Child of the Night 123

Chapitre Cent vingt-trois : Un ennemi proche



L'an de grâce 1892
Le manoir Westenra


Lucy avait pris son petit-déjeuner au lit, comme d'habitude. Tandis qu'elle prenait son temps pour finir son chocolat au lait, une servante l'informa qu'ils auraient un nouvel invité — un professeur du nom de Van Helsing. Lucy s'enquit à propos de cet homme et appris qu'il n'était pas "aussi vieux que votre père, pas aussi jeune que le docteur Seward, et plutôt bel homme — pour un étranger". Cela attira l'attention de Lucy. Elle bondit hors du lit et pressa sa servante alors qu'elle se préparait à recevoir son visiteur.

Elle rencontra Mina alors qu'elle descendait les escaliers.

« Mina, tu fais une de ses têtes, comme si ton porridge était froid et tes œufs baveux. Que se passe-t-il ?

- Oh, c'est Jonathan, soupira Mina. Depuis qu'il est revenu de Roumanie, il se montre difficile. Il refuse les requêtes parfaitement raisonnables et parfois il semble si distant. C'est comme s'il faisait seulement semblant de m'écouter alors que son esprit est ailleurs. »

Elle se mordit les lèvres.

« Tu ne crois pas qu'il aurait rencontré quelqu'un d'autre ? »


Lucy éclata de rire.

« Jonathan ? Ne sois pas bête. Il est fidèle comme un épagneul. Tu ne l'as simplement pas encore assez bien dressé. Je vais te dire — on m'a rapporté que nous avons un nouvel invité. Pourquoi ne flirterais-tu pas avec lui sans gêne ? Moi, je vais le faire. Cela fait du bien à nos hommes d'être jaloux de temps en temps — ça les rend même encore plus attentionnés.

- Lucy, c'est tellement manipulateur. »

Mina sourit malicieusement.

« Et ça pourrait tout à fait marcher. Je te suis. »

Elles croisèrent leurs bras et se rendirent au bureau pour trouver Quincy, le père de Lucy, le révérend Clairidge et le visiteur. La servante avait vu juste, songea Lucy. L'homme n'était pas encore trop âgé — encore assez jeune même — et plutôt séduisant si on aimait le type puritain. Lucy se dit qu'il serait exquis de tenter de faire rougir et de rendre confus un tel homme.


«Ah, Lucy, fit mister Westenra. Mina. Vous connaissez toutes les deux le révérend Clairidge. Voici son ami, le professeur Abraham Van Helsing. Il est en congé sabbatique dans notre région pour hum... faire des recherches sur les légendes locales. Messieurs, ma fille Lucy et son amie, miss Mina Murray. »

Lucy s'avança pour tendre la main à Van Helsing.

« Enchantée. Un professeur ! je regrette vraiment de ne pas avoir poursuivi mes études. Beaucoup de bons collèges acceptent les femmes de nos jours. »

Elle leva les yeux sur lui.

« Je suis sûre que je trouverai fascinant tout ce que vous enseignez.

- J'ai bien peur que la plupart des sujets que j'enseigne ne sont pas convenables pour une dame bien éduquée, fit Van Helsing. Et vous êtes miss Murray ? »

Mina lui serra la main, la laissant dans sa main juste un instant de plus que nécessaire. Il fit comme si de rien n'était.

« Comment va votre fiancé, mister Harker ? J'ai cru comprendre qu'il avait connu un voyage très éprouvant récemment.

- Oui, fit Mina. C'était étrange et plutôt dangereux. Il a failli se noyer et il a ramené des histoires les plus fantasques.

- Comment se porte-t-il ? »


Elle fronça les sourcils.

« Il semble avoir bien récupéré physiquement.

- Physiquement ? Mais sinon ?

- Oh, rien de dramatique. Il n'est simplement plus lui-même.

- Vous paraît-il distant ? Désintéressé de son ancienne vie ?

- Oui, c'est tout à fait ça. Il semble avoir perdu tout intérêt pour sa carrière et il me traite de façon très désinvolte. Il était pourtant l'homme le plus serviable du monde, mais maintenant il refuse la moindre requête ou suggestion.

- Je n'ai rien vu de tout ça, intervint Quincy. Il a juste refusé d'écrire une lettre de flatterie à son patron ce matin.

- Excusez-moi, mister Morris, fit froidement Mina, vous ne le connaissez pas aussi bien que moi.

