Lanterne 16

Chapitre 16 : “Si tu es prêt à te remarier, je traiterai tes deux fils comme mes propres enfants.”


Chu He fixa le Seigneur Démon d’un air très surpris, mais il se ressaisit pratiquement aussitôt.

« Tu es un vampire ou quoi pour flairer la moindre goutte de sang ?! »

C’était une question sur un ton très rude, ce qui montrait clairement le mécontentement de Chu He. Normalement, le Seigneur démon ne se serait pas privé de répliquer mais là, il resta penché dans les airs. Il regarda Chu He de la tête aux pieds et demanda :

« La blessure de la dernière fois est guérie ?

– Si tu as envie de discuter, va voir Zhou Hui, il ne doit pas être loin. Je suis en train de discipliner mon enfant, tu n’as pas à t’en mêler. »

Si on regardait attentivement, on pouvait voir que sa prise sur Mahā s’était subitement resserrée. De son côté, le Seigneur Démon posa une main sur l’épaule de Mahā tout en continuant de fixer Chu He.


En souriant, il fit :

« Je me rends compte que tu es extrêmement doué pour utiliser une personne pour faire peur à l’autre. Cette manière de jouer sur les deux plans afin de profiter des deux côtés, c’est une compétence additionnelle que te procure ta beauté ?… Tss, ne me regarde pas comme ça, je n’ai pas dit que tu n’avais pas le droit d’utiliser cette compétence additionnelle. Cela dit en passant, si tu es prêt à te remarier, je traiterai tes deux fils comme mes propres enfants. Alors en tant que beau-père, je peux bien faire une petite faveur, hein ? »

Chu He se renfrogna.

« Qu’est-ce que tu comptes faire ?! »

Le Seigneur Démon lui caressa la joue puis en un éclair, il saisit Mahā et remonta rapidement !


Le Seigneur Démon Fan Luo était le seul être des Six Royaumes capable de voyager librement. S’il entrait dans le Vide, ce serait très difficile de savoir où il irait. Chu He faillit ne pas réagir à temps. Puis il rattrapa Mahā et cria d’une voix forte :

« Zhou Hui ! »

Les gros rochers empilés à l’entrée de la grotte s’effondrèrent soudain. L’instant d’après, une longue flèche d’un pur azur siffla dans l’air, effleurant le sommet de la tête de Mahā. Il se trouva que le Seigneur Démon relevait la tête à ce moment : la flèche effleura sa nuque avec un ffft, puis se ficha profondément dans la pierre.

Le Seigneur Démon commenta :

« Petit Paon, on dirait que ton papa ne se soucie pas du tout que tu vives ou que tu meurs, ah. »

Tout en parlant, il tendit la main et de l’énergie noire se condensa en boule au-dessus de sa paume, rugissant comme un long dragon !


Une fois que ce souffle d’air aussi puissant qu’un ouragan fut libéré, il forma une rune magique qui frappa directement l’entrée. Cela généra une barrière à plusieurs couches qui bloqua Zhou Hui à l’extérieur. Pendant ce temps, Chu He visa la gorge du Seigneur Démon du plat de la main, mais il se fit intercepter sans attendre. Il entendit seulement un léger rire de la part de l’autre qui fit :

« Je salue ta vigueur. Malheureusement… »

Avant qu’il ne puisse terminer sa phrase, Chu He s’accrocha au bras que le Seigneur Démon avait utilisé pour bloquer son attaque et s’en servit comme point d’appui. Il bondit dans les airs et fila un violent coup de pied dans le plexus du Seigneur Démon, le faisant s’encastrer dans la paroi de pierre !

Cette action était très nette et efficace, on aurait dit une attaque tout droit sortie d’un manuel. Si Chu He avait encore eu la puissance de son apparence courroucée comme tout à l’heure, le Seigneur Démon serait en train de cracher ses poumons à l’heure qu’il était.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Le Seigneur Démon toussa deux fois et le son semblait assez sourd, comme s’il sortait de son thorax. Malgré ça, il continua à tenir le Paon d’une main et pressa son torse de l’autre. Il fit avec un léger sourire :

« Décidément, je ne peux pas me permettre le moindre relâchement avec toi…

– Quelles sont tes intentions, Fan Luo ?! l’interrompit sèchement Chu He.

