Chapitre Treize : L'enquête
Kurojū, deuxième mois de l’année 2458
Cela faisait des années que Haruni n'avait pas eu à quitter le palais subrepticement. Les Dieux pouvaient témoigner qu'il avait tout fait pour ne pas en arriver là…
« … »
… sauf qu'avec un père aussi borné, il n'avait pas d'autre choix. Comme la nuit serait le meilleur moment pour passer inaperçu, il prit tranquillement son dîner dans ses appartements.
« Où est Hakurō en ce moment ? » demanda-t'il mentalement aux Dieux.
Ils ne S'étaient plus manifestés depuis sa conversation avec son père, ce qui le surprenait un peu. Il se serait attendu à ce qu'Ils tentent de le dissuader de partir. Ils avaient peut-être compris qu'il avait raison d'agir ainsi.
« … Nous ne sommes pas en lien avec cette… avec lui, » répondirent-Ils d'un ton qui cachait mal Leur dégoût.
L'adolescent fut à la fois choqué et outré par Leur hypocrisie.
« Oh ? Vous avez pourtant su le trouver quand ça Vous arrangeait.
– C'est toi qui l'a invoqué, Nous n'avons fait que contrôler l'énergie !
– Je parle d'il y a trente-cinq ans à Kagejū. Vous lui aviez demandé de me ramener de force à Myūjin !
– Pour ce qu'il Nous a obéi…
– Il a bien agi, songea Haruni en plissant les yeux. Et encore maintenant, il n'a pas hésité à plonger dans un portail pour sauver mon frère et moi, alors Vous pourriez Vous montrer un peu plus reconnaissants ! »
Les Dieux se turent, privant Haruni d'une bonne dispute. Il en avait pourtant besoin, cela calmerait la colère qui grondait en lui depuis deux jours.
« Peu importe, renifla-t'il, je le trouverai même sans Votre aide. »
Cela dit, ce serait certainement Hakurō qui le trouverait le premier.
Usant de la même ruse que lors de sa première fugue, l'adolescent se mit au lit et attendit que l'Ombre de service s'éloigne pour le changement de garde. Il se faufila dans les jardins, récupéra son sac préparé dans la journée et allait se diriger vers le mur d'enceinte lorsqu'il se figea, sentant une présence sur le côté.
« Votre Altesse, fit la voix grave.
– Général Kafūze, répondit-il en le reconnaissant aussitôt.
– Vous avez une si mauvaise opinion de mes Ombres ? »
Haruni ne dit rien. Le général s'éloigna du mur qui l'avait dissimulé aux yeux des autres et s'approcha de lui.
« Après votre dispute avec l'Empereur, continua calmement l'homme, même un imbécile aurait deviné vos intentions.
– Et vous êtes loin d'être un imbécile, alors vous comprenez pourquoi je dois partir. »
Les Ombres entendaient tout ce qui se passait au palais, en particulier concernant la famille impériale. Au début, Haruni avait été gêné par leur présence, mais il avait fini par s'y habituer, comme avec les Dieux. Il suffisait juste de ne pas trop y penser. Il savait aussi que le général Kafūze connaissait la vérité à son sujet, bien qu'ils n'en avaient jamais parlé explicitement. Au moins, le général ne le traiterait pas comme un enfant sans défense et ignorant tout du monde.
« Votre sécurité passe avant tout, argua Kafūze. Il m'est impossible de vous laisser partir.
– Vous aviez des Ombres parmi notre escorte, rappela Haruni. Ne voulez-vous pas savoir qui est responsable de leur mort ?
– Mes hommes ont accompli leur devoir en vous protégeant au prix de leur vie. Telle est notre mission. »
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
L'adolescent ouvrit la bouche pour protester, mais le général poursuivit :
« Nous menons notre propre enquête à ce sujet, soyez-en certain.
– Sauf que vous non plus n'avez pas toutes les connaissances nécessaires sur les vampires.
