Esprit Malin 14

Chapitre 14 : Ensorcelé (2)


Chi Yan se sentit gêné par cette étreinte en plein jour. Il murmura :

« Arrête un peu. »

Pus il repoussa les mains de Ye Yingzhi sans se rendre compte de la nature possessive de cette étreinte.

Avant qu'il ne puisse décliner à nouveau son offre, la femme renonça et partit d'elle-même.

Chi Yan se demanda si elle avait été intimidée par eux et que cela lui avait piqué les yeux.


De l'autre côté, M. Liu avait attendu à distance. Il vit sa femme revenir le visage pâle. Il lâcha un nuage de fumée et demanda rapidement :

« Et alors ? Tu n'avais pas dit que l'on devait faire des bonnes actions pour accumuler de la vertu pour notre petit-fils ? Pourquoi tu as laissé ce jeune homme vivre chez le vieux Hu ? À première vue, il ne passera pas la nuit. »

Mme Liu secoua simplement la tête.

« Ce n'était pas possible. »

M. Liu regarda la visage de sa femme et ne dit rien.


Quand elle suivit son époux à l'intérieur de leur demeure, Mme Liu se tapota le torse et murmura à l'oreille de son mari :

« Ce jeune homme est depuis longtemps hanté par quelque chose de bien plus puissant. »

M. Liu fut pris par surprise. Il regarda autour de lui et murmura en retour :

« Et tu ne l'as pas mis en garde ? »

Mme Liu baissa la tête puis fit après un moment :

« Je n'ai pas osé. »


Au bout d'un certain temps, elle se remit de sa frayeur et fit remarquer à son mari :

« Tu n'as pas vu comment se comportait ce jeune homme ? On aurait dit qu'il y avait une sorte de personne près de lui et il sentait également la présence de cette personne. Nous ferions mieux de nous montrer stricts avec les enfants : ils ne doivent pas s'approcher de ce jeune homme de peur d'offenser cette chose. »


C'était comme balayer devant sa maison en ignorant celles d'à côté. Ils n'étaient que des gens ordinaires qui vivaient leur vie honnêtement, alors comment pourraient-ils gérer cela ? Le vieux Hu était si obsédé par l'argent qu'il louait la maison tout en sachant qu'il y avait un problème avec. Quand ils voyaient des locataires avec une faible constitution, ils se contentaient de faire quelques allusions, ce qui constituaient des bonnes actions pour leurs descendants. Mais dans le cas de ce jeune homme de ce soir, même s'ils mentionnaient certaines choses, comment pourraient-ils oser en dire plus ?

S'ils révélaient que la chose près du jeune homme n'était pas une personne, ils craignaient de subir la vengeance de cette chose.


* * *


Tandis que la nuit tombait peu à peu, Chi Yan voulut emmener Ye Yingzhi à dîner quelque part mais ce dernier fit :

« En venant, j'ai vu un magasin pas loin qui vend du poisson et des légumes frais. Et si on allait plutôt en acheter et je te préparerai quelque chose, d'accord ? »

Yingzhi ne semblait pas aimer manger en restaurant. Cependant la qualité gastronomique des restaurants du coin était vraiment limitée. La seule bonne chose, c'était la fraîcheur des ingrédients. Du coup ce serait pareil s'ils les achetaient.

Chi Yan ne refusait jamais une requête de son petit-ami. Cette fois encore il accepta avec le sourire. Il se dit avec auto-dérision que Ye Yingzhi devait vraiment l'avoir ensorcelé.


Dans la soirée, les deux jeunes hommes passèrent un bon moment au lit comme d'habitude puis Chi Yan ne put finalement plus résister à la fatigue. Il s'endormit.

Au bout d'un certain temps, à moité endormi et à moitié réveillé, il entendit un bruit d'eau. C'était comme si quelque chose était sortie de l'eau et que cette chose —

Se rapprochait de plus en plus...