– Notre enfant veut aller dans la Mer de Sang, tu ne l’as pas entendu ? Ne sois pas si rigide. »

Fan Luo toussa de nouveau deux fois, puis il se tourna vers Mahā avec un sourire :

« Petit, ton père n’a pas l’air très fiable. Je me sens donc dans l’obligation de t’aider à te protéger de la Foudre Céleste. Vu la faveur que je te fais, le moins que tu puisses faire sera de m’appeler dorénavant ‘papa’. »

Chu He ferma les yeux et s’obligea à expirer profondément. Il savait que la situation actuelle était comme la mante religieuse qui guettait la cigale en ne se rendant pas compte de la présence d’un oriole derrière elle. Zhou Hui et lui étaient en si piteux état qu’ils seraient bien incapables d’arrêter Fan Luo.


— Le Seigneur Démon Fan Luo pouvait éloigner la Foudre Céleste, ce qui était extrêmement rare, que ce soit du Neuvième Ciel au Dixième Enfer.

La Tribulation par les Éclairs et le Châtiment Divin étaient deux choses complètement différentes. La première se produisait quand le moment était venu. Peu importait quel était son niveau de cultivation ou que sa position soit prestigieuse, du moment qu’on n’était pas un véritable dieu, on expérimentait la tribulation trois à cinq fois dans sa longue vie presque infinie. Le Châtiment Divin était par contre envoyé par les dieux et les Bouddhas dans le Ciel après qu’on ait commis un crime très grave. Cela ne concernait pas n’importe qui. Par exemple, le monde des humains n’avait pas vu de Châtiment Divin depuis fort longtemps. C’était parce que peu importait à quel point les crimes étaient graves dans le monde des humains, ce n’était rien aux yeux des dieux.

La Tribulation par les Éclairs était une épreuve, tandis que le Châtiment Divin était une punition. Ce dernier était bien plus puissant et brutal que la tribulation. En plus, le Châtiment Divin avait une particularité assez étrange à comprendre : il évitait les rares personnes au rang de seigneur démon dans les Quatre Dao du Mal, bien qu’ils étaient extrêmement maléfiques et qu’ils avaient commis des crimes affreux.

— Fan Luo était l’un d’entre eux.


Chu He recula de quelques pas, extrêmement affaibli après avoir épuisé toutes ses forces. Il s’adossa contre un rocher et reprit son souffle. Puis il fit d’une voix faible mais moqueuse :

« Tu cherches juste à me menacer. »

Cela fit rire le Seigneur Démon qui trouvait que les membres de cette famille étaient vraiment très intéressants. Il se tourna vers Mahā pour lui faire :

« Je me disais que tu étais vraiment à plaindre, mon petit : un pauvre Roi de Clarté que ni son papa, ni sa maman aiment. Je retire à présent ce que j’ai dit… Au moins, ta mère t’aime encore puisqu’il admet que tu peux servir de moyen de pression sur lui. Devrais-je suivre volontiers son bon conseil ?

– Fais ce que tu veux. »

La blessure causée par la flèche azure qui avait cloué Mahā à la paroi tout à l’heure ne faisait pas mine de guérir. Le sang avait déjà trempé toute sa tunique et sa voix était aussi rauque que s’il y avait du gravier dans sa gorge :

« Mais ce sera inutile de te servir de moi comme otage une fois que Zhou Hui sera là. Arrête donc de raconter tes bêtises et partons vite ! »

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Le seigneur Démon le félicita :

« On dirait que tu es très réaliste au sujet du caractère de ton père, bravo ! »

Il tendit la main derrière lui sans regarder. Le Vide sembla mordu par des dents tranchantes et invisibles. Un trou noir s’ouvrit dans un sifflement strident, s’élargissant de plusieurs mètres en une fraction de seconde !