– Partagez vos connaissances avec nous, dans ce cas.
– Vous avez un mois devant vous ? railla le Second Prince. En plus, c'est aussi une question d'expérience.
– Je ne vous laisserai quand même pas partir. »
Haruni fronça les sourcils. Allait-il devoir se battre contre le général pour avoir le champ libre ? Il ne le souhaitait pas.
« Si ce n'est qu'un problème de sécurité, proposa-t'il, sachez que je ne serai pas seul et que la personne avec moi est… tout à fait capable de me protéger.
– Même contre des vampires ?
– C'est lui qui nous a sauvés là-bas. »
Le général digéra l'information et fixa l'adolescent avec curiosité. Finalement, il ne posa pas la question, sachant qu'il n'obtiendrait pas plus de réponses.
« Est-ce certain ?
– Oui, général, je ne mens pas.
– Il vous protégera de nouveau ? »
En songeant à Hakurō, l'adolescent eut un léger sourire.
« Il ne laissera aucun mal m'arriver.
– … Alors soit. »
Surpris que son argument ait abouti, Haruni en resta coi. Une lueur amusée défila dans les yeux du général.
« N'ayez pas l'air si surpris, votre Altesse. Je tiens autant que vous à savoir qui est le monstre responsable de ce massacre et je sais que vous êtes très compétent. Si vous n'étiez pas de sang noble, vous auriez fait une excellente Ombre. »
Haruni songea à l'une des Alternatives que les Dieux lui avaient montrée à Tomako, pendant sa captivité. Il aurait effectivement pu faire partie de l'Armée de l'Ombre si les choses avaient tourné autrement. Qui sait, cette éventualité n'était peut-être pas complètement écartée.
« Merci, général, » fit-il d'un ton sincère.
L'homme reprit un air grave et l'avertit :
« Par contre, vous vous doutez que votre père sera furieux.
– Je sais, c'est inévitable. »
Cela allait anéantir tous les efforts que Haruni avait faits pour mieux s'entendre avec son père depuis sa retraite spirituelle. Haruni déplorait cela, mais ce qu'il faisait était bien plus important. Kafūze lui jeta un regard indéchiffrable, puis disparut tranquillement dans la nuit après lui avoir souhaité bonne chance.
Haruni ne s'attarda pas sur ces pensées et reprit son chemin. Il longea le mur d'enceinte pour rejoindre les écuries, étant donné qu'il lui fallait une monture. Ce ne fut qu'en entrant dans le bâtiment qu'il réalisa quelque chose : Yaji avait été dévoré par les vampires, comme les autres montures, donc il se retrouvait sans cheval.
« Je pourrais prendre un cheval au hasard, se dit-il, mais ce serait du vol. »
Il pourrait aussi choisir parmi les chevaux en dressage, sauf qu'il ignorait leur état d'avancement. S'il tombait sur un cheval peu habitué à la selle ou trop nerveux, il risquait réellement de se rompre le cou ! Il s'avança vers la stalle de Yaji et contempla l'espace vide. Seuls les chevaux des nobles se trouvaient là et il ne tenait pas à faire tout le chemin jusqu'aux écuries des soldats, d'autant plus que l'endroit devrait être mieux surveillé que celui-ci. Comment faire alors ?
Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !
Un léger hennissement attira son attention. Il se retrouva devant la stalle du cheval de l'Empereur, un étalon bai de trente ans de la race de Kami.
« Ce ne sera pas du vol si je lui emprunte son cheval, se dit-il. En plus, je sais qu'il ne le sort pas beaucoup. »
Sans plus hésiter, il harnacha la monture placide et la dirigea par les rênes. Pour quitter le palais, comme les portes principales étaient déjà fermées, Haruni avait prévu de passer par une entrée de service, ouverte pour les livraisons de jour comme de nuit. Elle était également moins gardée, puisqu'elle était plus étroite et à l'écart.
