Child of the Night 99

Partie Quatre-vingt-dix-neuf : Enfin réunis



L'an de grâce 1892
La vieille Abbaye


Rill observa Sinn fouiller frénétiquement le contenu de la caisse au pied du lit. Le vampire jurait en français mais il leva subitement les mains en s'exclamant :

« Je SAVAIS qu'on allait oublier quelque chose d'important. J'aurais pu prendre le nécessaire si on m'avait laissé une caisse pour moi tout seul mais non — il n'y avait pas le temps, on devait voyager vite et léger.

- Je suis désolé, Sinn, fit Rill. J'ai dit à Simion que je n'avais pas besoin de grand-chose mais il n'a pas arrêté d'emballer. Qu'est-ce que tu cherches ?

- Mon gilet vert sauge. Il va si bien avec mes yeux.

- Je pense que le gilet à rayures semble joli.

- Joli, oui — mais si ordinaire. Pourtant, il va falloir faire avec. Le gilet gris est trop terne. »

Il prit le gilet rayé de la caisse à claire-voie et le mit.

« Je ne peux pas rencontrer un aristocrate anglais en ne portant qu'un simple gilet. Je suppose qu'un foulard serait de trop pour une visite informelle. Quel dommage. »


Il fit une grimace en choisissant une cravate gris charbon — assortie au gilet.

« Je te le dis, *chéri*, la vraie mode est morte et bien morte. »

Il enfila sa veste, fit quelques légers ajustements puis fit :

« Rill — mes cheveux ? »

Rill prit un peigne de sa poche, s'approcha de Sinn et remit quelques mèches en place.

« Merci, *mon ami*. C'est la seule chose que je n'aime pas dans notre état. Comment un homme peut-il être sûr d'être au mieux de son apparence s'il ne peut pas consulter son reflet ?

- Tu as toujours l'air joli, Sinn. »

Sinn lui tapota la joue.

« Tu es un brave garçon mais tu as peut-être un peu de préjugés. »


Il prit le peigne des mains de Rill et le garçon resta patiemment debout en laissant Sinn arranger ses cheveux jusqu'à ce qu'il soit satisfait.

« *Bon*. Je suppose que le prince a eu assez de temps seul avec nos visiteurs...

- Le comte. »

Sinn sourit en secouant la tête.

« Ah, oui — bien sûr. Merci de me l'avoir rappelé, Rill. Maintenant, allons accueillir les voisins. »

Ils descendirent et Simion attendait dans le couloir d'entrée.

« Souvenez-vous, tous les deux — vous devez être très prudents.

- J'étais prudent avec Robert et Jonathan, » fit Rill.

Simion caressa sa joue.

« Je sais, mais la situation est différente. Nous étions alors chez nous et maintenant nous sommes sur leur territoire. Nous devons avancer avec précaution. Tu te rappelles comment c'était lorsque nous voyagions. »


Il regarda Sinn.

« Quant à toi... »

Sinn renifla légèrement.

« Je t'en prie. Avant que les grands-parents de ces gens soient nés, je faisais des merveilles dans une société à l'équilibre encore plus précaire que celle-ci. »

Simion grogna mais il savait que Sinn disait vrai. Il conduisit les deux hommes vers Draculea et les visiteurs. Ils s'arrêtèrent à l'entrée du salon et quand le groupe se tourna pour voir, Simion fit :

« Maître Sinn et maître Rill. »

Draculea fit un signe et Sinn et Rill se rendirent à ses côtés.

« Laissez-moi vous présenter mister Sinn Barbee qui est un ami de France, et Rill — mon fils adoptif. »


Rill ne s'était pas attendu à ça et son sourire devint brillant. Les visiteurs furent vite présentés. Lucy jaugea rapidement les nouveaux venus et décida que Rill serait le plus facile à conquérir aussi se concentra-t-elle sur lui en premier. Elle se poussa sur le côté pour mettre un peu plus d'espace entre Mina et elle, et elle tapota le coussin.

« Asseyez-vous ici avec moi, mister Dracula. »

Rill prit le siège mais fit :

« Je vous en prie, miss — juste Rill. »

Il regarda Dracula qui lui lança un léger sourire.

« Il m'a fait entrer dans sa famille mais il n'y a qu'un seul Dracul. »


Mina regarda Rill de travers. Il était rare qu'on offre d'utiliser le prénom si vite. Elle avait été à l'école avec Lucy pendant des mois avant qu'elles n'en arrivent à cette intimité.

