Child of the Night 84

Partie Quatre-vingt-quatre : Amour retrouvé et perdu


L'an de grâce 1892
Château Draculea, Transylvanie


Jonathan recula. Le fait que Rock le laissa partir sans tenter de le retenir était ironiquement plus effrayant que rassurant. Son esprit fonctionnait à toute vitesse mais il n'y avait aucun ordre dans ses pensées. En premier lieu, il y avait le besoin désespéré de s'éloigner de ce fou mais il y avait tellement plus — de brèves images et impressions, trop rapides et faibles pour qu'il les comprennent. Un portrait déchiré dans une chambre renfermée, son propre visage le regardant d'un portrait intact, une voix appelant dans la nuit, des yeux bleus pâles qui étaient pourtant familiers, un miroir brisé, un vin doux et cuivré qui était pourtant trop épais, un goût musqué et une douleur étrange mais pourtant familière et délicieuse dans son corps...


Jonathan secoua violemment la tête. Il ne savait pas vraiment contre quoi il protestait mais il avait l'impression d'être soit au bord de la folie ou bien sur le point d'atteindre un nouveau niveau de conscience. Il s'éloigna de l'homme blond qui le regardait avec circonspection. Il voulait partir d'ici, pas seulement pour chercher du secours mais pour trouver un peu de paix et de solitude pour tenter de comprendre ce qui lui arrivait.

Rock observa le jeune homme tenter de s'éloigner et il sentit une bouffée d'allégresse vicieuse. Renfield avait été bon mais pas satisfaisant à la fin. Il n'avait compté pour Draculea que comme un moyen de retrouver... celui-là. Pendant des siècles, Draculea avait régné sur lui, écrasant Rock de sa volonté, l'utilisant quand il le voulait, le battant quand Rock l'ennuyait ou lui désobéissant — le possédant. Et à présent... À présent, le centre de l'existence de Draculea se tenait devant lui — vulnérable. Rock sentit deux sensations physiques — ses canines qui s'allongeaient en piquant ses lèvres et son sexe qui se durcissait. Il n'était pas sûr de savoir quel désir satisfaire en premier.


« Où vas-tu, Nicu ? »

La voix de Rock était douce mais elle fit frémir Jonathan.

Jonathan continua à s'avancer peu à peu vers la porte mais il répondit presque inconsciemment :

« Ne m'appelez pas comme ça. »

Rock s'apprêtait à le toucher et Jonathan fit impulsivement :

« Non !

- Je ne dois pas toucher les mignons ? Oui, c'est comme ça. Le seul qu'on m'a laissé toucher depuis des siècles, c'était Renfield. »

Rock eut un rire guttural qui fit froid dans le dos à Jonathan.

« Oh, et il avait bon goût. Il m'a combattu pendant longtemps et j'ai bien aimé ça. Sinn l'avait d'abord eu, cependant — je parie que tu n'as jamais été avec une femme ou un homme. »


Aussi distrait qu'il était par son appréhension, Jonathan put sentir le rouge lui monter aux joues.

« Ah, oui, roucoula Rock. J'ai toujours entendu dire que les Anglais étaient des retardés charnels. Tu seras encore mieux que Renfield. Tu es encore frais. »

Jonathan s'était toujours bien débrouillé en sport à l'école et il s'était gardé en forme, mais Rock bondit sur lui si vite qu'il se sentit lent et attardé. Soudain, Rock le tenait par la gorge, sa prise pas assez serrée pour briser mais suffisamment pour le contrôler.

Jonathan fut jeté en arrière contre la table. Rock bougea rapidement en écartant les pieds de l'Anglais pour lui faire perdre l'équilibre. Il tomba sur le jeune homme en se calant entre ses cuisses écartées. Jonathan tressaillit d'horreur en sentant le poids dur de l'érection de Rock contre son aine. Ce maniaque était excité.


Rock libéra une main et la baissa en la tortillant entre leurs corps et il commença à déchirer la braguette de Jonathan. Jonathan agrippa la main à sa gorge mais ne parvint pas à la relâcher. Alors qu'il sentait les boutons se déchirer, il frappa Rock au visage le plus fort possible. La tête de Rock vola en arrière mais il ne relâcha pas sa prise. Quand il regarda à nouveau Jonathan...

