Lanterne 15

Chapitre 15 : Trois gifles peuvent tuer un vrai Roi de Clarté


— L’antique apparence extrêmement maléfique du Phénix.

Zhou Hui tira tout le monde derrière lui et murmura :

« Filez en douce dès que vous verrez une occasion. Ne regardez pas en arrière et prenez la belette avec vous. »

Le renard à neuf queues demanda sur le même ton :

« Tu n’avais pas dit que le Phénix ne possédait pas de forme courroucée ?

– En tant que Roi de Clarté, il n’en a pas mais en tant qu’antique bête divine, oui. Il est bien trop affaibli actuellement, alors son apparence courroucée ne va pas durer bien longtemps. Cependant, c’est terrifiant quand ça se produit. Ne vous faites pas entraîner dans ces eaux troubles. »

Le renard regarda un peu plus loin et malgré son apparence bestiale, il eut l’air un peu bouleversé.

« Le Gros Huang…

– Arrête de parler et pars vite ! »


Chu He se tourna et s’approcha de son fils qui était toujours cloué au mur.

Son visage n’avait plus son apparence ordinaire. Le tatouage de phénix le recouvrait à moitié et des plumes retombaient de chaque côté de son visage, luisant d’une étrange lueur rouge dorée qui se reflétait sur la peau pâle et froide, donnait un air particulièrement inhumain. Les yeux étaient sombres et glaciaux, comme s’il s’agissait d’une matière inorganique. Ils fixaient Mahā sans la moindre émotion.

Ce dernier ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit.

Il ferma les yeux et l’instant d’après, la flèche azure qui avait transpercé son ventre fut retirée. Un flot de chair et de sang jaillit de la plaie, aspergeant le sol. Puis Mahā se fit saisir par la gorge et projeter dans les airs !

Son corps fila comme un boulet de canon à travers le tunnel accidenté pour finir par heurter avec un bang ! le réseau de 90 millions de Grandes Incantations de Scellé. Au même moment, Chu He disparut et lorsque Mahā rebondit à cause de l’élan, il réapparut devant lui, le saisit à nouveau en un éclair et le jeta directement dans la grotte !


— BOUM !

Dans ce bruit assourdissant, le sol de tous les tunnels autour de la grotte se fendit, se fissurant en larges bandes de terre et de gravier.

Mahā atterrit dans une grosse pile de rochers brisés plus hauts qu’un homme et se mit à haleter. À travers sa vision couverte de sang, il vit sa mère s’approcher pas à pas. D’immenses flammes bleues flottaient autour de lui, si intenses que les murs et le plafond de la grotte étaient brûlés au point d’être carbonisés.

Quand la belette était morte, il avait compris qu’il avait commis une erreur. Tuer des gens sous les yeux de Chu He et manger les quelques en-cas envoyés par son père étaient deux choses complètement différentes.


Il savait que Chu He, sa mère, était quelqu’un qui avait trop de choses cachées au plus profond de son cœur. Il avait vécu bien trop longtemps et ces dizaines de milliers d’années l’avaient poussé à former ses propres principes moraux. Son jugement sur le bien et le mal, la noblesse et la bassesse étaient très différents des gens ordinaires. Par exemple, il n’avait jamais estimé que les origines de Zhou Hui, une bête démoniaque venant de la Mer de Sang, étaient minables, tout comme il n’avait jamais rien vu de mal dans le fait que Zhou Hui refusait de se convertir au Bouddhisme. Et même après que Mahā avait commis un crime si horrible que les dieux l’avaient condamnés, Chu He avait seulement tenté de son mieux de le protéger après le choc et la tristesse initiales, mais il n’avait jamais manifesté de colère ou d’incompréhension envers son fils aîné.

Mais certaines choses n’étaient pas pareilles.

Certaines choses avaient une autre valeur aux yeux de Chu He.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Mahā se releva avec du mal pour reculer. Dès que ses pieds touchèrent le sol, tout son corps trembla. Il sentit que le sol était étonnamment brûlant. Les roches immenses commençaient à devenir friables à cause de la chaleur excessive et elles craquèrent quand il marcha dessus.

