Chapitre 12 : « Mon père m’envoie enfin de la nourriture normale. »
Chu He enfila une robe de chambre. Il se tint devant le large miroir de la salle de bain et soupira. Zhou Hui arriva derrière lui en bâillant et déposa un baiser dans son cou. Puis il baissa la tête et se brossa les dents.
Il était torse nu et sa musculature puissante formait une vue très esthétique sous la lumière artificielle. Ses abdominaux et le haut de son aine s’étendaient à la perfection vers le caleçon à taille basse. Sa coupe de cheveux était très à la mode et l’arête de son nez était si lisse qu’elle reflétait la lumière. Son visage était si splendide que même une photo de lui prise directement au réveil avec les yeux chassieux pourrait sans problème faire la couverture d’un magazine de mode.
Chu He examina son propre reflet : il avait l’air pâle, fatigué et malade. Il regarda de nouveau son compagnon et ressentit quelque chose de bizarre.
« Qu’y a-t’il ? » demanda Zhou Hui d’un ton distrait.
Chu He ne répondit pas tout de suite. Il se versa un verre d’eau chaude pour le boire. Après avoir vidé la moitié, il fit d’un ton songeur :
« Je me disais… Si les gens nous voyaient tous les deux, ils se demanderaient sûrement combien je paie pour t’entretenir, non ? »
Cela fit rire Zhou Hui.
« Mon cœur, les gens penseraient plutôt que c’est moi qui t’entretiens, tel un directeur dominateur. »
En disant ça, il se trouva extrêmement dominateur. Il secoua fièrement la tête comme une crinière devant le miroir, le recouvrant de dentifrice.
« … »
Chu He eut subitement l’impression d’être dans un zoo. Il se dit qu’il n’aurait vraiment jamais dû aborder le sujet avec ce type qui ignorait tout de la honte. Comment quelqu’un pouvait-il être aussi arrogant… ?
Il soupira et désigna plutôt la fenêtre en disant :
« Le temps s’est écoulé, tu dois retirer ta barrière. »
Zhou Hui ne parut pas concerné.
« Il ne fait pas encore jour. »
Et c’était effectivement le cas. On aurait dû être au petit matin de l’été dans la cité de H, mais il faisait encore nuit dehors. Des couches de nuages denses et noirs remplissaient le ciel. Il n’y avait même pas la lune pour éclairer un peu. On se serait cru en pleine nuit.
Chu He s’adossa contre le meuble de lavabo en verre, plissant légèrement les yeux et fixant Zhou Hui de sous ses mèches. L’autre homme était en train de recracher le dentifrice. Il tourna la tête à ce moment et croisa son regard. Aussitôt, il sourit.
« Mon cœur, ton expression est vraiment trop excitante… Tu te souviens quand tu es descendu sur la Mer de Sang en tant que Roi de Clarté Phénix ? Tu as purifié les âmes de plusieurs millions de démons et tu avais précisément ce regard-là… »
Chu He demanda d’un ton confus :
« Tu étais là ? Alors pourquoi tu n’as pas été purifié comme les autres ? »
Zhou Hui se lava le visage. Les yeux fermés, il chercha à tâtons une serviette. Il finit par avouer :
« … Je suis parti dans un coin pour me masturber à ce moment. »
Chu He : « … »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Tout en chantonnant, Zhou Hui appela le service de chambre. Il demanda qu’on leur dépose le petit-déjeuner devant la porte, sans sonner. Pourtant, on sonna peu de temps après. Non seulement la personne dehors sonna, mais elle insista lourdement. Zhou Hui était en train d’appliquer du gel dans ses cheveux tout en s’admirant dans le miroir. Il finit par être agacé. Il alla ouvrir la porte et s’écria :
« Je n’avais pas dit que vous deviez… Vieux Six ? »
Li Hu se tenait à la porte. Elle poussa la desserte à roulettes d’une main et jeta des documents au visage de Zhou Hui de l’autre. Elle fit d’un ton glacial :
« Les Constructions Tianqi sont ta compagnie !
– … »
Zhou Hui ramassa aussitôt les papiers. Baissant la tête pour les lire, il vit qu’il s’agissait des plans de construction d’un certain bâtiment signés du nom de Zhou Yi. Son visage s’illumina aussitôt et il fit avec un sourire brillant :
« Salut, ma chère. Tu veux ton petit-déjeuner ? Prends donc la desserte avec toi, ça ne me dérange pas. C’est moi qui régale. 88 Se prononce baba en chinois. Utilisé pour bye bye. (1), ma chère ! »
Après ça, il voulut refermer la porte.
