Chapitre 45 — Lecteur : Vendre ses coéquipiers.
« Tu connais la troupe de théâtre Lumière d'Étoile ? C'est la plus célèbre de tout le continent. Ils sont à la recherche d'un acteur principal. Je crois que tu conviendrais tout à fait — tu es tellement beau. Si tu veux bien jouer le rôle principal, tu auras une grosse récompense. Tu veux venir voir ? »
Énoch ne renonça pas à persuader Xiu qui le fusillait du regard. Le tempérament du voleur était toujours impulsif et familier. Quand il avait jeté un regard admiratif à l'elfe aux cheveux argentés, Énoch fut convaincu que nul autre ne pourrait être plus Cécile que l'elfe devant lui — Cécile dont la beauté avait fasciné le monde. Alors Énoch avait quitté ses compagnons pour se ruer vers lui. Il était un peu déprimé à présent. Bien que sa requête ait été un peu abrupte, pourquoi est-ce que l'elfe aux cheveux argentés et au visage glacial semblait avoir des envies de meurtre à son égard ?
Cela semblait dangereux...
Le corps du voleur aux cheveux courts se tendit par réflexe et ses habitudes professionnelles le poussèrent à chercher un échappatoire. Son regard se posa sur Du Ze et s'arrêta là. Énoch dévisagea Du Ze. Jusque là, son attention toute entière était concentrée sur l'elfe aux cheveux argentés et ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte que l'elfe avait un compagnon, et cet homme —
« C'est toi ? s'écria Énoch en pointant Du Ze du doigt. Où est-ce que tu avais été emmené ? Éric te cherche partout ! »
Hein ? Le rival recherche ce jeune homme ?!
Avant que Du Ze n'ait le temps d'y réfléchir, Xiu frappa. La nouvelle rancœur s'ajouta à l'ancienne et Xiu rejoignit Énoch à la vitesse de la lumière. Ce dernier ne pouvait rien contre la rapidité d'un Saint Archer. Xiu saisit le visage surpris d'Énoch puis s'arrêta subitement. Il leva vivement la tête juste à temps pour voir Énoch et Du Ze bondir sur le toit. Le Énoch à côté de Xiu se mit à disparaître comme un fantôme, exactement comme lorsque Du Ze avait été enlevé la première fois.
Du Ze connaissait ce tour qui était la marque de fabrique d'Énoch : l'ombre mouvante. Il s'agissait d'utiliser l'ombre et la lumière pour créer une image rémanente afin d'attirer l'attention de l'ennemi, une création originale de Jack, le Roi des Voleurs. Mais bon, là n'était pas le problème. Le problème était... pourquoi était-ce encore lui qui morflait alors qu'il n'avait rien demandé?
Porté comme un sac par Énoch qui courait, Du Ze commença à se débattre mais fut arrêté par le voleur :
« Hé ? Ne bouge pas, je ne voudrais pas t'assommer. »
Le lecteur dut alors demander d'un air sombre :
« Pourquoi tu m'as enlevé ?
– Alors comme ça, tu n'es pas muet. Tu as une jolie voix. Tu n'aimes pas parler, c'est ça ? »
Même en pleine fuite, Énoch était très bavard.
« Je ne sais pas pourquoi, mais Éric s'intéresse énormément à toi alors quand je t'ai vu, je n'ai pas pu m'empêcher... »
Mon garçon, c'est la route directe vers la mort par imprudence !
Du Ze ne put s'empêcher de prendre un air malheureux. Depuis la confession du seigneur Meng, toutes ces choses que Du Ze n'avait pas comprises avant avaient désormais une explication très philosophique. Par exemple, pourquoi Xiu avait pété un plomb dans les Ruines Gnomiques et pourquoi il ne pouvait pas voir Ariel, cette jolie fille. Les larmes d'un certain adorable idiot avaient coulé à flot quand il avait découvert la vérité. Ce genre d'histoire où le seigneur Meng renonçait à toutes les jolies filles et à tous les petits frères juste pour un homme censé être de la chair à canon, cela ne posait vraiment pas de problème Pas de problème, petit Du Ze. Continue comme ça, tout va bien ! (1) ?
… Mais comment ça se fait que le rival recherche sans cesse ce jeune homme ?
Énoch usa de la diversité du terrain pour accélérer. Puisque Xiu mettrait un moment à les rattraper, Du Ze réalisa soudain que c'était une excellente occasion.
« Où est mon livre ?
– Quel livre... ? Oh, tu parles du livre avec deux personnages sur la couverture ? »
La voix d'Énoch se teinta de curiosité.
