Chapitre 47 : Mahā décrypte tout — En combinant toutes les actions inexplicables du Phénix depuis toutes ces années, il a enfin découvert la vérité…
En y réfléchissant plus tard, Zhou Hui se dit que c’était Chu He qui était tombé le premier sur cet indice.
En effet, l’autre homme s’était assis sur le rail pour faire son sac. Son pied avait accidentellement cogné contre un des cailloux et après un moment, Chu He s’était levé pour partir. Après ça, Zhou Hui était parti uriner à cet endroit et dès le premier jet, un œil injecté de sang était apparu sous le gravier.
Si Chu He avait cogné son pied une seconde fois, il se serait retrouvé avec la semelle couverte de sang.
Zhou Hui ne manqua pas d’appeler Zhang Shun. Il retira rapidement les cailloux et déterra à mains nues la moitié d’un lama du sol gelé — C’était vraiment la moitié, puisque le corps avait été déchiqueté au sommet du crâne jusqu’à l’aine. La déchirure n’était pas droite, évitant sciemment les organes internes. À cause des températures extrêmement basses, tous les organes avaient gelé dans la cavité abdominale.
Zhou Hui s’accroupit sur les graviers et observa sa trouvaille un long moment. Zhang Shun était occupé à vomir tellement qu’il ne pouvait pas parler, soutenu par son frère.
« Mon épouse, fit Zhou Hui après un moment, repoussant le malchanceux lama d’une main. Couper sa nourriture en deux, manger une moitié et jeter l’autre, déchiqueter les muscles abdominaux sans se soucier des organes internes… Ça ressemble un peu au style de notre gros poussin, ah… »
Chu He continua à soutenir d’une main son frère qui vomissait et il retourna le lama de l’autre pour l’examiner attentivement. Après un moment, il conclut :
« On dirait bien les marques de dents de Mahā.
– Putain, tu arrives vraiment à voir ça ?! »
Zhou Hui songea en lui-même : Tu mérites vraiment d’être dans le top 10 des meilleures mères des Six Royaumes ! Mais il se retint et ne dit rien. Il tendit la main pour prendre un morceau de tissu bleu et blanc déchiré autour du cou du lama.
Le tissu était couvert de sang, alors le motif était peu visible. Zhou Hui rétrécit les yeux et regarda longtemps avant de le reconnaître :
« — Ai, ce ne serait pas le drapeau du Lion des Neiges ? »
Chu He et lui se regardèrent, puis se tournèrent vers les rails vides.
« Ce… Ce doit être un des indépendantistes qui a attaqué le train, comprit Zhou Hui sans arriver à y croire. Quand ils se sont manifestés, ce type a dû tomber sur Mahā qui se trouvait dans le même wagon et il a eu le malheur de se faire dévorer… »
La même scène apparut dans l’esprit des deux hommes — des coups de feu dans le train, le sang et la chair giclant partout, l’odeur de nourriture fraîche qui stimulait fortement la faim de Mahā. Finalement, le Paon n’était plus parvenu à se retenir et quand un stupide indépendantiste avait débarqué pour lui pointer le pistolet sur la tête, il avait subitement souri, dévoilant ses dents acérées et couvertes de sang…
« Il… Il… »
Zhang Shun se ressuya la bouche et demanda d’une voix faible :
« Il n’y avait pas aussi Wu Deux, le chef de la seconde équipe, dans le train ? »
Zhou Hui : « … »
Chu He : « … »
Le couple grimaça en même temps.
« Wu Bei est tout de même un chef d’équipe… »
La tentative de rassurer de Zhou Hui était faible et peu convaincante. Alors qu’il se mettait à songer à comment gérer les conséquences si Mahā avait bel et bien gobé Wu Bei, Chu He désigna soudain la nuque du lama :
« Attends, c’est le Sceau Doré du Peng ! »
Zhou Hui baissa les yeux.
Sur le cou du cadavre qui avait été couvert jusque là par le drapeau du Lion des Neiges, il y avait un caractère en Sanskrit complexe qui luisait d’une lueur dorée. C’était très flou sur la chair brûlée, mais on arrivait encore à voir qu’il s’agissait de la marque exclusive de Garuda.
« … »
Zhou Hui était à présent complètement perdu.
