Chapitre 44 — Lecteur : [😄]
Du Ze eut l'impression d'être sur un bateau. Le tangage lui donna le tournis. Il avait l'impression que sa tête était de plus en plus lourde. Quand une forte vague frappa, sa tête dodelina et pencha directement.
Un certain adorable idiot fut aussitôt réveillé. Le premier de ses sens qu'il retrouva, ce fut l'odorat : son nez était rempli d'une odeur d'herbe. Puis ce fut le toucher : son visage semblait enveloppé dans de la soie douce et fraîche. Puis ce fut la vue : son champ de vision était rempli d'un tissu blanc dont les broderies bleues formaient un beau motif. Puis ce fut l'ouïe : il entendit la voix de Xiu juste à son oreille :
« Réveillé ? »
Du Ze redressa sa tête qui était aussi lourde que dans un rêve et il fut horrifié de découvrir que Xiu était en train de le porter. Le paysage autour était toujours couvert de neige blanche mais ce n'était plus les montagnes enneigées où poussait l'herbe de cristal de glace. Xiu le portait et Eddie marchait à leurs côtés. Ils avaient l'air de… descendre ?
Le dernier souvenir de Du Ze remontait au moment où il avait accepté le vin d'Eddie et commencé à boire. Du Ze plissa le front, mal à l'aise. Sa tête lui faisait mal et frémissait à la fois. La douleur semblait empirer quand il réfléchissait de trop. Il avait même l'impression que sa bouche et son visage étaient enflés et douloureux.
La gueule de bois, c'est horrible… 〒▽〒
« On… descend de la montagne ?
– En, répondit Xiu d'un ton léger. La tâche est accomplie. »
Autrement dit, pendant qu'il cuvait son vin, ils avaient cueilli l'herbe de cristal de glace et aussi soumis le chien des Enfers à trois têtes ? Et il ne s'était pas réveillé même avec tout ça, cela prouvait bien à quel point il était ivre, songea mornement un adorable idiot.
Il se massa les tempes et contempla bêtement la pente enneigée. Depuis le début, Du Ze avait l'impression d'avoir oublié quelque chose de très important.
Qu'est-ce que cela pouvait bien être ?
Ce ne fut pas avant de voir l'avalanche débouler droit sous ses yeux qu'un certain adorable idiot réalisa soudain : C'était vous, Mme Avalanche.
… Hé ?
Sous les trois paires d'yeux ébahis, la neige épaisse fut comme un dragon blanc qui s'abattait et se ruait vers eux avec empressement. La première réaction de Xiu fut de prendre Du Ze dans ses bras. Le souffle de l'avalanche en approche balaya en arrière les cheveux argentés de Xiu. Il fixa l'avalanche qui se rapprochait et entonna rapidement un sort.
Juste au moment où la neige allait les emporter, une fleur rouge pourpre poussa brusquement au pied de Xiu et Du Ze. Elle s'enracina sur la neige et avala les deux jeunes hommes d'une seule bouchée. C'était en fait une attaque magique basée sur les plantes mais elle servit cette fois à éviter l'impact de l'avalanche.
Brrrrrr—
Après un temps incertain, les montagnes couronnées de neige retrouvèrent leur tranquillité. La fleur magique surgit tout à coup de la neige et ouvrit ses pétales pour libérer Xiu et Du Ze. Ils ne voyaient que du blanc à perte de vue et ils ignoraient où Eddie avait été entraîné.
La lumière grise du contrat surgit et un immense chien de cinq mètres de haut apparut dans la neige. Son pelage était d'un noir profond et il avait trois têtes, chacune pouvant libérer une magie différente. De gauche à droite il y avait des yeux azur, noirs et rouges représentant respectivement le vent, les ténèbres et le feu. Quand la tête la plus à gauche de l'imposant Cerbère — appelons-la Petit Azur — aperçut Du Ze, il se raidit puis tira violemment sur la tête du milieu. Petit Noir tourna la tête avec impatience et vit également Du Ze et ses yeux se figèrent. Petit Rouge tout à droite n'arrêtait pas de lever et baisser la tête pour tenter de voir Du Ze qui était caché par les deux autres têtes : Que se passe-t'il ? Que se passe-t'il ?
