Child of the Night 91

Partie Quatre-vingt-onze : Le voyage, partie I


L'an de grâce 1892
Port Occidental, Transylvanie


« Tu comprends pourquoi tu vas embarquer dans ta boîte, Rill ? Tu vois pourquoi il vaut mieux que l'équipage ne sache pas que le maître, Sinn et toi êtes à bord ? » demanda Simion.

Ils se tenaient non loin d'un réverbère, près du quai où était amarré le Célestine, le bateau qui les emmènerait en Angleterre. À côté d'eux, les Roms déchargeaient d'une voiture des caisses longues et étroites tandis que les chevaux piaffaient nerveusement. La plupart des caisses étaient fermées avec des clous mais trois d'entre elles avaient des couvercles à charnières et un loquet.

Les bras de Rill étaient croisés — un signe sûr de son mécontentement — mais il fit :

« Oui, Simion, je sais. Je me souviens de nos voyages avant. Je comprends mais ça ne veut pas dire que j'aime ça. Il reste encore au moins une heure avant le lever du soleil. Je préférerais monter à bord puis aller dans la caisse juste avant l'aube, mais si on doit vraiment garder le secret devant l'équipage, alors je le ferai. »


Le ton du garçon était bougon. Simion l'embrassa sur le front.

« Je suis désolé, Rill, mais ça doit se passer comme ça. Je préférerais t'avoir dans ma cabine mais c'est vraiment trop dangereux. Tu devrais pouvoir dormir paisiblement dans la cale. Et les nuits seront très sombres, puisqu'il ne reste qu'un croissant de lune. Tu pourras sûrement venir sur le pont sans risquer d'être vu.

- Je suis sûr que le prince en est capable. Je l'ai vu marcher juste à côté d'un Rom et l'homme n'a même pas cillé, mais je ne suis pas aussi bon que lui. Je suis meilleur avec les animaux et Sinn avec les gens. »


« Simion fronça les sourcils.

« Oui, c'est pour ça que le prince l'emmène avec lui aussi. Cela aurait été plus simple de le laisser derrière nous. Je n'aime pas songer aux bêtises qu'il peut commettre parmi les sangs chauds.

- Je suis sûr qu'il se tiendra bien, » fit Rill d'une voix remplie d'espoir.

Simion lui tapota le dos en acquiesçant et il songea : Il va essayer de bien se tenir parce qu'il sait ce que Draculea lui fera s'il gâche toute chance de récupérer Jonathan. Mais Sinn était déjà un prédateur bien avant que cet idiot de Rock le transforme. Je ne sais pas s'il sera capable de résister à ces gens vulnérables et viciés. J'espère juste qu'il ne rendra pas ses jeux mortels.


Sinn les rejoignit. Ses élégants vêtements de voyage étaient un peu froissés et il les remit en place méticuleusement puis sortit un mouchoir de sa poche et se tapota délicatement la bouche en ressuyant une tache rouge. Simion fit :

« Nous partons dans quelques minutes. J'ai cru qu'on devrait te laisser derrière.

- Oh non, *mon ami*. Je n'allais pas manquer ce voyage mais j'ai songé qu'il serait sage de prendre un repas avant d'embarquer. L'air marin m'a toujours ouvert l'appétit. »

Quand Rill se renfrogna, Sinn lui pinça la joue.

« Ne sois pas fâché, chéri. C'était un vilain garçon. Le barman de l'auberge m'a dit que ce type pourrait me procurer les plus douces petites filles et garçons pour mon bon plaisir. Le monde se porte bien mieux sans lui. »

Il jeta un regard à Simion.

« Et je me suis montré discret. Je serais vraiment surpris qu'on le découvre avant deux ou trois jours à cause de l'odeur déjà générée par les ordures dans cette allée. »


Il soupira en voyant les caisses.

« *Mon dieu*, je déteste ces choses. Un vrai cercueil ne me gênerait pas vraiment mais je finis toujours par déchirer mes vêtements quand je dors dans un de ces trucs. Ah, bon — si on n'y peut rien, autant faire avec. »

Il fit un signe à l'un des Roms qui souleva le couvercle d'une des caisses.

« Je crois que je vais aller me reposer. »

Il se tapota son estomac plat.