« Que faisait aussi Garuda dans ce train ?! »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
C’était déjà très inhabituel que Mahā soit subitement apparu dans le monde des humains, ayant quitté la Mer de Sang. Mais voilà que Garuda était également descendu du mont Wangjia où il cultivait depuis des centaines d’années. Qui plus est, il avait pris le même train que Mahā pour quitter le Tibet. Que s’était-il passé ?
Se pouvait-il que Mahā soit allé voir Garuda pour une raison bien précise ? Mais qu’est-ce que ça pouvait bien être ? Était-il possible que Mahā ne se soit pas satisfait du territoire restreint de la Mer de Sang et qu’il soit allé voir son frère pour lui demander de l’aider à tuer le Seigneur Démon et à régner sur les Enfers ? Que dorénavant il deviendrait le Seigneur Démon Paon, grand, riche et beau, qu’il serait l’Empereur des Mendiants et qu’il unifierait les Quatre Dao du Mal pour les milliers d’années à venir ?
La première réaction de Zhou Hui fut de se dire que c’était vraiment trop ridicule. Puis il se rendit compte qu’au vu de la personnalité de Mahā, c’était tout à fait possible. Il ne savait simplement pas pourquoi les deux frères auraient pris le train pour se rendre dans le monde des démons. Est-ce que ce train pouvait prendre un tunnel spatio-temporel ?
Ce que Zhou Hui ignorait, c’était que Chu He contemplait le Sceau Doré du Peng au même moment et que ses pupilles étaient légèrement dilatées.
Il était en train de songer à une possibilité encore plus terrifiante —
Si Mahā s’était rendu compte que sa divinité avait disparu, il allait forcément trouver un moyen d’y remédier.
Manger uniquement des humains n’allait pas ralentir son déclin de manière efficace. Il était comme un humain atteint de leucémie et qui avait besoin d’une greffe de moelle osseuse : il allait d’abord chercher une divinité similaire chez ses proches, puis la leur dérober.
Dans la grotte de la cité de H, Chu He avait justement été inquiet que ça arrive, voilà pourquoi il avait refusé de dire à Mahā pourquoi il l’empêchait de sortir de la grotte.
Hélas, le pire était arrivé.
Heureusement, puisque le Sceau Doré du Peng existait encore, ça voulait dire que Garuda avait conservé sa divinité pour le moment. Sinon, ce serait le Sceau du Roi de Clarté Paon qui serait apparu.
Chu He poussa un soupir de soulagement presque imperceptible et il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il vit que Zhou Hui contemplait son visage sans cligner des yeux.
« … Qu’y a-t’il ? »
Le regard de Zhou Hui était rempli d’observation acérée et de recherche. Après un moment, il fit :
« Rien… Tu n’avais pas l’air bien à l’instant. Tu es fatigué ? »
Chu He détourna aussitôt les yeux et fit d’un ton naturel :
« En, un peu — Je me demandais, pourquoi ce cadavre a été enterré dans le sol gelé ? Si c’est bien Garuda qui a empêché Mahā de dévorer les gens, même s’ils s’étaient battus et avaient fait exploser le train, le corps aurait dû être projeté au loin par le souffle de l’explosion, non ?
– Je ne vois qu’une raison pour laquelle ça s’est produit comme ça. »
Chu He et Zhang Shun le regardèrent. Zhou Hui haussa les épaules.
« Je m’en doutais déjà ces deux derniers jours, vu qu’il n’y avait aucune trace du train disparu, mais je ne pouvais pas être certain car Wu Bei seul n’aurait jamais pu provoquer ça — Mais Mahā et Garuda sont extrêmement puissants. S’ils ont déployé trop de pouvoir durant leur combat, ça a pu causer une distorsion spatiale et créer un passage aléatoire vers les Six Royaumes… »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Il poursuivit :
« Le train tout entier a peut-être été transporté aux Enfers, dans le Royaume des Fantômes Affamés, le Royaume des Bêtes, voire même le mont Meru au Ciel. Ces corps sont apparus sous le sol gelé sûrement parce qu’ils sont été éjectés par les fenêtres du train à cause du choc violent dû à la distorsion spatiale. Garuda les a marqués sans doute à cause de cette situation de grave urgence, afin de tenter de guider le plus possible les gens qui viendraient à leur secours. Bref, on doit à présent creuser. »
Zhou Hui tourna la tête et contempla la fosse au milieu des graviers d’où le corps venait d’être déterré. Il ajouta :
« Il y a sans doute d’autres cadavres plus bas, ainsi que des lignes telluriques plus profondes. Le train a été transporté après être entré sous terre. Si on arrive à creuser jusqu’à la dernière position du train avant sa disparition, on pourra suivre sa trace pour trouver à quel endroit aléatoire il s’est retrouvé entre les neuf Cieux et les dix Terres… »
Aussitôt dit, aussitôt fait. Zhou Hui retira son manteau. En-dessous, il ne portait qu’un simple pull noir qui dévoilait les muscles puissants et bien dessinés de son torse. Il se mit à pelleter des roches en grosses quantités.