Sauf que Li Hu poussa sur le panneau de toutes ses forces.
« Sale enfoiré ! Tu as vendu exprès ce terrain aux Japonais ! Ce bâtiment n’est pas prévu pour être un building résidentiel, c’est clairement pour…
– Pour quoi ? »
Li Hu et Zhou Hui se turent en même temps. Quand ils levèrent les yeux, ils virent que Chu He se tenait dans le salon, pieds nus et portant un peignoir blanc. Il avait un verre d’eau en main et haussait légèrement un sourcil.
Les visages des deux autres personnes se crispèrent aussitôt en même temps. Ils se regardèrent et semblèrent communiquer par télépathie en un éclair — Le visage de Li Hu exprimait clairement :
« Il y a un problème là-bas avec le fœtus né de la terre. Que dois-je faire ? »
Zhou Hui arborait un air très acéré.
« Je n’en sais rien. Qui t’a dit d’aborder ce sujet devant ma femme ?! »
Chu He demanda d’un ton autoritaire :
« Quel est le problème avec les Japonais ? Si vous ne me dites rien, je soupçonnerai que vous avez couché ensemble et que Vieux Six est enceint, ah. »
Les deux concernés frémirent en même temps. Zhou Hui réagit rapidement en désignant le ciel puis la terre afin de témoigner de sa sincérité :
« Mon épouse, je m’en remets à ton jugement lucide ! Pour moi, ce renard est comme ma belle-sœur, ah ! Il est encore plus que ça, ah ! — Nous parlions juste du fait que j’ai ouvert il y a deux ans une compagnie de construction en ton absence. Nous irons à la banque aujourd’hui pour que je te remette tout mon argent personnel… »
Broum !
Un éclair brillant stria soudain le ciel par la fenêtre, suivi par un tonnerre qui agita la terre. Cela interrompit le beau discours de Zhou Hui.
Ce dernier en fut choqué et marmonna :
« … J’ai juste caché un peu d’argent personnel, pourquoi ça mérite le tonnerre et la foudre ?! »
Le coin des lèvres de Chu He frémit légèrement. Il se tourna pour courir regarder par la fenêtre. Il vit alors un autre éclair s’abattre le long du ciel comme un dragon sinueux, traçant un arc aveuglant entre le ciel et la terre, puis frapper lourdement en direction de la banlieue.
— Broum !
Au même moment, le portable de Li Hu sonna. Le bruit soudain fit sursauter tout le monde. Sur l’écran s’afficha le nom du maire Huang. Quand Li Hu prit le portable pour répondre, Chu He s’en empara et fit :
« Allô ?
– Dir-directeur Chu ? Ô grand immortel, où tu étais ces deux derniers jours, putain ?! »
Il y avait du tonnerre du côté du maire Huang, mais Chu He parvenait à entendre sa voix éraillée :
« Viens vite sur le site de construction en banlieue ! Il s’est passé quelque chose, le fœtus né de la terre a fait s’écrouler la fosse pour former un gros trou !
– … Le fœtus né de la terre ?
– Viens vite, on va organiser une équipe pour porter secours ! fit le maire Huang d’un ton grave. Et aussi, ta voiture rouge est garée près de la fosse. Ton frère est peut-être tombé dedans ! »
Au même moment, à quarante mètres sous terre.
Zhang Shun n’aurait su dire combien de fois il était tombé. La première fois, il s’était écorché les genoux contre une pierre tranchante et le sang avait coulé sur son mollet. Mais depuis, la douleur avait été complètement engourdie à cause des chutes répétitives.
À chaque fois, les Japonais derrière lui juraient et voulaient le frapper, mais Yan Lanyu se postait devant Zhang Shun et l’aider à se relever. Il faisait froidement à ses compatriotes :
« Faites plutôt attention à vous. »
Le tunnel s’élargissait au fur et à mesure qu’ils descendaient. Au départ, il fallait retenir son souffle et marcher de travers pour progresser. Ensuite, ce ne fut pas un problème d’avancer d’un bon pas. Cependant, le chemin inégal et sinueux, ainsi que les roches étrangement tranchantes apportaient une sensation indescriptible. Il n’y eut pas que Zhang Shun : plusieurs Japonais trébuchèrent aussi très souvent. Quand il retomba à son tour, il s’ouvrit le front sur une pierre pointue et le sang recouvrit son visage.