Quelque chose n'allait pas — pas du tout. Le visage était toujours reconnaissable mais c'était une parodie monstrueuse du visage normal de Rock. Il était strié, déformé avec des yeux rouges sang. Il sourit à Jonathan et des canines se mirent à luire. La créature qui le pressait contre la table roucoula :

« Qu'y a-t-il, mon doux ? Je suis trop froid ? Je peux y remédier mais il faudrait que je me nourrisse d'abord, et je ne suis pas sûr de pouvoir suffisamment me contrôler pour te laisser en vie après ça. »

Son rire fut grinçant.

« Mais c'est pas ça qui m'empêcherait de te baiser. »


Jonathan ne succomba pas à la folie comme Renfield mais c'en fut trop pour lui. La peur le rendit hystérique. Il commença à se battre frénétiquement et perdit tout son souffle dans un long cri désespéré. Il y eut un craquement tonitruant alors que la porte de la bibliothèque s'ouvrit violemment. Ce fut si fort que, aussi concentré qu'il était sur sa victime, Rock détourna les yeux. Rill se tenait à la porte en regardant les deux hommes qui se débattaient, ses yeux écarquillés et incrédules. Rock grogna :

« Dégage ! »

Son frère n'avait jamais manqué de lui obéir lorsqu'il utilisait ce ton. Oh, Rock s'attendait à ce qu'il coure voir Simion ou le prince mais cela voulait juste dire qu'il devrait se dépêcher de prendre ce qu'il voulait. Il se retourna vers Jonathan en déchirant sa chemise pour dénuder sa gorge. Rock ne vit pas la transformation que connut son petit-frère. La douleur et le désarroi fondirent, remplacés par l'outrage. L'attaque prit totalement Rock par surprise.


Le poids sur Jonathan fut soudain doublé, l'écrasant presque, mais seulement un moment. Par-dessus l'épaule de Rock, il aperçut brièvement un autre visage cauchemardesque. Mais comme Rock, cette nouvelle créature était reconnaissable et cela arracha un nouveau cri à Jonathan. C'était Rill, ce DEVAIT être lui. Il n'avait jamais vu le jeune homme avec une expression autre que douce et gentille, mais à présent... À présent, les traits étaient déformés à cause de la transformation mais aussi de la rage brûlante.

Rill tira Rock et les trois hommes tombèrent à terre. Rill hurlait :

« Non, Rock ! C'est l'amour du prince. C'est mon ami, mon ami ! Tu as fait du mal à Robert, tu as fait du mal à Jonathan, tu m'as fait du mal ! Tu fais du mal à tout le monde ! Tu es méchant Rock ! Il faut que tu arrêtes !

- Dégage de là, espèce de nigaud, grogna Rock. Il est à moi maintenant et je ne vais pas le laisser. Je vais prendre la seule chose que Draculea aime et rien ne va m'en empêcher.

- Moi, oui ! »

Rill se mit sur pieds en passant ses bras autour de la taille de Rock et il l'arracha littéralement de Jonathan.

« Cours, Jonathan ! Cours voir Draculea. »


Alors que les deux créatures en venaient aux mains, Jonathan se rua vers la porte en rampant jusqu'à ce qu'il puisse se mettre debout. Il était toujours en proie à la panique et il ne pouvait songer qu'à fuir.

Rock avait été surpris de l'agression de son frère — Rill n'avait jamais osé s'opposer physiquement à lui. Ce que Rock n'avait pas considéré, c'était que Rill ne se battait pas pour lui-même — il défendait quelqu'un d'autre. Le prince Draculea avait sauvé Rill d'une vie de douleur et de dégradation, il l'avait conduit à Simion — l'amour de sa vie — et à présent Rock tentait de blesser la seule personne qui pouvait rendre Draculea heureux à nouveau.

