Le Prince Solitaire 6 10

Chapitre Dix : La caserne de Tomako


Entre la plaine de Mara et la frontière avec Kami,
sixième mois de l'année 2454


Ils finirent par repérer une patrouille de trente hommes sur une route, ce qui était parfait. Haruni lança un regard à son frère qui avait longuement discuté avec Seiryū en chemin, certainement pour le calmer. Les deux frères s’étreignirent brièvement et en silence, puis Haruni s’écarta. Près de lui se tenaient les deux volontaires pour ce plan risqué : une des Ombres jouerait la doublure de Tomuki et pour ce faire, l'homme portait le manteau à capuche du Premier Prince, le même que Haruni. L’autre était un simple soldat qui avait accepté de prendre ce risque afin d’offrir une chance de survie à ses camarades.


La patrouille de soldats portant les couleurs de Dekita — vert foncé et ocre — s’étirait sur la route. Après des heures de recherches infructueuses, la discipline s’était nettement relâchée dans les rangs. Deux soldats étaient en bout de file, un peu séparés des autres, et ils discutaient tranquillement, sans crainte de se faire réprimander. Quand ils passèrent au niveau des buissons où se cachaient Haruni et ses deux complices, l’un des soldats cachés lança un caillou de l’autre côté de la route. Aussitôt, les deux cavaliers se turent et se tournèrent dans cette direction. Sans leur laisser le temps de réagir, les trois personnes surgirent des buissons et les firent tomber de leurs montures. Haruni et l’Ombre montèrent aussitôt à cheval, tandis que le troisième homme faisait face à la colonne de soldats.


Tout se passait bien, sauf que Haruni sentit soudain quelqu’un monter en selle derrière lui.

« Que… ? » s’écria-t’il en se retournant.

Il en resta sans voix en reconnaissant Seiryū. Il était cependant trop tard pour le chasser. Le bruit avait alerté la colonne principale et les soldats cherchèrent leurs sabres d’une main tout en faisant pivoter leurs montures.

« Vos Altesses, fuyez ! » s’écria le troisième soldat comme prévu.

Haruni avait gardé sa capuche en arrière afin que sa longue chevelure noire soit bien visible, ce qui ne laissait aucun doute sur son identité. Quant à l’autre cavalier, bien qu’il avait le visage caché, les soldats ennemis se dirent aussitôt qu’il devait s’agir du Premier Prince. Le commandant de la patrouille eut les yeux qui se mirent à briller.

« Attrapez-les ! cria-t’il en les désignant de son sabre. Ils ne doivent pas s’échapper ! »


Derrière Haruni, Seiryū prit les rênes des mains de l’adolescent et lança le cheval au galop, suivi par l’Ombre qui était la doublure de Tomuki. Les cavaliers ennemis les prirent en chasse sans se douter un seul instant du stratagème. Tomuki et le reste des soldats attendirent cinq minutes avant de revenir sur la route à présent déserte. Le soldat qui avait couvert la fuite des “princes” gisait à terre, ayant reçu un coup de sabre mortel d’un des cavaliers en passant. Les deux cavaliers ennemis n’étaient qu’assommés, alors les soldats les achevèrent rapidement. Le lieutenant Shurō fit à Tomuki :

« Votre Altesse, partons vite ! »

Tomuki détacha son regard de la direction prise par son frère, puis il suivit docilement le reste des soldats.


~*~


« Non mais, on peut savoir qui vous a demandé de venir ?! »

Une course-poursuite à cheval n’était pas la meilleure situation pour discuter, mais Haruni était tellement furieux que cela ne pouvait pas attendre. En plus, comme ils partageaient la même monture, Seiryū pouvait clairement l’entendre.

« Votre frère, répondit le Firal à son oreille.

Quoi ?!

Votre frère m’a demandé de vous accompagner pour vous protéger. Comme c’est le Premier Prince, j’en réfère à lui avant vous. »

Haruni grinça des dents. Tomuki avait dû s’arranger avec Seiryū pendant qu’ils cherchaient une patrouille à attaquer.