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Aida avait déjà retiré sa veste grise. Il demanda à bout de souffle :
« C’est encore loin ? »
Ils arrivèrent à un autre tournant, mais le passage était obstrué par des cailloux. Yan Lanyu sortit une petite dague de sa ceinture. Il s’en servit comme levier pour faire tomber quelques rochers de taille moyenne et parvint à dégager un passage carré de soixante centimètres de côté à mi-hauteur de la paroi.
« Nous y sommes, » fit le jeune homme en toussant plusieurs fois à cause de la poussière dans l’air.
Il baissa la tête et entra le premier.
Zhang Shun fut le second, même s’il dut le suivre sans vraiment avoir le choix. Quand il se releva la tête et vit l’espace à l’intérieur, il en resta stupéfait.
Ce n’était pas juste une grotte formée par un effondrement naturel. Il y avait des gravures d’origine clairement humaine sur les murs et le sol. Les Japonais allumèrent des bâtons de feu d’artifice froid Des bâtons qu’on plante au sol et qui crachent des étincelles. Comme c’est froid, on peut les utiliser en intérieur comme en extérieur. (2). Ils purent ainsi voir que les murs en pierre tout autour étaient recouverts de motifs denses. À cause des infiltrations d’eau constantes, certains avaient pourris et émettaient une odeur épouvantable.
Le plus effrayant, c’était que ces gravures continuaient le long des parois de pierre au loin. Certains hommes allumèrent des torches et purent ainsi voir que la caverne était aussi vaste qu’un terrain de football !
« Regardez ! cria soudain un des Japonais dans sa langue. Ces choses sont aussi gravées par terre ! »
Zhang Shun ne pouvait pas comprendre le japonais, mais en voyant tout le monde baisser la tête, il fit de même pour regarder à ses pieds. Il vit alors que le sol en pierre était effectivement gravé avec les mêmes motifs que les murs.
Il se trouvait que le second jeune maître Zhang avait une maîtrise d’une prestigieuse université à l’étranger. Après avoir dû lire autant d’ouvrages dans une autre langue, ses yeux avaient acquis certains réflexes automatiques. Il se rendit compte peu à peu que ces motifs étaient comme des mots répétés d’un paragraphe, sauf que le début et la fin étaient entremêlés, telle une sorte de motif bizarre et convolutif.
« Lanyu-sama. »
Ces hommes de main japonais semblaient craindre un peu Yan Lanyu. L’un d’eux lui demanda d’un ton très respectueux :
« Quel est ce sort ? Une malédiction ? »
Yan Lanyu dirigea la lampe-torche pour éclairer le sol à ses pieds. Au bout d’un long moment, il lut lentement à voix haute un mot aux sonorités très étranges et inconnues, puis il fit :
« C’est la Grande Incantation de Scellé, un sort en Sanskrit.
– Du Sanskrit ?
– Oui. Les runes ne sont que des répétitions. En fait, cela ne dit qu’une seule et même phrase. »
Il inspira profondément et pour une raison étrange, Zhang Shun eut l’impression de le voir sourire, sauf que c’était un sourire assez particulier.
« En ce lieu se trouve un être autrefois puni par le Châtiment Céleste. Il y a en tout 99 990 000 Grandes Incantations de Scellé qui répètent toutes cette phrase. »
Quand Zhang Shun vit la tête qu’il faisait, il ne put s’empêcher de trembler.
Il ne fut pas le seul, plusieurs autres Japonais furent également horrifiés. Celui qui avait posé la question reprit d’un ton choqué :
« Mais cet endroit — cet endroit est si immense ! Tous ces murs et même le sol sont gravés avec cette phrase. Qui aurait bien pu faire ça ? Et pourquoi diable —
– Cela veut dire qu’une créature est scellée ici. Cette chose est très féroce. Ces 99 990 000 incantations parviennent à peine à la retenir ici. »
Yan Lanyu marqua une pause pour regarder autour. Il reprit :
« Quant à celui qui les a gravées, ce doit être la même personne qui a construit cet endroit. Graver une incantation est très différent de la recopier, tout le monde n’en est pas capable. En plus, il n’y a pas tant que ça de magiciens dans ce monde qui sont à un niveau suffisamment avancé pour lancer la Grande Incantation de Scellé. Voilà pourquoi je pense que ces incantations gravées de manière si dense ne sont l’œuvre que d’une seule et même personne. »
Tout le monde fut si choqué qu’ils en restèrent sans voix. Quand certains se ressaisirent, ils sortirent aussitôt leurs portables pour prendre des photos afin de garder une preuve.
