Chapitre 50 : Petit vilain
Ye Yingzhi prit aussitôt tout en charge et demanda à Chi Yan de se faire rembourser ses billets : il l'emmènerait en voiture.
Il fallait presque déjà une heure pour aller de chez Ye Yingzhi à la gare, plus une demi-heure d'attente et ensuite le trajet jusqu'à la ville de H qui était assez long. Mieux valait prendre directement l'autoroute, c'était plus pratique et rapide.
Chi Yan fut incapable de dire une phrase entière à Ye Yingzhi tandis qu'il montait dans la voiture et mettait sa ceinture de sécurité. Il n'osait même pas le regarder et ses oreilles étaient un peu rouges.
Ye Yingzhi sourit en démarrant la voiture. Il regarda devant lui et fit :
« Pourquoi tu es aussi timide ? Je ne t'ai pas déjà appelé comme ça avant dans le jeu ? »
Chi Yan sentit son visage chauffer à ces mots.
« … Ne dis plus rien. »
Ye Yingzhi alla d'abord faire le plein dans une station-service puis il suivit le GPS pour aller à la ville de H. Quand ils s'arrêtèrent enfin devant la maison de Chi Yan, il était déjà vingt-et-une heures passées.
Dès qu'ils avaient démarré, Chi Yan avait appelé ses parents pour dire qu'il avait des congés à la fac et qu'il amènerait un ami pour deux jours afin de lui faire visiter la coin. Il leur dit aussi que ce n'était pas sûr dehors ces derniers temps et qu'ils ne devaient pas ouvrir la porte à des inconnus ni même rester dehors tard le soir.
Les parents de Chi Yan avaient toujours été arrangeants. Chi Yan avait déjà ramené auparavant Lao Yuan et d'autres amis dans la ville de H pour s'amuser alors cela ne leur parut pas étrange. Il marmonna juste un faux congé pour l'université et pourquoi il revenait si vite.
Comme il les avait informés d'avance, quand Chi Yan toqua à la porte et en disant "C'est moi," Chi Zhongyuan ouvrit la porte et les accueillit chaleureusement. Il leur dit de poser leurs affaires dans la chambre de Chi Yan puis de descendre dans le salon. La mère de Chi Yan, Liu Fengying, apporta des fruits découpés et leur servit de l'eau.
Chi Zhongyuan regarda son fils et demanda :
« Xiao Yan, pourquoi vous avez encore congé à la fac cette fois ? »
Chi Yan hésita et ne sut que dire. Il avait inventé ça comme ça, son université n'était pas du tout fermée. Cependant dans l'esprit de ses parents, que l'on soit élève de primaire ou étudiant, on devait rester et suivre les cours avec assiduité sauf si l'école était fermée. Il était donc impossible pour lui d'expliquer pourquoi il avait séché les cours sans bonne raison.
Assis à côté de lui, Ye Yingzhi sourit calmement et répondit :
« Monsieur, c'est l'anniversaire de notre université. »
Malheureusement Chi Zhongyuan avait encore bonne mémoire :
« Ce n'est pas en Avril normalement ? C'est toujours quasiment collé avec le premier mai, non ? Pourquoi vous avez un autre congé ? »
Chi Yan n'avait jamais changé de fac depuis le début. Alors après quatre ans, c'était normal que son père garde des souvenirs.
Chi Yan songea : c'est fichu, mon mensonge est découvert. Cependant Ye Yingzhi répliqua avec assurance :
« Notre université a été délocalisée au sud-ouest un moment durant la guerre anti-japonaise 1937-1945. (1), non ? Il a fallu attendre la victoire pour que l'université reprenne sa place. Alors ce congé, c'est pour célébrer la victoire de la guerre anti-japonaise et la réinstallation de l'université. On n'avait pas de jours fériés pour ça les autres années mais c'est le soixante-dixième anniversaire de la victoire de la guerre anti-japonaise cette année, voilà pourquoi l'université marque le coup. »
Chi Yan fut ébahi d'entendre ça tandis que Chi Zhongyuan fut totalement convaincu. Il hocha plusieurs fois la tête et fit :
« C'est donc ça. »
En ce moment, Chi Yan était déjà au bord de la crise de nerfs en songeant sans cesse qu'il y avait "un monstre maléfique qui voulait tuer les siens" et Ye Yingzhi était revenu avec lui pour cette raison. Cependant Chi Yan n'osait pas parler à ses parents de la série de tragédies qui avait eu lieu dans la ville de A et de la vérité sur Gu Xixi. Ye Yingzhi coopérait aussi avec lui pour cacher la vérité. Quand les parents de Chi Yan lui posèrent la question, Ye Yingzhi répondit qu'il avait toujours entendu parler des paysages typiques de la ville de H, du charme de la fin de l'automne et du début de l'hiver, alors il avait profité de ce congé pour suivre Chi Yan et visiter les environs.