« Il y a quoi dans ce livre ? Comment ça se fait qu'Éric ait été si choqué après un coup d'œil dedans ? C'était bien la première fois que je voyais Éric si paniqué. »
… Brûlez un cierge pour l'innocence perdue de l'Enfant Sacré.
« Éric ne nous a pas laissé regarder, alors ce voleur l'a volé. »
Il y avait une pointe de regret dans les paroles d'Énoch :
« Mais Éric a mis plein de scellés sur la couverture, alors je n'ai rien pu voir. »
D'où venait cette envie de féliciter monsieur l'Enfant Sacré ? Bien joué ! Alors comme ça, le maléfique était aux mains d'Énoch ? Du Ze trouva aussi ça génial. Puisqu'il cherchait un bon endroit pour le cacher, mieux valait le laisser à Énoch puisque ce dernier ne pourrait jamais l'ouvrir de toute manière.
Tandis que Du Ze réfléchissait ainsi, il entendit le voleur dire d'un ton très ambitieux :
« Mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter. Ce voleur connaît un tas de gens et ils m'ont assuré qu'ils arriveraient bientôt à briser les scellés ! »
Un certain adorable idiot imagina le dōjinshi entouré par des gens et qui les regardait d'un air effarouché alors qu'ils soulevaient lentement sa jupe...
« … Rends-le moi !
– Tu veux récupérer ton livre ? fit Énoch. Alors faisons ça : tu me rends un service et je te rendrai ce bouquin. »
Du Ze n'avait pas besoin de beaucoup réfléchir pour deviner que cela avait un lien avec sa tâche de fin d'apprentissage. Dans le récit d'origine, Énoch dut signer de nombreux contrats injustes pour que Xiu accepte de jouer dans "Cécile" ; ce fut ainsi qu'il était devenu un des petits frères du seigneur Meng.
« Piou ! »
Le petit phénix sur la tête de Du Ze semblait enfin reconnaître Énoch : c'était ce piaf aux cheveux courts qui avait piqué sa mère à l'époque, piou !
« Ouah— »
L'Angry Bird se servit de son corps rond comme d'une arme et frappa Énoch au front tel un boulet de canon. Énoch faillit perdre l'équilibre et tomber du toit, mais cela lui permit justement d'éviter une flèche de lumière tirée d'en haut. Le voleur se figea sur le toit : une flèche de lumière lui avait passé sous le nez telle la mort toute proche.
Du Ze tourna la tête et vit plus loin une tour d'horloge très haute. Xiu se tenait dessus à contre-jour et il banda de nouveau l'arc en forme de branche — c'était un cadeau de l'Arbre de la Vie, un artefact qui pouvait automatiquement générer des flèches magiques.
La forte intuition d'Énoch lui dit que tout son corps était la cible. Sa technique d'ombre mouvante lui coûtait trop en énergie, il ne pouvait s'en servir qu'une fois par jour. Les doigts de l'elfe aux cheveux argentés relâchèrent la corde de l'arc. Presque au même instant, un dragon de feu surgit et intercepta la flèche de lumière. Bien que le dragon de feu se fit aussitôt désintégrer par la flèche, les flammes partout dans le ciel bloquèrent la vue de Xiu, ce qui donna assez de temps à Énoch pour réagir. Le voleur dans l'embarras évita les flèches et courut vers les nouveaux venus.
« Stupide Énoch, tu cherches encore les ennuis ! »
Miel donna un coup de pied à Énoch, puis s'aperçut de la présence de Du Ze.
« Hé, c'est pas lui qu'Éric recherche ?
– Ouais, alors je n'ai pas pu m'empêcher de le voler, mais je suis tombé sur un balèze. »
En parlant de Xiu, les yeux d'Énoch se mirent à briller.
« Dites, j'ai enfin trouvé le bon act—
– Cet adversaire est très coriace, » fit le costaud Bart en interrompant Énoch.
Il tira sa grande épée et observa leur ennemi avec vigilance.
Les flammes du dragon de feu avaient fini par se dissiper. Xiu se tenait au-dessus d'eux avec un visage glacial et un froid polaire émanait de tout son corps. Même ainsi, le visage de l'elfe était si beau que les gens ne pouvaient s'empêcher de le contempler. Miel posa aussitôt les mains sur ses joues et ses yeux étincelèrent.
« Il est si beau ~ Je crois que je me remets enfin de mon chagrin d'amour ~ »
Bart eut un sourire pincé.