Rill savait exactement de quoi Rock était capable et il était déterminé à ce que l'amour réincarné du maître ne souffre pas. Mais le souvenir de toutes les corrections, les viols, les humiliations et l'exploitation que Rock lui avait infligés revint à la surface et se déversèrent dans les attaques de Rill.


Ils roulèrent à terre, en griffant et en mordant, grognant comme des animaux, se frappant. Ils se mirent sur pieds juste au moment où Jonathan ouvrit la porte et sortit, et Rock parvint à jeter Rill, déterminé à suivre sa proie. Rill tendit instinctivement la main pour prendre une arme et sa main se referma sur le couteau autrefois utilisé pour tailler des plumes.

Rill bondit sur Rock en enfonçant fermement sa main libre dans les cheveux blond cerise de l'autre vampire et en tirant en arrière assez fort pour briser une nuque de mortel. La lame était petite mais très acérée et Rill la passa sur la gorge de Rock. Si Rock avait été humain, un jet de sang aurait coulé et il aurait saigné à mort en quelques minutes. Au lieu de ça, un sang noir et épais coula de la blessure tandis que Rock hurlait de douleur et de rage. Il n'y avait pas de battement de cœur pour le propulser aussi il coula en tachant sa chemise mais ralentit presque aussitôt.


Rill réalisa la futilité de son geste mais n'était pas prêt de renoncer. Il relâcha Rock et son frère vacilla en jurant et en ressayant le sang, jurant de tuer Rill et Simion. La menace dirigée vers son amant ne fit que mettre Rill encore plus en colère. Sa main retomba sur la bouteille d'encre en or massif et il s'en saisit.

Rock n'avait fait que deux pas lorsque Rill abattit la bouteille d'encre sur sa tête. Il y eut un son sourd et de l'encre jaillit en teignant les cheveux de Rock. Rock trébucha et Rill frappa à nouveau au même endroit, le forçant à s'agenouiller. Rill le fit tomber sur le ventre, l'enjamba et leva la bouteille bien haut puis l'abaissa avec toute la force qu'il possédait.


Jonathan entendit un second bruit sourd et il était mêlé cette fois à un craquement horrible. Il fut suivit par un autre, puis un autre. Il s'enfuit à l'aveuglette dans les ténèbres de la grande salle et se cogna à nouveau contre quelqu'un dans le noir. Les mains qui saisirent ses bras étaient chaudes mais il hurla quand même.

« Jonathan, que se passe-t-il ? » s'exclama Simion.

Ses yeux dévisagèrent le jeune homme en notant rapidement ses vêtements déchirés et ses yeux hagards. Son expression se durcit et il siffla :

« Rock ?

- Je ne sais pas. »

Le chuchotement était déconcerté.

« Je ne sais pas ce que c'est. »


Les yeux de Simion se tournèrent vers la porte ouverte de la bibliothèque et il entendit des sanglots profonds et des cris colériques. Il avait réconforté Rill durant de nombreux cauchemars les premiers temps, quand l'abus passé de son frère était revenu hanter le jeune vampire. Ces sons étaient familiers.

« Allez vous enfermer dans votre chambre.

- Je dois partir d'ici.

- Harker, réfléchissez ! Souvenez-vous des loups. Vous ne pourrez jamais aller assez loin pour vous réfugier. Montez — vous serez en sécurité là-bas. Laissez-moi aller aider mon amant. »

Il repoussa Jonathan et courut à la bibliothèque alors que le jeune homme se dirigea avec difficulté vers les escaliers.


La scène qui attendait Simion quand il arriva était aussi horrible qu'il l'avait imaginée. Rock était allongé face contre terre avec Rill sur ses genoux qui avait enjambé son dos. Le bras du plus jeune vampire se levait et retombait avec un rythme erratique alors qu'il frappait la tête de Rock. Simion reconnut l'arme comme étant la bouteille d'encre que Nicolae estimait tant. Il y avait des taches sombres autour de la tête de Rock et c'était dur de dire s'il s'agissait d'encre ou de sang vampirique. Simion songea brièvement que c'était une justice ironique que Rock soit réduit en miettes par un objet appartenant à sa victime.


