et le sang est la vie.
- Oh, Robert, il ne faut pas. Tu vas être malade, gémit Rill.
- Pourquoi ? Ça te rend fort, pas vrai ? »
Rill ne pouvait pas le nier — le sang était la seule chose qui pouvait le garder en vie et lui donner des forces. Renfield hocha la tête.
« Des scarabées, des mouches et... Oh, des araignées ! Les araignées sont pleines de vie — si rapides et si agiles. Puis les souris et les rats, et ensuite... »
Il sourit à Rill.
« Je vais devenir plus fort — tu vas voir. Le sang est la vie. »

Cabinet juridique Hawkins et Thompkins
Londres, Angleterre
Deux semaines plus tard
« Harker, encore du courrier pour toi. »
Corlis tendit à Jonathan une petite pile d'enveloppes.
« Et j'aimerais que tu n'utilises pas l'adresse du bureau pour ta correspondance personnelle. Ce n'est pas très correct. »
Jonathan parcourut impatiemment les enveloppes en remarquant les cachets postaux exotiques.
« J'ai donné à Robert l'adresse de mon domicile. Je ne comprends pas pourquoi il n'a pas voulu l'utiliser — je suis juste content qu'il m'écrive. »
Il sourit.
« On dirait qu'il m'a écrit à chaque étape. Je devrais bientôt recevoir une lettre de sa destination. »
Corlis grogna.
« N'y compte pas trop. Les partenaires ont reçu une lettre de ce prince roumain hier. En parlant de ça, tu dois aller directement au bureau de Thompkins — ne lambine pas. »
Jonathan se dépêcha de se rendre au bureau. Il s'arrêta dans le couloir, enleva son manteau et son chapeau et passa une main rapide dans ses cheveux en regrettant de ne pas avoir le temps d'aller aux toilettes pour se rafraîchir. Les apparences étaient importantes lorsqu'on rencontrait ses employeurs mais il avait l'impression que dans son cas, la promptitude serait encore plus importante. Il posa soigneusement son manteau sur son bras, prit le chapeau dans la même main et toqua à la porte. À l'intérieur, il entendit :
« Entrez. »
Thompkins était à son bureau et Hawkins occupait un siège confortable à côté de lui. Jonathan ignora l'autre chaise pour se tenir devant le bureau.
« Corlis m'a dit que vous souhaitiez me voir, monsieur. »
Thompkins désigna la chaise libre.
« Asseyez-vous, Harker. »
Jonathan cligna des yeux mais cela aurait été impoli d'exprimer sa surprise aussi fit-il simplement :
« Merci monsieur. »
Et il s'assit en arrangeant son manteau et son chapeau sur son genoux. Les deux partenaires le regardaient. Non, ils m'étudient. Je ne crois pas qu'ils m'aient regardé aussi attentivement même pendant l'entretien d'embauche.
Hawkins fit :
« Comment se sont passées les choses pour vous ces dernières semaines, Harker ? Reprendre le travail de Renfield n'a pas été trop ardu ?
- Non, monsieur. »
Oh, ça donne l'impression que les efforts de Robert étaient négligeables.
« Je veux dire, les autres commis m'ont aidé et Robert avait laissé les choses en si bon ordre qu'il n'y a pas eu de problème. »
Il hésita.
« Il n'y a pas eu de... plaintes ? »
Thompkins lui lança un petit sourire froid.
« Non, pas du tout. Nos clients ne sont pas prodigues de louanges mais ils n'ont pour l'instant exprimé aucune réserve sur vos capacités. En fait, nous avions en tête de vous proposer la chance d'avoir plus de responsabilités — si vous êtes d'accord. »
Jonathan se sentait confus. On n'entendait pas parler d'avancement rapide dans une telle firme. Alors qu'il était sûr d'avoir fait du bon travail, il savait qu'on ne pouvait pas le qualifier de brillant.
« J'aimerais essayer, bien sûr, monsieur, mais je crains que si j'avais plus de travail, mon autre travail en pâtirait. »
Le sourire de Thompkins s'élargit un peu.
« Au moins, vous êtes honnête. Ne vous inquiétez pas pour ça, Harker. Votre travail sera réparti entre les autres commis. Ce travail vous demandera tout votre temps et vos efforts. »
Il lança un coup d'œil à son partenaire.
Hawkins s'éclaircit la gorge.
« Nous avons un problème, Harker — un très grave problème. Renfield n'est pas en état de terminer la transaction avec le prince Draculea en Roumanie et...
- Il s'est passé quelque chose ? »
Hawkins était trop bien élevé pour paraître surpris par l'éclat soudain de Jonathan. Un subordonné n'interrompait jamais son patron mais on ne pouvait pas se tromper sur la soudain appréhension dans l'inquiétude du jeune homme. Jonathan poursuivit :
« Il n'est pas blessé, n'est-ce pas ? »
Son appréhension grandissait.
« Non... Non... Monsieur, je vous en prie, dites-moi !
- Calmez-vous, Harker. Ressaisissez-vous ! »
Il regarda Thompkins.
« Vous êtes vraiment sûr ? Si ce garçon est facilement bouleversé...
- C'est un choc pour lui, l'admonesta Thompkins. Laissez-lui un moment pour se ressaisir. Harker, calmez-vous. »
Il toucha une lettre qui reposait ouverte sur le bureau.
