Chapitre 280 : Une myriade de plantes spirituelles
Le temps fila rapidement. Yan Tianhen ne s’en rendit absolument pas compte et quand il leva de nouveau les yeux, il faisait déjà nuit.
La Cloche Transmet Voix fabriquée par Lin Xuanzhi était considérée comme un outil magique à usage unique et il n’y avait pas beaucoup de Qi stocké à l’intérieur. Si tout était usé, elle devenait totalement inutile alors en général, les gens s’en servaient uniquement pour transmettre des messages à des moments critiques.
Au contraire, entre les mains de Lin Xuanzhi et Yan Tianhen, cette précieuse Cloche Transmet Voix devenait un outil magique pour bavarder. En moins d’un shichen, les deux frères avaient déjà usé chacun quatre Cloches Transmet Voix. Si Duan Yuyang avait vu ça, il en aurait forcément pleuré à cause d’un tel gâchis.
Il fallait savoir qu’une Cloche Transmet Voix à usage unique ne coûtait que cinq pièces d’or. Par contre, de telles Cloche Transmet Voix qu’on pouvait utiliser plusieurs fois se vendaient plusieurs centaines de pièces d’or sur le marché.
Cependant, Lin Xuanzhi n’éprouvait aucun regret et voulait continuer à discuter avec son petit frère. À ses yeux, l’argent n’était rien ; c’était Ah Hen qui était bien plus important.
Au contraire, Yan Tianhen était si bouleversé qu’il ne pouvait plus continuer. Alors quand la cinquième Cloche Transmet Voix allait être à bout de Qi spirituel, il serra les dents et interrompit ce qu’allait dire Lin Xuanzhi :
« Grand frère, on reparlera une autre fois. J’ai déjà utilisé cinq des dix Cloches Transmet Voix que tu m’as données, c’est vraiment du gâchis. »
Lin Xuanzhi ne prit pas ça à cœur.
« Comment tu peux dire que c’est du gâchis ? Si c’est pour toi, ça vaut la peine de les utiliser. »
Yan Tianhen lâcha un Aiya.
L’autre jeune homme s’empressa de lui demander :
« Que se passe-t’il ? »
L’adolescent rigola deux fois et expliqua :
« C’est si mielleux que j’en ai mal aux dents. »
Lin Xuanzhi rit à son tour.
« La prochaine fois que je te verrai, grand frère examinera bien tes dents pour voir si elles ne sont pas cariées. »
Yan Tianhen hocha la tête, oubliant que Lin Xuanzhi ne pouvait pas le voir. Il soupira.
« J’ai vraiment envie de vite de revoir… »
Lin Xuanzhi était aussi perturbé car ils ne se voyaient plus tous les jours comme avant. Il soupira à voix basse, puis fut soudain pris d’une envie :
« Sinon, je peux venir te voir tout de suite ?
– Non ! le dissuada rapidement l’adolescent. Du pic de l’Épée Pesante au pic de l’Épée Brisée, sans parler de la longue distance, il y a cette forêt brumeuse qui n’est pas du tout facile à traverser. En plus, grand frère vient à peine de commencer à cultiver sur la Falaise des Vents Sévères ces derniers jours, il doit être très fatigué et doit dormir tôt. On pourra toujours se revoir une fois qu’on se sera chacun habitué à notre nouvel environnement. »
Lin Xuanzhi écouta le discours organisé de son petit frère et songea : Ah Hen a effectivement bien mûri au niveau de son raisonnement.
Les paroles de l’adolescent étaient très raisonnables. Tout d’abord, Lin Xuanzhi était si fatigué qu’il n’arrivait même plus à bouger les doigts. Il n’aurait su dire combien de fois son Qi interne avait été vidé, alors il était extrêmement affaibli. Ensuite, ils venaient à peine tous les deux de commencer à cultiver sous la tutelle de leurs maîtres respectifs, alors ils devaient naturellement se concentrer davantage sur leur entraînement. Quel serait l’intérêt de songer à courir voir ailleurs ?
Lan Yue n’y verrait aucun inconvénient, mais ils ignoraient ce qu’en penserait Huai Yu.