Œuvre originale écrite par Karura Oh. Lisez sur mon site http://karuraoh.free.fr. Si vous la voyez sur un autre site, c'est qu'ils ont volé mon histoire !

« Vous n’aviez pas à accepter ! rétorqua-t’il tout de même.

C’est plus crédible avec moi, de toute façon. Tout le monde sait que les Inugami protègent la famille impériale. »

Cela fit rire Haruni, un rire moqueur. Seiryū avait beau sortir ses excuses, Haruni savait qu’il venait pour s’assurer qu’il suive le plan comme prévu et n’essaie pas de se sauver.

« J’ai vu ce que donnait votre protection, » railla Haruni.

Seiryū ne répliqua pas car c’était parfaitement justifié. De son côté, Haruni pesta, mais il ne pouvait rien y changer, à part en jetant l’autre du cheval. Cette idée le tenta grandement, malgré tout.


Leurs poursuivants n’étaient pas loin derrière. Haruni avait compté sur le fait qu’ils n’oseraient pas tirer des flèches sur eux, de peur de blesser un des princes. Il eut bien raison.

« J’ai l’impression qu’ils nous ont tous suivis, » nota-t’il en regardant derrière lui.

Le nuage de poussière généré par les sabots l’empêchait d’en être certain mais en tout cas, la plus grande partie de la patrouille avait mordu à l’hameçon. Même s’il en restait quelques-uns en arrière, Tomuki avait assez de gens avec lui pour le protéger. Cela retira un grand poids des épaules de Haruni. Hélas, il lui restait encore Seiryū sur les bras. Les cavaliers ennemis étaient assez loin, mais ce ne serait pas possible de les distancer. Tous ce qu’ils pouvaient faire, c’était les distraire le plus longtemps possible afin de laisser à Tomuki et aux autres de s’éloigner de la zone surveillée.


« Une autre patrouille devant ! » annonça soudain l’Ombre.

Haruni plissa les yeux pour mieux voir. Une cinquantaine de cavaliers étaient apparus au détour de la route. Dès qu’ils virent les trois fugitifs, ils se saisirent de leurs sabres et pressèrent leurs montures.

« Ça y est, ils nous ont eus, fit Seiryū en se mordant les lèvres.

Pas encore ! rétorqua le Second Prince. Gagnons un maximum de temps pour Tomuki. »

Seiryū fronça les sourcils : l’adolescent ne suggérait quand même pas qu’ils se battent ? Entre les deux patrouilles, cela faisait quatre-vingt hommes au moins ! Ils n’étaient que trois, dont Haruni gravement blessé au bras, malgré ce qu’il en disait. C’était de la folie pure.


Cependant, Haruni savait très bien ce qu’il faisait. Il se concentra et invoqua des flammes autour des chevaux en face. En voyant le feu flotter autour d’eux, les animaux comme les hommes paniquèrent et s’éparpillèrent dans tous les sens. Cela créa un passage pour les trois fugitifs. Seiryū en resta un moment bouche bée.

« Voilà qui est bien utile, commenta-t’il. Mais vous ne craignez pas les rumeurs ?

Ce sont des ennemis, qui va les croire ? » répliqua Haruni avec indifférence.

Qu’il le veuille ou non, des rumeurs couraient déjà sur lui à cause de son lignage, alors autant ne pas se priver de cet atout. Il ne voulait pas non plus que cela se sache de trop, car un atout secret était toujours utile. Sauf que là, il s’agissait de sauver son frère, donc il n’y avait pas à hésiter. Et si les rumeurs atteignaient malgré tout Kurojū… Eh bien, il aviserait à ce moment-là. Ce serait surtout l’Empereur qui n’apprécierait pas.


~*~


Ils galopèrent encore un bon moment sans se faire rattraper. Mais leurs chevaux se fatiguèrent éventuellement et leurs poursuivants purent les encercler. Les visages n’étaient pas heureux, loin de là.