« Mademoiselle, faites attention. »
Xiu tira sur la corde de l'arc et aussitôt trois flèches magiques apparurent entre ses doigts.
Ffffff—
Si rapide ! Les pupilles de Bart se contractèrent. Il ne pouvait pas du tout voir la trajectoire des flèches, il pouvait juste deviner leur position et leur orientation en se basant sur les mouvements des doigts de Xiu, puis faire un mouvement large de son épée. Quand la grosse épée heurta les flèches, la vibration énorme dans sa main lui apprit que son adversaire était un Saint Archer.
Boum !
L'agitation avait déjà alerté l'Empire de l'Étoile mais les gardes de la cité qui arrivèrent restèrent bouche bée en voyant la bataille qui se déroulait au-dessus de leur tête — le niveau était clairement trop élevé pour qu'ils interviennent. Le capitaine de la garde leva les yeux : Hé, ce n'est pas la petite-fille du seigneur Antonio ?!
Énoch évita de justesse une flèche magique de Xiu. Il tapa du pied et se plaignit à Du Ze :
« Pourquoi ton ami est toujours aussi terrible ?! »
C'est parce que tu touches toujours ses points sensibles !
« Pose-moi tout de suite.
– Alors donne à ce voleur le temps de te déposer !
– Hic. »
Un hoquet retentit brusquement et toutes les flèches furent aussitôt engouffrées dans les flammes. Un vieil homme qui faisait balancer une flasque de vin apparut. Il portait une robe en sale état et son visage était rouge à cause de la boisson. Au moment où elle vit le vieil homme, Miel s'écria :
« Papy ! »
Bart hoqueta et salua le vieil homme avec respect :
« Maître. »
Le vieil homme agita la main. Il regarda Xiu sur la tour de l'horloge d'un air ivre :
« Jeune homme, tu ne devrais pas être aussi meurtrier. C'est la capitale impériale. Si tu continues à créer des ennuis, j'aurai l'air de hic ne servir à rien. Les gens de la royauté ne sont que des rapiats et ce n'est pas facile pour un vieil homme comme moi de boire de l'alcool hic. »
Antonio, le premier Mage Divin, avait toujours été une légende. Il était l'idole de plein de gens sur le Continent du Chaos et toutes ses aventures avaient inspiré des pièces de théâtre et étaient chantées par les troubadours.
Personne ne savait vraiment à quel point Antonio était puissant. D'après les rumeurs, il était à un cheveu de devenir un dieu. Antonio ne servait aucun maître, ce n'était qu'un invité dans l'Empire de l'Étoile. Dans le récit originel, Xiu avait fait la connaissance d'Antonio par le biais de Miel. Il fut repéré au premier regard par le Mage Divin et ce fut ainsi qu'il récolta un professeur de magie.
Cette personne était très dangereuse, telle était l'impression qu'Antonio donnait à Xiu. Sa forme d'elfe aurait un peu de mal contre lui mais peut-être que le démon s'en sortirait mieux, songea Xiu avec froideur. Si cette personne se mettait en travers de son chemin...
Antonio leva les yeux et une légère lueur passa dans ses yeux d'ivrogne.
« Tu m'as l'air d'un brave petit. Ce vieil homme ne veut pas te désintégrer.
– Alors ils n'auraient pas dû prendre mon homme, » répliqua froidement l'elfe.
L'attention générale se posa aussitôt sur Énoch qui portait toujours Du Ze. Avec un sourire coincé, le voleur aux cheveux courts posa Du Ze. Quand ce dernier se dirigea vers la tour de l'horloge, Xiu bondit et le serra fortement dans ses bras, tel un dragon gardant son trésor L'acte de propriété de Xiu est passé à l'unanimité pour la troisième fois ! Adjugé, vendu ! (2).
Antonio retira le bouchon de sa flasque en faisant un bruit de succion et il soupira avec émotion :
« Aha ~ on dirait que ce n'est qu'un simple malentendu. Que c'est beau, la jeunesse, on a toujours plein d'énergie pour causer des ennuis. »
Ses yeux vitreux se posèrent sur Xiu.
« Tu es très doué. Que dirais-tu de traîner avec ce vieil homme ? »
Si un autre avait entendu ça, il se serait évanoui de bonheur : c'était le premier Mage Divin, Antonio, une légende vivante !
Face à la proposition d'Antonio, Xiu ne s'engagea pas. Il lança un regard froid à Énoch et les autres, puis partit avec Du Ze. Tant qu'Antonio était présent, ce n'était plus convenable d'attaquer ces gens.
Il y aurait tout le temps plus tard.
