Lanterne 32

Livre 3 : La Déesse des Monts Enneigés


Chapitre 32 : Même mort, le Roi de Clarté Phénix ferait un cadavre splendide et attirant


Trois heures plus tard, dans le bureau de Zhou Hui.

Li Hu pointa la tête au détour du couloir et demanda :

« Comment se comporte votre Boss Zhou en ce moment ? »

Les membres de la première équipe étaient tous des jeunes gens énergiques au physique supérieur à la moyenne. Ils avaient l’habitude de se faire taquiner et draguer par Li Hu. Les deux membres qui gardaient la porte du bureau furent donc surpris de voir le renard à neuf queues avoir l’air aussi sérieux (pas du tout).

« Je ne sais pas, il est comme d’habitude, ah ? » répondit l’un d’eux.

L’autre fit en riant :

« Est-ce que le sixième chef d’équipe aurait fait quelque chose pour offenser notre boss ? »

Li Hu répondit en reniflant :

« Je travaille tellement dur et je pars en mission toute la journée. Comment pourrais-je avoir offensé votre boss ? »


Puis il baissa la voix pour demander :

« — Vous avez vu le directeur-adjoint Yu ce matin ?

– Je crois qu’il est en réunion. Il n’avait pas l’air très en forme, répondit le garde de gauche qui ne put s’empêcher de plaisanter : Le sixième chef d’équipe a encore fait des siennes, pas vrai ? Vous n’auriez pas couché avec le directeur-adjoint Yu cette nuit ? Justement, on se disait qu’il avait l’air fatigué aujourd’hui…

– De quoi vous parlez ? fit Zhou Hui en ouvrant subitement la porte, le visage sombre. Qui a couché avec qui, hein ? »

Les deux gardes se turent aussitôt, se tenant figés comme des statues, regardant droit devant eux d’un air concentré.

Li Hu toussota, un peu effrayé par le regard menaçant de Zhou Hui. Il se décida à quitter lentement son coin du couloir. Il ne portait plus de talons aiguilles ou de mini jupe et il transportait une mallette noire de manière professionnelle. Il rentra la tête dans les épaules et fit d’un ton flatteur :

« Salut, Boss Zhou. »

Ce dernier répondit d’un ton impétueux :

« Entre ! »


Li Hu se faufila dans le bureau en rasant les murs, puis il entendit la porte se refermer derrière lui. Ensuite, Zhou Hui lui fila un coup de pied qui le projeta trois mètres plus loin.

« Créature malfaisante ! Je savais que j’aurais dû faire de toi une écharpe en fourrure de renard. C’est Feng Si qui se montre bien trop indulgent ! »

Li Hu était tombé par terre la tête la première avec un gros paf. Il se releva très vite et fit d’un ton de victime d’injustice :

« Je voulais juste lui faire boire une gorgée, ah ! Ce n’était qu’un aphrodisiaque léger, histoire de réveiller un peu ses ardeurs, mais il a fallu qu’il boive le tout. En quoi c’est ma faute ?! »

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Zhou Hui siffla :

« Tu es vraiment foutu ! Ce matin, nos supérieurs ont voulu organiser une audition pour que la petite beauté explique en détail son voyage de la secte Mizong de Tokyo à la Chine. Le directeur-adjoint Yu aurait dû se retirer après l’avoir accompagné à l’entrée, mais il l’a suivi tout du long en transe et a failli entrer dans la salle d’audition. Les supérieurs se sont dit qu’il n’était pas dans son assiette, alors ils l’ont gentiment renvoyé au ministère avec des paroles aimables et c’est là qu’il a croisé Feng Si…

– Tout va bien alors, non ? Le directeur-adjoint Yu n’est pas mort d’éjaculation excessive et la petite beauté n’est pas morte au lit, ah ! »

Li Hu trouvait vraiment ça injuste. Il avait fait une bonne action, mais n’était pas du tout récompensé.

« Alors pourquoi tu m’as fait venir pour m’engueuler ce matin ? Le directeur-adjoint Yu aurait-il molesté Feng Si avant que les effets de l’aphrodisiaque ne se dissipent ? »


Zhou Hui répliqua d’un ton furieux :

« Va te faire foutre ! Tu sais bien que Feng Si est un mentor psychologique né et il a les mots ‘tu peux tout me confier’ gravés sur son visage ! Dès que le vieux Yu l’a vu, c’est comme quand les ouvriers, les paysans et l’Armée Rouge ont unis leurs forces à Jinggang Shan et que les habitants des zones libérées ont pu revoir le ciel bleu. Il a entraîné Feng Si dehors pour discuter ! »

Zhou Hui s’assit dans son fauteuil, l’air extrêmement irrité. Il fit claquer sur son bureau les dossiers qu’il tenait avant de les jeter dessus.