« Un ventre plein me donne envie de dormir. »

Il y avait un petit coussin au fond de la caisse à claire-voie qui recouvrait une couche de terre sèche et sombre. Sinn entra dans la caisse et s'installa en s'étirant. C'est assez confortable puisqu'il n'était pas grand. Il croisa les mains sur le ventre et hocha la tête en direction du tzigane qui tenait le couvercle. Alors qu'on le mettait en place, il bailla en fermant les yeux.


Simion fixa un cadenas dans le loquet en le refermant fermement puis il regarda Rill.

« Il est temps de faire pareil.

- Mais qu'en est-il du prince ? demanda Rill avec anxiété.

- Inutile de t'inquiéter pour Draculea, fit Simion. C'est un grand garçon depuis très, très longtemps.

- Et j'ai eu Simion pour s'occuper de moi la plupart du temps. »

Rill leva les yeux avec empressement vers la voix familière alors que Draculea surgissait dans la lumière d'une allée voisine. Rill porta une main à sa gorge, ses yeux doux et interrogateurs alors que son esprit revenait à cette nuit, il y avait si longtemps, lorsqu'il avait vu Draculea pour la première fois.


Il avait été assis à côté du feu dans cette basse taverne à Budapest, attendant avec morosité que Rock lui amène un autre gentilhomme. Puis la porte s'était ouverte, semblant laisser entrer la nuit. De larges ténèbres avaient coulé dans la pièce sombre, une silhouette grande et sombre penchée sur lui — puis Draculea était entré dans la lumière. Rill considérait que ce moment était le commencement de sa vie. Durant des années, il avait tristement observé le déclin de ce grand homme, et désormais...

Il était désormais comme avant — grand, fort et beau. Mais cette fois ses yeux étaient différents. Autrefois, ils avaient contenu une ombre de tristesse. Désormais ils brûlaient de vie et de détermination et Rill savait pourquoi. Autrefois il avait perdu son amour, désormais il allait le retrouver.


Draculea s'approcha d'eux et caressa la tête de Rill.

« Mais je ne vais pas te dire de ne pas t'en faire pour moi — c'est dans ta nature, après tout. Maintenant, dans ta caisse, mon enfant. »

Sans protester davantage, Rill s'installa dans la caisse préparée pour lui. Avant de s'allonger, il passa ses bras autour du cou de Simion et l'embrassa.

« Tu descendras pour me voir ? Je ne te verrai pas mais parfois je peux sentir ta présence.

- Oui, mon amour. Et je serai à tes côtés quand tu te réveilleras. Ce voyage sera court. Seulement trois nuits si le temps se maintient.

- Et je n'aurais pas besoin de rester dans cette caisse tout le temps ?

- Bien sûr que non ! Mais il ne faut pas que tu sortes tant que je ne suis pas là. Ces marins sont hargneux et ils penseront que tu es un clandestin. »

Il tapota la caisse.

« Ils ne pourront pas savoir que tu es une marchandise légitime. »

Rill rit et s'allongea. Il fit un petit signe à Simion alors que le couvercle fut mis en place.


Simion verrouilla le couvercle et fit un signe de tête au Rom qui souleva la caisse et la porta au bateau. Simion la regarda partir et sentit la main de Draculea sur son épaule.

« Tout ira bien, fit le prince. Rill est un bon voyageur.

- Je sais. »

Simion garda le silence un moment en observant la caisse portée jusqu'au pont du bateau.

« Je ne vous ai jamais remercié pour lui, mon seigneur ?

- Sans doute pas avec des mots, mon vieil ami.

- Alors je le fais maintenant. Il m'a fait comprendre un peu mieux votre douleur, je pense. J'ai du mal à croire qu'il existe un dieu juste parfois. Je pense que si c'était le cas, Rill aurait vécu une longue vie sans douleur et avec des bonheurs simples, puis serait mort et serait parti dans un monde meilleur depuis bien longtemps. Mais si c'était arrivé, je ne l'aurais jamais rencontré. Je suis à la fois heureux et outragé que Dieu semble l'avoir négligé.

- Il ne l'a pas négligé, Simion. Le Diable a été libéré dans notre monde bien longtemps avant nous et les innocents souffrent — c'est comme ça que tourne le monde. Mais nous avons été envoyés pour lui et il est heureux avec nous.

- Puis-je vous faire un aveu, Domn ? Je veux ramener Jonathan autant pour lui que pour vous. Et j'aimerais retrouver Renfield aussi. »


Il sourit.