Il avait perdu ses deux épées. Si Chu He l’attaquait, il n’aurait rien pour se défendre. Mais vu la situation actuelle, cela ne changerait rien qu’il puisse bloquer une attaque ou pas. Chu He le fixa droit dans les yeux. La pression immense et massive de son regard était tout bonnement inimaginable. Mahā recula de quelques pas et s’arrêta lorsque son dos toucha la paroi.

« Mère… » fit-il d’une voix rauque.

Chu He se posta devant lui et ne dit rien. Puis il leva la main et le gifla.

— Il n’y avait que très peu de différence entre cette claque et la main que le Bouddha avait pressée sur sa tête au Neuvième Ciel. En cet instant, Mahā crut qu’il allait s’envoler dans les airs. Sa tête se mit à bourdonner et une énorme quantité de liquide coula abondamment de ses oreilles, son nez et même ses orbites. S’ensuivit aussitôt un grand froid — le genre de froid qui pénétrait le cœur et qui était dû à une perte excessive de sang.


Il eut l’impression qu’il lui fallut un siècle entier pour reprendre conscience mais en réalité, cela ne dura que quelques secondes.

Il ne s’était pas envolé, mais tout son corps était complètement encastré dans le mur en pierre. Comme ses yeux saignaient, sa vision était trouble alors il ne put pas voir à quel point il offrait une scène spectaculaire dans la grotte en cet instant.

— Les parois en pierre, les piliers, le sol et tous les endroits visibles de la grotte étaient tous fissurés. Les craquelures profondes partaient de lui pour se répandre aux parois de pierre dans un terrible bruit de déchirure. Elles dépassaient même l’entrée de la grotte pour s’étendre au tunnel à l’extérieur.

Heureusement qu’il ne pouvait pas bien voir, sinon il n’aurait même plus eu le courage de se débattre en cet instant.


« Tu vas me tuer… mère ? »

Il haleta avec du sang dans la bouche. Des filets de sang coulaient sur son visage et il bafouilla, sa voix prenant un timbre étrange :

« Alors viens… viens, viens me tuer. N’est-ce pas la loi du Ciel… de punir celui qui se rebelle contre les règles ? Avec le visage terrifiant d’un gardien de temple, tuant à vue… »

Chu He le saisit par la gorge d’une main et l’extirpa de force du mur. D’innombrables petits fragments de roche tombèrent.

« Je n’aurais pas dû t’envoyer au Royaume du Ciel, fit-il en le regardant. C’est ma faute si tu es devenu comme ça. »

Il leva la main pour le gifler de nouveau. Cette fois, la tête de Mahā bascula violemment en arrière et il heurta douloureusement la paroi. La majeure partie de la grotte se pulvérisa soudain dans un terrible bruit d’effondrement !

Le crâne de Mahā était ouvert et il saignait abondamment. Il avait l’impression de mourir.


Cette impression de mourir n’était pas plus douloureuse que ça. Son âme flotta dans les airs, regardant d’un air presque indifférent son corps mutilé à ses pieds. Puis son âme s’envola gracieusement vers les Ruines Infinies au-delà du Trente-troisième Ciel.

D’innombrables bribes de souvenirs paraissaient flotter le long de la rivière du temps, petites sphères de lumières tels des milliers de papillons éparpillés et tourbillonnant, battant gentiment des ailes.

Il avait grandi dans le Royaume du Ciel.

Il avait cultivé devant le Bouddha depuis tout petit, portant une soutane blanche au bord de la Mer Infinie du Lotus. Les cloches et les tambours résonnaient matin et soir, et il avait récité des sutra pendant trois mille ans. Il ne comprenait pas pourquoi il avait été envoyé au Trente-troisième Ciel.

Ce ne fut que lorsqu’il posa un jour la question au Bouddha qu’il apprit que son père se trouvait toujours dans la Mer de Sang. Le Roi de Clarté Phénix avait tendu la main pour sauver des milliers de démons, mais son père était le seul qui n’avait pas pu être sauvé.

