Child of the Night 96

Partie Quatre-vingt-seize : Vieux ennemis


L'an de grâce 1892
La taverne Ring o' Roses,
Près du manoir Westenra, en dehors de Londres


On ne pouvait jamais savoir ce qui allait se passait dans une taverne durant les nuits de tempête. Soit l'endroit était désolé, presque désert, soit il regorgeait de gens qui cherchaient un abri. Ce soir-là, tout était calme au Ring o' Roses. Seuls les visiteurs les plus endurcis avaient bien voulu braver la tempête pour leur pinte du soir.

Le propriétaire, Digby, adossé contre le bar, polissait oisivement l'une de ses rares chopes en étain. De la poterie ou du verre lourd et peu cher était assez bon pour la plupart de ses clients. L'étain lui avait été transmis par son père qui l'avait lui-même reçu de son grand-père. Il était réservé aux clients 'de qualité' — et ils étaient rares, bien que pas entièrement inexistants.


Le lord Arthur Holmwood lui-même passait de temps en temps quand il était de bonne humeur. Il venait quand il en avait assez de courtiser ces filles de la haute société. Il aimait bien Nancy, la serveuse qui se blottissait pour l'instant contre l'un des rares clients de la taverne. Nancy ne pouvait pas parler d'art, de littératures et des modes actuelles mais elle savait quoi faire entre les draps pour qu'un homme se sente homme. Il n'allait sûrement pas passer ce soir, cependant. Autant que les gentilshommes juraient qu'ils adoraient la vie à la campagne, il n'y en avait pas beaucoup qui aurait voulu sortir et connaître ce que c'était lorsque le temps devenait mauvais.


Il leva les yeux alors que la porte s'ouvrait en laissant entrer une brise humide d'air — et deux nouveaux clients. Il commença à plaquer son sourire d'accueil sur son visage mais hésita lorsqu'il les vit. Il y avait un homme blond et trapu et un homme basané plus jeune. On ne pouvait pas se tromper sur le second. Digby haussa la voix.

« Pas de bohémiens ! »

Le doux murmure des conversations se tut alors que tous les yeux se tournèrent vers la porte. Au lieu de partir, les nouveaux venus se rapprochèrent du bar.

« Vous êtes sourds ? J'ai dit pas de maudits bohémiens ici ! »

L'homme blond plaqua sa main sur la table. Quand il la retira, il y laissa la lueur de l'or.

« C'est suffisant pour ignorer vos préjugés, au moins pour un moment ? »


Le regard de Digby fut attiré par la pièce et ses yeux s'écarquillèrent. C'était un demi souverain Le souverain était l'ancienne monnaie d'or en Angleterre. (1). Digby gardait quelques chambres au-dessus de la taverne pour les invités et cette simple pièce valait bien plus que ce qu'il demandait normalement pour la meilleure chambre — pendant un mois.

« Désolé, monsieur — j'ai dû faire erreur. Que puis-je faire pour vous ? J'ai une bonne chambre en haut et il y a un bon ragoût dans le four. »

Simion se tourna vers Salazar et lui parla en romani.

« Les chiens danseraient pour de l'or. Nous allons rester quelques minutes pour nous sécher et voir si nous sommes proches de la propriété du prince. Cela ne devrait pas être loin. Je suppose que tu as faim ? »

Salazar acquiesça en hochant la tête.

« Je n'ai pas pu manger à bord comme le maître et le jeune Rill. »


Digby gigota alors que les deux hommes discutaient dans une langue païenne. Il n'aimait pas ça mais il ne voulait pas renoncer à cette pièce. Finalement, l'homme fit :

« Nous prendrons du ragoût et de la bière. Quant à la chambre, il se peut que nous partions très bientôt mais nous vous ferons savoir si nous la voulons. »

Il sourit légèrement.

« Vous pensez qu'elle sera encore libre ? »

Digby n'était pas sophistiqué mais il n'était pas non plus stupide et il savait reconnaître du sarcasme quand il en entendait. Pourtant, de l'or...

« C'est plus que probable, monsieur. Choisissez une table et Nancy va tout vous amener dans un moment. »

Il tapa rudement la main contre le comptoir.

«  Nancy ! »

Nancy leva les yeux et Digby désigna Simion.

« Le repas pour ces deux-là, et bouge ton cul. »

Quand il retira sa main du comptoir, la pièce avait disparu.


Ils s'installèrent et Salazar fit :

« Alors, que fait-on maintenant ?

- On attend que le bateau soit découvert. Cela ne devrait pas prendre longtemps mais nous devrons peut-être attendre jusqu'au matin.

- Les deux sur le navire sont bien installés, mais qu'en est-il du maître ? »

Simion lui lança un regard ironique.

