Esprit Malin 44

Chapitre 44 : Le sceau pour attirer le mal


Lundi, Chi Yan se fraya un chemin dans le métro pour se dépêcher de retourner à la fac. Comme il faisait jour et qu'il y avait plein de gens autour de lui, il n'avait pas peur du tout. En plus toutes les fois où la chose s'en était pris à des gens, c'était généralement après vingt-deux heures.

Hu Xing et l'ami de collège de Lao Yuan vinrent aussi dans le cours comme prévu mais ils ne trouvèrent personne d'anormal ou de suspect, alors ils saluèrent Chi Yan et prévirent d'aller dans d'autres endroits de la fac pour trouver des indices.


Dans l'amphithéâtre, Yang Qing était assis à côté de Chi Yan. Il regarda tout autour et fit en plaisantant :

« Hé, Xiao Chi, pourquoi ça fait deux fois que la petite beauté qui s'invite toujours dans notre cours pour des raisons bien précises n'est pas venue ? »

Durant ce temps, Chi Yan avait été assailli de toute part par des fantômes et des monstres. Ensuite il avait appris que tout cela était l'œuvre d'un esprit maléfique. Il était bien trop occupé à songer à sa survie pour se soucier des autres. Alors naturellement il n'avait plus pensé une seule fois à cette Gu Xixi. Il se rappela d'elle en entendant la question de Yang Qing et répondit d'un ton désinvolte :

« En, elle ne risque plus de venir si elle trouve que c'est sans intérêt. »

Yang Qing n'aurait su dire s'il était hypocrite ou tout simplement insensible.


* * *


Après les cours, Chi Yan se dépêcha de ranger ses affaires et se précipita vers la station de métro. Yang Qing lui avait demandé s'il voulait qu'ils mangent ensemble mais Chi Yan avait refusé sans la moindre hésitation :

« Une prochaine fois. Mon colocataire va faire à manger à la maison et il attend que je rentre pour déjeuner. »

Yang Qing le regarda s'éloigner rapidement et se dit : Si je ne te connaissais pas, je croirais que c'est ta femme qui fait à manger à la maison et qu'elle attend que tu rentres pour déjeuner.

Cette fois à midi, il y avait beaucoup moins de monde dans le métro que le matin. Chi Yan sortit rapidement de la station et marchait d'un pas pressé vers la maison de Ye Yingzhi quand il entendit des voix familières l'appeler :

« Xiao Yan !

– Chi Yan ! »


Il se retourna et reconnut son oncle et sa tante. Chi Yan s'empressa de les saluer :

« Mon oncle, ma tante. »

Comme il se trouvait près de la maison de son oncle, ce n'était guère surprenant de le croiser avec sa tante.

Sa tante lui reprocha de ne pas venir leur rendre visite bien qu'il se trouvait dans leur quartier. Chi Yan se souvint de son mensonge précédent et il toussota.

« Un des membres de mon groupe de travail habite ici. Il a pris chez lui un document important de notre projet. Comme mon directeur de thèse a un besoin urgent de ce document, il m'a envoyé le récupérer. »

Il avait cette impression constante que depuis qu'il avait vu des fantômes, il disait de plus en plus de mensonges. Le pire était que sa capacité à inventer des mensonges s'améliorait de jour en jour.


Son oncle et sa tante virent l'heure et c'était l'heure de déjeuner. Ils voulurent alors l'inviter à manger chez eux. Chi Yan songea à Ye Yingzhi qui avait déjà préparé le repas pour eux deux et qui l'attendait à la maison, alors il refusa sous prétexte qu'il devait impérativement récupérer le document le plus vite possible. Cependant son oncle et sa tante l'avaient déjà à maintes reprises invité et là, ils s'étaient même croisés dans la rue. Chi Yan ne pouvait donc plus refuser. Au final il promit de passer le lendemain pour midi.


* * *


Le lendemain à midi, Chi Yan partit de chez Ye Yingzhi et se rendit au supermarché pour acheter des gâteaux et du thé, puis il alla chez son oncle.

Cela faisait quatre ans qu'il n'avait plus été chez son oncle mais la maison n'avait guère changé. Chi Yan jeta un coup d'œil à l'escalier qui conduisait à l'étage. En se rappelant de la salle bouddhiste et de la chambre où il avait dormi à l'époque, une peur incontrôlable surgit en lui. Il ne put s'empêcher de se souvenir des légers baisers glacés, des caresses et des étreintes qu'il avait subis, ainsi que des gémissements qu'il avait poussés quand la chose s'était pressée contre lui et l'avait serré dans ses bras.

Les souvenirs qu'il avait délibérément refoulés au fin fond de sa mémoire ressurgirent en force telle la marée, aussi clairs que si cela s'était passé la veille.