Il était capable de creuser des centaines de kilogrammes de gravier d’une paume, de les soulever dans les airs et de les projeter au loin en direction de la rivière Lhassa, comme un déluge de cailloux, le tout dans un bruit assourdissant.
Zhang Shun se réfugia derrière une colline en se couvrant les oreilles, gardant la tête baissée pour éviter de se prendre des cailloux. Il cria à Chu He :
« Ce type est trop balèze ! — Pourquoi il ne va pas à Lanxiang Une école professionnelle de Chine très connue. On peut étudier la cuisine, le BTP, la mécanique auto, etc. (1) pour enseigner à conduire les excavatrices ?! »
Zhou Hui cria de l’autre côté de la colline :
« Je t’ai entendu, beau-frère catastrophe ! »
Avec un grondement immense, le sol creusé causa l’effondrement d’une grande partie de la voie ferrée. Heureusement que les trains ne circulaient plus dans la région, sinon ça aurait provoqué des accidents mortels près de cette montagne.
« Chéri ! cria Zhou Hui. Chéri, viens voir les morts ! »
Sans perdre de temps, Chu He bondit au sommet de la colline et se laissa rapidement glisser le long de la pente. Zhang Shun le suivit avec plus de mal. Dès qu’il arriva au sommet de la colline, il en resta stupéfait en baissant les yeux.
Zhou Hui avait pratiquement vidé tout le gravier près des rails. Les rochers dans le sol gelé étaient immenses et on pouvait y voir plusieurs lamas en tunique orange qui étaient en piteux état. La plupart n’était plus que des amas de chair sanglante.
Environ dix mètres plus bas, une couche noire de roche montagneuse apparaissait sous le permafrost — c’était la partie souterraine de la montagne de Wangjia qui était restée cachée sous l’épais permafrost pendant des milliers d’années. On pouvait voir de nombreuses fissures impressionnantes dans la roche noire. Elles étaient sinueuses et s’étendaient comme une toile d’araignée. Leur point de convergence était un immense col plus profond.
De l’autre côté, on pouvait voir des plaques et des roulements en acier, ainsi que des roues à sept trous brisées en mille morceaux.
— Mahā avait conduit le train dans une grotte souterraine.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Zhou Hui marmonna :
« Putain… Ce gamin ne fait pas les choses à moitié. »
Il leva la tête vers Chu He et leurs regards se croisèrent.
« Descendons, proposa ce dernier après un moment. Nous devons d’abord trouver la dernière position du train avant qu’il n’ait été transporté ailleurs. »
Il se laissa glisser le long de l’immense fosse, évitant tous les rochers acérés qui ressortaient, puis il atteignit le fond en quelques secondes. Debout sur la roche noire, il se tourna pour regarder Zhou Hui.
Une lueur mitigée brillait dans les yeux de l’autre homme. Il fit après un moment :
« Je te rappelle que si tu te fais téléporter à ton tour, tu risques fort d’atterrir dans un des quatre Dao du Mal au choix. Et il se trouve que l’anneau doré relié à ta colonne vertébrale va avec un sort de scellé. Dès que tu franchiras les limites du monde des humains, ton corps explosera en morceaux…
– Il me restera toujours mon âme, non ? Je n’aurai qu’à me réincarner et prendre à nouveau forme humaine. »
Chu He avait dit ça d’un ton nonchalant, mais quand il vit Zhou Hui pâlir subitement, il réalisa aussitôt quelque chose.
« … Je plaisantais. »
Zhou Hui le regarda d’un air sombre.
Chu He recula automatiquement d’un demi-pas.