Une exultation féroce s'éleva en Simion en voyant son bien aimé rendre enfin une petite partie de la douleur qu'il avait endurée. Mais ce n'était pas Rill et Simion savait qu'il devait l'arrêter. Quand la colère rouge le quitterait, la gentille nature de Rill le tourmenterait.

« Rill. »

Pas de réponse et le pot d'encre s'abattit à nouveau. Simion s'approcha rapidement des deux et saisit le bras de Rill alors qu'il se levait.

« Rill, arrête ! »

Pour la première fois depuis leur vie commune, Rill se tourna vers Simion en tant que Nosferatu — son visage déformé, ses yeux luisant et ses canines exposées.

« Rill ! »


Le garçon réagit tout de suite, les bords de son visage s'adoucissant pour redevenir normaux, et la lueur forcenée disparaissant de ses yeux.

« Simion, il allait faire du mal à Jonathan.

- Je sais. »

Simion lui retira la bouteille d'encre. Elle était collante et poisseuse avec du sang, des cheveux et une matière grise en bouillie. Il le posa sur le côté et prit Rill dans ses bras.

« Tu l'as sauvé, Rill.

- C'est vrai, » murmura-t-il presque émerveillé.

Puis sa voix se renforça.

« C'est vrai. »

Il regarda le corps de son frère et fit doucement :

« Je... je l'ai tué ?

- Je ne sais pas. »


Simion s'accroupit pour examiner Rock. L'arrière du crâne du vampire était une bouillie de sang froid et vieux et de morceaux d'os. Le sang ne coulait pas et il n'y avait aucun mouvement de respiration — mais c'était normal pour un vampire. Simion le secoua rudement. La tête mutilée roula mollement. Le visage de Rock était revenu à son état normal. Ses yeux étaient ouverts et ne cillaient pas.

« C'est dur à dire. Je pense qu'il peut très bien être mort. »

Il leva les yeux pour découvrir Rill en train de se mordre les lèvres.

« Tu ne vas pas t'en vouloir si c'est le cas, ordonna-t-il.

- Non, acquiesça Rill — mais sa voix était triste. Simion, je crois qu'on devrait dire au prince ce qui s'est passé. Ce ne serait pas bien s'il arrivait ici et découvrait la scène.

- Je crois que tu as raison. Il ne devrait pas tarder à revenir de sa chevauchée. Viens, nous allons le rencontrer sur les marches. »


Ils se tinrent devant l'entrée du château. Il purent entendre le bruit de sabots s'approchant à un rythme lent et Simion caressa les cheveux ébouriffés de Rill en passant ses doigts sur les contours durs de son visage qui s'effaçaient rapidement.

« Il va être très fier de toi, mon amour. Presque aussi fier que moi. »


Dans la bibliothèque, il y eut un gémissement grave. Rock tressaillit. Des doigts mous se fléchirent puis grattèrent faiblement le tapis ruiné. Peu à peu, douloureusement, le corps vivant se mit à genoux, la tête pendant comme celle d'un animal malade et las. Il s'accrocha à la table et parvint à se mettre debout mais quand il la lâcha pour faire un pas, il retomba.

Cela ne l'arrêta pas. Il rampa sur le ventre, dans son propre sang. Quand il atteignit la porte, il s'en servit pour se mettre debout. Cette fois quand il se lâcha, il vacilla mais ne tomba pas. Il se rendit dans la grande salle, conduit uniquement par sa folie et son besoin consumant d'infliger la mort à quelqu'un — n'importe qui.

Jonathan avait eu l'intention de se rendre dans sa chambre et de s'y enfermer. Mais il se rendit compte qu'il ne s'y était jamais senti en sécurité. Comme beaucoup de jeunes gens de son milieu social, il avait lu des romans gothiques qui se passaient dans des châteaux sinistres comme le château Draculea. Ces demeures hantées avaient toujours eu beaucoup de passages secrets et quelque part, Jonathan ne pouvait s'empêcher de penser que cet endroit était le vrai reflet de ces lieux fictifs.