« Feng Si m’a demandé une heure de sortie ! Le vieux Yu est venu en personne garantir qu’il me le ramènerait intact ! Depuis dix minutes, Feng Si n’est plus dans mon champ de perception et ça va durer une heure entière ! »

Il désigna Li Hu du doigt et fit d’un ton plein de ressentiment :

« Tout ça, c’est de ta faute !

– … »

Li Hu répliqua d’un ton très sérieux :

« Je crois que c’est toi qui as le plus besoin d’un mentor psychologique, dépêche-toi d’aller consulter. »


Zhou Hui était vraiment irritable, assis avec les yeux rivés sur sa montre. Li Hu avait entendu dire que les yeux des gens pouvaient contenir une certaine énergie. Si tel était le cas, la Vacheron Constantin de Zhou Hui allait clairement exploser dans moins de cinq minutes à cause de la surchauffe.

« Tu ne pourrais pas réprimer ton désir de contrôle anormal pendant quelques temps, ah ? »

Li Hu ne put s’empêcher de presser une main contre son front. Il posa la mallette noire sur le bureau avec un clang et fit :

« Une heure, ça ne suffit pas pour aller d’ici à l’enfer le plus proche. Tu as peur que Feng Si s’envole ou quoi ? Arrête de t’inquiéter de la couleur de ton chapeau quand tu as une ex-femme. Un homme se doit d’être prêt à affronter le sang et la sueur, ainsi que tout le vert de l’existence ! »

Zhou Hui ne voulait clairement plus perdre de temps à discuter de ça avec le renard. Il fixa froidement la mallette et s’enquit :

« Qu’est-ce que c’est ? »


Li Hu entra la combinaison et ouvrit la mallette avec un clic. Une bouffée d’air glacé et blanc surgit soudain de l’ouverture. Comme il faisait chaud dans le bureau, la vapeur se condensa aussitôt en gouttelettes d’eau sur le bureau autour.

« La chose que tu m’as demandé de trouver dans la cité de H se trouvait vraiment sous cette grotte. Je voulais te le donner toute de suite à mon retour à Beijing hier, mais tu es parti trop tôt du bar. »

Li Hu ouvrit complètement la mallette et la fumée blanche continua d’en sortir. La température de tout le bureau baissa aussitôt de cinq degrés.

« Ton idée arbitraire m’a fait faire des allers-retours entre Beijing et la cité de H. J’ai dû rester accroupi dans une grotte et creuser la terre pendant si longtemps. J’étais complètement morte en revenant. »

Li Hu se frotta les joues et fit d’un ton rancunier :

« Pas étonnant que ton fils se soit cherché un beau-père et que ton épouse soit devenue ton ex. Dorénavant, je soutiens totalement Feng Si dans sa tromperie et sa recherche d’un second printemps. »

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Zhou Hui ne prit même pas la peine de le frapper.

« Quand tu as collaboré avec Feng Si pour mettre en scène un adultère et que tu l’as aidé à me quitter, tu ne le soutenais pas déjà dans sa recherche d’un second printemps ? Tu as une idée du nombre de fois que j’ai été convoqué et sermonné par les Dieux et Bouddhas du Trente-troisième Ciel après ça ? Ils ont tous dit que si le Roi de Clarté Phénix avait trahi pour rejoindre le Seigneur Démon, c’était parce qu’il avait eu le cœur brisé après que je l’ai trompé. Comment aurait-il pu avoir le cœur brisé ?! »

Li Hu reconnut sa défaite et cessa de parler. Il baissa les yeux sur la mallette.

La fumée blanche se dissipa progressivement alors que la température de la pièce baissait. On put voir plus clairement l’intérieur de la mallette. Un flacon transparent était solidement attaché à l’intérieur. Zhou Hui le reconnut comme étant le meilleur dispositif miniature de réfrigération disponible sur le marché. Tant qu’il y avait assez de courant, la température dans le flacon pouvait passer à – 100°C pendant quarante-huit heures.


Dans le flacon réfrigérant, il y avait un réceptacle en forme de petit lotus qui avait la forme précise et était assez stable pour recevoir une perle ronde, rouge et transparente aussi grosse qu’un pouce.