« Rill et moi, nous ne pouvons bien sûr pas avoir d'enfant mais Rill aime tellement s'occuper des faibles. Vous avez vu comment il était avec le bébé que Sinn nous avait ramené. Cette enfant aurait sûrement grandi, vieilli puis serait morte. Mais Renfield... »

Il regarda Draculea.

« Il n'est pas nécessaire que cela se passe comme ça avec Renfield. »

C'était plus une question qu'une affirmation.

Draculea lui sourit.

« Notre maison a récemment perdu un membre. Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas prendre quelqu'un d'autre qui convient. Nous verrons. Bien, après avoir hâté Rill, je ferais mieux de suivre mes propres conseils. »


Une troisième caisse fut ouverte et Draculea grimpa à l'intérieur. C'était un homme grand et il dut plus se blottir que les deux autres pour rentrer dans la caisse. Il regarda Simion et fit :

« Amène l'un des Roms avec toi ce soir. Je pense qu'il vaut mieux que nous restions à la cale au moins la première nuit.

- À vos ordres. »

Simion referma lui-même la caisse en verrouillant soigneusement le couvercle. Puis il fit un signe de tête aux Roms qui revenaient juste du bateau. Ils soulevèrent la caisse et la portèrent vers le Célestine, suivis par Simion. Trois jours, songea-t-il. Comparé à ce qu'il a vécu, ce n'est qu'un clin d'œil. Mais il sait que Jonathan est à l'autre bout de ce voyage. J'ai l'impression que ce sera presque interminable pour lui.

Le manoir Westenra

En dehors de Londres


Lucy entra dans la salle à manger en baillant.

« Il faut que tu saches, Mina, que tu es bien la seule pour qui je me lève à l'aube. »

Amusée, Mina leva les yeux de son assiette.

« Lucy, il est plus de huit heures. Ton père a pris son petit-déjeuner il y a déjà une heure et il est parti se promener à cheval. »

Lucy s'assit en face d'elle et prit une tranche de pain du panier au centre de la table. Elle étala dessus du beurre puis tendit la main vers le pot de confiture d'orange.

« Avant dix heures, c'est l'aube pour moi, Mina. Sois un ange — sers-moi une tasse de chocolat. »

Mina prit la cruche de chocolat et versa une tasse de chocolat épais qui sentait bon, puis prit la tasse et la soucoupe et les tendit à son amie. Lucy les prit et Mina ouvrit le journal replié sous son assiette. Elle observa Lucy mettre deux sucres dans sa tasse.

« Lucy ! Tu vas attraper le diabète.

- Ridicule. Ma bonne santé est effrayante. »

Elle mordit dans sa tartine d'un air affamé.

« Tu n'imagines pas à quel point c'est dur de convaincre les hommes que je suis fragile. »


Le maître d'hôtel entra. Il portait plusieurs enveloppes et un coupe-papier sur un petit plateau d'argent. Il le tendit à Lucy.

« Le courrier du matin, miss Lucy.

- Mm, mince, » marmonna-t-elle entre deux bouchées.

Elle avala, ressuya ses doigts sur une serviette et prit les enveloppes.

« Dois-je attendre pour une réponse, miss ?

- Quoi ? Oh, non. Non, bien sûr que non. Je ne vais pas prendre papier et stylo pour me dépêcher à répondre tout de suite. »

Elle prit le coupe-papier puis l'agita dans sa direction.

« Je vous le ferai savoir plus tard. »

Le maître d'hôtel s'inclina légèrement puis quitta la pièce en songeant que c'était dommage qu'on n'oblige pas les employeurs à avoir des lettres de références. Il aurait une ou deux choses intéressantes à dire sur le tempérament de miss Lucy.


« Des choses intéressantes ? demanda Mina.

- Oh, c'est le paquet habituel d'invitations et de notes pour remercier Papa et moi des visites qu'on nous a rendues. Oh. Mina, en voici une pour toi et elle n'est pas de Jonathan ou de ta mère. »

Mina posa le journal, intéressée, et tendit la main.

« Elle vient d'une société d'avocats. Mina, qu'est-ce que tu AS fait ? »

Mina lut l'adresse sur l'enveloppe.

« Cela vient des patrons de Jonathan. »

Elle accepta le coupe-papier que lui tendit Lucy et ouvrit l'enveloppe.

Lucy vit l'appréhension de son amie et fit :

« Peut-être que Jonathan a fait un véritable triomphe et qu'ils vont le ramener avec une augmentation de salaire et une position plus élevée.

- Tu ne sais pas grand-chose des affaires, fit Mina. Une lettre d'un patron est rarement une bonne nouvelle. »

Elle commença à lire.