« Rendez-vous sans résister, fit l’un des soldats ennemis. Nous ne voudrions pas blesser vos Altesses ! »

Haruni dégaina son sabre pour toute réponse.

« Qu’est-ce que vous faites ? siffla Seiryū à son oreille.

Je continue à gagner du temps. »

Tant qu’ils retenaient les soldats, Tomuki s’éloignait de plus en plus de Dekita. Dans une telle situation, la moindre minute de gagnée n’était pas à négliger.

« Ne commettez aucune imprudence, votre Altesse ! » le prévint le soldat.

Il s’agissait au contraire d’un risque calculé. Jamais ils n’oseraient le blesser, ils feraient plutôt tout leur possible pour l’immobiliser.

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Comme ce n’était guère pratique de combattre à cheval avec un second cavalier, Haruni ordonna à Seiryū de descendre et il le suivit. De toute manière, une nouvelle fuite était impossible. Haruni lança un regard à la doublure de son frère, qui avait toujours le visage caché, et ce dernier descendit de cheval à son tour. Les deux montures épuisées ne demandèrent pas mieux que de s’éloigner.

« Nous n’allons pas nous laisser capturer aussi facilement ! lança Haruni d’un ton de défi.

C’est ce que nous allons voir, » répliqua leur interlocuteur.


Dix hommes descendirent de cheval pour les affronter. Même si la blessure de Haruni l’empêchait d’être totalement efficace, il se défendit vaillamment et tua ses assaillants. Seiryū et l’Ombre n’eurent pas de souci non plus. Les soldats ennemis se renfrognèrent. Excédé, leur commandant envoya cette fois tous ses hommes. Seiryū fit de son mieux pour ne pas s'éloigner de Haruni, mais ils finirent par être séparés. Du coin de l'œil, il pouvait le voir se défendre avec vigueur, ses mouvements concis mais mortellement efficaces. Ce n'était pas le style ampoulé du sabre qu'on leur apprenait au palais, c'était l'expérience du combat qui transparaissait dans chaque attaque de l'adolescent. En d'autres circonstances, Seiryū en aurait été impressionné et intrigué.


Malgré leur ténacité, ils furent vaincus par le nombre. Désarmés mais relativement indemnes, on les agenouilla au sol, l'un à côté de l'autre. Triomphant, le commandant mit pied à terre pour examiner ses prisonniers.

« Le bâtard Hikari, cracha-t'il devant Haruni. Alors c'était bien un tour de magie tout à l'heure. »

Haruni se contenta de le fixer en silence. Le chef passa à celui qu'il prenait pour Tomuki.

« Votre Altesse, » fit-il d'un ton plus respectueux, mais pas tant que ça non plus.

Il fit signe à un soldat derrière le prisonnier. Ce dernier retira la capuche de l'Ombre dans un mouvement sec et des exclamations furieuses se firent entendre.


« Putain, c'est pas le Premier Prince !

Qu'est-ce que cela signifie ?! » s'écria le chef en se tournant vers Haruni, fulminant.

Un sourire se dessina lentement sur les lèvres de l'adolescent.

« Vous pensiez qu'il s'agissait de mon frère ? Ah, dommage. »

Livide de rage, le chef trembla un moment, puis dégaina son sabre et transperça l'Ombre. L'homme s'effondra à terre, sans un bruit. Le commandant se tourna ensuite vers Haruni et le frappa à la tête du pommeau de son arme. Seiryū poussa un cri de protestation. Le Second Prince sombra dans l'inconscience.


~*~


Il reprit ses esprits dans une cellule. La première pensée qui lui vint à l'esprit fut ironique :

« Tiens, encore une prison ! »

Il devait vraiment avoir une affinité avec les cellules vu que quel que soit l'endroit où il se trouvait, il terminait au moins une fois en prison. Cette cellule était sombre et en pierres, avec une épaisse grille en bois. Le cerveau de l'adolescent lui souffla aussitôt qu'il serait sûrement possible de la brûler. Cependant, il n'agirait pas sans en savoir plus sur sa situation. Il garda simplement cette idée en réserve.