Dans l’air glacial, la perle émettait un halo d’une brillance indescriptible, aussi éblouissant que les étoiles glaciales du Neuvième Ciel et faisant penser à un feu ravageur qui s’était condensé de manière extrême. Le profil splendide de Zhou Hui était un peu assombri dans la lumière. Il murmura après un long moment :

« Je le savais… Il était vraiment là.

– C’est quoi ? » demanda Li Hu avec curiosité.

Zhou Hui ne lui répondit pas mais demanda :

« Comment tu l’as trouvé ?

– J’ai creusé, tout simplement. Le jour où j’ai envoyé Zhang Shun à Beijing, tu m’as dit qu’il y avait peut-être quelque chose sous la grotte, alors j’ai fait demi-tour et j’ai aussitôt repris un vol pour la cité de H. À ce moment, le Charognard se préparait déjà à sceller la scène dans la grotte. Je l’ai supplié un bon moment et j’ai même dû me mettre à genoux pour qu’il accepte… »


Zhou Hui intervint :

« Si tu as essayé de le tenter en disant des trucs comme ‘je coucherai avec toi si tu me laisses entrer’, je comprends qu’il t’ait ignoré. Et après ?

– Je crois qu’il était quand même un peu intéressé parce que même s’il ne m’a pas décroché un mot du début à la fin, il est au moins resté avec moi pour creuser dans la terre pendant toute la nuit, ah, fit Li Hu d’un ton optimiste. Ce n’est que le lendemain que j’ai trouvé ça dans une ligne tellurique à trois mètres sous la grotte. Il était déjà à moitié fondu dans le sol et il continuait de fondre dès qu’il était exposé à la moindre lumière ou chaleur. J’ai donc bien été obligé d’acheter ce congélateur pour te ramener ce truc — Après tout ce que j’ai fait, tu peux me dire ce que c’est ? Et comment tu savais qu’il y avait quelque chose dans la grotte ? »

Zhou Hui prit le flacon et fronça ses sourcils acérés.

Sous la lumière rouge de la perle, ses pupilles semblaient légèrement rouges. Comme son splendide visage avait l’air un peu démoniaque, il faisait énormément penser à un vampire.

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« Je sais ce que c’est… Mais je ne sais pas à quoi ça sert. »

Il contempla la perle et ajouta lentement :

« Cependant quand j’étais dans la cité de H, je me suis demandé pourquoi Feng Si tenait si désespérément à ce que Mahā reste dans la grotte. Il s’est montré aussitôt hostile dès que le Seigneur Démon a emmené Mahā dehors. Voilà pourquoi par la suite, sans plus aucun soutien externe du Royaume des Démons, il n’était plus en mesure de résister et j’ai pu le ramener à Beijing sans problème… Il y avait vraiment une raison. »

Li Hu demanda d’un ton intrigué :

« Ça a un rapport avec cette perle ?

– — Le Phénix a subi le châtiment des dieux à la place de Mahā. Je l’ai sorti de là au dernier moment pendant que son véritable corps se consumait. Il a risqué sa vie pour prendre forme humaine et retourner précipitamment sur les lieux du brasier. »

Zhou Hui reposa le flacon sur le bureau et conclut :

« C’est ce qu’il a récupéré — Il l’a extirpé de son propre cadavre : c’est un œil du Phénix. »


* * *


Au même moment, le directeur-adjoint Yu était assis jambes croisées dans un salon de thé, fumant sans dire un seul mot.

Le serveur se tenait à côté, théière en main, bien embêté. Il était clairement nouveau, alors il ne savait pas s’il devait rappeler à ce client qu’il était interdit de fumer à l’intérieur et que chacun avait la responsabilité de protéger l’environnement, ou bien s’il devait juste fermer les yeux à cause du sourire particulièrement prévenant du patron et du généreux pourboire qu’avait versé ce client en arrivant.

« Quoi ? »

Yu Jingzhong leva enfin la tête et désigna la tasse vide devant lui.

« Sers-moi, ah. »

Il aurait mieux valu qu’il se taise car quand il leva la tête, le jeune serveur fut effrayé. Les yeux du directeur-adjoint étaient injectés de sang, il y avait un début de barbe sur son menton, des égratignures sur son cou et sa chemise de marque était froissée comme dans un stand de rue. Cette allure pouvait témoigner de la souffrance des trois provinces du Nord-Est et cinquante ans de vicissitudes pouvaient se lire sur son visage.