Étrangement quand il y ressongea, il y avait une subtile familiarité hormis la peur, comme s'il connaissait déjà ces caresses et ce souffle froid...

Comme le souvenir d'une ancienne vie.

Chi Yan fut effrayé par ses propres pensées. Il ne pouvait pas imaginer ce qu'avait été sa vie précédente s'il avait été hanté sans cesse par des fantômes.


Il refoula ces pensées et salua les trois aînés tour à tour. Son cousin était parti comme lui à l'université dans une autre ville alors il ne restait plus que trois personnes à la maison : son oncle, sa tante et sa grande-tante.

La vue de sa grande-tante avait encore bien baissé ces deux dernières années mais son esprit restait lucide. Elle serra le bras de Chi Yan et le regarda un long moment avant de sourire et de faire :

« Tu as encore grandi. J'ai l'impression de t'avoir vu à peine hier. J'ai failli ne pas te reconnaître. Les enfants grandissent tellement vite. »

Chi Yan masqua un rire. Il était un adulte à présent, plus un enfant de trois ans. Cependant il se contenta de sourire.


La vieille dame songeait encore à l'emmener à l'étage dans la salle bouddhiste afin qu'il lui lise des textes sacrés. Quand Chi Yan entendit les mots "salle bouddhiste", son cœur s'arrêta de battre. Heureusement son oncle dissuada la vieille dame à temps :

« Maman, pour une fois que Xiao Yan est là, viens plutôt t'asseoir et discuter avec lui. Le repas sera bientôt prêt. »

La vieille dame renonça à son idée et emmena Chi Yan s'asseoir dans le séjour.


Ils discutèrent tous les quatre durant le repas. Son oncle Du Lin demanda subitement :

« Xiao Yan, tu as dit hier que tu allais chez un camarade de classe pour récupérer un document. Ton camarade habite aussi dans ce quartier ?

– Oui, acquiesça Chi Yan. Il habite dans une grande maison au sommet de la colline. »

La main de Du Lin s'immobilisa alors qu'il tenait de la nourriture. Il le fixa avec surprise et demanda :

« C'est la maison en haut avec des murs rouge foncé, des fenêtres blanches et qui a l'air très occidentale vue de l'extérieur ? Celle qui est presque deux fois plus grande que la nôtre ? C'est cette maison-là ? »

Chi Yan réfléchit un moment : tout concordait. Il hocha de nouveau la tête.

« C'est bien ça. »


Du Lin reposa ses baguettes et se tourna vers la grande-tante.

« Ce n'est pas normal. Maman, c'est bien la maison du directeur de la compagnie voisine de celle de Papa ? Leur fille est partie à l'étranger, hein ? La maison devrait donc être vide. »

Chi Yan ajouta :

« Mon ami a dit que la maison ne lui appartenait pas mais que le propriétaire la lui louait. Il a aussi dit que sa famille vit à l'étranger alors peut-être que sa famille connaît le propriétaire.

– C'est encore pire, marmonna Du Lin. Comment pourrait-on louer une telle maison au fils d'un ami... Après tout, il y a eu un grand scandale dans cette famille à l'époque. Je commençais à peine à travailler à l'époque et je me souviens encore que la fille avait forcé son oncle et ses proches restants à s'agenouiller devant la maison afin de fermer enfin la porte à clef. »


La tante intervint :

« Oui, je m'en souviens aussi. Je venais à peine de rencontrer ton oncle et c'était la première fois que je venais chez lui. Je n'aurais jamais cru tomber sur ce genre de scène à ma première visite alors ça m'a marqué. Je me souviens qu'après mangé, ton oncle m'a proposé de faire une ballade dans le quartier. Nous sommes sortis tous les deux et nous avons marché pendant une demi-heure jusqu'à arriver dans les hauteurs où il y avait une foule. Nous étions jeunes et curieux à l'époque alors nous nous sommes frayés un chemin et nous avons vu la fille agenouillée par terre et faire signe aux autres de se prosterner devant la maison. Ils ne se sont pas relevés avant de s'être prosternés neuf fois Trois génuflexions et neuf fois la tête qui touche le sol, c'est utilisé dans les cérémonies religieuses pour exprimer une grande révérence. (1). Je n'arrêtais pas de me dire à ce moment que d'après ton oncle, cette fille et sa famille étaient des gens éduqués et intelligents, comment pouvaient-ils croire encore en ce genre de superstition arriérée ? »

L'oncle répliqua :

« Ce n'est pas parce que tu es éduqué que tu y crois ou pas. Ce sont deux choses différentes. »


Chi Yan approuva en lui-même. L'un de ses professeurs croyait au feng shui. Les portes Est de leur école et celle de la faculté voisine donnaient toutes les deux sur la même rue et faisaient face à la route. Cependant à l'extérieur du portail Est de leur école, il y avait un gros rocher sur lequel était gravé la devise de leur école, au contraire de l'autre faculté. Pendant un moment, il y eut de nombreux incidents fréquents à la faculté d'à côté qui paraissaient dans le journal pratiquement tous les jours. Cependant leur école était calme, ainsi courut la rumeur que le rocher à l'entrée de leur école bloquait l'air impur, ce qui engendrait moins de perturbations.