- Vous ne vous êtes jamais dit que vous ne le connaissiez peut-être pas aussi bien que vous le croyez ?

- Mister Morris !

- Ne le prenez pas à cœur. »


Il eut un léger sourire.

« Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui montrent leur vrai visage quand ils courtisent une dame.

- Mister Westenra, fit Van Helsing, me permettriez-vous d'offrir à ces dames un petit gage de mon estime ? »

Le regard qu'il lança à Westenra indiquait qu'il ne s'agissait pas vraiment d'une requête.

« Je suppose que oui, » fit Westenra.

Lucy rit.

« Oh, je vous en prie, faites. Je ne refuse jamais un cadeau.

- Et miss Mina ? fit Van Helsing. J'espère que votre fiancé ne le prendra pas mal.

- En ce moment, monsieur, je me moque de ce qu'il pourrait bien penser, fit Mina. Ce serait un honneur pour moi.

- Magnifique. »

Van Helsing prit deux petites boîtes dans sa poche et les tendit à chacune des filles.

« Je vous en prie, acceptez-les dans l'esprit chrétien. »


Les filles ouvrirent leur boîte presque en même temps. Mina inspira et Lucy poussa un petit cri de joie.

« Oh, comme c'est adorable. »

Elle en sortit une fine chaîne à laquelle était accrochée une croix. Elle était plus grande que les crucifix actuels, aussi longue que son pouce, et plutôt simple. Il n'y avait aucune gravure ni aucun ornement. Si elle avait été faite de simple métal, elle aurait paru presque brutale. Elle la tendit à Van Helsing.

« M'aiderez-vous à la mettre ? »

Westenra la prit en faisant :

« Je ne laisserai pas un étranger mettre des bijoux à ma fille sous mon toit. Tourne-toi, Lucy, et je te la mettrai. »

Elle bouda mais fit ce qu'il lui disait.


Mina examinait sa croix d'un air perplexe.

« Mais mister Van Helsing, c'est du bon argent lourd. Je ne suis pas certaine que je devrais accepter un cadeau si coûteux.

- Miss Murray, je vous prie de ne pas accorder à ce présent un sens que je ne lui prête pas, fit Van Helsing. Il est grand pour que tout le monde puisse voir votre dévotion et votre piété. Nous ne devons jamais avoir honte de notre chrétienté. Il est en argent pur parce que c'est un métal sacré. C'est un cadeau de communion spirituelle, rien de plus.

- Je suppose que c'est bon alors. Il EST joli dans sa simplicité. Merci, monsieur. »

Lucy était en train d'examiner la façon dont la croix reposait sur sa poitrine. Mina s'éclaircit la gorge de façon significative.

« Oh ! Merci, mister Van Helsing. C'est adorable. Je me sens déjà bien plus pieuse. Je suis impatiente de me rendre à l'office du dimanche. »


Van Helsing leva un doigt.

« Ce n'est pas seulement pour l'église. Est-ce qu'on retire sa religion pour la semaine et qu'on ne la porte que le dimanche ? Non. Vous devez le porter tout le temps. Montrez au monde entier que vous appartenez au Seigneur, et il empêchera le mal de vous approcher.

- Je ne me souviens pas que les crucifix et les rosaires aient beaucoup sauvé les prêtres quand ils étaient persécutés ici, » commenta Quincy.

Van Helsing lui lança un regard noir.

« Ils ne peuvent que rebuter le mal terrestre mais ils sont indéniablement efficaces contre le mal surnaturel. »

Quincy lança un regard à Westenra et fit sur le ton de la plaisanterie :

« Cela veut-il dire que vous avez un fantôme de famille dont vous ne m'avez pas parlé ? Une banshee qui hurle la nuit ? Ou peut-être une fiancée couverte de sang qui fut tuée lors de sa nuit de noces ?

- Ne plaisantez pas sur ça ! »


Van Helsing avait seulement élevé la voix mais ses mots retentirent comme des coups de tonnerre.

« Comme le disent les Saintes Écritures, les fous peuvent transformer une moquerie en péché. »

Le visage de Quincy se tendit.

« Je connais la bible, moi aussi. Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs. »

Sur ces mots, il tourna les talons et quitta la pièce.

« Professeur Van Helsing, fit Westenra, je m'excuse du comportement de mister Morris. Il vient du Texas, vous savez. C'est encore une frontière et je crains qu'on ne lui ait pas inculqué la courtoisie que nous connaissons dans notre pays plus établi.