« La sécurité à Kurojū laisse toujours autant à désirer, » songea-t'il en chemin.
Cela dit, ça l'arrangeait bien.
Il n'y avait que cinq gardes, dont trois en retrait autour d'un brasero car la nuit était un peu fraîche. Haruni avait déjà songé au moyen de passer sans faire de vagues. Il se mit en selle, abaissa la capuche de son manteau pour couvrir son visage et avança ouvertement. Les gardes saisirent aussitôt leurs sabres.
« Qui va là ? lança l'un d'eux.
– Une course urgente pour une personne de haut rang, » fit Haruni d'un ton assuré.
Ce n'était pas un mensonge : il était de haut rang !
« Personne ne quitte le palais la nuit, répliqua le garde.
– Mon maître n'attendra pas le matin. »
Après ça, il sortit une petite bourse de sous sa cape. Les soldats échangèrent des sourires. Ce genre de pratique était plus que courante. En plus, c'était moins grave de laisser sortir quelqu'un que de le faire entrer. La bourse changea de main et le passage fut libéré.
Haruni fit trotter le cheval avant de le lancer au galop dès qu'il eut franchi la porte. L'un des soldats fixa la silhouette qui s'enfonçait dans la nuit, perplexe.
« Dites, les gars, c'était pas le cheval de l'Empereur ? hasarda-t'il.
– T'occupe, lui fit un de ses compagnons. On n'a pas à se mêler des affaires des nobles. La vie est trop courte, alors profitons des plaisirs simples tant qu'on peut encore ! »
En se rappelant des funérailles de la journée, tous acquiescèrent et décidèrent de se payer du sake avec cet argent. Ils le boiraient à la mémoire de leurs compagnons morts dans l'accomplissement de leur devoir.
Chevaucher de nuit n'avait jamais posé de problème à Haruni, même sur une route peu familière. Comme il faisait relativement sombre à cause des nuages, il projeta une sphère de feu à quelques pas devant lui — et le cheval manqua de se cabrer pour la première fois.
« Du calme, du calme, » fit Haruni en flattant son encolure.
Il éloigna davantage la “lanterne” jusqu'à une distance acceptable pour la monture. Il put ensuite reprendre sa route vers la forêt de Saki, le lieu de l'attaque. Il ne comptait pas se rendre sur les lieux-mêmes, Kenryū avait dû laisser des gardes — en tout cas, c'est ce qu'il devrait faire. Par compte, il se doutait que Hakurō rôdait dans les environs et qu'il percevrait aussitôt sa présence. Les sens des vampires étaient beaucoup plus développés que ceux des humains, Haruni était bien placé pour le savoir.
De ce fait, trois heures plus tard, il n'eut pas à attendre bien longtemps avant que le vampire n'apparaisse dans un souffle de vent. Le cheval se cabra de nouveau et Haruni le maîtrisa en jurant entre ses dents, regrettant Yaji.
« Qu'est-ce que tu fais dans les bois en pleine nuit ?! demanda Hakurō, pas content.
– J'ai dû attendre le soir pour quitter le palais, expliqua l'adolescent en descendant de monture.
– Ton père est au courant ?
– Il sait que je tiens à mener l'enquête de mon côté. »
Devant le regard insistant, il précisa :
« Comme il ne m'a pas donné son accord, j'ai dû quitter le palais en douce. »
Hakurō soupira, plaignant son petit frère de tout son cœur.
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« Tu n'as donc aucune compassion pour lui ?
– Si, mais c'est une tête de mule.
– Tu es une tête de mule.
– Tu l'es encore plus que moi ! »
Ils éclatèrent soudain de rire.
« Bah, on est une sacrée famille de têtes de mule, » reconnut le vampire.
Haruni lui sourit. Il fouilla dans son sac et lui tendit une tunique noire, la plus grande qu'il possédait.
