Le Prince Solitaire 3 09

Chapitre Neuf : Rendre des comptes


Yama ouvrit les yeux avec difficulté. Il avait l'impression de peser des tonnes. Il se redressa un peu et vit son fils couché à ses côtés, ce qui le rassura. Il lui caressa les cheveux et se leva doucement du lit afin de ne pas le réveiller. Il se trouvait dans sa chambre. Les villageois l'avaient certainement porté là après la bataille pour qu'il récupère. Il tâta son corps à la recherche de blessures mais il n'y avait rien, sauf deux ou trois coups de sabres sans gravité. Cela n'expliquait donc pas pourquoi il peinait rien que pour rester debout. Ses jambes tremblaient sous son poids pourtant il avança obstinément, une main sur le mur en guise de support.


Il se retrouva dans le couloir et marqua une pause devant les escaliers. Il doutait de pouvoir les descendre sans risque. Ce fut alors qu'il entendit du bruit en bas. Il appela :

« Il y a quelqu'un ? »

Même sa voix était faible et enrouée ! Malgré ça, la personne en bas l'entendit et se précipita au pied des escaliers. Yama cligna des yeux en l'apercevant : c'était Kahō.

« Que... commença-t'il.

Qu'est-ce que tu fais debout ? le réprimanda l'Autre. Tu dois te reposer. »

Le chef de Kandarō monta les escaliers à sa rencontre. Yama ne pouvait que le dévisager avec perplexité. Kahō avait un sabre en main, ce qui l'inquiéta quelque peu.


« Les soldats... le village...

Ça va, répondit Kahō en lui prenant le bras pour le soutenir. Le village va bien. »

Il lui fit faire demi-tour vers sa chambre. Yama tenta vainement de protester.

« Tu dois te reposer, répéta simplement Kahō.

C'est bon, je ne suis pas gravement blessé, se défendit-il.

C'est vrai mais tu es faible. D'après ce que j'ai entendu, tu t'es donné à fond hier. »

Hier, cela voulait donc dire que la bataille ne datait que de quelques heures.

« Merci d'être venu à notre secours, » fit Yama avec reconnaissance.

Le visage de Kahō prit une expression étrange. Il réinstalla Yama dans son lit, avec Yatsu qui dormait toujours comme un bienheureux. Il contempla le prêtre un moment.

« Puisque tu es réveillé, tu as faim ? »

L'estomac de Yama parut reprendre vie à cette suggestion et répondit à sa place. Cela tira un sourire de la part de Kahō.

« Je reviens avec de quoi manger,  fit-il.

Attends, la cuisine se trouve...

C'est bon, je me débrouillerai, » assura l'Autre en quittant la pièce.


Yama l'entendit marcher dans le couloir puis descendre les escaliers. Il avait plein de questions à lui poser mais cela attendrait. Têtu, Yama sortit de nouveau du lit pour regarder par la fenêtre. Ce qu'il vit du village lui serra le cœur : des maisons avaient été démolies — merci l'Horreur — la réserve n'était plus que cendres ainsi que les habitations autour, la palissade entourant le village avait également souffert... Yama ne vit pas de villageois près de chez lui, cependant il repéra des hommes de Kahō postés en bas de sa maison. Il fronça les sourcils. Ils étaient là pour monter la garde ou le maintenir prisonnier ? Ce n'était pas clair. Yama soupira. Durant la bataille, il avait dû dévoiler son pouvoir du feu devant les siens. Il ne regrettait d'avoir fait cela car cela les avait aider à gagner contre les soldats. Toutefois, il se doutait que cela avait dû effrayer les villageois. Comment allait-il leur expliquer ça ? La vérité, songea-t'il alors, il ne dirait que la vérité quoi qu'il en coûte. Tel était un de ses vœux sacrés.


Kahō revint vite avec un bol de soupe de poisson. Pendant que Yama se jetait littéralement sur la nourriture, il tira une chaise pour s'installer à côté du lit. Il n'eut même pas le temps de s'asseoir que Yama lui tendit le bol vide avec un regard d'excuse. Cela fit rire l'Autre qui redescendit lui chercher un second bol. Il en prit même un troisième au cas où. Il semblait soulagé par l'appétit du prêtre.

« Dis-moi tout sur l'état du village, fit Yama entre deux gorgées. Combien de morts et de blessés ?

Cinquante morts et cent blessés. »

Le visage de Yama s'assombrit. Le bilan était lourd. Toutefois au vu des circonstances, cela aurait pu être bien pire que ça. Kahō reprit :

« Il y a beaucoup de dégâts matériels aussi. Vous avez eu une Horreur en plus des soldats ? »

Les lèvres de Yama s'étirèrent en un sourire amer.