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Aida Tadaishi tourna sur lui-même avec sa lampe-torche. Sans doute un peu nerveux à cause des incantations denses qu’il voyait, il demanda d’une voix forte :
« Et qu’en est-il de la chose à l’intérieur ? Où est le fœtus né de la terre ? »
Yan Lanyu eut de nouveau ce sourire étrange et répondit :
« Au-dessus de vous. »
Quand Aida leva la tête, sa lampe-torche fut également pointée vers le haut. Tout le monde recula de plusieurs pas en même temps.
— Ils virent subitement un cercueil au plafond de la grotte vide.
C’était le cercueil qu’ils avaient enterré plus tôt. Il avait été entraîné sous terre par une force inconnue et avait été ouvert. Le cadavre était assis bien droit sur le couvercle, toujours avec le couteau planté dans son torse et sa main qui pointait cette fois vers l’est.
Zhang Shun avait beau s’être habitué aux dieux et démons depuis peu, le fait de voir un macchabée suspendu dans cette position au-dessus de sa tête était des plus flippants. Ses oreilles se mirent à bourdonner et de la chair-de-poule envahit tout son corps. Ses yeux suivirent involontairement la direction indiquée par la main du cadavre souriant —
Il vit un homme suspendu là-bas.
C’était la personne qu’il avait vue dans le miroir invoqué par Li Hu.
Il était suspendu à trois ou quatre mètres du sol. Ses mains étaient attachées en hauteur, sa tête naturellement baissée et ses longs cheveux retombaient. Il portait une tunique datant de Dieu sait quand et qui tombait en lambeaux. Il y avait d’innombrables lignes denses écrites avec du sang sur sa tunique. C’étaient exactement les mêmes que les Grandes Incantations de Scellé gravées sur le sol et les murs.
Les Japonais pointèrent prudemment leurs torches vers lui et personne ne fit un bruit au départ. Puis un bout d’un moment, l’un d’eux s’exclama dans son souffle :
« Il est… tellement beau… »
En effet, le visage de cette personne était d’une beauté à couper le souffle. Il avait un côté androgyne qui transcendait les genres. Bien qu’ils se trouvaient dans une caverne souterraine sombre et effrayante, les gens ne purent s’empêcher d’oublier toutes leurs peurs. Zhang Shun avait déjà expérimenté ce choc en voyant le reflet dans le miroir. À présent qu’il voyait l’autre de ses propres yeux, il put subir ce choc de plein fouet.
— Mais après un moment d’observation, une autre pensée surgit lentement dans son esprit.
Cette personne n’était pas son grand frère.
Oui, il se rendait de plus en plus compte que cela ne pouvait pas être son grand frère parce qu’il avait fini par remarquer quelque chose sur le visage de cette personne —
— Du Yin maléfique.
Zhang Shun crut d’abord que ses yeux lui jouaient des tours. Il battit plusieurs fois des paupières, mais ce genre de mal indicible et de froideur émanaient de plus en plus clairement du visage de cet homme.
Le vocabulaire limité du second jeune maître Zhang ne permettait pas de décrire cette sensation étrange. Ce visage était clairement splendide et on pouvait dire sans exagérer que c’était le chef-d’œuvre de la Création, mais il y avait une sorte de Yin maléfique et terrifiant qui émanait du coin des yeux et du moindre de ses pores. Zhang Shun avait déjà vu des vilains rois démons dans les jeux vidéos. Certains avaient les yeux rouge sang et un visage terrifiant. Ils faisaient plutôt peur, mais cela n’avait rien à voir avec ce Yin maléfique qui vous transperçait directement le cœur pour le geler.
Zhang Shun n’avait ressenti ça qu’en voyant le visage d’une seule autre personne — le Seigneur Démon Fan Luo.
Il recula automatiquement d’un pas.
« Comment ça se fait que ce ne soit pas un bébé ? »
À ce moment, un Japonais avait également remarqué quelque chose d’anormal, mais il ne semblait pas se rendre compte du Yin maléfique émanant du visage de ce fœtus né de la terre.