Lucy observa une série d'émotions passer sur le visage de Mina. Elle se leva et alla à ses côtés. En passant ses bras autour du cou de Mina, elle fit :

« Qu'y a-t-il, Mina, ma chère ? Ce sont vraiment de mauvaises nouvelles ?

- Je... »

Mina agrippa la main de Lucy avec sa main libre.

« Ce sont à la fois de bonnes et de mauvaises nouvelles. Lucy, Jonathan a été blessé.

- Oh, pauvre Mina ! »

Mina inspira profondément.

« Ce n'est pas bon mais ils pensent qu'il va s'en sortir. Ils le renvoient à la maison. Lucy, pourrais...

- Bien sûr qu'il va venir ici ! Nous engagerons des infirmières pour le surveiller jour et nuit.

- Mais je voudrais...

- Oui, tu veux t'occuper en personne de lui mais tu ne peux pas tout faire. Et je suis sûr que ce cher Arthur sera ravi de le veiller personnellement.

- Cela pourra être nécessaire. Ils disent qu'il a été blessé à la tête et qu'il est resté inconscient pendant plusieurs jours. »


Sa main se referma sur celle de Lucy.

« Il... il se peut qu'il ne redevienne pas comme avant. Lucy, que vais-je faire ? »

Lucy l'embrassa.

« Tout ira très bien. Je suis sûre qu'il ira mieux. Tu sais que tu peux rester ici aussi longtemps que tu le désires, et si Jonathan a besoin d'aide... Il est spécial pour toi, Mina, alors il est aussi spécial pour moi. Bon, arrête de t'inquiéter. Il se peut que ce ne soit pas aussi grave que tu le crains. Il se porte assez bien pour voyager, non ?

- Oui. »

Mina se ressuya les yeux.

« C'est vrai. »

Elle serra Lucy dans ses bras.

« Je ne sais pas ce que je ferais sans toi. »

Lucy caressa les cheveux de Mina.

«  Quand arrivera-t-il ?

- Ils n'en sont pas certains, mais bientôt — deux ou trois jours. Un homme, une sorte de serviteur de l'église, je crois, va l'accompagner. »


Lucy fit sonner une petite cloche sur la table et le maître d'hôtel entra rapidement.

« Nous allons bientôt accueillir le fiancé de miss Mina. Il est blessé et il va passer sa convalescence ici alors il faut qu'on lui prépare une chambre confortable. Une à l'arrière de la maison, je pense, avec vue sur le jardin. Oui, la chambre bleue — celle avec le balcon. Puis quand il ira mieux, il pourra s'asseoir au soleil. Il y a un petit cabinet de toilettes à côté, parfait pour une infirmière. Faites-la préparer rapidement. Oh, et dites à la cuisinière de s'assurer qu'elle ait plein de nourriture qui convient à un invalide — plein de soupes fortes et claires, du pudding, des céréales, de la viande blanche — vous savez, ce genre de choses. »

Elle agita à nouveau les mains vers lui.

« Allez ! Dépêchez-vous ! »

Le maître d'hôtel s'inclina et partit distribuer les ordres en songeant ironiquement : Elle va vraiment se fatiguer à force de donner des ordres.

À bord du Célestine

Première nuit dehors


Le capitaine versa au propriétaire du navire un autre petit verre de rhum et observa attentivement l'autre homme le vider. Il en avait assez de travailler pour ce minable et les trois autres hommes de l'équipage partageaient son avis.

Ils en avaient parlé lors de leur dernière escale et étaient parvenu à une conclusion. La prochaine fois qu'ils auraient une cargaison assez précieuse, ils disparaîtraient tout simplement. L'âge d'or de la piraterie était dépassé depuis bien longtemps mais elle ne disparaîtrait jamais totalement — pas tant que des hommes comme lui navigueraient.


Le capitaine avait des relations. Avec la coopération de l'équipage, ce serait simple de prendre le bateau, naviguer dans un petit port discret de sa connaissance et se débarrasser de la cargaison et du navire. Mais bien sûr, le propriétaire et les passagers devraient se trouver une bonne couchette au fond de l'océan, et s'il risquait la pendaison, autant être sûr que le profit en valait la peine.

« Qu'y a-t-il dans ces caisses, alors ? » demanda-t-il.

Le propriétaire lui jeta un coup d'œil avant de ramener son regard sur la bouteille.