Une force d’attraction immense émana du trou noir. Même Chu He fut tiré sur deux pas avant qu’il ne saisisse un rocher pour se rattraper, serrant les dents. En cet instant, il comptait sûrement lancer une ultime attaque et même son expression se modifia mais tout à coup, la force d’attraction du trou noir augmenta et la pile de rochers bloquant l’entrée céda à son tour. Plusieurs pierres qui faisaient la moitié de la taille d’un homme le heurtèrent à la tête comme des grêlons. Il ne put rien faire d’autre que de s’accrocher fermement à la paroi rocheuse afin de se protéger et de crier :

« Mahā ! »

Son fils lui jeta un regard profond et l’entendit ajouter d’une voix rauque :

« Si jamais tu regrettes… »


À cet instant, on entendit un bruit assourdissant. Profitant de la puissante aspiration, Zhou Hui était enfin parvenu à briser de force la barrière du Seigneur Démon. Cependant dès qu’il entra dans la grotte, il se fit presque aspirer par le trou noir. Il hurla aussitôt :

« Que tes ancêtres aillent se faire foutre ! Comment ça se fait que tu viennes toujours me couper l’herbe sous le pied ?! »

Fan Luo répliqua en lui faisant un doigt d’honneur. Puis il attrapa Mahā et se retira dans le trou noir juste après. Presque en même temps, le trou noir se déforma vivement et s’étira, déchirant le plafond de pierre au-dessus d’eux comme un éclair. Il détruisit la structure déjà affaiblie et tremblante de la grotte, puis se rua vers la surface sous une pluie de boue et de gravier.

Au moment où les deux arrivèrent à la surface, l’orage se déchaîna et il y eut des milliers d’éclairs qui s’abattirent en même temps dans toute la cité de H. Cependant, les éclairs s’arrêtèrent net juste au-dessus de la tête de Fan Luo. Puis le Seigneur Démon se transforma en un immense oiseau qui recouvrit le ciel, comme dans la mythologie. Il déploya ses ailes et se précipita d’un seul battement dans la couche épaisse de nuages noirs !


* * *


Dans la grotte, Chu He frappa la paroi rocheuse du poing. Zhou Hui se précipita vers lui et l’attrapa par l’épaule. Il cria :

« Partons vite ! Tout va s’effondrer ! »

Ils traversèrent sous les débris qui tombaient comme la grêle et virent les innombrables pierres gravées avec la Grande Incantation de Scellé tomber du plafond. Les pierres s’écrasèrent par terre et se pulvérisèrent. Zhou Hui protégea la tête de Chu He tout en avançant avec difficulté dans le tunnel accidenté. Il vit le renard à neuf queues courir vers eux pour les secourir et les ramener à la surface. Deux queues par personne s’entourèrent autour d’eux et les projetèrent très fort vers le haut.

Avec un plaf, les deux hommes atterrirent dans le sol boueux sous la pluie en même temps. Pendant plusieurs secondes, aucun des deux ne put bouger. Ils avaient l’impression que tous les os de leur corps étaient brisés. Même le simple fait de respirer causait une douleur cuisante dans leur poitrine.


Le renard à neuf queues bondit de la fissure dans le sol qui s’était effondré sur un large rayon, puis il reprit aussitôt forme humaine. Il s’approcha lentement d’eux et vit Zhou Hui allongé sur le dos, les bras et les jambes écartés. Ce dernier fit d’une voix faible :

« Renard, à chaque fois que tu lèves la queue, j’ai encore l’horrible vision de ton anus en tête… »

Allez savoir ce que fit Li Hu mais après un pam, la voix de Zhou Hui se tut.

Chu He se releva avec du mal : la tête lui tournait, sa vision était assombrie et il avait un goût amer et cuivré en bouche. Ça devait être à cause du sang.

Il déglutit douloureusement et toussa d’une voix rauque.

Il porta une main à sa gorge, puis leva la tête et regarda autour. Il y avait un cordon de police tout autour du bâtiment en construction et les policiers bloquaient fermement l’accès. Une foule de journalistes agitaient leurs caméras et appareils photo frénétiquement, tentant apparemment de franchir le barrage policer afin de prendre des photos de l’intérieur.

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La pluie violente s’était calmée, mais il y avait toujours les sombres nuages dans le ciel. Ces nuages allaient rester au moins deux semaines au-dessus de la ville. Durant cette période, il faudrait allumer la lumière chez soi même en plein jour. Et avec les lampadaires éclairant les rues, il n’y aurait que très peu de différence entre le jour et la nuit.