Et bien qu’ils se trouvaient tous les deux sur des pics principaux de la secte du Ciel Mystérieux, il fallait savoir que le territoire de la secte s’étendait sur cent mille montagnes, ce qui était plus vaste que certains royaumes du Continent Est. Vu la distance entre le pic de l’Épée Pesante et le pic de l’Épée Brisée, il faudrait bien un ou deux shichen pour s’y rendre en volant sur une épée. Ce n’était pas donc pas une mince affaire.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Après toutes ces considérations, Li Xuanzhi dut naturellement renoncer à faire ce que son cœur lui dictait. S’il avait proposé ça, cela avait été sur le coup de l’émotion. Il n’avait pas pu s’en empêcher !
Ils échangèrent encore quelques mots, puis la Cloche Transmet Voix dans la main de Lin Xuanzhi clignota plusieurs fois avant de devenir de la pierre. Cela voulait dire qu’elle était devenue totalement inutile.
Lin Xuanzhi résista à l’envie de prendre une autre cloche et il attendit un moment. Toutefois, son petit frère ne chercha plus à le contacter, alors il retira sa main et s’allongea sur le lit. Il ferma les yeux et se détendit.
De son côté, Yan Tianhen se frotta le nez, un peu déprimé. Puis il roula sur le côté, se rhabilla et mit ses bottes pour sortir dehors. Dès qu’il quitta sa cabane en bambou, il vit Huai Yu qui portait une tunique vert foncé négligemment posée sur ses épaules. L’homme était adossé contre un pilier de bambou qui soutenait la maison et le regardait, les bras croisés et les yeux plissés.
Yan Tianhen s’arrêta net et s’approcha.
« Maître. »
L’Honorable Huai Yu avait à nouveau les cheveux lâchés dans son dos. Il avait l’air sauvage et sans retenue. Il baissa les yeux sur son disciple avec un sourire au coin des lèvres.
« Tu as terminé de parler avec ton grand frère ? »
Yan Tianhen répondit :
« C’est terminé. »
Huai Yu demanda alors :
« Montre-moi ce que tu as utilisé pour parler. »
Yan Tianhen sortit docilement une Cloche Transmet Voix de son sac de stockage. Au moment où il allait la tendre à son maître, la cloche parut soulevée par un fil invisible. Elle s’éleva dans les airs, puis retomba nettement dans la main de Huai Yu.
L’homme l’examina dans tous les sens, puis fit avec un peu de dédain :
« Un truc insignifiant. »
Yan Tianhen était sur le point d’objecter et de dire que c’était au contraire très utile. Ce fut alors qu’il vit son maître ranger la cloche dans son sac de stockage et lui faire d’un ton sévère :
« Tu en as d’autres, donne-les moi toutes ! Qui t’a permis de contacter quelqu’un à l’extérieur ? Si tu ne suis pas les règles, je dois te punir. »
Yan Tianhen : « … »
L’air amer, il serra son sac de stockage contre lui et supplia d’un air extrêmement réticent :
« Maître, il ne m’en reste plus que deux. Il faut que je puisse parler à mon grand frère. S’il n’arrive pas à me contacter, il va s’inquiéter. »
Huai Yu argua d’un ton particulièrement éhonté :
« En tant que disciple, n’as-tu pas la moindre piété filiale ? Normalement, puisque tu es mon disciple, je dois me charger de ta nourriture, tes vêtements et ton logement. Je dois aussi consacrer du temps à t’enseigner. Quant à toi, tu dois me payer pour mon enseignement. Je ne te demande pas de l’argent, mais juste quelques cloches miteuses en guise de paiement. Ne me dis pas que tu n’es pas d’accord ? »
Yan Tianhen faillit pleurer de colère en entendant ces paroles. Mais vu que les choses en étaient arrivées là, afin que sa vie soit plus facile à l’avenir, Yan Tianhen n’eut pas d’autre choix que de tendre deux Cloches Transmet Voix à ce maître de pacotille, se résignant à se séparer de ce qu’il chérissait tant.
Il se sentit malheureux et terriblement lésé. Les autres maîtres offraient toujours des cadeaux à leurs nouveaux disciples. Mais son maître à lui, au lieu de lui offrir quelque chose, réclamait au contraire des choses à son disciple sous le prétexte de la piété filiale.