« C'est pas ton problème. Tout ce que tu as besoin de savoir, c'est qu'on est bien payés pour les transporter.

- Ça doit vraiment être très bien payé si c'est tout ce que vous prenez. On aurait pu attendre un jour ou deux et voyager à plein.

- Et j'aurais été un piètre homme d'affaires alors. Le client me paie presque trois fois plus pour un voyage rapide. »


Les yeux du capitaine s'écarquillèrent en entendant ça mais il évita soigneusement toute autre réaction. Le propriétaire devait vraiment être plus ivre qu'il ne le pensait pour laisser échapper ça. L'argent supplémentaire n'irait jamais aux mains de l'équipage — à moins qu'on ne le prenne de force.

« Eh ben, je peux pas imaginer ce dont on pourrait avoir besoin si rapidement en Angleterre. J'crois pas que des médicaments ou du matériel médical pourrait être transporté aussi grossièrement. »

Le capitaine renifla.

« Tu crois que ces gens ressemblaient à des médecins ? Des tziganes ! »

Il cracha à terre.


« Bien que celui qui les commande a un peu plus de classe. Les vieux riches — ils s'habillent comme ça. Pas voyant et simple, mais de bonne qualité.

- Alors vous pensez que c'est un riche ? Il n'irait pas plutôt sur un de ces paquebots de luxe alors ? Ils ont assez de place pour ses caisses. Il n'y en a que... voyons voir... neuf. Oui, l'un de ces bateaux de luxe pourrait facilement les transporter et il serait bien et confortable dans une de ces cabines. Il serait parmi les siens. »

Le propriétaire leva un doigt.

« Ah, mais s'il ne VEUT pas être parmi les siens ? Je pense qu'il est en déclin, celui-là. »

Le capitaine servit encore plus de vin au propriétaire et continua son interrogatoire. Il n'obtint pas plus d'informations et parvint à la conclusion que c'était en fait tout ce que le propriétaire savait. Il devrait en découvrir un peu plus par lui-même avant de décider s'il allait passer à l'action. Cela ne serait pas facile. Jusque là, il y avait toujours eu au moins un des passagers qui surveillait la marchandise à tout moment.


Il laissa le propriétaire couché sur la table en ronflant et se rendit à la barre. Le second était de garde. Il regarda le capitaine en faisant :

« Et alors ? Nous allons rester des marins honnêtes ? »

Le capitaine rit.

« Je ne sais pas encore. Il y a de l'argent à prendre. Ce vieux fou a reçu... »

Il hésita.

« ... le double du prix habituel et je sais qu'il a dû le prendre avec lui. Mais cela n'en vaut pas la peine. On doit savoir ce qu'il y a dans ces caisses.

- Je pense que ça doit être quelque chose d'intéressant, fit le second. Le cuisiner connaît quelques mots de roumain et il a écouté les tziganes parler pendant le dîner. Il les a entendu parler d'un prince.

- Eh ben ! Ouais, y a toujours un bon nombre de gens de la royauté dans les parages. Probablement d'un petit pays dont on n'a jamais entendu. Leur fortune ne vaut rien comparée à celle de Victoria mais ce sera suffisant pour des gens comme toi et moi.

- Peut-être que l'un d'eux a décidé de s'acheter un joli manoir pour aller avec son château. Peut-être qu'il a pris avec lui une partie de son 'nerritage'. On peut mettre une tonne de babioles en argent dans ces caisses. »


Le capitaine acquiesça et songea : Et pas que de l'argent. J'ai entendu parler de colifichets en or avec des pierres précieuses que les sangs bleus aiment s'offrir entre eux. Un ou deux de ces œufs de Pâques permettraient à un homme prudent de bien s'établir.

« Je pense qu'il est peut-être temps de devenir indépendant mais j'aimerais en être sûr. Dis au cuisiner de continuer à tendre l'oreille et dis aux autres de guetter une occasion de descendre jeter un coup d'œil. Mais dis-leur d'être très prudent. Ces Roms semblent robustes — ils n'auront sûrement aucun mal à défendre les biens de leur maître.

- Ça fait plaisir d'entendre que tu t'inquiètes pour eux. »

On ne pouvait pas manquer le sarcasme et le capitaine haussa les épaules.

« C'est pas facile de débarquer quand on est à court de main-d'œuvre, mais c'est possible. En plus, moins y a de gens, plus on y gagne, hein ? »

Le second lui sourit. Ils se comprenaient très bien.







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