Chu He se mit debout en chancelant. Yan Lanyu était adossé contre un arbre et ne cessait de tousser. Il devait avoir des blessures internes car il cracha du sang en toussant. Zhang Shun était assis par terre, en train de boire de l’eau. C’était lui qui avait récupéré le plus vite. Dès qu’il aperçut son frère, il se leva pour s’approcher de lui. Hormis un léger boitement, il allait pratiquement bien.

« Grand frère… »

Chu He leva une main pour lui faire signe de se taire. Il se dirigea vers le bord du bâtiment où il trouva une fosse peu profonde qui avait été créée par un éclair.

La belette était paisiblement allongée dans la fosse, le sang sur sa fourrure s’étant coagulé.


Chu He s’approcha et s’assit en tailleur, puis il prit la belette sur ses genoux. Il resta immobile un bon moment. Ensuite, il tendit des mains tremblantes et se mit à peigner la fourrure de l’animal qui était couverte de chair et de sang.

Il répéta simplement ce geste mécaniquement, comme s’il voulait nettoyer la belette pour que son pelage retrouve son apparence habituelle qui était lisse et brillant. Zhang Shun observa le dos de son frère. C’était un dos si frêle que c’en était presque effrayant. C’était un dos si frêle qu’à chaque fois que Chu He levait la main, on pouvait voir clairement le mouvement de ses omoplates à travers sa chemise.

Chu He avait la tête baissée et les pointes de ses cheveux étaient collées à ses oreilles et sa nuque à cause du sang et de la boue qui les recouvraient. Ses vertèbres saillantes de la nuque étaient bien visibles dans la courbe tombante de son cou. C’était une courbe qui semblait si fragile qu’elle pouvait se briser au moindre instant mais en même temps, elle semblait si solide qu’elle en était presque indestructible.


Zhou Hui arriva en titubant. Il dépassa Zhang Shun et lui adressa un sourire, mais sans rien dire. Puis il s’approcha de Chu He et s’agenouilla à côté de lui.

« Ne sois pas triste, » lui fit-il.

Chu He ne répondit pas tout de suite. Après un moment, il fit doucement :

« Facile à dire. »

Zhou Hui lui tapota l’épaule comme s’il voulait lui dire quelque chose, mais il se ravisa.

Chu He continua à peigner la fourrure de ses mains et enfin, il retira la dernière tache de sang et de saleté. Il baissa les yeux sur le corps sans vie et le fixa un long moment sans cligner des yeux. Il murmura :

« Je n’ai pas beaucoup d’amis, il est l’un d’entre eux… »


Zhou Hui tourna la tête pour le regarder.

« Tu es vraiment bizarre.

– …

– C’est bien la première fois que je vois quelqu’un venant du Trente-troisième Ciel — un Roi de Clarté qui plus est — qui considère les yaoguai comme des amis. Je croyais que parmi les Six Royaumes, les belettes étaient les yaoguai les plus faibles qui soient et toujours en train de manger. »

Zhou Hui répéta ensuite comme s’il trouvait ça amusant :

« Tu es vraiment bizarre. »

Chu He ne répondit pas, comme s’il n’avait pas du tout entendu ce qu’avait dit l’autre. Il enfouit lentement son visage dans la fourrure de la belette et au bout d’un moment, ses épaules se mirent à trembler légèrement. Il serrait l’animal si fort que ses doigts se crispèrent et que les jointures devinrent bleues et blanches.

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« Personne… Personne n’a d’estime pour lui. Ce n’est qu’une belette. Il avait même peur… il avait même peur des prêtres Taoïstes ordinaires… »

Tu faisais tout le temps toute une histoire, t’inquiétant et ayant peur du moindre prêtre Taoïste. Alors pourquoi tu n’as pas eu peur de Mahā ?

Pourquoi tu as tenté de le retenir ?

Pourquoi tu ne t’es pas caché ?

« Tu ne sais pas… »

Chu He toussa et le moindre son était si caverneux qu’il semblait provenir directement de son torse. Il fit d’une voix rauque et hachée :

« Tu ne sais pas à quel point il était poltron, tu ne sais pas tous les efforts qu’il faisait… »

Zhou Hui détourna la tête afin de masquer son expression.