Fort heureusement, grâce à sa réactivité, il n’avait pas dévoilé l’existence des deux dernières cloches et avait pu glisser quelques mots à son grand frère tout en les gardant en main.
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Après avoir reçu en tout trois cloches, Huai Yu fit d’un ton satisfait :
« Très bien, je vais d’abord essayer ces trucs pour voir si ça marche. Si je suis satisfait, je permettrai à ce jeune Lin Xuanzhi de venir te voir. »
Yan Tianhen releva subitement la tête, fixant son maître avec des yeux brillants. Il fit d’un ton empressé :
« Ces cloches sont vraiment très utiles. Elles peuvent transmettre très loin et on peut dire beaucoup de mots !
– Pourquoi tu es si enthousiaste ? Je préfère me faire mon propre avis. Au fait, j’ai entendu dire que ton grand frère est devenu Artisan. Il est assez doué ? »
Yan Tianhen hocha la tête et fit d’un ton de fierté :
« Bien sûr, mon grand frère est le meilleur.
– Bien, fit Huai Yu en hochant la tête. N’oublie pas de lui dire qu’à sa prochaine visite, il devra m’apporter des cadeaux. Appelle ça un pot-de-vin si tu veux. En tout cas, la qualité et la quantité de mon enseignement dépendront de sa sincérité. »
Yan Tianhen en resta stupéfait et bouche bée — C’était, c’était bien trop osé et direct, pas vrai ?
En voyant sa réaction, Huai Yu roula des yeux et fit un peu méchamment :
« Petit, tu crois vraiment que je t’aurais accepté comme disciple pour rien ? Si mon grand frère martial n’avait pas mentionné ça, je ne t’aurais même pas accordé le moindre regard… Lin Xuanzhi doit lui aussi y mettre du sien. »
Quand il eut fini de parler, il ne laissa même le temps à l’adolescent d’ouvrir la bouche et il ajouta :
« Au fait, tu devras dorénavant arracher les mauvaises herbes dans les champs de plantes spirituelles à l’arrière tous les jours. Si tu oses endommager un seul plant spirituel, tu devras planter dix jeunes pousses ou bien j’enverrai la facture à ton grand frère. Quant aux poules et aux canards, c’est à toi de les nourrir. Donne-leur juste ce qu’il faut, ne les nourris pas trop, sinon ils vont mourir à force d’être gavés de Qi spirituel. J’ai aussi un potager, tu devrais savoir quoi faire avec. Oh, les melons et les arbres fruitiers sont aussi sous ta responsabilité… Hum, laisse-moi encore réfléchir. Ah, tu sais cuisiner ? »
Yan Tianhen était encore sous le choc, mais il secoua la tête instinctivement.
« Non.
– Alors tu feras en sorte d’apprendre tout seul, fit son maître en hochant la tête. Dorénavant, tu prépareras les repas quotidiens. Si c’est mauvais, je te frapperai. Bon, on va dire que c’est tout pour le moment. Va déjà t’occuper du champ de plantes spirituelles. »
Tout en jouant avec les trois Cloche Transmet Voix, Huai Yu se dirigea vers sa maison pieds nus, laissant Yan Tianhen tout seul dans le vent.
L’adolescent resta planté là un bon moment avant de se rendre compte que la raison pour laquelle l’autre l’avait pris pour disciple, n’était-ce pas pour lui donner toutes les corvées à faire ?
Il ne savait pas s’il devait en rire ou en pleurer. Il se prépara à inspecter le champ de plantes spirituelles dont avait parlé son maître.
Feng Jingyu, qui avait disparu dès son réveil, revint en volant avec les deux tigreaux qui couraient derrière lui.
Il atterrit sur la tête de l’adolescent et lui tapa le front de son aile, tout excité. Il pépia :
« Cet Honorable Huai Yu, il est très riche, ah ! Tu as vraiment très bien fait de le prendre comme maître ! »
Quand il entendit les mots ‘très riche’, Yan Tianhen étira les lèvres en un sourire ironique et fit d’un ton écœuré :
« Ce n’est pas ce que je vois. Il m’a même piqué mes Cloches Transmet Voix à l’instant. Est-ce vraiment ce que ferait un homme très riche ?
– On s’en fout de ces cloches, ah ! »
Feng Jingyu haït de nouveau ce fer qui refusait de devenir acier.