Le serveur bafouilla :

« Mon-monsieur, il est interdit de fumer dans notre salon…

– Je m’en charge, » le coupa Chu He en se levant pour lui prendre la théière des mains.

Ses gestes étaient doux mais impossibles à refuser.

« Tu peux nous laisser. »

Le serveur hésita un moment, puis se retira lentement. Cependant, il ne referma pas totalement la porte qui resta un peu entrouverte. Chu He ne s’en soucia pas. Il remplit personnellement la tasse du directeur-adjoint Yu avec du thé Tieguanyin, puis demanda :

« Pourquoi c’est à moi que tu demandes ça ? Tu ne devrais pas plutôt aller voir Zhou Hui pour ce genre de choses ? »

Yu Jingzhong tenait sa cigarette entre ses doigts et il se massa les tempes de l’autre main, d’un air irritable.

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« Ça fait longtemps que j’ai demandé à Zhou Hui, mais il ne veut pas. Bon sang, vous êtes tous en train de me stresser. Vous trouvez ça drôle d’assister à mes funérailles ?

– Te stresser à quel sujet ?

– Yan Lanyu, ah ! »

Chu He se versa du thé avant de faire :

« Non seulement je ne te recommande pas de faire ça, mais je ne suis pas non plus d’accord avec ta demande d’effacer les souvenirs de la nuit dernière chez Yan Lanyu. Au fait, pourquoi tu veux lui retirer ces souvenirs mais que tu veux conserver les tiens ? »

Yu Jingzhong éteignit sa cigarette pour s’en rallumer une autre, l’air morose, et il soupira profondément.

« Si on ne se connaissait pas depuis toutes ces années, continua Chu He, j’aurais presque pensé que tu n’es qu’un enfoiré qui refuse d’assumer… Quoique tu n’en es pas très loin maintenant. »

Chu He semblait trouver ça amusant et il demanda :

« Tu as une raison particulière ? Si tu arrives à me convaincre, ce n’est pas impossible que j’intervienne. »


Le directeur-adjoint Yu leva enfin les yeux de la fumée tourbillonnante au-dessus de sa tasse — il avait l’air misérable et vieux, des rides apparurent aussitôt sur son front plissé.

« Je ne veux pas qu’il meure une troisième fois pour moi. C’est une raison valable ?

– Oh ? fit Chu He d’un ton intrigué.

– Il a failli mourir la première fois qu’on s’est rencontré et il a aussi failli mourir la seconde fois. Frère Quatre, Zhou Hui et toi avez vécu des milliers d’années. Vous savez ce que ça fait de faire face à la mort ? Surtout quand tu envoies toi-même quelqu’un que tu aimes dans une situation dangereuse où il peut mourir, comme un sacrifice, tu as une idée de ce qu’on ressent ?

– Je le sais vraiment, fit Chu He avec un mince sourire, baissant les yeux sur les volutes de fumée émises par sa tasse. Mais seulement en ce qui concerne mes propres enfants… Mais là n’est pas la question, continue.

– Laisse-moi te dire, ce garçon a vécu bien trop longtemps dans cette secte Mizong. Alors il s’accroche à la moindre chaleur humaine comme si c’était sa planche de salut. Je ne suis pas aussi bien qu’il se l’imagine, je suis juste quelqu’un d’ordinaire. Sauf qu’il n’a jamais vu quelqu’un d’ordinaire pendant les premières années de sa vie, alors quand il en a croisé un par hasard, il a trouvé ça incroyablement rare et s’est imaginé qu’il était amoureux, mais ce n’est qu’une illusion. »


Chu He demanda avec un sourire :

« Tu te sens inférieur ?

– J’ai seulement une juste opinion de moi-même, répliqua Yu Jingzhong en se désignant. Si j’étais un peu salaud, je resterai simplement avec lui. Dans tous les cas, j’ai déjà Minmin Je pense que c’est sa fille. (1) et je n’ai pas l’intention de chercher un autre compagnon, d’autant plus qu’il ne me reste plus que quelques décennies à vivre tant bien que mal. Mais Yan Lanyu ne sait pas ce qu’il fait actuellement. Quand il grandira, mûrira et rencontrera plus de gens, il regardera en arrière et se rendra compte qu’il aura vraiment foutu en l’air toutes ces années avec moi. La plus belle période de sa vie aura été gâchée juste pour moi. »

Chu He garda son sourire.

« Alors pourquoi tu ne veux pas effacer aussi tes souvenirs ? »


Le cou de Yu Jingzhong se raidit et il agita la main.