« Votre Altesse ? »

Reconnaissant la voix de Seiryū, Haruni se leva et regarda à travers la grille. Il aperçut le jeune homme dans la cellule d'en face. Debout, les deux mains sur les solides barreaux en bois, il le fixait avec inquiétude.

« Comment vous vous sentez ? Vous êtes resté inconscient pendant des heures !

Sûrement un reste de somnifère, » lança-t'il d'un ton appuyé.

Le Firal écarquilla les yeux, interloqué. Il lui en voulait encore pour ça ? Il y avait nettement plus important dans l'immédiat !

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« Où nous ont-ils emmenés ? » s'enquit le Second Prince en tentant de regarder dans le couloir des deux côtés.

À part d'autres cellules vides, il ne put rien distinguer d'intéressant.

« La caserne de Tomako, » répondit Seiryū d'un ton sombre.

Haruni visualisa aussitôt le plan dans sa tête : cette caserne se trouvait à dix kilomètres de la frontière avec la province de Kami.

« On n'aurait pas pu tomber à pire endroit, poursuivit Seiryū.

Pourquoi ça ?

C'est le commandant Gorō qui la dirige et il a… une horrible réputation.

Oh ? »

Le Firal déglutit.

« Il est sadique et cruel, même envers ses hommes. La vie des autres ne compte pas à ses yeux.

Vous avez l'air de bien le connaître.

C'est mon père qui m'a parlé de lui. Il m'a conseillé de l'éviter à tout prix ! »


Un rire se fit soudain entendre dans le couloir. Il n'avait rien de joyeux, c'était plutôt un ricanement moqueur.

« Ravi de savoir que le grand Kenryū me tient en si haute estime ! »

Le commandant Gorō était venu rendre visite à ses prisonniers. Il se planta entre les deux cellules et toisa les jeunes gens du regard. C'était un homme imposant, la centaine passée. Ses cheveux rouges accentuaient son air féroce. Les traits de son visage étaient un peu bruts et irréguliers, ses yeux noisette illuminés d'une lueur mauvaise. Vêtu d'un uniforme aux couleurs de Dekita, il avait les mains dans le dos. Deux sabres de bonne facture pendaient à sa ceinture.

« Le bâtard Hikari est enfin réveillé, » railla-t'il en se tournant vers Haruni.


Seiryū pâlit devant l'insulte et ses mains se resserrèrent sur les barreaux. Haruni accueillit le regard méprisant avec calme. Le commandant haussa un sourcil.

« Ça ne te fait rien que je t'appelle bâtard Hikari ? insista-t'il.

Pourquoi ça me ferait quelque chose ? réagit Haruni en haussant les épaules. Techniquement, c'est la vérité : je ne suis pas le fils de l'épouse de l'Empereur, mais celui de la concubine Hikari. Et tout enfant né hors des liens sacrés du mariage est un bâtard. »

Un silence stupéfait s'ensuivit. Haruni n'avait fait qu'énoncer les faits calmement, mais le commandant Gorō prit ça pour de la moquerie. Un sourire mauvais étira ses lèvres.


« Tu t'es bien foutu de nous aujourd'hui, fit-il vulgairement. Qu'importe, je te tiens et je vais me faire un plaisir de t'apprendre la discipline et le respect !

Commandant Gorō ! protesta Seiryū derrière lui. N'oubliez pas que vous vous adressez à un prince de l'Empire ! »

Gorō se tourna à moitié vers lui pour le dévisager.

« Tu as le même cran que ton père, gamin. Mais n'oublie pas qu'ici, je fais ce que je veux ! »

Il ordonna à un des soldats d'ouvrir la cellule de Haruni. Ce dernier recula de deux pas, circonspect. Le sourire du commandant ne lui disait rien qui vaille. Ça lui rappelait l'expression que faisait Banien quand il avait dévoré des yeux et des langues devant lui.