Une autre bête spirituelle s'écroula à cause d'un adorable idiot.
Sous le réconfort de Xiu, Cerbère cessa enfin de frissonner à terre et de se cacher les têtes sous sa queue. Il laissa une tête exécuter l'ordre de Xiu de retrouver quelqu'un tandis que les deux autres têtes ne lâchèrent pas Du Ze du regard. Du Ze songea qu'heureusement qu'il avait été ivre et n'avait pas participé à la mission. S'il s'était montré, Cerbère aurait peur et se serait sauvé dès qu'il l'aurait vu, et le groupe d'adorables animaux de compagnie de Xiu aurait perdu un chien après avoir perdu un chat.
Sous la conduite de Cerbère, ils arrivèrent à une falaise de glace. Gelé par le vent glacial qui provenait du profond abîme, le cerveau de Du Ze se dégrisa enfin un peu. Il vit Eddie accroché à une branche dans le vide tandis que Xiu s'approchait du bord.
« Donne-moi ta main — »
Du Ze se massa les tempes et sentit sa migraine revenir : devait-il arrêter Xiu ou le laisser décider ?
Pendant que Du Ze hésitait, il y eut le bruit de la glace qui se brisait puis de quelque chose de lourd qui tombait. La voix soulagée d'Eddie lui parvint :
« Merci. »
Choqué, Du Ze leva la tête. Au bord de la falaise de glace, Eddie était assis par terre et ressuyait la sueur froide sur son visage. Xiu se tenait à côté, l'air impassible.
— Pourquoi Xiu irait sauver Eddie ?
Du Ze en resta confus pendant tout le trajet de retour à la Ville de Neige. Eddie ne put attendre un instant de plus pour apporter l'herbe de cristal de glace à sa compagne et la sauver, alors Du Ze put voir Rose pour la première fois. La fille qui avait aimé Xiu depuis l'enfance était alitée. Sa peau semblait avoir été brûlée par le feu, couverte de cloques dont le fond était rouge et blanc. Grâce à l'herbe de cristal de glace, ces brûlures infectées guérirent peu à peu et la belle apparence de la jeune fille réapparut progressivement.
Dans le texte d'origine, après que Xiu se soit débarrassé de ce salaud d'Eddie, il était rentré soigner Rose. Sous ses soins, Rose avait peu à peu guéri. Vu que les elfes étaient des artefacts naturels pour séduire, Rose tomba naturellement amoureuse de l'elfe Xiu puis se fit avoir en beauté — Xiu fit à Rose :
« Attends-moi ici, je reviendrai te chercher quand j'aurai tout réglé dans la forêt des elfes. »
Rose accepta joyeusement mais ne revit plus jamais l'elfe qui avait promis de revenir pour elle.
Œil pour œil, dent pour dent, ce fut merveilleusement illustré par le Xiu d'origine.
Et maintenant… Xiu regarda Eddie qui veillait sur Rose. Puisque Eddie était là, l'étranger n'aurait pas l'occasion de soigner Rose et l'histoire ne se déroulerait plus comme prévu. Non seulement le Xiu actuel ne s'était pas vengé d'Eddie mais aussi de Rose ?
« … Merci infiniment ! »
Dans le bureau de la Guilde des Mercenaires, Eddie redemanda avec excitation et anxiété :
« Vous ne voulez vraiment pas de paiement ? »
Après que Xiu ait repris sa carte de mercenaire qui était passée au niveau D, il secoua la tête avec indifférence et emmena Du Ze à l'extérieur.
« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à venir me voir ! »
Eddie les suivit jusqu'à la porte et cria à l'adresse des deux personnes qui s'éloignaient. La neige lourde bloqua son champ de vision et il ne vit bientôt plus l'elfe et l'humain.