« Peu importe, qu’il oublie simplement. Je l’enverrai au lycée pour qu’il rencontre plus de jeunes de son âge. Peu importe qu’il se trouve une fille avec qui fonder une famille ou un garçon avec qui vivre. Du moment que je peux le voir heureux de mon vivant, je pourrai mourir l’esprit tranquille. Quant à mon héritage, Minmin et lui se le partageront équitablement. Heureusement, j’ai fini de payer l’appartement, alors ce sera plus facile de le vendre…

– Je peux accepter une telle raison, mais c’est limite, fit Chu He. Cependant, je pense tout de même que ça revient à le priver de son droit de choisir. Tu sais, les décisions que les gens prennent instinctivement dans l’ignorance et la confusion ne sont pas forcément mauvaises. »

Yu Jingzhong le fixa d’un air compliqué qui voulait dire ‘comme si tu pouvais comprendre’. Il baissa la tête pour prendre une gorgée de thé.

Son paquet de cigarettes se trouvait sur la table. Chu He en prit une, mais ne l’alluma pas tout de suite. Il la fit tourner lentement entre ses doigts. S’il y avait bien un avantage à être un pauvre fonctionnaire, c’était qu’on avait droit aux cigarettes spécialement fournies par le gouvernement. Si Yu Jingzhong voulait les revendre sur Taobao, ça lui rapporterait certainement pas mal — malheureusement, il les fumait toutes.

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« Quand j’ai choisi Zhou Hui… reprit lentement Chu He, c’est justement dans ce genre de circonstances. »

Yu Jingzhong objecta :

« Zhou Hui m’a dit que c’était parce qu’il était si beau qu’il pouvait couper le souffle au ciel et à la terre et faire pleurer les démons et divinités. Tu as cessé de combattre dès que tu l’as vu et tu as accepté dès qu’il t’a demandé en mariage. Depuis, vous êtes tous les deux retournés dans son pays natal pour vivre dans l’isolement, main dans la main, comme deux canards mandarins et non comme deux immortels… Putain, je savais que je n’aurais pas dû le croire !

– C’est vrai que j’ai accepté dès qu’il m’a fait sa demande, rectifia Chu He avec un léger rire, et que son apparence humaine était… La Mer de Sang ne peut pas produire plus d’une personne comme lui en plusieurs milliers d’années. Même leur Seigneur Démon n’est pas aussi… Mais bon, je m’égare. »

Il alluma la cigarette et prit une bouffée sous le regard extrêmement surpris de Yu Jingzhong.


Quand Feng Si était encore le chef de la quatrième équipe, sa position élevée de Roi de Clarté Phénix l’isolait de toute atmosphère mondaine. Sans parler de fumer, même roter et tousser étaient inimaginables pour lui. Cependant, à présent qu’il avait un visage ordinaire et indifférent, avec la cigarette entre ses doigts fins, la fumée tourbillonnante cachant un peu ses yeux, ce point de vue légèrement différent suscitait un sentiment très étrange.

« J’étais agenouillé devant le Bouddha le jour où Zhou Hui est venu me demander en mariage… fit Chu He d’un ton nonchalant. Il se trouvait que ce jour-là, un Roi de Clarté du bouddhisme tantrique était venu pour me convaincre d’épouser sa sœur. Ça faisait longtemps qu’il m’importunait à ce sujet et je commençais vraiment à perdre patience, mais l’autre était un des cinq authentiques Rois de Clarté, alors ce n’était pas facile de refuser son offre en face à face… Juste à cet instant, la Terre Pure a envoyé un messager pour dire que le clan des démons de la Mer de Sang était encore venu sur nos terres, alors j’ai dû sortir pour aller au combat. Zhou Hui était l’un des généraux démons durant cette bataille. Il se précipita sur les murs de la cité en plein combat et m’a demandé si je voulais l’épouser et partir avec lui. À ce moment-là, tout le monde, y compris le Roi de Clarté et sa sœur se trouvaient là, alors je me suis soudain rebellé et j’ai accepté la demande de Zhou Hui. »


Chu He exhala doucement un peu de fumée et reprit calmement :

« Mais ce n’était qu’un déclencheur parmi d’autres. À cette époque, j’avais déjà des doutes sur le Royaume du Ciel à cause de certaines choses. La suspicion, la colère et le ressentiment me tourmentaient en permanence, alors j’ai subitement dit oui à Zhou Hui. Ce n’était pas tant un coup de foudre qu’un acte de rébellion et de vengeance contre le Dao du Ciel sous l’influence d’un démon intérieur.