« Oui. Plus malchanceux que ça, tu meurs. »


Kahō en profita pour poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis son arrivée :

« Comment vous avez fait pour vous en sortir ?! Ceux à qui j'ai parlé m'ont tenu des propos... étranges. Je crois qu'ils ont été bien secoués. »

Yama finit le troisième bol de soupe et se radossa contre le mur à la tête du lit.

« On s'en est sortis avec de la chance et de l'audace, expliqua-t'il. Ah, et aussi en semant la confusion dans l'esprit de l'ennemi.

Mmm, je reconnais bien là ta spécialité, commenta Kahō.

Je te raconterai tout si tu veux, mais un autre jour. Là, il y a plus urgent.

Comme quoi ? »

Yama soupira et commença à se lever du lit.

« J'ai des enterrements à organiser et je dois aider les miens à réparer. »


La mine sombre, Kahō lui saisit le bras pour l'empêcher de se lever.

« Si j'étais toi, je ne m'approcherais pas d'eux pour le moment.

Comment ça ? fit Yama en lui lança un regard surpris.

J'ignore ce qu'ils ont vu — ou cru voir hier mais quand je suis arrivé, j'ai eu la nette impression qu'ils allaient te tuer. »

Le regard du prêtre se fit incrédule puis choqué lorsqu'il se rendit compte que l'Autre ne plaisantait pas.

« Pourquoi tu crois que je suis resté à ton chevet ? J'ai même des hommes en bas, au cas où tes villageois voudraient venir.

Tu exagères. Ils sont encore sous le choc de la bataille, c'est tout. Et c'est justement le moment où ils ont le plus besoin de réconfort spirituel.

J'ai été soldat, je sais reconnaître la menace. De toute façon, tu n'es pas en état.

Là aussi tu exagères. Je me sens mieux maintenant que j'ai mangé. Ça ira. »


Kahō l'observa d'un œil critique.

« Faisons un compromis, proposa-t'il. Tu te reposes encore un peu et si tu te sens bien à ton réveil, tu pourras te lever et faire ce que tu veux.

Entendu, » concéda Yama en soupirant.

Il n'avait pas envie — ou la force — de débattre avec l'Autre. Après tout, cela ne coûtait rien de dormir encore une heure ou deux pour que Kahō ait l'esprit tranquille. Yama se rallongea donc dans le lit tandis que l'Autre débarrassait les bols. Il caressa la joue de Yatsu qui ne s'était pas réveillé une seule fois malgré leur conversation. Il ferma ensuite les yeux et à sa grande surprise, il s'endormit aussitôt.


~*~


Il était de retour dans le monde des ténèbres pour la première fois depuis que les Diables s'étaient manifestés à Kagejū. Il connut un moment de panique mais se rendit vite compte que quelque chose était différent : la présence des Diables était plus faible et moins oppressante. Cela apaisa les craintes de Yama qui ne chercha plus à fuir. Il regarda plutôt tout autour de lui. Il aperçut l'enfant qui hantait ses cauchemars et se crispa de nouveau. Toutefois, l'enfant était allongé en position fœtale, les yeux clos, et ne semblait plus aussi dangereux. Les Diables se pressaient autour, leurs mouvements plus lents. Yama s'approcha prudemment tout en restant à distance raisonnable. Un curieux sentiment de compassion le saisit lorsqu'il comprit ce qui arrivait :

« Vous êtes vraiment affaiblis, hein ? »


Les ombres frémirent et parurent reprendre un peu vie au son de sa voix.

« Nous ne tiendrons plus bien longtemps comme ça, firent-elles. Il faut que tu Nous rejoignes au plus vite ! »

Yama secoua la tête.

« Vous savez que j'ai vérifié votre histoire et elle est fausse. L'Empereur n'a qu'un seul fils, Chiharu. C'est inutile de continuer à me mentir.

Non ! protestèrent les Diables. C'est juste que personne n'est au courant. Viens à Myūjin et tu verras la vérité. »

Un mince filament d'ombre s'étira vers lui. Ce qui l'aurait autrefois terrifié le laissa de marbre. Il recula simplement de trois pas pour que le filament tombe par terre, sans force.

« Je ne crois plus vos mensonges, déclara-t'il. Il n'y a rien pour moi à Myūjin. »


Il ouvrit les yeux en marmonnant ces derniers mots. La lumière du soleil l'aveugla un moment et il cligna plusieurs fois des yeux pour que cela aille mieux.