La queue de la belette avait bougé.

Chu He ne remarqua rien. Puis la belette agita les pattes arrière, et recommença.


« … Dir… directeur Chu. »

Après quelques minutes, la voix étouffée de la belette lui parvint d’au-dessus de sa tête.

« … Tu m’écrases le torse… »

Chu He releva vivement la tête. Il aurait été impossible de décrire l’expression de son visage en cet instant.

La belette le fixait d’un air circonspect et rempli de joie. Des bulles de sang continuaient de sortir de sa bouche à la moindre respiration, alors il fit dans un gargouillis :

« Je… Je suis tellement ému, directeur Chu. Tu me considères vraiment comme un ami. Ugh ugh ugh… Alors comme ça, tu es vraiment un Roi de Clarté venant du Ciel, alors si tu me reconnais maintenant, ça veut dire que moi aussi, je peux devenir un immortel ? Ugh ugh ugh… Mes blessures me font tellement mal — ça fait si mal, ah, Ugh ugh ugh — »


Le corps de Zhou Hui était agité de tremblements bizarres. Au bout d’un long moment, le rire qu’il avait tenté de réprimer finit par éclater.

« Quand-quand le phénix reprend sa forme de bête divine, ses larmes ont le pouvoir miraculeux de guérir. La belette n’était pas encore mort et tu as presque tout de suite inondé son corps de tes larmes, ha ha ha ha… Je l’ai aussitôt faite remonter pour se faire soigner d’urgence. Ha ha ha, ha ha ha ha ha ha — ! »

Chu He semblait avoir été foudroyé sur place. Il resta figé telle une statue de pierre. Son expression ahurie donna un peu mauvaise conscience à la belette. Elle agita prudemment une patte devant ses yeux et appela :

« Di… directeur Chu ? Phénix Chu ? Votre Majesté le Roi de Clarté ? … Tu vas bien ? »

Chu He explosa soudain de colère. Il saisit la belette et la plaqua au sol, puis la frappa violemment sur la tête et la gueule !

« Ah ! Ah, à l’aide ! Au secours, ah ah ah — ! » hurla l’animal à pleins poumons.


Zhou Hui tapa le sol de ses mains en éclatant de rire, à tel point qu’il faillit en mourir. Chu He l’ignora et, les yeux rouges, il attrapa la belette par la peau du cou pour la soulever. On aurait dit qu’il allait la frapper de la même manière qu’il avait fait avec Mahā, mais il leva juste la main et l’abaissa pas au bout du compte. Par contre, il jeta la belette à la tête de Zhou Hui.

La belette et Zhou Hui hurlèrent en même temps. Ils tombèrent ensemble par terre et roulèrent, empêtrés. Zhou Hui fut incapable de maîtriser son fou rire. Il tendit la main pour faire tomber également Chu He, mais ce dernier toussa plusieurs fois en agrippant son torse. Il se releva en titubant puis, sans un regard en arrière, il s’éloigna en boitant.

La belette était allongée par terre et crachait du sang comme s’il y avait un robinet dans sa gorge.

« Le… Le directeur Chu va bien ? Je devrais aller m’excuser, ah ? … »

Zhou Hui continua de marteler le sol.

« Ça va aller, ça va aller, ha ha ha ha — Ne fais pas attention à lui, le pauvre chou est juste gêné, il est embarrassé, ah. Ha ha ha ha — »


* * *


Tout le groupe fut transporté d’urgence à l’hôpital. Grâce à l’aide de Zhou Hui, la belette put finalement se retransformer en maire Huang au moment où les reporters avaient réussi à passer la barrière de policiers. L’apparence ensanglantée et mourante du maire fut filmée et photographiée par plusieurs journalistes en même temps. Ça allait faire la une des journaux de la cité de H dès le lendemain.