« Tiens, j'ai pensé que tu aimerais te changer. »
En effet, la tenue de Hakurō avait souffert de son combat contre les autres vampires.
« Ça, c'est mon neveu, approuva Hakurō avec un sourire. Dis, tu n'aurais pas aussi un peigne, par hasard ? »
Haruni soupira… et lui tendit un peigne en bois foncé.
« Je me souviens d'un certain jeune homme qui disait que les cheveux longs, ce n'était bon que pour les femmes, le taquina Hakurō.
– Et les nobles, » ajouta Haruni, comme il l'avait fait à Kagejū.
Hakurō se débarrassa volontiers de la tunique supérieure qui était déchirée et ensanglantée pour se changer.
« Pourquoi tu as pris du noir ? se plaignit-il.
– C'est plus discret. »
Le vampire renifla. La tenue était un peu juste pour lui, mais cela ferait l'affaire. Il se peigna rapidement les cheveux. Haruni le fixa sans rien dire et une fois que le vampire eut fini, il passa aux choses sérieuses :
« Tu as trouvé quelque chose d'intéressant dans les tunnels ?
– Ils débouchent à quelques kilomètre à l'ouest. »
Haruni hocha la tête.
« J'ai vu ça au Conseil. La zone n'est pas peuplée, à part le domaine du seigneur Kawaru non loin.
– Tu vois que Kenryū est capable. Tu n'as donc pas besoin de t'en mêler. »
Haruni se retint de lever les yeux au ciel. Hakurō débordait de compliments pour le général et se montrait aveugle à ses défauts.
« Le général Kenryū et les autres conseillers avaient l'air outrés que je suggère d'interroger cette famille.
– Tu penses qu'ils seraient responsables ?
– Ils sont suspects, en tout cas. Je songeais à surveiller leur domaine pendant quelques jours.
– Kenryū n'a pas dit qu'il le ferait ? s'étonna Hakurō.
– Il n'a pas dit grand-chose.
– Ah, ça ne veut pas dire qu'il ne va rien faire. »
Haruni roula des yeux devant cette confiance infaillible que lui accordait le vampire.
« Puisque je suis là, objecta-t'il, autant qu'on aille voir, non ? »
Le vampire le fixa un moment avant d'acquiescer. Haruni remonta sur le cheval qui tremblait toujours nerveusement à cause de la présence de Hakurō, puis il le lança au trot rapide. Son oncle le suivit en courant — à la vitesse d'un vampire, il pouvait tenir l'allure sans peine !
« Au fait, fit Haruni, désolé de t'avoir fait venir aussi précipitamment.
– Tu avais une excellente raison de le faire.
– Les autres à Kagejū ne vont pas s'inquiéter de ta disparition ?
– J'étais avec Shijetsū au moment où le portail est apparu. J'ai juste eu le temps de lui dire que les Dieux m'appelaient.
– Je pourrais essayer de rouvrir un portail pour que tu…
– Pas question !
– Pas question ! » intervinrent les Dieux, toujours à l'écoute et malgré Leur réticence à l'égard du vampire.
Haruni capitula devant la double protestation.
« D'accord, d'accord. »
Son oncle prit un air grave et le sermonna :
« Haruni, tu ne te rends pas bien compte de l'effet de la magie des ténèbres sur toi !
– C'est déjà moins grave que lorsque j'ai utilisé l'eau, remarqua-t'il en songeant à la blessure qu'il avait eue à Dekita.
– C'est sérieux ! Tu sais que la magie est une question d'opposé.
– Oui, j'ai fini par m'en rendre compte. Je maîtrise mieux le feu quand je suis calme.
– Alors pour agir sur les ténèbres, il faut puiser dans les émotions positives, comme la joie ou l'optimisme.
– Mmm, ça explique pourquoi je ne suis pas très doué, » commenta l'adolescent avec un sourire d'auto-dérision.
