Child of the Night 119

Chapitre Cent dix-neuf : Invitation



L'an de grâce 1892
L'abbaye de Carfax


Quincy avait essayé de rester patient tandis qu'il attendait le retour de Sinn mais ce n'était pas aisé. Il avait été attiré par Sinn depuis la première fois où il l'avait vu et cette attirance semblait augmenter au fil des heures. Quincy avait fait plus d'introspection que la plupart des hommes de son âge et de son milieu et il se rendit compte qu'il ne faudrait pas grand-chose pour que ses sentiments pour le Français tournent à l'obsession. Une telle possibilité l'aurait normalement dérangé mais à présent... À présent, tout ce à quoi je peux penser, c'est que j'aimerais énormément passer un long, long moment à découvrir chaque pouce de cet homme et chaque recoin de sa petite âme sombre.

Sinn savait qu'il était empressé mais Quincy se disait qu'il valait mieux qu'il ne sache pas à QUEL POINT il était empressé, aussi se força-t-il à s'asseoir devant la cheminée. Même alors, il réalisa que son pied remuait sans cesse et que ses mains s'agrippaient aux bras du fauteuil comme si elles touchaient de la chair ferme. Depuis le spectacle sensuel de Sinn au rez-de-chaussée, le désir semblait courir en lui comme si une faible fièvre augmentait régulièrement. Était-ce dû au vin ? Il avait l'habitude des alcools forts — le vin ne l'avait jamais enivré sauf s'il consommait une bouteille entière. Quoi que cela soit, sa peau était devenue plus sensible. Il effleura l'intérieur de son poignet de ses propres doigts et frémit en sentant son sexe à moitié dur se durcir encore plus. Il s'imaginait qu'il s'agissait des doigts de Sinn. Ou mieux encore, sa bouche.


Quincy ouvrit sa veste en se penchant sur le fauteuil et il l'enleva pour la laisser tomber sur le bras du fauteuil. Après seulement une seconde d'hésitation, il défit et retira sa cravate puis commença à déboutonner sa chemise. Avec la plupart des autres hommes qu'il avait connus dans sa vie, il aurait hésité en se demandant s'il ne poussait pas le bouchon un peu trop loin en se déshabillant alors qu'il les attendait. Mais avec Sinn... Il sourit et retira sa chemise. Il se dit que si Sinn le trouvait nu, il en serait ravi.

Une fois qu'il eut retiré le vêtement en dessous de la chemise, il s'arrêta. Il avait regardé autour de lui et avait remarqué que, bien que la pièce soit généralement en ordre, le sol n'avait pas été balayé depuis un moment. Le tapis s'était épaissi de la poussière des années. Quincy présuma qu'avec le petit nombre de serviteurs que possédait le comte, battre des tapis n'était pas la priorité des tâches ménagères. Quincy songea à s'asseoir sur le lit pour retirer le reste de ses habits mais changea d'avis. Il ne voulait pas attendre Sinn nu sur son lit. Ce genre de choses suggérait trop la soumission. D'après lui, c'était le partenaire le moins agressif qui devait attendre. Bien qu'il n'y ait pas grand-chose de passif chez cet homme, songea-t-il.


La porte s'ouvrit et Sinn se glissa à l'intérieur en la refermant doucement. Puis il s'adossa contre la porte, les mains derrière le dos d'un air faussement modeste, et pencha la tête pour sourire à Quincy.

« Je vois que tu t'es mis à l'aise, *chéri*. Mais pourquoi t'arrêter là ? »

Quincy se leva et alla s'asseoir sur le lit.

« Pourquoi tu ne viendrais pas m'aider ? »

Son ton en fit plus un ordre qu'une question.

« C'est une invitation que je ne peux refuser. »

Sinn se glissa vers lui. La plupart des gens qu'il avait rencontrés en Angleterre songeaient que, puisque Quincy Morris venait du Texas, ce devait être un habitant de la frontière inculte. Ils ne se disaient pas que la culture était encore plus recherchée là où on avait enfin fini de se battre pour survivre. En tant que membre de la classe des propriétaires fortunés, Quincy avait connu les arts aussi bien que tout autre gentilhomme anglais. Quincy avait vu les grandes compagnies de ballet de son époque et Sinn Barbee pouvait se déplacer avec plus de grâce sinueuse que tout danseur de ballet qui provoquait l'émerveillement chez les dames titrées du public.