- C'est un homme très vif, fit lourdement van Helsing. Je ne me sens pas insulté. J'ai déjà entendu pire. Je peux juste espérer que cette attitude sceptique ne lui soit pas fatale. Voudriez-vous que je vous aide à mettre cette croix, miss Mina, ou bien préférez-vous attendre votre fiancé ?

- Je peux le faire seule, fit Mina en accrochant sans difficulté le collier autour de son cou. C'est très vieux-jeu de penser que les femmes sont impotentes. Je crois qu'un jour, les femmes en viendront à travailler comme moi, mais pas nécessairement par obligation. Non, elles les feront pour vivre en toute indépendance.

- Et je suppose que vous allez voter, aussi ? fit le révérend Clairidge d'un ton indulgent.

- Monsieur, pour un homme qui croit qu'une femme a apporté le salut dans le monde en donnant naissance à son fils, vous avez une bien mauvaise opinion de notre sexe. »



Clairidge rougit, confus.

« Non, bien sûr que non ! Je veux dire, oui — Marie a joué un rôle essentiel... je veux dire...

- Mina, cessez de harceler le révérend, » fit Jonathan en entrant dans la pièce.

Il s'adressa aux invités :

« Elle n'est tout à fait une suffragette mais elle n'en est pas loin.

- Et vous êtes d'accord ? » s'enquit Van Helsing.

Jonathan haussa les épaules.

« Que je sois d'accord ou non importe peu. C'est un choix très personnel que Mina a fait pour elle-même. J'aurais bien du mal à reprocher à quelqu'un de vouloir gagner son indépendance. Vous devez être le professeur Van Helsing. »

Jonathan lui tendit la main.

« Morris m'a parlé de vous.

- Pas en bien, je crains fort. »


Jonathan se contenta de sourire.

« Et j'ai beaucoup entendu parler de vous, mister Harker.

- Vraiment ? Je ne crois pas être digne d'intenses conversations.

- J'ai cru comprendre que lorsque vous étiez en Roumanie, vous avez frôlé la tragédie au château d'un certain prince Draculea. »

Ce fut au tour de Jonathan de froncer les sourcils.

« Il me semble que tout le monde en sait autant que moi à ce sujet. J'ai bien peur que mon passage dans la rivière n'ait effacé la plupart de mes souvenirs de ces jours. Je sais que cela peut sembler étrange mais j'étais alors en terre étrangère — quasiment dans un autre monde.

- C'est peut-être encore plus vrai que vous ne le pensez. »

Van Helsing aurait poursuivi mais Mina prit la parole.

« Jonathan, regardez. Le professeur Van Helsing m'a donné cette adorable croix. »


Elle passa un doigt sous la chaîne et la souleva pour qu'il puisse la voir. Ses sourcils se haussèrent.

« C'est très joli. »

Il lança un regard à Van Helsing qui disait : Et très personnel.

« Bien que je n'aie pas prononcé mes vœux, fit Van Helsing, je fais tout mon possible en tant que profane au service de Dieu. Je crois que tout bon chrétien devrait porter au moins une croix, et à tout moment. »

Jonathan émit un léger bruit.

« Ce n'est pas une mauvaise idée mais la plupart ne ferait que la porter comme ça, pour la forme. Je trouve que ce serait plus une insulte qu'un honneur pour ce symbole. »


Van Helsing changea rapidement de sujet, revenant à son véritable intérêt.

« J'ai un peu étudié la lignée des Draculea. Le prince d'origine était l'un des plus puissants dirigeants que ce pays ait jamais connu mais aussi un homme mauvais. Il a torturé et tué des centaines de gens, si ce n'est des milliers, et à sa mort il devint un Nosferatu.

- Un vampire ? Vous voulez sûrement dire que c'est une légende. »

Van Helsing garda le silence.

« Quoi que son ancêtre ait pu faire, je ne me souviens pas avoir été menacé par le prince actuel. Je crois que c'est un de ses serviteurs qui a provoqué ma chute du haut du parapet. »

Le regard de Jonathan se fit distant.

« En fait, je crois que j'ai appelé le prince à l'aide et il venait à mon secours quand je suis tombé. »


Il secoua la tête, comme pour s'éclaircir les idées.

« C'est confus. Pourtant, vous ne pouvait pas reprocher à cet homme les péchés de son ancêtre.

- Les fautes du père... »

Jonathan le coupa.

« Quand le Christ est mort pour nos péchés, cette loi est devenue obsolète. Dieu ne provoque plus de tragédies chez les enfants innocents à cause de ce que leurs parents ont fait.