Non loin de lui, Zhang Shun était descendu à son tour dans la fosse en titubant. Il fixa le couple d’un air perdu.
Le vent glacial siffla dans la nature gelée. Quand il passa dans les fissures du terrain accidenté, il émit presque un gémissement. Zhou Hui contempla longuement Chu He avant de dire doucement :
« Tu connais mon tempérament… Ne parle plus jamais de ça devant moi. »
Chu He baissa les yeux.
« Je plaisantais, refit-il. Si jamais on tombe sur un portail de téléportation, je resterai seul dans le monde des humains. »
Zhou Hui étira le coin de ses lèvres vers le haut, mais ça n’avait rien d’un sourire. Après un long moment, il se détourna et commença à explorer la grotte où le vent sifflait. Il fit signe à Zhang Shun de remonter rassembler leurs affaires et de se préparer à descendre dans la grotte pour fouiller en quête d’éventuels survivants.
L’ouverture dans la montagne était assez grande pour laisser passer un train. Bien que le terrain était accidenté, ce n’était pas trop difficile de progresser. Après seulement quelques minutes de marche, il faisait déjà sombre et froid. La veste polaire de Zhang Shun ne suffisait plus pour le protéger du froid, alors Zhou Hui dut retirer son manteau pour le lui donner.
Il faisait si noir que même la lumière des lampes-torches n’éclairait pas très loin. Zhou Hui ouvrait la voie avec un piolet, Zhang Shun était attaché au milieu par une corde et Chu He était à l’arrière. Une partie du chemin descendait tout droit. Zhou Hui sauta facilement. Chu He et lui tendirent la corde et Zhang Shun fut descendu petit à petit.
Quand il atterrit, Zhang Shun frissonna violemment. Il tapa le sol de ses pieds qui étaient presque ankylosés par le froid et demanda avec inquiétude :
« On est à quelle profondeur ? »
Chu He tomba d’en haut. Il atterrit proprement, se releva et tapa dans ses mains.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Zhou Hui répondit avec mépris :
« On est seulement à cinquante mètres, beau-frère. En terme de sexe, on est à peine à la moitié d’un coup… Tu te contentes en général d’un demi-coup ? Dans ce cas, ce sera difficile de te trouver une épouse… »
Une veine palpita sur le front de Zhang Shun. Zhou Hui se tourna avec satisfaction et annonça :
« Venez, il y a une rivière souterraine par là-bas. On y est presque. »
En fait, il n’avait pas besoin de le dire : le son de l’eau s’entendait très clairement. Les débris calcinés du train s’étalaient comme une longue route, s’enfonçant dans les ténèbres et menant directement à cette rivière souterraine qui passait par miracle à travers le mont Wangjia du Tibet. La rivière sinueuse s’élargissait, puis se rétrécissait, se précipitant vers les lointaines montagnes.
« C’est une branche de la rivière Lhassa qui coule sous terre en direction de Nagqu. Si on la suit, on peut arriver jusqu’à Ordos En Mongolie intérieure. (2) ou même les Plaines Nord de la Chine, » expliqua Chu He à Zhang Shun qui fixait la rivière avec émerveillement.
Il alluma sa lampe-torche et poursuivit :
« Une grosse quantité de neige et de glace fond au Tibet chaque année et s’infiltre vers le nord par les eaux de surface. Le dénivelé de cette rivière peut atteindre plus bas plusieurs kilomètres, voire des dizaines de kilomètres… Si c’est trop dur pour toi, tu peux remonter.
– Non, non, » assura le jeune homme.
Il garda les yeux fixés sur la rivière et fit d’un ton impressionné :
« Ce paysage naturel est vraiment fantastique ! »
Chu He eut un sourire.
« — Le Dix-Huitième Cercle des Enfers est bien plus spectaculaire… »
Zhang Shun ne l’entendit pas clairement.
« Qu’est-ce que tu as dit ? »
Chu He leva la main pour lui dire que ce n’était rien. À ce moment, Zhou Hui cria soudain de loin :
« Vieux Quatre ! — Viens vite, j’ai retrouvé le train ! »
Chu He pressa le pas et quand la lumière de sa lampe-torche illumina la scène, même lui ne put qu’être stupéfait.