Sinn oscilla un moment devant Quincy puis se mit lentement à genoux et tendit la main.

« Je suis maintenant ton serviteur, Quincy. Donnez-moi votre pied, maître, pour que je puisse... »

Le cœur de Quincy accéléra alors que la pointe rose de la langue de Sinn passa sur sa lèvre inférieure.

« ... vous servir. »

Quincy tendit son pied droit pour le poser entre les mains de Sinn et Sinn commença lentement, lentement à retirer la botte, enlevant le cuir un pouce à la fois. Quand il l'eut complètement retirée, il mit la botte de côté puis défit la chaussette de Quincy et la retira encore plus lentement que la botte. Alors qu'il tirait sur la laine douce, il laissa ses doigts caresser le mollet de Quincy, son tibia, sa cheville et finalement son pied. Il caressa la plante de ses pieds en disait :

« On s'attendrait à ce qu'un bouvier ait les talons aussi durs que les sabots de son troupeau mais ce n'est pas le cas avec toi, Quincy. »

Quincy saisit rapidement les cheveux de Sinn.

« C'est la seule partie de moi qui soit douce. »

Sinn rit.

« Ma remarque titille ta fierté, Quincy ? Cela ne devrait pas. »


Quand Quincy relâcha ses cheveux, Sinn pencha la tête et déposa un baiser dans l'arc du pied de Quincy.

« C'est le contraste qui m'intéresse. J'ai le sentiment, Quincy, que je pourrais t'explorer des siècles durant et encore découvrir des aspects nouveaux de toi qui me plairaient. »

Il lécha délicatement le plus petit orteil de Quincy.

« Fils de pute, fit Quincy dans un souffle. Juste au moment où je me dis qu'on ne peut pas faire plus pervers, tu trouves quelque chose pour me surprendre. »

Il poussa le talon de sa botte gauche contre le ventre de Sinn et ordonna :

« Enlève-moi ça — et prends ton temps. »

Sinn pencha la tête de façon à ce que ses longs cheveux tombent en avant pour cacher la plus grande partie de son visage. Certains auraient pu trouver la pose servile mais Quincy savait que ce n'était que cela — une pose. Sinn lui faisait un spectacle pour enflammer sa libido — et il y parvenait. Sinn retira la dernière botte de Quincy et la mit de côté. Cette fois, quand il retira la chaussette, il explora chaque parcelle de peau révélée avec sa bouche. Cela consistait principalement à lécher et déposer de légers baisers mais juste au moment où Quincy songeait qu'il allait somnoler, un pincement subit arrivait pour capturer son attention.


Lorsque Sinn l'eut totalement déchaussé, Quincy était excité de façon presque douloureuse. Il avait songé à ce que Sinn le fasse jouir avec sa bouche mais il savait à présent que ce ne serait pas suffisant. Il devait s'enfoncer dans les fesses étroites de Sinn et sentir cet homme le tenir de la façon la plus intime possible.

« Tu n'as pas de lubrifiant dans le coin ? »

Sa voix lui sembla rauque.

Sinn était en train de sucer l'un des orteils de Quincy. Il leva les yeux avec une interrogation espiègle.

« En aurons-nous besoin ?

- À moins que tu n'AIMES vraiment te faire déchirer. »

Sinn reposa le pied de Quincy, ses lèvres se pinçant en une petite moue, puis il sourit :

« Il faut parfois souffrir pour être récompensé mais oui — j'ai de l'huile. »

Il baissa les cils puis regarda Quincy au travers.

« J'ai pensé qu'elle serait peut-être utile. »

Quincy baissa la main vers sa braguette.

« Alors pose ton cul sur le lit. »


Sinn leva les mains pour saisir les poignets de Quincy.

« Attends. Tu es si impatient.

- Si j'étais vraiment impatient, tu serais en ce moment même sur ce lit avec mon sperme en train de refroidir sur toi. »

Sinn rit.