– … »

Yu Jingzhong trembla.

« Alors tu…

– Au départ, on a juste couché ensemble comme des sex friends pendant des années. Parfois, je scellais même mes six sens, alors ça n’avait pas vraiment d’importance, fit Chu He. Désolé de ruiner ta dernière bonne impression du bouddhisme, toutes mes excuses, ah. »

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La main de Yu Jingzhong qui tenait sa cigarette trembla un peu et il prit un peu de thé pour se donner une contenance.

« Cependant, même si ça a été le pire début possible, c’est possible de changer le cours du scénario au beau milieu et d’en faire une histoire non pas juste convenable, mais satisfaisante pour soi. »

Chu He marqua une pause avant de reprendre :

« Les décisions que les gens prennent quand ils sont au plus bas et confus ne sont pas forcément mauvaises. En combinant ma propre expérience et mon opinion, je pense que tu ne devrais pas forcer les autres à prendre le soi-disant ‘bon chemin’ si ça veut dire les priver d’une partie d’eux. »

Yu Jingzhong baissa la tête et son visage anguleux était partiellement caché par la fumée de cigarette et la vapeur du thé.

« Il s’agit de la vie de quelqu’un d’autre… fit-il lentement après un moment. Je ne peux pas risquer la vie d’un adolescent, ce serait bien trop égoïste. »


Chu He prit un air un peu impuissant.

« Puisque tu penses ainsi, je laisserai d’abord Zhou Hui parler à petit frère Yan, ah. Tu devrais aussi fumer moins et ne pas prendre exemple sur Zhou Hui. S’il a un cancer des poumons, il n’a qu’à changer ses poumons. Tu peux en faire autant ? »

— C’était rare que le chef d’équipe Feng Si fasse ainsi la morale aux gens. En général, avant qu’un Roi de Clarté Phénix agisse pour réprimer un démon, il lui demandait en général : “Tu veux te convertir ?” Ceux qui refusaient étaient tués. Seul Feng Si sautait cette étape et passait directement à l’action. Durant ses jeunes années, un démon de la Mer de Sang lui avait demandé pourquoi il tuait sans essayer de convertir. Feng Si avait répondu : “Qu’est-ce que ça a à voir avec moi que tu te convertisses ou pas ? Je respecte ta liberté de croyance.”

Alors son conseil était aussi étrange que si Zhou Hui l’avait sermonné et harcelé pendant trois jours.


Yu Jingzhong abaissa les mains et allait dire quelque chose quand son portable sonna soudain.

« Yo, s’écria-t’il de surprise en voyant le numéro. Urgence de niveau 1, comme c’est étrange. »

Avec un geste d’excuse, il prit son portable et s’avança vers la porte. Il hésita un bref moment avant de sortir, se rappelant de ce que Zhou Hui lui avait dit avant de partir : Chu He ne devait pas rester seul, même pas une minute — Il se tourna et vit Chu He jouer sur son portable, sa cigarette en main. L’autre homme leva les yeux vers lui d’un air innocent et s’enquit :

« Qu’y a-t’il ? »

Le portable continuait de sonner de plus en plus fort, alors Yu Jingzhong agita la main rapidement et sortit.


* * *


Une fois que la porte de la loge privée se referma, Chu He resta assis en position un moment, puis il rangea son portable.

À cet instant, on toqua deux fois à la porte et le serveur demanda de l’autre côté :

« Monsieur, vous souhaitez régler ?

– Non, répondit calmement Chu He. Ça fait des années que c’est toujours moi qui paye alors de temps en temps, j’ai envie que ce soit quelqu’un d’autre qui le fasse. »

Le serveur entra en refermant la porte derrière lui, puis se plaça directement derrière la chaise de Chu He. Son visage était toujours souriant, mais la peau derrière ses oreilles et sa gorge avait commencé à se plisser, comme si un adhésif de très mauvaise qualité était collé dessus. Alors que le sourire s’élargissait, la peau commença à se détacher.

Le serveur tendit la main — et les muscles étaient incroyablement fermes, les os protubérants et puissants. Ça donnait aux gens une impression de férocité.

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L’instant d’après, la cigarette dans la main de Chu He fut facilement saisie par le serveur qui la porta à ses lèvres et tira une bouffée. Ensuite, il se pencha à l’oreille de Chu He et murmura doucement :

« — Alors je vais payer pour toi.