« Vous avez un accent intéressant, mister Rill.

- Juste Rill. »

Simion, qui se tenait dans le couloir, ne prit pas la peine de retenir son sourire. Il pouvait imaginer comment une jeune dame de la société réagirait devant l'insistance ingénue de Rill à être informel.

Mina hésita.

« Rill alors. Votre accent est un peu différent de celui du comte. »

Rill la regarda, perplexe, puis lança un regard au comte. Dracula fit :

« Nous avons vécu en Hongrie pendant la jeunesse de Rill. Naturellement, il a pris l'accent des gens autour de lui.

- Et votre temps là-bas n'a pas affecté votre propre accent ? » s'enquit Mina.


Dracula sourit.

« Miss Murray, je suis déjà bien âgé et j'ai mes habitudes. J'ai beaucoup voyagé dans ma vie mais je ne suis jamais resté assez longtemps quelque part pour que cela m'affecte beaucoup.

- Mister Sinn, fit brillamment Lucy. Parlez-nous des dernières modes à Paris. »

Quand Mina lui lança un regard, elle fit :

« Eh bien, nous devons nous fier à des magasines de mode et ils peuvent très bien dater de plusieurs mois. Puisque nous avons une source fraîche d'informations, autant en profiter.

- Hélas, fit Sinn, j'ai bien peur de ne pas pouvoir vous aider.. J'ai vécu avec le comte et la région autour du château est... »

Il sourit.

« Devrais-je dire, pas très urbaine ? Il n'y a pas de dames dans notre demeure et j'ai crains fort d'avoir limité mes intérêts à la mode masculine. »


Snob comme il était, Sinn avait été impatient de rencontrer lord Arthur Holmwood — mais il trouva que sa seigneurie était plutôt fade comparée à l'autre visiteur.

« Et je dois compatir à votre peine, mesdemoiselles, car je me sens horriblement à la traîne dans la mode. Par exemple, les bottes de mister Morris. »

Quincy avait observé Sinn avec intérêt en laissant la voix douce au léger accent le parcourir. Il se retrouva soudain au centre de toutes les attentions. Tout le monde regardait ses pieds. Ces Britanniques étaient entourés de chevaux et de chiens presque autant que lui dans son ranch, aussi devait-il se montrer prudent. Il baissa les yeux en se demandant s'il avait marché dans quelque chose dehors.

« Pardon ? »

Sinn se rapprocha et fit un geste.

« Je croyais connaître tous les styles de botte actuellement en vogue, mais je ne crois pas en avoir déjà vu de semblables. Le bout est si pointu ! »


Quincy rougit légèrement.

« Ma mère m'avait dit que j'aurais l'air ridicule si je ne laissais pas l'un de vos valets m'habiller. Je n'ai pas réfléchi et j'ai mis ma paire habituelle au lieu de celles que j'ai achetées à Londres.

- Ah, Américain — cela explique tout. »

Quincy était un jeune homme jovial mais d'ordinaire un peu réservé avec les gens qui étaient 'élégants' selon ses critères — et cette compagnie remplissait ses critères. Sinn, d'un autre côté... Il y avait quelque chose chez lui. C'était peut-être le fait qu'il était Français. La seule autre fois où il avait eu ce genre de réaction, ce fut avec un joueur créole à la Nouvelle-Orléans. Il se souvint de la fin de semaine qu'ils avaient passée. À présent, la chaleur n'était plus uniquement sur ses joues.

« Pas juste Américain — Texan. »

Sinn haussa un sourcil en souriant.

« Un cow-boy ? »

Quincy acquiesça.

« Magnifique ! »


Sinn sentit qu'il allait exploser d'anticipation. Quincy était un beau jeune homme robuste qui exultait une vitalité presque animale — et il était déjà intéressé. Oui, être un Nosferatu avait ses avantages. Les sens étaient beaucoup plus développés et avec un peu de patience et de concentration, c'était presque comme si on pouvait lire dans les pensées des autres. Mais avant même que je gagne cet état, il va falloir que j'en apprenne plus sur mister Morris. Ah, quelle chaleur ! Il semble que je vais avoir mes propres amusements pendant que Dracula courtise son Jonathan.

Le groupe parla encore un moment en conversant poliment de petits riens. Ceux qui étaient les plus à l'aise en société — Lucy, Arthur et Sinn — parlèrent le plus. Dracula se contenta de passer la plupart du temps à écouter et observer.


Finalement, Arthur fit :

« Comte Dracula, ma mère est impatiente de vous rencontrer. Elle...