« Et tu as une si élégante tournure de phrase. Quincy, une fois que nous nous serons bien amusés, j'aurai une proposition pour toi. »

Ses mains resserrèrent leur prise et Quincy put sentir leur force. Sinn cultivait une image délicate mais Quincy savait que ce n'était qu'une façade.

« Tu dois me promettre d'y réfléchir très sérieusement. Ce sera la plus importante décision que tu auras jamais à faire. Cela pourra... te changer la vie. »

Quincy l'examina en se disant : Soit il va me proposer de partir avec moi ou de venir avec lui. Il hocha la tête.

« Très bien. Ce dont nous parlerons après ne sera pas un jeu. »


Sinn bondit sur ses pieds et saisit la braguette de Quincy en tirant fort. Quincy se raidit de surprise alors que plusieurs boutons tombaient sur le tapis. Sinn défit la ceinture en quelques gestes rapides et il fit descendre le pantalon et les sous-vêtements à mi-chemin le long des cuisses de Quincy. L'érection de Quincy se dressait sur son chaume pubien, la tête déjà visqueuse. Quincy fit un pas vers Sinn mais le jeune homme recula puis se déshabilla rapidement. Quincy savait à quel point Sinn était méticuleux avec sa garde-robe et son abandon désespéré alors qu'il déchirait ses vêtements et les jetait à terre en disait aussi long sur son empressement que son sexe pâle et dur.

« Comment tu me veux, Quincy ? Sur le lit ? À genoux ?

- Couche-toi. Je veux pouvoir te regarder dans les yeux cette fois. »


Sinn se laissa tomber sur le dos en s'étirant de façon indolente.

« Comme c'est délicieusement intime, » fit-il d'un ton traînant.

Quincy lui sourit férocement.

« Oh, nous allons être intimes, rassure-toi. La seule chose la plus intime que ce que j'ai prévu pour toi serait un bébé dans le ventre de sa mère. »

Sinn feignit le choc.

« Je t'en prie, *chéri* ! Ne parle pas de Maman pendant que je suis nu. C'est TELLEMENT indécent. »

Il agita un doigt en direction de la commode près du lit.

« L'huile est dans ce tiroir. »

Il se tortilla.

« Utilises-en une bonne dose. Cette position requiert que cela glisse bien pour une stimulation maximale. »

Alors que Quincy ouvrait le tiroir en question, il fit :

« Tu sais, j'ai l'impression que tu sais vraiment de quoi tu parles. »


Tandis qu'il s'asseyait sur le lit et ouvrait la bouteille, il fit :

« Mets-toi sur le côté, dos à moi.

- Mais je croyais que tu voulais...

- Je dois d'abord t'étirer et c'est plus facile comme ça. Penche-moi cette jambe. »

Sinn roula sur le côté, tournant le dos à Quincy, et murmura :

« On n'apprend pas à sa grand-mère à gober des œufs, Quincy. »

Quincy avait versé une bonne dose d'huile sur les doigts de sa main droite. Il utilisa la gauche pour saisir Sinn à la hanche, ses longs doigts suivant la courbe du creux de ses fesses pour les séparer.

« Ma grand-mère, fit Quincy, était une vieille dame courageuse qui a enterré trois maris, et l'un d'eux est mort durant ce qu'on appellerait des circonstances 'intimes'. »

Tout en parlant, il pressa un doigt contre l'ouverture de Sinn et il poussa — fortement.


Sinn haleta, son corps se raidissant alors que le doigt épais s'enfonçait profondément, étirant brusquement des muscles contractés. C'était douloureux mais le doigt finit par se loger fermement contre sa prostate, terminant la brûlure par une bouffée de pur plaisir. Il renifla doucement son appréciation puis poussa ses hanches en arrière afin de gagner une fraction de plus. Quincy eut un léger rire. Parce que c'était ce que lui-même voulait, Quincy faisait ce que Sinn voulait. Il commença à faire des allers et venues dans l'étroit tunnel, s'arrêtant de temps à autres pour tordre ou agiter son doigt. À chaque poussée, il caressait la prostate — non pas une fois, mais plusieurs fois. Sinn se mit bientôt à jurer sans interruption en français. Quincy avait un peu appris le créole mais c'était aussi différent du français que le texan-mexicain parlé par la plupart de ses hommes du ranch l'était de l'espagnol classique parlé en Castille. Pourtant, c'était assez similaire pour qu'il puisse saisir un mot par ci, par là, et ce qu'il put comprendre le fit sourire. Le langage de Sinn était cultivé et raffiné en bonne compagnie mais il était grossier au lit.