- J'avais espéré prendre le temps de vous communiquer les faits petit à petit mais je vois qu'une approche directe est peut-être plus appropriée. Mister Harker, je crois que l'homme que vous avez rencontré en Roumanie est en fait le prince Draculea d'origine, l'Empaleur. »


Jonathan cilla, puis fit d'un ton prudent :

« Vous paraissez sérieux, ma foi.

- Je le suis, et j'irai même plus loin. Je crois qu'il y de fortes, très fortes chances que le Comte Dracula soit la même personne.

- Non, fit fermement Jonathan. Je me souviens de l'apparence du vieux prince et il ÉTAIT vieux. Il était courbé, ridé et grisonnant. Le comte est vigoureux et en bonne santé, et il n'a certainement pas plus de quarante ans.

- Nous ne savons pas tout sur les vampires mais on suppose que leur apparence physique est la même qu'au moment de leur mort, mais s'ils ne se nourrissent pas de sang humain, ils dépérissent peu à peu jusqu'à ce qu'ils aient l'air d'avoir leur âge véritable. Une fois qu'ils se nourrissent à nouveau de vivants, leur jeunesse leur est rendue.

- C'est ce qu'on croit. Vous ne l'avez jamais vu de vos propres yeux ?

- Une fois. J'ai déterré le corps d'une fille qui était morte depuis vingt ans. Son corps était intact, inaltéré et toujours dans la fleur de l'âge.

- Et qu'avez-vous fait ensuite ?

- Je lui ai accordé le repos.

- Vous l'avez enterrée de nouveau ? »


Une pause.

« En quelque sorte.

- Qu'avez-vous fait, mister Van Helsing ? Pourquoi hésitez-vous à nous le dire ?

- J'ai suivi le rituel adéquat pour se débarrasser d'un vampire. J'ai planté un pieu en bois dans son cœur puis je l'ai décapitée et j'ai rempli sa bouche d'ail. »

Mina et Lucy prirent toutes les deux une teinte verdâtre mais Van Helsing poursuivit avec acharnement :

« J'ai réduit son corps en cendres puis je l'ai enterrée de nouveau à un croisement de chemins. »

Lucy s'était affalée sur le canapé et Mina l'éventait avec un mouchoir.


« Je suis désolé d'être aussi abrupt, mesdemoiselles, mais chaque étape doit être respectée pour un résultat garanti.

- Je n'y crois pas. Mister Westenra, vous offrez l'hospitalité à un homme capable d'actes aussi ignobles ? De son propre aveu, il est responsable de profanation de tombes, de la mutilation et de la destruction du corps d'une jeune fille. Il a beau prétendre l'avoir fait au nom de Dieu, je trouve ça plutôt blasphématoire.

- Je ne me sens pas insulté, fit calmement Van Helsing, car vous êtes très jeune et vous pensez que parce que vous avez réchappé une fois au danger, tout est terminé. Pas du tout, jeune homme. Si ce que j'ai entendu est vrai, et je le crois fortement, alors vous courez encore un grave danger. Une fois qu'un vampire a choisi un mortel comme proie, il ne connaît pas le repos tant qu'il ne l'aura pas eu. Il va le saigner à blanc et si la victime n'a pas de chance, le vampire lui apportera sa malédiction de la vie après la mort.

- N'est-il pas possible, fit Jonathan, qu'un de ces êtres survive sans avoir à tuer ? L'homme peut manger toute sorte de viande quand il n'a rien d'autre à manger. Ne pourraient-ils pas se tourner vers le bétail par exemple et épargner les hommes ? Et ne pourraient-ils pas ne prendre qu'un peu de sang à chaque fois ? Beaucoup d'hommes ont déjà perdu du sang mais cela ne les a pas empêchés de continuer à vivre pleinement.

- Je suppose que tout cela serait possible, répondit Van Helsing avec réticence. Mais cela ne risque pas d'arriver. En perdant leur âme, ils ont perdu tout lien avec l'humanité. Pour eux, tuer n'est qu'une façon d'arriver à leurs fins et peut-être même un plaisir.

- Je ne peux y croire.

- Et où avez-vous étudié les morts-vivants ? » fit Van Helsing avec une irritation à peine voilée.


Il n'aimait pas qu'on lui tienne tête.

« Et vous, monsieur ? En avez-vous déjà connu un ? Je ne parle pas de le chasser et de le tuer — je veux dire, passer du temps avec lui.