Il avait eu beau s'exercer depuis quelques années, il trouvait qu'il progressait moins bien qu'avec le feu autrefois. Pourtant, les ténèbres étaient autant son élément que les flammes.
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Hakurō voulut dire quelque chose, mais il se ravisa et fit plutôt :
« Ouvrir un portail, ce n'est pas rien. Du coup, ça a causé un déséquilibre en toi. Tu as sans doute remarqué que tu étais plus irritable et colérique ces jours-ci.
– Non, pas plus que d'habitude. »
Hakurō le fixa un moment avant de se dire qu'il aurait certainement une réponse différente s'il interrogeait l'entourage de son neveu. Les Dieux préférèrent S'abstenir de commenter.
« Bref, n'utilise plus cette magie tant que ton équilibre interne ne se sera pas rétabli.
– Comment tu peux en savoir autant sur la magie ? s'étonna Haruni.
– Il y a des livres à ce sujet, bien que les Hikari ont sûrement tout fait pour les faire disparaître après. Ce ne sont que des ouvrages théoriques, mais j'ai l'impression que ça correspond à ce que tu vis, non ?
– Oui. »
Il se rappela que Mitsuhide lui avait également parlé de cette théorie des contraires autrefois, ayant sûrement lu les mêmes livres. Il faudrait qu'il essaie de se procurer ces ouvrages… quoique si cela venait à se savoir que le bâtard Hikari se renseignait sur la magie, la Cour serait en ébullition.
« Pas besoin de théorie, se dit-il, la pratique compense largement ! »
Quant à ce prétendu déséquilibre, puisqu'il n'avait rien remarqué, ce ne devait pas être bien grave.
Il y avait une énorme différence entre regarder un lieu sur une carte et le voir de ses propres yeux. La sortie du tunnel était dissimulée par un tumulus de pierres qui n'attirait en rien le regard au premier abord. La forêt tout autour servait à le fondre dans le paysage. Comme il faisait encore nuit, Haruni éclaira les lieux de ses flammes, ayant veillé auparavant à attacher sa monture un peu plus loin. Hakurō l'observa examiner les lieux, petite silhouette entourée de boules de feu. Vraiment, son neveu avait fait du chemin depuis leur séparation. Physiquement, il avait certes rétrogradé mais mentalement, il était plus fort et sûr de lui, voire même plus vivant. Un sourire de fierté se dessina sur les fines lèvres du vampire. L'Empire était entre de bonnes mains avec lui pour veiller sur son grand frère et le conseiller.
« Hakurō ! » appela l'adolescent.
Le vampire croisa les bras et ne fit pas mine de bouger, s'attirant un regard agacé.
« C'est vraiment le moment ?! » s'indigna Haruni.
Hakurō se contenta de sourire. Le Second Prince soupira pour se calmer et reprit :
« Mon oncle, pourriez-vous venir me rejoindre ?
– Avec plaisir, mon cher neveu, » répondit-il aussitôt.
Il ne s'en lasserait jamais ! Haruni, lui, était sérieux et il désigna des traces au sol, un peu cachées par l'herbe.
« On dirait qu'une charrette est passée par là, assez souvent pour bien creuser la terre.
– Ça a pu servir à transporter les cadavres, approuva Hakurō.
– En plus, l'entrée du tunnel est bloquée par une lourde pierre. Comment tu as pu en sortir, au fait ?
– J'ai poussé, fit simplement le vampire. Mais j'ai eu du mal et au final, j'ai seulement pu la déplacer un peu pour me faufiler à l'extérieur. »
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Haruni digéra les informations.
« Donc le responsable a besoin de plusieurs hommes pour déplacer la pierre. Ce n'est pas une personne qui agit seule, entre ça et le transport des corps. »
Hakurō plissa les yeux et suggéra :
« Voyons où nous mène cette piste. »
L'adolescent acquiesça et récupéra son cheval. Comme la vision nocturne des vampires était excellente, il laissa le soin à Hakurō de suivre les traces. Malheureusement, la piste les conduisit à une route qui traversait la forêt et qui était régulièrement empruntée, comme en témoignaient les nombreux sillons et autres traces.