Quand il sut que l'anneau rigide de muscles s'était suffisamment détendu pour éviter des blessures, Quincy retira son doigt. Ignorant les protestations de Sinn et ses ferventes demandes de se dépêcher, il versa plus d'huile sur son propre sexe, frottant pour être sûr qu'il était bien enduit. Quincy songea avec un vague étonnement qu'il n'avait jamais été aussi excité de toute sa vie. C'était comme si la chaleur de son membre allait lui brûler la main alors qu'il tentait de se préparer. L'intérieur de Sinn avait été légèrement froid et Quincy savait que la seule façon de soulager cette chaleur croissante était de s'enfoncer dans son corps.

Quincy fit brutalement tourner Sinn sur son dos et il se déplaça sur le lit. Il écarta tant les cuisses de Sinn qu'on aurait presque dit une fermière en train de démanteler un poulet. Quincy souleva les jambes de Sinn jusqu'à ce que ses genoux pendent sur ses épaules. Cela laissait les fesses de Sinn grande ouvertes, presque au même niveau que le nœud sautillant du membre de Quincy. Quincy baissa les yeux pour saisir son sexe afin de le guider vers sa cible désirée. Sinn arqua le dos pour étirer ses fesses et le trou détendu et rougi sembla faire un clin d'œil à Quincy pour l'inviter.


Quincy posa la tête de son sexe contre l'anus de Sinn et poussa sans hésitation. Sinn roucoula et Quincy gémit alors que la chair épaisse s'enfonçait profondément dans les profondeurs glacées du corps de Sinn. Quincy le pénétra totalement du premier coup, ne s'arrêtant que lorsque ses boules furent en contact avec le creux du dos de Sinn. Puis Quincy saisit les cuisses de Sinn pour pousser ses jambes en arrière alors qu'il commençait à le baiser. Sinn passa ses bras derrière sa tête et saisit le montant du lit pour se retenir. Cela empêchait sa tête de cogner contre le montant du lit et lui donnait assez de recul pour se pousser contre les coups de Quincy.

Quincy baissa les yeux vers Sinn alors qu'il le pénétrait. La plupart de ses autres partenaires gardaient les yeux fermés pendant qu'il les baisait afin de se concentrer sur leurs propres sensations. Sinn lui rendait son regard, ses yeux ne quittant pas un seul instant son visage. Quincy ne doutait pas que Sinn était en train de penser à lui et rien qu'à lui. La plupart du temps, Quincy s'était dit que, en ce qui concernait ses partenaires de lit, il n'était rien de plus qu'un étalon — et que n'importe quel autre homme avec un bon sexe aurait été un remplaçant tout à fait acceptable. Mais avec Sinn... Sinn LE voulait et Quincy était déterminé à lui donner TOUT de lui.


Sinn grogna de plaisir alors que Quincy s'enfonçait en lui. Il avait eu tant d'amants durant les siècles passés, sans compter ceux qu'il avait dû oublier, mais Quincy — Quincy était spécial. C'était le premier homme avec qui Sinn se sentait à égalité depuis qu'il était devenu un vampire. Pas un supérieur — c'était réservé à Dracula. Sinn n'avait jamais douté un seul instant qu'il était soumis à l'ancien vampire. Renfield n'avait pas fait le poids contre Sinn, sa volonté s'effondrant au moindre contact. Pas lorsque cela concernait Jonathan, bien sûr, mais Sinn savait qu'il s'agissait de deux choses différentes. Non, pour lui, le pauvre Renfield avait été doux et vulnérable et ce n'était pas non plus ce que voulait Sinn. Rock ? il se croyait puissant et dominateur. En réalité, il avait une force brute et une arrogance aveugle. Cela avait été amusant pendant un moment mais Sinn s'était fatigué de lui. Si Rill ne l'avait pas tué, Sinn aurait éventuellement dû le faire lui-même. Il était certain que Rock n'aurait jamais accepté un non de sa part et si Sinn avait décidé qu'il en avait assez de lui — il n'aurait certainement pas continué à le supporter.