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Mais avant même qu'il n'ait pu réagir, une main le saisit à la gorge et le plaqua contre le mur, le soulevant presque. Le regard du commandant était rempli de haine et de mépris.

« Un prince de l'Empire, tu parles ! C'est juste une pourriture d'Hikari ! »

La prise était mortellement serrée. Haruni ne parvenait plus à respirer et les protestations de Seiryū semblaient s'éloigner. L'adolescent fut complètement soulevé de terre avant de se faire projeter sur la couchette. La douleur ne fut rien en comparaison du soulagement de pouvoir respirer de nouveau. Il inspira l'air à pleins poumons, haletant. Avec un rire satisfait, Gorō sortit de la cellule qui fut aussitôt refermée derrière lui.

« Je vais bien m'amuser avec toi, bâtard ! »

Il quitta la prison, laissant deux gardes derrière.


L'un des soldats cracha soudain vers Haruni à travers les barreaux. Son compagnon le fixa avec de grands yeux, indigné et choqué.

« Arrête, t'es malade ?!

Ben quoi ? Le commandant ne dira rien.

Mais c'est le Second Prince, le descendant des Dieux !

Rien à foutre. Si le commandant n'a pas peur des Dieux, alors moi non plus ! »

Le second garde secoua la tête avec résignation. Ils s'éloignèrent pour se poster à l'entrée de la prison. Seiryū put enfin demander :

« Votre Altesse, vous allez bien ? »

Haruni se redressa, une partie de ses cheveux lui tombant sur le visage, et il porta une main à son cou. Même de l'autre côté du couloir, Seiryū put voir la marque de la main de Gorō sur la peau un peu hâlée. Le commandant n'y était pas allé de main-morte !


« Votre Altesse ?

Ça va, » répondit laconiquement l'adolescent, mais sa voix était rauque.

Il toussa pour s'éclaircir la gorge. Seiryū grinça des dents.

« C'est inadmissible qu'il vous traite de la sorte ! Il y a des lois pour les prisonniers nobles !

Des lois de l'Empire de l'Aube, nuança Haruni. Dekita n'en fait plus partie.

Ce n'est pas une raison ! »

Seiryū continua un moment sur sa lancée, pendant que l'adolescent le fixait avec perplexité : ce n'était pas lui qui avait failli se faire étrangler, alors pourquoi s'indignait-il à ce point ? Pour sa part, Haruni ne se faisait guère d'illusion sur le traitement qui lui serait accordé.


~*~


Une nuit passa, puis la matinée sans qu'ils ne revoient le commandant. On ne leur apporta même pas à manger. Haruni n'avait rien avalé depuis la veille et il endura la faim en silence. La douleur dans son bras gauche lui procurait une certaine distraction. Seiryū s'était nourri la veille, mais cela ne l'empêcha pas de se plaindre sur leurs conditions de détention.

« On n'a même pas un seau pour nos besoins ! » s'emporta-t'il.

Il n'y avait que Haruni pour entendre ses paroles et l'adolescent faisait de son mieux pour l'ignorer. Cela finit par inquiéter le Firal.

« Votre Altesse, vous allez bien ?

Mmm.

Qu'en est-il de votre b…

Fermez-la, » le coupa-t'il sèchement.

Il aurait été naïf de croire que personne ne les écoutait. On ne laissait pas deux prisonniers importants sans surveillance, surtout que Tomuki était encore en liberté. Gorō attendait peut-être qu'ils en parlent entre eux et ne dévoilent des informations pour le retrouver.

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Seiryū prit un air rabroué et mit fin à ses plaintes. Un silence bienvenu s'installa. Cependant, il fut rapidement brisé par des bruits de pas secs et déterminés. Gorō était venu les narguer de nouveau.

« Alors les garçons, bien dormi ? »

Son sourire était tout sauf amical. Haruni le fixa sans répondre. Seiryū, lui, n'y tint plus :

« Comment pourrait-on bien dormir dans un endroit pareil ?! Et quand comptez-vous nous donner à manger ? »

Le commandant haussa un sourcil en dévisageant le Firal.