« Et ma mère ? » avait demandé Mahā.

Le Bouddha n’avait pas répondu avant un long moment :

« Le Phénix ne peut pas t’enseigner — car il ne croit plus à la loi Céleste. »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Il ne croit plus à la loi Céleste.

Mahā rouvrit les yeux. Ses globes oculaires étaient presque fondus à cause du sang et tous ses os étaient brisés. Il ne comprenait pas pourquoi il n’était pas encore mort en cet instant.

Puisque même toi tu en doutes, alors pourquoi me forcer à y croire ? voulut demander Mahā, mais du sang continua de couler de sa bouche et sa voix était indistincte, comme s’il parlait sous l’eau.

Il savait qu’il devait être actuellement dans un très sale état mais bizarrement, il ne s’en souciait pas du tout. Pendant un moment, il songea même à lâcher totalement prise et à simplement mourir dans les bras de sa mère, avec tous ses doutes et ses questions sans réponse.

Il se rappelait qu’il y avait bien des années, il avait murmuré un vœu si fervent à l’oreille du Phénix : Je veux être comme toi.

Je veux devenir comme toi et croire en ce que tu crois.


Et comment le Phénix avait-il réagi à l’époque ?

— Il n’avait souri comme d’habitude, ne lui avait pas pincé la joue et n’avait pas déposé un léger baiser sur son front. Au lieu de ça, il l’avait fixé sans bouger, avec une lueur profonde et compliquée dans les yeux. Si on y regardait bien, ils semblaient contenir une pointe de tristesse.

« Ne fais pas ça, Mahā. Tu deviendras alors un monstre, tu te feras frapper par la foudre s’abattant du Ciel et ton corps sera brisé en mille morceaux… »

Frappé par la foudre du Ciel, le corps brisé en mille morceaux.

Quand il avait vraiment commis un crime très grave et dû subir le Châtiment Divin, ce fut en fait le Phénix qui fut frappé par la foudre s’abattant du Ciel. Face à l’immense mer de nuages de foudre sans fin, le Phénix avait usé de son véritable corps pour recouvrir la terre entière. Ses plumes tombèrent comme un déluge, les ailes et la chair furent brûlées et même les os craquèrent sous le Feu Céleste. Le Phénix avait brûlé son propre corps pour sauver Mahā et préserver une bribe de sa vie.


Un sentiment d’absurdité et de farce s’empara du cœur de Mahā. Il eut soudain envie de demander à Chu He : Tu le regrettes à présent ?

Tu as confié ta descendance à une foi que même toi tu ne suivais plus. Tu le regrettes à présent ?

L’enfant pour qui tu as tout sacrifié est devenu à présent un être maléfique et cruel que même toi, tu redoutes. Tu le regrettes à présent ?

Il y a fort longtemps, tu as renoncé à l’occasion unique de devenir un Bouddha, tu as chu du Trente-troisième Ciel pour t’unir à un démon de la Mer de Sang. Tu le regrettes enfin à présent ?

Mahā haleta et leva une main couverte de sang, comme s’il voulait toucher Chu He.

Cependant, ce dernier leva la main une troisième fois et le gifla.

Paf !


La main de Chu He se fit saisir en plein air.

Il redressa la tête et put voir dans son reflet dans les yeux du nouveau venu que le tatouage de phénix sur son visage et son corps avait disparu. Il avait repris son air calme et très glacial.

« … Fan Luo, » fit-il d’une voix rauque en détachant chaque mot.

Le Seigneur Démon Fan Luo flottait dans le Vide et il s’était penché pour saisir sa main. Il fit avec un sourire :

« Puisqu’il s’agit désormais d’une gifle ordinaire, ce n’est pas grave si tu le frappe ou pas. »


Note de Karura : On en apprend un peu plus sur le passé et comment Chu He a perdu son véritable corps. Il est vraiment prêt à se sacrifier pour ses enfants !

Sinon, encore un chapitre très court !

Ce que j’appelle le Vide à la fin, c’est comme un portail pour se déplacer d’un lieu à l’autre.







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