Peu importait son état, Rill l'avait sauvé de Rock. Et Simion l'avait conduit en sécurité. Il ne voulait pas trop s'éloigner de leur protection ténue. Il s'accroupit dans l'ombre au sommet des escaliers en regardant dans le couloir. Il y avait une bougie sur une applique au pied des escaliers qui projetait une petite fontaine de lumière qui illuminait à peine la porte juste au-delà.


Après que les cris de Rill se soient éteints, le château était devenu très silencieux. Jonathan entendit un léger bruit, une sorte de grattement sourd. Il l'entendit à nouveau, et encore. Une silhouette arriva à pas traînants dans la lumière. C'était Rock mais il ne montrait plus son assurance souple d'avant — il se déplaçait à présent comme un ivrogne.

Sa tête était si penchée en avant que son menton reposait sur sa poitrine alors qu'il s'accrocha à la rampe. Il s'approcha plus de la lumière et Jonathan put voir son crâne endommagé. Il poussa un cri involontaire et la tête de Rock se leva soudain, des yeux ternes se fixant sur Jonathan. Il eut un sourire horrible et commença à monter les escaliers, ses mouvements ayant désormais un but.

Draculea arriva dans la cour, un peu surpris de voir Rill et Simion qui l'attendaient. Il s'arrêta devant lui et descendit de cheval en jetant les rênes à un tzigane qui accourut pour les prendre. Il était de bonne humeur mais cela disparut rapidement alors qu'il remarquait des détails. Simion était renfrogné et Rill paraissait presque accablé. Draculea sentit le sang et remarqua que les mains de Rill en étaient salies — du sang de vampire. Considérant la propension de Sinn à éviter tout conflit, Draculea sut à qui appartenait ce sang et cela lui apprit la raison probable pour laquelle il avait été versé. Il grogna :

« Où est-il ? Qu'a-t-il fait ?

- Dans la bibliothèque, fit Simion. Je crois qu'il y a attiré Jonathan. »

Il put voir la rage remplir les yeux de Draculea et fit hâtivement :

« Mais Rill l'a arrêté. »

Il prit le poignet du garçon et leva sa main pour la montrer à Draculea.


Draculea tendit la main pour prendre le visage de Rill en coupe.

« Mon bon et brave garçon. »

Rill eut un sourire tremblant mais il y avait des larmes de sang au coin de ses yeux.

« Je crois que je l'ai tué.

- Qu'as-tu utilisé, Rill ?

- Je lui ai coupé la gorge et... et... »

Il serra sa main en un poing et fit de violents gestes.

Draculea se renfrogna.

«  Ce n'est pas suffisant. »

Simion fit :

« Je l'ai examiné, Domn. Il n'y a eu aucune réaction.

- Simion, j'ai étudié la mortalité de mon espèce et j'ai trouvé la méthode prescrite pour l'exécuter. Ce que Rill a décrit n'est pas suffisant. Oh, cela va sûrement le rendre impotent un moment. Tu te souviens que ça lui prenait longtemps pour se remettre de punitions les plus sévères. Non, Rill — je suis sûr que tu ne l'as pas tué. »


Il voulut soupirer en voyant le soulagement dans les yeux du garçon.

« Mais tu l'as ralenti. Je te remercie pour ça. »

Il tourna les yeux vers la porte.

« Cela va être beaucoup plus simple de... »

Un cri terrifié déchira l'air. Draculea dépassa les deux hommes en se ruant dans le château. L'entrée était vide. Ses yeux tombèrent sur une tache sombre sur la rampe alors qu'un autre cri vint d'en haut. Il fonça en haut, une fureur noire s'emparant alors qu'il courait.


Jonathan s'enfuit devant son macabre poursuivant. Il ne savait pas où il allait, il était juste désespéré d'aller aussi loin que possible de cette chose profane. Il gravit un autre escalier et trouva son chemin bloqué par une lourde porte. Sûr que cela devait conduire à une tour, Jonathan se retourna pour regarder en bas. Il n'y avait aucune chance de revenir sur ses pas, cependant. Rock apparut au pied des escaliers en levant les yeux vers lui avec un mélange de désir animal et de triomphe satisfait. Jonathan se retourna et se jeta contre la porte.