Dans un vaste espace ouvert sous terre, la moitié d’une locomotive se tenait brusquement sur les rives de la rivière souterraine, telle une bête hideuse et terrifiante tapie dans l’obscurité. À cause de la distorsion spatiale, elle était complètement déformée. Plusieurs wagons étaient reliés à la locomotive, eux aussi compressés en un immense tas de ferraille. Plusieurs roulements, roues et carcasses de wagon étaient carbonisés et empilés n’importe comment contre la paroi rocheuse.
« Il est arrivé là après avoir pénétré dans la distorsion spatiale mais malheureusement, seule la moitié du train a pu être transportée. L’autre moitié est restée coincée ici. »
Zhou Hui grimpa sur la locomotive. Il fit promener sa lampe-torche sur le toit en acier fissuré et marmonna :
« Bon sang, c’est vraiment de la bonne qualité ! Si ça avait été un Honda, il aurait clairement été réduit en poussière sous la pression de la distorsion spatiale…
– Fais attention ! lui cria Chu He du sol.
– Oui, oui, je sais — »
Sa voix mourut soudain. Dans la lumière de la lampe-torche, il vit qu’il semblait y avoir quelqu’un sur le siège conducteur, assis devant le panneau de commandes et le visage couvert de sang. L’homme portait un coupe-vent noir sur son corps costaud et était inconscient.
« Oh mon dieu, s’écria Zhou Hui de stupéfaction. Je l’ai trouvé ! »
Il se tourna et fit signe à Chu He qui était au sol.
« Chéri ! — Ne viens pas ici, tu vas te salir. Demande à mon stupide beau-frère de m’aider à transporter le Vieux Deux ! »
Au même moment, aux Enfers, dans la Mer de Sang.
Le ciel était rouge comme le sang. Ce n’était peut-être pas sa couleur originelle, mais il était recouvert d’une fumée rouge qui s’élevait de la mer en permanence. Du coup, il avait l’air sombre et terrifiant, comme s’il allait se briser en morceaux à tout moment et qu’une pluie de sang coulerait à travers les fissures.
Une jeune bête démoniaque à neuf têtes volait dans le ciel avec un cri strident. La mer aux eaux rouge sang s’agitait dans un grand bruit et les vagues charriaient d’innombrables cadavres en décomposition. Ils étaient ensuite tirés hors de l’eau par des bêtes démoniaques stupides et de bas niveau qui les mordaient et les dévoraient avec avidité.
D’autres jeunes bêtes démoniaques grimpaient le long de la falaise au bord de la mer, jouant à se pourchasser et à se mordre. Elles épiaient également avec curiosité la moitié de locomotive qui étaient subitement apparue au sommet de la falaise et elles montrèrent les dents devant cet étrange monstre d’acier.
Ce fut alors qu’une silhouette perchée sur le toit bougea. Elle baissa la tête, révélant un visage splendide mais dénué d’émotion.
Les petits monstres crièrent de terreur et se dispersèrent aussitôt.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Et de sous la locomotive, Garuda grogna avant d’ouvrir les yeux.
Sa vision était trouble et il lui fallut un bon moment avant qu’elle ne redevienne nette. La douleur sourdre se répandit peu à peu à tout son corps.
Si quelqu’un voyait cette scène, il trouverait ça extraordinairement tragique. Tout le corps de Garuda était pressé au sol par la locomotive. Son corps et ses bras étaient couverts de sang, ses jambes coincées sous l’engin carbonisé et une longue tige d’acier transperçait un de ses mollets à travers l’os, le clouant au rocher.
« Tu es réveillé ? » demanda Mahā en pointant sa tête du toit et en le fixant d’en haut.
Garuda tenta de soulever le train très lourd qui le pressait, mais il échoua après plusieurs essais. Il ne put que renoncer en respirant lourdement.
« … Viens, fit-il subitement à son frère après un moment, allongé au sol.
– Pour quoi faire ?
– Viens t’emparer de ma divinité, ah. Tout ça, ce n’était pas justement pour ça ? »
Les deux frères se regardèrent un long moment. Garuda sourit soudain. Sur son visage ensanglanté, ce sourire semblait étonnamment paisible.
« Je ne veux plus voir ça : le père et le fils qui s’entre-tuent, la famille brisée, une errance de plusieurs centaines d’années, tout le monde rempli d’hostilité et de mauvaise volonté… Je veux juste que chacun vive en paix. Alors si tu la veux, prends ma divinité. De toute façon, je ne suis pas en état de résister. »
Mahā tourna la tête pour le fixer, ses yeux remplis d’innocence, le ciel rouge derrière lui.