Le petit phénix pointa le bec hors de la capuche et sa tête fut aussitôt recouverte de neige blanche. Il secoua la tête, regarda la neige qui tombait et poussa un cri joyeux. Du Ze lançait des regards en coin à Xiu à côté de lui et finalement il ne put s'empêcher de demander :
« Tu ne les hais pas ? »
Xiu secoua la tête — ces gens ne méritaient plus son attention. Cependant, la haine n'était pas la seule chose qui faisait qu'il ne renoncerait pas si aisément. Cet homme garderait le trésor qu'il désirait le plus, quand bien même il ne pourrait que le regarder et pas le toucher, puis ensuite il le rechercherait inlassablement sans pouvoir jamais obtenir le pardon.
Du Ze se dit que cette vie valait vraiment la peine d'être vécue : Seigneur Meng, vous êtes vraiment trop mignon ! Ce jeune homme a enfin pu voir le jour où vous avez renoncé à votre haine !
« Je suis très heureux. »
Xiu s'arrêta puis regarda attentivement la personne à ses côtés.
« Alors souris. »
Du Ze lança un regard ébahi à Xiu tandis que ce dernier faisait tomber la neige de sa capuche et murmurait :
« Tu n'as jamais souri. »
— Ah Ze, quel idiot, il rigole tout le temps tout seul.
Mais… c'était Xiu en face de lui.
Du Ze étira lentement ses lèvres mais cela faisait vraiment trop longtemps qu'il n'avait pas fait ça. Même sans miroir, il savait que son expression était tendue et pas naturelle. Il n'avait pas l'air du tout de sourire mais plutôt de montrer les crocs à un ennemi.
Seigneur Meng, n'en fais pas des cauchemars ! Si tu veux, ce jeune homme… ce jeune homme peut suivre la route du [😀] à l'avenir !
Sous la neige voltigeante, l'elfe aux cheveux argentés prit dans ses bras le jeune homme aux cheveux noirs qui était tendu.
« C'est bien. »
Un jour cette personne retirerait tous ses masques avec lui et ne regarderait que lui, ne sourirait qu'à lui.
Xiu regarda la neige qui tombait. Cette neige épaisse donnait l'impression d'être une barrière qui les séparait de tout et l'idée qu'il ne restait plus qu'eux deux dans le monde entier… était très agréable.
Après une bonne nuit de repos, Du Ze et Xiu se dirigèrent vers l'Empire de l'Étoile.
Au cours du Septième Âge, la race humaine avait chassé les Hommes Bêtes et établi trois empires : celui de la Lumière, de la Lune et de l'Étoile. Parmi eux, l'Empire de Lumière était le plus puissant avec une superficie moyenne. Le pays tout entier, y compris son empereur, croyait au Dieu de la Lumière alors on pouvait y voir partout des temples de la Lumière. C'était un mélange de théocratie et de pouvoir impérial, le pouvoir était très centralisé.
L'Empire de la Lune était le plus petit et le plus faible, quasiment un vassal de l'Empire de la Lumière. Il se situait sur le côté est du continent, près des Terres Sauvages et il se faisait souvent envahir pour les Hommes Bêtes.
L'Empire de l'Étoile était vaste mais comme tous le savaient, l'autorité y était partagée entre plusieurs factions. La personne la plus puissante n'était pas l'empereur mais le premier ministre.
Il fallut une journée à Xiu et Du Ze pour atteindre la capitale de l'Empire de l'Étoile. Pendant le trajet, un certain adorable idiot avait cherché comment se débarrasser du seigneur Meng pour retrouver la compagnie de mercenaires. S'il allait voir les mercenaires avec Xiu, sans parler du fait qu'il ne pourrait pas demander son dōjinshi en présence de l'autre, Du Ze avait l'intime conviction que dès qu'il verrait les mercenaires, Xiu tomberait dans une frénésie meurtrière.