– Fan Luo, répondit Chu He sans changer d’expression, tu es bien trop audacieux. »

La peau sur le visage du serveur tomba enfin, dévoilant le visage du Seigneur Démon avec des lignes noires sur les côtés. Il pressa une main sur l’épaule de Chu He, si fort que même les os ressortaient, et lui rendit la cigarette de l’autre main. Chu He la reposa immédiatement sur la table.

« Alors comme ça, le Troisième Roi de Clarté souhaitait autrefois que tu épouses la Déesse des Monts Enneigés. »

Fan Luo ne se soucia pas de la réaction de l’autre homme, il semblait très intéressé par cette histoire.

« Son esprit retors mériterait vraiment d’être étudié… Qu’est-il arrivé ensuite à cette déesse ? »


Chu He répondit avec indifférence :

« Zhou Hui l’a séduite et ils ont rompu peu de temps après. Elle est venue m’assassiner pour se venger et après avoir échoué, elle a rejoint le cycle des réincarnations. Je ne sais pas où elle est allée… Ne me regarde pas comme ça. Durant ces années, j’avais scellé mes cinq sens et mes six consciences, alors je n’étais guère différent d’un cadavre qui respirait.

– Même comme ça, tu devais être un cadavre splendide et attirant. »

Fan Luo lui saisit le menton et ajouta :

« Tu ne veux même pas demander ce qui va t’arriver ? »

Chu He agita la main d’un air un peu agacé et demanda :

« Pourquoi tu es venu ? »

Yu Jingzhong était toujours à l’extérieur au téléphone. Chu He ne savait pas quelle urgence s’était produite mais en tout cas, l’autre homme ne faisait pas mine de revenir.


En tout cas, Fan Luo ne semblait pas du tout avoir peur de se faire découvrir. Il s’assit tranquillement sur une chaise. De ce que Chu He pouvait voir, son pouvoir à moitié scellé par Zhou Hui était presque complètement restauré. Au moment où il s’assit, Chu He fut obligé de tourner la tête vers lui à cause de la puissante aura démoniaque de l’autre.

Alors qu’il récupérait de plus en plus sa puissance, le Seigneur Démon avait de moins en moins peur de Zhou Hui et ses derniers légers scrupules au sujet de Chu He avaient presque disparu.

« Je suis venu te présenter mes excuses, fit poliment le Seigneur Démon avec un sourire. Je n’ai jamais ordonné aux Ashura de te capturer pour t’emmener dans les quatre Dao du Mal. C’était leur propre décision — et ton ex a eu raison de critiquer. Si je veux que tu viennes dans le Royaume des Démons, c’est à moi de me déplacer pour me présenter à toi. »

L’aura démoniaque qui émanait de lui était bien trop suffocante. Chu He se pencha légèrement en arrière et plissa les yeux.

« Tu es venu me combattre, Fan Luo ? »

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Le Seigneur Démon répondit :

« J’ai entendu dire qu’il faut venir en personne pour accompagner la mariée afin de montrer son importance. Sinon, l’autre personne peut refuser ou temporiser. Ça fait des années que tu temporises avec moi. Quand Mahā est sorti de la grotte, on aurait dit que tu allais te fâcher et te retourner contre moi, c’est sans doute parce que je n’ai pas suffisamment montré ma sincérité. »

Le Seigneur Démon tendit la main pour saisir le poignet de Chu He. La fumée noire fondit dans sa chair et devint des filaments noirs aussi fins qu’une toile d’araignée qui se positionnèrent sous la peau. Le visage de Chu He changea légèrement d’expression.

« Alors je suis venu te chercher maintenant, Roi de Clarté Phénix. »

Le Seigneur Démon se redressa et s’inclina d’un air galant. Il ajouta :

« Si tu veux, tu peux considérer ça comme accompagner la mariée. »


Avant qu’il n’ait fini de parler, Chu He avait déjà vivement reculé, mais le Seigneur Démon fut plus rapide que lui. Il le suivit de très près. La distance entre les deux ne dépassa pas le demi-mètre. En un éclair, Fan Luo s’avança brusquement et le poussa contre le mur !

La tête de Chu He heurta le mur avec un bam et il s’écria :

« Lâche-moi ! »

Le Seigneur Démon n’en fit rien. Il le toisa d’un air glacial et répliqua :

« Tu ne sous-estimerais pas ma puissance, votre Majesté le Roi de Clarté ? »

Il y eut une explosion à l’endroit où il se tenait et les dalles furent réduites en morceaux, les fissures se déployant rapidement autour — C’était parce que l’aura démoniaque était si puissante qu’elle pouvait se matérialiser et corroder en un instant tout ce qui se trouvait autour.