« Les annales de la dynastie Qing stipulent clairement que tous les fœtus de la terre ont la forme d’un embryon. Les rares ayant l’apparence de nouveaux-nés sont déjà du plus haut niveau qui soit sur terre. Alors pourquoi celui-ci ressemble à un adulte ? »
Un autre homme répliqua :
« Les fœtus nés de la terre sont si rares, c’est difficile de déterminer son niveau. Peut-il qu’il a déjà grandi ? »
Les Japonais continuèrent de débattre entre eux, pendant que Zhang Shun suait déjà à profusion. Il gardait les yeux fixés sur ce visage débordant de Yin maléfique et féroce et se dit : Quoi qu’il arrive, ça va aller. Il suffit juste que vous laissiez ce fœtus accroché là-haut. Qu’il reste prisonnier des 90 millions d’Incantations de Scellé. Putain, ce visage est trop flippant, ah…
« Il est possible que des fœtus nés de la terre grandissent, » fit soudain Yan Lanyu qui avait gardé le silence jusque là pendant que les autres Japonais continuaient d’arguer entre eux.
Dès qu’il ouvrit la bouche, tout le monde cessa de parler et ils refermèrent la bouche pour l’écouter. Bien le Japonais du nom d’Aida l’avait frappé et injurié, les autres subalternes semblaient très, très déférents envers cet onmyōji et aucun d’eux ne manifesta d’autre sentiment que le plus total respect.
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« Les fœtus nés de la terre qui sont engendrés par les lignes telluriques sous les montagnes, les rivières et les calottes glaciaires pendant des milliers d’années ne sont pas toujours capables de se développer, étant donné qu’ils ne peuvent compter que sur le Feng Shui naturel autour d’eux pour se nourrir et qu’il leur manque des humains à dévorer. Au cours de ce siècle, on a retrouvé quelques fœtus dans le Xinjiang, le Nord-Est de la Chine et dans d’autres endroits, tous des embryons. Il y a cependant eu une fillette cachée au plus profond d’une grotte. Elle faisait environ dix mètres de haut, le corps totalement formé, des cheveux et un visage comme chez un humain. D’après les rumeurs, on pouvait entendre la fillette pleurer dans la nuit car la zone n’était pas très peuplée, donc elle ne pouvait pas se nourrir correctement.
– Tu veux dire que comme la cité de H est densément peuplée, le fœtus a pu grandir plus vite ? » demanda Aida d’un ton incrédule.
Le visage de Yan Lanyu resta impassible.
« C’est fort possible. »
Aida Tadaishi hésitait encore, mais Yan Lanyu fit :
« Si vous voulez le prendre, il faut faire vite. Nous manquons de temps. »
Tout le monde fut choqué de le voir faire le tour de la grotte avec sa lampe-torche. Ils purent voir que les mur de pierre étaient bien infiltrés par de l’eau souterraine en cet instant, ne laissant que quelques endroits secs. Pire encore, l’eau à certains endroits coulait le long des gravures dans la pierre.
« Il a commencé à bien pleuvoir à la surface et l’eau ne va pas tarder à arriver jusqu’ici. »
Le jeune onmyōji marqua une pause, puis reprit :
« En plus, il y a eu pas mal d’agitation quand nous sommes descendus. Les gens qui sont capables de repérer ça sont sûrement déjà en route pour ici… »
Les subordonnés prirent un air apeuré. L’un d’eux murmura d’un ton pressant :
« Aida-san ! »
Aida parut un peu hésitant — les gens impitoyables et rusés se montraient en général prudents. Mais ils étaient déjà descendus jusqu’ici, alors il n’était pas vraiment possible de faire marche arrière. Sans parler du reste, sans le fœtus né de la terre, ils ne pourraient jamais quitter la cité de H sous le nez de Zhou Hui.
« On va faire descendre ce fœtus. »
Il désigna Yan Lanyu et ordonna à deux de ses hommes :
« Faites-lui la courte échelle ! »
Les deux hommes n’objectèrent pas et se placèrent en-dessous du fœtus suspendu. Yan Lanyu monta habilement sur leurs épaules. Les autres hommes installèrent au sol quelque chose qui ressemblait à une poulie. Cela devait avoir été prévu pour extirper le fœtus de la grotte — Ils avaient clairement surestimé la taille du fœtus puisqu’en fait, un simple brancard allait suffir.
Aida Taidashi garda les yeux fixés sur Yan Lanyu alors que ce dernier était arrivé au niveau du fœtus, son visage touchant presque les oreilles de l’autre personne. L’adolescent sortit une courte dague de sa ceinture et parut réfléchir au moyen de briser le sceau qui retenait le fœtus.