- Alors il FAUT l'amener à mon dîner demain, » fit brillamment Lucy.

Elle ignora le regard ennuyé d'Arthur et sourit à Dracula d'un air charmant.

« Vous viendrez ? »

Elle inclut Sinn et Rill dans son sourire.

« Vous tous. Je sais que c'est vous prendre de court, mais... »

Elle désigna joliment la pièce.

« Vous ne POUVEZ pas être à l'aise ici. Laissez-nous vous offrir au moins un bon repas en signe de bienvenue. »


Dracula pencha la tête pour noter son accord.

« Nous en serons honorés, miss Westenra.

- Aimeriez-vous que je vous aide à trouver un cuisinier ou peut-être quelques domestiques ?

- Vous êtes bien aimable, mais ce ne sera pas nécessaire.

- Vous êtes sûr ? Les bons domestiques sont durs à trouver et pour parler franchement, les gens de la région pourraient être réticents à venir travailler ici. »

Elle baissa la voix.

« J'ai bien peur que votre nouvelle demeure n'ait une sorte de réputation un peu étrange. »

Il sourit.

« J'ai l'habitude des superstitions des classes inférieures, miss Westenra, et cela ne me dérange pas. Je vous remercie à nouveau, mais non. »

Sa voix s'élargit légèrement.

« Et ma maison n'a pas vraiment besoin d'un cuisinier. »

Le Julyan arriva en retard, mais sain et sauf. Il arriva dans le port de Londres à midi le lendemain de la tempête. Jonathan se disputa avec Lukas pour qu'il le dépose simplement à son appartement. Il ne doutait pas que Mrs. Halifax serait enchantée de prendre soin de lui et de le soigner jusqu'à ce qu'il récupère totalement.

Lukas répliqua patiemment que c'était hors de question. Il avait promis à la bonne abbesse qu'il déposerait Jonathan en sécurité au manoir de l'amie de sa fiancée et il le ferait. Il avait promis à Dieu qu'il surveillerait Jonathan jusqu'à ce qu'il soit convaincu que le jeune homme était en effet en sécurité et il le ferait. Il refusait toujours de dire à Jonathan QUEL danger il craignait.


Jonathan aurait quitté le navire lorsque Lukas serait parti pour préparer leur voyage (en rampant, si nécessaire), mais il n'en eut pas l'occasion. Lukas avait dit à l'équipage au début de leur voyage que son patient était délicat et... excitable — sujet à des délires. Quand Lukas expliqua la situation, le second fut ravi d'acheter des tickets de train et de louer une calèche pour les emmener à la gare.

Jonathan ne resta pas seul un seul instant. La gare fournit une chaise roulante aussi lui épargna-t-on au moins l'humiliation d'être transporté dans les bras de Lukas jusqu'au train. Puisque la porte du train et le couloir étaient trop étroits, il parvint à convaincre Lukas de le laisser marcher jusque dans leur compartiment — soutenu par Lukas et un portier.


Lukas insista pour que Jonathan s'allonge sur un banc, lui-même prenant l'autre banc. Ils avaient le compartiment pour eux tous seuls au début du voyage, et ils restèrent seuls. Plusieurs fois, Jonathan vit un passager s'arrêter et regarder à travers le panneau en verre de leur porte. Son expression était compatissante quand il le regardait mais ensuite ses yeux passaient sur Lukas et il partait rapidement.

Le voyage fut long. Jonathan ne cessait d'espérer que Lukas s'endorme — alors il pourrait peut-être se glisser dehors. Il n'était pas sûr de ce qu'il ferait s'il y parvenait. Demander de l'aide ? Que dirait-il ? Que Lukas était trop zélé dans ses soins ? Que la ferveur religieuse de cet homme le rendait nerveux ? Qu'il semblait avoir concentré cette ferveur sur Jonathan, comme un missionnaire férocement déterminé à sauver une âme en danger ?


Non, Lukas ne dormit pas. Il lut tranquillement sa bible ou dit son rosaire, mais il ne montra aucun signe d'assoupissement ou, en fait, de fatigue. Ce fut Jonathan qui s'assoupit, bercé par le mouvement régulier du train et le fait que, malgré sa compagnie perturbante, il était à nouveau sur des terres confortablement familières.