« Tu te prends pour un invité ou quoi ? Si tu veux à manger, supplie-moi. »

Offusqué, Seiryū lui jeta un regard noir, mais cela fit seulement rire l'autre homme.


« Vous avez de la chance, je suis de bonne humeur aujourd'hui. Après tout, c'est un jour de fête : tout Dekita célèbre notre victoire sur ce foutu Empire ! »

Cela attira l'attention de Haruni, alors que Seiryū ne cachait pas sa stupeur.

« Quelle victoire ? demanda-t'il d'un ton hésitant.

La soi-disant glorieuse Armée Impériale a fui à Bisu et Mara.

Non ! » s'écria le Firal en serrant les poings.

Gorō se délecta de son désarroi.

« Oh que si. Même ton père a couru la queue entre les jambes. Dekita a prouvé sa supériorité ! Oh, j'oubliais le meilleur : le Premier Prince a été capturé cette nuit. Tous vos efforts n'ont donc servi à rien. »

En disant cela, le commandant guetta en particulier la réaction de Haruni et il ne fut pas déçu : le visage de l'adolescent trahit sa stupeur et ses yeux vacillèrent. Seiryū poussa un cri de douleur et de détresse. Tout était perdu.


« C'est faux, déclara soudain Haruni.

Mais non, bâtard, c'est bien la vérité, railla Gorō avec un sourire mauvais.

C'est faux, » répéta Haruni.

Le commandant plissa les yeux. Le Second Prince n'avait pas l'air de dire ça pour s'en convaincre désespérément, il était vraiment certain de ce qu'il disait. Gorō ne pouvait pas savoir que Haruni venait de se renseigner auprès des Dieux qui l'avaient rassuré sur le sort de Tomuki : le Premier Prince continuait de se diriger vers Kurojū en sécurité.

« Votre Altesse, le héla Seiryū, vous êtes sûr ?

Oui, Tomuki va bien. »

Cela rassura profondément le Firal, même s'il ignorait d'où Haruni pouvait tenir ce renseignement. Ce n'était pas comme s'il y avait ici des Ombres qui auraient pu communiquer avec lui sans que Seiryū ne s'en rende compte !


Tout cela ne plut guère à Gorō qui avait souhaité semer le trouble et le désespoir dans le cœur de ses prisonniers par ce mensonge.

« Amène-le moi, » ordonna-t'il à un des soldats en fixant Haruni d'un œil mauvais.

L'homme entra dans la cellule du Second Prince et le saisit rudement par le bras. Heureusement, il s'agissait du bras droit. Il le tira dans le couloir.

« Commandant Gorō ! » s'indigna Seiryū.

Il fut complètement ignoré. Haruni se tint droit devant le commandant. Il lui arrivait au milieu du torse, alors il dut lever la tête. Le regard de Gorō tomba sur la marque violacée autour de son cou et il eut un sourire vicieux.

« Sale bâtard ! » cracha-t'il avant de le gifler d'un revers de la main.

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S'attaquer au visage était considéré comme extrêmement insultant. De plus, le coup fut assez violent pour projeter le Second Prince contre le mur du couloir. Sa tête heurta durement la pierre froide et il fut un peu assommé. Le commandant n'en avait pas fini : il le saisit par le bras et lui envoya un coup de poing dans l'estomac. Plié en deux, Haruni tomba à genoux et reçut encore un coup de pied au tors.

« Commandant, votre seigneur ne vous laisserait sûrement pas traiter vos prisonniers ainsi ! » lança Seiryū, indigné et tâchant d'attirer plutôt l'attention sur lui.

Cela fonctionna : Gorō se tourna vers lui et tapa sur les barreaux du plat de la mains. Le Firal recula précipitamment.