— Un mauvais pressentiment indescriptible s’empara soudain de son cœur.
Aida avait de l’expérience et il savait se montrer impitoyable. Sans ça, il n’aurait jamais atteint sa position actuelle dans la secte Mizong. Il avait rarement de telles prémonitions mais à chaque fois, quelque chose de terrible se produisait et au moins la moitié des gens présents mouraient.
Les paupières d’Aida se mirent à pulser violemment. Il inspira et fit de manière presque instinctive :
« Attends ! »
Tout le monde se tourna aussitôt vers lui. Aida leva la tête vers Yan Lanyu et lui fit :
« Ne le libère pas encore ! Attends — »
L’adolescent lui rendit son regard avec un sourire très étrange :
« Trop tard. »
Sur ce, il brandit sa dague et trancha les liens qui retenaient le fœtus. Ce dernier tomba lourdement par terre avec un poum !
En cet instant, le corps d’Aida se gela et le plus grand silence se fit dans toute la grotte. Chacun pouvait entendre ses propres battements de cœur.
Toutefois, il s’écoula plus de dix secondes, puis une minute sans que rien ne se passe.
« Ai… Aida-san… demanda un subordonné en tremblant. Vous allez bien ? Vous… »
Ce fut à ce moment qu’Aida se rendit compte que la base de sa langue était engourdie. Il déglutit et fit d’une voix rauque :
« Non, ce n’est rien. »
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Tout le monde se regarda d’un air confus. Quelqu’un voulut poser une question, mais il se fit aussitôt arrêter par le regard significatif d’un de ses compagnons. Pendant qu’ils restaient ainsi sans savoir quoi faire, on pouvait entendre l’eau couler de plus en plus fort. Quelques braves s’approchèrent du fœtus né de la terre et virent qu’il restait immobile par terre. Il ne semblait pas dangereux, alors ils le retournèrent et commencèrent à l’attacher à la poulie.
Tout à coup, l’un d’eux se releva et demanda d’un air de doute :
« Vous avez entendu ?
– Non, ah.
– Tu as entendu quoi ? »
Ils se turent tous. Il ne restait plus que le bruit de l’eau dans la grotte. Cependant quelques secondes plus tard, un autre homme s’écria soudain :
« Un-un rire… C’est un rire ! Quelqu’un est en train de rire ! »
Zhang Shun n’était pas loin de cet homme. Ses poils se hérissèrent et il trembla pendant un moment. Puis il entendit un léger rire sinistre derrière lui !
« Ha ha ha !
– C’est vraiment un rire !
– D’où vient ce bruit ?! »
Alors que tout le monde paniquait, un des Japonais se laissa soudain tomber assis, pointant le fœtus né de la terre au sol comme s’il avait vu un fantôme. Sa voix tremblait :
« — C’est lui ! C’est le fœtus né de la terre ! C’est lui qui rit ! »
En un instant, tout le monde regarda derrière et put voir le fœtus agité par un tremblement, puis un autre. Après quelques secondes, il se mit lentement assis.
Dès que Zhang Shun aperçut son splendide visage, son esprit explosa avec un boum !
Le fœtus souriait, sa bouche s’étirant presque d’une oreille à l’autre. Cette expression était très familière : c’était exactement la même que chez les Sept Cadavres Souriants !
« … »
Le fœtus parut dire quelque chose, puis il attrapa le Japonais qui était assis par terre et qui n’arrivait pas à se relever. À la vitesse de l’éclair, il ouvrit la bouche et arracha un bout de chair de la nuque de l’homme !
On entendit une déchirure et tout le monde changea radicalement d’expression. De la carotide de l’homme qui se faisait ainsi dévorer jaillissait du sang. L’homme hurla dans une mare de son propre sang :
« À l’aide ! À l’aide ! Venez m’aider — »
Aida ne perdit pas de temps à réfléchir : il leva son pistolet et tira !
Pan pan pan !
Toutes les balles filèrent vers le fœtus né de la terre mais l’instant d’après, elles rebondirent en arrière dans un bruit sec !
Comme s’il n’avait même pas remarqué les balles, le fœtus avala la chair ensanglantée, puis baissa la tête pour reprendre un plus gros morceau. Il mâcha la peau et l’avala. La scène était si gore que l’estomac tout entier de Zhang Shun lui remonta dans la gorge. Quelques Japonais plus sensibles avaient même vomi. Les autres, plus nombreux, saisirent leurs dagues et autres armes de jet pour se précipiter vers l’ennemi.