Il n'avait peut-être pas aussi bien récupéré qu'il l'aurait pensé car il dormi durant presque tout le voyage, ne se réveillant que lorsqu'ils arrivèrent finalement à destination. Jonathan espéra à nouveau qu'il aurait quelques minutes de tranquillité alors que Lukas organiserait leur voyage jusqu'au manoir Westenra mais l'employé de gare se révéla complaisant au point d’en être exaspérant. Il semblait qu'il avait un cousin qui vivait non loin de la gare et qui avait l'habitude de transporter les voyageurs pour un prix très raisonnable. Alors qu'il était transporté à l'arrière de la charrette de l'homme, Jonathan songea qu'il en avait vraiment assez de voyager. Tout ce qu'il voulait, c'était s'installer à un endroit et y rester pendant un siècle — ou jusqu'à la fin de sa vie, cela dépendait ce qui viendrait en premier.


Le voyage jusqu'au manoir Westenra fut court mais Jonathan se sentit très fatigué au moment où ils arrivèrent. Le conducteur arrêta la charrette juste devant la porte d'entrée et il les regarda.

« Nous y voilà. Z'aurez b'soin d'aide pour le transporter ?

- Je ne doute pas que nous aurons pleins de bras volontaires. Faites-leur savoir que nous sommes arrivés. »

Le cocher parut surpris.

« Quoi — toquer à la porte ? »

Lukas fit sèchement :

« Ne perdez pas de temps ! Ce jeune homme est un honorable invité — ils l'attendent. Ce n'est pas le moment de s'inquiéter d'empiéter sur vos supérieurs. »

Le cocher obéit avec réticence. Il descendit et s'approcha de la porte. Il retira son chapeau avant de toquer. La porte s'ouvrit rapidement et un valet de pied à l'air hautain le regarda puis fit :

« L'entrée pour les marchands se situe derrière mais on ne prend pas de livraisons à cette heure-ci. »


Il commença à fermer la porte et Lukas héla sèchement :

« Vous attendez la venue de mister Jonathan Harker. »

Le valet fut galvanisé.

« Mister Harker ? Un instant — je vais chercher de l'aide pour le faire entrer. »

Il disparut à l'intérieur mais seulement pour une minute. Les nouvelles pouvaient se répandre facilement dans une maison de campagne anglaise. En peu de temps, quatre valets robustes étaient sortis en rapportant une couverture qui servirait de litière. Tandis que Jonathan protestait vainement qu'il pouvait marcher, il fut porté dans le brancard et les valets de pied commencèrent à le porter dans la maison.

Avant qu'ils n'atteignent la porte, Mina se rua dehors, suivie de près par Lucy.

« Jonathan ! Oh, mon pauvre chéri. »

Heureusement, les valets tenaient bien la couverture. Ils ne le lâchèrent pas lorsque Mina se rapprocha pour embrasser à moitié Jonathan.


Jonathan attendit le sentiment de soulagement et de joie qui aurait dû venir durant les retrouvailles avec la femme qu'il allait épouser. Mais il sentit un vague sentiment de malaise et d'embarras. Il y avait quelque chose de peu sincère dans l'accueil expansif de Mina. Elle n'avait jamais été du genre à montrer ses sentiments avant. Il en fut presque reconnaissant lorsque Lukas fit :

« Jeune dame, je vous en prie — il ne va pas bien. »

Mina recula un peu pour permettre à Jonathan de respirer et fronça les sourcils.

« Qui êtes-vous ? »

L'homme s'inclina.

« Je suis Lukas Kreski, le portier de l'église de Tepeslau. J'ai aidé le père Josef lorsqu'il a retrouvé mister Harker sur les rives de la rivières. J'ai pris soin de lui durant tout le voyage.

- Bien, fit Lucy. Vous devez rester avec nous un jour ou deux avant votre retour. Nous vous trouverons une chambre dans... »


Elle était sur le point de dire 'le quartier des serviteurs', mais elle songea que Lukas n'entrait pas vraiment dans la classe des domestiques.

« Une chambre confortable. Vous avez des fonds pour votre voyage de retour ?

- Le Seigneur m'en fournira, fit calmement Lukas. Mais mon voyage de retour n'est pas important pour l'instant. Je vais rester pour m'occuper de mister Harker. »

Il y eut un bref silence alors que Lucy et Mina tentait d'assimiler cette déclaration. Les valets échangèrent des regards amusés. Tout le personnel connaissait les grands plans de Lucy pour soigner Jonathan. Ils savaient aussi que ses soins consisteraient surtout à s'agiter avec un tablier en dentelles, à tapoter de temps en temps un oreiller, à donner à l'invalide quelques cuillères de bouillon et peut-être à lui faire la lecture — si elle n'était pas trop ennuyée.