« Mon empereur veut juste que je vous garde en vie, répliqua-t'il avec satisfaction. Par contre, le fils de mon empereur, le prince Manoru, m'a demandé de prendre bien soin de vous en remerciement pour l'autre soir. »


Seiryū afficha son air confus. Même Haruni redressa la tête, du sang coulant sur le côté de son visage. Il comprit très vite :

« Cheveux orange ? demanda-t'il pour confirmer.

La ferme, bâtard ! » réplique Gorō en lui écrasant violemment la jambe.

Seiryū comprit à son tour : la personne qui avait mené l'attaque surprise des jours plus tôt, c'était le propre fils de Tadeoru ! Dire qu'ils l'avaient capturé et que…

« Le général Bakkushō l'a… libéré ? fit-il sans en croire ses oreilles.

Contre une fortune, confirma Gorō en hochant la tête. Cet imbécile a bien négocié son prix. Naturellement, mon prince n'a pas supporté cette humiliation. Je pourrais vous envoyer à lui comme cadeau, mais je préfère m'amuser avec vous ! »

Le Firal tressaillit. Cet homme était encore pire que ce que son père lui avait raconté.


Haruni fut rudement remis en cellule et il s'étala sur sa couchette sans un mot. Leur tortionnaire partit. Seiryū appela avec hésitation :

« Votre Altesse…

Fermez-la. »

Cela semblait être la réponse que Haruni lui réservait à chaque fois. Seiryū se mordit les lèvres, cependant il insista :

« Le prisonnier… le fils de Tadeoru… Il…

Cet imbécile de Bakkushō l'a échangé contre de l'argent ! siffla l'adolescent d'un ton écœuré.

Il… Il ne savait peut-être pas qui c'était, » hasarda Seiryū.

Cela lui valut un regard des plus assassins.

« Vous lui cherchez des excuses ? Vous n'avez encore rien compris ?!

Compris quoi ? »

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Haruni jura entre ses dents. Soit Seiryū était trop stupide, soit il faisait semblant pour couvrir les actes de l'autre général.

« Tout ça, c'est de votre faute, lança-t'il avec énervement. Sans votre foutu somnifère, j'aurais pu intervenir ! »

Seiryū commença lui aussi à être à bout de patience. Il en avait assez que Haruni lui reproche sans cesse ce qu'il avait fait, alors que cela avait été uniquement pour son bien !

« Et qu'est-ce que vous auriez fait, hein ?! répliqua-t'il d'un ton de défi.

J'aurais empêché Bakkushō de prendre mon prisonnier. Avec lui, j'aurais pu négocier la fin de la guerre ! »


Pour le coup, le Firal écarquilla les yeux.

« Co-comment ?

En faisant pression sur Tadeoru avec la vie de son fils.

Ça aurait pu marcher ?

Nous ne le saurons jamais, grâce à vous, » railla Haruni avec un rire moqueur.

Cela fit taire Seiryū. Haruni disait-il vrai ? Aurait-il vraiment été possible de mettre fin aux hostilités de cette manière ? Dans ce cas… Seiryū avait effectivement tout gâché ! Pas volontairement, certes, mais les faits étaient là. Ils avaient perdu la guerre, son père était peut-être blessé, voire pire… Seiryū secoua aussitôt la tête. Non, il ne devait pas avoir ce genre de pensées ! Il devait rester optimiste ! Malgré cela, la culpabilité persistait.


En fin de journée, leurs gardes leur apportèrent enfin à manger, même si c'était simple : un bol de riz et de l'eau. Pendant que Seiryū pestait intérieurement contre le traitement honteux qui leur était infligé, Haruni mangea distraitement.


Note de Karura : Attention aux âmes sensibles, Haruni va souffrir dans les chapitres suivants.







Commentaires :


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Novel_roman a écrit le dimanche 08 octobre 2023 à 13:02
J'ai eu les larmes aux yeux pour haruni, il est tellement maltraité, j'ai peur pour lui.
Merci pour ce chapitre hâte d'être a dimanche prochain ❤️

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Karura Oh a écrit le dimanche 15 octobre 2023 à 10:25
La suite ne va pas te rassurer 😓

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