« Ne faites pas ça ! » s’écria Aida sans parvenir à les en empêcher à temps.
Le fœtus ne réagit pas aux lames qui s’abattirent sur lui. Il laissa tomber l’homme qu’il avait dévoré et qui ne respirait plus. Puis il se leva, attrapa nonchalamment une autre personne et lui déchiqueta la gorge d’une seule morsure !
« Battez vite en retraite ! s’écria Aida d’un ton déconfit. Ce n’est pas un fœtus né de la terre ! C’est une horrible abomination ! »
Ses hommes hésitèrent une fraction de seconde. En voyant que les deux compagnons ne pouvaient plus être sauvés, ils coururent sans demander leur reste. Malheureusement, leur fuite chaotique et désordonnée ne dura pas bien longtemps : le fœtus disparut subitement et réapparut d’un coup devant eux, bloquant la sortie de la grotte.
Il souriait encore, mais d’un sourire bien plus normal. Cependant, la combinaison de son extrême beauté et du Yin maléfique débordant donnait aux gens une impression tordue et terrifiante.
Tous reculèrent nerveusement d’un pas. La main d’Aida qui tenait le pistolet tremblait tellement qu’un coup pouvait partir à tout moment.
« Ce… Que diable est cette chose ?! »
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Le fœtus posa le regard sur lui et repoussa une longue mèche de ses cheveux derrière son oreille d’une main couverte de sang. Il tourna la tête et marmonna quelque chose d’incompréhensible.
Sa voix était bien trop éraillée. Après n’avoir pas émis un seul son pendant dieu sait combien d’années, il fallait un peu de temps pour que les muscles de sa gorge se libèrent de leur paralysie. Par conséquent, personne ne comprit tout de suite ce qu’il disait. Mais très vite, le fœtus répéta de nouveau et cette fois, tout le monde put entendre une phrase très claire :
« Tu… as envie de le savoir ? »
— Il pouvait parler comme un humain !
Tout le monde en resta stupéfait et la situation vira à l’absurde pendant un moment.
« Vous… m’avez donné bien trop de choses empoisonnées à manger… »
La voix du fœtus né de la terre était encore un peu rauque, mais il semblait très heureux de s’entendre parler pour la première fois depuis des années. Il continua en parlant lentement :
« Vous n’avez pas compris ? Vous… avez été envoyés ici par mon père. »
Avant que les autres ne puissent réagir, ils le virent tourner la tête et ses vertèbres craquèrent bruyamment.
« Après toutes ces années, enfin… il m’envoie de la nourriture normale. »
Au même moment, à la surface.
La Mulsanne noire roula dans une flaque, projetant l’eau, puis s’arrêta à l’entrée du chantier. Sous la pluie battante, le cordon de sécurité jaune et noir était tout délavé par terre et les policiers emmitouflés dans des imperméables épais étaient trempés comme une soupe. Le maire Huang hurlait des ordres à plusieurs officiers du commissariat. Quand il vit la voiture arriver, il poussa aussitôt sa secrétaire et les autres. Sans même prendre un parapluie, il courut sous la pluie torrentielle en se dandinant :
« Dir-directeur Chu ! »
Ce fut Zhou Hui qui sortit du véhicule avec un sourire. Il bloqua le maire Huang d’une main et demanda gentiment :
« Que se passe-t’il, vieux Huang ? »
Il portait toujours sa veste de motard en cuir qui semblait coûter extrêmement cher. Il retira ses lunettes de soleil d’un geste élégant. Son regard aimable et affectueux fit frissonner le maire Huang qui fit d’une voix tremblante :
« Je… Je cherche le directeur Chu. »
Chu He sortit de la voiture de l’autre côté et demanda d’un air sombre :
« Où est mon petit frère ? »
Zhou Hui ne fit pas attention à lui. Il saisit le maire Huang par le bras et le sermonna d’un ton très sérieux :
« Regarde-toi un peu : tu es une si grande belette et pourtant au moindre problème, tu ne sais qu’ouvrir la bouche pour appeler le directeur Chu. Tu n’as pas honte ? Tu prends le directeur Chu pour ta mère ou quoi, ah ? Qu’est-ce que je t’ai dit avant de partir ? Si le septième cadavre souriant apparaissait, tu devrais délocaliser la ville. C’est tombé dans l’oreille d’un sourd ou quoi ? En plus, si tu veux que le directeur Chu soit ta mère, tu dois au moins m’appeler papa… »
Chu He tendit le bras pour arracher le maire Huang de la prise de l’autre homme et l’attirer vers lui.