Le maire Huang était très inquiet, mais Zhou Hui lui dit de ne pas s’en faire et qu’ils avaient des moyens particuliers pour gérer ce genre d’affaires. Effectivement le lendemain, alors que le maire était allongé sur le lit d’hôpital, recouvert de bandages comme une momie, il put lire dans tous les journaux qu’un groupe d’espion japonais était venu sous prétexte d’une opportunité d’investissement. Après avoir été démasqués, ils avaient kidnappé le maire Huang et s’étaient réfugiés dans des tunnels sous la cité de H. La police locale avait rapidement dépêché ses agents pour encercler les lieux et éliminer les espions. Le maire Huang avait activement collaboré avec les espions dans le but de les piéger. Finalement, les espions japonais avaient été éliminés et le maire avait été secouru avec succès.

Quant aux éclairs, au tonnerre et au déluge, ils furent relégués au dernier plan. Le département de météorologie se contenta seulement d’insister plusieurs fois sur le fait que les citoyens devaient limiter leurs sorties et ne pas travailler en altitude afin d’éviter les risques liés à l’eau et à la foudre.

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Personne ne savait pourquoi, mais la première chose que le maire Huang réclama à son arrivée à l’hôpital, ce ne fut pas une transfusion urgente. Au contraire, il réclama à cor et à cri de pouvoir se laver, et même dans une bassine. Après sa toilette, il ne jeta pas l’eau mais la conserva au réfrigérateur.

Zhou Hui en fut extrêmement intrigué et il voulut en demander la raison au maire Huang en échange d’une de ses amulettes de chance. Hélas, tout comme la dernière fois où il avait essayé d’en vendre une au second jeune maître Zhang pour la modique somme de 8 800 yuan, il n’obtint qu’un refus. Au bout du compte, il eut recours à la violence pour obliger le Gros Huang à lui avouer la vérité. Il s’avérait qu’il restait peut-être des traces des Larmes du Phénix sur le corps du maire. Bien entendu, ce genre de trésor si rare au monde ne devait-il être soigneusement préservé au cas où il arriverait un autre imprévu plus tard ?

Tout le monde trouva ça profondément logique et en resta sans voix. Toutefois, étant donné qu’il n’y avait qu’un seul et unique phénix antique et qu’il n’avait versé de larmes que très rarement durant des milliers d’années, on ignorait combien de temps les larmes allaient durer et si elles ne perdaient pas toute efficacité une fois trop exposées à l’air.


Cette fois, ils avaient eu affaire au Roi de Clarté Paon dans la cité de H. Quelque chose d’aussi énorme était arrivé alors que deux chefs d’équipe avaient travaillé ensemble. En plus, Feng Si, qui était porté disparu depuis longtemps, avait été retrouvé. Cela provoqua naturellement une énorme agitation au ministère de la Sécurité de l’État. Beijing envoya des hommes dès le lendemain et après s’être rendus plusieurs fois à l’hôpital de la ville de H, ils finirent par récupérer Yan Lanyu et Aida.

Aida Tadaishi n’était pas mort, ce qui avait surpris tout le monde. Apparemment, les “nettoyeurs” envoyés par le ministère l’avaient retrouvé caché dans une fissure d’un tunnel alors qu’ils nettoyaient la grotte souterraine. Il avait alors perdu énormément de sang et était à deux doigts d’y passer. Après une opération d’urgence, on le mit dans un avion à destination de Beijing, accusé d’espionnage. Ce qui lui arriverait ensuite allait dépendre d’où pencherait la balance des intérêts du ministère de la Sécurité de l’État.


Quant à Yan Lanyu, d’après les nouvelles qu’ils reçurent ensuite de la capitale, il était dans un grave état. Dès qu’il était descendu de l’avion à Beijing, il s’était effondré inconscient. Les agents qui l’escortaient avaient tellement paniqué qu’ils l’avaient aussitôt envoyé aux soins intensifs.

Quand on avait affronté la mort ensemble, on se sentait forcément liés. Zhang Shun demanda plusieurs fois des nouvelles de l’onmyōji, mais ne reçut jamais de réponse claire. Zhou Hui lui expliqua seulement que cet adolescent était une des personnes spéciales que le ministère de la Sécurité de l’État avait besoin de ramener de l’étranger. Cependant à cause de raisons politiques très compliquées, ils n’avaient pas pu aller au Japon pour assurer son exfiltration, cela avait donc été retardé jusqu’à ce jour.