« Tu crois que le maître ne peut pas prendre soin de lui ? »

Salazar haussa les épaules d'un air penaud.

« Ne t'en fais pas pour lui. Même avant d'atteindre son état actuel, le prince savait comment survivre. Il a toujours été un guerrier, pas l'un de ces princes gâtés et mous. Il n'est pas beaucoup sorti depuis que tu le connais mais durant les premiers temps après avoir perdu son amour, il était agité. Il m'a fait une peur bleue, une fois. Il n'était pas revenu un matin. Je suis presque devenu fou d'inquiétude mais il est revenu le matin suivant. Il s'était aventuré plus loin qu'il le pensait et quand la lumière du jour était arrivée, il s'était enterré — il s'était creusé lui-même un trou puis avait remis la terre sur lui. »

Simion sourit.

« Il n'était pas très heureux mais il avait appris une très bonne tactique pour survivre. »


Le tenancier de la taverne avait fini de tirer un broc de bière et il tendait la main vers deux chopes en poterie. Mais il hésita en songeant à la pièce d'or dans sa poche. Il posa l'une des chopes en étain tant aimées sur le comptoir. Après avoir réfléchi un moment, il ajouta une seconde chope en étain. Il n'aimait pas qu'un bohémien boive dans un de ses meilleurs verres mais il avait l'intuition que le client qui payait pourrait s'offusquer s'il pensait que son compagnon était spolié. Il apporta les deux bonnes chopes sur la table.

Quand il partit, la fille arriva avec un plateau de nourriture. Elle étudia les deux hommes alors qu'elle déposait le ragoût, le pain et le fromage. Ils n'avait sûrement pas l'AIR riche mais si ce pingre de Digby était prêt à risquer un de ces précieux verres en étain, ils devaient être plus riches qu'ils en avaient l'air. Cela ne ferait pas de mal d'être amical. Elle leur fit une révérence en souriant :

« Et si vous voulez plus tard, monsieur, il y a un bon gâteau aux prunes dans la cuisine.

- Je vous le ferai savoir, » fit Simion.

La fille s'inclina à nouveau et flâna plus loin en balançant ses hanches. Simion remarqua que les yeux de Salazar suivaient le déplacement.


Salazar surprit son regard et sourit.

« Ça ne me gênerait pas d'en manger un morceau. »

Quand Simion lui lança un regard acéré, il poursuivit :

« Je plaisantais. J'ai trop de bon sens pour aller goûter tant que les choses ne se seront pas calmées ici. »

Simion grogna en rapprochant un bol et en prenant une cuillère.

« Ça me fait plaisir d'entendre ça. Les endroits comme ici sont réputés pour ne pas être tolérants envers les étrangers, surtout quelqu'un qu'ils considèrent comme un étranger. Et toi, Salazar, — tu aurais beau être né et avoir été élevé ici, en Angleterre, tu serais toujours un étranger pour eux. »

Ils avaient presque fini leur repas lorsque la porte s'ouvrit en grand et plusieurs hommes excités entrèrent.

« Il y a eu un naufrage ! hurla l'un d'eux. Un bateau s'est échoué à même pas un demi-mile d'ici. Et plus étrange encore, il n'y a aucune lumière sur le bateau. »

Un autre dit :

« Devrait y avoir de la lumière dessus. Devrait y avoir une fusée de détresse lancée. On a besoin de tous ceux qui peuvent sortir voir ce qui se passe. J'ai déjà envoyé quelqu'un chercher le docteur Seward, des fois qu'il y ait des blessés ou des malades. Mais s'il y A des malades parmi eux, on ne voudrait pas qu'ils débarquent tout de suite, et ce serait bien d'avoir quelques hommes de plus. »


Les autres clients se dirigèrent vers la porte. Simion héla :

« Vous pouvez voir le nom du navire ? »

Le premier homme se renfrogna :

« Pas avec cette tempête.

- Je vais à Londres pour croiser un navire. Il a très bien pu être détourné de sa course. Si c'est le Célestine, faites-le moi savoir.

- Je le ferai. Il y a un passager que vous deviez rencontrer ?

- Non, je ne suis qu'un agent et je suis là pour récupérer une petite marchandise. Si c'EST mon bateau, je serai ravi de payer pour qu'on débarque la propriété. »

Il y eut des murmures appréciateurs de la part des autres hommes. Un siècle plus tôt, un bateau échoué aurait été source de fête. La plupart des gens vivant dans cette région étaient pauvres et tout travail payé était une aubaine. Le fait que le policier local soit présent était sans doute ce qui empêchait l’histoire de se répéter.


La foule accrue se rua dans la tempête déclinante. Simion fit signe au tenancier de venir.