En voyant que Xiu et Du Ze partaient vraiment, Énoch s'empressa de crier :
« Hé ! Tu ne veux vraiment pas y réfléchir ? À propos du rôle ! »
Du Ze avait toujours eu l'impression que les membres de la Compagnie Dorée n'avaient rien dans la cervelle. Le seigneur Meng avait clairement manifesté son envie de les tuer et pourtant, ça ne les empêchait pas de faire les clowns comme d'habitude sans avoir l'impression d'avoir frôlé la catastrophe. Énoch en particulier était l'imbécile de service.
Xiu continua à s'éloigner avec indifférence et en voyant ça, Énoch cria à nouveau :
« Mon frère avec les cheveux noirs, n'oublie pas notre marché ! Je t'attends à la troupe Lumière d'Étoile ! »
Du Ze sentit aussitôt que Xiu serrait plus fort sa main. Un adorable idiot en avait à présent la confirmation : Énoch était vraiment une plaie — à chaque fois qu'il apparaissait, c'était Du Ze qui se faisait impliquer alors qu'il n'avait rien demandé !
Après avoir quitté Énoch et les autres, les deux jeunes hommes trouvèrent un hôtel dans la capitale impériale. Du Ze pouvait sentir le froid intense qui se dégageait de l'elfe; alors il se dit qu'il valait mieux qu'il se confesse de lui-même :
« Ce voleur a ce que je veux. »
En voyant Xiu se tourner vers lui, Du Ze omit les mots les plus dangereux.
« Il dit qu'il me le rendra si je fais quelque chose pour lui.
– Quelle est cette chose que tu veux ? »
Du Ze garda le silence. Comment aurait-il pu dire au seigneur Meng qu'il s'agissait du dōjinshi sur le point de se faire arracher ses vêtements ?!
Heureusement, Xiu n'insista pas mais posa une autre question :
« Que veut-il que tu fasses ?
– … Que je te convainc de jouer dans une pièce. »
Xiu se tenait près de la fenêtre et le soleil dessinait un halo autour de son visage délicat.
« Tu veux que je le fasse ? fit Xiu. Alors tu n'as qu'à le dire, dis-moi ce que tu veux. »
— Jusqu'à ce que je devienne tous tes désirs.
La voix de Xiu semblait froide mais contenait une tentation indescriptible. Du Ze déblatéra presque aussitôt :
« Je veux que tu acceptes de jouer. »
Sous le soleil, les fines lèvres de Xiu semblaient étirées vers le haut. Il s'approcha et posa gentiment une main sur la nuque de Du Ze.
« Comme tu veux. »
Le lendemain, Énoch attendait son sauveur à la troupe Lumière d'Étoile comme il l'avait dit. Le voleur faillit fondre en larmes quand Xiu apparut.
« Tu acceptes vraiment de jouer ? Tu acceptes vraiment ? Tu acceptes vraiment ? »
Xiu ne lui répondit pas tout de suite mais demanda :
« Pourquoi tu voulais l'emmener ? »
Énoch vit Du Ze qui le suivait et comprit à qui Xiu faisait référence. De crainte qu'il ne s'en aille par colère, Énoch expliqua rapidement :
« C'est un malentendu ! Un malentendu ! J'ai un ami qui le recherche. Hier quand tu t'es précipité vers moi, j'ai paniqué et j'ai enlevé ton compagnon.
– Qui le recherche ? »
La voix de Xiu était calme, mais Énoch eut bizarrement l'envie pressante de fuir.
« Un de mes amis, il s'appelle Éric. »
Comme s'il craignait que Xiu comprenne de travers, Énoch se mit à parler en faveur d'Éric :
« Éric n'a pas de mauvaises intentions, je peux dire qu'il a une bonne impression de ton compagnon.
– Éric... Ah bon... »
Du Ze recula en silence de quelques pas. Il sentait au plus profond de son cœur que Xiu considérait à présent Éric comme son rival (en amour) juré — ne lui demandez pas pourquoi !
Et Énoch, toujours aussi inconscient de la situation, continuait à dire :
« Quand tu rencontreras Éric, tu verras que c'est un type bien. Pour le moment, il a dû partir régler une affaire mais il a dit qu'on le reverra au concours d'armes. Je pourrai alors vous présenter. »
Ce fut à ce moment que Du Ze comprit : ce n'était pas qu'il se retrouvait impliqué sans avoir rien demander, mais c'était Énoch qui était un pro pour vendre ses coéquipiers !