Et Zhang Shun lui-même, en tant que gosse de riche incapable de lever le petit doigt pour travailler, s’en sortit miraculeusement avec des blessures légères malgré ses nombreux allers-et-retours entre la vie et la mort, hormis des coupures dues au fait qu’il avait soulevé à deux mains des rochers tranchants, ainsi que sa dent de devant à moitié cassée. Le médecin annonça qu’il pouvait sortir de l’hôpital.


* * *


Le jour où le second jeune maître Zhang quitta l’hôpital fut un jour très misérable. Les autres patients qui allaient sortir avaient leurs parents, leurs grands-parents, leurs frères et sœurs, voire même leurs époux et enfants qui les attendaient. Mais on ne voyait pas l’ombre du grand frère du second jeune maître Zhang. Même ses amis et les petites beautés qui le fréquentaient pour son argent n’étaient nulle part en vue. Il n’y avait que le vieux majordome et deux serviteurs à l’entrée de la chambre. Zhang Shun jeta un coup d’œil à l’homme dans le lit voisin qui buvait du bouillon de poulet préparé par sa femme et qui expliquait à son fils comment peler une pomme et couper une orange en quartiers. Zhang Shun se sentit soudain peiné et très amer.

Le vieux majordome en profita pour tenter de le convaincre de tout cœur :

« C’est pour ça que vous devriez vous trouver une brave fille pour vous marier au plus vite, avoir quelques enfants et perpétuer ainsi la lignée des Zhang… »

Zhang Shun se dit qu’il valait mieux éviter ça : si son fils tournait mal comme Mahā, il ignorait si ce dernier allait vraiment lui peler une pomme ou bien lui planter le couteau dans le crâne en pleine nuit.


Alors que le majordome continuait son sermon, le second jeune maître Zhang l’interrompit pour demander :

« Où est mon grand frère ? Pourquoi il n’est pas venu alors que je sors de l’hôpital aujourd’hui ?

– Cela fait longtemps que le premier jeune maître n’est plus à la maison, répondit le majordome. Il n’est pas en voyage d’affaires ? Ai, second jeune maître, vous ne devez plus faire comme quand vous étiez petit, à toujours regarder le premier jeune maître d’un mauvais œil à cause du moindre petit rien. Après tout, ça fait tellement d’années que vous l’appelez grand frère et il se montre si bon envers vous… »

Zhang Shun se pétrifia. Il trouva aussitôt une excuse pour faire partir le majordome et se trouva un endroit tranquille pour appeler son grand frère.

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Au début de son séjour à l’hôpital, il était dans un état de confusion totale. Dès qu’il fermait les yeux la nuit, il se demandait si son expérience amère et flippante sous terre n’avait pas été une illusion. L’Os de Bouddha, le Phénix et le Roi de Clarté Paon ne seraient qu’un rêve très bizarre et tordu qu’il aurait fait à force de trop jouer aux jeux vidéo. Sans doute à cause de cette dénégation mentale, il n’était pas allé voir Chu He exprès et ce dernier n’avait pas pris non plus l’initiative de le contacter.

Maintenant qu’il y repensait, cela faisait plus d’une semaine qu’il n’avait pas vu son grand frère.

À son grand dam, l’appel fut coupé dès la première sonnerie. Cela se reproduisit lors des deux essais suivants. Comme une jeune fille abandonnée, le second jeune maître Zhang serra les dents, les larmes coulant sur son visage. Il mobilisa son incroyable volonté, comme quand il avait soulevé les pierres dans le tunnel, et appela sept ou huit fois d’affilée.


Finalement, la voix un peu rauque mais très calme de Chu He se fit entendre.

« Bonjour, Zhang Shun.

– Où tu es ?! demanda aussitôt le second jeune maître Zhang d’un ton furieux.

Je suis occupé.

– Occupé à quoi ? Je sors de l’hôpital aujourd’hui, mais tu n’es même pas là ! Tous les autres ont leur famille pour venir les chercher ! Où es-tu ?! »

Chu He garda longuement le silence à l’autre bout du fil. Zhang Shun ne pouvait qu’entendre les grésillements de la communication, puis l’autre homme soupira après un long moment.