Comme ils étaient arrivés assez tard, le temps qu'ils discutent un peu, il était encore plus tard. C'était même l'heure d'aller se coucher.
Les parents de Chi Yan vivaient dans un appartement classique. Bien qu'il ait une grande superficie, il n'y avait pas beaucoup de pièces. Il y avait deux chambres, l'une au nord et l'autre au sud, un bureau et une petit pièce utilisée comme dressing. Le reste des pièces étaient le salon, la salle à manger, la cuisine, la salle de bains, etc. Comme ils n'hébergeait pas souvent des gens, il n'y avait pas du tout de chambre d'ami, seulement deux chambres. Heureusement la chambre de Chi Yan était assez vaste et avait un lit double.
Tout le monde en convint que Ye Yingzhi devait bien entendu aller dormir avec Chi Yan dans sa chambre Les beaux-parents approuvent déjà leur relation ! Ye Yingzhi est ravi. (2).
Il y avait une petite salle d'eau attenante à la chambre de Chi Yan. Ye Yignzhi s'installa confortablement sur la moitié du lit après en être sorti. Il regarda tout autour et demanda à Chi Yan :
« Ah Yan, tu habites ici depuis tout petit ?
– Hum non, pas depuis tout petit. On a dû emménager ici quand j'étais au collège, » répondit Chi Yan.
Il sentit soudain Ye Yingzhi tendre les bras pour le serrer contre lui.
Il se rendit compte soudain de quelque chose : il avait parlé de Gu Xixi à Ye Yingzhi depuis longtemps alors ce dernier devait savoir depuis le début que Chi Yan était son époux Ye Sanquian dans le jeu. C'était à cause de Gu Xixi qu'il avait fait comme si de rien n'était mais à présent que tout était révélé au grand jour, ses instincts naturels reprenaient le dessus ?
Ye Yingzhi le prit dans ses bras et ils s'assirent ensemble à la tête du lit. Il lui mordilla l'oreille et eut un rire grave.
« Ah Yan, tu n'as donc aucune conscience ? J'ai roulé pendant cinq heures pour t'accompagner chez tes parents. Tu ne vas rien m'offrir en récompense ?
– Que-qu'est-ce que tu veux en récompense ? bafouilla Chi Yan avant d'ajouter promptement dès qu'il réagit : … On est chez mes parents, tiens-toi bien.
– Un baiser, juste un baiser... » fit Ye Yingzhi et sa voix diminua peu à peu...
Chi Yan avait amené Ye Yingzhi exprès pour qu'il éloigne Gu Xixi alors évidemment, il n'allait pas laisser ses parents seuls et lui laisser ainsi une occasion de s'en prendre à eux. Alors à moitié autoritaire et à moitié enfant gâté, il organisa un voyage de trois jours pour voir les endroits intéressants du coin et demanda à ses parents de prendre congé ensemble. Il compta ensuite les jours : Hu Xing serait de retour d'ici un jour ou deux, après leur voyage.
Chi Yan savait que ses deux parents étaient proches de la retraite alors ils n'étaient pas surchargés de travail. Le voyage de trois jours tombait sur un jour de week-end alors c'était raisonnable de prendre deux jours de congés pour un voyage en famille. Effectivement, dès que le couple vit que leur fils avait tout organisé, ils furent bien contents de suivre. Au pire ils firent :
« Vous deux, les jeunes, partez vous amuser. Nous ne voulons pas être un poids. »
Malgré ça ils firent joyeusement leurs valises.
Ils ne rajeunissaient pas et ils passaient de moins en moins de temps avec leur fils depuis deux ans. Ils étaient donc enchantés à l'idée de pouvoir voyager ainsi avec Chi Yan.
Prétextant une sieste, Ye Yingzhi entraîna Chi Yan dans la chambre après le déjeuner. Il ferma la porte à clef avec la main dans le dos, le fit s'asseoir sur le lit et sourit en lui tapotant le bout du nez.
« Toi ah, tu as vraiment l'habitude d'être gâté pourri. Il faut que tu décides de tout dans la maison. »
Chi Yan tendit la main pour éviter ses doigts sauf que Ye Yingzhi en profita pour l'embrasser encore et encore.
L'endroit touristique où ils se rendirent était réputé pour être sans aucune pollution et très écologique. C'était un lac en forme de croissant de lune. Chi Yan et Ye Yingzhi admirèrent le lac côte à côte. Chi Yan plissa les yeux et fit :
« J'ai l'impression d'être déjà venu ici cf arc précédent ! (3). »
Ye Yingzhi se plaça derrière lui, se pencha soudain et embrassa gentiment son oreille.
Chi Yan sursauta et jeta un rapide coup d'œil à ses parents qui admiraient la vue de l'autre côté. Puis il haussa les sourcils et lança un regard à Ye Yingzhi. Il protesta faiblement :
« Fais attention... »
Il se rendit compte que sa phrase n'avait aucune force, c'était plus lui qui minaudait au lieu de protester.