« Les secours sont déjà descendus ? Vous avez vu Zhang Shun ? »
Avant que le maire n’ait eu le temps de répondre, Zhou Hui avait tendu la main pour attirer Chu He vers lui, l’air très intransigeant.
« Ton frère est un gamin de trois ans qui a besoin de toi pour boire son lait ?! »
Chu He avait l’air de quelqu’un qui prenait sur lui — Le maire Huang songea que le directeur Chu, qui n’avait jamais laissé paraître la moindre émotion ou colère, avait atteint les limites de son endurance.
« Tu as conduit exprès les gens de la secte Mizong sous terre, fit-il d’une voix rauque en serrant les dents. Tu sais clairement que Mahā est déjà dans cet état, pourtant tu oses le nourrir de sang frais. Tu veux vraiment l’aider à attirer plus d’éclairs ?! »
Pour toute réponse, Zhou Hui plissa les yeux en un sourire.
« Oh, alors tu es courant de tout maintenant. Tu n’avais pourtant pas feint l’ignorance jusque là et demandé ce qui se trouvait sous terre ? Pourquoi tu joues à présent les grands méchants loups, ah ? »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Tous les deux se regardèrent. Chu He ne savait pas si c’était à cause du froid ou de la colère, mais ses mains tremblaient de manière imperceptible dans ses poches. Zhou Hui émit un léger son, avec un air de vaurien disant : “Ce grand-père t’a déjà baisé, alors tu es mon homme maintenant. Qu’est-ce que tu peux y faire, hein ?”
Observant sur le côté, Li Hu soupira. Tout en enfilant des chaussures plates, elle murmura :
« On se croirait vraiment dans un drama… »
Pour sa part, le maire Huang était perdu, son regard oscillant entre les deux — Puis étrangement, il se dit qu’il y avait vraiment quelque chose de très particulier entre les deux hommes.
C’était clair que lors de leur dernière rencontre, c’était très tendu entre eux, un échange d’attaques et de défenses. Chaque mot dissimulait d’innombrables lames tranchantes. Mais là, il y avait une étrange impression de ripostes du tac au tac.
C’était quelque chose qui ne pouvait apparaître qu’entre deux personnes qui étaient très proches mais hostiles l’une envers l’autre. En même temps, ils restaient dans leur petit monde exclusif, ne laissant personne s’interposer entre eux.
« Dé… Désolé de vous déranger, fit le maire Huang en levant une main tremblante pour demander : En bas… En bas se trouve le fœtus né-né de la terre, hein ? Nous allons organiser tout de suite des secours pour les envoyer en bas, mais… mais ça ira ? »
Zhou Hui et Chu He se tournèrent vers lui pour le regarder en même temps.
La bouche du pauvre maire Huang frémit si fort qu’il faillit se crisper. Puis il entendit Chu He murmurer :
« Je descends aussi. »
Sans prendre de parapluie, il se dirigea simplement vers la fosse immense sous la pluie.
Zhou Hui roula des yeux, s’étant attendu à une telle réaction. Il saisit l’épaule grassouillette du maire Huang et fit :
« Vieux Huang, je te laisse l’organisation. Moi, je vais descendre sauver ces gens… Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ? »
Ce vaurien soupira d’un ton amène et haussa les épaules.
« Bon, laisse-moi te résumer la situation : la chose en bas qui cause tous ces problèmes est Mahā, mon vaurien de fils aîné qui est mort… Autrement, tu crois que je descendrais ? Tu t’imagines vraiment que je suis assez noble et chevaleresque pour partir en première ligne ? »
Note de Karura : Zhou Hui déclare sa souveraineté sur Chu He devant tout le monde ! Il a beau jouer les machos, on l’a vu dans ce chapitre en mari soumis devant son épouse ! 😋
Petit point de mythologie bouddhique : D’après la légende, le Paon possède un appétit dévorant et il mange de tout. Il a même mangé le Bouddha une fois, mais ce dernier a pu survivre en ouvrant l’estomac du Paon pour en sortir.
Notes du chapitre :
(1) Se prononce baba en chinois. Utilisé pour bye bye.
(2) Des bâtons qu’on plante au sol et qui crachent des étincelles. Comme c’est froid, on peut les utiliser en intérieur comme en extérieur.
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