« Le prince Vlad Draculea nous a contactés en expliquant cette triste affaire. Mister Renfield a fait une sorte de crise, mentale plus que physique. Le prince souhaite toujours acheter des propriétés en Angleterre mais Renfield ne sera pas en état de faciliter la vente. Apparemment, Robert a parlé de vous en bien et le prince a spécialement demandé que vous alliez en Roumanie pour finir la transaction.
- Et je devrais raccompagner Robert ? »
On lui offre la chance de sa vie et il ne pense qu'à Renfield. Je ne sais pas si je dois le trouver noble ou stupide.
« Ce ne sera pas nécessaire. Il est déjà ici à Londres. Le prince a gracieusement veillé à ce qu'il rejoigne l'ambassade britannique et ils l'ont renvoyé chez lui — aux frais du prince, je dois dire. Cet homme a agit si décemment, ce serait ingrat de notre part de ne pas répondre immédiatement à sa requête. »
Sans compter que ce serait très mauvais pour les affaires, songea Hawkins. Il ne paraît pas du tout convaincu d'accepter.
Comme en réponse à ses pensées, Jonathan fit :
« Monsieur, je ne suis pas sûr d'être l'homme qu'il vous faut pour ce travail. Je suis le plus jeune des commis ici et on pourrait nourrir du ressentiment.
- Vous n'êtes peut-être pas sûr, fit Hawkins, mais Renfield semble l'être. Rappelez-vous, mon garçon, il vous a recommandé très chaleureusement. Vous ne voudriez sûrement pas décevoir ses attentes ?
- Je... non. Non, bien sûr que non.
- Bien. »
Thompkins
se rassit sur sa chaise.
« Quand pouvez-vous partir ? »
Jonathan se frotta la tempe.
« Cela arrive si soudainement. Je suis sûr que ma propriétaire m'aidera à faire mes bagages. Puis j'ai seulement besoin de parler à ma fiancée — je peux le faire ce soir.
- Bien, c'est réglé. Nous allons nous arranger pour que vous partiez demain matin.
- Mais je dois d'abord voir Robert. »
Hawkins secouait la tête.
« Ce n'est pas possible, mon garçon. »
Le menton de Jonathan se carra et il fit avec une finalité tranquille :
« Il le faut. »
Thompkins nota la détermination dans le regard de Jonathan et sut que simplement insister ne servirait à rien. Il ne reste qu'une seule chose à faire.
« Harker,
ne vous en faites pas pour lui — on s'occupe bien de lui. Il
est à l'asile du Dr Arthur Seward et je vous assure que c'est
l'un des plus modernes d'Angleterre. Vous ne pourriez pas le voir, de
toute façon. J'ai parlé avec Seward et il m'a dit qu'il
faudrait du temps avant qu'on laisse Renfield avoir des visiteurs. Je
suis sûr que vous n'insisterez pas si c'est au détriment
de la santé de Renfield. »
Jonathan hésitait.
« Allez en Roumanie. Cela ne devrait prendre que quelques semaines et je suis sûr qu'à votre retour, il ira beaucoup mieux. »
Jonathan fut silencieux un moment. Hawkins se demandait s'ils oseraient le menacer de licenciement s'il refusait. Il avait la désagréable impression que ce garçon pourrait vraiment abandonner son travail pour son ami.
« Renfield ne voudrait pas que vous ratiez cette chance. »
Jonathan hésita en se mordant la lèvre. Il était partagé mais cela ressemblait VRAIMENT à quelque chose que Robert voudrait. Il m'a toujours encouragé. Pas autant que Mina, mais je sais qu'il veut que je réussisse dans la vie.
« Cela ne prendra pas longtemps ?
- Une fois au château, cela ne devrait prendre qu'un jour ou deux, lui assura Thompkins. Rentrez-chez vous et faites vos préparatifs. Nous allons commencer à préparer votre voyage et les tickets et l'itinéraire seront déposés chez vous. »
Jonathan se leva.
« Oui, monsieur.
- Nous comptons sur vous, Harker, fit Hawkins. Cette affaire est importante pour nous tous.
- Je ferai de mon mieux, monsieur. »
Il partit.
Thompkins soupira.
« Pendant un moment, j'ai cru qu'il allait refuser, juste pour passer du temps avec Renfield. »
Hawkins secoua la tête.
« Je me demande si on devrait lui confier cette affaire. Cela semble, oh, je ne sais pas — frivole. »
Thompkins lança un regard mauvais à son partenaire.
« Ou peut-être que nous avons simplement atteint le point où l'affectation commune ne semble plus nécessaire ? »
Hawkins ne répondit pas. Il songea qu'il avait gagné le droit depuis longtemps d'ignorer des contemplations aussi méprisables.
« Je me sens coupable de ne pas lui avoir raconté toute l'histoire.
- Et ça aurait servi à quoi ? Comme tu dis, Seward ne voudrait sûrement pas de visiteurs. À quoi ça aurait servi de dire à Harker que Renfield délirait sur le fait que Jonathan ne devrait pas aller en Roumanie — que le prince et ses compagnons sont des démons et des monstres ? »
Il sirota sa tasse.
« Pourquoi devrions-nous détruire notre chance pour ce travail en or juste à cause des divagations d'un lunatique ? »
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