Après une éternité, il bougea enfin. Alors que Garuda était persuadé que son frère allait bondir pour l’attaquer, il le vit seulement changer de position pour se mettre plus à l’aise.
« Je n’en veux pas, annonça Mahā.
– … Quoi ?
– Je n’ai jamais songé à m’emparer de ta divinité. »
Voyant que Garuda n’arrivait pas à cacher sa stupéfaction, Mahā eut un grand sourire. Son visage était d’une beauté à couper le souffle, bien que son sourire était rempli d’une fierté mauvaise.
« Quand je me suis échappé de la grotte de scellés, mère a fait de son mieux pour m’en empêcher, mais il n’a pas voulu m’expliquer pourquoi. À l’époque, j’étais si consumé par la colère et la jalousie que je n’ai pas soigneusement réfléchi aux raisons de son attitude inexplicable… Et puis je suis descendu dans la Mer de Sang et un jour, je me suis soudain rendu compte que je m’affaiblissais progressivement avec le temps. J’ai réalisé que j’avais perdu ma nature divine. C’est là que j’ai compris pourquoi mère n’a pas voulu me dire la vérité : il avait peur que j’aille te chercher. Il craignais que je commette le péché de fratricide alors que j’avais déjà avalé le Bouddha. Il ne voulait pas voir ses deux enfants se battre et s’entre-tuer. »
Garuda avait l’air perdu. Il entendit Mahā ajouter lentement :
« Si c’est ce qu’il souhaite, alors je… Si je m’emparais de ta divinité, mère serait extrêmement triste. Je ne veux pas voir la seule personne au monde qui m’aime encore arborer à nouveau cette expression de tristesse… »
Il y eut un long silence que Garuda rompit subitement, son ton un peu gêné :
« Alors pourquoi tu as prévu tout ça ?
– Prévu quoi ? demanda Mahā d’un ton rusé.
– Ne joue pas les imbéciles avec moi. On s’est battu pendant sept jours et sept nuits sur le glacier sans déchirer une seule fois l’espace. Pourquoi alors que je t’ai simplement bloqué dans le train, le train tout entier a atterri directement en Enfer ? Tu as dû trafiquer la voie ferrée à l’avance, pas vrai ?!
– Oh, même quelqu’un comme toi a pu s’en rendre compte, fit Mahā en haussant les sourcils. C’est une longue histoire. Tout a commencé quand j’ai décidé de ne pas te voler ta divinité… Une fois ma décision prise, j’ai commencé à chercher dans les Quatre Dao du Mal des gens ayant une divinité compatible avec la mienne, surtout parce que je pouvais tranquillement absorber la divinité de ces gens-là… »
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Garuda ne put s’empêcher de l’interrompre :
« Parce qu’il y a des divinités dans les Quatre Dao du Mal ?!
– Quand on est moche comme toi, petit frère, on devrait étudier plus, répliqua Mahā d’un ton négligent. Tous les grands Ashuras possèdent une divinité. Il y a des Ashuras partout, mais leur divinité est encore pire que celle d’un chien. Tu n’as pas vu grand-chose dans ton monde des humains. »
Garuda : « … »
« J’ai donc longuement cherché sans rien trouvé. Après tout, je suis né Roi de Clarté, alors il y a bien trop de gens dans les neuf Cieux et les dix Terres qui ont une divinité similaire à la mienne. J’avais donc fini par renoncer mais peu de temps après, j’ai soudain eu une illumination. Après avoir soigneusement enquêté sur le comportement absurde et inexplicable du Phénix durant toutes ces années, comme trahir Zhou Hui et sombrer dans les Quatre Dao du Mal… J’ai finalement une vague idée, mais qui semble très plausible. »
Mahā marqua une pause et Garuda demanda d’un ton de doute :
« Tu as trouvé la personne qui peut t’apporter la divinité qu’il te faut ?