« Ah Shun, je vais m’absenter un bon moment, fit-il. Alors je vais te restituer la place de directeur de la compagnie. »


Le second jeune maître Zhang en resta stupéfait. Il resta un bon moment sans bouger dans le couloir de l’hôpital, incapable de réagir. Il reprit enfin ses esprits mais au moment où il allait parler, son frère fit simplement :

« Faisons ça. Je te rappellerai plus tard. »

Puis Chu He raccrocha.

Le second jeune maître Zhang resta planté dans le couloir, ne ressentant absolument pas la joie d’avoir touché les milliards de la fortune familiale. Tout ce qu’il pouvait ressentir, c’était de la confusion et de la colère, comme une jeune femme furieuse et perdue à qui on avait offert de l’argent en compensation pour son cœur brisé par une tragique rencontre avec un salaud sans cœur.


* * *


Sans surprise, il ne parvint plus à contacter Chu He de toute la semaine. Son frère ne se rendit ni à la compagnie, ni à la maison. Il avait laissé tous ses papiers au manoir, mais ne répondait pas au téléphone. Tout comme il était arrivé discrètement du jour au lendemain, il avait de nouveau disparu de la vie de Zhang Shun discrètement du jour au lendemain.

Zhang Shun avait retrouvé un ancien album photo en nettoyant sa chambre. Il l’ouvrit pour voir une photo de Chu He et lui quand il était adolescent. En cet instant, il se dit avec hébétude que cet homme qu’il avait appelé grand frère pendant ces dix dernières années ne semblait pas plus réel qu’un long rêve.

Le second jeune maître Zhang avait ressenti la même déconnexion après son examen d’entrée à l’université, quand il était passé d’un état de pression et de tension extrêmes à ne plus rien faire. Il ressentait un fort déséquilibre ainsi que le sentiment que quelque chose n’était pas normal. Cet état dura jusqu’à ce qu’il retourne à l’hôpital deux semaines plus tard pour un check-up. Dans le couloir, il tomba par hasard sur le maire Huang et Li Hu.

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Le maire Huang portait une chemise d’hôpital et un bandage autour de la tête. Il marchait lentement dans le couloir. Li Hu avançait à côté de lui, talons aiguilles et bras croisés. Dès qu’elle aperçut le second jeune maître Zhang, elle en resta stupéfaite un moment, puis tourna les talons et fila.

Zhang Shun ne prit même pas le temps de saluer le maire Huang. Il courut pour se poster devant Li Hu en criant :

« Arrête-toi ! »

Son ton était si sec qu’il en devenait presque agressif. Plusieurs médecins et infirmiers dans le couloir se retournèrent pour regarder la scène avec curiosité.

Li Hu n’eut pas d’autre choix que de s’arrêter.

« Ah, second jeune maître Zhang, cela faisait longtemps. Désolée, il faut vraiment que j’aille aux WC… »


Zhang Shun resta planté devant elle. En cet instant, de nombreuses pensées se bousculaient dans sa tête — Par où commencer ? Comment tirer les vers du nez à cette femme de la manière la plus efficace ? Il trouva plusieurs idées d’affilée, mais les rejeta rapidement. Les gens comme elle avaient un esprit très sophistiqué et expérimenté. S’il ne frappait pas tout de suite là où il fallait, ses questions seraient très facilement esquivées, tout comme quand il avait demandé des explications à Zhou Hui.

Mais il fallait souligner que Zhang Shun n’était plus le même gosse de riche stupide d’avant. Alors que son esprit était en ébullition, il se calma rapidement, regarda Li Hu droit dans les yeux et fit :

« J’ai une question à te poser. »

Les yeux de Li Hu dérivèrent sur le côté et elle voulut dire quelque chose, mais Zhang Shun ne lui en laissa pas l’occasion. Il attaqua tout de suite :

« — Tu m’as manipulé pour que j’aille dans le tunnel afin de tuer Mahā de mes propres mains, pas vrai ? »

Li Hu se figea aussitôt.

Zhang Shun put même voir une goutte de sueur couler lentement sur ses tempes.


Note de Karura : J’adore comme Zhang Shun se compare à une femme larguée. À part ça, il n’a aucun sentiment louche pour son grand frère, non ?







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