« On a le choix entre la gauche ou la droite, commenta le vampire.
– À droite, » décida rapidement Haruni.
Devant le regard expectatif de son oncle, il se justifia :
« C'est dans cette direction que se trouve le domaine du seigneur Kawaru. À gauche, il y a un petit village à dix kilomètres.
– Tu penses vraiment que ce seigneur est le responsable ? »
L'adolescent haussa les épaules.
« Je vois mal des villageois tenter de créer des vampires, ils ont autre chose à faire ! C'est soit un noble, soit un érudit qui est derrière tout ça. »
Le raisonnement se tenait. Hakurō acquiesça et ils reprirent leur route.
Une demi-heure plus tard, la demeure du seigneur Kawaru était en vue. Le ciel rougeoyait à l'horizon, annonçant l'aube qui ne tarderait pas. Haruni arrêta son cheval à distance du mur qui délimitait la propriété et réfléchit un moment en contemplant les lieux. Son oncle résuma :
« Nous n'avons toujours pas la preuve qu'ils soient impliqués.
– Il n'y a eu aucun mouvement dans les tunnels depuis trois jours ? demanda plutôt Haruni.
– À part la garde impériale, rien.
– Mmm… »
La présence des soldats avaient certainement dissuadé le coupable de revenir sur les lieux. Du coup, leur enquête n'avançait plus. Haruni détestait s'avouer vaincu, mais là…
« Dommage que je n'ai aucun motif pour leur rendre visite, » grommela-t'il.
Hakurō eut alors un léger rire et fit :
« Tu n'as pas besoin de motif.
– Je ne peux pas me présenter à leur porte comme ça ! »
Haruni pouvait être qualifié de rude et d'impoli par beaucoup, mais il avait tout de même un minimum de savoir-vivre ! L'autre homme secoua la tête en souriant.
« Mon cher neveu, tu es un prince de l'Empire. Tu peux littéralement te présenter n'importe où à n'importe quelle heure pour demander l'hospitalité… sans rien payer ! »
Haruni lui jeta un regard ahuri.
« Avec mes amis à ton âge, on partait souvent à cheval et on finissait “comme par hasard” aux portes d'un domaine où on se faisait inviter pour un festin. Ah, c'était la belle vie ! Le seigneur Dewara avait toujours le meilleur alcool de prune. On a dû vider une bonne partie de ses réserves ! »
Haruni leva les yeux au ciel devant une telle attitude irresponsable.
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Le vampire, lui, restait plongé dans ses souvenirs.
« Et une fois, on s'est présenté dans une auberge de la ville de Tiade. L'aubergiste a été tellement impressionné qu'il m'a demandé la permission de renommer son établissement L'auberge des deux princes. J'ai accepté… en échange de boissons gratuites ! Je me demande si le nom est resté, tiens…
– Hakurō, franchement…
– Tu devrais profiter davantage de ton statut, cher neveu !
– Je crois que tu en as profité pour les dix prochaines générations ! »
Hakurō éclata de rire, sans l'ombre d'un remords.
« Bref, ces gens t'ouvriront leurs portes sans discuter. Cela dit, ce ne serait pas très prudent, surtout s'ils sont vraiment impliqués dans cette affaire.
– Je te l'ai dit, l'attaque n'avait rien d'intentionnel. S'ils sont impliqués, je pense même que ça les rendra très nerveux de me voir. »
Hakurō n'était guère convaincu mais quoiqu'il arrivait, il était là pour protéger son neveu. De plus, il aurait été inutile de tenter de le convaincre de rentrer à Kurojū, cela ne serait qu'une perte d'énergie.
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