« Si c'EST mon bateau alors il est inutile d'aller jusqu'à Londres. En fait, ça pourrait me faire gagner du temps puisque la destination de la marchandise n'est pas loin. Si ma marchandise est débarquée du navire ce soir, vous auriez un endroit où je pourrais l'entreposer jusqu'à ce que je puisse m'arranger pour qu'on la transporte ?

- Si ce n'est pas trop grand. Il y a une écurie derrière, mais je m'en sers uniquement lorsqu'un client a des chevaux, ce qui n'arrive pas souvent. Elle est vide actuellement.

- Ce serait parfait. Nous attendrons le message des autres. S'ils reviennent d'ici une heure ou deux, je m'arrangerai pour que la marchandise soit transportée ici et je prendrai la chambre dont vous avez parlée. »


L'homme partit et Simion se versa un autre verre de bière.

Salazar l'observa puis fit :

« Vous êtes songeur.

- Je suis juste en train d'assimiler tout ça. Cela fait très, très longtemps que je me dirigeais vers cet endroit, cette situation, Salazar. »

Simion prit une gorgée de bière.

« Aussi longtemps que le prince. Quand Rill est apparu dans ma vie, il m'a rendu complet. Je pense à ce que je ressentirais si je venais à le perdre et je peux imaginer la douleur et le chagrin dont a souffert Draculea. Essayer de l'aider à retrouver son amour perdu a été le fil conducteur de mon existence pendant si longtemps.

- Et bientôt ce sera fini, fit Salazar. Vous êtes anxieux ? Vous pensez que la vie sera vide sans ce but ? »

Simion lui lança un regard perplexe puis rit brièvement.

« Non ! Voir finalement mon prince à nouveau heureux et content ? »

Il leva sa chope comme pour un toast.

« Je suis impatient d'y être. »

« Draculea quitta l'asile en se sentant un peu rassuré. Il s'était toujours senti coupable à propos de Renfield et il était content de voir que le petit commis n'était pas... aussi brisé. Mais il devait veiller à retirer bientôt Renfield de cet asile. Quand qu'il avait cherché Renfield, il avait senti des choses à travers leur lien. Renfield avait été en général bien traité mais il y avait des éléments perturbateurs dans l'asile. Il ne resterait pas longtemps en sécurité.

À en juger par les lettres que Jonathan avait écrites au château, sa fiancée n'était pas loin, restant chez une de ses amies. Jonathan avait parlé d'elle — Lucy Westenra. Il avait dit que Renfield avait été interné dans l'asile non loin et il espérait que Mina pourrait aller le voir et lui faire savoir si son ami allait bien. Oui, c'était là qu'ils amèneraient son bien-aimé. Il voulait connaître un peu cet endroit, les allées et venues — les faiblesses. Il reprit sa forme de loup et courut jusqu'aux lumières proches.


Draculea avait passé la plupart de sa vie dans des demeures construites pour la royauté, ou au pire pour la noblesse. Le fait qu'un endroit comme le manoir Westenra puisse appartenir à une personne du commun était vraiment le signe que les temps changeaient. Mais le manoir avait été conçu pour le style et le confort — pas pour la défense. Il ne serait pas difficile d'entrer sans être vu mais cela serait pour plus tard. Ce soir, il allait juste explorer.

Il évita la grande pelouse sur le devant et se fraya un chemin dans les arbres environnants jusqu'à l'arrière de la maison. Il y avait un jardin là. Il avait été conçu avec des massifs de buissons et des lits de grandes fleurs et d'herbes — cela fournirait une couverture suffisante pour le cacher, s'il était prudent.


Il se rapprocha aussi près qu'il l'osât et s'allongea dans un lit épais de quelques chose avec des fleurs de lavandes. Les feuilles qu'il écrasait émettaient une faible odeur de cannelle. Comment cela se produisait souvent, l'odeur lui rappela quelque chose — Nicolae dans les cuisines du château, rôdant autour du cuisinier taquin qui préparait des gâteaux épicés. Le loup gémit doucement au fond de sa gorge, le son ressemblant presque à un gémissement humain.

Il observa la maison pendant un moment. Aucune des tentures n'avait été tirée pour le soir, toutes avaient été laissées entrouvertes avec le même écart décoratif. Il pouvait voir de temps en temps passer une silhouette — des serviteurs à en juger par leurs vêtements.


Ses yeux furent attirés par le second étage. Deux chambres de chaque côté avaient un balcon en commun et les tentures sur la chambre de gauche étaient ouvertes plus largement que les autres. Ce devait être une pièce importante, réservée aux membres de la famille ou aux honorables invités. Il observa en tâchant d'être patient et sa patience fut récompensée.