Sinn plongea soudain en avant pour joindre ses mains autour du cou de Quincy et il l'embrassa. Si Quincy avait été en état de penser en ce moment, il aurait été abasourdi par la flexibilité de l'autre homme. Ou il aurait pu se dire que depuis le peu de temps qu'il le connaissait, il avait en fait embrassé Sinn plus de fois que tout autre homme dans sa vie. Ce que Quincy faisait avec d'autres hommes n'incluait pas en général de baiser — en tout cas, pas le baiser traditionnel et romantique. Mais pourtant, avec Sinn, il n'y avait rien d'efféminé à ce sujet aussi Quincy rendit-il ce baiser avec toute sa vigueur habituelle, plongeant sa langue dans la bouche de Sinn alors qu'il plongeait son sexe dans le cul de Sinn.

Sinn jouit bientôt, ses hanches s'agitant. Quincy sourit de triomphe alors que ses sensations se multipliaient soudain. Il sentit le jet de liquide entre eux et le resserrement de la prise autour de son sexe implanté. Cela le fit rapidement jouir à son tour. Quincy ralentit jusqu'à s'arrêter, toujours à l'intérieur de Sinn, et il lui sourit, haletant. Sinn avait encore ses mains autour du cou de Quincy. Il les fit glisser jusqu'à tenir le visage du Texan entre ses mains.


« *Magnifique* comme toujours, *chéri*. Avant que tu ne te détendes, je dois te prévenir — ne sois pas alarmé par ce que tu verras. Je t'assure que je me porte à merveille, tout comme toi. Ce n'est pas quelque chose dont tu as l'habitude mais je peux te jurer qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter. »

Quincy grogna en se retirant.

« Bon sang, Sinn, tu parles comme si j'allais m'évanouir ou... »

Sa voix mourut alors qu'il vit son amant. Le ventre plat et pâle de Sinn était recouvert de sang, des gouttes allant jusqu'à son torse. Quincy fut trop étourdi par cette soudaine révélation pour réagir immédiatement. Sa première pensée fut qu'il avait dû être plus violent qu'il le pensait et qu'il avait déchiré Sinn. Il ne pouvait pas imaginer comment le sang avait pu arriver là mais il ne pouvait pas trouver d'autre explication. Puis il sentit Sinn le saisir par les épaules. Il y avait quelque chose dans la voix de Sinn qui empêcha la panique de surgir. D'une voix tendue, il fit :

« Tu n'as pas trop mal ? »


Sinn secoua lentement la tête. Quincy se libéra de son étreinte et s'assit à côté de lui.

« Je ne crois pas qu'il me soit possible de saigner autant sans rien sentir, alors ce n'est pas mon sang. Il se trouve pile au bon endroit pour venir de... »

Il trempa ses doigts dans les tâches rouges puis les renifla.

« Tu es sûr qu'il n'y a pas quelque chose qui ne va pas à l'intérieur, mon gars ? »

Sa voix était inquiète.

« Non, *chéri*. Je suis simplement comme ça. »

Sinn roula sur le côté pour se redresser sur un coude et poser sa tête dans sa main.

« Si la lumière avait été plus forte en bas, tu l'aurais remarqué quand j'ai, euh, fortifié ton vin. »


Quincy posa un oreiller contre le montant et s'installa confortablement.

« Tu prends les choses plus calmement que prévu.

- Eh bien, j'ai entendu dire que les nobles européens avait souvent de drôles de maladies à force de se marier entre eux.

- C'est vrai, mais ce n'est pas le cas ici. Écoute-moi, Quincy, et réfléchis attentivement à ce que je vais te dire. Tout d'abord — vous avez des histoires de fantômes en Amérique, n'est-ce pas ?