– Je n’en suis pas encore sûr, concéda Mahā, alors j’ai conçu ce plan pour te kidnapper et faire venir tout le monde au Tibet. J’en profiterai pour me débarrasser de l’autre étranger pour que notre mère se libère de son contrôle et vienne dans les Quatre Dao du Mal — Si je ne me suis pas trompé, mère va définitivement venir et en fait, il est en route en ce moment même. »
Garuda songea que “l’autre étranger” devait être leur père, mais ça ne servirait à rien de poser la question maintenant. Il soupira et tenta de nouveau de bouger la locomotive, mais échoua. Il dut renoncer et rester allongé au sol, face au ciel.
« J’ai… une dernière question, fit-il d’une voix rauque. Quand tu es venu sur le mont Wangjia pour me combattre pendant sept jours, il y avait une intention cachée derrière ? »
Mahā bondit depuis le toit de la locomotive pour se tenir près de son frère. Il se frotta le menton tout en admirant l’allure misérable de Garuda sous tous les angles.
« Non, répondit-il d’un ton léger, c’était juste pour fêter nos retrouvailles. »
Avec un sourire malicieux, il posa la main sur la tôle froide devant le train. Quelques secondes après, on entendit un grand bruit et la locomotive, qui avait été compressée en un gros bloc d’acier, se retourna.
Mont Wangjia, au bord de la rivière souterraine.
Zhang Shun tira sur la portière déformée de la locomotive afin de l’ouvrir et Zhou Hui en sorti un Wu Bei couvert de sang. Il vérifia sa respiration et constata que l’homme était toujours en vie. Tout le monde poussa un grand soupir de soulagement.
Dans son état, Wu Bei ne pouvait pas être déplacé, alors Chu He lui appliqua les premiers soins et lui injecta un stimulant cardiaque. Quelques heures après, la température corporelle du blessé augmenta lentement et son pouls devint plus fort. Après que Zhou Hui lui ait fait boire de l’eau une paire de fois, Wu Bei ouvrit enfin un peu les yeux.
« Boss Zhou… »
Sa voix était si faible qu’on avait du mal à l’entendre. Zhou Hui lui demanda :
« Comment ça s’est passé ? Tu sais qui était dans ce train ? »
Mais Wu Bei se content de sourire, puis il ferma les yeux et ne bougea plus.
Traduction faite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr ou sur Scan Manga. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé cette traduction !
Non loin de là, Zhang Shun était affairé à bricoler un brancard rudimentaire afin de transporter le blessé, tremblant de froid et avec de la morve qui coulait sur son visage. Chu He était en train de chauffer de l’eau pour lui et une faible vapeur blanche émanait de la théière.
Zhou Hui était assis à côté de Wu Bei, rassemblant ses affaires pour le trajet retour. Tout à coup, il vit l’autre homme ouvrir les yeux de nouveau et faire d’une voix enrouée :
« Boss… Boss Zhou, il y a… il y a un problème avec ces Tibétains… Keuf keuf keuf keuf keuf keuf ! »
Wu Bei se froissa les côtes en bougeant et il toussa de l’écume sanglante, ce à quoi Zhou Hui secoua la tête. Après un moment, le blessé reprit finalement son souffle et il haleta durement un moment au sol.
« … Nous avons vu… dans le train… vos fils… »
Sa gorge semblait endommagée et sa voix était faible et vague. On avait du mal à le comprendre, comme s’il se trouvait très loin. Zhou Hui posa son sac à dos et se pencha pour mieux l’entendre, mais ce fut à ce moment que la voix de Wu Bei s’arrêta soudain.
L’instant d’après, l’homme eut un sourire mauvais.
— Son visage s’enroula rapidement vers le haut, comme un sticker de mauvaise qualité qu’on retirait, dévoilant le vrai visage caché dessous. Puis l’homme tendit la main et ses cinq doigts, aussi vifs et acérés que des dagues, s’enfoncèrent directement dans le cœur de Zhou Hui !
La parole à l’auteuse : Le grand frère Wu Bei du chapitre 44 était bien le vrai Wu Bei ! J’ai peur que ces deux chapitres ne prêtent à confusion, alors je tiens à le préciser ici.
Note de Karura : Mahā a beau critiquer sa mère, il fait pareil ! Il s’est vanté d’avoir tout compris mais au final, il ne nous a rien révélé du tout !
Notes du chapitre :
(1) Une école professionnelle de Chine très connue. On peut étudier la cuisine, le BTP, la mécanique auto, etc.
(2) En Mongolie intérieure.
Commentaires :