Alors il baissa la tête et insista à voix basse :
« … Attends au moins qu'on soit rentré ce soir. »
Gu Xixi n'était pas un être humain après tout alors c'était difficile pour Chi Yan de juger quand et comment elle allait faire son apparition. Du coup Ye Yingzhi et lui étaient contraints de ne pas quitter ses parents d'une semelle. Leur logement était également une suite avec deux chambres et un salon.
Dès le premier jour, Chi Zhongyuan et sa femme firent à Chi Yan :
« Allez vous amuser entre jeunes, ne restez pas avec des personnes âgées. »
Chi Yan s'avança pour prendre le bras de Liu Fengying et eut un sourire charmant :
« Mère, ton fils veut tenir vous tenir plus compagnie, à père et à toi. »
Liu Fengying avait jeté un regard gêné à Ye Yingzhi avant de murmurer à son fils :
« Comment tu peux te comporter comme ça à ton âge ? Ton père et moi t'avons trop gâté, tu ne te comportes pas du tout comme un adulte. Ça doit bien faire rire ton ami. »
Elle lui rabâcha cela, toutefois son ton était résigné et indulgent.
Ye Yingzhi qui suivait derrière eut un sourire en voyant ça. Il tint également compagnie avec les parents de Chi Yan et discuta avec eux. En moins d'une journée, Chi Zhongyuan et son épouse étaient en très bons termes avec lui. Ils estimaient que ce garçon était gentil, calme et fiable, pas comme leur fils qui n'avait pas l'air de mûrir malgré le temps. Ils se faisaient constamment du souci à son sujet.
Le soir au lit, Ye Yingzhi passa ses bras autour de la taille de Chi Yan, enfouit son visage dans le creux de sa nuque et murmura :
« Quand vas-tu dire aussi à ton époux que tu veux lui tenir compagnie ? J'étais très jaloux quand j'ai vu ça. »
Chi Yan se contenta de sourire et le repoussa, mais il se fit attraper par Ye Yingzhi qui déposa des baisers sur ses yeux.
Les deux jeunes gens s'amusèrent ainsi secrètement pendant trois jours avant de reprendre le chemin de la maison. Tout se passa bien. Chi Yan ne cessait de penser à Gu Xixi et restait sur ses gardes mais il ne vit même pas son ombre.
Quand ils rentrèrent, c'était déjà le cinquième jour depuis l'arrivée de Chi Yan et Ye Yingzhi dans la ville de H. Chi Yan estima qu'il aurait des nouvelles de Hu Xing dans les deux prochains jours. Dès qu'elle pourrait reprendre son travail et surveiller Gu Xixi, Ye Yingzhi et lui pourraient partir le cœur en paix.
La famille était partie trois jours d'affilée. Tôt dans la matinée de leur retour, Liu Fengying voulut sortir avec son mari pour faire les courses. Chi Yan les arrêta :
« Maman, papa et toi, occupez-vous du ménage, regardez la télé, discutez avec Ye Yingzhi. Donne-moi la liste de courses, je m'en occupe. »
Il faisait jour et Chi Yan était sûr qu'il n'aurait aucun problème s'il sortait un peu. L'essentiel était que Ye Yingzhi reste avec ses parents.
Liu Fengying eut la légère impression que son fils avait un peu changé depuis son retour mais elle mit ça sur le compte du fait qu'il grandissait et devenait plus sensé. Aussi elle ne refusa pas et lui donna la liste de ce qu'il devait acheter et il partit seul aux courses.
Avant de partir, Chi Yan fit venir discrètement Ye Yingzhi.
« Yingzhi, je sors un moment. Si jamais, euh, si jamais Gu Xixi ou quelqu'un qui lui ressemble se pointe, tu dois empêcher mes parents de lui ouvrir et tu ne dois surtout pas la laisser s'approcher d'eux. »
Ye Yingzhi le regarda en riant à demi.
« Je vois. Qu'est-ce que tu as bien pu faire de mal pour être aussi nerveux et être parti aussi loin pour t'éloigner de Gu Xixi ? »
C'est parce que je t'ai épousé dans le jeu, grommela Chi Yan en lui-même. Il jeta un coup d'œil à la porte. Ses parents étaient tous deux dans la cuisine, pas dans la salon. Alors il se dressa sur la pointe des pieds et déposa un baiser sur la joue de Ye Yingzhi.
« Je te les confie. J'y vais. »
Et il partit bien vite.
Ye Yingzhi resta à l'entrée avec sa main gauche sur la porte. Il regarda Chi Yan qui s'éloignait rapidement de dos. Il attendit que sa silhouette ait disparu au loin avant de refermer doucement la porte. Il plissa les yeux et eut un sourire secret.
« Petit vilain... »
Notes du chapitre :
(1) 1937-1945.
(2) Les beaux-parents approuvent déjà leur relation ! Ye Yingzhi est ravi.
(3) cf arc précédent !
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