Cependant Chi Yan se sentit un peu effrayé en entendant son oncle et sa tante parler de ce qui s'était passé dans la maison à l'époque. Il pencha la tête et demanda avec circonspection :

« Mon oncle, ma tante, que s'est-il passé à l'époque ? Est-ce que c'était... un fantôme ? »


L'oncle secoua la tête.

« Ce n'est pas ça. Je ne m'en souviens pas vraiment. Il y a cette rumeur que j'ai entendu plus tard : apparemment cette famille était dans une situation très compliquée à l'époque... alors en fin de compte, la fille et son oncle sont directement partis vivre à l'étranger. »

La grande-tante qui n'avait rien dit depuis un moment prit soudain la parole :

« C'est leur jeune fils qui a commis un péché. »

Les gens aimaient toujours se rappeler du passé quand ils devenaient âgés, tandis qu'ils se souvenaient à peine du présent. Plus ils songeaient à leur passé, plus ils s'en rappelaient avec précision. Non seulement ils s'en souvenaient très bien mais ils aimaient aussi en parler aux autres. La grande-tante ne faisait pas exception à la règle : la vieille dame put expliquer précisément ce qui s'était passé il y avait plus de vingt ans.


Il s'avérait que la compagnie du patriarche avait fait affaire avec celle où travaillait le mari de la grande-tante, voilà pourquoi la vieille dame avait entendu des histoires plus précises de la part de son époux. La femme du chef de famille était décédée suite à une maladie, ils avaient eu un garçon et une fille environ du même âge que l'oncle de Chi Yan, voire un peu plus âgé, et ils étaient tous deux mariés. La fille et son mari vivaient ailleurs tandis que le fils et la belle-fille vivaient avec le père dans la maison au sommet de la colline.

Plus tard dans l'année, la belle-fille tomba enceinte. Le fils ne supporta pas la solitude alors il se trouva une amante en se cachant de son épouse. L'autre femme et le fils travaillaient dans le même service mais elle n'était pas quelqu'un de bien. Elle s'était déjà rendue chez le fils avec d'autres collègues et était un peu jalouse de l'épouse. Elle en profita alors pour cacher sous le lit où dormait l'épouse un talisman rouge sur lequel était peint un sceau pour attirer le mal.


Trois ou quatre mois plus tard, l'épouse manifesta soudain les signes d'un accouchement. Comme ce n'était pas prévu, elle fit venir en vitesse quelqu'un pour s'occuper d'elle. Quand l'équipe médicale procéda à l'accouchement, ils sentirent bien que quelque chose était sorti du ventre de la femme et que son estomac était devenu plus plat — mais personne ne put voir le bébé.

C'était une situation des plus étranges. Quand l'épouse apprit cela, elle en fut choqué et effrayée. Le reste de la famille fut également paniqué et en resta sans voix. L'épouse demanda même aux gens venus l'aider à accoucher de n'en parler à personne. Par la suite, le patriarche demanda à sa fille de l'aider à inviter un maître spirituel. Cet expert était l'un des rares à avoir survécu aux troubles politiques datant de plusieurs années. Il était dans ses soixante-dix ans et avait certaines capacités. Dès qu'il entra dans la chambre, il trouva le sceau pour attirer le mal sous le lit.


Une fois cette preuve trouvée et après une enquête approfondie, le fils ne put endurer la pression d'un événement si terrible qui avait touché sa famille et il révéla son infidélité. L'amante admit aussi avoir acheté ce talisman à un sorcier aveugle dans la rue, sauf que le sorcier était à présent introuvable. Elle expliqua qu'elle était seulement jalouse et qu'elle n'était pas sûre que le talisman ferait effet quand elle l'avait placé sous le matelas. Jamais elle n'aurait cru que cela aurait provoqué une chose pareille.

Comme il s'agissait après tout d'un accident spectaculaire et qu'il y avait des preuves, l'histoire commença à se faire savoir. Le patriarche chérissait sa réputation par-dessus tout. Quand il avait appris ce qu'avait fait son fils, il en fut si furieux qu'il tomba malade et dut être admis à l'hôpital. L'épouse fut également furieuse et terrifiée à la fois ; elle demanda aussitôt le divorce et retourna vivre chez ses parents. Allez savoir si ce fut une rétribution divine pour avoir causé tant de mal : quelques jours après le divorce, le fils était sorti avec son amante quand il eut un accident de voiture. Il mourut sur le coup.