Chu He changea totalement d’expression en cet instant.

« Tu n’as plus mon sang de cœur, alors comment… C’est Mahā ?! »


C’était en fait très jouissif de voir une telle expression sur son visage. Le Seigneur Démon l’admira un long moment de haut, puis il fit d’un ton nonchalant :

« Ne t’en fais pas, ton petit a décidé de rester dans la Mer de Sang, va savoir pourquoi, et il en est presque devenu le souverain suprême — Quant à moi, comment pourrais-je aisément apparaître dans le monde des humains si je n’étais pas sûr de pouvoir t’emmener ? »

Chu He se figea et contempla le Seigneur Démon dans cet espace clos.

De l’autre côté de la porte, on pouvait entendre les gens aller et venir dans le salon de thé, ainsi que le bruit de l’eau, mais ce n’était pas très clair et l’atmosphère semblait terriblement dense. Au bout d’un moment, Chu He radoucit son attitude et fit d’un ton glacial :

« Tu ne peux pas m’emmener, Zhou Hui a été bien plus rapide que toi. »

Il employa sa main de libre pour déboutonner sa chemise, bouton par bouton en partant du col, jusqu’à ce que ses omoplates et son torse soient visibles.


Le Seigneur Démon ne cacha pas sa stupéfaction — Du bas des omoplates jusqu’au cœur, il y avait les neuf caractères de restriction écrits à l’encre. Chaque caractère était orné d’os tranchants et de crocs de différentes formes et ensemble, ils formaient l’image d’une bête féroce tapie, prête à bondir.

« Les neuf Portes de mon corps sont scellées, mes trois âmes supérieures et mes sept âmes inférieures sont réprimées et il y a un anneau de répression à ma taille. Si je mets un seul pied en dehors du monde des humains, la restriction explosera devant le portail et ce corps sera aussitôt détruit… »

Les yeux de Chu He contenaient un peu de sarcasme et d’auto-dérision.

« Tu réalises la différence à présent ? — Parfois, je me demande comment ça se fait que ce soit toi qui sois devenu le maître des quatre Dao du Mal au lieu de Zhou Hui. Il est bien plus doué que toi pour faire les choses à l’extrême. »

Le Seigneur Démon tendit la main pour toucher les caractères de restriction sur sa peau. Il rétrécit les yeux et voulut dire quelque chose mais à ce moment, ils entendirent les bruits de pas de Yu Jingzhong qui revenait dans le couloir.

Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !

Ce n’était clairement pas une bonne idée d’affronter Zhou Hui en cet instant. Fan Luo fut donc obligé de lâcher Chu He et de reculer d’un demi-pas.

« Je ne peux rien faire pour l’anneau, mais le blocage des neuf Portes peut être brisé… Je voulais t’emmener avec moi avant la suite des événements, mais c’est trop tard à présent. »

La poignée de la porte s’abaissa et le Seigneur Démon étira les lèvres et fit d’un ton railleur :

« Cette fois, je vais laisser l’ancienne amante de Zhou Hui s’amuser avec toi. »

La silhouette de Fan Luo disparut rapidement dans les airs au même moment où Yu Jingzhong ouvrit la porte.

Tout était renversé sur la table de la loge privée et il y avait du thé par terre. Chu He était adossé contre le mur et il reboutonnait lentement sa chemise.


Le directeur-adjoint Yu s’écria de surprise :

« — Que t’est-il arrivé ?

– Je suis tombé. »

Chu He termina de reboutonner sa chemise, n’ayant clairement pas envie de donner plus d’explications.

« Et toi, il s’est passé quelque chose de grave ? »

Yu Jingzhong sentait que quelque chose n’allait pas, mais il se trouvait dans une situation où il ne pouvait pas perdre de temps, alors il dut renoncer à ses questions.

« Oui, chez un officier vétéran de la CMC, quelqu’un est mort de manière très étrange. »

Il agita le portable, un peu impuissant.

« Zhou Hui est en chemin… Il m’a demandé de le rejoindre pour te rendre à lui immédiatement. »


Note de Karura : Alors oui, Zhou Hui est un brin possessif. En même temps, vous avez bien vu ce qui se passe dès qu’il laisse Chu He deux secondes hors de sa vue : les abeilles se précipitent pour butiner le miel !



Notes du chapitre :
(1) Je pense que c’est sa fille.






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