Elle s'ouvrit et il trébucha à l'air libre. Il était sur le toit du château, des pierres rudes s'étendant dans toutes les directions. C'était comme se retrouver sur un plateau désert. Il put entendre les pas lourds de Rock qui montait le rejoindre. Alors que le vampire émergeait dans la lumière de la lune, Jonathan se mit à reculer en regardant frénétiquement autour de lui pour trouver un moyen de s'échapper.


Il recula alors que Rock avançait, se rapprochant de plus en plus du bord du château. Jonathan heurta le petit mur qui limitait le toit. En dessous, il pouvait entendre la ruée liquide de la rivière, bien loin en dessous. En regardant l'horreur qui s'approchait de lui, le son de l'eau vive semblait lui faire signe, presque l'attirer.

« Viens ici, mon mignon, » fit Rock d'un ton grinçant.

Sa voix était étouffée, presque coagulée.

« Viens à moi et je serai clément. Je te tuerai juste au lieu de te transformer. »

Jonathan n'avait qu'un soupçon de la menace du vampire mais ce soupçon l'enfonça encore plus dans l'hystérie. Il se mit sur le petit mur en se balançant là de façon précaire. Alors qu'il se dressait, il vit le prince Draculea franchir la porte. Ses cheveux gris et sa longue cape étaient balayés par une brise soudaine et il y avait quelque chose de choquamment familier dans cette image.


« Rock ! »

C'était un cri rempli de dégoût et de la promesse d'un lente agonie. Rock regarda Draculea et son visage était un rictus de haine et de folie. En ricanant au nez du prince, il tendit la main vers Jonathan. Jonathan vit la main tenter de l'atteindre et il bougea pour l'esquiver. Les vieilles pierres du mur s'effritèrent sous ses pieds et il commença à perdre l'équilibre.

Jonathan sut ce qui allait arriver. Le temps sembla se figer alors que ses yeux croisèrent ceux de Draculea. Au lieu d'agiter les bras dans un essai futile pour retrouver l'équilibre, il tendit les mains vers Draculea et un cri inconscient s'échappa de ses lèvres alors qu'il commençait à tomber.

« Domn ! »

Draculea avait entendu Nicolae dire ce mot tant de fois et de tant de façons différentes — chaleureuse, tendre, taquine, grondant, aimante. Dans cet unique moment horrible et merveilleux, il sut que c'était Nicolae devant lui. Puis il ne fut plus là, disparaissant dans les ténèbres alors qu'il était hors de vue.


Draculea franchit l'espace restant avec une vitesse surnaturelle, tombant sur Rock avec quatre cents ans de rage et de chagrin. Dans la seconde qu'il lui fallut pour atteindre l'autre vampire, il s'était complètement transformé et c'était plus un démon qu'un homme. Ses mains étaient comme des griffes, ses ongles aussi longs et acérés que des petites dagues. Alors qu'il saisissait Rock par la gorge, ils s'enfoncèrent dans la chair pâle. Les ongles déchirèrent la chair et les fibres épaisses du larynx de Rock. Tout juron ou cri de Rock aurait été réduit en un gargouillement laborieux. Draculea le secoua comme une poupée en tordant ses doigts dans la blessure pour aller plus profondément, jusqu'à ce que ses ongles grattent contre un os dans le dos. Puis ses épaules se tendirent et il tourna fortement. Il y eut un craquement alors que la colonne vertébrale de Rock se brisait. Avec un rugissement, Draculea tordit violemment. Il y eut un son humide et substantiel et Rock retomba mollement. Sa tête cependant resta dans les mains de Draculea mais pas pour longtemps. Cette décapitation n'avait pris que quelques secondes. Draculea jeta impatiemment la tête et se pencha contre le mur, ses yeux cherchant désespérément dans les ténèbres d'en bas.

Il y avait le son de l'eau vive, puis un plouf et un faible cri :

« Domn... je vous en prie... »

Sans réfléchir, Draculea se jeta par-dessus le mur dans la nuit.







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