Son cœur battit à tout rompre et il en fut choqué. Il s'assit en sursaut dans le lit. Par la fenêtre entre les ouvertures des volets, on pouvait voir le lac étincelant tout proche qui reflétait la lumière argentée dans la nuit profonde.

Le ciel était clair, la lune était brillante et il y avait peu d'étoiles. On pouvait voir presque comme en plein jour. Le silence était total, sans la moindre anomalie. C'était clairement une belle et tranquille nuit de week-end.

Chi Yan lâcha un léger soupir de soulagement et se dit qu'il avait sûrement fait un rêve bizarre. Il jeta un coup d'œil à Ye Yingzhi qui était tranquillement allongé à côté de lui, la respiration régulière. Soucieux de ne pas déranger le sommeil de son amant, Chi Yan tenta de se rallonger lentement et en faisant le moins de bruit possible.


Toutefois Ye Yingzhi était déjà réveillé. Il ouvrit lentement les yeux et vit Chi Yan qui était à moitié assis et à moitié allongé. Il se redressa à son tour et passa ses bras autour de ses épaules. D'une voix encore rauque de sommeil, il demanda :

« Que se passe-t'il ? »

Chi Yan secoua la tête et se tourna pour faire face aux yeux noirs de l'autre homme.

« Rien, j'ai juste fait un cauchemar. »

Ye Yingzhi le prit dans ses bras, embrassa doucement son oreille et le réconforta :

« N'aie pas peur, je suis là. »


Peut-être que la nuit était trop froide et tranquille. Chi Yan crut sentir que le souffle de Ye Yingzhi à son oreille était un peu glacial mais l'étreinte de l'autre homme était aussi puissante et chaleureuse que jamais.

Il hocha la tête et refoula avec difficulté la légère angoisse dans son cœur. Puis il souleva la couverture et s'apprêta à s'allonger de nouveau pour dormir.

Ce fut à ce moment qu'on toqua à la porte.

Chi Yan sursauta et eut le sentiment inexplicable qu'il avait déjà vécu cette situation une fois. Il tourna involontairement la tête vers Ye Yingzhi.

Ye Yingzhi vit la panique et le malaise dans les yeux écarquillés. Il embrassa les paupières de tout son cœur, le forçant ainsi à fermer les yeux.

Chi Yan sentit les baisers légers comme une plume et entendit l'autre homme dire :

« Ne t'en fais pas, je vais jeter un coup d'œil. »


Une terrible prémonition s'empara subitement du cœur de Chi Yan. Il fit sans réfléchir :

« Non, Yingzhi, n'y va pas ! »

Il voulut saisir le pan de la chemise de Ye Yingzhi comme d'habitude mais découvrir que l'autre homme dormait torse nu. Il dut alors saisir sa taille en échange.

Il enfouit son visage dans son abdomen et murmura :

« N'y va pas. »

On continua de toquer avec insistance à la porte. Le son était particulièrement fort et tranchant dans la nuit silencieuse. Ce qui était encore plus étrange, c'était que ce bruit, quoique léger mais régulier, n'attirait aucune attention.


Ye Yingzhi sourit et caressa ses cheveux. Sa main glissa vers son cou et il fit avec un léger rire :

« Quel est le problème ? »

Chi Yan se rendit également compte qu'il se comportait comme un enfant. Il leva son visage rougissant pour regarder Ye Yingzhi.

Ce dernier lui tapota l'épaule et fit :

« Je vais juste jeter un coup d'œil. Je reviens tout de suite et après ça nous passerons une bonne nuit. »

Sur ce il se tourna et sortit du lit. Il mit ses chaussons et ne laissa plus l'occasion à Chi Yan de le retenir de nouveau.


Chi Yan garda les yeux fixés sur le dos de Ye Yingzhi tandis que ce dernier s'approchait de l'entrée. La peur familière rampa dans son cœur comme une brume — des yeux bleus et blancs, un visage pâle sous la lumière, quelqu'un qui toquait régulièrement à la porte, une tablette funéraire noire...