Une jeune femme apparut à la fenêtre en regardant dehors. Ses yeux étaient fixés sur le ciel et elle parlait à quelqu'un dans la pièce derrière elle. Elle était assez jolie, avec des cheveux blonds bouclés, mais la première impression générale qu'eut Draculea fut 'gâtée'. D'après son visage animé, il imagina qu'elle parlait de la tempête mais pourtant il avait l'impression que la grandeur de la nature ne la rendait pas insignifiante, comme tant d'autres.


Il n'avait jamais vu cette fille auparavant mais il y avait quelque chose de familier chez elle — quelque chose qui allait plus loin que le physique. On pouvait dire de même pour la fille qui la rejoignit à la fenêtre. Elle avait les cheveux noirs et des grands yeux sombres. D'une certaine façon, elle ne semblait pas à l'aise avec son environnement riche. Ce devait être une invitée, pas un membre de la famille. Mina, songea Draculea. Celle qui croit tenir Jonathan. Ses lèvres se retroussèrent inconsciemment pour montrer ses dents.

Les deux filles se tenaient l'une près de l'autre en parlant. Mina glissa un bras autour de la taille de Lucy et la plus petite des deux se pencha contre elle. Les yeux de Draculea se plissèrent. Elles semblaient très familières entre elles — très familières. Mina se pencha et déposa un rapide baiser sur la joue de Lucy.


Vlad savait que bien que le reste du monde considérait les Anglais comme distants et rigides, ils tiraient fierté de leur dévotion en ce qui concernait l'amitié. Elle était louée dans des chansons et des histoires presque autant que l'amour romantique. Des rhapsodies furent écrites sur des amis qui étaient plus proches que des frères ou des sœurs.

Lucy tendit la main pour la passer derrière la tête de Mina et elle l'attira pour un autre baiser. Celui-ci était vraiment sur les lèvres et il dura bien trop longtemps pour être considéré comme sororal.

Soudain, quelque chose se mit en place pour Draculea. La mémoire sombre de deux autres femmes, physiquement différentes de ces deux-là, mais semblables au niveau de l'aspect, fut soudain claire. Un grondement sourd résonna dans la poitrine du loup, un son qui était bien trop rempli de haine pour sembler complètement sauvage. Des yeux jaunes se fixèrent sur les deux femmes.

Dans le manoir Westenra, Lucy interrompit le baiser pour regarder à nouveau dehors. Cette fois, elle baissa les yeux pour observer le jardin. La pluie était devenue de la bruine. Les nuages se dissipaient et la lune apparut en faisant briller les feuilles mouillées du jardin. Mais parmi les lueurs argentées, il y avait une lueur dorée et cela attira l'attention de Lucy.

« Mina, je crois qu'il y a un chien dans le jardin.

- C'est probablement l'un des épagneuls de ton père, fit Mina.

- Non, c'est impossible. Il fait très attention à eux. Ils sont tous dans le chenil.

- C'est peut-être un renard.

- Je ne crois pas. J'ai l'impression que c'est plutôt gros. Tu vois ? Dans ce lit, là. »


Elles regardèrent toutes les deux les yeux jaunes et Mina trembla.

« Je n'aime pas l'idée qu'il y ait quelque chose d'aussi gros si près de la maison.

- Oh, n'aie pas peur, chérie. Je le dirai à Père demain et il dira au jardinier de poser des pièges, ou bien le garde-chasse ira le chasser. »

Elle lança un nouveau regard et trembla.

« Il n'a pas bougé. C'est presque comme s'il observait la maison — NOUS observait.

- Ne sois pas aussi morbide, Lucy, fit fermement Mina. C'est juste un animal. Il attend juste de voir s'il y a des restes dehors, ou peut-être qu'il attend un bon chien gras.

- Tu es horrible, Mina. »

Elle se mordit la lèvre.

« Je ne sais pas. Je ne cesse de croire que j'ai déjà vu quelque chose comme ça avant. »


Les deux filles regardèrent la silhouette ombrée allongée dans les hautes herbes. Le loup leur rendit leur regard. Malgré la distance, c'était comme s'ils se regardaient droit dans les yeux. Le sentiment de reconnaissance grandit en Draculea et un sentiment similaire, faible et inquiétant, grandit en elles. Une simple pensée ordinaire passa rapidement dans l'esprit de chacun, si brève qu'elle en fut presque inconsciente.

Je vous connais.

Les filles reculèrent alors que les yeux dorés virèrent soudain au rouge puis disparurent. Elles purent apercevoir une brève forme ombrée et hirsute courir vers les arbres alors que Lucy et Mina s'étreignaient.

À bout de souffle, Lucy fit :

« Je ne vais PAS attendre demain ! »

Et elle se rua hors de la pièce pour dire à son père que quelque chose de dangereux parcourait leurs terres.



Notes du chapitre :
(1) Le souverain était l'ancienne monnaie d'or en Angleterre.






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