« Est-ce que tu as une idée de la taille du champ de plantes spirituelles qu’il a dans la montagne ? Au moins des milliers de mu Un mu représente environ un quinzième d’hectare. (1), ah ! Tu imagines un peu ce que ça représente, des milliers de mu ? »
Yan Tianhen en fut lui aussi choqué. Un champ de plantes spirituelles n’était pas comme un potager. Si une secte pouvait déjà cultiver des centaines de mu, on pouvait la considérer comme riche et puissante.
Yan Tianhen n’était pas au fait de la surface que possédait de la secte du Ciel Mystérieux, mais il avait travaillé dans les champs de plantes spirituelles de la famille Lin avant. Il savait que la famille ne cultivait qu’une dizaine de mu.
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Yan Tianhen faillit pleurer de terreur rien qu’à cause de ce nombre. Bien sûr, il ne pleurait pas parce que son maître était très riche, mais parce que l’autre lui avait confié la tâche de s’occuper de tout le champ de plantes spirituelles, ah !
Combien de plantes spirituelles cela faisait ?
Des milliers de mu !
Cette quantité seule suffirait à faire mourir de peur les gens.
Les yeux de l’adolescent devinrent vides, son visage pâlit et son corps s’effondra. Il était déjà en train de suer à profusion.
Cependant, Feng Jingyu ne se rendit compte de rien et continua d’un ton excité :
« Ces milliers de mu ne sont pas le plus important. Tu sais le mieux dans tout ça ? Sur ces milliers de mu, on trouve des plantes spirituelles de qualité supérieure ou haute sur au moins la moitié, ah ! C’est vraiment une terre de trésor. Ce Huai Yu mérite bien d’être appelé un grand agriculteur. Si tu le suis, tu ne seras assurément pas perdant ! »
On entendit soudain un gros boum et de la poussière s’envola dans les airs.
« Aiya, Ah Hen, tu t’es évanoui ?
– Aou aou aou ! feula Ha Bai.
– Aou ! » s’y mit Hu Po.
Le deuxième jour de son entrée sur le pic, Yan Tianhen était déjà mort.
Le soleil brillait, les oiseaux chantaient et le parfum des fleurs embaumait l’air. Faisant une tête d’enterrement, Yan Tianhen était suivi par deux tigreaux qui couraient partout. Lui-même suivait l’Honorable Huai Yu qui le conduisait vers le champ de plantes spirituelles dans la montagne.
Yan Tianhen observa les deux tigreaux avec envie : ces deux petits gars insouciants étaient vraiment les grands gagnants dans la vie, pas vrai ?
Cependant, après plusieurs virages, quand il vit pour de vrai avec Huai Yu le champ de plantes spirituelles, il en fut choqué !
Ces plantes spirituelles s’étendaient à perte de vue. Le parfum unique titillait les narines et des brins d’herbe spirituelle s’agitaient langoureusement au gré du vent, comme pour lui faire signe et l’inciter à faire d’eux des pilules !
« C’est, c’est bien trop ! murmura Yan Tianhen. Combien de plantes spirituelles doit-il y avoir, ah ?! »
Huai Yu eut un sourire de fierté et fit :
« Combien de plantes ? Je n’en sais rien mais puisque tu en parles, j’aimerais bien savoir. Ce sera une autre de tes tâches plus tard : en un an, tu compteras le nombre de plantes spirituelles qu’il y a ici. »
Le coin des lèvres de Yan Tianhen se tordit violemment et il fit à Huai Yu d’un air triste :
« Maître, vous n’êtes pas sérieux, hein ? »
L’homme agita la main.
« Au contraire, ton maître est très sérieux. Si je ne sais pas combien de plantes spirituelles je possède, comment pourrais-je savoir à quel point je suis riche ?! »
Yan Tianhen : « … »
Pourquoi a-t’il fallu que tu l’ouvres ? Tu n’aurais pas pu te taire ?! Il faut toujours que tu cherches la mort !
Note de Karura : Alors, que pensez-vous du maître de Yan Tianhen ? C’est un sacré personnage, hein ?
Pauvre Ah Hen, il va souffrir lui aussi !
Notes du chapitre :
(1) Un mu représente environ un quinzième d’hectare.
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