- Ce serait impossible. Le vampire essaierait aussitôt de me tuer.

- Peut-être parce qu'il sentirait qu'avec vous ce serait tuer ou être tué. Je pense qu'il existe toutes sortes de vampires comme il y a toutes sortes d'hommes. Oui, certains peuvent se montrer froids et vicieux mais il y en a certainement qui peuvent se contrôler ou bien faire de leur mieux pour ne blesser personne. Je crois que le vampirisme est comme une boisson forte — elle a tendance à seulement intensifier la personnalité de quelqu'un. Un homme qui devient violent et injurieux quand il est saoul avait ça en lui tout du long.

- Cela va à l'encontre de toutes mes études sur le surnaturel, monsieur.

- Vous ne vous basez que sur les croyances populaires ? Les hommes ont cru autrefois que la terre était plate et que l'univers tout entier tournait autour de nous. Les faits largement acceptés ne sont pas forcément vrais.

- Jonathan, intervint Mina, pourquoi discutez-vous avez autant de passion ?

- À l'exception de Quincy, tout le monde ici semble prendre cet homme et ses théories un peu trop au sérieux. Je me suis dit que quelqu'un au moins se devait de parler de façon raisonnable.

- Mister Harker, fit Van Helsing. Vous avez rapidement nouée une amitié solide avec le comte Dracula, n'est-ce pas ?

- Je ne le nierai pas. C'est un gentilhomme cordial et cultivé, et nous avons beaucoup d'intérêts en commun.

- Puis-je examiner votre gorge ? »


Jonathan en resta presque bouche bée.

« Je vous demande pardon ?

- Quand quelqu'un tombe sous l'influence de telles créatures, il y a bien souvent une preuve physique.

- Monsieur, vous demandez souvent aux gens de vous laisser les examiner intimement ? Bien que je ne sois pas très à cheval sur l'étiquette, c'est loin d'être acceptable.

- Je ne peux qu'en conclure que votre réticence prouve que vous redoutez que je ne découvre quelque chose. »

Le visage de Jonathan devint rouge.

« C'est parce que vous êtes présomptueux et culotté. Non, je ne dénuderai pas ma gorge pour vous. Il est clair que vous prétendrez y trouver une marque quelconque, que ce soit vrai ou non, aussi je ne rentrerai pas dans votre petit jeu.

- Oh, Jonathan, montrez-nous ! fit Lucy. Quincy l'a bien fait, lui. »


Elle gloussa.

« Sa gorge ne portait aucune marque mais il a fait des commentaires scandaleux comme quoi il aurait pu avoir un suçon. A-t-il fait des folies avec une servante chez le comte ?

- Mister Morris respecte mon intimité aussi je respecte la sienne, répondit laconiquement Jonathan.

- Quelle importance ? fit Mina. Et vraiment, vous agissez comme si vous aviez quelque chose à cacher.

- Mina, vous avez toujours été tellement à cheval sur les bonnes manières. Je me souviens qu'en été j'étais en nage mais quand j'ai parlé de retirer ma veste, vous m'avez dit que ce serait embarrassant qu'on me voie en chemise. Et maintenant vous m'encouragez à faire ça ? Je crois que je ne suis pas le seul à me comporter bizarrement.

- Puisque vous ne voulez pas que je vous examine, accepterez-vous au moins ceci ? »

Van Helsing lui tendit une autre petite boîte.


Jonathan ne fit pas un geste pour la prendre.

« Qu'est-ce que c'est ?

- Un simple crucifix, comme celui que j'ai donné à miss Mina et miss Lucy.

- Non. Et ne me regardez pas comme si je venais juste de révéler un terrible secret. Je n'ai aucun lien de parenté avec vous, monsieur. Je ne suis pas un ami ni même une connaissance. Et comme je n'ai pas pour habitude d'accepter des bijoux de la part de parfaits étrangers, je refuse votre cadeau. »

Il hésita.

« Mais merci quand même. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, je crois que Quincy avait bien raison. »

Il partit. Quand il fut sorti, Mina fit :

« Je m'excuse pour son impolitesse.

- Il ne m'a pas vraiment semblé impoli, murmura Westenra. En fait, je l'admire plutôt pour s'être montré aussi indépendant et pour ne pas avoir cédé sous la pression.

- Croyez-moi, monsieur, fit Van Helsing, ce n'est pas ma pression qu'il devrait craindre. »







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