- Chaque pays a ce genre d'histoires.

- Avez-vous des histoires concernant des créatures surnaturelles ? Ceux qui vivent de nuit et se nourrissent de sang ?

- Bien sûr. Les Indiens parlent d'esprit qui se faufilent dans notre monde pour posséder les imprudents et qui ensuite boivent le sang des gens.

- Tu as entendu parler des Nosferatu ? »

Quincy fronça les sourcils.

« Ce nom me semble vaguement familier.

- Je crois que le terme le plus commun est 'vampire'. »


Les yeux plissés, Quincy se redressa.

« On avait une gouvernante allemande quand j'étais petit. Elle me parlait souvent de ce qu'elle appelait les 'vampir' de son pays natal. Des gens qui étaient morts mais qui ne l'étaient plus. Ils dormaient dans des tombes ou des caveaux durant le jour et sortaient la nuit. Les criminels qui mourait sans l'absolution et les suicidés étaient ceux qui avaient le plus de chance de devenir des vampires. »

Sinn renifla.

« L'Église Catholique répand tant d'absurdités. Pour autant que je sache, tant qu'on ne meurt pas des mains d'un vampire, on meurt tout simplement. »

Il sourit lentement.

« Ce ne fut pas mon cas. »

Quincy le regarda en silence. Voyant qu'il n'était ni effrayé, ni en colère ni même dédaigneux, Sinn poursuivit :

« J'ai été tué. C'était Rock — le vilain frère du doux Rill. »

Sinn fit une grimace.

« Un animal vicieux et complètement hirsute. Il croyait qu'il m'avait simplement tué mais dans son ignorance, il avait fait certaines choses qui m'ont permis de... »

Il fit un geste vague.

« ... dirons-nous, de regagner un semblant de vie ?

- Tu es sérieux. Tu y crois vraiment.

- Pas toi ?

- Comment le pourrais-je ? Tu bouges, tu parles, tu respires... »


Sinn secoua la tête. Prenant la main de Quincy, il la posa sur son visage afin qu'elle recouvre son nez et sa bouche. Puis Sinn attendit en observant la réaction de Quincy alors qu'il se rendait peu à peu compte que Sinn n'avait pas respiré depuis trop longtemps pour que ce soit possible. Quincy pressa ses doigts contre la nuque de Sinn afin de chercher son pouls mais il ne le trouva pas.

« Il n'y a rien là, *chéri*, fit tranquillement Sinn. Mon cœur bat juste de façon philosophique. Je suis vraiment mort. »

Il examina attentivement Quincy.

« En fait, tu viens de faire l'amour à un cadavre. Je crois qu'on appelle ça de la nécrophilie. »

Il pencha la tête.

« Bien que ce soit assez particulier dans ce cas.

- La froideur, fit Quincy. Et vous ne sortez jamais sous le soleil. »

Sinn acquiesça.

« Qu'en est-il des autres ?

- Le comte et Rill, oui. Le tzigane... n'est qu'un tzigane. Et Simion... je ne sais pas très bien ce qu'il est. Il est avec Dracula depuis le début. Dracula l'a nourri et s'est nourri de lui de nombreuses fois mais Simion n'a jamais connu le long sommeil et le réveil glacé. Il marche en plein jour et les objets en argent ou sacrés ne le brûlent pas. Pourtant je ne peux pas croire qu'il soit encore humain.

- Pourquoi tu me dis tout ça ? »


Sinn laissa retomber sa tête sur l'oreiller.

« Je t'ai dit ce que je suis mais tu ne t'es pas enfui. Je te regarde et je ne vois ni haine ni dégoût. Quincy, tu sais ce que je suis. Tu me veux toujours ? »

Il y eut un moment de silence. D'une voix rauque, Quincy répondit :

« Que Dieu me vienne en aide, mais oui.

- *Bon*, soupira Sinn. Cela ne sera pas simple mais c'est possible. Le problème est qu'il faut que tu changes. Non, je ne te demande pas de devenir comme moi. Je te demande de devenir comme Simion. »






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