La chose derrière la porte... n'était pas humaine !

Pour se protéger justement de ces choses, il semblait qu'il avait suivi les instructions de quelqu'un de dresser chez lui un autel funéraire pour quelqu'un. Cependant à qui était cette tablette funéraire et quel nom était écrit dessus... ? Quel était encore ce nom... ?


À cet instant la porte s'ouvrit avec un grincement mais aucun bruit ne parvint de l'extérieur.

Son inquiétude pour son amant balaya instantanément toutes ces pensées étranges et confuses. Chi Yan bondit subitement du lit et la froideur des carreaux de céramique le tira aussitôt de son état chaotique. Quand il leva de nouveau les yeux, il vit le visage de Ye Yingzhi.

Ye Yingzhi le ramena au lit et remit la couverture sur lui. Ce faisant, il fit :

« Je t'ai dit que j'allais juste jeter un coup d'œil. Pourquoi as-tu voulu me suivre ? En plus sans rien sur toi. La nuit est fraîche, que ferais-je si tu tombe malade ?

Chi Yan se laissa docilement border par l'autre homme. Les pensées étranges et chaotiques s'étaient envolées dès qu'il avait vu le visage de son amant. Il tapota du doigt Ye Yingzhi qui s'était rallongé à côté de lui.

« Yingzhi, c'était quoi ? »

Dès que ce dernier avait ouvert la porte, on avait cessé d'y toquer.


« Je ne sais pas, répondit Ye Yingzhi. Il n'y avait personne dehors quand j'ai ouvert la porte. Je crois que c'était juste un ivrogne qui a toqué à la mauvaise porte. Il a réalisé son erreur pendant que j'ouvrais la porte et il est parti. »

Chi Yan ne put s'empêcher de faire remarquer :

« Mais cette personne a continué à toquer une seconde encore avant que tu n'ouvres la porte. On est à l'étage. Même s'il était parti pendant que tu ouvrais la porte, tu aurais dû pouvoir l'apercevoir. »

Qui plus est, est-ce qu'un ivrogne aurait pu toquer si doucement et régulièrement à la porte ? Et d'ailleurs... qui irait toquer à une porte de cette manière ?

Ce qu'avait dit la femme dans l'après-midi lui revint à l'esprit —

« La maison du vieux Hu n'est pas pure... »

Chi Yan ne put s'empêcher de trembler et il se blottit dans les bras de Ye Yingzhi.


Son comportement faible et en quête de protection fit de toute évidence très plaisir à Ye Yingzhi. Il le serra fort contre lui et embrassa le sommet de son crâne. Puis il fit glisser sa main le long de son dos lisse en un geste réconfortant et fit vaguement :

« … Il fait trop noir dehors, peut-être que je n'ai pas bien vu. Ce n'est rien, il faut juste se monter prudent la nuit mais aucun méchant ne peut me battre. »

Il n'y eut pas de réponse de la part de Chi Yan.

Ye Yingzhi eut soudain un léger rire. Il leva le visage de Chi Yan de sa main gauche pour le regarder droit dans les yeux.

« Bébé, tu ne crois pas sérieusement ce que la vieille femme a dit cet après-midi. Tu crois que c'était un fantôme, n'est-ce pas ? »

Il n'y a jamais eu de vieille femme, cette femme n'était pas si vieille que ça. La gêne d'avoir été percé à jour et l'attitude taquine de Ye Yingzhi le firent rougir de nouveau. Il détourna le regard et fit :

« Bien sûr que non, je n'y ai pas cru. »


Le clair de lune se déversa parmi les ouvertures des volets et la légère couleur écarlate sur son visage était particulièrement attirante. Ye Yingzhi ne put s'empêcher de l'embrasser puis il murmura :

« Tu ne trouves pas que j'ai l'air d'un fantôme... ? Ou plutôt d'un esprit diabolique ? Je te prends dans ma bouche tous les jours, te dévore et t'absorbe dans mon estomac... »






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