Finalement, Mina fit d'un ton rigide :

« C'est très aimable de voter part mais ce n'est pas nécessaire. C'est mon devoir en tant que fiancée. Lucy va m'aider et comme vous pouvez le voir... »

Elle désigna les valets patients puis l'endroit où l'une des servantes attendait dans le couloir.

« ... il y a assez d'aide. Nous ne savons pas combien de temps Jonathan aura besoin d'aide et nous ne pouvons vraiment pas vous demander de retarder votre retour jusqu'à...

- On m'a dit que mister Harker était enfin arrivé. »

Mister Westenra sortit de la maison en se rendant directement près de Jonathan.

« Eh bien, mon garçon. C'est une sacrée aventure que vous avez eue, n'est-ce pas ? Mais vous êtes en sécurité ici à présent et nous prendrons soin de vous. Lucy ne me pardonnerait jamais si je n'offrais pas au fiancé de Mina tous les accommodements possibles. »

Il regarda Lukas.

« Qui êtes-vous ? »


Avant que Lucy ou Mina ne puissent parler, Lukas s'inclina et fit :

« Lukas Kreski, monsieur. J'ai sauvé mister Harker de la rivière et je me suis juré de ne pas le quitter tant que je ne serai pas moi-même convaincu qu'il aille bien et qu'il soit en sécurité.

- C'est un sentiment admirable. Vous êtes entraîné à vous occuper d'un invalide ?

- Je me suis occupé seul de mister Harker durant le voyage. Il m'a été confié par l'Abbesse des Petites Sœurs des Cinq Blessures Sacrées et elle ne risquerait pas la santé ou la sécurité d'une personne placée sous ses soins.

- Tant mieux, alors. Ce n'est pas facile de faire venir des infirmières compétentes ici. Les seules toutes proches sont à l'asile et je suis sûr que Seward ne pourrait pas se passer de l'une d'elles. En plus, leur travail est plus de s'occuper des lunatiques que de vraiment soigner. Lucy. »


Il tapota le bras de sa fille.

« Ça te laissera du temps libre pour arranger la visite du comte demain soir. Je sais que tu t'agites pour le moindre détail. Peters, emmène Jonathan dans la chambre libre avec vue sur le jardin. Comme ça, il sera près de vous deux, mes demoiselles, et vous pourrez le cajoler et le gâter comme vous voudrez. »

Satisfait que tout ait été arrangé, mister Westenra hocha la tête et rentra dans la maison.

Il y eut un autre silence bref puis Lucy se mit à rire.

« Eh bien, voilà pourquoi Père a aussi bien réussi dans les affaires. Il voit une opportunité, il s'installe puis la saisit. Il semblerait que mister Kreski va rester avec nous un moment. Il y a une petite chambre pour une servante jusque dans le même couloir que la chambre de Jonathan — cela devrait aller. Venez, mister Kreski, et je vais vous montrer où restera Jonathan. Vous pourrez me dire s'il manque quelque chose. »

Elle le conduisit dans la maison.


Les valets étaient prêts à suivre mais Jonathan saisit la main de Mina en la pressant de se pencher à nouveau. Elle le fit mais se retint de le prendre à nouveau dans ses bras.

« Mina, murmura-t-il. Je vous en prie, faites partir Lukas.

- Jonathan, vous avez entendu ce qu'a dit mister Westenra et c'EST logique. Je n'aime pas particulièrement cet homme mais il est compétent.

- Vous ne comprenez pas, Mina. Il y a quelque chose qui ne va pas avec cet homme.

- Mais quoi ?

- D'abord, c'est un dévot. La ferveur religieuse est une chose mais il va beaucoup trop loin.

- Comment donc ? »


Jonathan la regarda. Il ne pouvait pas le dire. Il ne pouvait pas parler de l'auto-mutilation de Lukas à une jeune femme bien élevée et protégée comme Mina.

« Vous devez me croire, Mina. Cet homme est un danger — pour lui-même du moins. »

Elle secoua la tête en s'éloignant.

« Vous n'avez pas les idées claires. »

Elle toucha gentiment sa tête et il grimaça. La bosse s'était réduite de beaucoup mais elle n'avait pas complètement disparu.

« Mon pauvre Jonathan. Ne vous en faites pas — je ne laisserai rien vous faire du mal. Tout ira très bien désormais. Vous êtes de retour en Angleterre, sourit-elle, et qu'y a-t-il à craindre en Angleterre ? »







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