Du Ze vit avec horreur Xiu acquiescer impassiblement tandis que Énoch, l'imbécile de service, ne s'était même pas rendu compte qu'il venait de jeter un de ses coéquipiers dans l'abîme. Il les conduisit joyeusement pour voir le chef de la troupe Lumière d'Étoile. Le chef fut également excité en voyant Xiu. Poussé au départ par Énoch, il tenait vraiment maintenant à monter cette pièce difficile que personne n'avait réussi à bien jouer. La troupe Lumière d'Étoile était déjà prête sauf en ce qui concernait un acteur principal adéquat.
Le plus important dans une pièce était de donner à l'audience l'impression de substitution. En réalité, "Cécile" ne demandait pas un grand talent d'acteur. La difficulté, c'était de trouver un Cécile qui captiverait le public et de prendre garder à ce que le public entier, hommes comme femmes, jeunes comme vieux, trouve que le Cécile sur scène était magnifique. Tout le monde devait être subjugué par la beauté de Cécile pour que lorsque l'amante de Cécile apparaîtrait, le public soit jaloux d'elle afin que la pièce fonctionne vraiment.
Le chef de la troupe Lumière d'Étoile voulait pleurer à présent. Il avait enfin trouvé l'acteur principal idéal. Cet elfe aux cheveux argentés était déjà splendide même sans maquillage. Ils pourraient assurément voir un vrai Cécile après maquillage. Il aurait pu jurer sur sa carrière que cet elfe allait certainement faire perdre la tête au public mais...
Même si le public tombait amoureux de Cécile, jamais ils ne seraient jaloux de son amante.
Parce que Cécile regardait son amante comme s'il regardait de l'herbe.
C'était déjà un problème pour lui de regarder son amante dans les yeux, ne parlons même pas des scènes plus intimes comme d'embrasser l'actrice principale. Le chef aurait vraiment eu besoin d'un verre. Combien de troupes de théâtre n'avaient pas pu monter "Cécile" parce qu'elles étaient coincées dès le premier acte avec un Cécile pas assez beau pour captiver le public ? Lui, il avait passé le premier acte mais restait bloqué au second acte où Cécile badinait avec son amante. En plus c'était l'acte le plus critique : le public devait impérativement être jaloux de l'amante pour qu'ensuite, leur jalousie devienne de la sympathie avec la suite des événements et au final, qu'ils soient bouleversés en voyant la fin.
Les autres scènes étaient bien passées mais ils restaient bloqués sur ce foutu second acte. Le chef était prêt à s'agenouiller devant Xiu pour l'implorer : Je ne te demande pas de traiter l'actrice principale comme ton amante, mais tu pourrais au mieux la traiter comme un être humain ?
Après avoir appris la tragédie du chef, Énoch se hâta de trouver Xiu. Du Ze resta au pied de la scène et regarda autour. Il vit Énoch dire quelque chose à Xiu, puis Xiu regarda dans sa direction et répondit.
À cet instant, Du Ze vit le plus formidable changement d'expression au monde sur le visage d'Énoch. Le voleur lança un regard abasourdi à Xiu, montra ensuite une expression de "on n'a plus rien à perdre" puis courut vers le chef pour lui parler. Ensuite, Du Ze vit que le visage du chef passer par toutes les couleurs, ce qui était plutôt joli. Enfin, le chef montra également une expression de "on n'a plus rien à perdre" et s'avança avec Énoch.
Du Ze fut soudain frappé par un mauvais pressentiment. Quand il vit les deux hommes s'approcher, Énoch et le chef de la troupe arboraient tous deux un sourire amical.
« Hé ~ Frérot, tu veux bien me rendre service et jouer l'héroïne dans le second acte ? »
– C'est juste un bisou sur la joue, n'en fais pas toute une histoire.
– Si c'est lui l'héroïne, je l'embrasserai.
La parole à l'auteur :
Système : Le héros [BOSS] est arrivé, HP : ??? MP : ???
Le niveau de danger est SSS, prenez garde.
[Attaquant] Lecteur (jauge de colère au max) : Soin, soin, soin — dépêche-toi de me soigner !
[Guérisseur] Auteur (se retire dans la cité) : Je vous souhaite tout plein de bonheur, ah ah.
[Attaquant] Lecteur (se fait culbuter) : Putain, tu as osé vendre ton coéquipier !!!
Notes du chapitre :
(1) Pas de problème, petit Du Ze. Continue comme ça, tout va bien !
(2) L'acte de propriété de Xiu est passé à l'unanimité pour la troisième fois ! Adjugé, vendu !
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