Du Ze se remémora le scénario originel de "Sang Mêlé" afin de trouver une occasion de retrouver les mercenaires. Dans le roman, l'arc de l'Empire de l'Étoile était divisé en trois parties. La première partie était la mission du Roi des Voleurs : Jack, le Roi des Voleurs, avait tout appris à un unique apprenti, Énoch, dans le seul but qu'Énoch dérobe le temps d'une alchimiste du nom de Bilodis. Après avoir enquêté, Énoch découvrit que la cible possédait une montre-gousset, ce qui était sûrement le temps que voulait le Roi des Voleurs. Cependant, Bilodis ne quittait que rarement sa tour magique — il fallait savoir que les magiciens connaissaient tellement bien leur tour qu'ils pouvaient même repérer une mouche qui volait.
Heureusement, une des sources d'Énoch lui apprit que Bilodis aimait beaucoup une pièce de théâtre du nom de "Cécile". Tant que la pièce était jouée, Bilodis y assisterait à coup sûr. Il se trouvait justement que la troupe de théâtre Lumière d'Étoile, la plus célèbre de tout le Continent du Chaos, se trouvait dans l'Empire de l'Étoile. Il se trouvait également qu'Énoch connaissait le chef de la troupe, alors il était allé lui demander son aide. Le chef de troupe fut bien embêté car "Cécile" était une pièce notoirement connue pour sa difficulté : le niveau d'exigence pour l'apparence physique des acteurs était terriblement élevé. Il y avait bien eu des troupes théâtrales qui avaient déjà tenté de jouer cette pièce, mais ils avaient été hués par le public et ne s'en étaient plus jamais remis.
Afin de préserver la réputation de la troupe Lumière d'Étoile, le chef n'osait pas se risquer à ça mais il fut tellement harcelé par le voleur qu'il promit que tant qu'Énoch trouverait un acteur convenable, il se préparerait aussitôt à monter la pièce.
Du coup quand l'elfe Xiu, leur ami intime, retrouva la compagnie de mercenaires, Énoch se vit pousser des ailes et s'agrippa à la cuisse du seigneur Meng : Mon sauveur, te voilà !
« Le frère elfe juste devant, attends ! »
Du Ze : …
Comment se faisait-il qu'à chaque fois qu'il pensait à un événement de l'histoire, il se produisait ?
Un voleur bondit devant eux. C'était Énoch du groupe de mercenaires. Il vit le visage magnifique et froid de Xiu et il resta un moment pétrifié, comme par magie, puis il devint extrêmement excité.
« Tu sais jouer la comédie ? »
Il était une fois un homme magnifique du nom de Cécile et sa beauté faisait sensation dans le monde entier.
Afin d'apprécier la beauté de Cécile, Dieu arrêta son temps afin que Cécile reste pour toujours à son apogée.
Le monde lui-même tomba amoureux de Cécile et devint jaloux de son amante.
Le temps passa et le monde se dit que l'amante ne méritait pas Cécile, alors le monde cacha Cécile.
L'amante se mit à la recherche de Cécile mais les lacs, les forêts, les oiseaux, les bêtes, tout empêcha leurs retrouvailles.
L'alouette dit à l'amante : Tu es si vieille, comment peux-tu être digne de Cécile ?
La rose dit à l'amante : Tu es si laide, comment peux-tu être digne de Cécile ?
L'amante se mit à penser : Si je deviens très belle, pourrai-je être de nouveau avec Cécile ?
Alors l'amante fit appel à un sort interdit.
Finalement l'amante devint magnifique.
Dieu et le monde furent en extase devant la beauté de l'amante.
Alors Dieu rendit son temps à Cécile et arrêta le temps de son amante.
La parole à l'auteur :
Auteur : Aujourd'hui, je veux glander en jouant à Jian Wang 3 [😀]
Lecteur : Aujourd'hui, je veux éliminer l'auteur. [😀]
Héros : Aujourd'hui, je veux culbuter le lecteur. [😀]
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