« Yama ? » appela une voix.

Cela le réveilla pour de bon.

« Mitsuhide ?! »

Il s'agissait bien du seigneur de Madare assis à son chevet, le visage rayonnant de soulagement. Yama tenta de se redresser et se rendit compte ce faisant que l'Autre tenait sa main dans la sienne. Un peu perplexe, il fixa leurs mains et Mitsuhide la lâcha aussitôt. Yama regarda tout autour de lui et s'assura qu'il se trouvait bien dans sa chambre à Misato. Toutefois, Yatsu n'était plus à côté de lui.

« Depuis quand tu es arrivé ? » demanda-t'il en se redressant.

Ah, il allait mieux. Finalement Kahō avait bien fait de lui demander de dormir encore quelques heures. Cela lui avait fait le plus grand bien.

« Trois jours, » répondit Mitsuhide.


Yama se figea et le fixa avec incrédulité.

« Quoi ?! s'écria-t'il. Mais alors, ça fait combien de temps que je me repose ?

Cinq jours d'après Kahō. Tu as juste repris connaissance une fois le lendemain de la bataille et après plus rien. Je... nous étions très inquiets. Les Dieux soient loués, tu vas bien ! »

Cinq jours ? Yama crut avoir mal entendu. Il n'avait quand même pas pu dormir pendant cinq jours d'affilée ? Pas étonnant qu'il se sentait en forme ! Quand il assimila ce fait, il se sentit pris d'une brusque envie de sortit de cette chambre.

« Yama ! fit Mitsuhide d'un ton de reproche en le voyant se lever. Tu devrais encore te reposer...

Si je reste plus longtemps dans ce lit, je vais finir par prendre racine. »

Il parvenait à tenir debout sans problème aussi Mitsuhide le laissa faire.


Yama s'aperçut qu'il était torse nu alors il prit une tunique noire dans un tiroir de sa commode. Tout en l'enfilant, il aperçut au pied du meuble un tas de linge : les vêtements qu'il portait durant la bataille. Il fouilla dedans et retrouva la pierre qu'il avait prise au commandant ennemi. Il se releva et la tendit à Mitsuhide qui prit l'objet avec perplexité.

« Tiens, un cadeau de ma part, fit-il en souriant. C'est une pierre qui repousse les Horreurs.

Où l'as-tu trouvée ? s'ébahit l'Autre.

Le commandant qui nous attaqués l'avait sur lui. Il m'a dit que c'étaient les Hikari qui la lui avaient donnée.

Les Hikari ? » fit Mitsuhide en blêmissant.

Yama acquiesça d'un air grave, tout amusement ayant disparu de son visage.

« Ce sont eux qui ont commandité l'attaque de Misato.

Tu sais pourquoi ?

Le commandant l'ignorait. »

Les deux hommes gardèrent un silence songeur.


Yama finit de mettre ses bottes et se dirigea vers la porte.

« Où est Yatsu ? demanda-t'il.

Il nettoie le jardin. Il a insisté pour le faire en disant que comme ça, quand tu te réveilleras, tu n'auras pas à le faire. »

Cela tira un sourire attendri au prêtre.

« Lui aussi s'est fait énormément de souci pour toi. Et euh... Avant qu'il ne parte, Kahō m'a parlé de l'attitude des villageois. »

Le sourire de Yama retomba.

« Oui, on en a discuté aussi et je lui ai dit qu'il se faisait des idées.

Mais...

Dans tous les cas, je verrai ça avec eux. »

Yama avait l'air si décidé que Mitsuhide ne voulut pas insister. Il mit la pierre autour de son cou et la cacha sous sa tunique avec un léger sourire. Puis il suivit son ami au rez-de-chaussée.


~*~


Yatsu lâcha la binette dès qu'il vit son père sur le seuil de leur maison. Il courut vers lui en s'écriant de toutes ses forces :

« Papa ! »

Il se jeta dans ses bras d'un bond. Yama l'attrapa tout en grimaçant un peu sous l'effort. Cependant, cela en valait la peine alors que son fils se nichait contre lui, serrant ses tous petits bras autour de son cou.

« Comment va mon grand garçon ? fit-il. Tu as été sage ?

Oh oui ! J'ai fait le ménage, j'ai même rangé ma chambre, j'ai désherbé le jardin, j'ai...

C'est bon, c'est bon ! » l'interrompit Yama en riant.