C'était vraiment une famille brisée. Il ne restait plus que la fille pour s'occuper du patriarche à l'hôpital et retourner de temps en temps à la maison pour nettoyer.

Elle devait travailler dur, s'occuper de sa propre petite famille et elle devait en plus se rendre régulièrement à l'hôpital pour prendre soin de son père. Elle ne retournait à la maison que pour faire le ménage et prendre en passant quelques affaires pour son père. Ce qui était étrange, c'était qu'à chaque fois qu'elle venait, elle avait l'impression que la maison était habitée. Elle ne le sentit pas les premières fois mais après un moment, elle remarqua que quelque chose était bizarre.

La fille fit alors revenir le maître pour inspecter la maison. Dès qu'il franchit la porte, le maître regarda autour de lui et n'osa rien toucher. Il fit sortir la fille en silence puis lui raconta ce qu'il en était : à cause du sceau pour attirer le mal, un fétus ordinaire ne pouvait pas survivre. Il ne pouvait qu'être mort-né. Cependant une sorte d'esprit maléfique était en quelque sorte venu au monde par le biais de la belle-sœur durant l'accouchement. Comme il n'avait nulle part où aller, il était simplement resté dans cette maison.


Toutefois la fille était déjà venue plusieurs fois et la chose ne lui avait rien fait, ce qui indiquait qu'elle n'était pas malfaisante. En plus c'était à la base une résidente de cette maison qui avait attiré cet esprit maléfique en cet endroit, alors ce ne serait pas simple de l'en chasser. Même l'expert n'osait pas perturber l'occupant de cette demeure et il ne pouvait pas imaginer quelqu'un au monde qui en serait capable. Dans ce cas, mieux valait organiser une cérémonie pour prêter respectueusement cette maison à cette chose puis sceller la demeure afin que personne n'y mette plus les pieds. Une fois que la chose serait restée ici et aurait achevé ce qu'elle souhaitait faire, elle s'en irait naturellement d'elle-même.

La fille suivit donc ce conseil et scella la maison. Le patriarche était déjà âgé alors après cet incident, il ne put supporter la maladie et décéda sous peu. La fille quitta le pays avec son époux aussitôt les funérailles de son père achevées. Comme personne n'avait entendu parler de leur retour après toutes ces années, il était raisonnable de supposer que la maison aurait dû encore être scellée.


Chi Yan fut quelque peu perturbé en entendant cette histoire : Ye Yingzhi et lui avaient vécu si longtemps dans cette maison sans jamais avoir remarqué la présence d'une troisième personne. Peut-être que les choses s'étaient passées comme l'avait dit l'expert de l'histoire de sa grande-tante : la chose avait accompli ce qu'elle souhaitait et elle était alors partie.

Il se rappelait comment Ye Yingzhi lui avait certifié pour le rassurer que "les fantômes n'existaient pas". Il se dit alors que même si le propriétaire avait confié toute l'histoire à Ye Yingzhi, ce dernier n'y avait sûrement pas cru. Ce n'était donc guère surprenant qu'il puisse vivre dans cette maison.


Après ce récit, son oncle et sa tante l'exhortèrent :

« Xiao Yan, tu devrais en parler à ton ami. Nous ne sommes pas des superstitieux ignorants, c'est juste pour avoir l'esprit tranquille. Après tout, c'est une maison qui a été prêtée à un être surnaturel, alors mieux vaut vivre ailleurs.

– Il ne croit pas en ce genre de choses, » fit Chi Yan en souriant et en secouant la tête.

Il feignit la curiosité et demanda :

« Mon oncle, ma tante, vous avez déjà vécu une expérience surnaturelle ici ? »

Son oncle agita la main.

« Hum, notre famille est irréprochable dans sa conduite et ses actes. Tant qu'on ne dévie pas du droit chemin, notre famille ne risque pas d'être importunée par ce genre de choses. »

Chi Yan hocha la tête et se hâta de complimenter son oncle et sa tante. Comme il le pensait, la chose sur laquelle il était tombé ici durant ces nuits d'été ne s'en était pris qu'à lui.


Notes de Karura :

Ye Yingzhi : Ma femme vérifie que je ne lui ai pas fait d'infidélités, c'est ça ?

Chi Yan : … Non...


Notes du chapitre :
(1) Trois génuflexions et neuf fois la tête qui touche le sol, c'est utilisé dans les cérémonies religieuses pour exprimer une grande révérence.






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