Il le serra une dernière fois contre lui avant de le poser par terre. Ce fut alors qu'il aperçut une vingtaine de soldats de Madare installés devant chez lui comme s'ils campaient. Il fronça les sourcils et se tourna vers le jeune seigneur.

« Qu'est-ce que Kahō a bien pu te raconter ?!

Il était inquiet pour ta sécurité et celle de Yatsu. Je lui ai promis de vous protéger. Je l'aurais fait, de toute façon. »


Yama roula des yeux.

« Les gens d'ici ne sont pas des sauvages, expliqua-t'il. Ils ont été choqués par les combats et les morts. Il n'ont pas l'habitude alors ils réagissent mal, c'est tout.

Parce que toi, tu as l'habitude ? releva Mitsuhide.

Oui, » répondit-il franchement mais sans en dire davantage.

Mitsuhide ne poursuivit pas ce sujet mais lui apprit quelque chose de troublant :

« Tu dis que ce ne sont pas des sauvages, pourtant nous avons dû empêcher des groupes d'accéder à ta maison et ils n'avaient pas l'air très amical.

Je suis certain que c'est un malentendu, assura Yama. Je vais aller leur parler pour apaiser les tensions.

Comme tu veux, concéda Mitsuhide. Mais mange d'abord, tu n'as plus que la peau sur les os !

N'exagère pas, » soupira Yama.

Il ne refusa cependant pas de manger, pour le plus grand plaisir de Yatsu qui l'accompagna ainsi que Mitsuhide.


~*~


Mitsuhide insista pour venir avec lui à la rencontre des villageois. Yama eut beau arguer que c'était inutile, voire même que cela pourrait aggraver la situation, l'Autre resta borné. Il voulait même une escorte de dix hommes mais là, Yama se montra intraitable et obtint gain de cause. Les soldats n'étaient guère rassurés de laisser leur seigneur seul dans un village de Vites hostiles, cependant Mitsuhide leur promit ainsi qu'à Yama qu'il resterait en retrait et n'interviendrait qu'en cas d'urgence. Yama soupira et céda. Il préférait garder son énergie pour faire face à ses paroissiens confus. Par contre, il jugea préférable que Yatsu reste à la maison, au cas où le ton de la conversation s'envenimerait. À force d'entendre Kahō puis Mitsuhide le mettre en garde contre les villageois, il finissait par se laisser un peu influencer !


Tandis qu'il arpentait les rues du village en savourant l'air frais, il constata que les dégâts de la bataille étaient encore bien visibles malgré des réparations avancées.

« Kahō et ses hommes ont beaucoup aidé, lui apprit Mitsuhide. Ils sont repartis avant-hier car ils avaient leurs propres responsabilités à Kandarō. »

Yama acquiesça et se réjouit de la solidarité mise en place entre leurs villages.

« Kahō te fait dire qu'il attend toujours que tu lui racontes ce qui s'est passé durant la bataille, poursuivit Mitsuhide. J'aimerais bien le savoir aussi, d'ailleurs.

Je me doute bien, soupira Yama. Je te raconterai tout ça après. Je veux d'abord voir ce qu'il en est avec les villageois. »

Mitsuhide comprit son inquiétude et n'insista pas. Il resta cependant sur ses gardes car malgré les certitudes de Yama, il estimait que les villageois s'étaient réellement montrés hostiles envers eux.


Les premiers habitants de Misato qu'ils croisèrent les dévisagèrent avec surprise puis des sentiments variés.

« Père Yama, fit l'un d'eux après une hésitation visible, vous allez mieux ?

– Oui Valien, merci. Je suis désolé de ne pas avoir pu vous aider ces derniers jours. Comment ça se passe ? »

Trois villageois partirent subitement sans adresser un mot à Yama. Les quatre autres semblaient plus amicaux et l'informèrent volontiers de la situation :

« Les réparations avancent bien mais il y a des maisons qui ont été entièrement ravagées par la... créature. Ce sera plus long de les reconstruire. Les Autres nous ont aidés. Heureusement, sinon cela aurait été encore pire. »


Yama hocha la tête.

« Où sont les blessés ? s'enquit-il. Et aussi ceux qui nous ont quitté ? Je voudrais bénir les corps.

– On a déjà fait les enterrements, fallait bien, admit Valien. Mais ce sera bien que vous disiez la prière pour eux. Les blessés sont dans des maisons autour de la place. Et euh... père Yama ?

– Oui mon fils ?

– Content de voir que vous allez bien !

– Merci. »

Les villageois repartirent à leurs occupations tandis que Yama se tournait vers Mitsuhide avec un regard significatif.

« Tu vois ? Ce ne sont pas des sauvages, je te l'avais bien dit. »

L'Autre garda un air soucieux.


Misato n'avait pas de docteur à proprement parler mais une guérisseuse qui utilisait les herbes et les prières. Une partie des maisons autour de la place avaient été transformées en hôpital de fortune et la guérisseuse avait fort à faire avec les onguents, les pansements, les décoctions pour faire baisser la fièvre, les os cassés, les articulations à remettre en place, etc. Elle en avait profité pour commencer à transmettre son savoir à trois jeunes filles qui l'épaulaient. L'arrivée du prêtre déclencha des réactions mitigées mais beaucoup se réjouirent de le revoir.

« Mon père, mon père !

– Vous avez vu comment on s'est bien battus ? On leur a mis la raclée à ces démons !

– Mon père, vous voulez bien prier avec moi pour Mathy ? Il est mort en me protégeant...

– Quand fera-t'on une messe pour nos morts ? Et il faut remercier le Seigneur d'avoir épargné le village ! »

Les sollicitudes venaient de toutes parts et Yama fit de son mieux pour y répondre, qu'elles soient accueillantes ou accusatrices. Mitsuhide était resté à l'extérieur en attendant.


~*~


Yama se sentit épuisé à la fin de l'après-midi, néanmoins c'était une bonne fatigue. Il avait renoué avec son rôle de prêtre et avait soulagé de son mieux les angoisses et tourments de ses paroissiens. Il avait senti une certaine tension chez quelques-uns, voire de l'hostilité, mais la majorité des villageois était reconnaissante de sa présence. Quand il quitta le dernier blessé, il rejoignit Mitsuhide à l'extérieur.

« Désolé, ça a pris plus de temps que prévu, s'excusa-t'il.

Ce n'est rien, c'est moi qui ai insisté pour t'accompagner. »

Ils allaient reprendre le chemin du retour quand un groupe de vingt villageois à l'air hostile se posta devant eux. Mitsuhide se tendit mais Yama lui vit signe d'attendre.

« Le chef Méthas exige de te voir, fit l'un d'eux d'un ton désobligeant.

– Si Méthas souhaite que je l'entende en confession, répondit Yama, ce sera avec plaisir mais après l'office de demain.

– S'il y en a un qui doit se confesser ici, c'est toi ! cracha l'homme. On t'a vu faire des diableries durant la bataille !

– Des diableries ? Précise ta pensée, mon fils. D'ailleurs, c'est étrange car il me semble bien que tu ne faisais pas partie des volontaires pour défendre le village. Tu n'as donc pas dû voir grand-chose dans l'église. »

Rouge de honte, l'homme n'osa plus rien dire car le prêtre avait entièrement raison.


Un autre homme du groupe s'avança et prit la parole à son tour :

« Moi j'en étais, mon père, et j'ai vu ce que vous avez fait. Ce n'était pas l'œuvre de Dieu. »

Il pâlit et se signa. Le premier homme reprit son assurance :

« Ouais, à force de traîner avec les démons et de parler leur langue, vous en êtes devenu un. D'ailleurs votre garçon, ce serait pas en réalité votre bâtard, des fois ? »

Yama serra les poings quand l'insulte visa son fils. Le pire était que certains villageois qui s'étaient regroupés autour d'eux paraissaient adhérer à cette idée ridicule !

« Calme-toi, se dit-il, ils sont simplement effrayés. »

Mais c'était également une foule effrayée qui avait brûlé la mère de Yatsu.


Yama se redressa et fit d'une voix forte :

« Dites à Méthas que s'il veut me voir, ce sera ici, devant tout le village. »

Les hommes parurent perplexes.

« Mais Méthas veut te parler en privé...

– Je n'ai rien à cacher, que ce soit à Dieu ou à notre village. Vous méritez tous des explications. Allez donc dire à Méthas de me rejoindre s'il en a le courage. »

Devant sa résolution, les hommes se consultèrent du regard avant de battre en retraite pour transmettre le message au chef du village. Le reste des villageois présents fit passer le mot et la foule s'agrandit peu à peu, de même que le malaise de Mitsuhide.

« Yama, tu es sûr de ce que tu fais ?

Je n'ai jamais reculé devant la vérité, affirma son ami d'un ton serein. Par contre, tu ferais sans doute mieux de retourner auprès de tes soldats.

Pas question. Je reste à tes côtés, mon ami. »

Yama secoua la tête et n'insista pas.






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